Lavé suite[Pv Gleb]

Je continue à jouer dans ses cheveux. Je n’y peux rien, ça l’occupe mes doigts. C’est une manie que j’ai depuis que je suis tout petit, je crois bien même avoir déjà eu cette manie avant la mort de mon père. Enfant et déjà nerveux? Ça fait dépriment un peu ça. En tout cas, ça n’a pas l’air de lui déranger au contraire.

Le silence reste un moment. Tout ce qu’on entend, c’est la pluie. C’est apaisant, j’aime beaucoup.

Elle commence à faire « bouger » un peu sa main sur mon torse. C’est lent, c’est doux. Je lève les yeux, observant ce qui m’est possible de voir de la fenêtre avec cette position. Il fait gris et il pleut. Ça semble frais. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé dehors, mais je n’irais pas avec un temps pareil. De plus, je me sens très bien là où je suis.

Elle me demande si j’ai eu beaucoup de bons moments dans mon enfance. Je ne comprends pas pourquoi une telle question. Mais, ça me fait réfléchir. Je n’ai pas eu une enfance heureuse dans l’ensemble. Mon père est mort. Mon frère était un sadique irresponsable. Et ma mère…Alcoolique et agressive. Mais, pourtant je l’aimais. J’aimais ma famille…Il doit bien avoir eu des moments biens pour expliquer ce phénomène…

-Pas beaucoup. Mais, oui…Un peu. Déjà, j’étais quand même bien heureux avant la mort de mon père…C’est le reste qui a été de travers. Mais, même là, oui, il y en a eu quelques uns. Parfois, quand ma mère s’endormait, ivre…J’allais me coucher dans ses bras. Et parfois, même éveillé, elle voulait bien me serrer contre elle et me bercé. Ça l’a duré un temps. Ces moments-là se sont arrêtés petit à petit.

Je lui renvoie sa question.

Qu’un seul. Elle a eu un cauchemar, sa mère l’a consolé et lui a dit qu’elle l’aimait. C’est tout. Son seul souvenir heureux. Du moins, pour son enfance. Je la regarde.

Elle fait la même chose. Elle me sourit et pose ses lèvres contre ma joue. Je m’efforce de sourire. Au moins, cette fois, je n’ai pas rougi, m’enfin, je crois.

Un coup de tonnerre. J’ai réussi à ravalé un sursaut.

-Elle ne te le disait jamais?

Si ma mère me disait souvent se mot ‘’magique’’ ? Entre ses amants et moi, elle avait peu de temps. Parler de ma mère n’était pas mon sujet préféré. Ces nuits où j’entendais les gémissements d’adultes. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle j’ai du mal à accepter qu’on me touche. Voir ma mère dans les bras d’un autre homme m’était insoutenable.

-Quand j’étais encore qu’une enfant, si, souvent. Mais en grandissant ca à fini par ‘’disparaitre’’ totalement. As-tu eu souvent droit à ces mots toi ?

Je n’ai jamais dit ‘’je t’aime’’ à quelqu’un, c’était au dessus de mes forces. Ce mot aussi me faisait en quelque sort peur. Le verbe ‘’aimer’’ n’a plus vraiment de signification. C’est bien triste d’ailleurs. Enfin, je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort à cause d’un manque de ‘’je t’aime’’.
J’ai souhaité la venue de la nuit tout à l’heure. Tout compte fait, je n’en veux plus, je voulais rester au près de Gleb le plus longtemps possible. Je sais que les moments comme ça seront rare. Et je me voyais mal aller trouver Gleb pour lui demander sa présence. Je me sens si … vulnérable étant près de Gleb. Il était en sort, une espèce de ‘’protection’’.
Je pouvais me laisser aller sans gêne avec lui, c’était à la fois rassurant et dangereux pour moi. Rassurant, parce que ça me permettais de me prouver à moi-même que j’étais encore capable d’être ‘’passive’’ et dangereux dans l’autre parce que ça cassait mon image d’ ‘’active’’.

Je lève une nouvelle fois la tête pour cette fois-ci regarder par la fenêtre. Le ciel est fort gris, si ça ne tenait qu’à moi, je serais sortie … Mais je n’avais nullement envie de quitter la chaleur de Gleb.
Je me dis qu’il devait peut-être en avoir assez de supporter mon poids. Je me redresse pour venir me coucher à côté de lui, par contre la, son contacte me manquais. Je pris sa main pour la poser sur mon ventre, en signe d’invitation.
Mais va-t-il comprendre ?

Elle dit que ça s’est arrêté en vieillissant. Ça l’a été un peu la même chose pour moi. En fait, après la mort de mon père, elle avait beaucoup changé et avait complètement arrêté de le dire. Brutalement, je devais grandir, même si je n’avais pas plus de 8 ans.

-Quand j’étais jeune? Non. Je ne crois même pas me souvenir que ma mère me l’ait déjà dit.

Quand Alec m’a dit qu’il m’aimait, ce devait être la première fois que j’entendais ces mots depuis presque une vingtaine d’année. Enfin, la première fois depuis des années que ces mots m’étaient adressés. Je ne sais pas comment j’ai pu vivre si longtemps sans lui. Je ne sais même pas comment j’ai pu vivre sans aucun ami, sans des personnes comme Yoruichi dans mon entourage. Je ne la connais que depuis aujourd’hui mais je l’apprécie déjà bien assez. Est-ce normal de s’attacher à des gens aussi vite? Avec Alec aussi, ça l’a été rapide. Mes relations avec les gens dépendent-ils à ce point de la toute première rencontre?

La tête de Yoruichi ainsi que sa main quitte ma poitrine. Elle se couche à côté de moi. Mon corps est moins lourd mais aussi plus froid. Je laisse échapper un couinement interrogatif lorsqu’elle prend ma main et la dépose sur son ventre. Hésitant, je viens enfouir légèrement mon visage contre son cou, y collant mon nez, cherchant à retrouver un peu de sa chaleur. Après un moment, je ris un peu.

-Tu sens bon.

Je ferme les yeux un instant. Finalement, cette journée fut loin d’être si terrible. Quelle horrible sensation de se lever le matin avec pour idée de fuir tout le monde et d’essayer de ne pas mourir tout en se nourrissant d’un quelconque ragoût infecte. Ah, s’il y a une chose qui me manque de l’extérieur, ce n’est certainement pas d’une sécurité non-existente…Mais, bien de la nourriture. Car, je vivais peut-être mal dehors, mais, au moins la nourriture n’était pas si terrible.

-Tu sais ce qui me manque le plus de l’extérieur? De la nourriture.

Je ris une seconde fois.

-Des fruits frais jusqu’aux bonbons. De la viande aussi...Mais, pas comme celle qu'on nous sert ici. Contrairement à toi, ça fait 6 mois que je n’ai à manger que ce qu’ils nous servent au repas.

...Infecte.

Je souris puis, je referme les yeux une seconde fois.

Il a compris, venant poser une partie de son être sur moi. Cela ne me gênait gère, au contraire. Je replie mes jambes pour avoir mes pieds sur le lit. J’entends un petit rire provenant de la bouche de Gleb.

-Tu sens bon.

Je sourie à ses dires, ne sachant que dire. Alors je ne dis rien. Je tenais toujours sa main contre mon ventre. Je vacille mentalement un peu de droite à gauche, ne sachant pas où stopper la course de mes pensées. Gleb m’apprends après un petit moment de silence, que la nourriture lui manquait. Je laisse échapper un petit gloussement.

-Aurais-je sur ma personne un grand gourmand ? La première fois que j’ai mangé la nourriture d’ici … mauvais souvenir, dégoutant.

Je rie de plus belle, ne contrôlant plus vraiment le rythme de mon diaphragme. Je viens poser mon autre main sur les cheveux de Gleb. Jouant ainsi avec les quelques mèches de ces longs cheveux aussi noir que les miens.

-Rien ne me manque vraiment à l’extérieur. L’air de rien, j’ai trouvé quelque chose ici que jamais je n’aurai eu dehors … Enfin quoique, la plage me manque …

Ce que je n’aurai jamais eu dehors, Gleb devait s’en douter. Des amis, des personnes de confiance. Ma méfiance s’est légèrement dissipée étant ici. Comme quoi, je reconnais vite les personnes qui feront un grand boum dans ma vie. Et pour en revenir à la plage, je pouvais apercevoir celle non loin de la prison. Mais quel est le but de contemplé un endroit pareil sans pouvoir en profiter pleinement ?

Je sens la respiration de Gleb dans mon cou. C’est assez drôle. Je lâche sa main pour venir poser la mienne sur le lit. Regardant par moment vers la fenêtre, le temps ne s’améliore pas. Et je dis tant mieux.

-Ca te fait quoi d’être sur une fille ?

Je suppose que ça change assez fortement d’un garçon tout de même. Le fait d’avoir Gleb sur moi, me donnait une nouvelle version. Certain homme pouvait être très doux dans leur geste et dans leur parole. Mais d’autre reste des bourrins assoiffés d’envie. Ma main quitte les cheveux du jeune homme pour venir se glisser entre ses omoplates, décrivant de légers cercles.
Après un petit instant de silence, je lui dis d’un ton assez amusé.

-Entre toi et les autres garçons que j’ai connu, il y a une sacrée différence.

Gleb est peut-être un peu tête dans les nuages, mais il impose grandement sa présence.

Ma remarque semble l’amuser, je ne vois pas pourquoi. Mais, je souris. Elle dit que la première fois qu’elle a mangée ici, elle a trouvé ça dégoûtant. C’est vrai, c’est très mauvais. C’est infect, absent de couleurs agréables, une texture horrible et peu de goût.

-La première fois qu’on y goûte, on se rend difficilement compte qu’on ne mangera rien d’autre du reste de notre vie.

Elle glisse l’une de ses mains dans mes cheveux. Je soupire. C’est agréable. Il fait bon, le bruit de la pluie et quelqu’un avec qui parler un peu. Je ne suis pas très causant, ni même sociable…Mais, avoir quelqu’un pour parler ça fait du bien de temps en temps.

Rien ne lui manque dehors? Elle sous-entend même qu’elle est mieux ici. Et moi? Suis-je mieux ou pire? Ici, la nourriture est horrible, les matelas inconfortables, les chances de se faire tabasser est doublées, je suis entouré de psychopathes, emprisonné, peu de chose à faire…Mais, dehors, je m’ennuyais aussi, j’étais emprisonné, j’avais des obligations envers ma famille, j’étais tout aussi mal dans ma peau. Et ici, j’ai Alec. J’ai même pour la toute première fois depuis des années, voir depuis toujours, une amie.

Elle m’avoue que la plage lui manque un peu. Je fais une remarque anodine…

-Quand je suis arrivé ici, j’en avais vu une plage pas très loin.

Je soupire.

-Ça fait bizarre de penser qu’à quelques mètres de la prison, il y a un village…Avec des maisons, des hôtels, des restaurants, des cinémas…Tous ce que l’on ne reverra jamais.

Elle laisse ma main et me pose une question…Qu’est-ce que ça..? Je rougis et enlève ma main de son ventre. J’avais un peu oublié, j’étais perdu dans mes pensées et je…Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais…À ce point contre elle…

-Euh…Bah…Je ne sais pas…C’est…Différent.

Oui, en y repensant, ça fait même un peu étrange.

Je laisse échapper un petit rire. Il avait l’air un peu embarrassé aussi bien qu’il retira sa main assez rapidement. Ce simple contacte me manquait déjà. Mais je ne réagis pas, s’il voulait ne plus avoir sa main là, tant pis. Sans prévenir, je me redressai, obligeant Gleb à retirer sa tête de ma poitrine. Je le regarde étendu, lui rendit un petit sourire à tout hasard. Venant me placer à califourchon sur lui. Pas besoin de voir qu’il était étonné par mon geste. Je restais planter sur son bas ventre à jouer avec sa main que j’avais ramené sur son torse.

-Cette fois si tu ne peux pas bouger !

Et cela dit en souriant joyeusement. Je me tenais droite, en prenant appuis sur mes genoux pour éviter de faire mal à Gleb. Au moins là, il ne pouvait pas se plaindre du poids de ma personne. Après un certain lapse de temps, j’estimais avoir assez ‘’jouer’’ avec sa main. Je posai toutefois les deux miennes sur sa personne. Je peux mieux le regarder à présent.

-Tu as les yeux de qui ?

J’imaginais bien ceux de sa mère. Ne sachant pas pourquoi. Je la voyais avec les mêmes yeux que Gleb, assez jolie, cheveux noir … Enfin moi et mon imagination aussi. Il n’y a aucune limite. Je voyais Gleb me regarder, j’étais un peu surprise de l’air qu’il prenait. Aussi bien que mon seul réflexe était de lâcher un tout en souriant bêtement.

-Quoi ?

Gleb n’est pas si maigre qu’il en a l’air, je n’ai pas appuis sur des os, mais sur un être bien en chaire. Les apparences sont trompeuses. Fin’ moi je n’ai pas trop à me plaindre physiquement. J’ai comme qui dirait ‘’ tout ce qu’il faut, là où il faut ‘’. Une mèche de cheveux venait de tombé sur les yeux de Gleb. Instinctivement je me courbe légèrement pour venir la repousser. Reprenant pas la suite ma position initiale.

En cet instant précis, je n’avais envie que d’une seule chose. Le silence accompagné de geste. Le pire, c’est que je ne sais pas pourquoi. Cette fois ci, je me mis à jouer avec une de mes mèches de cheveux. Je sens le rythme cadencé de la respiration de Gleb.

-Si tu es mal à l’aise, dis le et je me retire …

Je n’avais pas vraiment envie de le gêner ou quoi que se soit. Je m’étais dit que je profiterais de ce moment unique de contacte avec Gleb le plus possible … Mais à condition qu’il soit d’accord.

Elle se redresse et me laisse ainsi donc là, étendu. Silencieux, je ne fais que la regarder. La situation avait fini par me gêner un peu alors qu’elle s’éloigne, bien que notre léger contact et nos échangent de paroles m’ont plus, ça me soulage un peu.

Pourtant, contrairement à ce que je pensais, notre rencontre ne s’arrête pas là. Elle se retrouve à califourchon sur moi. Je la regarde, surpris et ce, encore plus qu’elle avait déjà réussi à le faire depuis que mes yeux se sont posés sur elle à la laverie.

Elle attrape ma main.

-Mais, qu’est-ce que tu..?

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase qu’elle dit d’un ton enjoué que je ne peux plus bouger. En effet, avec elle ainsi par-dessus moi…Mes yeux restent fixes sur elle, un peu perdu, cherchant à comprendre, à savoir quelle réaction je devais avoir et où elle voulait en venir exactement. Je reste ainsi immobile, à l’observer tout en réfléchissant, attendant la suite des évènements.

Elle pose ses mains sur moi et je m’étonne moi-même quand un frisson me parcours l’échine. Les yeux de qui..?

-Ma mère, soufflais-je.

Mon père avait les yeux verts lui je crois…Ou peut-être étaient-ils bleus aussi? Je ne m’en rappelle pas. Je n’ai plus qu’un souvenir vague de lui. Non, elle disait que mon frère avait les yeux de mon père. Ses yeux étaient verts, je m’en souviens. Elle me demande « quoi? ». Quoi quoi? Je me rends alors compte que je la dévisage. Je ne suis pas certain, mais je crois avoir marmonné ou bégayé deux ou trois syllabes incompréhensible en guise de réponse.

Elle se penche vers moi. Que compte-t-elle faire? Elle ne fait que replacer une mèche de cheveux. Sa main frôle mon front. Elle est douce. Puis, elle joue avec une nouvelle mèche de cheveux. Je ne dis rien. Je ne trouve rien à dire ni à penser. Je ne fais que contempler ses moindres faits et gestes…

Elle me demande si je suis mal à l’aise. Terriblement. Mais, pourtant, est-ce que je trouve ça tellement déplaisant..?

-Je…Non…M’enfin, c’est que…

Je soupire tout en passant une main dans mes cheveux. Je voulais dire quoi? Je n’en sais rien. J’ai un peu de difficulté à réfléchir là…Mais, qu’est-ce qui m’arrive? Je me mets à rire, me rendant compte de mon ridicule.

-Je ne sais plus ce que je voulais dire.

Je lui souris. Puis, je plonge mon regard dans le sien.

Gleb avait l’air assez désemparé par la situation. Affirmant que je ne gênais pas, j’avais un peu du mal à le croire. Enfin, ce n’est rien. Son sourire me fait plaisir, aussi bien que je le lui rendis. Je hausse un sourcil en cherchant ce qu’il n’allait pas dans son regard. Mais tout compte fait, pas besoin d’aller trop loin. J’avais eu raison, il avait les yeux de sa mère. Je ne jouais à aucun jeu dangereux avec Gleb, il pouvait être tranquille. Je pris peine de me coucher sur tout le long de son ventre. Sa respiration était un peu trop cadencée à mon goût. Je redresse mon visage vers le sien pour lui coller un doux baiser sur la joue.

-Ne stresse pas comme ça Gleb.

Je passe ma main tout le long de son buste. Histoire de le calmer un peu. Cette technique marchait très bien avec les enfants. Je ferme un instant mes yeux, sentant l’odeur de mon compagnon. Après quelques minutes de silences, un grand ‘’Brrrr’’ retentit dehors. Je fus parcouru d’un tremblement puis de frissons. Bien que j’avais un peu froid dans le dos, je ne dis rien. Supportant l’agacement que me procuraient ces sensations.

-Je n’aimerai pas être dehors en ce moment même…

Nan vraiment pas, tellement que je me serrais encore un peu plus contre Gleb. Lui par contre avait chaud, le contacte de ne deux ventres me le prouvait.

-Dis t’as pas trop froid ?

Question stupide, il se trouvait entre moi et le lit, impossible qu’il ait froid. Je ne suis pas frileuse, loin de là, mais un vent glacé me passa sur tout le long du dos, réveillant une nouvelle secousse de tremblement. J’essayais tant de bien que de mal de régularisé ma température interne mais rien n’y fait. Tant pis …

Je soupire, regardant le mur. Gleb était lui-même très silencieux. Je ferme les yeux … Si bien que je fini par m’endormir à moitié. Une sensation de chaleur dans le bas du dos m’oblige à ouvrir les yeux…

Elle me sourit à son tour. Quelques secondes plus tard, elle son torse était étendu contre le mien. Elle pose ses lèvres contre ma joue. Je lui souris doucement. Elle me demande de ne pas me montrer si nerveux. Elle a bien raison d’ailleurs…Mais, je ne peux m’y empêcher. Je dois tout simplement ne pas être habituer aux relations humaines en général…Ce qui fait que quand j’ai à côtoyer des gens, je passe pour un doux excentrique…Et avec raison. Je pourrais dire ce que je voudrais, je ne serais jamais comme les autres. D’un côté, je trouve ça un peu triste.

Elle passa sa main sur mon torse, mon ventre…Comme une caresse…Ça me calme un peu.

Puis, le silence, ce silence précisément, revient. Un silence apaisant et rassurant. Je ne dis rien et elle non plus. Il n’y a que la pluie. On reste quelques secondes, voir quelques minutes comme ça…Je ferme mes paupières, détendu. Puis, coup de tonnerre. Mes yeux s’ouvrent instantanément.

Pendant un instant, je la vois trembler. Avant que j’ai pu lui demander si elle avait froid, elle brise le silence avant moi. Je n’en suis pas certain, mais je pense qu’elle se blottit un peu plus contre moi.

Elle n’aimerait pas être dehors. Moi non plus, encore moins de revenir tremper. Ou pire encore, de me faire frapper par la foudre. Elle me demande si j’ai froid. Je laisse échapper un « non » presque inaudible. Pas du tout. Au contraire. Je suis bien…Mais, elle, elle frissonne… Elle tremble encore.

Puis, le silence revient. Encore. Mais, ce n’est pas un mal.

Après quelques minutes, instinctivement, les yeux et l’esprit un peu ailleurs, je ne peux m’empêcher de venir toucher du bout des doigts une parcelle de peau que sa chemise ne cache pas totalement. C’est doux. Mais, dès que je la sens bouger quelque peu, je place son vêtement de sorte que pas la moindre peau ne soit visible. Je laisse par contre ma main sur son dos, vers le bas.

-Tu dors..?

Je ne peux m'empêcher de déposer un rapide baiser sur le haut de son front.

Difficile de ne pas s’endormir en étant sur quelqu’un …Entendant les rythmes de son cœur, le silence maître et la pluie qui tombait furieusement contre la fenêtre. Je sens Gleb poser ses lèvres sur mon front. Je soupire, puis sans le regarder je lui dis en laissant échapper un petit rire.

-Euh … Dormir à moitié ça compte ?

Il m’avait en quelque peu surpris par son geste, sentant toujours un peu de chaleur quelque part dans le dos. J’aurai mieux fait de répondre oui à sa question, un léger bâillement me prit au dépourvu. Je suis complètement las. Je passe discrètement ma main sous la chemise de Gleb pour toucher un peu plus sa peau au niveau du bassin. Sa peau est douce et chaleureuse. D’un certain sens, j’avais envie de continué mon exploration un peu plus haut mais ma main resta planter au même endroit. Jugeant qu’il valait mieux rester là.

-Je te trouve assez social.

Je relève la tête pour lui rendre son bisous au coin des lèvres. C’était le genre de kiss tout à fait amicale, sans vraiment être porté sur toute la zone de la bouche. Je repose ma tête contre Gleb en fermant une nouvelle fois les yeux. Le rythme de sa respiration montait et descendait au fur et à mesure que l’air entrait dans ses poumons, j’ai du m’adapter à sa cadence pour pouvoir être à l’aise. Le vent soufflait fort, j’ai bien cru que la fenêtre n’allait pas tenir.

Plus le temps passait, plus je me rendais compte que j’avais besoin de la présence masculine. Elle m’est réconfortante. C’est peut-être pour sa que j’aime rester avec monsieur Euronyme. Bien que son caractère de cochon n’ai rien avec avoir celui de Gleb. Mon compagnon est doux et passif, bien qu’il prenne par moment les initiatives ne me gênaient pas.

Je me demande si Gleb n’en n’a pas assez de rester ici. Cette question serait un peu trop brusque je pense. Surtout que pour ma part, je n’avais aucune envie de bouger. L’air de rien, je suis à la merci des caresses de Gleb, non pas que ça me gênerais, au contraire…

Je me redresse légèrement, ma poitrine est complètement compresser contre Gleb, et c’était assez dérangeant pour moi. Je me remis comme il faut. Laissant échapper un soupire qui marquait bien ma lassitude –de bien être-. Je me laisse porter par le doux son qu’émane le cœur de Gleb.

Un soupire suivit d’un rire me prouve qu’elle est réveillée ou, du moins, que je l’ai réveillé. Dormir à moitié? Je souris légèrement. En tout cas, vu comme elle bâille, elle était prête pour s’endormir. Ça l’aurait été dommage de la réveiller au moment où il aurait été temps pour moi de partir.

Elle vient poser ses mains vers la zone de mon bassin, sous ma chemise. Ses mains sont très douces, ses doigts sont fins. Je ne réagis pas, un peu endormi. Je crois que moi aussi j’ai pris un coup de fatigue.

Je ferme les yeux. Je suis peut-être même tomber endormi pendant 10 secondes ou peut-être n’ai-je que somnolé…Ou pas. Je ne sais pas. Je ne vois que l’absence de lumière sous mes paupières et respire lentement. J’entends Yoruichi dire quelque chose mais je n’ai pas écouté…Puis, elle vient poser un bisou sur le coin de mes lèvres…Elle ne réagit pas à mon silence, ce ne devait pas être important.

Je retourne alors à mon silence. Cette fois, je suis certain que je m’endors. Ça l’a dû durer une minute, peut-être deux. J’ai rêvé…Je ne me rappelle pas du contenu de mon rêve…Seulement du visage de Tobias. Ses cheveux, son nez, ses yeux, son visage…J’ai vu aussi sa main avec son pouce manquant. Je crois avoir aussi vu la salle de torture…C’est grand, c’est sombre…Et les lumières clignotantes…Qu’observait Edward sur les murs déjà quand je l’avais croisé..?

Ma respiration paisible change vaguement. Je me réveille. Je suis un peu plus crispé.

Je sens la main du Yoruichi…Elle se trouve encore sur mon bassin. D’un mouvement doux, absent de violence, mais un peu brusque, soudain, je prends sa main pour la retirer de sur moi. Je murmure un imperceptible "Non, pas là…".

J’avais peur qu’elle monte un peu trop sa main, qu’elle la monte de quelques centimètres vers mon ventre ou je ne sais pas…Je ne veux pas qu’elle voit ou qu’elle touche mes cicatrices. Elles ne sont pas encore parties. Les cicatrices que Tobias m’a laissé…Les coups de couteau à mes épaules ne risquent pas de partir encore. Et il y a les brûlures qui sont encore là. Les égratignures fait par la lame. Je ne voulais pas qu’elle sache. Alec les avait vus, même Sybille. C’était amplement suffisant. C’était même trop.

Tobias, la salle de torture, son couteau, son briquet et moi, tout trouillard que je suis, tremblant et suppliant.

Je me sens un peu mal.

Gleb tenait ma main, cela m’avait un peu surprise. Je prends appuis sur son bas ventre pour me redresser. D’ailleurs, même à l’œil je voyais bien que sa respiration était cadencée, voir un peu trop. Il commence à m’inquiéter.

-Gleb …

Il avait peut-être fait un mauvais rêve, un souvenir enfuie loin dans ses pensées qui aurait resurgis. Je plante mon regard dans le sien, essayant de comprendre … De trouver réponse à je ne sais quoi. Quand j’avais posé ma main par-dessus sa chemise, ca ne l’avait pas gêné. Je doute que sur ces six mois qu’il ai passé ici, il ne lui soit rien arrivé pour qu’il me stoppe comme ça. Je repose mes mains là ou Gleb les avaient enlevées.

-ici ?

Je le regarde la zone ou était posé mes deux mains, puis je remonte mes yeux vers le visage de Gleb. J’aurai pu le forcer à soulever sa chemise … Mais je ne le fais pas. C’était au dessus de mes forces de faire ça à Gleb.
Je compris assez rapidement qu’il n’était pas nécessaire de chercher plus loin. Quelque chose ou quelqu’un l’avait en quelques sortes traumatisées. Et je ne pouvais rien faire à cella, j’étais un peu triste tout de même pour Gleb. Dans un élan d’incompréhension, je me recouchai sur lui, son visage juste en dessous du mien. J’attendais … J’attendais un sourire … N’importe quoi. Je soupire un instant, et fini par reposer ma tête sous le cou de mon compagnon.

-Gleb, si tu as besoin de parler, n’hésite pas …

Le temps passe, encore et toujours du silence, et la respiration de Gleb toujours atrocement rapide. Je me force en quelques sorts de le calmer, déposant un léger bisous dans son cou. Prenant un peu plus appuis sur mes genoux pour limité le contacte que mon ventre avait avec le sien.

-….

Je ne savais plus trop quoi dire … Attendant qu’il me parle, brise ce silence. Je me redresse une seconde fois. Pour le regarder dans les yeux. Mon regard était mêlé d’inquiétude et de peur. Pourquoi réagissait-il ainsi ?

Elle a vite vu mon malaise. Suis-je si expressif? Tu sais bien que oui Gleb…Il ne faut pas être un génie pour deviner quand tu ne vas pas. Peut-être n’aurais-je pas dû repousser sa main..? Ça l’aurait été mieux. Elle n’aurait probablement pas toucher à rien et puis…Elle n’aurait pas été surprise par mon regard ni même ma respiration.

Elle prononce mon nom. Non, je ne veux pas l’inquiéter. Pas pour ça. Elle me regarde dans les yeux…J’aimerais baisser les yeux…Ou les fermer. Mais, je risque fort de l’inquiéter davantage et ce n’est pas mon but. Alors, difficilement, je la regarde. Mais, je sais que je ne peux pas faire grand chose pour la rassurer. Donc, je ne souris, je ne dis rien. Je cherche à trouver des explications à lui donner sans nécessairement tout lui dire. Elle n’a pas besoin de savoir et puis…Ça n’a pas d’importance..?

Elle pose ses mains sur mon bassin à nouveau. Elle me demande « ici? »… Je hoche la tête frénétiquement comme pour dire non. Lorsque ses yeux reviennent à moi, je ne trouve rien à dire.

Elle se couche sur moi à nouveau. Moi, j’essaie d’oublier.

Elle me demande si j’ai besoin de parler. Non, parler de ça? Je n’en ai pas trop envie. Trop frais dans mon esprit? Peut-être juste trop pénible. Elle embrasse mon cou et je crois que ça me calme un peu.

Mais, quand elle se redresse, je vois bien qu’elle a peur, qu’elle s’inquiète…Elle attend que je dise quelque chose.

-Non, s’il te plaît, n’ais…N’ais pas peur. Je…

Je soupire. C’était nettement moins compliqué de tout dire…

-J’ai des cicatrices…Ça me met mal à l’aise…C’est tout. Ne m’en veux pas…

J’ai honte un peu…D’être aussi faible, ça me gêne et ça m’apporte des problèmes.

Des cicatrices ancrées dans ta peau comme dans ton âme. Je ne lui dis plus rien, pensant un peu plus philosophiquement. Nous savons tous que les blessures physiques sont éphémères, mais pas les blessures mentales. Gleb me coupe du plus important, c’est son choix. Je le respecte ça. Mais je garde silence.

Je suis toujours à califourchon sur lui, mais mon regarde est dirigé vers la fenêtre. Après quelques instants d’hésitation, je réponds le plus simplement du monde. Tout en ayant un petit sourire forcé, mes yeux dans les siens.

-Okay. Pas de soucis.

Je pose mes mains sur mes cuisses, en jetant un petit coup d’œil derrière moi. Je savais qu’il n’y avait personne, c’était juste histoire de ne plus à avoir me plonger dans le bleu de ces yeux. Yoruichi, ma grande, il serait temps de bouger un peu. Ma tête se dirige vers le mur en face de moi, comptant mentalement chaque rangée de pierres noires. Horizontale comme verticale … quarante-neuf fois trente-sept … mille huit cent treize centimètre carré de surface pour un mur. Multiplié le tout par quatre … Sept mille deux cent cinquante-deux. J’ai toujours eu horreur des maths. C’est déjà pas très grand une cellule, et puis, l’architecte aurait pu faire un effort pour choisir un autre matériaux.

Je repose sans faire attention mes mains sur le bas ventre de Gleb, regardant celles-ci. Détaillant visuellement la largeur du bassin du jeune homme. Il avait en effet ce trait qu’avaient tous les hommes. Assez bien menu au début, puis un peu plus fin. L’ossature est assez drôle, surtout par rapport à celle de la femme. Je regarde mon ventre pendant un petit moment … Mouais, sans commentaire.

-J’aurais du mal à prendre du poids avec cette nourriture nauséabonde !

Je regarde Gleb, comme pour lui dire ‘’ Tu trouves pas que ça me ferait pas de mal ?’’. J’en reviens à rire en voyant son expression et à ma connerie. Bella disait que j’étais un cachalot … A cause de nos uniformes. Je ne commente jamais mon physique habituellement mais là, va savoir pourquoi je le faisais ?! Soulevant légèrement ma chemise pour mieux regarder. Mais de quoi je me plaignais ? Je soupire en baissant la tête d’un air désespéré

Paf! Sur l'espace de quelques minutes, j'avais réussi à me relancer dans la cours de la conversation avec Gleb. Comme il fait bon dehors ...

Elle garde le silence un bon moment. Ce n’est pas plus mal. Elle regarde la fenêtre. Pleut-il encore? Je tends l’oreille. Un peu. Moins que tout à l’heure certainement. Elle finit par me regarder. Fuyait-elle mon regard? Elle me dit qu’il n’y a pas soucis. Ça me soulage. Je ne pensais pas franchement que cette information l’aurait dérangé…Mais, je sais qu’elle est axée sur les questions parfois, même ceux un peu pénible ou juste surprenante. Elle se contente tout te fois de dire qu’il n’y a pas de soucis. Tant mieux je crois. Mais, son regard me fuit une seconde fois. Elle regarde derrière…Y avait-il quelqu’un derrière..? Il semble que non. Ça l’aurait été désagréable que l’homme de la laverie soit déjà de retour ou encore il serait gênant qu’Alec me voit ainsi avec…Yoruichi sur moi.

Je regarde le plafond. Je ne suis plus trop d’humeur à fermer les yeux, de peur de me rendormir. La fatigue m’a quitté d’une certaine façon. J’essaie de retrouver ma respiration paisible et mon petit univers apaisant.

J’ai un petit soubresaut au moment où elle repose ses mains vers le bas de mon ventre mais je ne les retire pas cette fois. Je n’ai plus de mauvaises surprises à cacher et puis, ses mains restent immobiles.

Mes yeux quittent le plafond pour la regarder lorsqu’elle parle. La nourriture nauséabonde…Elle dit qu’elle voulait prendre du poids? Je la regarde, perplexe. Elle lève un peu sa chemise pour regarder son estomac…Je m’efforce de retrouver ma bonne humeur et sourire.

-Pourquoi..? Tu es très belle comme ça…

C’est vrai quand même…Yoruichi avait de beaux yeux légèrement bridés, un teint bronzé, un joli nez, un joli minois, de belles courbes et, sans avoir l’air d’une brute, elle doit sans doute avoir plus de force dans les bras que moi. Moi, Je suis un peu maigre, non..?Quoi que je n’ai jamais vraiment réfléchi sur l’état de mon physique…

-Si tu le dis.

Je me retire de sa personne pour profiter un peu de l’espace libre à ses côtés. Tout en me couchant sur le ventre, je regarde le jeune homme. Ce qui me frappe le plus, c’est ses yeux, ils sont si, mystérieux et agréable à regarder. Mais pour une personne comme moi qui ai horreur d’être fixée, Gleb avait sûrement battu les records. Depuis que je suis ici, je ne cesse d’éviter le regard de tout le monde. Cela m’évoque de mauvais souvenir, de très mauvais même. J’ai toujours fait en sorte que cela reste loin de moi, mais certaines personnes s’obstinent. Qu’importe.

Mes pensées s’envolent un peu, vers Lui … Sûrement entrain de faire le bon petit soldat. Je soupire, fermant mes yeux, pensant seulement à ce qu’il m’avait dit << Au fait, quand je te parlais des endroits peu recommandables... Je ne te parlais pas forcément des lits des gardiens mais plutôt des salles de torture >>. Belle gamelle à se moment là, ils sont con les gardiens… Bien que lui ...

Je me blottis contre Gleb, en lui murmurant doucement à l’oreille.

-Alec a beaucoup de chance de t’avoir.

De mon côté, je n’ai rien à espéré. Seule jusqu’au bout, tel est ma vocation. Enfin seule … Personne de … Pas d’amour !

Quelque part, j’ai l’impression de me mentir. J’ai du mal à savoir où j’en suis niveau cœur. Lui et moi sommes si différents. Habitant le même être, je fais la guerre avec le truc qui me tien en vie. Si ce n’est pas pitoyable. Ne suis-je donc pas censé être en bonne harmonie avec lui ? Après avoir sans cesse rejeté toute intrusion à l’intérieur. Il m’en veut … Merde hein, c’est qu’un ‘’cœur’’. Souffre, je n’en n’ai rien à faire.

Dehors, la pluie se calmait légèrement, mais les éclairs n’avaient pas pour autant cesser. Je n’y faisais plus vraiment attention. Préférant me concentrer sur la chaleur de Gleb, c’était tellement plus satisfaisant que de penser à une pluie torride qui vous trempe jusqu’au os. Je me suis farcie plusieurs fois des orages sur la tête, mais bon, c’est révolu. Quoique …

Si je le dis…

-Tu ne devrais pas en douter.

Je lui souris doucement. Elle vient se placer à mes côtés. Je la regarde. Je passe ma main sur son visage, glissant ses cheveux derrière ses oreilles et caressant furtivement sa joue.

Elle retourne se blottir contre moi. Je sens ses lèvres frôler mon oreille. Alec a de la chance de m’avoir, je ris un peu.

-Tu crois qu’il le sait? Plaisantais-je à moitié.

M’au fond…

Il m’a trompé.
Plusieurs fois.
Il a préféré Ludwig à moi.
Il a voulu se tuer pour le rejoindre, peut-être même le veut-il encore?
Il m’a laissé seul pendant 6 mois aussi.

Mais, je l’aime. Et il m’aime..? Je veux qu’il reste près de moi. Ce qu’il a fait, ce qu’il fait et ce qu’il fera…Ça n’a plus d’importance, tant qu’il me laisse aller dans ses bras, tant qu’il ne me laisse pas seul. Je l’aime. Je l’aime tellement. Je ferais n’importe quoi pour lui…Je regarde Yoruichi.

-…Et j’ai de la chance de l’avoir.

Je soupire. Mes yeux font le tour de la pièce puis je la regarde.

-Bella a de la chance de t’avoir comme amie. J’ai de la chance aussi. Il y a des bonnes choses qui nous arrive…Parfois…Rarement, mais parfois.

Oui, on n’est pas si malchanceux. Du moins, j’essaie encore de m’en convaincre. Mais, je reste quand même heureux de connaître Yoruichi et d’avoir Alec. C’est déjà plus que ce que j’avais avant.

Je me suis calmé. Oui. Je n’y pense presque plus. C’est comme ça. Ça va et ça vient. J’y pense moins quand j’ai la chance d’être avec quelqu’un de plaisant près de moi. Ma respiration se calme. Yoruichi a peut-être un don pour m’apaiser. Je prends sa main et laisse mes doigts glisser entre les siens. Un peu de chaleur et de douceur. Et la foudre qui éclair un peu derrière. Commence-t-il à faire sombre ou c’est seulement les nuages? Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis là…

-Sûrement, enfin, je ne sais pas trop quoi en dire. La chance … Qu’importe, tant que j’ai des personnes qui me sont importantes dans cet endroit, c’est tout ce qui compte.

Gleb, Bella … Et les autres. C’est tout ce qui compte, vous avez raison très cher Gardien, je me suis fait des alliés solides, des appuis. Je regarde Gleb jouer avec ma main, ce n’est nullement désagréable. J’en ris, Gleb me fait penser à un petit chaton à se divertir comme cela. J’aime bien le voir comme ça.

-Dire qu’il n’y a encore à peine quelques heures… On était de beaux inconnus. Je ne pensais pas me lier aussi vite d’amitié avec quelqu’un …

J’avais attrapé sa main, la faisant passer de droite à gauche devant mon nez, tout en douceur. Déjà, à la base je n’aime pas être touchée, ou touché moi-même. Yoruichi tu fais des progrès, tu m’épates. Il ne faut jamais douté, garder espoir. Mais que puis-je espérer entre ces murs ? Qu’un ange me tombe du ciel ?

Je bascule la tête vers l’arrière, en direction de la fenêtre, le temps commençait à s’assombrir. La nuit va bientôt faire son apparition, chouette ! Des étoiles et la lune en prime, tu paries ? ! Par contre, la pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter.

-Gleb, il va bientôt faire nuit …

Bientôt faire nuit, ça signifie ‘’prisonnier dans sa cellule’’. Arf, j’ai horreur de ça. Je repose ma tête contre l’épaule de Gleb tout en laissant ma main dans la sienne. Au tant encore en profiter.

Je ai envie que le temps s’arrête une nouvelle fois. Ca va beaucoup trop vite à mon goût, n’étant pas vraiment apte à vouloir me lever, je tendis l’oreille.

-Personne n’arrive …

Et j’en étais heureuse. Je soupire d’apaisement, loin du monde, plus près de Gleb.

De l’importance. Yoruichi en avait déjà à mes yeux je pense. J’en avais déjà aux siens? À ce qu’elle semble dire, oui. Elle le fait remarquer d’ailleurs. On s’est lié d’amitié rapidement, presque trop rapidement. Mais, je ne m’en plains pas. Se sentir à l’aise avec quelqu’un, c’est toujours agréable. Je ne sais pas comment j’ai pu m’en passer toute ma vie. Elle prend ma main…

Il va bientôt faire nuit..? Je lève les yeux. Elle a raison. Je n’ai pas envie de me lever. De quitter sa chaleur. J’ai envie de continuer de lui parler, de tenir sa main. Je ne veux pas retourner dans ma cellule, là où sont mes colocataires que je ne connais même pas, que j’ai à peine envie de les connaître. J’ai envie de rester là…Avec Yoruichi.

Je ne serais pas allé voir Alec aujourd’hui finalement. Peut-être demain. D’ailleurs, au moment fatidique où je devrais quitter la pièce pour retrouver mon lit…Est-ce que je reverrais Yoruichi? Peut-être que je ne la recroiserais plus. Il faudra que je mette ma timidité de côté pour aller la voir de temps en temps dans sa cellule.

-J’ai pas envie de partir…

Ma remarque était anodine, sans intérêt probablement…Mais, sincère.

J’avais presque pu oublier le fait que nous étions en prison et dans une cellule à force de lui parler d’un peu n’importe quoi. Mais, on n’oublie jamais vraiment. Les barreaux aux fenêtres, les murs au loin et les idées noires qui restent qu’on le veuille ou non.

-Tu comprends toi pourquoi ils mettent des barreaux aux fenêtres alors que de toute façon, on ne pourrait pas passer les murs de la cour?

Gleb parle, ce qu’il venait de dire m’avait en quelque sort touché. Mais je n’ai pas le temps de réagir qu’il me pose déjà une autre question. Avait-il envie de fuir ? Quelle question, qui voudrait rester ici de toute façon.

- Ben, l’architecte pensait que cela serait plus jolie sans doute, dis-je en plaisantant.

Honnêtement je n’en savais rien. Cela devait sûrement remonter à l’époque du moyen-âge. Je n’ai jamais vraiment été intéressé par l’architecture, ni l’histoire des prisons. Mes connaissances a ce sujet ne me permet pas de répondre à Gleb. Aussi simpliste que cela, j’enchaînais.

-Des barreaux aux fenêtres … Peut-être qu’elles ne sont la que pour anéantir notre moral. Ca donne l’image de ‘’ l’oiseau en cage ‘’. Aucuns hommes aussi fort soit-il arriverait à tenir une vingtaine d’année enfermé ici. Je vois donc ces barreaux, comme un moyen de mutilation mentale… Ce n’est peut-être pas très cohérent mais je me comprends.

Et puis d’ailleurs, c’est juste nous ne pourrons pas passer de l’autre côté du mur sans se faire tirer dessus. Sauf si on est adepte du stratagème de l’ ‘’échappage’’. Je me demande si quelques prisonniers ont déjà tenté de s’échapper… Sûrement après tout, mais ils étaient probablement fous.
C’est si vaste, le moindre détail à son importance dans la vie d’une personne. Le moindre geste, la moindre parole. J’en reviens à mon point de départ sur la complexité de l’esprit humain. Tout est à la fois basique et compliqué, chercher à comprendre, c’est le propre de l’homme … Le mien. Mais qui aurait cru aussi que je ferais toute mon analyse personnelle en prison. Ca me fait bien rire ça tien.

J’en reviens à Gleb, il n’avait pas envie de partir … Que pouvais-je lui répondre à cela ? Je n’en n’avais pas envie moi non plus. Sans le regarder, je murmure doucement.

-Tu n’as qu’à rester …

Qui nous en voudrait de toute façon? Je ne suis même pas sûr que mes coloc' reviennent pour ce soir. Et avoir Gleb près de moi me ferais plus que plaisir. Mais ça, c'est à lui de voir...

Plus joli...C’est glauque. Ce qu’elle dit par la suite est peut-être vrai. Ils tiennent tant que ça à rendre notre vie impossible? Je crois qu’au fond…Ça leur fait bien plaisir…Et puis, peut-être qu’on le mérite? Peut-être que j’ai mérité ce que m’a fait Tobias. Peut-être que, tout ce qui peut se passer de mal dans ma vie, je le mérite. C’est tellement pessimiste. Mais, c’est peut-être vrai..? Ma famille ne méritait pas la mort, non? Et en supposant qu’ils le méritaient tous les deux…Le policier et la psychologue, eux, étaient innocents. Des meurtres inutiles. Je soupire tristement.

-Peut-être qu’on le mérite..?

Je ne peux m’empêcher de dire le fond de ma pensée.

Je m’imaginerais mal essayer de quitter la prison. Je me ferais fusiller. Et, de toute façon, au point où j’en suis dans ma vie, c’est mieux d’être ici.

Elle me dit que je n’ai qu’à rester. Au fond, surveillent-ils? Peut-être, ils remarqueront qu’il manque quelqu’un en cellule et me chercheront…Ou pas, j’en sais rien. Je hausse les épaules.

Je me mets sur le ventre, obligeant Yoruichi a quitté ma personne un instant. Puis, j’enfouis mon visage dans le matelas.

-J’aimerais être comme toi…Et ne pas m’en vouloir pour ce que j’ai fait.

Oui, finalement, je crois que je m’en veux.

C’est partie, Gleb s’en veut à présent. Le passé appartient au passé, il a toujours été question pour moi d’oublier tout cela. Gleb par contre marchait à l’inverse de moi, la prison le force à se rappeler de ces gestes. Il n’est tout de même pas aussi déficient niveau psychologique que ça. Je ‘’monte’’ un peu sur son dos. Histoire d’avoir ma tête appuyée au niveau de son omoplate.

-Je ne m’en veux pas, pour la simple et bonne raison. Que mise à part moi, personne ne l’aurait fait. Tuer son géniteur et son violeur. Je suis assez rancunière Gleb, vivre ma vie avec ce qu’ils m’ont fait sans le leur faire payer, m’aurais poussé au suicide. Mon honneur m’est important. J’ai fait ça … Pour ne pas m’en vouloir de ne pas l’avoir fait.

Je sais que la situation pour Gleb n’est pas vraiment semblable. Il l’a fait pour se délaisser d’un poids, apaiser son esprit en quelque sort. Mais il y a tout de même un énorme point commun, et même Gleb pouvait se montrer digne …

-Hm Gleb, tu as vécu six mois ici, tu as subi ce que moi je n’ai jamais subi. Tu as tout de même une force d’esprit particulièrement forte. Même si elle n’est pas comparable avec la mienne. Toi comme moi, enfin surtout toi, doit vivre les instants présent. En oubliant le passé, le pourquoi qui nous a conduits ici. Tu te détruis en faisant ça. Tu t’enfermes toi-même dans une cage ouverte…

J’ai laissé mon cœur parler. Ne sachant pas si Gleb comprenait ce que je venais de lui dire. Parfois j’ai l’impression de dire des choses qui n’ont aucun sens. Et qui sait que ce n’est qu’en laissant parler sans penser que j’arrive à aboutir à des mots juste.

Je me retire de lui pour venir me remettre sur le dos, fixant le plafond, mes mains posées derrière la tête. Ouais, on n’est pas si mal ici. On est nourri, logé et blanchis … Que demander de plus ? Mise à part quelques moments de violence, nous sommes presque des rois dans un palais délabré en pierre noir…

J’aimerais tant partir sur mes terres d’origines inconnues. J’imagine déjà l’immense désert de sable, le soleil devait y être très chaud. Du moins, d’après ma couleur de peau, je n’étais pas occidentale. Ce n’est qu’un détail …

-Gleb … Tu restes ce soir … ?

Elle se serait suicidée. Je crois que j’aurais fait la même chose aussi. Je me demande comme ma famille se serait débrouiller sans moi…Ils seraient sans doute laisser mourir. Ma mère aurait bu jusqu’à la noyade ou jusqu’à ce qu’il n’y ait plus le moindre sous dans la maison et se serait laisser tuer par la faim ou bien encore se serait-elle retrouvé dans le coma. Mon frère quant à lui, sans doute aurait-il fini à la rue, gagnant son pain dans l’illégalité jusqu’à ce qu’il meure à son tour sur le trottoir ou bien assassiner. Dois-je donc supposer qu’ils seraient morts de toute façon sans mon aide? Peut-être. Mais, peut-être aurais-je dû continuer à faire le bon garçon et à prendre soin d’eux.

Je suis surpris quand elle me dit fort d’esprit. Elle a tord. Je suis faible. Tout le monde le pense. Même Alec doit le penser. Je le pense moi-même, je l’ai toujours cru. Je suis faible. Faible mentalement et physiquement. Je dois être l’être le plus pathétique de la prison.

-Non, c’est faux, je suis faible…Tu ne peux pas savoir à quel point.

Mais, elle a raison. Penser au passé, ça ne sert à rien et ça ne me fait que du mal.

-Je sais mais…Je peux pas m’en empêcher.

Lorsqu’elle quitte mon dos, je décide d’aller m’asseoir, dos contre mur, tout en restant sur le lit.

Yoruichi est forte. Elle a l’esprit solide et a du caractère. De plus, elle sait se défendre. Elle est intelligente aussi. Moi, je ne connais rien, je ne sais rien. Je suis faible et idiot. Mon Dieu, comment Alec fait pour m’aimer? Comment Yoruichi peut-elle me supporter? Je suis faible, idiot, braillard et en plus, complètement dépriment.

Je me déteste tant que ça..?

Elle demande si je reste…

-Si ça ne te dérange pas…

Gleb se sous-estime, trop à mon goût, j’aurai beau lui dire le contraire, lui exposer mes thèses. Il en reviendra toujours au même point : faible.

-Ce me ferait même très plaisir.

Parler, Gleb le faisait très bien. Rassurer les gens, les apaiser, les calmer… Il avait tout ça en lui. Pourquoi s’entête t-il à croire le contraire ?! Quand on a la force de supporter la douleur des autres, on est tout sauf faible. Si je lui racontais mon abus dans les moindres détails, serait-il entrain de pleurer à chaudes larmes. Ce n’est pas comme ça qu’on est compatissante, non. Du tout même, Gleb s’impose par le contacte, voir par quelques mots. Il est un homme.

-Tu ne dois rien prendre dans ta cellule avant que les gardiens viennent fermer les portes ?

De toute façon, eux, ils ne pouvaient rien dire. Tant que tous les moutons sont dans l’enclos, que l’un ou l’autre dorme avec un autre. Ils s’en foutaient royalement. J’attends, je ne sais pas trop quoi en faite. Fixant par moment Gleb, mon regard se repose assez rapidement sur le plafond.

Je soupire en moi-même. Moi qui et toujours dis à Bella que j’avais horreur de la faiblesse. Elle avait très bien remonté la pente. Elle n’était qu’un petit toutou adorable, suivant les traces des plus forts. Maintenant, elle s’impose, devant une femme de caractère.

Ai-je toujours mon côté enfantin ? J’en sais rien, je ne pense pas … Enfin si un peu tout de même. J’avais fermé les yeux, je n’entendais plus Gleb, il a sûrement dû retourner vite fait dans sa cellule pour aller chercher quelque babiole. Je me retourne sur le ventre. Laissant tomber une de mes mains dans le vide. J’ai l’impression d’être un chat couché sur une branche, regardant bêtement la lune. Il faisait assez noir dehors d’ailleurs.

Je crois que j’entends Gleb revenir …

Elle veut bien. Ça lui fait plaisir? Elle est gentille…Je l’aime bien.

-Merci.

Elle me demande si je dois aller chercher quelques choses dans ma cellule…

…Oui, mais j’aurais trop honte d’aller le chercher. Je n’aurais peut-être pas dû accepter de rester ici cette nuit. J’avais oublié…Ça.

Je finis quand même par me lever et me diriger vers ma cellule. Je fouille sous mon lit. Où je l’ai mis ce matin? Ma main finit par attraper l’objet de ma convoitise.

D’un pas vif, je retourne au fond du couloir, à la cellule de Yoruichi…

…Que j’ai honte.

Je me présente dans la pièce où je me trouvais il y a peu de temps avec…

Une lampe de poche difficilement et timidement caché dans ma main.

Je baisse les yeux, rougissant légèrement quand les yeux de Yoruichi se pose sur ma main.

Oui, j’ai peur du noir! Et alors? Je sais, c’est une peur de gamin. Elle me trouve toujours fort à présent?

J’avais peur du noir quand j’étais petit. J’ai encore peur du noir. Je ne sais pas pourquoi. Quand mon père m’avait amené chez un psychologue pour enfant, voulant bien faire, le psy avait dit que ça me passerait. Ça n’est pas passé. Mon frère adorait me martyriser avec ça. J’étais adolescent que je dormais avec une veilleuse. Ce n’était pas bien grave, personne ne venait jamais chez moi, je n’avais pas d’amis donc pas les moqueries qui allaient avec…Jusqu’au jour où mon fraternel s’amusa à mettre tout le monde au courant. Alors, c’était moi contre mon frère allié au reste du monde. J’étais seul devant les mauvaises plaisanteries. Une fois, même qu’il avait amené des potes à la maison…Ils s’étaient amusés à m’enfermer dans un placard et à m’entendre crier. Les vannes, je les avais toutes entendu, si Yoruichi veut se moquer de moi comme les autres…Elle le peut bien.