Lavé suite[Pv Gleb]

Gleb répond à mon étreinte. Je ne pus m’empêchée de lui envoyer un regard enchanté. Il prend le pas devant moi. Je jette vite fait un regard derrière moi. La femme était entrain de secouer son ami. Je la vois se retourner.

-Hey…Attendez! Qu’est-ce que..!?

Sans prêter attention, je sens que Gleb me tire. Enfin, je sens plutôt qu’un galop rapide allait être entamé. Je ne sais pas ce que je tiens le plus fermement, la main de Gleb ou mes affaires. Il m’avait un peu surprise, je ne pensais pas qu’il allait prendre l’initiative. Mais cela devait surement rester d’ordre personnel du genre ‘’Sauve qui peut !’’. Nous traversions rapidement le couloir. Et miraculeusement sans croiser les autres prisonniers. Ils devaient surement être de l’autre côté du couloir. Nous n’étions pas loin des cellules. J’avais été un peu trop vite dans ma course, j’avais chaud et mon boum boum intérieur était assez rapide.

-Gleb … Ralentis s’il te plait.

Je commençais à me sentir mal. Je marche à une vitesse raisonnable, toujours en compagnie du garçon dont je n’avais toujours pas quitté la chaleur de sa paume …

Je ralentis encore un peu le pas, fixant le sol. J’essaye d’évaluer chacun de mes battements. BOUM BOM BOUM. C’était trop rapide et après quelques secondes … Ca aurait du s’arrêter … ce que je redoutais le plus arriva. Une pointe affreuse me serra au niveau du cœur. M’obligeant à lâcher la main de Gleb pour venir me courber en deux. Mes mains plaquées au niveau de ma poitrine. Gleb est toujours près de moi. Je ne sais pour quelle raison, je finis par m’agripper à lui. Refusant de le lâcher.

-Ca … Ca va passer …

J’étais entrain de le rassurer. Je n’avais pas envie qu’il s’inquiète. Sous mon poids, j’arrive encore à me laisser tomber au sol. Entrainant Gleb difficilement avec moi. Cette douleur affreuse me crispe. J’enfuis ma tête sur ce qui semblait être le torse du garçon.

-Désolé Gleb …

Désolé de t’obliger à supporté mon contacte. J’ai déjà moi-même horreur de ça. Mais j’ai vraiment mal. Et sa présence m’est très apaisante. Après quelques minutes, je parviens enfin à calmer les battements de ce cœur fou.

Je relève timidement la tête vers Gleb. Dois-je lui expliquer ce qu’il vient de se passer ? Peut-être pas. S’il voulait vraiment le savoir. Il n’aura qu’à me le demander. En attendant, je garde le silence.

-Euh … Je ne suis pas trop lourde ?

Je m’aperçois que j’étais à moitié sur lui. Pas très confortable pour lui, le pauvre je le plains … Se prendre une cinquantaine de kilos sur lui. Un petit sourire réapparut sur mes lèvres. Je n’avais pas remarqué qu’il avait les yeux bleus …

Nous courons dans les couloirs. Nous ne sommes arrêté par personne. Je ne m’en plains pas! Je tiens toujours la main de Yoruichi et mes vêtements qui menacent de glisser au sol. Mais, je tiens bon. Moi, quand je me trouve une raison de courir…Je ne m’arrête plus. Nous nous dirigeons vers les cellules.

J’entends la voix de Yoruichi. Ralentir? Oh. J’étais tellement concentré à fuir que je n’avais même pas vérifié si elle courait au même rythme.

Je ralentis mais je n’ose pas encoure tout à fait arrêter de courir. Mon cœur bat à toute vitesse…Mais, ce n’est pas à cause de l’effort, plus un restant de peur nerveuse qui devrait se calmer une fois que je terminerais ma course. Je suis tellement anxieux que je ne me rends pas compte que Yoruichi ralentit encore, puis encore et…

Elle s’arrête. Elle lâche ma main et je m’arrête de courir, me rendant compte aussi sur le coup qu’effectivement, on a peut-être assez couru. Je me tourne vers une Yoruichi pliée en deux, semblant souffrir. Je la regarde avec une pointe d’inquiétude et d’incompréhension.

J’ai un mouvement de recule involontaire lorsqu’elle menace de me ‘’tomber’’ dessus. Mais, je ne l’échappe pas pour autant au moment où elle s’agrippe à moi. Ça va passer qu’elle dit? Qu’a-t-elle exactement? Elle semble avoir tellement mal, ne devrait-elle pas aller à l’infirmerie?

Elle se laisse tomber au sol et m’entraîne avec elle, collant sa tête contre mon torse, s’étalant presque à moitié sur moi. Elle s’excuse, comme tout à l’heure.

-Yoruichi!? Ça va? Q’est-ce qui t’arrives? Tu veux aller à l’infirmerie?

On reste comme ça un bon moment. Je ne sais pas quoi faire parce que je ne sais pas ce qu’elle a…Alors, je reste juste comme ça, immobile. Elle me demande si elle est trop lourde. Je lui souris…

-Ça va…Et toi, tu vas bien..?

Je ne m’inquiète plus trop. Elle me sourit. Effectivement, c’est passé..? Elle a l’air bien, mieux.

Encore une fois, je m’aurais sans doute inquiété pour rien…

Je sens mon rythme prendre une vitesse un peu plus saccadé. Je fixe toujours Gleb. Je rougis légèrement. Yoruichi ma grande, tu as tendance à passer du rôle de la femme forte vers la femme timide. Un jour, ca te jouera des tours !

-Oui ça va …

Gleb avait le droit de savoir. C’est pas comme si j’avais un cancer ou quoi. Non bien sûr c’était moins grave. Bien que je ne sais pas ce qu’il m’arrivera le jour ou je recracherais mes entrailles.

-Non pas besoin d’aller à l’infirmerie. J’ai des espèces de ‘’crises’’ …Enfin c’est assez rare. Mais quand je fais un effort physique qui me demande trop d’effort … Mon rythme cardiaque s’accélère et douleur sur douleur. Ca m’arrive de cracher du sang … Enfin, ca passe au bout de quelques minutes …

Je n’ai jamais compris ce que j’avais exactement. Même cet abruti de docteur ne savait pas. Enfin, ce n’est qu’un détail. Je me force un peu à sourire à Gleb. Bien que mes sourires soient rares pour certaines personnes … On peut dire que tu as de la chance Gleb. Parlons de chance … Je suis toujours sur lui … Je prends appuis sur mes mains que j’avais poser sur le sol. Eloignant ainsi mon visage de quelques centimètres du sien. Je me retrouve tout de même à califourchon sur lui. Tout compte fait, je n’avais pas l’air de le gêner … Je me retirai complètement de sa personne pour venir me poster devant lui en tailleur. Il est toujours à moitié étendu sur le sol. Arrête de rougir Yoruichi t’as l’air conne !

-Gleb …

Je marque une pause volontairement. Le fixant toujours droit dans les yeux …

-Je pense que tu auras un joli petit bleu sur la joue demain …

Je me mis doucement à rire, essayant d’étouffer le bruit en plaquant ma main sur ma bouche.

-Tu as déjà eu affaire à beaucoup de situation de ce genre ?

Je parlais bien entendu des ‘’bagarres’’. Je n’aime pas vraiment ce mot. Et puis, ce n’est pas doux à l’oreille. Gleb est capable de se défendre, je n’en doute plus à présent. Même si quelque part, il reste encore un peu le gentil petit garçon.

Intentionnellement, je reviens me placer contre lui -mais à côté-. Adossé légèrement au mur, je fixe le sol. Pour une fois, celui-ci ne me semblait pas aussi froid que d’habitude. C’était peut-être à cause de Gleb … Il réchauffe le sol de bon cœur ! Je laisse échapper un petit cri de surprise, le sol n’était peut-être pas froid. Mais le mur, lui si !

Elle me regarde et...Elle rougit? Ça m’étonne, elle avait l’air tellement moins timide que moi avec son caractère fort. En tout cas, elle me dit qu’elle va bien. Tant mieux, j’ai eu un peu peur. Elle m’explique qu’il s’agit de ‘’crises’’ quand elle fait un grand effort physique mais que c’est rare. Mes yeux s’agrandissent lorsqu’elle me dit qu’elle crache parfois du sang.

En tout cas, je n’avais pas pensé courir si vite. J’aurais dû faire plus attention. C’est ma faute. Mais, elle va bien alors, je n’ai pas à m’en faire.

-Excuse-moi…De t’avoir pratiquement traîné derrière moi.

Son visage recule. Elle s’éloigne..? Ah, oui. J’avais oublié qu’elle était encore…Sur moi. C’est alors à mon tour de rougir. Elle s’assois alors devant moi. Bien qu’elle ne soit pas si lourde, j’admets que je commençais à avoir les jambes un peu engourdis.

Il y a une sorte de silence. Puis, elle rompt. Elle ne fait que prononcer mon nom avant de laisser place à un nouveau silence pour le rompre à nouveau.

Je souris. Oui, sans doute que j’aurais un bleu. Je pense soudain à Alec. Il ne faut pas qu’il voit ça. Comment réagirait-il? De toute façon, il n’a pas à s’inquiéter…Je m’en suis bien sorti seul…M’enfin, avec Yoruichi. Sans elle, je n’aurais peut-être pas eu le courage de faire quoi que ce soit. Peut-être que l’ecchymose ne restera pas longtemps et qu’il n’aura pas l’occasion de le voir. Peu importe sa réaction, je ne veux pas qu’il me voit comme ça.

Je m’efforce de sourire.

-Oui…

Elle me demande alors si j’ai eu souvent affaire à ce genre de chose? Non. Là fois où je suis allé pour la première fois dans la salle d’isolement? Mais, ce n’était pas une vrai bataille…Juste un coup de poing. Avec Tobias, ce n’était pas une bataille parce que je ne me suis pas suffisamment défendu…J’étais figé par la peur. Non. Ça ne m’était pas arrivé souvent. Je baisse les yeux.

-Non, non, pas vraiment.

Je lève les yeux et souris légèrement. Je n’ai même pas remarqué que Yoruichi était maintenant à côté de moi.

-Toi, oui? Ce n’était pas la première fois que tu les croisaism n'est-ce pas?

Oui, d’ailleurs, qu’était-il arrivé la dernière fois?

-Toi, oui? Ce n’était pas la première fois que tu les croisais n'est-ce pas?

Je lève mon regard vers Gleb après avoir encore regarder le sol. De situation comme ça, pas trop. Enfin, un peu. Mais je n’ai jamais cherché …

-Non pas vraiment … Je n’aime pas ce genre de situation. Je m’en passerais volontiers.

Je marque une petite pause. Juste pour le faire un peu patienter et réfléchir à ma réponse …

-Non ce n’est pas la première fois. La deuxième exactement.

Quand j’y repense se con avait osé gifler Bella sous mon nez, de plus, il voulait l’éventrer … J’ai réagis, rien de très spectaculaire. Lui retournant la pointe de sa lame dans le poitrail …

-Si tu veux tout savoir, il voulait … Enfin. Il s’en ai pris à ma seule amie ici … donc … tu te doutes de la suite …

Repense, repense … Le jour ou Mon Gardien est venu ouvrir les portes, j’avais recroisé aussi des prisonniers … A la seule différence qu’ils voulaient aller loin. Effondrée en larme devant lui à la pensée de mon adolescence … Dénudée, abusée … Je me ressers un peu plus contre Gleb, assez pour sentir sa chaleur corporel. Si tu savais combien j’en ai souffert avant d’en arrivé ici. On se demande souvent d’où je tiens mon air droit. Bien sûr c’est tout naturel chez moi. Mais c’est aussi à cause de ce que la vie a mis sur mon chemin qui a forgé mon caractère. Je n’aime pas craquer. Et puis, même, je ne le ferais pas. Je n’en n’ai pas l’envie. Gleb me rassurait sans le savoir.

Lui a tué sa famille pour se délaisser d’un poids. Aurais-je dû tuer ma génitrice aussi avant de partir ? Bien sûr que non. Qu’elle vive seulement. J’avais déposé ma tête contre l’épaule de Gleb. Je lui murmure doucement.

-Ta famille te manque ?

Peut-être que oui, peut-être que non. Dans tout les cas, la liberté totale doit lui manquer. Bizarrement, ce n’est pas mon cas. Ici ou ailleurs, ça ne change pas grand-chose. J’aurais de toute façon renié ma ‘’mère’’ si je m’en étais sortie. Il n’est pas question d’avoir honte … J’ai tout de même relevé l’honneur de la famille. MON honneur. Sans attendre quoi que se soit, je baisse la tête pour éviter qu’il me regarde.

-Personnellement, la mienne ne me manque absolument pas.

Non pas que je n’aimais pas la femme qui m’a élevée. Mais j’étais obligé de l’oublier. Elle et tous les autres…

Pas souvent. Mais, elle laisse sous entendre que c’est déjà arrivé. Bien sûr, elle vient d’en avoir une avec un type qu’elle connaissait déjà définitivement. La deuxième fois qu’elle le rencontre qu’elle précise. La dernière fois, il s’était en pris à son amie. Bella..? Je suppose en tout cas. Elle l’a défendu donc, si je comprends bien.

Je hoche de la tête. Elle n’avait pas à en dire plus. J’avais compris le principal. Yoruichi semble être une bonne personne, c’est certain. Elle a de moins en moins l’air d’une meurtrière. Mais, moi non plus, je dois avoir de moins en moins le profil.

Ça fait un peu bizarre, on dirait que ça fait tellement longtemps que je n’ai parlé à personne. À part avec Alec, je n’ai eu que quelques brèves conversations avec peu de gens. Même à l’extérieur, je n’étais pas très bavard. Je disais quelques mots à ma mère, à mon frère, aux différents employeurs et à quelques collègues de travail que j’ai côtoyé dans mes divers emplois. Et c’était à peu près cela.

Et là, ça faisait déjà un moment qu’il parlait avec Yoruichi. C’était juste…Bizarre.

Je la sens se serrer contre moi. Hum? Qu’est-ce qu’elle avait maintenant?

-Ça ne va pas?

Elle me demande si ma famille me manque. Je soupire…Puis, je souris, un peu triste.

-Parfois…Mais, ça n’a pas d’importance. C’est mieux…Comme ça, d’une certaine façon.

Elle dit que elle non. Je sais qu’elle a tué son père. Mais…

- Je ne sais pas ce qu’il a fait…Ton père, je veux dire. Mais, si tu l’as tué, tu avais tes raisons…Mais, les autres, tu les détestais aussi..?

Ma famille me manquait parfois. Mon père surtout, mais, ça fait longtemps que j’ai fait mon deuil. Ma mère aussi me manque un peu parfois…C’est elle qui m’a élevé après tout…Et ce qu’elle est devenue à la suite de la mort de mon père, ce n’est peut-être pas de sa faute après tout. Je l’aimais…À ma manière. Malgré tout…Mon frère? Je ne sais pas. Il n’a jamais été autre chose de ce qu’il a été quelques heures avant sa mort. Il a toujours été horrible avec moi…Même si j’ai toujours été gentil avec lui. J’agissais avec lui en frère, mais lui, non. Il s’est moqué de moi, m’a frappé parfois, m’a effrayé, a tué mon chien, m’a humilié…Non, il serait trop fou d’imaginer qu’il me manque.

- Je ne sais pas ce qu’il a fait…Ton père, je veux dire. Mais, si tu l’as tué, tu avais tes raisons…Mais, les autres, tu les détestais aussi..?

Gleb semblait vouloir en savoir un peu plus sur mon passé. Sur ces ‘’meurtres’’. Je me suis dis que si il voulait savoir quoi que ce soit, je le lui dirais. Mais par ou commencer ?

Je rapproche mes jambes de ma poitrine. Les mains posées sur mes cuisses. Tout en me demandant par ou commencer. D’abord. Le décor était tout à fait charmant. Assise par terre avec Gleb, enfin contre Gleb, dans un couloir ou personne passait. Comme si un panneau était afficher : ‘’ Ne pas déranger’’. Je me mis à jouer avec le bout de mes cheveux, tout en lui racontant.

-Si tu veux vraiment savoir. Mon histoire est banale. J’ai grandie sans père. Celui-ci battait ma mère bien avant ma naissance. Il ne m’a pas reconnu. Seize ans plus tard, il revient. Tout va bien. Puis il recommence à … Battre ma génitrice. Moi, disons qu’il me prenait pour son jouet. Enfin.

Je coupe net mes paroles. Arrêtant de jouer avec me cheveux. Je pose mes mains dans le creux de mon ventre. Et je continuais mon récit.

-Contrairement à toi Gleb, je n’ai tué que 2 personnes. Vers quatorze ans … Je suis tombée ‘’amoureuse’’ d’un garçon … Enfin je te passe les détails. Il a abusé de moi un soir …

Je regardais le sol. J’avais peur de voir l’expression de Gleb. Je n’avais pas envie de voir de la compassion ou quoi que ce soit dans son regard. J’ai horreur qu’on est pitié de moi …

-Et donc vers mes dix sept ans, je les ai tout les deux tués … Poignarder …

En y repensant, je n’avais relaté cette histoire en entier qu’à Bella et Carl. Maintenant à Gleb. Je sais que je peux avoir confiance en lui.

-Hm, Gleb … Je ne suis pas du genre à m’ouvrir au premier venu. Sache-le.

Loin de là, j’avais plutôt tendance à éviter les gens comme la peste. Mes amis sont rares. D’ailleurs, les vrais amis sont rares. Je n’ai jamais perdu mon temps à me lier d’amitié avec quelqu’un quand j’étais encore dehors. La prison m’oblige à le faire … C’est drôle et à la fois troublant.
J’avais un petit défaut … Je peux rester calme, mais j’aime beaucoup jouer avec n’importe quoi qui traine au tour de moi. Sans demander l’autorisation. Je pris la main de Gleb, la portant contre mon ventre. Je ‘’ m’amusais’’ à regarder et à la toucher.

-Si tu veux me raconter ton histoire … Ne te gène pas.

Toujours avec un petit sourire au coin des lèvres. Sa main est chaude. L’aurais-je trop serré durant notre course ? …

Elle se met à me raconter. Une histoire banale? Dur d’avoir une histoire banale quand on est à Sadismus. Elle a vécu toute son enfance et même au-delà sans son père. Elle m’explique brièvement que celui-ci était violent. Il revenu puis à recommencer à battre sa mère.

Tandis qu’elle parle, je ne fais que regarder le mur d’en face tout en l’écoutant.

Elle continue en disant qu’elle a été…Abusé. Violé, pour ainsi dire. C’est dur, comme mot…C’est arrivé à Alec, plusieurs fois, il ne l’a pas oublié et ne l’oubliera jamais. Moi, c’est une douleur que je n’ai jamais eu à subir et c’est pour le mieux. Ses paroles m’attristent, pour elle et pour Alec également. D’ailleurs, où est-il? Je ne devrais pas m’inquiéter…Il va sûrement bien…N’est-ce pas..? Tu ne devrais pas penser à ça Gleb, pas maintenant. Tu iras à sa recherche aujourd’hui, si ça peut te rassurer…

Je me concentre à nouveau sur l’histoire de Yoruichi.

Elle les a poignardé. Elle finit en disant qu’elle n’en parle pas à n’importe qui.

J’ai un petit soubresaut lorsqu’elle me prend la main. Dans ma contemplation du mur, je ne me préoccupais plus de ses gestes. Je la laisse faire, retournant dans mon monde lunaire. Mais, je m’efforce de détourné mon attention du mur pour lui jeter un bref regard à l’écoute de sa question. Puis, je baisse les yeux vers le sol.

Mon histoire? Je ne l’avais raconté que brièvement à Alec. Pas en entier par contre. Pas que je ne lui fasses pas confiance, mais, il y a 6 mois, j’étais incapable d’en parler. Je n’arrivais même pas à mettre des mots là-dessus car mes meurtres étaient autant prémédités que spontanés. Ça n’a juste aucun sens et c’était l’une des milles raisons qui faisaient que je n’arrivais pas à en parler. Aujourd’hui, mon passé semble si loin même si ça ne fait que quelques mois. Ça n’a plus d’importance. Je décide donc de dire le peu qu’il y avait à en dire…

-Elle n’est pas palpitante ni aucunement intéressante…

Je soupire puis reprends.

-Je suis né dans une famille modeste. J’avais un grand frère. Une mère bipolaire. Et un père…Celui-ci était malade, puis il est mort quand j’étais un gamin. J’avais 7 ou 8 ans je crois. Ma mère n’avait jamais vraiment réussi à faire un deuil. Sa peine, son alcoolisme et ses sautes d’humeur la rendait insupportable. Très tôt, je m’occupais déjà de la majorité des tâches à la maison. Les courses, la cuisine, la lessive (je souris légèrement à ce dernier mot). Ma mère ne faisait plus rien…Mon frère ne savait rien faire et était obstiné à ne pas donner le moindre coup de main. Alors, je m’occupais autant de lui que de ma mère. Il s’obstinait pas seulement à ne jamais faire quoi que ce soit à la maison mais il se retrouvait régulièrement dans la misère, assez souvent pour demander logis sous un toit où il ne vivait plus. Et il me rendait la vie impossible. Il me faisait du mal à moi, à ma mère. Quand j’étais gamin, il a même noyé mon chien. J’ai arrêté l’école très jeune pour travaillé. Je suis allé d’un endroit à l’autre faire des petites tâches toutes simples…Concierge, livreur, assistant boucher, plongeur...Et puis, c’est tout.

Je lève les yeux vers le plafond, ne sachant plus vers où regarder.

-Et il y a juste eu un déclique. J’ai décidé que ça n’allait plus et je les ai tué. J’ai égorgé ma mère et noyé mon frère. La police est venue, l’un d’eux s’est approché de trop près et je l’ai poignardé. Puis, quelques heures plus tard, la psychologue. C’est tout.

L’histoire de Gleb est très intéressante, elle peut faire peur c’est vrai. On imagine mal un garçon aussi gentil que lui tuer les personnes qui lui sont chère à son cœur. La famille s’est sacrée. D’après ce que j’ai lu, pour ma part, ma mère comptait beaucoup pour moi. Mais sa s’arrête là. Gleb a peut-être eu le bon geste en les tuants. Mais est-ce qu’il le voulait vraiment ? M’occuper d’une alcoolique ou de n’importe quel autre être un peu déboussolé, m’est tout bonnement inimaginable et irréaliste.

-Dis Gleb, est-ce … Enfin, tu voulais vraiment les tués ?

Je m’attends à n’importe quelle réponse. Nous ne sommes que des êtres humains après tout, et rien ne peut changer nos attitudes, quelles soient primaire ou secondaire. Je continue à ‘’jouer’’ avec sa main, passant doucement un doigt sur sa paume. Cela avait pour effet de donner des frissons, mais je ne sais pas si ça faisait ça à Gleb.

-J’vais peut-être te choquer. Mais franchement, si j’aurai été à ta place, je pense que j’aurai fait la même chose que toi. C’est peut-être triste à dire mais les raisons sont là.

Pour sûr que j’aurai eu de bonnes raisons. Gleb m’avait dit il y a quelques minutes qu’il voulait ‘’fuir les responsabilités’’. Mais est-ce vraiment ça ? Moi je les aurais tués … Pour qu’ils soient ‘’mieux ‘’. C’est dingue de dire ça ! Enlever la vie à une personne parce qu’ON -ou plus précisément je – aurai décidé. Mort … C’est mieux pour eux, puisqu’ils pourrissent leur vie et la mienne.

Je comprends tout de même que ce soit horrible pour Gleb de se remémorer ça. Voir le sang de notre propre mère et de notre frère sur nos mains. Ca ne laisse pas une personne de marbre, puisque j’en suis la preuve …

J’eu un petit sursaut en voyant passer un prisonnier sans grande importance. Il marche tranquillement le long du couloir. Me regardant, ainsi que Gleb. Il avait l’air un peu étonné de nous voir assis par terre. Je le regard d’un air interrogateur … Qui voulait plutôt signifier ‘’ Bon quoi t’as rien de mieux à faire que de nous regardés ?!’’. Faut croire que le message est passé, il reprit son chemin tranquillement, je le regardais jusqu’à ce qu’il disparaisse de ma vue.

-Les gens sont vraiment bizarres parfois, dis-je en riant légèrement.

Suis-je bizarre ? Est-ce normal pour moi de faire aussi rapidement ‘’ami-ami’’ avec Gleb, surtout que je viens à peine de le connaître ? Pourquoi sa présence m’est apaisante ? Pourquoi j’me pose ces questions ?! C’est vrai qu’il n’est pas normal que la Yoruichi que je suis, sois contre un homme, entrain de jouer avec sa main. Je dois vraiment consulter un psy moi …

Sa question me surprend. Si je voulais vraiment les tuer..? Si je l’ai fait, je suppose que oui mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question. Yoruichi avait décidément un dont pour poser les questions improbables, le genre qu’on ne m’avait jamais posé. Je réfléchis, hésite…Et, peu importe le temps que ça me prend pour répondre, la réponse ne valait pas la peine d’attendre vu comme elle est médiocre.

-Euh…Je…M’enfin…Je…Je ne sais pas. Vraiment, non. Je n’en sais rien.

Je recommence à fixer le mur du fond tout en réfléchissant. Non, définitivement, la réponse ne me venait pas. Je ne saurais même pas dire si j’étais moi-même quand je les ai tué. Je crois que non. Si, peut-être un peu…Mais, non. Je ne sais pas. Je crois que je n’aurais pas pu faire ça avec l’esprit clair. J’aurais fait ça sous le coup de la folie? Ce serait tellement simple, tellement facile comme excuse. Mais, franchement, je ne sais pas.

Elle dit qu’elle aurait fait la même chose. Est-ce que ça devrait me réconforter? Non. Parce que je ne suis pas Yoruichi et que Yoruichi n’est pas moi. Les raisons? Mes raisons étaient bonnes? Moi, je les trouve égoïste et puis…Je me suis retrouvé ici juste après. Ça ne m’a alors rien apporté…Non, ce n’est pas vrai. En fait, j’ai eu ce que je voulais, ils ne sont plus là. Mais, je n’avais pas prévu la suite bien qu’elle était évidente.

-Je voulais être libre et regardes-moi…

Je soupire tristement.

-…Je suis dans une prison haute-sécurité pour le restant de mes jours.

Yoruichi sursaute et je sursaute instantanément. Un prisonnier passe et ma nervosité revient aussitôt en force…Mais, il passe et ne fait rien. Je soupire, soulagé. J’ai eu assez de mauvaises rencontres pour aujourd’hui. Pour toute ma vie même, mais, on peut pas toujours avoir ce que l’on veut.

Bizarre? Je hausse des épaules.

-Qui ne l’est pas ici?

-Tu t’attendais à quoi Gleb ? Que tu auras été libre comme un lapin de gambader après avoir tué des gens ?

Je passais toujours mes doigts sur ma paume. C’est vrai quoi, chaque meurtre conduit en prison, c’est un fait. Je n’avais pas adopté un ton lourd parce que Gleb semblait déjà assez triste comme ça. A vrai dire, je n’aime pas du tout le voir dans cet état. Lui dire ‘’ Aller Gleb sourit un peu !’’ Paraitrait mensonger, sourire dans une prison… Je le faisais bien moi. Bella aussi d’ailleurs. Mais la situation de Gleb était bien différente. De quoi avait-il besoin ? De parler ? D’être réconforter ? Je n’en sais rien. Je m’aventure sur un chemin un peu abrupt, mais je lui demande quand même.

-Gleb … Comment … Enfin c’est possible que …

Arf, je mange mes mots. Ce n’est pas si compliqué tout de même. Je relâche enfin sa main, posant mon regard sur celle-ci sans y toucher. Et repris.

-Puis-je t’être utile … ?

Ahlala, Yoruichi complètement bloquée devant Gleb, si ce n’est pas honteux. Bon je laisse tombé, quoique nan. Je redresse mon visage vers le sien.

-Oublier un peu la tristesse, c’est possible. A toi de voir comment.

Je me laisse encore un peu plus glisser contre le mur, abandonnant ainsi le contacte et la chaleur de son être. Quand on est seul, parfois on a froid. Etait-ce vrai dans tout les cas ? As-tu froid Yoruichi ? Non pas vraiment, il n’est pas encore si loin que ça. Mais tout de même.
J’observe le fond du couloir, comme dans les temps, ca me faisait penser à un gros trou noir sans fond. Duquel on ne sait jamais rien. Y avait-il un fond ? Un abysse sans fond … Ce couloir n’a pas de fin, surtout quand on déambule depuis des jours. Merde, pourquoi je pense à ca moi ? Je me recroqueville un peu plus sur moi-même, cherchant ma propre chaleur. Que je ne trouve pas …

-J’avais conscience que je finirais ici bien avant que je fasse mes actes. Je pensais d’abord rester seule, ensuite non, on rencontre des gens avec qui on se lie. Et la vie ici devient beaucoup plus supportable. Le tout c’est de trouver les bonnes personnes …

Les bonnes personnes. Gleb en était une, je le savais. Mais lui, le savait-il ? Surement ou peut-être que non. Je m’éloigne légèrement de lui. Si il a froid sans moi, il n’a cas revenir …

-Je ne m’attendais à rien. Bien sûr, inconsciemment, je savais que j’irais en prison. Après les meurtres, je n’ai même pas cherché à fuir…Mais…C’est juste que…Je n’avais pas réfléchi avant d’agir, ou très peu, c’est seulement arrivé comme ça, sans y penser vraiment.

Je me sens un peu idiot. Qu’est-ce que je fais en haute sécurité si je ne suis pas assez intelligent pour réfléchir avant d’agir? Je n’ai jamais été intelligent à vrai dire. Que ce soit quand j’étais dehors ou ici, ni à l’école, ni dans la vie de tout les jours. Je n’ai jamais été futé. Mais, j’ai appris à me débrouiller…Pourtant, je suis dépendant de la présence des gens que j’aime…Comme Alec, par exemple. Sans lui, je serais probablement mort depuis longtemps.

Mais, en prison, c’est pas comme dehors. Je suis moins débrouillard ici. Si je pouvais m’arranger pour mettre du pain sur la table en Russie, en prison, c’est pas les mêmes défis. Ici, c’est de ne pas se faire tuer. Dans les deux cas, il fallait survivre. Mais, ça reste très différent.

Elle parle. C’est incohérent au début, je ne sais pas où elle veut en venir. Elle me demande finalement si elle peut m’aider. Alec m’avait demandé la même chose. Mais, il n’y a rien qu’on puisse faire. Je vais me débrouiller, hein? Seul…

-Non, s’il te plaît, je ne veux pas de ta pitié…Et puis, ça va. Je vais bien…

Oui, je vais bien. Je suis juste d’une nature incroyablement déprimante et mélancolique.

Elle s’éloigne. Je me rends compte alors que sa chaleur corporelle me réchauffait vaguement.

Elle explique qu’elle, elle en avait conscience. Je ne sais pas si elle est terriblement malchanceuse ou au contraire. Aurais-je aimé être conscient de mes actes? Peut-être me sentirais-je plus coupable…Ou moins. Peut-être que je ne les aurais pas tué…

Une vie plus supportable. J’aime bien Yoruichi. Et il y a Alec…Qui a le don de m’inquiéter! Mais, je sais que sans lui, ça aurait été insupportable. Et même pour Yoruichi, je suis très heureux de l’avoir rencontré. Sincèrement. Mais, les bonnes personnes ici sont rares et ma timidité ne m’aide vraiment pas. Les bonnes personnes…Où peut-on les trouver? J’aimerais le savoir…Au moins, je ne suis pas totalement seul.

-Merci.

Je marque une pause.

-…Juste pour être là. Tu es gentille avec moi. Merci.

Je baisse les yeux, je rougis. Tiens, encore. J’ai horreur de ça. Je laisse glisser mes yeux jusqu’à mes vêtements que j’avais laissé par terre. J’oubliais…Je regarde Yoruichi.

-Et si on marchait..? Un peu. Juste aller porter nos vêtements dans nos cellules…

Je me remets debout devant Gleb. Et lui tend ma main pour l’aidé à se redresser. Après tout, après l’avoir fait tomber, le remettre sur ses deux pieds était un minimum. Et je lui dis en même temps avec un petit sourire.

-Si le fait que je sois près de toi te suffit … Ca me va.

Une fois debout, je me sentais affreusement petite. Oui ça m’ennuie qu’il soit plus grand que moi. A noter qu’un rien me gêne. Après avoir récupéré mes affaires tombées sur le sol et ceux de Gleb, que je lui tendis pour lui rendre. J’entame ma marche vers les cellules.

-Je ne te montre pas ma pitié mais ma compassion …

Oui Gleb, je t’aime bien. Et comme avec Bella, j’aime être présente auprès de mes ‘’amis’’. C’est comme ça j’y peux rien. Tout en marchant, je regardais sa main balancer d’avant en arrière. Je me mis un peu plus à sa hauteur pour glisser mes doigts entre les siens, paume contre paume. J’avais l’impression d’être une petite fille dans la cours de maternel. Toute so-sotte donnant la main à un de ces amis. Je crois que jamais de la vie je n’oserai faire ça à qui que se soit. Gleb, une exception ? Bella risquerait d’être jalouse … Il n’y a pas de quoi, je lui offre de temps en temps l’accès au boum boum de mon cœur. Et c’est déjà pas mal.

-Tu es dans la cellule combien ?

Il était certainement loin devant la mienne.

-Moi, 23.

Oui vingt-trois, tout dans le fond. On marche, on marche. Je le vois qui stop devant une cellule. Ca devrait être la sienne. Je lâche donc sa main pour le laisser faire ce qu’il devait faire. En tout hâte, je lui dis.

-Je passe vite dans la mienne. A tout de suite !

Je me dirigeais vers cette fameuse cellule où j’ai passé tant de nuits. Regardant la grille ouverte, là ou moniseur Euronyme c’était adossé … Tssseuh ! Je passe la ‘’porte’’ pour me retrouver dans une petite pièce assez sombre et vide. J’avais élue domicile dans le fond … Près de la fenêtre. L’endroit qui a le plus de chance d’être inhabité par quelqu’un dû au bruit provenant de l’extérieur. Je n’entendais jamais vraiment le vent, la pluie, … Durant la nuit. Pourtant je n’avais pas le sommeil aussi léger que ça. Je passe entre les trois lits sans vraiment m’en préoccuper. Une fois le mien atteint, je dépose mes habits à tout hasard dessus. Je jette un coup d’œil rapide par la fenêtre, temps assez neutre, ni beau ni mauvais.

Un petit bruit retient mon attention, quelqu’un était derrière moi. Je me retourne et … Gleb ? …

Je prends la main qu’elle me tend et me remet debout. Elle me sourit en disant que « ça » lui allait. Je crois bien que tu t’es fait une amie Gleb. Qui aurait cru ça un jour…Et bien, on aurait jamais cru que j’aurais fini en prison non plus. La vie réserve des bonnes et des mauvaises surprises.

Je lui rend son sourire et prends mes vêtements qu’elle veut bien ramasser. Je souffle tout bas un « merci » accompagné d’un sourire poli et je commence à marcher avec elle vers les cellules.

Elle me dit que ce n’est pas la pitié mais de la compassion. Entre ces deux choses, il n’y a qu’un pas, non? Je ne sais pas. C’est peut-être faux. J’ai souvent été compatissant avec les gens et ça se rapprochait rarement de la pitié…Pourquoi ne pourrait-on pas ressentir autre chose que de la pitié pour moi? Parce que c’est rare que j’ai eu droit à autre chose. Très rare.

Mon regard se pose sur elle, puis baisse vers sa main. Elle tient la mienne.

Il a quelques minutes, ce geste m’aurait grandement étonné de sa part, mais elle semble avoir changer depuis le moment de notre rencontre. C’est bizarre, je ne sais pas comment considéré son caractère, ses actions et ses gestes, ses paroles même…

-Je suis dans la 12.

Elle, elle était dans la 23. Bien sûr, plus tu es nouvelle, plus ta cellule risque de se retrouver au fond du couloir sauf si bien sur un ancien colocataire meurt. Moi-même, je ne crois pas avoir partagé ma cellule avec les mêmes personnes bien longtemps. Tous mortes? Je dois avoir énormément de chance d’être encore en vie aujourd’hui. C’est même étonnant que l’on ne m’a pas tué encore. Peut-être suis-je chanceux dans ma malchance..?

Je m’arrête devant ma cellule et la main de Yoruichi quitte la mienne. Elle continue à s’avancer dans le couloir. Elle me dit à tout de suite ce qui veut dire qu’elle ne me laissera pas seul, pas encore. C’est tant mieux, sa présence me rassure un peu.

Je range rapidement mes vêtements dans les armoires « m’appartenant ».

Une fois fait, je sors de ma cellule pour me diriger vers la 23, pensant retrouver Yoruichi là-bas ou bien la croiser en chemin.

Yoruichi se retourne peu de temps après mon arrivé. Je lui souris.

C’était bien lui, sourire aux lèvres. Il m’avait fait un peu peur mais ce sentiment s’effaça rapidement. Je le regarde et lui adresse à mon tour un sourire.

-Ne me surprends pas comme ça par derrière, j’aurai pu avoir une crise cardiaque !

Je me mis à rire de plus belle. Gleb avait fait surgir en moi mon côté ‘’sociale’’, noyer il y a bien longtemps au fond de mon estomac. Je lui fis signe de la tête de venir. Je retire les vêtements que j’avais laissés sur mon lit. Je pris soin de les replier et de les ranger par la suite. Je regarde Gleb, il avait l’air un peu perdu. Pourtant, nos cellules se ressemblent. Bon, mise à part que moi, entêtée comme toujours, j’avais repoussé mon lit contre le mur du fond …

‘’Tu n’es qu’un associable Yoruichi !’’

Ah nan, je suis pas d’accord avec toi conscience. Je suis sociable quand I want ! Enfin, je regarde une nouvelle fois Gleb, en lui disant.

-Je ne connais pas les filles avec qui je suis ici. Mais ce n’est pas plus mal comme ça.

D’ailleurs, je ne les voyais jamais, même dans les couloirs. Je ‘’loge’’ avec des fantômes. Mouais. Je me dirige vers la fenêtre. Le soleil joue à cache-cache derrière les nuages. Mais pourquoi ai-je toujours la manie de regarder par la fenêtre moi aussi. Je me retourne vers Gleb, je me laisse tomber sur mon lit. Contrairement à ce que je pensais, il n’est pas dure, ni froid … Pas autant que la première fois que je me suis assise dessus. J’insistais du regard pour que Gleb s’assois. Le voir debout me gêne un peu.

-Je suppose que tu connais les gens avec qui tu partages ta cellule … Après six mois …

Hm en y repensant j’en doutais tout de même, Gleb était assez ‘’peureux’’ même après tout ce temps passé ici. Il m’avait parlé de ce ‘’ Alec ‘’. Surement son premier ami dans cet endroit maudit. Je baille discrètement en me laissant tomber totalement sur le lit. Regardant ce plafond que j’avais déjà vu mille et une fois.

-Tu as pensé à quoi la première fois que tu es arrivée dans ta cellule ?

Et toi Yo’ ? Au passé … Je ne regarde pas Gleb, il n’était pas très loin en tout cas. Je pouvais ressentir sa présence à des kilomètres à la ronde. Je soupir, je sens ma cage thoracique se soulever. Dire que nous sommes constitués à la base que d’un squelette … Arf.

-Hm Gleb, quand j’y pense. Tu n’as jamais eu d’aventures ici ?

Ouais bon, j’avoue que ma question est conne. Après tout … Après avoir entendu et vu certaines choses obscènes. S’il me disait que oui, ca ne m’étonnerait guère. Gleb a son charme et tout et tout… Mais vu son caractère réservé … Je ne l’imagine pas trop avoir une aventure avec quelqu’un ici.

Je semblais lui avoir fait peur. Mais, elle me sourit malgré tout en disant quelque chose qui approuve ce que je venais tout juste de penser. C’est bien la première fois que je réussis à faire peur à qui que ce soit…En plus, sans l’avoir voulu.

Une crise cardiaque? Comme si j’aurais pu donner une crise cardiaque à quiconque, surtout qu’elle n’est certainement pas cardiaque à cet âge. Quoi que…Avec ce qui s’était passé tout à l’heure. Elle est littéralement tombé dans mes bras après la course en disant qu’elle crachait du sang parfois…Bref, je ne peux rien garantir sur sa santé.

Elle rit. D’un coup de tête, elle m’invite à entrer dans sa cellule. J’obéis docilement. J’avance et m’arrête au milieu de la pièce, observant. Il y a quelque chose de différent d’une cellule à l’autre. Pourtant, à la base, elles sont toutes identiques. Un lit, par exemple, celui de Yoruichi d’ailleurs, est au fond de la pièce. Mais, comme pour chaque cellule, le rangement était différent, quelques trucs qui traînent parfois, l’atmosphère en est souvent changé.

Elle m’explique qu’elle ne connaît pas ses colocataires.
Elle me fait signe, d’un regard insistant, de venir m’asseoir près d’elle. J’avance timidement et m’assis. Elle suppose que je connais les miens moi…Je baisse un peu la tête.

-Je n’ai parlé qu’à un seul d’entre eux. Il se disait innocent.

J’aurais pu espéré qu’il ait été libéré après cette erreur judiciaire, mais ça ne servait à rien de croire ça. Je lève les yeux.

-Il est mort, je crois bien.

Je n’avais eu qu’une seule longue conversation avec lui, ce n’était pas un ami, mais je trouvais ça triste malgré tout.

-Les autres, je ne leur ai jamais parlé.

Tout le monde meurt à Sadismus. Sauf moi. Mais, rien ne me dit que ce ne sera pas dans quelques jours. Rien ne me dit que je ne vivrais pas encore une année ou deux, plus si j’ai de la chance.

Elle me demande si j’ai déjà eu des…Aventures. Je rougis.

-Une aventure..? Et bien…Je…

Je souris, gêné. Je ne m’attendais pas à cette question, c’est tout. Je hoche seulement la tête pour dire oui. Je ris un peu vu le ridicule de ma réaction. Je suis surpris, c’est tout. Je prends ma propre main et commence ‘’jouer’’ avec, faire gigoter mes doigts, les plier, déplier, les étirer un peu, comme je le fais souvent quand je suis nerveux ou embarrassé…En fait, je fais ça même sans raison apparente. Une vieille habitude d’avoir toujours les doigts occupés à quelques choses.

-Désolé, ta question m'a surprise.

Je souris.

Gleb a déjà eu une relation. Ca me surprend à vrai dire. Il n’était pas aussi ‘’sage’’ qu’il en avait l’air. Le jeune homme était assis à côté de moi, il semblait un peu embarrassé par ma question. Il commence à jouer avec sa main. Moi je suis couchée sur le dos observant de nouveau le plafond. Va-t-il oser me parler un peu plus de sa fameuse relation ? Je n’avais aucune gêne à le demander, pour le reste, c’était à lui de voir s’il voulait y répondre ou non. Je dirige mon regard dans ses yeux, il était juste au dessus de moi, légèrement décalé. J’avais ses jambes à côté de ma tête posé légèrement sur le rebord du lit.

-Hm, tu peux m’en dire un peu plus ?

Les yeux de Gleb aurait pu en faire craqué plus d’un. Ca me faisait pensé à l’océan, non pas au abysse, mais aux eaux turquoises … Gleb me donnait envie de partir. Pour qu’il cesse de jouer avec sa main, je la saisie. L’obligeant quelque part à me regarder. Je le tenais fermement au niveau de ma poitrine.

-Ne fais pas ton timide, Gleb. C’est tout à fait normal d’avoir eu quelques histoires dans une prison.

Ouais c’est tellement normal, que ca ne m’est jamais arrivé. Pourtant, j’en ai eu plusieurs fois l’occasion. Mais me donner à des hommes ‘’sales’’ n’a jamais été ma grande passion. C’est tout de même horrible de s’être fait voler votre virginité … Gleb ne pouvait pas comprendre ça. S’il a été jusqu’au bout des choses, je suppose qu’il se serait donner par amour. Et qu’on ne l’y a pas forcé. Je serre un peu plus fort sa main en regardant tout sauf dans la direction du plafond et des yeux de Gleb. Je l’écoutais attentivement tout de même.

-Qui est cette personne ?

Homme, femme ? Plus rien ne pouvais m’impressionner. Regarde Bella, elle s’est fait embrassée et en avait redemandé. La gardienne Jaine n’avait juste que poser ses lèvres contre les miennes. J’étais folle de rage … Tiens, autant raconter ça à Gleb tiens … Quand il aura fini son récit.

-Hm okay.

Je lui sourie tendrement. Gleb était un bon ami, j’étais contente de l’avoir rencontré.

-Pour ma part, je n’ai pas eu d’histoire ici avec quelqu’un. Mais par contre, une gardienne un peu ‘’perverse’’ à réussi à me voler un baiser … Je ne te dis même pas le choc que j’ai eu. Je me sentais sale et honteuse … Pas à cause de ce baiser en lui-même, mais par le fait que ce soit une femme et non un homme.

J’aurai honnêtement préféré sentir ses lèvres à Lui … Enfin, je ne suis pas en manque de ‘bisous’ de toute façon. Mais j’avoue que découvrir les bras d’un homme sincère … C’est tout ce que je voulais. Toutes ces années, l’homme n’a été qu’une erreur de la nature. Mais Gleb et quelques uns s’en dégageaient avec finesse. Je regarde au niveau de ma poitrine, la main de Gleb glisse lentement entre les miennes, entre caresses et fermeté.

Elle est étendue. Tout en regardant le plafond, elle semble attendre une suite dans la conversation. Mais, je ne dis rien, ne sachant pas quoi lui dire exactement. Quand je baisse les yeux pour regarder son visage, elle me regarde. Je détourne le regard. Elle me demande d’en dire plus.

Devrais-je lui dire que c’est avec Alec? Que je l’aime? Devrais-je lui raconter ce qui était arrivé avec ce gardien, Ludwig…Devrais-je lui parler de Sybille et son enfant ou encore de Tobias? Non. J’apprécies beaucoup Yoruichi mais elle n’a pas besoin de savoir tout ça. Je lui ai parlé de mon passé, c’est déjà suffisant, même beaucoup.

Je ne peux m’empêcher de sursauter lorsqu’elle me prend la main. Étant perdu dans mes pensées, j’avais oublié qu’elle était juste à côté de moi. Je la regarde et souris, une fois de plus embarrassé même cette fois, pas par une question mais par moi-même. Je ne peux ainsi plus « jouer avec ma main » et ne peut rien faire de mieux que de me concentrer sur le sujet de conversation initial.

Elle me dit que je n’ai pas à être timide. Je le sais très bien! Mais, je suis seulement fait comme ça. C’est tout. J’aimerais bien changer, sincèrement…Mais…Non, c’est tout. C’est normal quelques histoires ici…C’est normal partout. Mais, ça semble anormal pour moi. Je ne sais pas…

Elle serre ma main. Je me décide de lui répondre.

-Alec.

Je souris d’un air entendu.

-Qui d’autre..?

Je demande ça bien sûr sans m’attendre à une réponse. Qui d’autre…J’ai présenté Alec comme étant mon seul ami, croyait-elle que j’aurais été capable de faire quoi que ce soit avec un homme ou une femme que je ne connais pas du tout..? Elle voit bien que je suis trop timide pour ce genre de chose, trop terrifié par tout le monde. Elle-même, à une certaine mesure, m’effrayait quand je l’ai rencontré.

Elle explique qu’elle n’a vécu aucune aventure ici pour sa part. Une gardienne l’a embrassé. Elle a honte d’avoir été embrassé par une femme. Ce ne doit pas être plus horrible que de se faire violer par un homme, non? Je ne lui pose pas la question, au risque que ces mots la vexerait peut-être d’une certaine façon. Mais, elle se sentait sale…

-C’était si désagréable? Demandais-je simplement pour éviter d’avoir à le dire en d’autres mots.

Si c’était si désagréable que ça ? Bon dieu, oui, si tu savais Gleb, elle voulait aller plus loin. Non mais. Je regarde le jeune homme au dessus de moi en lui répondant.

-Tout à fait désagréable ! Je n’ai contre le fait que deux personnes du même sexe soit ensemble. Mais quand il s’agit de moi … c’est avec un homme et non une femme. C’est surement du a mon éducation. Enfin, quand tu n’as pas de présence masculine durant ton enfant. Tu te raccroches fortement à eux quand tu deviens un peu plus adulte, femme pour ma part.

Le fait que Gleb ai eu une relation avec Alec ne me choquait pas. De toute façon, ça ne changeait absolument rien, Gleb est toujours le même garçon. Adorable et gentil. Que demander de plus dans cette prison. Il m’avait été servi sur un plateau en or. Il comble un peu mon manque de présence masculine. Je rougis un peu, détournant mon regard du sien.

-Je suis tout de même heureuse d’être tombée sur toi aujourd’hui…

Je sens mes joues prendre un peu plus de couleurs. Histoire d’être sûr de ne pas être totalement découverte, bien qu’il a surement déjà du voir. Je lâche sa main pour me mettre sur le ventre. Je regarde le sol, rien d’intéressant jusqu’ici. Je sens la main de Gleb ‘’tombée’’ sur mon dos. Je fus parcouru d’un frisson. Mais je ne cherchais pas à l’enlever, Gleb n’avait qu’à le faire. Je croise mes bras et y dépose ma tête, excellent appuis d’ailleurs. Je ferme un instant les yeux, Gleb ne dit rien. A quoi pensait-il…

-Il commence à pleuvoir dehors …

Sans avoir tourné la tête vers la fenêtre, j’avais juste entendu de légères gouttes tombées contre la fenêtre. Ecouter se genre de son m’était plaisant. Je ne sais pas si c’est pareil pour Gleb. Il y a encore beaucoup de choses que je ne sais pas de lui.

Lui qui voulait marcher … Quitté mon lit n’était pas encore dans mes intentions et je pense que c’est pareil pour lui.

-Si j’ai bien compris, tu n’es attiré que par les garçons.

Gleb pouvait rougir, je ne le verrais pas. De tout façon, comme il le sait, je n’allais pas me mettre à rire ou quoi que se soit. Je ne me sens pas très bien sur le ventre. Je me tourne donc sur le côté, collant mon bas du dos contre la cuisse de Gleb. Je ramène mes genoux vers mon ventre. Vivement ce soir …

Un éclair jaillis des nuages bien gris. J’ai cru sentir un petit sursaut de la part de Gleb, je sourie et lui dis.

-Tu n’as quand même pas peur d’un petit orage ?

Elle répond que oui. Elle n’a rien contre les homosexuels, mais, quand ça la concerne, ça la dégoûte. Elle parle de son éducation…Parce qu’on peut enseigner à détester ce genre de chose? Je ne sais pas. Je peux difficilement parler d’éducation alors que je me suis presque entièrement éduqué moi-même. Elle explique seulement qu’elle n’a pas eu d’homme dans sa vie plus jeune et qu’elle s’y accroche d’une certaine façon aujourd’hui. Peut-être que c’est logique, peut-être qu’elle a raison. Sans doute. Pourquoi ce ne serait pas le cas?

Elle dit qu’elle est contente de m’avoir rencontré. Moi aussi ça m’a rendu heureux. Je me sens un peu moins seul. Pourtant, je ne lui dis pas, je garde le silence. Elle gentille, drôle, sympathique et avec son caractère bien à elle. Oui, je l’apprécie sincèrement.

Je la regarde…Elle rougit? Ça fait bizarre de la voir comme ça. D’habitude, c’est moi qui rougit. Elle lâche ma main et se couche sur le ventre. Sans trop faire attention, je laisse tomber ma main sur son dos. Je prends un peu de temps avant de la retirer, comme si l’information avait atteint que très lentement mon cerveau.

J’entends des gouttes. Je tourne la tête vers la fenêtre. Il pleut. Ça l’a quelque chose de tellement rafraîchissant, agréable, juste à l’écoute, tellement moins morne que juste des nuages gris. Mais, pourtant, ça l’avait aussi quelque chose de dépriment. Je ne sais pas…Au fond, j’aurais préféré un ciel bleu.

Yoruichi remarque aussi la pluie sans se retourner. Elle a seulement entendu l’eau commencer à tomber. Au fond, je crois, finalement, que la pluie est apaisante. Oui, c’est plaisant.

Je regarde Yoruichi. Elle a dit quelque chose? Ah, oui…

Elle se retourne de côté, me faisant dos.

-Je…En fait, je ne sais pas. Je ne m’étais jamais posé la question. Alec, c’est la seule personne avec qui j’ai fait…Ça.

Je sursaute quand un éclair traverse le ciel. J’ai sursauté bien assez fort pour que Yoruichi le remarque. Elle me demande si j’ai peur. Je réfléchis. Non, les éclairs sont une des rares choses qui ne m’effraient pas. Je trouve ça même beau. C’est comme une fissure lumineuse dans le ciel. Oui, c’est magnifique. Je me rappelle quand j’étais enfant et qu’il y avait des orages comme celui-là. J’avais l’impression que le ciel se déchirait que des morceaux me tomberaient sur la tête.

-Je n’ai pas peur des éclairs…Seulement du tonnerre qui vient avec.

Je n’ai pas si peur, pas autant que j’ai peur des rats ou du noir…Ce n’est pas l’une de mes phobies déraisonnés, c’est seulement une nervosité fasse aux bruits soudains.

Je me laisse coucher sur le dos, mes jambes dépassant du lit. Je ris légèrement.

-Tu n’as jamais peur toi?

Si je n’ai jamais peur ? Bien sûr que si, même si je ne le montre pas souvent. J’ai une peur bleu des araignées, j’ai peur du fond de l’océan. Chose bizarre pour la bonne raison que je n’ai jamais été faire de la plongé. Ca remonte à l’enfance, lorsque je regardais la télévision, j’aimais bien regarder des documentaires animaliers … Je n’ai jamais apprécié par contre de voir ses énormes mammifères marins descendre dans le fond des eaux sombres. De quoi avais-je encore peur ? La solitude ? …non. Ah oui, j’avais un peu peur des gens, c’est sûrement pour cela que je les déteste.

Je me remets sur le ventre mais cette fois-ci j’avais la tête à la même hauteur que Gleb, toujours en réfléchissant à trouver réponse, je finis par dire.

-C’est impossible de ne pas avoir peur. Même les plus courageux d’entre nous ont peur de quelques choses. Regarde, moi par exemple. J’ai une sainte horreur des araignées, des abysses, des personnes.

Je m’arrête un instant tout en prenant appuis sur mes coudes, je pouffe légèrement de rire. Ne pas aimer les gens, il fallait que je donne un mot d’explication sur cela. Parce que l’une de mes premières pensées en arrivant ici, était de ne pas d’avoir d’amis. Et en ce moment même, mes amis étaient encore plus nombreux qu’à l’extérieur.

- Avoir peur des gens, je pense que tout le monde à ce sentiment. Mais pourquoi avoir peur de l’autre aussi … C’est tellement idiot dans un sens et logique dans l’autre. La peur de l’inconnu quoi. Pour ma part, j’ai peur des autres … Enfin j’ai peur qu’il force ma personnalité, j’ai peur qu’ils me connaissent mieux que moi. Enfin, j’ai peur qu’il me découvre …

Je n’aime pas parler de moi, j’ai toujours été seule dans un certain sens. Parler de quelques détails ne me gêne pas, tout dépend aussi de la personne qu’il y a devant moi. Avec Gleb, je n’ai pas de honte à parler. Tout comme lui, je ne le connais pas tout à fait. Mais su nous sommes ici tous les deux, c’est que quelques part, nous avons confiance l’un en l’autres. Mais ca me parait un peu rapide tout de même. Au moins j’étais sûr d’une chose, je n’étais pas passé à côté de quelque chose.

Je pose ma tête sur la poitrine de Gleb, entendant ainsi sa respiration et les battements de son cœur. Je n’avais jamais fait ça, et c’était plutôt marrant à vrai dire. Chaque ‘boum’ annonçait l’arrivé d’une nouvelle pulsion de sang. L’esprit humain est complexe, mais le métabolisme aussi. Je comprends pourquoi Bella adore se coller contre ma poitrine. Ce rythme reste doux et cadencé par moment, on peut savoir ainsi si la personne avec laquelle on est, est stressée ou non. Gleb semblait tout à fait à l’aise, je soupire.

-Gleb, qu’as tu ressentis quand tu as fait ‘’ ça ‘’ avec Alec ?

Question un peu abrupte, je m’en rends compte. Gleb avait eu de la chance tout de même…se donner à quelqu’un qui vous aimer en retour. Qui ne profite pas de votre anatomie pour satisfaire un plaisir personnel et primaire. De puis ce qu’il s’était passé, je n’ai plus jamais voulu qu’on me touche. Et en ce moment même, j’avais dépassé cette limite avec Gleb. Simple contacte, mais c’est toujours ça. De plus, l’un des gardiens m’avait dit que l’acte en lui-même n’avait plus aucune signification dans cette prison. On fait ça avec tout le monde … arf, je trouve ça dégoutant …. Mais logique d’un certain sens. Ici, les prisonniers n’ont plus vraiment de limite, leur instinct primaire prend le dessus. Je ne voulais pas être de ce type la de prisonnier. J’ai toujours mon honneur, même si il a été bafoué par lui.

Je redresse la tête pour plonger mon regard dans celui de Gleb. Les sensations ne devaient pas être les même entre homme- femme, homme-homme et femme-femme. Même Bella n’avait pas vraiment réussi à m’expliquer ce qu’elle avait ressenti. M’enfin qu’importe.

Elle vient s’étendre sur le ventre, mais cette fois, sa tête à quelques centimètres de la mienne. J’écoute attentivement ses paroles. Impossible de n’avoir peur de rien…Mais, est-ce possible d’avoir peur de tout? Non, ça non plus. Moi-même, certaines choses ne m’effraient pas…Elle a peur des araignées, des abysses…Des gens. Moi aussi, j’ai peur des gens mais certainement pas de la même façon qu’elle alors…Que veut-elle dire par là? Moi, j’ai simplement peur qu’on me fasse du mal…Mais, elle, ça ne peut pas être à un point si stupide…Elle a trop de caractère et de confiance en elle pour avoir une peur maladive de gens qui pourraient lui faire du mal. Si elle serait comme ça, elle ne m’aurait même pas adressé la parole dans la salle de lavage.

Elle explique sa peur par la suite. Je l’écoute. Elle a peur qu’il…Force sa personnalité? Elle a peur que quelqu’un la connaisse « trop ». N’a-t-elle pas peur de me dire toutes ces choses sur elle alors? Et si elle finit à un moment donné à trouver que je la connais plus qu’elle-même? Bien sûr, en ce moment précis, je ne la connais que très peu, brièvement. Et c’est la même chose pour elle.

Elle pose sa tête sur mon torse. Puis, elle revient au sujet de tout à l’heure. Ce que j’ai ressenti…

-Je ne sais pas. Je me sentais bien. Tout simplement. Bien comme jamais je ne m’étais senti. J’avais l’impression que rien ne pouvait m’atteindre, je me sentais protégé.

Ça n’avait peut-être aucun sens ce que je disais, mais je me comprenais. Un peu. Sans trop m’en rendre compte, j’attrape une mèche de cheveux à Yoruichi et commence à « jouer » avec. Mais, j’échappe ses quelques cheveux quand la jeune femme redresse la tête pour me regarder. Ses yeux sont bruns…Mais, un brun clair, presque mielleux. C’est beau. Mais…C’est étrange aussi.

-Tu n’avais personne dehors?

Ce que j’entends par-là, c’est un amoureux, un amant, fiancé…Qu’elle appelle ça comme elle le veut. Moi, je n’avais personne bien entendu. Il n’y a eu qu’Alec, mais ici. Je crois que je n’avais jamais eu le temps pour ce genre de chose…Ni l’intérêt. Du moins, on ne s’était jamais intéressé à moi. J’ai toujours été « le pauvre type qui s’occupe de sa famille ». Mais, maintenant en prison et sans famille, après avoir tué…Cette appellation ne va plus.

Peut-on aimer le sexe après avoir été violé? Il semble que oui. Alec, ça ne lui a pas empêcher d’aimer ça. Et Yoruichi qui dit ne se voir qu’avec un homme…Elle ne doit pas en être dégoûtée.

La question piège. Je repose ma tête sur Gleb, tout en jouant avec sa main non loin de la. Le seul garçon qui n’est compté pour moi… A été mon bourreau. Trop naive, trop amoureuse, trop jeune, trop conne. Je croyais pouvoir avoir confiance en lui. Qui aurait cru qu’il … Quand j’y repense, je me laisse un peu plus aller intérieurement au désarroi. Je passe mes doigts entre ceux de Gleb en serrant sa main assez fort. Sans le regarder, je lui avouai.

-Mise à par celui qui m'a … enfin abuser. Non. Du jour au lendemain, j’ai cessé d’aimer tout homme à quinze ans tout de même. Après ça, j’ai … Si j’ai essayé de me venger, je n’en sais rien. Mais j’ai comme qui dirait ‘’jouer’’ un peu le jeu de la provocation. Chaque garçon qui me voulait … Je lui faisais croire ce qu’il voulait, et je le lâchais. Le laissant anéantit …

Je n’ai pas vraiment honte de ce que j’ai fait dans le passé. Les garçons qui osaient m’aborder étaient des types au caractère fort. J’ai été vraiment froide avec eux. Jamais je n’ai été chaleureuse avec quelqu’un. Je soupire un moment et continue.

-Mais bon, comme tu peux voir. Il n’a fallut que je me débarrasse de mon ‘’bourreau’’ pour pouvoir enfin être tranquille. En attendant, je ne peux pas dire que j’avais quelqu’un. J’étais amoureuse mais ce n’était pas réciproque.

Je n’ai pas connu l’amour. Ca ne m’intéressait plus, j’ai cette image négative de l’homme. Traiter les femmes comme des objets, voilà comment je voyais la chose. Me donner mais pourquoi faire ? Je sens mon cœur se serrer. Gleb lui n’avait rien avoir avec les autres. C’est rare tout de même.

-Avec moi c’est tout ou rien … Contrairement à certain, je ne me donnerais pas à quelqu’un si il n’y a pas un ‘’truc’’ qui me lie à elle.

Oui parce que certain s’en fiche des conséquences, on couche et c’est tout. Nan, moi j’ai toujours voulu plus que ça. En gros, je ne veux pas jouer. Je pense que c’est assez logique. Mais je ne sais pas comment je réagirais si un homme viendrait à me … Faire ‘’ ça ‘’. Mot tabout ?

-A quoi bon espérer quoi que ce soit de la part des autres.

Je ne me sens bien qu’auprès de rare personne. Bella, Gleb bien sûr, mais aussi Carl … Et … Monsieur Euronyme. Je ne suis pas indifférente à lui par contre. Les yeux de Gleb me faisaient un peu pensé au sien … Sauf que les siens étaient beaucoup plus claire … Je soupire en remontant un peu plus sur Gleb, pour me retrouver sous son cou. Pourquoi je me sens bien avec lui ? Pourtant je sais que ca n’ira pas plus loin … Quoique …
-Gleb … je n’aurai jamais pensé trouver du ''réconfort'' près de quelqu’un ici…

Je pose ma main près de mon visage, sur la poitrine de Gleb, la où son cœur battait. Un peu de chaleur corporelle n’allait pas nous tuer. Surtout que dehors, il promettait un bel orage …

Elle repose sa tête et prend ma main encore une fois. Elle la serre fortement. Ma question lui fait du mal? Je voudrais bien retirer ce que j’ai dit…Mais, il est trop tard.

Elle a aimé son violeur. Je me raidis un peu. C’est…Mais, c’est horrible. Elle n’a plus jamais aimé. À une certaine mesure, elle déteste les hommes? Elle ne les aime pas, elle n’aime pas être touché par une femme…Ça donne quelque chose de bizarre. Elle dit qu’elle aime les provoquer, mais que ça ne va pas plus loin.

Et elle a tué le type qu’elle avait aimé et qui l’avait violé. C’est glauque comme histoire. Mais, ce n’est pas qu’une histoire, ça lui est réellement arrivé. C’est ça qui est triste.

Elle ne veut pas faire certains font…Elle veut qu’il y ait de l’amour. Je la comprends, moi aussi je suis comme ça en fait. Il n’y a jamais eu personne d’autre qu’Alec. J’espère pour Yoruichi qu’elle se trouvera quelqu’un…Même si ce n’est peut-être pas facile en prison. On est encerclé par les meurtriers. Moi-même j’en suis un…Elle aussi en est une. Mais, moi, je suis inoffensif, d’autres, par contre, lui voudront du mal…Les personnes que nous avons croisé tout à l’heure par exemple.

Elle se rapproche un peu de ma tête, plaçant sa main là où devait être mon cœur.

Elle me dit que je la réconforte. Pourtant, je ne fais rien. Je ne dis rien, instinctivement, je redresse ma tête un pose mes lèvres très rapidement sur sa tempe. Puis, je dépose à nouveau ma tête contre le matelas et, l’esprit ailleurs, je passe ma main dans ses cheveux. Je murmure un « de rien » gêné.

Gleb répondit rapidement par un doux petit bisou sur ma peau, suivit d’un << De rien >>. Il est très apaisant, j’aime beaucoup ça. Au moins ce qui est sûr, c’est que jamais je n’aurai de prise de tête avec lui. Mon compagnon n’était pas aussi ‘’passif’’ qu’il voulait faire croire. Il pouvait très bien prendre les devants. Je ferme un instant mes yeux, sentant sa main passer dans ma chevelure. Je soupire une nouvelle fois, marquant mon bien être.

Je ne dis rien, savourant cet instant unique de ma vie. Mes pensées s’envolent loin de cette prison, je dois cela à Gleb. J’essaye de repenser à un instant heureux dans ma vie … Un seul m’a marquer. Je retire ma main du cœur du garçon et comme à effleurer un peu plus la zone entière d’un geste doux.

-Tu as eu beaucoup de moment heureux dans ton enfance ?

Peut-être bien, même si son enfance n’a pas été très facile. Le seul passage heureux de ma vie, à commencer par des larmes … Quand on est enfant, c’est normal. On pleure souvent. Mais ce n’était pas mon cas. J’écoute attentivement Gleb, tout en jouant de ma main sur son thorax.

-Le seul que j’ai eu … Je devais avoir six, sept ans. J’avais fait un mauvais rêve, j’ai commencé à pleurer. Ma mère est venue et ma prise dans ces bras … M’a réconforté en me disant que ce n’était rien, qu’elle était là et qu’elle … m’aimait.

J’avais difficile à sortir ce mot, je ne sais pas pourquoi. Je peux facilement le penser mais le dire est autre chose. Je redresse légèrement la tête pour voir Gleb, dont j’avais ‘’évité’’ le regard bien trop longtemps. Je lui sourie en lui déposant un bisous timide sur la joue. Reposant par la suite ma tête sous son cou.

Un grand ‘’Brrrr’’ retentit dehors. Ca ne me gênait pas, je n’avais pas sursautée. J’étais contente que personne ne vienne nous déranger. Ils devaient tous être à la salle commune, je préfère largement rester avec Gleb. Et puis, Bella devait aussi être occupé … Sûrement avec son amant. Je rie intérieurement à cette pensée.

Je trouvais ça drôle … De sentir le ventre de Gleb monter et descendre. Ca me rassurait, au moins, il n’est pas entrain d’étouffé sous mon poids.