Lavé suite[Pv Gleb]

Difficile de retomber amoureuse après avoir été … Même la confiance, déjà qu’à la base, je me méfie de tout et de tout le monde. Bon on s’en fout en gros c’est ‘’ J’ai donné ma confiance, on en a abusé et donc je ne l’ai plus jamais redonner’’. Et puis, comment refaire confiance à un homme ? J’en ai peur. Je suis tellement sur mes gardes qu’a la moindre erreur, je montre les crocs…

-Il a été le premier et le dernier.

Il y a bien l’autre … Enfin non, je ne sais pas. Je n’ai jamais été très doué niveau cœur, surtout quand il s’agit de moi. Là, c’est encore pire. Je suis mon propre problème, je suis faite pour les soucis des autres, pas pour les miens. C’en est même étrange.

-Tu es indépendante, j’aimerais être comme toi …

Indépendante ? Qui est autonome, qui refuse tout sujétion, qui n’a aucune relation avec d’autres phénomènes … Je suis autonome, mais j’ai des relations avec d’autres personnes. M’ouais, être indépendante, c’est se débrouiller seul, c’est être seule dans la plus part des cas.

-Mais Gleb, tu es indépendant … Peut-être pas comme moi, mais tu l’es.

Son enfance me le prouve, il s’est occupé de sa famille, seul de sa mère et de son frère. Il n’a pas eu d’amis. Il a du s’arranger seul. Moi, j’aurai pu être dépendante, si je ne repoussais pas mon monde. On a besoin des autres pour vivre, même si j’aime croire le contraire. Bella me voyait comme un chat sauvage … Mon indépendance … Mon caractère … Ma propre éducation. Ouais parce que quelque part, j’me suis forgée toute seule. Dois-je être fière de ce que je suis maintenant ? Aucune idée. Je sais en tout cas, que je n’ai pas à en déprimer. J’ai toujours été comme il faut … Pas boire, pas fumer, pas faire confiance à n’importe qui, pas être ‘immature’’ … Ca fait peur de penser qu’on a fait presque soit même ce que l’on est aujourd’hui. Enfin, ça reste une part, les situations ont aussi eu leur rôle dans ma vie.

-Pourquoi voudrais-tu être indépendant ?

C’est vrai dans le fond. Pourquoi vouloir être indép’ ? J’avoue que l’idée de dépendre de quelqu’un m’est insupportable. Ce … Enfin mon gardien m’avait fait comprendre que dans cette endroit, j’aurai besoin de lui … De sa protection … N’importe quoi. Je me rebute encore dans le fond, même si je l’aimais bien.

-Hm Gleb, être amoureuse non … Mais attirer peut-être. Enfin j’en sais trop rien, oublie.

Je lâche sa main tout en douceur, il faisait bien chaud au creux de ses bras, dieu sait combien je m’y sentais bien.

Il a été le premier et le dernier. J’espère pour elle que ce ne sera pas le dernier. Mais, peut-être qu’elle n’en a pas besoin. J’ai besoin de l’amour d’Alec, peut-être qu’elle, elle peut très bien se passer de ça. Peut-être qu’en fait, je suis seulement un peu bizarre.

Yoruichi me dit que je suis indépendant. Mais, de quoi parle-t-elle?

-C’est faux, j’étais dépendant de mon père, de ma mère, aujourd’hui, je suis dépendant d’Alec.

Je l’aime, je l’aimerais toujours et serait toujours là pour lui. Mais, j’aimerais ne pas avoir à souffrir autant. Je ne veux pas l’empêcher de faire ce qu’il a envie de faire. Il est malheureux ici, je ne veux pas empirer les choses. Mais, j’aimerais être moins sensible, moins dépendant…Être plus…Normal.

Pourquoi je voudrais être indépendant? Mais qui veut bien être dépendant? On envoie des gens voir des psy quand ils sont dépendants.

-Pour moins souffrir…

Peut-être qui si j’aurais été indépendant, l’histoire avec Ludwig ne m’aurait pas fait du mal. Peut-être que je n’aurais pas attendu Alec pendant 6 mois en ne faisant rien d’autre qu’être en cellule. Peut-être même n’aurais-je pas eu besoin de tuer ma famille pour trouver la force de les quitter. Peut-être…

Être attiré sans aimer…Je crois que je ne sais pas vraiment ce que c’est. Je reste silencieux, pensif…

C’est donc ça. Gleb souffre de ne pas être autonome. Mais que puis-je y faire ? C’est ancré dans ses veines. On ne change pas se genre de truc. Lui apprendre à devenir indépendant, c’est comme le lancer dans la cage aux tigres, il risque de prendre peur assez rapidement. Je prends en parallèle l’exemple de sa lampe torche. Si je venais à lui prendre de force et à la fermer, c’est sera panique à bord.

-Pour moins souffrir ? Durant l’enfance, on est tous indépendant de quelqu’un. C’est avec le temps que tu te détaches. A toi de le vouloir.

Bon j’avoue, c’est pas très en parallèle avec mes pensées mais dans le fond c’est juste. Avec le temps on se détache et on oublie les autres. Toutefois, il ne faut pas se renfermé sur soi-même … C’est ce que j’ai fait et en voilà le résultat. J’ai fini par haïr tout le monde, et j’vois mal Gleb en faire de même. On a le temps pour ça…

D’après ce qu’il me dit, il est dépendant de son amant. Je ne sais pas si j’dois voir sa comme un avantage ou comme un inconvénient. Dans les deux cas, pour ma part, c’est un désagrément. Obligé de tenir par amour de l’autre … Mais, n’était-ce pas cela que je faisais aussi ? Me contenir … Allez savoir.

-Comment peux-tu te séparer un peu de tes points d’attaches d’après toi ?

Enfin, ça serait plus logique de dire ‘’Comment peux-tu oublier un instant ton compagnon ?’’. J’ai jamais cru au coup du ‘’ dans les bras d’une autre personne ‘’. J’ai toujours été fixe sur une chose ; la fidélité. Que ce soit en amour ou en amitié. A la moindre erreur, je ne paye pas, je ne pardonne pas. Enfin j’dis, j’dis rien, tout peu arriver.

Soupir, soupir, je viens juste de me rendre compte que Gleb était entrain de jouer avec mes cheveux. Je tire mon cou vers l’arrière, de façon à voir son visage.

-Après tout, tu es seul maître de ta vie. Tu ne dois rien à personne.

Durant l’enfance…Oui, mais je ne suis plus un enfant. Je suis même plus vieux que Yoruichi. Avec le temps, ça part. Mais, dans combien de temps? Si je le veux vraiment, bien sûr que je le veux, mais je n’y arrive pas.

Je dois être fait comme ça. Peut-être que je n’ai pas à essayer de changer pour la simple et bonne raison que c’est impossible. Je serais toujours le faible petit Gleb. Ça doit être ça. C’est un peu triste comme idée, mais c’est ainsi.

Se détacher…Mais, je n’ai, au fond, pas envie de me détacher d’Alec. Je voudrais juste que les choses soient différentes, je voudrais seulement cesser d’avoir mal pour un « oui » ou pour un « non ».

Comment je peux me séparer de mes « points d’attaches »? Je ris tristement.

-Même si je le voudrais, je pourrais pas. C’est impossible.

Je regarde Yoruichi qui continue de parler. Je m’efforce de sourire.

-M’ouais…

C’est ma seule réponse. Vague, peu convaincu et peu convaincante. Mais, bon, ce n’est pas grave…Gleb un jour, Gleb toujours. Définitivement, je ne saurais jamais comment changer. Ce n’est peut-être pas plus mal.

Ma respiration est redevenu lente et j’ai à nouveau dans mes mains ma lampe. Je suis même dépendant de cet objet ridicule.

Je l’éteins. Puis, je la rallume instantanément. Dépendant. J’éteins, rallume, éteins, rallume, étains…Finalement, je la laisse allumé et la tiens avec force comme si ma vie en dépendait. Dépendant…

Dépendre, dépendant de tout, de la vie, de tout le monde. Cette image saccade ma vision des choses. On ne peut se résoudre à être victime de sa propre injustice. Se plier au volonté d’une chose inexistante, cela n’a aucune logique. Je me redresse, me mettant à cheval sur le ventre de Gleb, lui prenant cette fichu lampe des mains. Non, je ne l’éteins pas, j’ai bien trop peur de faire peur à Gleb. Même si ma réaction soudaine doit lui faire un peu bizarre. J’avoue, j’ai toujours eu horreur de me plier, d’être soumise … Je saisis le menton de Gleb en le fixant droit dans les yeux, juste pour qu’il ne m’échappe pas. Je murmure tout en restant douce et froide à la fois

-J’ai été soumise ce soir là. Dépendante même. Regarde un peu Gleb. Etre dépendant c’est être soumis aux autres. Tu dois être ton propre maître ! Relèves-toi un peu, tu vaux quand même plus que ça. Si ce n’est pas toi qui le feras personne ne pourra le faire à ta place.

Je pose mon autre main sur son torse, à l’endroit où il ne voulait pas que je touche …

-Là, tu as été marqué. Je ne sais pas ce qu’il sait passer. Mais t’es tu défendu ? Es-tu resté faible face à ça ?

Mes mots me faisaient mal, mais je ne laissais rien paraître. J’ai moi aussi été faible plusieurs fois. Que se soit face à lui ou à mon géniteur. Je hais être traitée comme une moins que rien. C’est la que réside mon coté sauvage, assoiffé de liberté. Plus jamais, je ne connaîtrais ça. Et il était hors de question que Gleb tombe à genoux face à des souvenirs. Douloureux ou non.

Ca frappe, ça fait mal. Mais on s’en fout. Je peux me montrer brusque par moment, une vrai déchaîner. Je m’appuie encore un peu plus sur Gleb. Il comprendra bien que quoi qu’il face, il ne pourra pas bouger. Et c’est là qu’il est soumis …

-Dis moi ce que ça fait d’être soumis à quelqu’un en qui tu as confiance !

Une personne de confiance, une Amie, quelqu’un que tu apprécies. Ca fait tout sauf du bien. On est contrôlé. Je veux qu’il réagisse, qu’il prenne conscience qu’il est un homme. J’avoue, je suis un peu sortie de mes limites. Je déteste la faiblesse et je sais me montrer très dure quand je le veux.

Contre mon gré, il en payera les frais … En attendant, j’attends une réaction plutôt satisfaisante de sa part.

Se sentir faible face à l’autre … L’instinct naturel prendra le dessus … Pas vrai ?!

Je regarde, déconcerté et surpris, Yoruichi qui se place par dessus moi. Brusquement, elle arrache la lampe allumée de mes mains et, bien que je la tenais solidement, sous le coup de l’étonnement, je n’arrive pas à l’empêcher de me la prendre. Elle attrape ensuite mon visage et m’oblige à la regarder. Je pousse un petit gémissement, incapable de dire quoi que ce soit.

Mes yeux sont fixés sur elle, dans une totale incompréhension. Je n’ose même pas cligner des yeux. Elle parle. Dépendance= Soumission. Je vaux mieux que ça? Qu’est-ce qu’elle en sait… Je suis pitoyable. Elle dit que je dois me relever, être mon propre maître, que je suis le seul qui peut changer ça. Mais, j’en suis incapable, est-ce qu’elle comprend ça?

Je sursaute quand elle met sa main libre sur mon torse. Si je me suis défendu…Des images me reviennent. J’essaie de secouer la tête mais Yoruichi m’en empêche.

-Faible, Yoruichi, faible…J’ai été faible…Je suis faible.

Je ne m’étais à peine défendu, j’étais paralyser par la peur et je n’ai pas bougé. Il m’aurait tué que je n’aurais rien fait. J’étais paralysé par la peur. Parce que je suis faible. Qu’est-ce que ça fait…

-Je…

Je ne sais pas comment réagir. Depuis que j’ai rencontré Yoruichi il y a quelques heures, c’est la première fois que je la vois comme ça. Tout ce que j’arrive par la suite à prononcer c’est…

-Arrêtes.

Arrêter quoi? Arrêtes de me faire peur. Voilà. Elle m’effraie. Et oui, ça ne prend que ça.

-Pourquoi tu fais ça?

Arrêter, pourquoi. Parce que je lui fais peur ? Parce que j’ai horreur de la faiblesse ? Non sûrement pas. Faible … Arf, ce mot ne fait plus parti de mon vocabulaire. Je relâche le menton de Gleb, mon autre main reste sur sa ‘’blessure’’.

-Si tu es si faible que ça … Pourquoi tu ne t’es pas tuer en entrant dans cette prison ?

Oui parce que, être ici, il en vaut de la détermination. Gleb a vécu beaucoup de choses. J’en suis certaine. Comment peut-il se dire ‘faible’ après tout ce qu’il a enduré ? C’est incompréhensif ! Il y a les pires gardiens, les pires sadiques, tout ça, mon compagnon les a croisé dans ces couloirs obscurs des centaines de fois.

Peut-on changer un chiot en un loup affamé ? Bien sûr que oui. Seulement, il faut être dur, sans cœur … Gleb n’était pas apte à être indépendant. L’idée qu’il soit condamné à dépendre des autres me fous un coup sur la conscience. C’était comme avec Bella, je refuse de la laisser seule, de peur qu’elle se fasse agressée. Du coup, je reste là pour veiller à ce que personne ne vienne l’importunée. Mais c’est presque pas pareil … Je regard mon ami toujours droit dans les yeux. Comprenant que j’aurais beau me montrer abject avec lui. Ca ne changerait rien. Du coup, mieux vaut rester impassible.

Je soupire, tout en venant prendre place sur Gleb. Sa respiration était un peu rapide, je sens son ventre monter et descendre à une allure folle sous le mien. Je n’ai pas été si dure que ça pourtant, comme quoi. Il n’avait besoin que de ça … assurance et contacte.

- Calmes toi …

L’ai-je poussé jusqu’à ses limites ? Mon oreille est posée sur son cœur, les bruits incessants résonnaient entre ses côtes. Après une dure épreuve, le réconfort comme on dit. Je remonte légèrement pour être à la hauteur de son visage. Posant doucement l’une de mes mains sur sa joue, mes lèvres atteignirent les siennes, dans un effleurement discret et chaleureux qu’on sentait bien. Geste amicale, si son cœur allait s’emballer ou non encore plus … Je vais bientôt le savoir.

Petit sourire au coin des lèvres, je descends reposer ma tête sur sa poitrine …

Je la scrute du regard, attendant une suite d’événement ainsi que des réponses. Elle lâche mon menton mais mon visage reste dans la même position et, mes yeux, toujours fixes.

Pourquoi je ne me suis pas tué? Je ne sais pas à vrai dire. Peut-être étais-je trop lâche pour le faire ou même peut-être n’y avais-je même pas pensé. Peut-être n’avais-je pas pris conscience de ma position.

-Je n’sais pas Yoruichi.

Mais, ce n’est certainement pas par force si je suis en vie. Ce doit être…Par ignorance? C’est ce qui me semble le plus crédible.

Nous continuons de nous regarder, tout les deux pensifs je suppose…Je me demande qu’est-ce que Yoruichi pense réellement de moi, qu’est-ce qu’Alec pense de moi, qu’est-ce que tout le monde pense de moi. À ce que dit mon amie, elle me croit fort. En est-elle sincèrement convaincu ou elle ne fait qu’essayer de me remonter le moral? Alec, lui, il doit me trouver faible, ça ne peut être autrement…

Je la fixe. Qu’est-ce qu’elle me veut, que veut-elle bien que je fasse? Je suis un total incapable. Elle finit par arrêter d’appuyer sur mes marques et posent sa tête sur mon torse. Soulagé, j’essaie de reprendre contrôle de moi-même. Car oui, sans le vouloir, ma respiration s’était accéléré.

Elle me demande de me calmer et je rougis, gêné de mon attitude. « Désolé », je souffle et, 2 secondes après, elle pose ses lèvres délicatement sur les miennes, les frôlant doucement plutôt, ce qui accentue ma gêne.

Je prends d’instinct sa main qui tente de quitter ma joue pour la garder près de moi.

Je ne m’attendais pas vraiment à ce genre de situation. Comme quoi, tout peut découler d’un rien. Rencontre dans une pièce humide, pour finir l’un contre l’autre. Dans ma descente, je sens Gleb me prendre la main … Un peu mal à l’aise, je finis par remonter pour venir caller ma tête dans le creux de son cou. Tout en fermant les yeux, j’écoute la respiration de Gleb. Calme, doux … L’opposé du vent qui siffle et qui force à pénétrer par la fenêtre.

De mon autre main encore libre –miraculeusement-, je la glisse le long des flans de Gleb, pour enfin trouver la sienne… Tout en glissant mes doigts entre, je reste passive et calme. Pas de cœur qui s’emballe. Je murmure doucement.

-Pas besoin d’être désolé.

Je n’aurais pas du forcer les choses, c’est tout… Passons. De quoi avait-il besoin en se moment même ? Cette question me titille l’esprit. La réponse devait être toute simple. Parler, ou je n’sais quoi. Dans le fond, ce n’est pas le plus important. Mais qu’est ce qui est important aussi ? Ben, être bien.

-Euh … Tu veux que je me bouge ?

M’ouais avoir une personne sur soi pouvait finir par être exténuant.

Je souris pour moi-même. Je lâche la main de Gleb, venant par la suite, jouer sur sa poitrine, je m’amusais à faire de petits motifs sans intérêt. De son côté, il n’a pas l’air de vouloir libérer ma main. Hm … Okay.

J’attend un peu, enfin j’attend mais je ne sais pas quoi. Ah si, qu’il me lâche. Pas que ça me déplais … Loin de là. J’trouve plutôt ça drôle à vrai dire. Ouais c’est ça, drôle.

Euhm … Allô Glebinou, peux-tu lâcher ma main ?! Dans un soupir pas très discret, je remonte un nouvelle fois vers son visage, tout en prenant appuie sur le matelas, sourire moqueur. Je repose une nouvelle fois mes lèvres contre les siennes. Je sais que cela le rendait un peu mal à l’aise, gêné. Au moins, il lâche ma main. Réussi !

M’oui mais la part contre. Gleb, faudrait que tu prennes un peu plus les initiatives. La timidité chez les hommes … C’est assez comique. Je m’apprête à quitter le torse de mon compagnon …

Je me mets à jouer avec sa main, entrelaçant nos doigts et l’instant d’après non. Une fois, je porte sa main jusqu’à mon visage pour en voler sa douceur et sa chaleur. Ensuite, je touche du bout des doigts la paume de sa main. Finalement, je garde sa main dans la mienne, immobile.

Yoruichi, quant à elle, approche un peu sa tête pour la mettre contre mon cou. Je sens sa main se glisser jusqu’à ma main.

Pas besoin d’être désolé. Mais, je le suis. Je suis ridicule et je m’en excuse. Elle n’a, d’ailleurs, pas à subir mes états d’âme. Je suis faible et idiot mais je peux garder ça pour moi on lui de faire le con. Je respire lentement. Ma lampe, quelque part dans le lit, est toujours allumé et éclaire le mur.

Elle me demande si je veux qu’elle se bouge. Je ne dis rien et ne fais rien. Pourtant, la réponse est « non ». Je suis bien comme ça, elle n’a pas besoin de partir.

Yoruichi lâche maintenant ma main mais, moi, je ne fais pas pareil pour la sienne. Je la serre même un peu fort, ça doit lui être désagréable.

Je ferme les yeux. Je crois que la fatigue commence à arriver. Quel heure est-il? Je n’entends même pas les autres prisonniers parler. Je n’entends que le vent qui souffle et un peu de pluie. Vaguement, j’entends nos deux respirations. Je baîlle. J’ouvre les yeux finalement. Est-ce que Yoruichi s’est endormi? Non, je ne crois pas, elle a plus d’énergie que moi. Malgré ma somnolence, je tiens toujours fermement la main de Yoruichi. Un soupire me signale qu’elle est consciente. De plus, elle vient poser ses lèvres sur les miennes une nouvelle fois. Un peu timide, je ne rougis toute fois pas, commençant à m’habituer à ce contact.

Mais, par réflexe peut-être, je lâche sa main. Gêné? Je ne disais pas le contraire il y a quelques secondes? Barf…

Je sens Yoruichi s’éloigner…

Je lève les yeux.

Mais, où est ma lampe? Je réussis à la trouver sous les couvertures, elle est éteinte. Plus de pile? J’attrape derechef le bras de Yoruichi et l’attire vers moi.

-Restes!

Je rougis…

-…S’il te plaît.

Je rêve ou il veut que je reste ? Mon compagnon m’impressionne de plus en plus par ces attitudes envers moi. Je me sens comme attirer vers lui, je ne réagis pas, je me laisse aller. C’est parti, j’commence à rougir, mon cœur bat assez rapidement et ne me demander surtout pas pourquoi. Dans un petit murmure, je lui souffle à l’oreille.

-D’accord …

Le fait qu’il m’est attiré contre lui … Me faisait bizarre. Habituellement, je me pose sur lui sans trop demander. Il a quelque part, prit les initiatives. Je ne pouvais m’empêché de sourire. L’être mâle est encore inconnu pour moi. Enfin, je ne l’ai jamais exploré par moi-même. Tout comme Gleb qui n’a jamais touché une femme. Drôle de coïncidence tout de même, nous somme des inconnus inexplorés. Timidement, j’embrasse au niveau de sa clavicule gauche, tout en reposant ma tête dessus par la suite.

Une question reste ancré dans mon esprit. Je n’ose pas trop demander de peur de … Faire peur … Oublie Yoruichi, il vaut mieux et se serait plus sage. Je ne sais pourquoi, je n’avais pas trop envie de parler. Profiter de la chaleur de Gleb m’est primordiale. Ouais aller savoir pourquoi … Je suis tellement en manque de l’Inaccessible … L’interdit est vraiment interdis ?

-Gleb, je …

Je ne sais pas quoi dire, pour preuve que je préférais rester dans le silence. Mes yeux se ferment, non pas que j’étais fatigué. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser un peu à tout.

‘’Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
L'amour c'est fait pour ça, tu verras, tu verras
….
Le devoir accompli, couché tout contre toi
Avec dans mes greniers, mes caves et mes toits
Tous les rêves du monde’’

Comme quoi, je pense à tout et à n’importe quoi. ‘’Tout recommencera’’. C'est-à-dire que tout repartira à zéro ? Que ma mère re-fera partie de ma vie ? Que ma vie rependra son court ? Non je ne pense pas. Tout recommencera … Moralement. La vie est vraiment sadique.

J’ouvre mes yeux, descendant mon bassin jusqu’à venir sur celui de Gleb. En me redressant légèrement, je me retrouve assise. Regardant mon confrère de cellule, je lui demanda dans un petit murmure étouffer.

-Que t’es t-il arrivé Gleb …

Ma main se porte sur ses fameuses cicatrices. La question me turlupine depuis un bon moment. J’avais envie de savoir, mais pour cela, il devait en avoir la force de me le raconter.

-Je ne te force à rien. Tu es libre après tout …

Sourire aux lèvres, je me rabaisse pour embrasser une nouvelle fois Gleb. Par la suite, reprenant ma place à califourchon.

Elle se laisse attirer vers moi sans trop broncher. Sans doute est-elle surprise par mon attitude changeante. Au début de la rencontre, timide et un peu distant…Mais, rapidement, ça l’a changé. Maintenant, c’est même moi qui me permet de la garder près de moi.

Elle approche ses lèvres de mon oreille et me dit simplement « d’accord » dans un petit murmure. Je la serre un peu contre moi, essayant de me rassurer tout en lui laissant un peu d’air. Moi, en tout cas, je respire mieux. Je ferme les yeux solidement, déterminé à ne pas les ouvrir avant d’être parfaitement détendu.

Je frissonne quand elle pose ses lèvres sur ma peau mais mes yeux sont obstinément fermer. Je ne dis pas un mot. Le silence présent me plait et m’apaise. Je desserre mes bras autour d’elle, vaguement embarrassé. Et oui, me voilà de retour après un moment de terreur silencieuse. Pourtant, je ne la repousse pas.

Ma respiration et à nouveau lente. Suis-je encore sur le point de tomber dans le sommeil? Pas tout à fait. Je crois que la constatation de ma lampe éteinte m’a vaguement réveillé. Le noir total. Quelle idée lugubre. La lune et les étoiles doivent être cacher par les étoiles maintenant…Je soupire.

Yoruichi m’appelle.

-Hmm?

Je n’ouvre pas encore les yeux. Elle ne semble pas continuer dans son idée.

-Qu’est-ce qu’il y a?

J’insiste et peut-être que je ne devrais pas. Je sens Yoruichi se mouvoir sur moi. Je me décide à la regarder. Elle s’assoit. Frôlant là où se trouve mes cicatrices, elle me demande de raconter ma mésaventures. Je m’assombris et baisse les yeux vers mon torse. Elle m’embrasse. Moi, je reste immobile, pensif…Puis, les paroles viennent tout seul…

-J’étais un peu perdu ce jour là, j’avais l’esprit ailleurs. J’ai atterri dans les sous-sols…Bien, qu’en fait, on ne m’avait jamais parler des règles de la prison, je n’avais pas l’intention de m’y attarder…

Je me tais, réfléchissant à mes mots, me remémorant

-Mais, il y avait un garçon…Plus jeune que toi…À peine 13 ans…Et je…Je lui ai parlé. L’instant d’après, un gardien est arrivé et…

Je me tais.

Ce qui me frappe en premier, c’est le gosse de treize ans. Non pas que je suis superstitieuse, le numéro treize n’était qu’un numéro, une échelle reste une échelle et un chat noir reste un chat. Oui donc, il s’est retrouvé par hasard dans les sous-sols en compagnie de ce gamin. Ensuite un gardien est arrivé … Gardien… Vision monstrueuse me traversa l’esprit.
Nous sommes en Allemagne, et c’est aussi dans ce pays que ce cher monsieur Hitler à torturer. Est-ce que Sadismus est aussi morbide, sadique … Que lui ? Mon dieu, mieux faut ne pas faire de lien. Ni de jouer avec l’histoire de ce timbré.

-Et après …

Tout en regardant, Gleb, je ne pu m’empêcher d’imaginer les horreurs que lui et le jeune garçon avaient subit. Les méthodes de tortures sont diverses, ce gardien aurait pu leur faire n’importe quoi. Oh et merde, les gardiens sont tous aussi … gerbant. Animal, bestiale, sadique. Dieu que j’aurais préféré que cela n’arrive jamais à mon compagnon. J’attends calmement la suite.

Prenant sa main dans les mienne, j’avale difficilement ma salive. Avoir peur du bourreau … Je fais le lien, comprenant rapidement. Gleb n’avait pas cherché à se protéger de ce gardien. Leur ‘place’ était donc si importante que cela ? C’est tellement amusant de torturer les gens sans défense.

-C’est bon Gleb … J’ai compris.

Je préfère qu’il arrête, j’en sais assez à présent. Il y avait encore une chose qui attirait ma curiosité. Maintenant c’était à lui de voir si il voulait ou non. Enfin avant tout, il fallait voir si j’avais envie de lui demander. Pensée conne, parce que OUI j’en avais envie. Tout reste à savoir si j’allais lui demander. Ah mais merde hein !

-Euh Gleb … Je peux … ?

Euhm, il ne devait sûrement rien comprendre le pauvre. Je suis tellement ‘’précise’’ dans mes dires aussi, faut l’avouer. Je pose mes mains sur son bassin.

-Je peux voir ? …

Je regarde Yoruichi. Et après…J’avale ma salive et prends une grande respiration. Je me crispe un peu, mais, ce n’est pas sa faute.

-Et…Il y avait une gardienne aussi. Mais, elle, je ne me rappelle même plus de son visage.

Je marque une pause. Pas la peine d’aller trop dans les détails, essayons d’être bref.

-Ils nous ont conduits dans…Dans…Dans la salle…De torture.

Je sens que je ne suis plus calme. Je revois Tobias. L’image d’Alec couvert de sang me revient aussi. Je n’aime pas ça, cette image m’insupporte. Et Tobias qui a un moment m’a souri. Je ne voyais même pas ce qui arrivait à Edward. Mais, vu le peu de bruit qu’il a fait, il était bien plus calme que moi. Moi, c’était l’incompréhension et la panique totale. La faiblesse. Complètement, c’était la faiblesse. Je criais, tremblais, je serais tombé à ses genoux si je n’aurais pas été dans cette posture. Faible. Je me suis débattu, un peu, vaguement…Sans conviction. Faible.

-Le gardien…Il y avait des chaînes et il…Il m’a attaché.

J’ai honte juste à en parler. Honte de n’avoir rien fait. Yoruichi prend ma main, je respire et reprend un peu de courage.

-Je me suis pas vraiment défendu.

Je souris tristement. Je fuis le regard de Yoruichi et observe le plafond. Quand Alec l’a su, j’ai pleuré. Je suis content que, malgré mes tremblements et mon air abattu, je ne pleure pas cette fois. Je me sens déjà assez ridicule face à Yoruichi, pitier, je ne veux pas en plus pleurer. Je suis assez pathétique comme ça.

-Il avait un couteau, un briquet…

Yoruichi, dans sa grande bonté, me dit que je peux m’arrêter. Je soupire, un peu reconnaissant. Pourtant, c’est idiot, je n’étais pas obliger de lui raconter. Je serre solidement sa main dans la mienne.

Je peux..? Qu’est-ce qu’elle veut dire? Je la regarde, ne comprenant pas. Elle veut que je lui lâche la main peut-être? Ce que je fais…Mais, ce n’est pas ça qu’elle veut…Elle veut voir.

Je soupire, au point où j’en suis…Je hoche la tête, en signe d’approbation. Mais, je n’ose pas bouger la main pour déboutonner ma chemise.

Je laisse échapper un petit soupir de soulagement, il me donne le feu vert. Le seul hic, c’est qu’il ne semblait pas avoir l’intention d’enlever lui-même sa chemise. Bon allez Yoruichi, arrête de jouer les coincées de service et fais le toi-même. Ah mais merde ! J’vais avoir l’impression de le déshabiller moi ?! Oh et puis après réflexion rapide non, je ne fais que de regarder à la lueur de la lune ces fameuses marques.

Prenant une bonne respiration, je commence à déboutonner la chemise de Gleb. Avec lenteur, non pas que j’avais envie de le faire patienter, mais je ne savais pas ce que j’allais trouver sous son habit. J’ai un peu peur, sans savoir pourquoi. Plus le temps passait, plus sa poitrine se dévoilait à mes yeux. D’ailleurs, à peine arrivé à la moitié que j’arrête mes gestes, regardant Gleb dans le blanc des yeux. Histoire de le rassurer, je souris.

Mes mains reprirent l’emprise sur ces fichus boutons, les séparants un par un, dévoilant ainsi par la suite, la totalité du torse de Gleb. Je regarde laissant échapper un petit gloussement d’étonnement … La scène ne me paraissaient pas aussi sauvage que ça. Les marques sur le ventre, les épaules, le torse, rien n’avait été épargné. J’arrive miraculeusement à enlever complètement sa chemise, tout en inspectant par la même occasion son dos … Il ne semblait rien n’y avoir.

Impossible de parler, avec hésitation, mes doigts viennent toucher les plaies encore visibles. Certaines sont marqués à coups de couteaux, d’autres par ce qui semblait être des brûlures. Mais il est sadique le gardien qui lui a fait ça. Les cicatrices remontent à quelques temps, elles finiront peut-être par disparaître avec le temps. Les yeux baissés, je continue de caresser ce qu’il m’était offert … Et mutilé. Après un lapse de temps, je me recouche sur Gleb, la couverture est restée au niveau du bas de mon dos. Je n’en fis pas attention, trop occupé à sentir les coups de couteaux qu’avait reçu Gleb contre ma peau.

Je n’avais plus qu’une seule envie, le réconforter. Dans le fond, il doit avoir mal. Qui sait … Après quelques minutes, je me laisse tomber à côté de Gleb, toujours sur le dos. Pas que j’en avais marre d’être au dessus de lui … Bien que la position du dominant m’était propre.

-Viens …

En un rien de temps, il était à son tour sur moi. Je replie par la même occasion mes jambes, serrant légèrement le bassin de Gleb de mes cuisses. Appuyer sur moi, mes mains glissent dans son dos…

Hésitante, elle déboutonne lentement. J’espérais au fond de moi qu’elle en serait incapable, qu’elle n’oserait pas. Mais, elle le fait. Sans assurance, mais elle le fait. Je ferme les yeux, me rappelant quand Alec avait vu mon torse dans cette état lui aussi. Ça l’avait blessé et c’était de ma faute. Si j’aurais été plus prudent, je ne serais jamais allé au sous-sol.

Elle s’arrête. Peut-être qu’elle en a assez vu et qu’elle s’arrête pour de bon. Je la regarde. Mais non, elle me sourit, s’efforce du moins de le faire, et continue. Je ne sais pas pourquoi je lui permets de faire ça si ça me déplait tant. Elle ne me force en rien. J’aurais pu dire non. J’aurais dû dire non. Mais, trouvant l’idée de l’arrêter à mi-chemin ridicule, je la laisse faire.

En ce qui me concerne, j’essaie de me décrisper et de retrouver mon calme, de chasser cette mélancolie.

Je l’entends exprimer un espèce de couinement stupéfait. Voilà. Je regarde le plafond, m’efforçant de ne pas regarder Yoruichi qui trouve le moyen d’enlever complètement ma chemise et de vérifier l’état de mon dos.

Silencieux, je laisse « explorer » un peu mes meurtrissures sans rien dire, sans bouger, la laissant observer les dégâts jusqu’à ce que sa curiosité soit apaisé. Je sens sa main toucher une cicatrice par-ci, par-là. Je frissonne, ignorant si c’est à cause de ses mains sur moi, du froid ou de ma peur silencieuse.

Elle se replace contre moi, nos deux peaux collés ensemble me fait un effet bizarre, ne sachant pas s’il est désagréable ou pas.

Je me sens soudain embarrassé que nos deux corps se touchent ainsi, une part de mon embarras causer aussi à un certain point à la vue de mes blessures.

Puis, je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit que nous échangeons de place.

Intrigué et surpris, encore et toujours intimidé par tout ça, je ne bouge pas et reste dans cette position.

Le silence et le calme s’installe puis…Hésitant, cherchant mes mots et cherchant également à savoir si je voulais franchement en parler, je finis par murmurer…

-Tu sais…Alec…Il les a vu aussi.

Je soupire et prends le temps de réfléchir.

-La dernière fois que je l’ai vu, il était recouvert de sang…Mais, ce n’était pas le sien…Il a dit qu’il ne l’a pas tué.

Je m’arrête, me rendant compte au final, que ça l’importe peu.

Je ne sais pas pourquoi il me raconte ça. Mais d’un côté, c’est vrai que c’est intrigant. C’est comme quand je suis rentrée chez moi après l’avoir tué. Mon t-shirt était couvert de sang, du coup, ma mère me lançait de regards interrogatifs. Enfin, ça n’a durée qu’un lapse de temps, rien de bien long.

-Tant quoi toi, tu le crois. C’est le plus important.

Douter d’un proche, c’est sûrement une des choses les plus dégoûtante que l’on puisse faire. La confiance joue un rôle très important entre deux êtres, sans ça, que seraient les relations amoureuses par exemple ? Probablement rien, le monde tourne tellement à l’envers ces temps ci.
Vent, vent, pluie, moi qui pensais que la nuit serait un peu plus chaleureuse. Bien, il faut croire que non, un nouveau courant d’air passa. J’avais enlacé Gleb, et j’étais assez apte à dire qu’il commençait à faire froid, et puis d’ailleurs son dos l’était également. Donc, la bonne âme que je suis, remonte la couverture, abandonnée non loin de là.

J’me rends compte que j’en sais beaucoup à présent sur Gleb. Marrant, surtout sur l’espace de quelques heures, je ne suis pas si ‘asociale’ que ça, comme quoi, les évènements me jouent des tours.

D’un geste léger, mes doigts descendent et remontent le long de sa colonne vertébrale. Ses plaies appuyer contre ma peau lisse, me donne une drôle de sensation. Quand j’me remémore tout ce qu’il a vécu … Je comprends pourquoi il préfère s’abaisser face aux autres. Trop peur, trop d’effroi, trop de larmes, trop de cries, trop de tout ça. Un affront pour sa propre personne.

-Glebinou. Tu dors ?

Je savais pas vraiment si il aimait bien se surnom. Mais c’est le seul que j’ai trouvé pour marquer son authenticité. Et puis, c’est pas comme si j’allais hurlé ‘’ GLEBINOUUU’’ dans les couloirs ou quoi.

J’place l’une de mes mains derrière ma tête, l’autre ne quitte pas le dos de Gleb. Je regarde le plafond si sombre. Pourquoi rendons-nous tout si compliqué ? Il suffirait d’être plus simple … Mais la simplicité ne règne pas en maître chez tout le monde … Enfin.

Si je le crois...

Alec, il n’oserait pas me mentir. Et puis, c’est Tobias qui s’occupera de l’enfant de Sybille. Il n’aurait pas pu le tuer, il n’aurait pas eu le droit. Je me demande ce qui c’est passé…Mais, au fond, je ne veux pas le savoir. Je veux juste qu’Alec aille bien. Et, au fond, même si ça paraît bizarre, j’espère aussi que Tobias va bien. Je n’ai jamais demandé à ce qu’Alec lui fasse du mal…

Je ne doute pas de lui. Il me toujours la vérité…Enfin, je crois..? Il n’y a aucun moyen de le savoir, mais s’il m’a parlé de Ludwig, il doit me faire confiance…J’espère.

Je ferme les yeux, pensif…Murmurant qu’un simple ‘‘oui’’.

Je me sens mal. À cause que je lui en ai parlé ou parce que de brefs souvenirs me reviennent?..Ou peut-être à cause du contact de ma peau meurtri sur la sienne.

Yoruichi remonte la couverture, je prends un coin pour le tirer vers moi, couvrant mon torse, mes bras, mes jambes et mon dos…

Je me demande à combien d’heure est le matin, je me demande aussi si je vais m’endormir et, si oui, quand me je me réveillerais…Finalement, je me demande où est Alec. Dans sa cellule, nécessairement. Dort-il? A-t-il faim? Arrive-t-il à se déplacer correctement maintenant ou est-il encore affaibli? J’aurais des réponses la prochaine fois que je le verrais. Mais, quand? Demain? Dans une semaine? Un mois? Deux moi? J’ai peur qu’il m’abandonne encore.

À un moment, je crois que mon inquiétude se dissout. Je m’endors…Ou peut-être ne fais-je que somnoler?

Faisant glisser ses doigts le long de ma colonne vertébrale, j’entends la voix lointaine de Yoruichi…

-Peut-être.

Je ris un peu pour moi-même. Je prends sa main à nouveau et l’amène près de mon visage.

-Tu ne dors jamais toi?

Je souris.

Un monde meilleur … C’est à nous de le rendre comme tel. Bien qu’en prison cela soit bien difficile. Est-ce vraiment le moment de penser à tous les malheurs de cette terre déchue ? J’en doute. Il y a tellement de fléaux en ce bas monde. Même la volonté humaine ne pourra jamais rien n’y changer…

-Tu ne dors jamais toi ?

Si je pouvais rester sans dormir, je le ferais aisément mais ce n’est pas le cas. Pour cause, les limites de l’être humain sont fragiles. Trop même.

-Bien sûr que si. C’est parce que tu es là.

Quand il y a quelqu’un avec moi, il m’est impossible de dormir. J’aime bien veiller tard, tout en écoutant la personne présente à mes côtés. Mais j’avoue qu’il serait peut-être temps de libérer notre sommeil pour pouvoir dormir tranquillement … Dire adieu au monde pour quelques heures … S’enfoncer dans l’abysse inconnu, le néant… Un moment fatidique dans lequel je me sens bien, quand les mauvais souvenirs ne viennent pas jouer au chat et à la souris avec mon esprit.

Gleb me tient éveiller, d’une part et de l’autre, c’est mon envie de ne pas dormir. Bizarre. Rester éveiller, me rappel les moments que je passais avec ma mère. Affalé contre elle, tout en regardant un film. Ou quand je refusais d’aller dormir pour cause, un livre. Tout cela reste abject à présent. A partir d’une certaine heure c’est l’extinction des feux, impossible d’avoir de la lumière. Enfin quoi que, Gleb avait toujours sa lampe de poche … avec des piles mortes.

Le sommeil … grand trou noir … les enfers, endroit reculé remplit de tristesses. Monde inconnu d’où l’on revient. Faire des espèces de liens comme ça était quelque chose d’assez amusant pour moi. Le lieu de nos cauchemars est les enfers, le lieu de nos rêves, le paradis. J’trouve ça un peu stupide tout de même. Pour quelqu’un qui ne croit pas en dieu, ni au paradis. Je fais avec plaisir des Enfers mon lieu culte.

-Eh ! Toi non plus tu ne dors pas encore. Tu comptes rester encore longtemps éveillé ?

Sourire, sourire, je n’aurais jamais autant souris de ma vie. Mon regard se pose sur la lune. Elle était belle, ronde et éclatante. Elle est maître de la nuit. Quelques étoiles de gauche à droite. Le vent souffle encore et toujours. Il en devient même agaçant … Enfin non. J’aime l’entendre. C’est un peu comme la respiration de Gleb, sauf qu’elle, elle est beaucoup plus forte.

C’est parce que je suis là. Ma présence l’empêche de dormir? Qu’est-ce qu’elle veut dire? Au fond, je ne sais pas, probablement rien. En fait, si ce n’était d’elle, moi aussi je serais en train de dormir…À moins que je ne sois assis au coin de la cellule ou caché sous mes couvertures, lampe de poche tenue solidement dans mes mains. Pire, je m’inquiéterais à me ronger les ongles au sang à propos d’Alec. Finalement, en y repensant, je ne dors pas beaucoup. Parce que ma santé physique, autant que mental, dépend de la présence elle aussi? C’est à n’y rien comprendre, c’est même plutôt absurde, idiot, ridicule…Je ne sais définitivement pas comment prendre soin de moi, c’est clair. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles j’ai besoin des autres.

J’écoute la respiration de Yoruichi. C’est apaisant. C’est agréable être près de quelqu’un qu’on aime bien, qui respire lentement, même parfois de sentir leurs ventres bouger de façon régulier. Mais, ce n’est pas quelque chose que j’ai connu souvent. Un peu avec ma mère, avec Alec et maintenant Yoruichi.

Elle me demande si je compte rester éveillé. Je secoue la tête.

-Je dors pas…Je somnole, c’est pas pareille…

Je souris.

-Tu as une idée de l’heure qu’il est..?

Je soupire. Pourquoi une telle question? Ce n’est pas important. Je soupire. Je reste réveillé, mais ma voix devient un peu lointaine.

Je me rends compte que j’ai la main de Yoruichi dans la mienne. Je commence à faire passer mes doigts sur les lignes de la main à Yoruichi. Je ne sais pas lire les lignes, à par la ligne de vie, je n’en connais aucune. Je crois que maman avait une tante qui savait lire les mains. Je chasse cette idée, pas plus intéressé à penser encore à ma mère. De plus, ce n’était pas important.

À part mon père, ma mère et mon frère, je n’ai pas vu beaucoup de ma famille. Ma tante, je crois que je l’ai vu plusieurs fois à une période de mon enfance puis ça s’est arrêté. Mon oncle, je ne l’ai vu qu’une ou deux fois. Pas connu mes grand-parents, ni mes cousins si j’en avais…Ah, si, un seul par contre, il était gentil, il passait dire bonjour parfois l’été ou pendant le temps des fêtes. Sinon, je ne vois rien. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça de toute façon…

L’heure, le temps. Pourquoi avons-nous donné une notion au temps d’ailleurs ? Qu’importe qu’il soit midi ou minuit. Le temps est un cercle vicieux … le temps est un avancement. Il nous rapproche juste d’une chose, de notre mort.

-Aucune idée, il ne doit pas encore être très tard. Vu que les autres prisonniers parlent encore.

C’est assez drôle de les entendre. Bien que les dernières rumeurs soient totalement abjectes. Cette fille a couchée avec un tel, lui c’est procurer un joint par un gardien, l’autre c’est fait tué, le nouveau c’est déjà fait casser la gueule …
On entend de tout ici, et ce, tous les soirs. J’ai du un peu tendre l’oreille car enfuie dans mes pensées les plus lointaine, revenir au monde réel était un peu difficile. M’enfin.

Gleb tenait toujours fermement ma main dans la sienne. Ce contacte le rassurait ?

-Dormir ne te fera pas de mal alors.

Somnoler repose les yeux, mais pas l’esprit. Je dépose mes lèvres sur son front, pour retomber sur mon bras logé derrière ma nuque.

Je n’avais plus envie de penser à quoi que ce soit. Mais c’est impossible, c’est un mécanisme incontrôlable. Comme quoi, l’esprit n’a rien avoir avec les ordinateurs. Même à force, je ne savais plus trop quoi dire à Gleb. Détail qui important peut-être peu puisque nous aimons tout deux le silence. Ouais, le silence cassé par les chuchotements des autres prisonniers. Bella dormait-elle ? Etait-ce pareil pour mes autres compagnons ? Aucune idée. Peut-être, peut-être pas. Tout reste sans sûreté. Mais on s’en fiche.

-Comment ils se sont rencontrés tes parents ?

Sûrement pas dans une prison. Maman m’avait déjà contée l’histoire de sa rencontre avec lui. J’ai toujours répugnée les contes de fées, les livres à l’eau de rose. Tous les trucs sentimentaux. Et dire qu’un jour, le professeur de Français nous a forcé à lire une de ces âneries qui font des filles, de vraies poupées sensibles qui aiment le rose … Et aller savoir combien je déteste cette couleur …

Pas tard et je somnole. Du sommeil à rattraper? Sans doute. Mais, je n’ai pas envie de dormir. Je suis fatigué oui…Mais, je ne veux pas. Même si je n’ai pas grand chose de plus à dire à Yoruichi. Le silence me va très bien. Le bruit de sa respiration et des autres prisonniers me vont très bien. Je me bloque par contre les oreilles à propos de ce que je pourrais comprendre de leur conversation. Je n’ai pas envie de connaître ce qui se raconte entre prisonniers. Je ne sais pas pourquoi je m’obstine à avoir une vision horrible des autres détenus. Pourtant, ceux que j’ai rencontrés étaient, pour la plus part, passablement gentil. C’est vrai, au fond, même si je me méfie et ne parle à presque personne…Je n’ai eu aucune mauvaise rencontre (à part celle d’aujourd’hui, bien sûr) avec des prisonniers.

Je tiens toujours la main de Yoruichi, continuant à « dessiner » dessus. Sa main est chaude et douce. Ça fait bizarre. Moi, j’ai souvent les mains froides. Du moins, il me semble…

Je devrais dormir. Je murmure un « non » étouffé. Je me couche â côté d’elle, sans pour autant lâcher sa main. Je ne sais pas si ça la dérange, mais j’en ai besoin.

Je regarde mon amie, surpris de sa question, comme d’habitude bien sûr.

-Ils se sont rencontrés quand ils avaient 16 ans et ma mère a été enceinte de mon frère…

C’est pas trop romantique, mais, ça c’est bien passé. Ils se sont mariés, aimés…Et tout. Ils étaient heureux.

-…Toi?

J’ai hésité avant de demander vu sa…Son ancienne situation familiale.

La rencontre des parents de Gleb était assez similaire à celle des miens. J’m’en rappelle encore, je devais avoir onze ans quand j’ai chercher à en savoir un peu plus sur mon géniteur. Ma mère exigeait que mon envie de savoir devait venir de moi. Et non d’elle. Ce qu’il s’est produit d’ailleurs. Un après-midi, j’ai été la trouver en lui demandant comment elle avait connu mon ‘’père’’. Puisque Gleb s’était affalé à côté de moi, je préfère lui tourner le dos. Tout en repliant mes jambes, ramenées contre mon ventre.

-Et bien. Ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Mon géniteur était un peu plus âgé que ma mère. Elle en avait quize et lui dix huit quand ils l’ont fait. Ma mère est tombée enceinte de moi. De son côté, lui buvait … Allant jusqu’à la frapper, il n’était pas d’accord pour me garder …

J’arrête d’un coup, en me rendant compte que j’en avais dit plus que ce qu’il ne fallait. Enfin ce n’est pas grave, en parler me fait du bien. Donc, j’enchaîne mon récit.

-Elle ne voulait pas avorter. Ce qu’il lui a valut des coups. Enfin quand elle a accouchée de moi, ce con nous à laisser en plan. Mes grands parents ont aidé comme il le pouvait ma mère. Enfin voilà un peu près tout.

Jolie histoire n’est-ce pas ? Enfin bon, cela est ancré dans le passé. Bien loin … Dix huit ans. Mon dieu, si peu d’année de vie en liberté. Mon regard se porte sur la grille de la cellule, noir, foncée, on ne la voyait presque plus. Je faisais dos à la fenêtre, mais je pouvais encore entendre le bruit qu’il y avait dehors. Comme d’habitude, il fait moche. Et j’aime ça. Parfois, je me demande si je n’aurai pas des tendances morbides, genre gothique. Je sais que je peux être sadique par moment m’enfin.

-Tu as eu peur de moi quand tu m’as vu entrée dans la pièce ?

Je n’avais pas vraiment fait attention à lui moi. J’étais tellement heureuse d’aller lavée se fichu linge que voilà … Je maudis ces machines ! Il doit bien rire intérieurement en y repensant. La Yoruichi rebelle … même pas capable d’allumer une machine à laver. Ca casse presque tout mon côté dur. Mais au moins, Gleb sait comment me taquiner gentiment, il sait aussi que je ne suis pas aussi ‘’insensible’’ que j’en ai l’air. Mon regard a un truc de particulier ? D’intimidant ? J’en sais rien au faite … J’me regarde jamais dans le miroir, et je pense que cela vaut mieux. Comme quoi, j’aime pas mon reflet non plus. Ce qui me prouve que je peux être conne. Reflet dans l’eau … les chats n’aiment pas l’eau. Et bien évidemment moi non plus.

Mon amie me tourne le dos et je lâche sa main. Elle commence à parler…

Ses parents se connaissaient depuis qu’ils étaient gamins. Elle dit que son père était plus âgé. Mon père, lui, il avait 5 ans de plus que ma mère. Ou peut-être 4…Je ne sais plus. La mère de Yoruichi voulait la garder, son père non. Son « géniteur » était déjà violent à cette époque qu’elle m’explique. J’écoute attentivement, les yeux ouverts et curieux d’en connaître un peu plus sur la famille de Yoruichi. Sa mère l’a gardé et son père est parti.

Je n’ai jamais demandé à ma mère quelle discussion il y a eu pour qu’elle décide de garder mon frère…Je ne suis même pas sûre si moi-même j’ai été voulu. Mais, la réponse ne m’intéresse pas vraiment. Ça ne changerait rien de le savoir…

Elle me demande si j’ai eu peur d’elle. Je souris un peu bien qu’elle ne le voit pas. C’est dure à dire…M’arrive-t-il seulement de croiser un détenu dans le couloir sans que j’aille envie de devenir tout petit et de disparaître? Ne m’est-il jamais arrivé de voir un visage inconnu dans cette prison ou même dehors sans me sentir menacé? Je suis un éternel froussard.

-Un peu…Mais, ce n’est pas vraiment à cause de toi…Les gens ici m’effraient.

Je soupire et viens coller mon visage contre sa nuque et, bras replié contre moi, je pose mes mains sur son dos.

-Tu avais quelque chose…D’intimidant.

Je ris un peu, ne trouvant pas de réel sens à ma phrase.

-C’est ridicule hein?

Je ne devrais pas avoir ainsi peur de tout le monde…

Quelque chose d’intimidant ? Je sais que j’ai un regard perçant à faire froid dans le dos mais tout de même. Je fais si peur que ça ? Enfin je prends ça comme un avantage, mes amis n’en n’auront plus peur.

-Pas vraiment. Beaucoup de gens disent que je suis intimidante. Pour tant, je ne le fais pas exprès.

Nous sommes si différent. Lui à peur, et moi je sais peur. Mais je ne pouvais m’empêcher de trouver en lui, une sorte de réconfort, de protection même. C’était comme ça que j’aurai voulu que Kelly soit … Doux, attentionné et attentif … Un peu comme Gleb. Mais non à la place d’être comme ça, il a été sauvage.

Je sens Gleb poser ses mains sur mon dos. Elles sont un peu froides, mais cela ne me gênait pas, moi je laisse tomber dans le vide l’une des miennes. Etant gosse, j’aurai eu peur qu’un monstre soit sous mon lit et me la bouffe. Quand on est petit on croirait n’importe quoi.

Et c’est là que j’imagine, une araignée grimper tranquillement le long de mon bras, enfonçant ces crochets bien profondément dans ma chair. Un fil de sang coule lentement de la plaie ouverte, qui ne fait que s’ouvrir encore un peu plus. Instinctivement, je reporte ma main sur le lit. Brrr, les araignées, l’angoisse pour ma personne.

-Dis Gleb, t’aimes bien les araignées ?

C’est ça Yoruichi, imagine toi une grosse bestiole à huit pattes, bien poilue, avec des centaines de yeux et des crochets acérés aussi tranchant qu’un couteau de cuisine. Ah Bordel ça me rappelle l’un de mes nombreux cauchemars sans aucun sens. Je pose ma main sur ma cuisse, bien loin du rebord du lit.

-Ces bestioles sont immondes ! J’en ai même fait des cauchemars quand j’étais plus jeune. Imagine une araignée de deux mètres de haut te courir après en pleine nuit dans une forêt …

En imaginant cette scène, j’avais complètement oublié ma main, aussi bien que quand je le bougea un peu, je sursauta.