Sadismus Jail Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus. |
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| Une nouvelle effrayée | |
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Auteur | Message |
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Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Une nouvelle effrayée Ven 25 Juil - 4:52 | |
| Et voilà. Ca y est. C'est fini. J'ai vingt ans et ma vie s'est terminée aujourd'hui -pour peu qu'elle ait commencé un jour. On m'a donné un uniforme superbe qui me sied à ravir -que mes vêtements me manquent !- puis conduite sans trop de ménagement vers une cellule. La 9, apparemment. Si j'ai bien compris, mais je peux me tromper, vu que je viens d'arriver, on sera quatre par cellule. Super... Il faut que je sorte d'ici !! Je regarde mon escorte, presque prête à parler. Il faut que je leur dise la vérité. Oui, ils se moqueront de moi. Et alors ? Peut-être me croiront-ils ! Mais pourquoi ont-ils l'air si dur ? De toute façon, je suis sûre que ça ne servira à rien. Je suis une folle dangereuse parmi des fous dangereux, à présent. Si je rentre un jour à la maison... Putain, il vont me trouver bien cruche, papa et maman ! J'aurai droit à quelques moqueries, c'est certain ! Des moqueries gentilles, évidemment. Et puis ils me serreront dans leurs bras et je me sentirai en sécurité. Je déteste les moqueries... Mais je veux maman ! Homicide... Ce mot me revient. Il n'y a pas de retour possible pour les meurtriers. Je crois... Je suis coincée ici.
Merde, pourquoi je pense à ça ? J'aurais tout le temps ! Je dois me concentrer. Je suis au milieu des pires fous que porte la Terre. Peut-être sont-ils indulgents les uns avec les autres... Et peut-être pas. Je crois que je vais avoir besoin de la protection des gardes. Il faut que je sois calme, docile. De toute façon, je suis loin d'être quelqu'un de rebelle. Ils remarqueront bien que je suis quelqu'un de gentil... Non ? Ou alors, ils croiront que je joue avec eux... Et dans ce cas, ils seront pires avec moi qu'avec les autres.
Merde, pourquoi je suis ici ? Merde, pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi suis-je aussi idiote ? Pourquoi suis-je ici ? Je veux maman !!
Je pense en une litanie sans fin et sans douceur, je n'ai envie que d'une chose : dormir. Oui, dormir, et oublier tout ça, m'étourdir de sommeil et peut-être mourir... M'étendre dans un coin isolé, abandonnée de tous, à l'abri de la folie du monde qui m'entoure. Trouver la délivrance. Et ne plus jamais m'éveiller. Sombrer dans un rêve fait de fleurs et de couleurs et quitter à jamais le cauchemar de la vie. J'ai peur. Et je crois que j'aurais plus peur encore lorsque je serai arrivée dans ma cellule. Je ne trouverai pas le sommeil. Pas avec trois inconnus potentiellement -et cette fois, ma peur n'aura rien d'irationnel, ou si peu...- dangereux pouvant surgir à chaque instant. Trois inconnus, cela aurait déjà été trop. Mais ils ont sans doute tué des gens, pour être ici. On m'a dit que seuls les plus dangereux y venaient. Sauf pour les erreurs. Comme moi. Peut-être n'ont-ils rien fait, eux non plus. C'est drôle, j'essaie de m'en convaincre sans y parvenir. J'ai peur. Quand je pense que tout ça, c'est ma faute. Entièrement ma faute. Nul autre n'est à blâmer. Ils n'ont fait que leur putain de boulot, c'est tout ! Et moi, j'ai tout gâché... Tout ! Quelle idée de venir en voiture de police ! Quelle idée de ne pas tout leur avoir dit dès le début ! Je suis irrécupérable. Complètement irrécupérable. Bonne à jeter. Je suis une sous-merde.
Une nouvelle larme se met à couler. Manquait plus que ça. Si je croise des gens, ils vont me dévisager, se demander pourquoi je pleure, qui je suis... Je déteste que l'on me dévisage, je déteste même l'idée que l'on puisse le faire. J'ai toujours peur que l'on me juge. Après tout, on ne peut pas savoir ce que pensent les gens. Ce n'est donc pas impossible qu'ils le fassent. Il paraît que je n'ai rien de particulier. Mon psy m'a dit un jour que les gens n'avaient aucune raison d'agir comme ça. Mais cette idée est ancrée trop profondément en mon esprit. Impossible de la chasser. Les gens me dévisagent et ils me jugent.
Une porte métallique. Noire. Ornée d'un 9 gravé. Je suis arrivée au bout du chemin. Il est temps. L'un des gardiens ouvre la porte et attend. Il ne me regarde pas. Il m'ignore presque. Quant à moi, je n'ose pas le regarder. Et s'il était en train de se moquer de moi, sans paroles ? J'hésite avant d'entrer. Et s'il était encore temps de tout arrêter ? Peut-être n'est-il pas trop tard... Peut-être y a-t-il encore de l'espoir que tout se termine aujourd'hui comme un simple cauchemar. - Allez, entre, fallait réfléchir avant de faire les conneries. Et les deux colosses d'éclater de rire.
Il est trop tard. J'entre. La pénombre des lieux me fait arrêter très vite. Je n'ai pas peur du noir. J'ai juste peur de ce que je peux y trouver. Y a-t-il des gens, tapis dans l'ombre, prêts à me bondir dessus ? Je n'ose faire un pas de plus, je n'ose prononcer un mot. Je reste là, bras ballants, une boule à l'estomac et l'attaque de panique prête à se manifester. Je la sens... Ma respiration se fait plus rapide, plus difficile, la chaleur me monte aux joues, mes jambes son engourdies, les larmes me viennent. Bientôt, tout va éclater. J'aurai l'impression de m'évanouir, de mourir, de suffoquer, de quitter mon corps. Je le sens.
Bong.
La porte s'est refermée dans un bruit sourd. Je suis seule à présent avec ce que renferme cette cellule. Seule face à tous les autres. Mes yeux ne sont pas encore habitués à la pénombre mais mes larmes n'attendent pas pour couler les unes après les autres. Quelqu'un ? S'il vous plait... Au secours !
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| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Dim 27 Juil - 13:39 | |
| Je m'arrête. J'étais donc en train de marcher ? Ou suis-je ? A Sadismus, oui, ça je sais, ma mémoire ne me fait pas défaut à ce point là mais où à Sadismus ? Que s'est-il passé ?
Je suis perdu. Je viens de quitter cette étendue blanche et lumineuse qui prend parfois le contrôle de mon esprit et me laisse, tout aussi brusquement, vide et sans buts, ailleurs que là où j'étais. Ma main caresse doucement la pierre du mur et il me semble sentir des pleurs dans l'humidité. Si les briques pleurent, alors je suis dans l'aile des prisonniers. Je tourne la tête vers la droite, tout doucement, et je vois une porte de métal avec un simple numéro. 9. Je suis donc dans l'aile des prisonniers, devant la cellule numéro 9. La dernière fois que j'avais regardé j'étais à la bibliothèque, en train de réfléchir à un moyen de guérir la porte abîmée sans outils.
Pas que l'endroit ou je puisse me trouver ait la moindre importance à mes yeux. Non, ici ou ailleurs, c'est le même vide, la même agonie, lente, insidieuse et sans fin que je vis depuis vingt ans. Mais lorsque j'étais dehors, l'on m'a dit qu'a chaque fois que je me laissais emporter, il y avait un mort. Et l'absence de "trous" ces derniers temps m'avait conforté dans mon hypothèse. Je baisse les yeux, regardant mes mains, blanches, douces, longues, propres (sauf le bout des doigts de la droite qui a touché le mur). Mes mains quoi. Y a-t-il un corps quelque part ? J'essaie de me souvenir. Vraiment j'essaie, j'aimerais savoir, mais rien. Rien du tout. Tsuyosa me dira. Elle sait tout.
La porte pleure. Elle est comme les pierres, elle est saturée du désespoir ambiant. Tous ces sentiments que ses occupants ne savent pas comment exprimer. Je connais personne de cette cellule. La neuf. Mais Angel est dans la huit. Peut-être étais-je en train d'aller la voir ? Ces trous m'agacent, ils posent toujours trop de questions.
La porte pleure. Elle est fermée aussi. Drôle d'idée d'avoir fermé cette porte alors que toutes les autres sont ouvertes. Sans vraiment savoir pourquoi, j'empoigne la poignée de la porte et l'ouvre. Elle n'est pas verouillé aussi cède-t-elle et la lumière du couloir envahi la pénombre de la cellule.
Une petite fille est là, toute seule.
Je m'arrête, comme figé, mes mains sur la porte, les yeux fixés loin au dessus de la tête de la gamine. Il y a dans cet endroit comme des relents de... je ne sais pas trop de quoi. Ca me bloque. Ca m'enferme dans ma capsule de calme et d'impassibilité. A peine si j'ose respirer. Mon coeur ralentit dans ma poitrine, l'obscurité protectrice envahi le couloir comme en réponse à l'attaque de la lumière. Entre blanc et noir, je reste immobile. Je n'ose pas la regarder. Elle est si petite. Bien plus petite que Damara. Bien plus jeune que ma dryade. Que fait une enfant dans un endroit pareil ? Sadismus est réservé aux adultes non ?
Doucement, ma jambe gauche se plie en deux et j'entame une longue descente vers le sol. Ma main droite caresse le métal tandis que je m'agenouille pour la regarder de plus près. En silence, et sans heurts. | |
| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Dim 27 Juil - 16:34 | |
| Je suis toujours toute seule dans ma cellule, à moins que je ne me trompe. En tout cas, à mon arrivée, personne ne s'est manifesté. Mes yeux commencent à s'habituer à la pénombre, alors j'essaie de sonder l'espace à la recherche d'un mouvement. Mais non, rien ne bouge. Je suis seule. Désespérément seule. Je remarque que je pleure toujours. Mes yeux ne cessent de couler et je suis toujours aussi désespérée. Je ne me comprends pas. Je ne me suis jamais comprise. Et je me hais plus que jamais. Je ne vaux décidément rien. Mon psy s'est trompé sur mon compte. Le mieux aurait sans doute été que je ne voie jamais le jour. Je veux partir ! Les voix des deux gardes se sont éloignées depuis un moment et le silence s'est installé, que rien ne vient troubler. J'ai l'impression d'être seule au monde. La seule humaine existant encore. Tout en sachant que les pires fous se trouvent là, quelque part, près de moi. J'ai peur.
Je ne sais même pas exactement où je me trouve. Je suis quelque part en Allemagne, loin de chez moi, loin de papa et maman. Perdue dans le Néant. Perdue seule avec mes pensées torturées et tous ces inconnus prêts à me faire peur, prêts à me faire du mal. Oui, j'ai peur. Je veux sortir d'ici, je veux retrouver les rues, bien qu'effrayantes. Ces rues qui me ramèneront chez moi. Ces rues emplies d'une relative liberté. Ces rues qui me manquent terriblement, ce que je n'aurais jamais imaginé. Sauvez-moi ! J'ai envie de m'enfuir, j'ai envie de hurler. Mais on me remarquerait. Les gens se demanderaient qui je suis. Ils viendraient, me dévisageraient et se moqueraient de moi. Peut-être me battraient-ils même. Je ne veux pas que l'on se moque de moi. Je ne veux pas que les gens viennent. Mais je ne parviens pas totalement à réprimer des hoquets et des murmures. J'ai mal. Je veux pas rester ici, j'ai trop peur !
La porte s'ouvre dans un crissement presque imperceptible et dans une lueur naissante. Je frémis, je blêmis. Je suis tétanisée, ne peux bouger. Et si j'avais rêvé ? Impossible ! Il y a bien quelqu'un derrière moi. Et cette lumière soudaine n'est pas le fruit de mon imagination. Il y a quelqu'un. Les battements de mon coeur s'accélèrent. Je n'ai qu'une envie : m'évanouir. Mais rien ne se passe. Je reste là, bras ballants, le coeur battant la chamade, les joues écarlates et brûlantes, les larmes toujours en train de couler. Je suffoque. Au secours. Je hurle en silence des suppliques inutiles. J'ai peur. Mais je dois faire quelque chose. Je ne peux rester là à attendre. Je me retourne, hésitante. Un homme se tient à genoux tout près. Il doit être aussi grand que moi qui suis debout. Je transpire, le fixe de mes yeux maintenant écarquillés. C'est un géant. Il est dans mon espace vital. J'ai peur ! Je recule d'un pas sans trop y faire attention, juste pour être à une distance raisonnable de lui : environ un mètre. Je ne suis plus vraiment consciente de ce que je fais. Mon recul pourrait le mettre en colère, peu m'importe. Je veux fuir. J'ai peur. Cet homme pourrait faire ce qu'il veut de moi. Il ressemble à un prisonnier. Son vêtement est à peu près comme le mien. La porte était donc ouverte ? Je n'ai plus d'air, je suffoque. Merde, ça va se voir ! Il va me railler, il va rire de moi...
Me faites pas de mal ! S'il vous plait... Pitié... | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Dim 27 Juil - 20:39 | |
| Le blanc cherche a nouveau a gagner mon esprit. Je lutte contre cette lumière de mort. Je veux garder ma lucidité. Je veux regarder cette enfant perdue aux larmes sèches et aux yeux exorbités. Je sens sa peur de manière totalement instinctive. Ca m'effrait un peu. Sarah n'avait jamais peur de rien et j'étais un enfant trop rationnel pour être souvent effrayé. Depuis, j'ai vu bien des gens avoir peur, des adultes, des gamins, autant de filles que de garçons mais la seule fois ou j'ai eu peur depus Sarah c'était quand j'étais malade il y a quelques semaines.
Le petit oiseau pépie et hoquete comme entre deux sanglots. Ca me rappelle la litanie contre la peur que j'ai lu quelque part lorsque j'étais gamin. Une petite comptine que est utile pour combattre la panique. J'hésite de lui dire. De plus, je ne la connais qu'en français. Le français, cette langue oubliée qui m'a été si longtemps interdite. Sarah me pousse a la dire, ca repoussera, souffle-t-elle, cette lumière qui veut dissiper ma brume protectrice.
Je ne connaît...
Non, le francais ne peut pas sortir. Il reste bloqué dans ma gorge et cette boule de chagrin que rien n'a jamais perçé. Et puis l'enfant ne connait probablement pas cette langue. Ici, tous parlent allemand. Parfois anglais ce qui m'est très utile puisque c'est la lanque que j'utilise le plus.
Elle fait un pas en arrière. Plus elle s'éloigne, plus elle me parait minuscule. A genou je dois faire sa taille. L'on m'a fabriqué trop grand, comme si j'avais grandit pour me rapprocher de ce ciel qui me nargue car toujours trop loin. J'aimerais la rassurer. Lui dire que je suis inoffensif. Mais je n'ose pas avec cette lumière qui essaie toujours de prendre le contrôle de mon esprit. Je ne sais pas ce qui se passe en moi durant ces trous. Peut-être ne suis-je pas violent. Peut-être que si. Je n'ai rien ressentit depuis tellement longtemps que les psy disent que je fais une surcharge et que mon inconscient prend le dessus pour se décharger.
Mes yeux sont sur la petite. Mais pas seulement. Mon regard est très vague et s'impregne de ténébres. J'aime l'obscurité. Elle représente le néant réconfortant. Celui dans lequel nous arrêtons de penser et de souffrir. J'ai ammené la lumière à la petite. Peut-être n'aurais-je pas du.
"Sorry"
Excuse moi. Excuse moi de t'avoir plongé dans la lumière, d'avoir tué ton cocon de ténèbres. Je ne l'ai pas fait expres petite. Ma voix est neutre, mon visage impassible, et j'ai du mal a ressentir du remord mais je sais que je suis réellement désolé. Simplement je ne le sens pas. Je ne sais pas de quoi tu as peur, je ne sais pas qui tu es. Je ne sais pas ce que tu veux, ni quels sont tes rêves. Et cela ne m'intéresse pas outre mesure. La seule chose que je sais, c'est que mes lumières ont envahi ton monde d'obscurité, comme le blanc essaie toujours de dissiper le brouillard qui pour le moment protège mon esprit. | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mar 29 Juil - 17:23 | |
| Mourir, vivre, mourir, vivre, mourir, vivre, mourir…chaque mots à chacun de mes pas. Rythmé en couple. Je navigue, les bras ballant le long du corps, ma démarche peu certaine, le visage blafard. La douleur est là, bien présente. Mes côtes, loin d’être ressoudés m’empêche de dormir, d’où les quelques cernes sous mes yeux vairons. Mes bleus sont eux aussi présent. Mais ce n’est rien contre la douleur psychologique, celle de l’âme. J’ai beau faire Mlle S’en Sors Bien, j’ai peur. Peur qu’elle revienne et ce à chaque détours d’un couloir, à l’ombre d’une cellule, tapis contre le mur. Elle m’effraie, oui. Je ne veux pas la recroisée, parce que je serais de nouveau, incapable de me défendre comme il se doit. Je vis maintenant, avec cette peur au creux du ventre, celle de me levée et de vivre une nouvelle journée avec une épée de Damoclès au dessus de ma tête. Elle me l’a dit…temps que je serais ici, en vie, elle ne me laissera aucun répit. Je ne marche pas…j’hère. Un fantôme, sans but.
Cellule 16…
16 ans…
Violence Masculine… Gifle. Ivresse. Coup. Alcool. Douleur. Insulte. Pleur……Aux creux des reins il y a… ?
Je ferme les yeux. Hors de mes pensées s’il te plait….
Cellule 14…
14 ans…
« Elle ne sera plus là » Douleur à l’intérieur du cœur. Lancinante, Déchirante. Vous avez l’impression de sombrer dans un seau d’eau glacée. Plus rien n’existe autour de vous, juste la douleur et l’absence. Un monde qui deviendra votre enfer et tissera sa toile pour vous y enfermé jusqu’à une probable libération…
Cellule 11…
11 ans…
Gravé au sang. Elle croit que c’est une libération face à la souffrance du couple de ses parents. Non pas moi, mais Kathleen. Je me souviens encore de l’été où elle portait de tee-shirt à manche longue, de ses tâches de sang parfois. Son teint blafard et sa maigreur. Ses yeux lançant des signaux invisible aux regards des autres, jusqu’au jour où la mort à faillit gagner la course sur la vie…
Cellule 9
Pourquoi tout ces souvenirs d’un coup ? Ceux qui m’ont été les plus marquants refont surface petit à petit, alors que j’avais tant lutté pour qu’il reste enfouis dans un coin de ma mémoire. Mais je savais, qu’un jour, ils reviendraient. La mémoire est douée et agile. Elle sait revenir au bon moment, car contrairement à ce que l’on croit, elle n’oublie jamais ce qui nous à marqué. Frisson. J’ai un peu froid. Mon regard est rivé sur le sol que je trouve soudainement intéressante. J’imagine les personnes, aux âmes errantes, navigué sur ses dalles froides et humides. Pieds nues, chaines aux chevilles. La douleur de l’âme…j’en ai eu une belle démonstration avec Yoruichi, il y a peu de temps. Et je puis confirmer que la douleur physique n’est rien à côté. Notre relation est troublée, tanguant je ne sais où…
« Sorry ». Je me stoppe et me retourne vers ma droite. La cellule neuf avait la porte ouverte. La lumière éclairait quelque peu la pièce où je vis dans le fond, couvert par la pénombre, un jeune homme agenouillé auprès d’une femme. Avec un mouvement d’hésitation, je m’avance. La Cellule…il y plane comme une oppression. Mes frissons s’accentuent. Le froid me glace les côtes qi me firent grimacés. J’essayais du mieux que je pouvais de supporter la douleur sans prendre ses foutus médicaments qui m’endorme et me stone plus qu’autre chose. Au moins, je me sentais vivre…à demie.
« Tout va bien ? » Murmurais-je avec douceur.
La jeune femme aux longs cheveux sombre semblait pleurer et le jeune homme, à la chevelure tout aussi noir, est près d’elle. C’est lui qui à murmurer ce Sorry, cet anglais avec lequel j’avais assez de mal. D’origine Française, je n’étais pas Bilingue mais quand on vit dans un lieu où nous parlons une autre langue, nous nous adaptons vite à celle-ci. Le visage en détresse de la jeune inconnue me broie le cœur. Je n’aime pas la souffrance et encore moins quand elle colle les autres, c’est pas nouveau. Je suis comme ça. Un silence de plomb règne…
Petit Flocon de Neige, veut de nouveau égaré ses souvenirs…
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| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mar 29 Juil - 17:52 | |
| Le géant n'a pas bougé. Il ne semble pas s'être offusqué de mon recul. Moi, je ne bouge plus non plus. Tant qu'il ne me paraît pas hostile, je me sens un peu plus en sécurité, maintenant que je suis un peu loin de lui. J'ai un peu moins peur, malgré ses yeux qui me fixent toujours ; il m'apparaît à contre-jour, je ne vois que mal ses traits.
Mais mon attaque de panique n'est pas terminée. Je suis mal à l'aise. Normalement, lorsqu'on rencontre quelqu'un, on est censé lui adresser la parole. Je le sais, je suis humaine, tout de même. Mais je n'ai aucune idée de comment faire. Je ne sais pas parler aux gens. Et si je bredouille ? Il est certain que je vais bredouiller. Et ma voix sera un peu rauque, comme à chaque fois que je garde le silence pendant longtemps. Il va rire de moi. Tout le monde rit de moi, c'est évident. Je suis parano et je le sais. Il paraît que c'est l'agoraphobie qui rend les gens comme ça. C'est ce qu'on m'a dit. Mais ça n'excuse pas tout, on me l'a dit aussi. Merde, Adélie, fais quelque chose ! Tu vas pas rester là comme une niaise ! Il faut faire quelque chose, mais quoi ? Adopter la bonne vieille stratégie consistant à mettre de la distance entre moi et les autres ? Les mépriser en apparence et leur demander pardon en silence ? Non, les gens d'ici ne feront pas que m'en vouloir. Ce sont des Humains, mais pas n'importe quels humains. Il y en a certainement quelques uns qui n'hésiteraient pas à aller au-delà des moqueries, là où règne le sang et la douleur. Je veux pas qu'on me fasse du mal !
Je n'ai toujours rien dit. L'homme non plus. Merde ! Pourquoi ne parle-t-il pas ? Si je n'aime pas que l'on m'adresse la parole, j'aime encore moins ce genre de situation ou l'Autre attend quelque chose de ma part. Je n'ai pas les mots qu'il faut. Jamais. Combien de fois me suis-je maudite pour cela ? Combien d'amitié ai-je laissé passer bêtement ? La froideur a toujours été mon arme pour ne pas que l'on découvre ce qui se cachait au fond de moi. Heureusement, il finit par rompre le silence. Mais sa voix n'atténue en rien mon malaise. Sorry... Il parle donc anglais. Super... Le mien est plutôt mauvais. Mais bon, c'est mieux que rien. Il aurait pu parler exclusivement allemand ou même turque. Mais pourquoi sorry ? De quoi est-il désolé ? Je ne comprends pas. Je ne sais toujours pas quoi dire, et le malaise s'intensifie. Je transpire, je suffoque. Rien n'a changé. Mon psy m'a menti sur toute la ligne. Lui raconter ma vie ne m'a avancée en rien. Tout ce qu'il m'a permis de faire, c'est atterrir dans ce trou effrayant. Il faut que je parle ! Il a fait un effort, lui... Peut-être. Mais je ne peux pas, c'est trop dur. Pas encore. Parle-moi encore, force-moi à te répondre... Pose-moi une question, c'est plus facile ! Au secours !
Une silhouette. Je vois une silhouette entrer dans la salle. Il faut que j'arrête de pleurer. Ils vont se moquer de moi. La silhouette -féminine- ne semble pas en pleine forme. Ses pas sont hésitants, je ne peux m'empêcher de le remarquer. Mes yeux vont de l'inconnu à l'inconnue. Ils n'ont pas l'air méchants. Mais je ne sais pas parler. C'est comme ça. Depuis combien de temps ça dure ? Quand ai-je commencé à agir de la sorte ? J'y ai souvent pensé, sans trouver la réponse. Au début, c'était de la timidité, je crois... Tout simplement... Puis ça a grandi, grandi, enflé, et voilà. Arrête de penser à ça. Ca ne sert à rien. Tu n'es plus seule. On t'a posé une question. Tu voulais une question. Alors parle. Maintenant. Je tourne les yeux vers la nouvelle venue et réponds, d'une voix aussi rauque que ce que j'imaginais :
« Euh... Oui. »
Puis je retombe dans mon mutisme, incapable de prononcer un mot de plus. Il faudrait que je parle. C'est à moi de me présenter. Je suis incorrecte. Je suis malpolie. J'ai envie de me taper la tête. Je suis une incapable... Finalement, peut-être que je mérite d'être arrivée ici... Peut-être que je mérite d'avoir été prise pour une prisonnière... Si ça se trouve, j'ai sauvé la vie à un innocent. Comment savoir ? Mais je ne veux pas être là pour autant. Je suis égoïste et j'ai peur. Oui, peur, c'est le mot. Même si ces gens n'ont pas l'air belliqueux ou dangereux, j'ai terriblement peur. | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mer 30 Juil - 8:55 | |
| L'atmosphere de la piece est lourde. Comme si les molécules d'air pesaient soudain plus lourd. C'est une illusion évidemment mais le monde entier n'est-il pas une ? Les sentiments fusent dans tous les sens, immobiles. Ils s'entâssent, apparaissant par génération spontanée, et pèsent sur nos épaules. L'humidité triste des pierres ne fait qu'ajouter à ce poids. Rien de tout cela n'est réel vous savez ? Ce ne sont que des impressions, des réactions chimiques de vos corps qui travaillent sur votre cerveau. Ca ne devrait pas. L'esprit contrôle tout. La douleur, les sentiments, les intuitions, tout cela n'est en réalité qu'une succession de réactions chimiques traduites par votre cerveau.
J'ai coupé le traducteur.
Je ne suis pas étonné de l'arrivée de la nouvelle. J'avais entendu son pas inégal dans le couloir. Je ne pense pas la connaître mais cela dit je n'ai même pas tourné la tête pour voir de qui il s'agissait. La voix résonne à mes oreilles sans me rappeler qui que ce soit. Une voix féminine. Depuis mon arrivée, mes compagnons de cellule et le doc' exceptés, je n'ai lié connaissance qu'avec des femmes. Mais j'avais le même problème à la bibliothèque.
Mon visage reste fixé sur la nouvelle, inexpressif. J'aimerais la dessiner. Je comprend mieux les choses lorsque je les pose sur du papier. C'est comme ci j'avais besoin de voir mes dessins pour avoir accès aux sentiments induits par mes réactions chimiques. Les émotions de la pièce sont là, mais je n'arrive pas à les démêler et encore moins à les comprendre. Cela ne m'ennuie pas vraiment toutefois. La lumière blanche est partie et je suis de nouveau en paix avec moi même.
« Tout va bien ? »
Ce genre de question me laisse toujours un gout d'amertume au fond de la gorge. Evidemment que tout va bien, quelle question. Je suis mort. Comment cela pourrait ne pas aller ? Mais je sais qu'elle ne parlait pas de ça. Elle doit se dire que j'ai fait du mal au petit oiseau. Bah. Qu'elle pense ce qu'elle veut. D'ailleurs peut-être lui ai-je fait mal ? J'ignore ce qui c'est passé ces deux dernières heures alors je serais bien en peine de répondre.
« Euh... Oui. »
Elle a la voix rauque des gens qui parlent peu. Celle que j'ai parfois lorsque je ne vais pas LA voir pendant quelques temps. Douleur. Douleur dans la salle. Autant de la part de l'oiseau que de l'inconnue que je n'ai toujours pas prit le temps de regarder. Douleur dans les murs, torture d'un prisonnier je suppose, ou combat. Cela ne fait que deux mois que je suis ici, tout au plus. Et encore ai-je passé la moitié de ce temps à l'infirmerie pour veiller ma gardienne ou pour me soigner moi. Et pourtant, j'ai déjà beaucoup vu. Des viols, des cris, des passages à tabac. Entre prisonniers. Entre prisonniers et gardiens. Je suppose que les gardiens ont une salle s'ils veulent ce faire ça entre eux ? Rien de ce que j'ai vu ne m'a choqué mais parfois, comme ici, la chrysalide hurle de douleur et de désespoir.
Je prend son affirmation comme un pardon déguisé. De toute façon, si mon mot était sincère, je n'avais pas besoin de validation. Et je sais qu'elle répondait à l'inconnue, je ne suis pas stupide non plus. Le soucis c'est que la boucle est fermée et que j'ai comme l'impression que c'est à moi de parler. Or, moi non plus je ne sais pas vraiment parler. Des années de mutisme ne s'effacent pas. J'ai certes réapprit à marcher dans le monde des vivants, à avoir des interractions avec eux, et même, parfois à ressentir certaines chose auprès d'Elle. Mais cela ne veut pas dire que j'aime ça.
Adelie ne parlera pas. Sa voix n'aime pas sortir. Il reste à espérer que l'inconnue sache tenir une conversation. Sinon, tout cela risque de devenir très vite ridicule. | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Ven 1 Aoû - 12:15 | |
| La jeune femme me regarde, les yeux trempés de larmes s’écoulant sans retenue, le barrage levé. En revanche, le garçon ne se retourne pas. Comme absorbé par la victime, tapis dans l’ombre. Un sentiment de mal aise occupait l’ensemble de la pièce. Me tenant, ou plutôt me soutenant aux barreaux de la porte, je les observe tour à tour. L’une reflétait la crainte, l’insécurité. Fragile comme une rose sous la pluie, écrasé par le poids des larmes. L’autre, incarnant la sérénité et le silence, ne bougeant pas d’un pouce, observant en priorité. Je me sens un peu bizarre parmi eux. Mes yeux allant de l’un à l’autre, je me demande ce qu’il c’est passé. Après quelques secondes de silence interminable, la jeune femme ce décide à me répondre d’une voix rauque :« Euh... Oui. »C’est comme si elle n’avait pas parlé depuis des jours et des jours. Sa voix est sortie quelque peu écorché, grave. Je penche la tête de côté. Bien sur que non ça n’allait pas, mais ma question « Tout va bien ? » voulait plutôt dire « Qu’est-ce qu’il se passe ? ». Je suis un peu maladroite dans mes mots, comme dans mes gestes. Puis le silence retombe telle une enclume sur le temps. J’ai l’impression que les secondes sont interminables et qu’aucun des deux n’ai décidé à ouvrir la boite à parole. Trop effrayé ? Non…peut-être est-ce seulement dans leur nature tout simplement. J’aurais bien aimé que lui aussi soit comme ça, sans voix et qu’il se taise à jamais. Qu’il ne m’ait jamais sortie toutes ces injures et ces mots qui ne devraient pas sortir de la bouche d’un être humain. J’aurais aimé aussi qu’il soit paralysé, pour que jamais il ne lève la main sur mon corps… Pourquoi faut-il que tu reviennes maintenant ? Je t’ai mis à l’écart de mon esprit pendant ces quatre dernières années. Bien sur parfois tu as tenté de remonté le canal des souvenirs, mais avec la plus grande volonté qui soit, je t’ai rejeté dans le trou. Seulement ici, je suis affaiblis, aussi bien physiquement que mentalement, et bien sur tu as sue trouvé ce moment pour revenir à la charge et cette fois terminer ta tâche : me détruire. Je secoue la tête doucement, comme pour le chasser de mon esprit avant de reporter mon intention sur les deux inconnus face à moi.
Doucement je m’approche près d’eux, voulant comprendre et si possible, apporter un peu de mon aide. Mes pas sont lourds et incertain, comme si le poids de la douleur essayait de me mettre plus bas que terre. Je viens m’asseoir sur le lit, près du jeune homme qui lui, était toujours accroupis non loin de l’inconnue. Dans cette position il faisait la taille de la jeune femme, qui était certes petite, mais quand même…le garçon devait être de grande taille, impressionnante. Mon regard se reporte sur la jeune fille qui avait l’air totalement terrorisé. Mon cœur se serre devant tant de peur, de crainte et de chagrin. J’ai toujours été très réceptives aux sentiments des autres, ressentir leur douleur, leur joie…Face à se comportement, j’en déduis qu’elle doit être nouvelle, alors dans ces cas là, ces larmes ne me surprennent pas. J’avais moi-même pleurer comme une perdue, lors de mon entrée à Sadismus. Le pire c’est d’y rentrer alors que vous savez que vous n’avez rien à faire ici, que vous êtes innocent jusqu’au bout des ongles. Cette envie rageante de crier, de tout balancer tout en sachant que cela ne résoudra rien à votre situation. Condamnée, la justice à parler. Point barre. Et le pire….c’est d’avoir la clef de votre liberté.
Petite fleur n’ai pas peur…
Je m’approche doucement de sa personne, lui effleurant le bras avec une infime douceur :« Tu n’as rien n’a craindre…ni de moi, ni de lui »Je regarde en biais le jeune homme, ne ressentant aucune menace de sa part. Au contraire, il était d’un calme olympien et avait une aura…qui m’impressionnait. Je n’avais aucune envie d’être désagréable envers sa personne, au contraire, il imposait un respect. Peut-être due par son silence et son calme. Allez savoir. Je ne suis pas bavarde, mais je n’aime pas non plus rester trop longtemps silencieuse. Comprenant qu’il va me falloir beaucoup d’effort pour extirper des mots de leur gorge, je mis en marche mon atout le plus grand : ma patience. Surtout qu’ici, les mots n’étaient pas particulièrement nécessaires pour comprendre la détresse de la jeune fille. Un léger sourire pour la rassuré, aux lèvres, je tends la main vers elle avant de dire doucement : « Je m’appelle Bella Hope. Je suis dans la cellule 21. Et toi ? »Le « Et toi » se dirigeait vers elle mais aussi vers le jeune homme, qui j’espérer prononcera ne serait-ce que son nom. | |
| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Ven 1 Aoû - 18:23 | |
| J'ai cessé de pleurer, à présent. Mes larmes ne sont pas encore tout à fait sèches, mais elles ne coulent plus. C'est déjà un début. Il faut que j'arrête là ma folie. Il faut que je me calme, que je respire. Il n'y a pas de raison que je réussisse moins qu'une autre. De toute façon, tout ce qui m'arrive est entièrement ma faute. Je n'ai aucun doute là-dessus. Si je n'avais pas agi comme une imbécile, rien de tout cela ne serait arrivé. Si j'avais réagi plus tôt, je serais encore en train d'étudier les mathématiques, et je serais sur le point d'obtenir une licence. J'aurais une vie d'étudiante normale, passant des après midis et des soirées avec des amis, libre de toute peur, de toute angoisse. Mais rien ne s'est produit de la sorte... J'ai réagi trop tard, beaucoup trop tard. J'ai été trop conne. Je ne pensais pas que ça me mènerait en prison. Quelle conne ! Les deux personnes semblent plutôt calme. Elles ne me font pas peur à proprement parler. Mais je tremble encore un peu. Comment leur parler ? Comment m'adresser à cet homme et à cette femme ? Ils vont me trouver niaise ! Ils vont se moquer de moi et je l'aurais bien mérité. Mais malgré ça, je n'ai pas envie que ça arrive. Je dois me reprendre avant qu'il ne soit trop tard ! Si je continue sur cette voie, je vais finir au fond du trou en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Mais non, c'est trop dur... Je ne sais pas avancer, je ne sais pas évoluer. Merde, mais je suis vraiment trop conne !! Ca ne m'a pas encore servi de leçon ?? Il faut croire que non...
Toujours aussi conne. Toujours aussi nulle. Toujours aussi gamine. Et toujours aussi perdue...
Je veux sortir de là, je veux mes parents. Mais je veux qu'on m'aide, je veux changer, je veux être normale ! J'ai envie de crier, surtout... Mais je reste muette, la poitrine et la gorge oppressées, incapable de dire quoi que ce soit, incapable d'exterioriser ma peur autrement que par des tremblements incontrôlés, par des sensations d'étouffement et une transpiration désagréable. Plus j'essaie de me calmer, et plus la situation empire. J'ai l'impression que mon esprit s'éloigne de mon corps, et je vois la scène d'au-dessus, sans la voir. Je suis pitoyable. Complètement ridicule ! On dirait une gamine de dix ans... Calme-toi... Calme-toi ! Ma respiration est toujours aussi rapide, mais douloureuse. Je suffoque, je vais mourir ! Tais-toi, tu ne vas pas mourir ! Mais ils me regardent, ils rient, ils me jugent, je dois faire quelque chose ! Faire quelque chose... Quoi ? « Tu n'as rien n'a craindre…ni de moi, ni de lui », me dit la jeune femme. J'avais compris. Je crois... Ils ne me veulent pas de mal. Ils ont l'air gentil. Elle a raison de me parler de la sorte. Elle a vu que quelque chose n'allait pas. Est-ce qu'elle me juge ? Je n'ai même pas fait attention au 'tu' utilisé par cette jeune femme. Il aurait pu m'étonner quelque peu, mais non, même pas... Peut-être ai-je de vieux clichés provenant de films qui veulent que les prisonniers se tutoient... Ou bien peut-être le fait que les gens que j'ai côtoyé dans ma courte existence ne m'ont jamais vouvoyée... Me juge-t-elle ? Ne me juge pas... Je ne suis qu'une petite fille perdue dans un corps adulte. Je ne suis qu'une petite fille incapable de prendre la moindre décision, incapable de parler aux gens, incapable de réagir normalement à une situation normale. Je ne suis qu'une petite fille un peu naïve, un peu trop cruche, un peu trop coincée. Entre deux inspirations difficiles, je réponds :
« Je s... euh... oui, merci... »
Je baisse les yeux. Ma voix n'est plus aussi rauque, mais elle n'a pas pour autant retrouvé son timbre normal. De toute façon, avec moi, ça a toujours été tout ou rien. Lorsque je commence à me sentir en confiance, ma voix devient souvent trop forte, trop aigue. Comme si je voulais cacher mes peurs derrière une apparente exubérance. Mais cette assurance feinte ne me fait que redouter plus encore la réaction des autres. C'est un cercle vicieux duquel je n'ai jamais appris à sortir. Je voudrais juste être normale. Ne plus avoir peur. Et savoir parler... Juste avoir des amis, qui n'auront pas peur ni pitié de moi. Je ressens une grande honte aux mots que je viens de prononcer. Mes paroles sont inutiles, complètement inutiles. 'Merci'... Quelle pitié ! Pourquoi ai-je dit ça ? Pourquoi ?? A présent, je tente avec difficulté de retenir de nouvelles larmes, de honte cette fois. Je suis décidément bien ridicule.
« Je m’appelle Bella Hope. Je suis dans la cellule 21. Et toi ? » Je ressens une bouffée d'affection pour cette jeune femme. A croire qu'elle a tout compris de moi. Elle se montre douce et gentille avec le papillon égaré que je suis. Je souris avec peine. L'un de ces sourires dénués de joie de vivre, mais emplis de reconnaissance. L'un de ces sourires qui disent tout simplement 'merci'. Un sourire faible, certes, mais le premier que mes lèvres ont esquissé depuis mon départ de chez mes parents. Merci, Bella. C'est tout ce que j'ai envie de dire en cet instant. Mais fidèle à mes pensées, je songe que je me rendrais ridicule de remercier ainsi cette inconnue. Elle ne comprendrait pas. Et l'homme qui me fait toujours face, impassible, ne comprendrait pas non plus -si tant est qu'il puisse comprendre quelques mots français. Non, il faut que je réponde simplement à sa question. Il faut que je leur montre que je suis normale. Je ne les connais pas assez pour me confier à eux, malgré mon désir de le faire. Je dois me protéger à tout prix. Contre quoi ? Je n'en sais rien. Contre moi, sans doute... Contre ma peur irraisonnée et pernicieuse qui m'inflige trop de souffrance.
Toujours cette peur de se rendre ridicule. Cette peur d'être jugée. Cette peur d'aller vers les autres. Cette peur d'accepter que les autres viennent vers moi... Cette peur d'avoir peur, en somme. Quelle conne... Reprends-toi une bonne fois pour toute !
« Euh... Moi, c'est... Adélie... Roche. Et, euh... ma cellule, c'est... ben la 9, celle-là... »
Je bredouille. C'est pitoyable. Mais j'ai aligné deux phrases, c'est un début. M'enfin, ce n'était pas très dur, j'avais une longue perche à laquelle me tirer. Je n'ai pas beaucoup de mérite, mais peu importe. L'essentiel est que je m'en sorte à peu près. Surnager est déjà un bon début pour ne pas couler... Bien que ça ne suffise généralement pas. Une question. Pour qu'une conversation puisse continuer, il faut poser une question. Vas-y, fais un effort, tu sais parler autant qu'un autre ! Une question, ce n'est pas si dur à trouver, tout de même ! Où se trouvent les téléphones ? Je veux appeler papa et maman, leur dire que tout va bien pour moi, que c'est dur de m'intégrer mais que j'y parviendrai. Leur mentir. Encore une fois... Y a-t-il des endroits calmes où je puisse m'isoler quand ça ne va pas ? Comment c'est ici ? Calme ? Oui, il y a tout plein de questions que je peux poser. Des questions générales, des questions sur la prison, des questions plus personnelles... Qui es-tu vraiment ? Pourquoi es-tu là ? Quel âge as-tu ? Autant de questions anodines qui peuvent m'aider à me rapprocher plus facilement. Mais non, pas encore... C'est trop tôt. Plus tard peut-être... | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Dim 3 Aoû - 19:28 | |
| Le silence n'est plus le même. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais les silences parlent souvent a ceux qui savent les entendre. Ils sont plein de ces mots que l'on ne prononce jamais. Ces phrases inconscientes que le corps et le coeur projettent autour de nous. Les auras de chaque personnalités s'échappent dans un lieu clos pour s'harmoniser ou se combattre. Le vide existe car il est impossible de le voir. Comme le temps, il n'a pas besoin de mots ou de mesure. On ne peut ni le saisir ni le contrôler. Le vide est la seconde chose au monde.
Et naturellement, comme les hommes ont peur du temps et essaient de le contrôler avec des montres, ils ont peur du vide et de sa fausse manifestation physique, le silence. Alors ils le cassent, ils le détruisent, ils le remplissent de mots, de sentiments, de bruit. Parfois même de pleurs et de peurs. Amusant d'ailleurs comme ces deux mots sont presque identiques. Une seule lettre dans ma langue maternelle, Fears et Tears en anglais... et je ne sais pas pour l'allemand.
La blessée se déplace vers nous et s'asseoit sur le lit. De ses mains, elle touche le petit oiseau, caresse son plumage avec des mots rassurants. Je n'avais pas pensé à faire ça. Je ne suis pas très physique avec les autres humains. Je peux sentir une pierre en la frôlant, caresser le grain du bois pendant des heures ou voir la beauté sensuelle d'une feuille de papier encore vierge, mais les humains, non. Et elle parle. Elle dit que l'on ne fera jamais de mal à l'oiseau blessé. Enfin c'est ce que sa voix dit. Qu'il ne faut pas avoir peur, que tout va bien, que tout ira même mieux. Sa voix ment mais elle est sincère alors ça passe. Moi je ne dis rien. Je continue à regarder la nouvelle. Mais être à genou est fatiguant et je ne suis pas du tout quelqu'un d'endurant. Alors, doucement pour n'effrayer personne, je glisse mon genou sur le sol, puis l'autre, et je me retrouve assit en tailleur sur le sol de pierre.
Doucement, mes paupieres tombent sur mes yeux, les cils du haut touchent ceux du bas, mon regard se repose dans l'obscurité une fraction de secondes puis les paupières se relèvent et je revois exactement la même scène. Celle que je voyais même dans l'obscurité. Stupide mémoire rétinienne qui nous fait perdre les beautés inconnues de la vie. LEs filles se présentent. Douleur est Belle, Peur est Adelie. Moi je suis... je ne suis rien, mais j'ai un nom, et il se trouve que l'on m'a apprit qu'il était poli de le donner quand on vous le demandait. Cela ne me coute pas grand chose. Donons donc.
"Siriel. 31"
J'ai parlé en anglais, comme souvent. Le français est toujours bloqué dans mon coeur et l'allemand bourdonne trop dans ma tête. Je le comprend de mieux en mieux mais le parler m'est toujours difficile. Parler n'est de toute façon jamais facile. Je cille à nouveau, tourne la tête vers Bella et la regarde calmement, lentement, dans l'obscurité. Je sens toujours autant de douleur venir d'elle. D'ailleurs elle boitait.
J'ouvre la bouche pour parler. Mais rien ne vient. Ce n'est pas la voix qui déconne, ce n'est pas l'angoisse ou la peur d'être jugée comme pour Adelie, non. C'est juste que je n'ai rien à dire. Un grand vide à la place de mes pensées. Je ne me pose aucune question, je ne ressens rien, et ma vie est un grand blanc que seule Sarah remplit parfois, rythmée par mes scéances avec Elle. Deux choses dont je suis totalement incapable de parler. Je détourne à nouveau la tête lorsqu'il me vient une idée. Dans la poche de mon uniforme j'ai un dessin que j'avais fait pour Damara. Quelque chose que j'ai vu ce matin. Deux oiseaux perchés sur les barbelés. Des tourterelles. Ces oiseaux qui vont toujours par deux et qui roucoulent.
Doucement, je pose ma main sur ma poche, sur mon coeur, puis je prend le dessin, toujours très lentement avant de tendre bras, main et papier plié entre Bella et Adelie. Je ne sais pas à qui je dois l'offrir, je veux juste qu'un des deux le prenne et le regarde. Avec de la chance, cela relancera la conversation. Et quoiqu'il arrive, ça me présentera mieux qu'un simple numéro de cellule.
Dernière édition par Siriel Silver le Ven 8 Aoû - 15:47, édité 1 fois | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Ven 8 Aoû - 15:36 | |
| Un faible merci, comme si le prononcé était une condamnation ou une torture quelconque. J’ai l’impression que parler lui demande un effort surhumain. Elle baisse les yeux. L’atmosphère est bizarre, insaisissable. Enfin, le jeune homme glisse doucement sa jambe sur le sol pour s’asseoir en tailleur. Je le regarde doucement. A ne pas parler, il me fait pensé à un homme, enfermer dans une prison de verre. Lui nous entends, mais nous non. Comme si, son esprit était emprisonné dans la prison du silence. Je me demande si c’est aussi silencieux dans sa tête, qu’ici, ou si c’est un gros brouhaha insoutenable. Enchainer dans son être intérieur, condamnée à se taire à jamais… Il m’intrigue, attise ma curiosité. Je le regarde brièvement, pour ne pas gêner. Je me demande de quoi est composé son propre monde. C’est peut-être comme une grande étendue d’eau, en pleine mer où aucun bruit ne vient perturber le silence, maitre des lieux. Lui sur un radeau, perdue et se laissant guider par les vagues et le vent. Seul avec Lui-même. Perdue et attendant quelque chose sans rien attendre…je n’en sais rien. J’imagine juste. Cette idée me rend un peu triste. Je n’aime pas la douleur morale, sur les autres et sur moi. Je suis une véritable éponge, absorbant chaque douleur et souffrance, pour les recraché par la suite –ou pas-. Je regarde Adélie qui vient de se présenter d’une voix tremblante et peu sur d’elle. Et ton monde à toi, de quoi est-il composé ? De peur, d’incertitude, de fragilité, de pleure et de méfiance. Un monde fragile et en manque d’équilibre. Tout tangue. Elle me sensibilise, me rappel la personne que j’étais il y a cinq mois ou plus. Fragile petite fleur, pleurant autant qu’elle le pouvait, incontrôlable. Adélie est un muret qui craque sous le poids des humains assit dessus.
"Siriel. 31"
Anglais absolument parfait, présentation brève mais bien faite. Je me retourne vers lui. Alors tu t’appel donc Siriel et es placé dans la cellule 31. Tu es un personnage curieux tu sais. Tu m’intrigues beaucoup. Être scellé a double tour par un cadenas avec une combinaison encore inconnue à mes yeux. Plongé dans l’abyme, c’est comme s’il était mort de l’intérieur. Sa me fais tout drôle de penser sa, mais l’expression sans vie, sans émotion de son visage est perturbant. Lui aussi me regarde, j’essaie de scruté ses yeux sans rien y trouver. C’est très troublant. Mes ecchymoses sur le visage sont encore visible mais beaucoup moins qu’il y a quelque jours. Siriel ouvre la bouche mais aucun son ne sort. En moi, un petit espoir était né pour qu’à son tour il parle réellement. Ne serait-ce qu’à demi-mot. Au lieu de ça, il pose la main sur sa poche et en sort un papier plier en quatre qu’il tend vers moi et Adélie. Je regarde celle-ci, me demandant de quoi il s’agissait. Puis d’un geste lent et doux, je viens saisir la feuille entre mes doigts pour enfin déplié ce mystère.
Je vois alors dessiner deux oiseaux, perchés sur des barbelés. Je ne m’y connais pas en espèces d’oiseaux. Après tout je commençais juste à apprendre la faune et flore avec mon Professeur Damara. Femme admirable. Je regarde plus attentivement le dessin. Les détails sont contradictoire…les oiseaux représentent pour moi la liberté, mais les barbelés sur lesquels ils sont perchés, représentent l’emprisonnement. Enfermé tout les deux contre leur gré, regardant au loin un semblant de liberté qui leur à échapper du bout des doigts. Mais pourtant, ils restent ensemble. Ils pourraient partir, mais non. Si un des deux à décider de rester ici, l’autre fera de même. Que signifiait ce dessin pour Siriel ? Peut-être représentait-il une part de lui. Je le tends à Adélie pour qu’à son tour elle puisse le regarder. Une chose est sur, le jeune homme sait comment manier un crayon et je sentis un manque. Je n’avais pas touché à un crayon depuis bien des mois et je doute que mes compétences soient restées ancrés. J’attends patiemment qu’Adélie est finit de regarder le dessin avant de murmurer en souriant :
« Très bon coup de crayon. Tu dessine souvent ? »
Douceur est ma nature, le mal est mon physique. Une douleur m’élance au niveau des côtes, qui me fit grimacer légèrement. Respirer doucement…je vais mourir ici, alors que j’ai en main les papiers prouvant noir sur blanc mon innocence. Idiot de ma part de rester ici n’est-ce pas…Je regarde alternativement Adélie et Siriel. Si vous aviez ici, la personne qui vous complètes et qui soit votre seul point d’appuis, que feriez-vous ? Bien sur il y a Etoile, et elle compte énormément pour moi. Mais Yoruichi c’est différent. Tout est différent dans ce monde… Adélie tremble, comme si elle avait froid. Je penche la tête de côté et me lève doucement. Nous sommes tout les trois terrés dans un silence qui ne fait que crier notre propre douleur. Quelque part, nous sommes tous lier. Je sens Adélie tendus comme un fil de barbelé, saignant son être et son cœur. Siriel, lui est toujours enfermé dans ce mutisme qui m’intrigue de plus en plus. Il n’est pas muet, juste silencieux. Au moins un qui ne l’ouvrira pas pour rien dire…J’apprécie sa compagnie bizarrement. Je viens me placer derrière Adélie, lui tenant doucement la main, la forçant avec tendresse à s’asseoir et je viens me coller à elle, l’entourant de mes bras pour la calmer un temps soit peu. Regarde nous petite fleur, ni moi, ni lui, nous ne te voulons du mal. Bien au contraire. Même Lui qui est impassible, n’a pas l’air d’apprécier de te voir comme ça. Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te blesser, juste te réchauffer un peu et te rassurer. Apaise toi doucement, et sa ira mieux, sans aller mieux. Logique. Sa n’ira jamais mieux ici, mais mieux vaut taire cette idée. La Fleur est déjà assez fragile comme sa. Je repose mon regard vers le jeune homme, doucement.
« Que représente pour toi ce dessin Siriel ? »
Un anglais un peu troublée de ma part. Je n’ai jamais été douée en langue, mais l’anglais commençait peu à peu à s’introduire dans mes cellules grises. Son regard m’intrigue, mes yeux verrons se lie aux siens, tentant de déchiffrer cette brume si épaisse… | |
| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Ven 8 Aoû - 18:36 | |
| Siriel, 31. Je crois avoir compris le numéro de cellule -si c'est bien de cela qu'il s'agit-, mais je peux me tromper. Mon anglais est loin d'être parfait. Comme tout chez moi, d'ailleurs.
Le silence retombe sur la voix apparemment paisible du dénommé Siriel. Cet homme m'impressionne. Laconique au possible, il est assez mystérieux en comparaison de moi qui suis trop prévisible. Je le sens calme, serein... J'aimerais tant être comme lui ! Ou plutôt comme ce qu'il semble être. Au fond, peut-être n'est-il pas du tout comme je l'imagine. Si ça se trouve, il est comme moi... Avec en plus cette capacité de le cacher et de paraître taciturne. Cette faculté de demeurer dans sa coquille et de ne livrer au monde que ce qu'il veut lui livrer. Un don qui serait aussi un fléau si je le possédais. Comment se sortir d'un trou que l'on se creuse soi-même et dans lequel on s'enterre vivant ? Un peu d'ouverture au monde ne peut qu'aider à aller mieux. Mais en réalité, je ne sais rien de lui. Son mutisme peut cacher beaucoup de choses et je ne peux pas en juger. Le silence dure et je pense toujours à cet homme sans le regarder. Je fixe le sol, consciente du ridicule de ma situation. Bon sang, je suis dans ma cellule ! Pourquoi est-ce que je reste au milieu, debout, les bras ballants, sans savoir où me mettre ni où fixer mon regard ? Pourquoi parviennent-ils à tout cela, eux ? J'ai beau être nouvelle ici, cela n'excuse pas tout ! On croirait que j'ai fait intrusion dans leur monde, dans leur maison. J'ai l'impression de m'être introduite dans le bureau de mon employeur... Mais non, je suis en prison, dans ma cellule ! Bouge-toi, Adélie, fais quelque chose ! Une boule me monte dans la gorge. J'ai à nouveau envie de pleurer. Pourquoi suis-je restée une gamine effrayée ? Pourquoi ne suis-je pas normale ? Merde, je suis ridicule ! Et puis, cette Bella... Elle semble douce, elle fait tout pour me mettre à l'aise. Alors pourquoi ne suis-je pas à l'aise ? Tous les deux, ils semblent tellement calmes, tellement... Tellement mieux que moi... A côté d'eux, je fais bien pâle figure. Oui, ridicule est bien le terme. Je suis ridicule. Je suis une merde risible que l'on ne voudrait même pas écraser de peur de se salir... Je n'ai jamais rien inspiré d'autre que de la pitié. Misérable... Je retiens mes larmes à grand peine. Le silence est toujours là et il pèse sur mes épaules comme le ferait un boulet. Parlez-moi !
Mon esprit n'est qu'une tempête sans cesse renouvelée. Il faut que je me calme... Mais j'ai si peur !
C'est drôle, dans ce silence qui me semble durer une éternité alors qu'il est au contraire très court, je repense à une chanson que je me chante souvent. Une chanson qui m'enfonce au plus profond de mon désespoir mais qui est si belle, si mélancolique... J'ai envie d'entonner cet air et de le laisser planer dans le vide de ma cellule. Une chanson, une voix rassurantes. Mais une chanson qui ne fait qu'agrandir mon malaise et mon mal-être.
Toc ! toc ! toc ! Embrasser un espace silencieux, Frapper les murs inutilement, Et tout laisser en non-dits. Bienvenue dans la solitude !
Je chasse la suite. Je ne suis pas seule dans ma chambre confortable de Clermont Ferrand. Je suis en taule et deux personne m'ont rejointe dans mon désarroi. Je leur en suis infiniment reconnaissante. Mais incapable de le dire, je me tais. Même mon regard ne parle pas, il fuit. Il fuit le leur, il fuit les larmes qui menacent de couler. Aujourd'hui, je crois avoir fait la pire de toutes les erreurs de ma vie. Celle qui me coûtera le plus. Celle que je ne pourrai pas effacer. Je suis condamnée. Condamnée à l'enfermement perpétuel, à cette pénombre glaciale et à ne jamais oublier mes peurs. Je croyais avoir déjà touché le fond, je me suis trompée. Je parviens encore à sombrer davantage.
Bienvenue dans la solitude... Solitude...
Regarde autour de toi, merde, tu n'es plus seule !
Au fond, je recherche la solitude autant que je la crains. C'est lâcheté, c'est facilité. Mais je ne suis pas quelqu'un de courageux. Enfin, après quelques longues secondes, j'ose un regard vers le géant... Siriel. Il nous tend un papier. Je regarde cette petite feuille pliée en quatre, ne sachant pas que faire. Heureusement pour moi, Bella le prend et le déplie... avant de me le tendre. Je prends le papier, hésitante, puis risque un pâle sourire. Je ne sais pas quoi dire. Alors je regarde la feuille. C'est un dessin. C'est très joli. Deux oiseaux perchés sur un barbelé. Comme je les envie ! J'aimerais tant m'envoler... Mais je me suis coupé les ailes il y a fort longtemps. Les oiseaux sont libres. Libres de battre des ailes et de quitter ce barbelé. Et pourtant ils sont là, comme s'ils ne craignaient pas l'évocation de la prison. Ils n'ont pas peur... ils sont sereins. Je pense que Siriel leur ressemble. Lui aussi semble serein. Comme si cette prison et ses maux passaient sur lui comme de l'eau sur une tige d'herbe... Comme s'il pouvait s'envoler à tout moment pour quitter cette noirceur. Alors dans ces conditions, à quoi bon avoir peur ? Bella pose une question. En anglais. Je ne comprends pas bien le début. Par contre, j'ai saisi le sens de la question. Je crois. Je peux me tromper. C'est si fréquent ! Je trouve que Siriel dessine vraiment bien. Moi, je n'ai pas ce don. Il a de la chance. Dessiner doit permettre d'évacuer le trop-plein d'émotions, parfois... C'est comme écrire. Je ne sais pas écrire non plus. Mes mots sont maladroits. Et de toute façon, j'aurais trop peur que quelqu'un tombe sur mes écrits et ne découvre ce que je cache au fond de moi. J'attends la réponse de Siriel. Je ne comprendrai peut-être pas. Mais ça ne fait rien, je pense... Je suis toujours debout au milieu de la pièce, les joues brûlantes, les larmes prêtes à tomber, les jambes lourdes et le coeur battant la chamade. Je tiens maintenant le papier, ne sachant qu'en faire. Je devrais le rendre à Siriel, ou à Bella. Mais j'ai peur d'interrompre leurs pensées, peur qu'ils me jugent. Comme toujours, j'attendrai que l'on me le demande. Et s'ils oublient... J'aviserai. Si j'ose.
Du coin de l'oeil, je vois Bella se lever. Est-ce qu'elle part... déjà ? Elle est si calme ! Je suis sûre qu'elle serait parvenue à me transmettre un peu de sa douceur... Heureusement, je me suis trompée. Je n'ose pas la regarder, mais je la sens s'approcher de moi. Je me laisse faire, pour une fois. Le contact de sa main dans la mienne me fait frissonner. Je n'ai pas l'habitude. Mais sa chaleur est douce, alors je n'essaie pas de m'enfuir. Bella me fait asseoir, ce que je fais timidement. Après tout, c'est chez moi, à présent... Et je sens maintenant la jeune femme qui m'enlace doucement. Je ne bouge plus, je suis pétrifiée. Je n'ai jamais su réagir aux étreintes. Je n'ose pas la regarder, je n'ose pas lui rendre sa douceur. Je reste juste immobile et tendue, heureuse de recevoir un peu de chaleur mais désemparée. Mes mains sont posées sur mes cuisses mais je tiens toujours le dessin.
Toc ! toc ! toc ! Tous mes mots gèlent à l'intérieur de la machine... Solitude...
Oui, solitude, même au plus profond de la foule, même pendant cette étreinte chaleureuse.
Une nouvelle question de Bella en anglais. Je reconnais deux mots : 'dessin' et 'Siriel'. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle a demandé. J'espère qu'ils ne s'en rendront pas compte ni ne m'en tiendront pas rigueur. Ils pourraient croire que je ne m'intéresse pas à eux. Ce qui est faux, au fond... | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Sam 9 Aoû - 19:40 | |
| Les mers d'huile sont aussi fatales que les plus grande tempêtes mais leur danger est pareil a ce que l'on nomme la mort blanche. Elle est silencieuse, insidieuse, elle penetre en chacun sans se faire remarquer et tue de l'intérieur. Elle m'a prise il y a 20 ans mais elle aime garder l'illusion de la vie. Oui, une illusion. Ce monde n'existe pas vraiment, j'en suis persuadé. Il n'est donc pas utile d'avoir peur. que pourrais-je craindre franchement ? Qu'on me batte ? Je finirais bien par sombrer dans l'inconscience. D'avoir mal ? Aucune douleur ne peut surpasser celle que je porte depuis la mort de Sarah. Qu'on me tue ? Mais allez-y, je vous en prie.
Bella va plus loin dans sa tentative pour rassurer Adelie. Elle la prend dans ses bras et la câline. Il s'agit surement d'un moment de tendresse mais je n'ai pas l'impression de gêner alors je ne bouge pas. Je ne ressens rien. Aucune émotion. Même pas une impression de vide, alors qu'elles sont toutes les deux si pleines de choses. Adelie n'est que peur et angoisse, Bella représente l'amour et la douleur qui y est toujours liée. Il n'y a pas d'amour heureux.
« Très bon coup de crayon. Tu dessine souvent ? »
On me dit souvent que je dessine bien. Peut-être parce que je n'y met pas de prétention. J'utilise le dessin comme moyen de communication pour montrer le monde tel que je le vois. J'ai la chance de savoir instinctivement comment représenter un volume ou une ombre avec un crayon. Enfin instinctivement c'est beaucoup dire. Je dessine en effet tout le temps depuis tout petit et ça c'est accentué depuis la mort de Sarah et mon mutisme. Je ne sais pas ce que j'aurais fait que Damara ne m'avait pas donné des crayons et du papier. Je ne garde pas mes dessins, ils n'ont pas grande importance a mes yeux mais dessiner est essentiel dans ce monde sans roses ni loups. Je regarde Bella et Adelie enlacées et je hoche la tête. On peut dire que je dessine souvent, oui.
Le dessin passe au petit oiseau et Bella se lève. Elle semble troublée. Elle devrait La voir. ELLE pourrait l'aider. Mais je ne dis rien, ça doit venir d'elle. Et puis je n'aime pas tellement qu'on me la prenne. Ca ne me dérange pas vraiment mais ça m'agace. Bref. J'ai comme l'impression de mélanger la chronologie des évènements. Je ne sais plus ce qui était avant, ce qui est maintenant ou ce qui sera. Cela n'a pas d'importance. Le temps est trop réel pour cette illusion. Il faut bien qu'il y ai des ratés parfois.
« Que représente pour toi ce dessin Siriel ? »
Adelie semble hésiter, le dessin à la main. Doucement j'allonge mon long bras, touche sans forcer la main qui tient le dessin et met un peu de pression pour le repousser vers elle. Histoire de lui dire que c'est à elle. Quand à la question de Bella, j'ignore quoi répondre. Il ne représente que ce qu'il est. Deux tourterelles sur des barbelés. Pourquoi mettre des symboles sur la beauté du monde ?
"Les oiseaux en cage chantent."
Je fais une pause, et je réfléchis un peu pour voir si je continue ou pas. Finalement je me résous a ajouter une phrase à l'ensemble pour bien expliquer.
"Chanter c'est être libre"
Conclusion, les oiseaux même en cage restent libres. Ici, ils ne peuvent qu'emprisonner notre corps, cette illusion physique de notre être. Mais l'âme est tout. elle est immatérielle et immortelle. Il n'y a que l'esprit qui peut-être la prison de l'âme. Je suis prisonnier depuis ma plus tendre enfance. Adelie aussi est prisonnière de ses peurs. Mais toi Bella tu peux être libre. Et je pense qu'Adelie si elle trouve la force de chanter, peut-être libre aussi. Moi c'est différent, la prison est ma place. Je suis coupable.
Je fixe les deux femmes de mon étrange regarde sans expression. J'ai parlé en anglais bien sur, avec mon étrange accent de Londres mâtiné d'un rien d'accent parisien. Ma voix, toujours aussi grave, semble se faire avaler par les pierres derrière elles. Rien ne résonne, rien ne rebondit, rien ne reste. Mes mots n'ont pas de portée assassine. Ils meurent aussi vite qu'ils naissent. | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Lun 11 Aoû - 16:25 | |
| Je la sens comme tendus, comme si mon contact n’était pas normal, naturel. Je ne force rien, desserrant un peu mon étreinte pour ne pas la rendre trop mal à l’aise. Je ne lui en veux pas, elle est tellement effrayer et sur les nerfs que le moindre geste envers sa personne la panique, perturbe et la rend mal. Du calme Petite Fleur, sa ira mieux les prochains jours. Sa ne peu pas aller plus mal qu’aujourd’hui…essayons de nous en persuadés veux-tu ? Tu ne peux pas baisser les bras…toujours se relever plus fort et plus brave. J’ai la réputation d’être…optimiste. Beaucoup trop parfois, mais il n’y a que comme ça que j’arrive à survivre. En essayant de trouver un petit brin de lumière, aussi infime soit-il dans l’obscurité de leur monde. Essaye toi aussi Adélie, ça aide…je te le jure.
Lorsque la jeune femme tends le dessin pour le rendre à Siriel, celui-ci étends son bras pour le repousser vers elle. Elle peut le garder. Qui sait, peut-être qu’elle verra la dedans une source de lumière, un espoir quelconque. Non ne riez pas…l’espoir est partout, dans les moindres pétales de fleurs, gouttes de pluies, un sourire, un geste, un regard. Absolument partout. Il suffit de savoir voir. Bien que le silence soit roi et maitre de la situation, j’apprécie leur compagnie. Adélie pour sa douceur et fragilité, Siriel pour son silence et ce calme absolue. Il était agréable…au moins un humain sur terre qui ne parle pas pour ne rien dire. Je ne sais pas si ce mutisme est forcément bénéfique, ni si ce n’est agréable pour lui…Depuis quand est-il comme ça ? Qui sait…Un mystère des plus total l’enveloppe ce qui rend sa personne encore plus intéressante. Il me donne une certaine envie…de chercher plus loin au fond de lui. D’essayer de découvrir. Je sais pas, ce n’est pas de la curiosité malsaine, non loin de là. Juste que…il m’intrigue.
"Les oiseaux en cage chantent."
Je lève les yeux vers mon interlocuteur, quelque peu surprise. Oui, je l’avoue je ne m’attendais pas à une réponse… pas à une réponse comme ça. « Les oiseaux chantent en cage ». Il n’a pas tord. Je me souviens de ma voisine qui avait un canari. Il s’appelait « Titi ». Oui peut-être un rapport avec Gros Minet, allez savoir…bref. Il chantait toujours, joyeusement à tue tête. Et pourtant, il était en cage, réduit à un espace confiné, à ne jamais voler librement. Et pourtant…il était bien.
"Chanter c'est être libre"
Je souris doucement face à ses mots. Si nous reprenons l’exemple du canari…Siriel avait parfaitement raison. La seule raison de vivre pour Titi était de chanter. Tant qu’il le pouvait il était heureux. Peu lui importait. Mais pouvons nous vivre comme eux ? Il suffirait donc de ce trouver une échappatoire. Le mien était Yoruichi…et j’avoue que c’est pas le plus simple que j’ai choisi. Les rencontres peuvent être en elles même un moyen de « partir » loin d’ici. Pour moi le moyen le plus efficace aurait été la musique, ou la lecture, que j’essaie de combler en allant à la bibliothèque. Peut-être que pour Siriel est-ce le dessin ? Et toi petite Fleur, qu’est-ce qui va réussir à te sortir de là ? Le gouffre est gourmand, demandant toujours plus…ne le laisse pas s’assouvir. D’un geste doux et lent, pour ne pas l’effrayer, je pris doucement la main droite d’Adélie dans la mienne. Il faut y aller doucement et avec de la patience. J’essaie du mieux que je peux de la rassurer, de l’apaiser. Je me dis qu’elle a eu de la chance d’être tomber sur Siriel, puis moi. Qui sait ce qui aurait pus lui arriver, si c’était un de ses bourreaux qui étaient entrés…J’en frissonne, et ceci me tira une grimace. La douleur de mes côtes se réveille doucement mais sûrement. Je ferme les yeux…Psychologique, tout est psychologique. Je ne suis juste qu’un cœur de chair et de sang, qui ne ressentirait rien sans le cerveau. N’y pense pas…tout se dissiperas. Je me crispe légèrement, avant de reporter mon intention sur mes deux compagnons. Que dire, que faire ? Je n’en sais trop rien. J’ai peur de parler pour rien dire en faite…
« Chacun à sa façon de chanter. »
Oui chacun à sa façon de s’exprimer et de sortir d’ici, s’allégeant d’un poids pendants quelques instants. L’illusion…Moyen bien trompeur et souffre douleur. Les espoirs mènent aux illusions, et les illusions au désespoir. Les douleurs du cœur sont bien plus violentes que celle du physique, elles ne se réparent jamais dans la totalité. Chacun sa chanson, chacun sa prison. La mienne est faite de lierre qui m’emprisonne à ses branches, m’étouffant parfois. Celle de Siriel…de glace ou de plexi glace. Pas le droit de sortir, pas le droit de t’entendre. Celle d’Adélie, de Ronce et de forme fantomatique…J’imagine juste, je ne sais rien au fond. Nous formons un drôle de Trio qui se complète presque : Le silence-Sagesse, la Douceur-patience et la Fragilité-Enfantine.
« Quel est la tienne Adélie ? »
Silence. Cesse l’hésitation et lance-toi. Petite Fleur est protégé par la Douceur des Feuilles et le Silence de la Nuit. | |
| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mar 12 Aoû - 5:38 | |
| Bella relâche un peu de son étreinte. Je ne réagis pas... J'en suis toujours aussi incapable. Pourtant, je voudrais qu'elle continue de me serrer contre elle... Je ne veux pas qu'elle me lâche. Je me souviens de l'enterrement de ma grand-mère, il y a deux ans de cela. Un jour terrible que je n'ai pu oublier... Des moments pénibles, des larmes intarrissables... Le dernier adieu adressé à son corps sans vie, l'arrivée des pompes funèbres... Et puis notre arrivée à l'église où devait avoir lieu la cérémonie. Je revois mes cousines s'enlacer en pleurant... je revois leur tendresse et leur douleur partagée. L'une d'entre elle s'approche de moi, me serre dans ses bras. Mais je ne fais rien, je continue simplement à pleurer. J'ai trop mal et je ne sais pas réagir. Je suis trop conne. Comme toujours... Ma cousine me sert quelques instants puis elle retourne dans les bras d'une autre, persuadée peut-être que je préfère être seule. Je pleure et j'ai mal, et je vois ma famille s'aidant mutuellement à supporter l'épreuve. Même ma mère ne vient que peu vers moi. Je vois des inconnus autour de moi qui consolent mon grand père, et ce vide autour de moi... Ce vide que j'ai créé et que je hais. Une envie de hurler s'empare de moi. Mais je ne fais rien. Je m'excuse en silence pour mon attitude si étrange et je pleure toujours. Mais ils ne savent pas. Ils ne comprennent pas. Je suis un mystère que nul ne veut élucider. Pas même moi... Je veux juste mourir. Fuir cette douleur, fuir cette solitude, fuir cet abandon. Et lorsque Bella me serre un peu moins fort, j'ai l'impression de revivre cette scène. Serre-moi plus fort, ne m'abandonne pas ! Je ne veux pas me sentir petit canard... Mais je ne fais rien. Bella ne saura pas ce que je pense. Je suis trop nulle. Je ne suis rien... Je veux être tout !
J'ai toujours le dessin à la main, indécise. Je n'ose pas regarder Siriel. Mais je vois sa main s'approcher et repousser la mienne. Je crois comprendre, mais comment être sûre ? Je crois lire dans ce geste une sorte de don, de présent. Prends, c'est pour toi, semble-il dire. Je lève des yeux humides vers son visage. Il paraît toujours aussi paisible. Je ne pense pas m'être trompée. Mais si c'était le cas ? Je me rendrais ridicule, alors... Je lance un regard interrogateur au jeune homme. Mon regard semble demander : "C'est vraiment pour moi ?" Je ne sais pas trop quoi faire. Si Siriel m'a vraiment offert ce dessin, alors je crois que je vais exulter sans parvenir à cacher ma joie. Je me terre tellement dans une coquille que je me suis fabriquée que l'on est rarement aussi gentil avec moi. Et je suis ainsi... Lorsque je suis contente, je ne peux pas le cacher. Une boule monte dans la gorge et mon sourire s'illumine, de même que mon regard. Mais comme je suis timide, cela ne dure pas. Cela ne dure jamais. Comme si j'avais honte de sourire. Quoi qu'il en soit, pour le moment, j'attends juste une confirmation. Je ne voudrais pas avoir la honte d'avoir mal interprété le geste du jeune homme et de donner l'impression de vouloir lui prendre son bien sans son autorisation. Je ne veux pas que l'on me prenne pour une voleuse. Mon attente n'est cependant pas paisible comme elle aurait pu l'être. Je suis tendue, fébrile.
Comme si... j'avais peur.
Siriel répond maintenant à la question de Bella que je n'ai pas comprise... Enfin je le suppose. Sa voix est grave, il m'impressionne toujours autant. Je comprends une partie de ses mots. Les oiseaux chantent... Et chanter, c'est être libre. Si je ne me trompe pas, j'ai du bien terpréter ce dessin. Peut-être... En partie. Oui, les oiseaux ne se soucient pas de la prison. Ils y sont libres. Mais selon Siriel, ce n'est pas parce qu'ils peuvent battre des ailes, mais parce qu'ils peuvent chanter. Au fond, c'est à peu près la même chose. Moi aussi, je sais chanter un peu... Mais cela ne me rend pas libre. A nouveau, je me sens faible, imbécile. Je passe mon temps à penser à moi, toujours à moi... Je pleure sur mon sort alors que j'en suis la seule responsable. Je pleure sur mon existence et c'est tout ce que je sais faire. Je m'en suis rendue compte, à la longue. Je suis conne mais pas au point d'avoir de si grandes oeillères. Je commence à sentir que je m'habitue peu à peu à leur présence à tous les deux. Je suis toujours mal à l'aise, ne sachant pas trop où me mettre, mais ce n'est plus comme au début. De toute façon, j'ai toujours été mal à l'aise avec tout le monde. Lorsque j'étais à la fac, j'avais toujours du mal à être parfaitement détendue lorsque je me trouvais avec ma meilleure amie, que je connaissais depuis l'école primaire... Alors je peux accepter un petit malaise avec des inconnus. Bien que ce ne soit guère agréable.
A nouveau, Bella parle. "Chacun a sa façon de chanter." J'aimerais tant que ce soit vrai, mais ça ne l'est pas vraiment... Je ne sais pas m'exprimer, je ne sais pas chanter pour être libre. En fait, un peu, si... Lorsque j'étais chez mes parents, dès qu'ils ne se trouvaient pas à la maison, je me ruais sur le piano et jouais pendant des heures en chantant. Je ne jouais pas très bien... Mais j'aimais ça. Cela me faisait oublier un peu tout ce que je n'aimais pas chez moi et dans le monde. Mais ça n'était rien d'autre qu'une illusion. Je m'enfermais dans ma solitude, et jouer sans auditoire me donnait une sourde impression d'égoïsme et d'abandon à la fois. Je savais que mes parents auraient aimé m'entendre jouer. Mais j'étais incapable de jouer devant eux... Car cela me donnait l'impression de me faire remarquer. C'est ridicule, je le sais et l'ai toujours su. C'est en me terrant dans le mutisme et la solitude que je me faisais remarquer. Mais je suis trop faible pour lutter contre mes défauts. Beaucoup trop faible. Et trop lâche, surtout... Au fond, je n'ai pas vraiment de façon de chanter. Je ne sais pas être libre. Il n'y a qu'une seule chose que je puisse faire pour oublier le monde, et c'est dormir. Mais à mon réveil, le malaise est toujours là, plus grand encore que lorsque je me suis endormie. Je n'ai pas d'ailes pour fuir ni de cordes vocales pour chanter ; je ne suis pas libre. Et je ne le serai jamais, tant que je persisterai dans ma connerie. Mon psy m'a dit un jour que le fait de me rendre compte de mes erreurs et de les reconnaître était un bon début, un premier pas qui me mènerait à la guérison. Mais il avait tort. Cela fait deux ans déjà que j'ai mis un nom sur mon mal. Je reconnais toutes mes fautes. Je sais ce qui ne va pas chez moi, bien que je ne connaisse pas l'origine de mes peurs. Mais rien n'a changé. La connaissance n'apporte rien. Rien du tout...
"Quelle est la tienne Adélie ?" Je sursaute. J'hésite. Ma façon de chanter ? Je n'en ai pas... Je ne suis pas libre.
Tous mes mots gèlent à l'intérieur de ma machine... Je réalise mon inutilité vide. Bienvenue dans la solitude.
Il faut que je réponde, ce n'est pas si dur. Et pour une fois, je le pense vraiment. Sauf qu'il n'y a rien à répondre. Je ne sais pas chanter, c'est un fait. Je ne sais pas être libre. J'en ai honte mais c'est comme ça. Je regarde Bella dans les yeux un instant puis reporte mon regard sur le sol et mes pieds. Je n'ai pas envie de lui dire la vérité. Elle l'a dit, "chacun a sa façon de chanter". Et si elle se moquait de moi ? Si tous les humains ont leur manière d'être libre, alors cela veut-il dire que je ne suis pas humaine ? Je ne crois pas que Bella ferait une telle chose. Elle est si douce et si gentille ! Mais on ne sait jamais... Cependant, je ne peux pas me taire et je lui réponds enfin :
« Je ne suis pas libre, Bella. »
Ma voix est à nouveau un peu rauque et je sens le rouge me monter aux joues. Je ne souris pas et n'ai qu'une envie : pleurer. Mais je retiens mes larmes. J'ai suffisamment pleuré devant Bella et Siriel. Je ne veux pas me donner en spectacle. J'ai honte de ce que je viens de dire. J'ai l'impression que ma phrase est très solennelle, maintenant que j'y pense. Pourtant, non... Elle était sérieuse, certes, mais ça n'était qu'une confession de petite fille, après tout. | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mar 12 Aoû - 10:37 | |
| J'accueille la surprise de Bella avec la plus parfaite impassibilité. Oui je parle. Parfois. Quand je n'ai pas d'autre choix et que j'ai quelque chose à communiquer. Et parce qu'Elle me l'a demandé. Les mots sont des armes mais ils sont également parfois des outils. Un peu comme un couteau qui peut aussi bien sauver des vies qu'en prendre. Cela dit j'ai beaucoup parlé par rapport a mon habitude aussi je retourne dans mon coton protecteur et silencieux.
Bella et Adelie continuent leur danse étrange, mélange de compassion et de timidité. Elles parlent avec leurs corps, utilisant les tensions des muscles comme autant de lettre pour se raconter leurs sentiments. J'arrive même a les lire un peu en regardant leurs yeux ou les muscles de leur visage. Enfin je pourrais. Mais cela ne m'intéresse guère. Les yeux humides du petit oiseau me regardent, interrogatifs. J'hoche la tête. Le dessin est pour elle puisqu'elle le veut.
Aussitôt la joie envahi ses traits comme le soleil sort de derrière les nuages. Il me semble que l'obscurité recule et que sont séchés les pleurs des murs. Lorsqu'un malheur disparaît, on a toujours l'impression que le monde est plus beau.
« Chacun à sa façon de chanter. »
Pas faux. Chacun sa façon d'être libre aussi. Les humains se posent vbeaucoup trop de questions pour savoir ce qu'est la véritable liberté. Ils cherchent, ils parlent, ils détruisent, ils sont d'éternels insatisfaits. Cela fait longtemps que j'observe mes semblable et je n'ai jamais vu personne de parfaitement heureux. Ni même de parfaitement malheureux. Ceux qui souffrent en font un étalage indécent, se plaignent ou simplement le montrent de manière ostantatoire. Mais à sa façon muette et perdue, Adelie est bien plus malheureuse qu'eux, je le sais. Quand à ma douleur a moi, elle est tellement devenue part de moi même qu'elle ne se voit plus du tout. Je crois que si on me l'enlevait, je ne serais plus rien qu'une coquille vide. Peut-être ai-je peur qu'on me l'enlève ?...
... non, pas vraiment, je crois que ça m'est égal en fait.
« Quelle est la tienne Adélie ? »
Un silence nerveux. Elle a sursauté. Je la regarde, je regarde Bella et les murs derrière elles. En gros, je regarde devant moi. Je ne m'intéresse pas au monde autour mais ne peut m'empêcher de le noter ou d'y réagir en pensées. La conscience, c'est la malédiction du genre humain et ce qui fait de lui un éternel insatisfait. Toujours à se poser des questions sur ce qui l'entoure, comme si cela avait la moindre incidence sur ce qu'il était. On EST qu'on le veuille ou non, on EST. Que l'on pense ou pas, on EST. Et même lorsqu'on ne vit pas, tant qu'on est debout, on EST.
« Je ne suis pas libre, Bella. »
Elle n'est pas libre Bella. Tu es la seule des trois a avoir une échapatoire. Mais dans ta bonté tu as voulu croire qu'Adelie aussi pouvait s'enfuir. Le petit oiseau est blessé, malade. Il lui faudra du temps. Regarde comme les pleurs retenus tracent des sillons invisible sur son visage ? Comme les barreaux des fenêtres zebrent le ciel. Elle n'est pas libre Bella. Mais tu as l'un des chiffres de la combinaison du coffre. Si tu le désire tu peux toujours essayer de résoudre l'énigme. Tu es de celles qui ne renonce jamais. Je me trompe ? | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mer 13 Aoû - 18:01 | |
| « Je ne suis pas libre, Bella. »
Les mots tombent lourdement sur le silence. Pas libre ? J’hausse un sourcil, me rendant compte qu’Adélie est plus enfoncée dans le gouffre que je ne l’aurais pensés. Il va falloir beaucoup de temps pour la sortir de là…ah oui. Je compte bien la sortir de là. Je ne suis pas le genre de personne à abandonner devant une difficulté, même si cela m’écorche le cœur. J’ai eu l’exemple avec Yoruichi il y a quelque jour à peine. Alors ici, sa prendra du temps, et de la patience. Adélie est comme un petit chiot. Tapie sous la pluie dans un coin d’une ruelle, effrayé et affamé, il sent que la mort viendra frapper à son museau plus tôt que prévue. Puis, lorsque nous l’avons trouvé, il faut le ramené avec vous pour qu’il ne périsse pas sous ses gouttes semblables à un trop plein de larmes. Pour qu’il prenne confiance, il faut être très patient, le regarder, lui sourire, lui parler, le comprendre, l’écouter. Petit à petit le chien avance, chaque centimètre gagné est une sorte de victoire. Le mettre en confiance, c’est ce qu’il faut. Ainsi nous pourrons mieux le protéger. Ici avec Adélie, ça fonctionne pareil. Il faut la rassuré, l’écouter, lui parler. Être patiente, car parfois, il y aura des jours qui n’auront pas de centimètre gagné.
J’ai peut-être tord, de vouloir m’acharner à l’idée de lui apporter un peu d’aide, aussi infime quelle soit, mais je ne peu me résoudre à la laisser seule, dans ce gouffre, enveloppé d’ombre et de froid. Elle a besoin de quelqu’un, elle ne doit pas être seule. Elle ne le sera pas, pas tant que je serais en vie. Je regarde Siriel…que feras-tu toi ? Toujours intrigué par sa personne, je ne peux m’empêcher de le détailler d’un œil discret. Il a l’air réellement grand, impressionnant. Tout fin mais très grand. Comme une brindille, mais qui aurait poussé seule en saison aride sur des terres sèches africaines.
J’en reviens à penser à ce que m’a dit Adélie, et je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a tord…et pour cause…
« Personne ne pourra t’enlever ta liberté de pensé, la faculté de rêver, d’imaginer…Toi seule maitrise ce que tu as dans la tête. Tant que tu garde cette faculté et que tu ne laisse personne contrôlé pour toi tes propres idées et ton jardin secret, alors tu seras libre »
Je souris. Croyez-moi ou non…quelque part c’est vrai. Si en revanche nous nous laissons ronger par les murs de cette prison et qu’elle nous prend notre part de lucidité, alors là nous pourrons nous considérer comme prisonnier. Je ne suis que très rarement fataliste. Je n’aime pas la fatalité et j’estime qu’il faut essayer avant de baisser les bras et se sentir abattue. Il est si simple de dire : « je n’y arriverais pas ». Mais a-t-on réellement essayé au fond ? Et qu’entendent-ils par essayer… Je pose doucement ma tête contre l’omoplate d’Adélie avant de pousser un long soupire. Je suis fatiguée, mes côtes me font mal. La liberté, n’est que fictive au fond. Mais elle est là quand même. L’esprit est notre maitre et sans lui, nous ne sommes qu’une coquille vide, un corps, un simple corps. Un cœur qui bat…mais lui non plus ne vaut rien sans l’esprit. Ils sont liés…non ? Il fait vivre c’est tout. Mais sans le cerveau, le cœur ne peu battre seul. Oui ils sont liés pour la vie et pour les ressentis. Je préfère la Lumière à l’Ombre, peut-être est-ce pour ça que je suis si optimiste, avec une vision du monde un peu plus lumineuse que d’autre. Broyer du noir, c’est perdre du temps, et perdre du temps c’est louper des occasions et des personnes indispensable.
« Tu y crois toi Siriel ? »
Crois-tu un seul instant à mes dires ?.... | |
| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Jeu 14 Aoû - 6:04 | |
| Siriel me confirme que son dessin est pour moi. Comme prévu, je souris comme si rien d'autre n'existait, comme une petite fille qui vient de trouver un trésor. Mais cela ne dure pas et mon visage se ferme à nouveau. Je serre les oiseaux sur mon coeur... Donnez-moi un peu de votre liberté. J'ai honte d'agir ainsi. Mais je ne contrôle pas vraiment mes émotions. Elles viennent quand elles le veulent, et je n'ai qu'à les accueillir et en être témoin. Rien de plus.
Le silence retombe lourdement sur ma cellule après ces quelques mots : "Je ne suis pas libre Bella". J'ai la douloureuse impression d'avoir réduite Bella au silence, d'avoir plombé le peu d'ambiance. D'autant plus qu'après coup, je me rends compte que mes mots peuvent apparaître comme des reproches, même s'ils n'en sont absolument pas. Qu'ai-je fait ? J'aurais mieux fait de me taire... La prochaine fois, je tournerai ma langue sept fois avant d'être aussi directe. De toute façon, j'ai remarqué qu'il y a souvent des blancs quand je me mets à participer à une conversation. C'est un peu ce qui me pousse à ne plus guère parler. Tous mes mots gèlent à l'intérieur de ma machine. Aujourd'hui, cette phrase semble bien ancrée dans ma conscience. Elle se répète et me hante, me donnant presque le tournis. Bella, réchauffe-moi...
Je ne veux plus me taire. Je ne veux plus être cette enfant chétive. J'ai trop agi comme une merde. Tout ça doit se terminer...
Le silence dure et je fixe toujours le sol. J'ai beau vouloir changer, je ne fais rien pour. Toutes les promesses que je me fais... De belles illusions, des paroles en l'air. Je suis un parjure, je suis une menteuse. Et le pire, c'est que je me mens à moi-même. Et le pire, c'est que je crois mes propres mensonges... Je ne suis rien. Je ne suis rien du tout et je continuerai de l'être tant que je ne changerai pas ma façon d'être. Je suis mal, je n'aime pas ce silence-là. Ce n'est sans doute qu'une impression, mais je sens que tout le monde est gêné. Ou peut-être ma propre gêne, nettement palpable, est-elle si grande qu'elle amplit tout l'espace, me donnant la sensation qu'elle émane de toute chose. Car oui, je suis terriblement gênée. J'ai l'impression d'être à l'origine de ce silence lourd. J'ai l'impression que mes paroles en sont la seule cause.
Puis le silence se brise. Bella parle. « Personne ne pourra t’enlever ta liberté de pensé, la faculté de rêver, d’imaginer…Toi seule maitrise ce que tu as dans la tête. Tant que tu garde cette faculté et que tu ne laisse personne contrôlé pour toi tes propres idées et ton jardin secret, alors tu seras libre. » Elle n'a pas tout à fait tort. Je sais rêver, penser, imaginer. Je contrôle tout ce qui se passe dans ma tête. Mais suis-je vraiment celle qu'elle croit ? Je suis mon propre bourreau, je suis mes propres geôles. Je contrôle mon esprit et ce n'est pas la meilleure chose qui puisse m'arriver. Non, je ne suis pas libre, Bella. Ma liberté de penser... Beau précepte ! Oui, je l'ai toujours, cette liberté. Celle de rêver également. Je rêve, et je m'éloigne de ce monde infernal que je me suis créé, et je retombe à chaque fois d'un peu plus haut. Non, Bella, je ne suis pas libre. Mes rêves ne font que m'enfoncer un peu plus dans ce goufre que je me suis creusé et me rappeler ma condition. Je sens qu'elle veut m'aider, bien qu'elle ne comprenne sans doute pas ce que je suis. Et je lui en suis infiniment reconnaissante. Mais elle a tort. Je ne suis pas libre. Et telle que je suis partie, je ne le serai jamais.
Aide-moi, Bella... Aide-moi à être libre. Aide-moi à étendre mes ailes et à m'envoler ! Aide-moi à devenir grande... Aide-moi, Bella...
J'attends. Je suis toujours incapable de parler. Comme le papier pourrit et devient jaune Tous mes mots gèlent à l'intérieur de la machine."
Encore cette chanson. Sors de ma tête ! Elle est belle, mais qu'elle me laisse un peu tranquille pour aujourd'hui... Je me reconnais dans ces mots et c'est ce qui me fait mal. Aide-moi, Bella... Aide-moi à écouter cette chanson comme n'importe qui l'écouterait, et non comme un glas qui sonnerait sans cesse dans mon esprit !
« Tu y crois toi Siriel ? » Belle parle à nouveau. J'ai compris ce qu'elle a dit, je ne me souviens même pas si elle a parlé en français ou en anglais. Comme si tout se mélangeait en moi. Qui es-tu, Siriel ? Je lui lance un regard en coin. Je ne veux pas le fixer, juste le voir. Siriel m'intrigue et me fascine. Il semble être mon contraire. La sérénité incarnée. A moins que je ne me trompe à son sujet, ce qui est fort probable. Puisque je suis capable de me mentir à moi-même. ... Encore en train de tout ramener à moi... Décidément bien pitoyable, petite chose fragile et égoïste... Tu n'es rien. | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Lun 18 Aoû - 20:16 | |
| L'optimisme est un sentiment assez différent des autres. La plupart des sentiments que l'on éprouve sont le résultat de réactios chimiques, un peu comme il arrive que les sensations soient dues à des courants électriques. L'optimisme, le pessimisme, l'espoir et son contraire sont basés sur nos croyances, notre culture et notre condition d'être humain, rien d'autre. Certes, ils ne sont pas plus rationnels que les autres et l'on a beau se raisonner, ils restent des sentiments, incontrôlables, présents, réels en un mot. Mais ils sont également un état d'esprit, comme s'ils avaient été décidés par le hasard lors de notre conception. Existe-t-il un gêne de l'optimisme ? Cela ne m'étonnerait guère. Et si c'est le cas, Bella l'a développé alors qu'Adelie possède son contraire. Les opposés s'attirent. C'est sans doute pour cela qu'elles semblent autant s'entendre. Quand à moi, je n'ai plus aucun sentiment. Celui là pas plus que les autres. Ni optimiste, ni pessimiste, ni même fataliste. Je suis.
Le silence tombe un moment. Je le garde, le re-garde, l'écoute et le sens. J'aime le silence, cette impression cotoneuse et blanche qui me renvoie à ma conscience ouatée. Je me sens comme dans un cocon, protégé du monde et de ses douleurs, à l'abris de cette réalité que je ne veux pas vivre. Je suis reconnaissant à Adelie pour ce silence. Après tout, si Bella était trop aveuglée par son optimisme pour entendre ce qui crevait les yeux, ce n'est pas de ta faute petit oiseau. Ah. Voila qu'on déchire le silence par des mots. Comme quoi même la gentillesse et la bonne volonté peuvent être source de destruction. Les mots sont les ennemis mortels du silence. Mais il reviendra. Il le fait toujours.
« Personne ne pourra t’enlever ta liberté de pensé, la faculté de rêver, d’imaginer…Toi seule maitrise ce que tu as dans la tête. Tant que tu garde cette faculté et que tu ne laisse personne contrôler pour toi tes propres idées et ton jardin secret, alors tu seras libre. »
Un autre silence, différent celui là, plus studieux, réfléchit, pensif du côté des deux femmes. Comme toujours, je me plonge dans ce simulacre de néant qu'est l'absence de bruits vocaux humain et me concentre sur tous les petits détails qu'on ne voit pas. Le craquement de la pierre, la fatigue du métal, le chant du bois, toutes ces histoires secrètes que l'on ne nous apprend pas à écouter et qui sont pourtant bien plus fascinantes que l'humanité.
« Tu y crois toi Siriel ? »
Croire ? Mais croire c'est espérer Bella. Croire c'est vivre. C'est sentir son coeur qui bat dans sa poitrine, l'adrénaline qui coule dans ss veines, croire est un miracle, croire est une chose qui m'est interdite depuis très, très longtemps.
Je tourne doucement la tête, toujours aussi impassible. Je ne vais pas pousser Bella dans ses retranchements en utilisant la franchise comme une arme. Non, je ne suis pas de ces gens directs qui disent toujours ce qu'ils pensent. Je sais que même animé de la meilleur intention du monde, un meurtre est un meurtre et que quelque soit la cause, un coup fait mal à celui qui le reçoit comme à celui qui le donne. Je vais donc mentir. Pour protéger le petit oiseau dans ses croyances. Pour qu'il ne rejette pas tout comme je l'ai fait quand j'étais gamin. Pour qu'Adelie continue à vivre dans les bras de Bella. Peut-être pas libre, mais au moins réelle.
"..."
Les mots ne sortent pas. Les mots ne sortent plus. Peu m'importe, je peux mentir sans parler. L'hoche donc la tête. Je ne sais pas si Bella a parlé français ou anglais et cela m'importe peu puisque je suis bilingue. Je croise le regard d'Adelie et soudain, je sens mon bras qui se tend. Et au bout, ma main qui se déplie, va toucher la joue de la petite fille. Ma paume fait presque toute sa joue. Je la frôle à peine, les contacts physiques ne sont pas ma tasse de thé. D'ailleurs, à peine esquissé, déjà retenu, je vois ma main se replier et mon bras revenir le long de mon corps. Je ne sais pas pourquoi j'ai agit ainsi mais cela ne me dérange pas. Il arrive souvent à mon corps d'agir sans ma permission. Il sait ce qu'il fait. | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
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| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Jeu 21 Aoû - 15:56 | |
| Sauve-moi de mon illusion…
Silence de glace, je me confronte à ce que je connais déjà. Un mur. Je n’ai plus la force d’en fracasser à coup de poing, y ressortir les mains ensanglantés et le cœur essoufflé. Siriel tend sa main vers Adélie pour effectué une légère pression sur sa joue, avant de replier son long bras. J’attends quelque seconde, il me regarde, je fais de même. Il entrouvre la bouche mais la referme pour laisser place à ce fameux silence qui lui est particulier. Je ne sais pas trop comment me comporter avec l’un et l’autre. Être moi-même, n’aide pas grand monde avec mes phrases sortis d’un cœur qui espère encore voir une réparation possible. Je me resserre un peu contre Adélie, pour lui procurer une chaleur humaine naturelle, que j’émane. Autant faire profitez la Petite Fleur d’un bout de réconfort. Ma tête se pose sur son épaule, me sentant soudain envahit d’une drôle de sensation. Un drap de mélancolie avec pour brin de tissu de la lassitude. Six mois que je suis ici, six mois que je fais de chaque jour un nouveau combat contre la folie. Six mois que je la connais…et bien trop de temps que je dois m’avouer vaincue et me mettre à genoux face à a ce que je ne serais jamais.
J’ai essayé d’engager la conversation, mais rien n’y fait. L’un reste de marbre, l’autre se sent trop fragile et effrayer pour répondre quoi que se soit. Nous sommes tout les trois si différent, mais pourtant avec un point en commun : la douleur. Ici tout le monde en a une, même les plus fort, les plus égoïstes, les plus fous. Être humain de base, nous nous devons de ressentir et de penser. Jusqu’à ce qu’un jour nous en perdions la tête. Des questions…pourquoi des questions ? Tout pourrait être simple, fluide. La neutralité, apprendre à être neutre. Les coups s’encaissent beaucoup plus facilement, ils te glissent sur le corps comme la pluie lorsqu’elle nous tombe dessus à un moment inattendu. Le temps, a aussi cette forme là. De l’eau qui coule entre les rochers sans difficultés. Lisse et doux, ou froid et mordant. Respiration, être neutre ce n’est pas facile. Faire abstraction de tout ses sentiments et ressentis. Faire un demi je m’en fou de tout. C’est pas ma spécialité, mais j’apprendrais à être un rocher lisse et doux. L’eau me coulera dessus sans problème.
Ou n’est-ce pas la meilleure chose pour moi, peut-être ne dois-je rien changer…les minutes s’écoulent au dessus de la tête des gens. J’imagine une longue série de chiffre, les heures, les minutes et les secondes. En orange, histoire que je puisse bien voir. Dès que la vie approche à sa fin, les minutes s’écroulent à une vitesse vertigineuse pour ne devenir quelques secondes…30…20…10…5…1….Bip. Je me réveille. Je me rends compte que je me suis assoupis quelque seconde voir même une minute ou deux. Les côtes quelque peu douloureuses, la fatigue ne m’épargne pas. Encore moins les cauchemars constant qui envahissent mes rêves, tels des intrus. Je relève doucement la tête vers Siriel, qui, toujours à son habitude reste enfermé dans la salle du silence, tendis qu’Adélie, est présente dans la salle de torture. Désolé d’avoir ce défaut/qualité de toujours croire que quelque part il y a un moyen de mieux se sentir, mais sans ça, je me serais pendu depuis bien longtemps.
Je ne sais pas si je dois une nouvelle fois parler, ou me contenter de se silence pesant et à la fois allégeant. Au moins, les conneries sont évitées. Mais Adélie n’a pas l’air de se sentir à l’aise dans cette forme de silence. Peut-être qu’écrire sur du papier…une idée germa doucement tendis que je cherchais des yeux un crayon et une feuille. Il doit bien y avoir ça ici, quelque part dans un coin. Je me lève doucement, balayant de mes yeux vairons la pièce, cherchant timidement dans le petit placard où effectivement, j’y trouve un petit calepin, et un crayons. Je reviens m’asseoir près d’Adélie, me recollant à son corps avant de marquer de mon écriture fine et légèrement penché un petit mot à leur adresse. Si Siriel ne parle pas, peut-être voudra-t-il bien écrire. Quand à la Jeune Fleur, cela est un moyen peut-être plus évident pour elle de s’exprimer. Nous verrons le moment venus, si cette méthode se révélera plus fructueuse que la dernière. Je pose le calepin entre les deux jeunes personnes, aussi intéressante l’une que l’autre.
« D’où venez-vous ? »
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| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
Nombre de messages : 2210 Age : 36 Localisation : Cellule 9 Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Ven 22 Aoû - 16:16 | |
| Le silence retombe après la question de Bella. Siriel répondra-t-il ? Il semble toujours aussi serein, calme. En est-il réellement ainsi ? Ou bien n'est-ce qu'une impression ? Qui es-tu, Siriel ? Le jeune homme ouvre la bouche, la referme. Il ne parlera pas... Peut-être. Mais il hoche la tête. Oui, il y croit. Lui. J'admire leur optimisme. Je n'y crois pas, moi. J'aimerais y croire, j'aimerais pouvoir écouter Bella et être un peu plus heureuse (et franchement, ça ne doit pas être bien dur d'être heureux, quand on a vécu la vie que j'ai vécu). Mais je ne peux pas. C'est tout. C'est comme ça. La vie m'a donné beaucoup de choses, une famille aimante, des capacités mentales correctes, un physique relativement agréable (et assez fiable). Mais pas l'optimisme. Elle a oublié de me le donner. Ou alors il n'était pas prévu pour moi. C'est possible aussi. Autre hypothèse, elle me l'a donné mais j'ai pas su l'utiliser et je l'ai gâché. C'est peut-être encore le plus probable. Vu que je gâche tout ce que j'ai. Je suis une sous-merde, je ne vous l'ai pas encore dit ? Pourtant, ça tombe sous le sens. On ne peut pas s'y tromper. Je suis une sous merde. C'est simple, c'est clair. Et c'est vrai, accessoirement. Je suis encore en train de réfléchir lorsque je vois la main de Siriel s'approcher de moi. Comme s'il avait lu dans mes pensées et voulait me rassurer, il m'effleure la joue. Léger frisson. Je n'ai pas l'habitude. Je le regarde, un peu surprise. Mais reconnaissante, aussi. Comme s'il me disait "Arrête de penser, tu réfléchis trop." Il aurait raison de me dire ça. Je pense trop. Je me prends la tête avec des inepties qui me ruinent la santé mentale et le moral, au passage. Je pense beaucoup trop. Il est temps que j'arrête. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est le premier pas le plus difficile. J'ai remarqué. Mais c'est pas pour aujourd'hui. Demain, peut-être... Aujourd'hui, je pense. C'est décidé. Enfin... imposé plutôt. Imposé par moi, certes. Mais imposé.
Le silence est décidément bien lourd. Et il dure. Je n'aime pas le silence. Sauf quand je suis seule, et dans ce cas je l'aime. Mais là, je ne suis pas seule. Nous sommes trois et ce silence me fait souffrir. Devrais-je le briser, dire quelque chose ? Peut-être. Sans doute, même. Mais c'est au-dessus de mes forces. Alors je me tais, moi aussi. Bella semble plus solide que moi. Elle nous sortira de là, elle. J'espère... Bella a posé sa tête sur mon épaule. Je lui jette un regard. Ses paupières sont fermées. Est-ce qu'elle dort ? Dans ce genre de moments, le silence devient encore plus effrayant. Que faire ? Je jette un regard à Siriel, comme si j'attendais qu'il me donne une réponse aux questions que je n'ai pas posées. Dois-je la laisser dormir, la réveiller ? La panique me gagne peu à peu. Je la regarde à nouveau. Elle ne semble pas très en forme. Elle remue, elle ouvre les yeux. Ouf. J'aimerais lui demander si ça va. Une question idiote, certes. Mais j'ai l'impression que ça ne va pas bien. On peut se demander si on peut aller bien dans un endroit tel que celui-ci. Mais il peut y avoir des moments où ça va relativement bien. Mais Bella titubait en entrant, et son visage n'exprime pas le bien-être. J'aimerais bien savoir ce qui ne va pas. Pouvoir... Je ne sais pas, la rassurer. Mais non, les mots ne sortent toujours pas. Je m'en veux. Ce n'est pas à elle de nous dire que ça ne va pas. Elle fait des efforts pour m'aider à me sentir mieux, et moi je ne fais rien pour la remercier. Mais ça bloque quelque part au fond de ma gorge. Comment vas-tu, Bella ? Pardon de ne pas te le demander... Je suis si pathétique, si pitoyable... Je m'en veux tellement ! Je m'en veux d'être ainsi, d'agir envers les autres comme si je ne m'intéressais pas à eux. Pourtant, je m'inquiète. Je pense souvent à moi, mais il m'arrive de penser aux autres. Et je n'aime pas qu'ils souffrent. Pas plus que je n'aime souffrir. Je ne souhaite pas aux autres d'être plus malheureux que moi. Ni de l'être autant que moi. Je ne souhaite tout simplement pas aux autres d'être malheureux.
Bella se lève. Elle se dirige vers un petit placard d'où elle sort un petit cahier et un crayon. Je ne comprends pas. Mais j'attends. Je suis relativement patiente. Et le silence me gène un peu moins lorsqu'il est meublé. Un peu. Il ne faut pas exagérer non plus. Mon malaise reviendra bien vite. C'est certain. Mon malaise revient toujours vite. Le répit n'est jamais bien long. La jeune femme vient se rasseoir tout contre moi, puis elle se met à écrire. Je ne regarde pas ce qu'elle note. Je le saurai bien assez vite. Cela ne se fait pas de faire montre d'impatience et d'imposer son regard. J'attends donc, fixant mes pieds et me demandant ce que fait Bella. Mais ma curiosité est bien vite rassasiée lorsque la jeune femme pose le cahier sur le sol, quelque part entre nous et Siriel. Sur la première page, une question. D'où venez-vous ? Je ne comprends pas. Je ne sais pas pourquoi Bella a agi de la sorte. A vrai dire, je n'ai jamais vu quelqu'un prendre un papier pour poser des questions. Les gens parlent. Et Bella parle, elle aussi. Elle sait parler. Alors je ne comprends pas. Ce n'est pas que cela me gène, pas vraiment... Enfin si, cela me gène... Je ne sais pas écrire. Ce n'est pas pire que parler, mais ce n'est pas vraiment mieux non plus. Mais bref, mes interrogations ne me viennent pas à cause de cette gène. C'est plutôt une sorte de curiosité. Je n'arrive pas à comprendre le geste de Bella. C'est surtout cela. Je regarde Siriel, me demandant s'il veut prendre le papier et écrire. Je ne lis rien dans ses yeux. Peut-être n'y a-t-il rien à y lire. Ou alors je ne sais pas lire, tout simplement. Ce qui est loin d'être improbable. Allez, un effort. Un tout petit effort. Pour une fois...
Je prends le cahier. Puis j'hésite. C'est vrai que cela me dérange, au fond, d'écrire... Les écrits restent. Les paroles s'envolent, rien ne peut les retenir. Mes les écrits durent. Ecrire un peu de moi, c'est comme si je voulais que l'on puisse en savoir plus sur moi, comme si je voulais me faire remarquer. Or, s'il y a une chose que j'ai en horreur, c'est bien de me faire remarquer. Pas de chance, je fais ça tout le temps. Rien que mes vêtements et mon attitude me font largement remarquer. Mais quand même, je n'aime pas ça. Et dans certains cas, je fais tout pour l'éviter. Je n'ai pas envie que l'on se souvienne de moi, que l'on s'attache à moi. Parce que tout cela, c'est trop fragile, c'est trop dur aussi. Ceux avec qui je crée des liens essuient sans cesse des déceptions. Et c'est douloureux. Alors je préfère que l'on m'oublie, même si je ne supporte pas l'indifférence. Eh oui, je suis assez paradoxale. D'une manière plutôt pitoyable, il faut bien se l'avouer. En fait, là où tout m'est douloureux, je choisis le plus simple. Me perdre, seule, dans mes peurs et mes chagrins, est plus facile que de les partager avec autrui. La solitude est mon refuge. Quoi qu'il en soit, maintenant que j'ai pris le cahier, il faudra bien que j'y écrive quelque chose. Une réponse à la question qui m'a été posée, de préférence. Encore que l'envie d'écrire "Pardon" trotte dans ma tête. Pardon de vous faire perdre votre temps, pardon de vous ennuyer, pardon d'être celle que je suis. Mais je sais que je ne l'écrirai pas. Pas assez de courage pour cela. S'excuser, ça demande un certain courage. Surtout dans une situation où les autres ne comprendront certainement pas pourquoi je veux m'excuser. Alors j'écris tout simplement : « Clermont-Ferrand, Auvergne, France ». C'est concis, je vous l'accorde. J'ai écrit avec une calligraphie assez régulière, plutôt agréable, mais minuscule. Toujours cette peur, à l'orée de la conscience, de se faire remarquer. Je n'ai pas fait exprès d'écrire aussi petit. C'est venu tout seul. Je regarde mes mots. Je ne me connaissais pas cette écriture. Il faut dire que ma manière d'écrire est assez changeante. Je me souviens d'un jour, au lycée, où mon écriture a évolué au fil de ma copie. Au final, on pouvait voir trois écritures radicalement différentes. Je n'ai jamais vraiment compris cela. On dit que l'écriture peut caractériser une personne. Je suis qui, alors ? Il est des fois où cette question m'a hantée. Mais je n'ai pas eu le courage de la poser à quelqu'un d'autre qu'à moi. Et moi, je ne suis pas graphologue. Alors je n'ai pas pu y répondre. Je vais pour reposer le petit cahier. La politesse, Adélie. Non, en fait, ce n'est même pas une question de politesse. C'est autre chose. De la reconnaissance, peut-être. Le fait de montrer que l'on fait des efforts. Quelque chose comme ça. Je me ravise et ajoute deux mots : « Et toi ? » Bel effort. Enfin... C'est une question normale, une question... logique, peut-être. Mais qui me coûte.
Je repose le carnet, cette fois, pour me replonger dans le silence. Un silence qui ne m'a pas vraiment gênée pendant que j'écrivais. Mais à présent, c'est différent. Il reprend tout de son caractère effrayant et déroutant. J'y suis comme perdue, sans savoir où aller, sans savoir que dire ou que faire. Je n'ose plus jeter un regard vers Bella ou Siriel. Je fixe mes pieds. Une sorte de honte... Comme si le fait d'avoir retourné la question à Bella avait quelque chose de répréhensible. Pourtant, non. C'est normal. Mais je rougis. Je ne sais pas être gentille. Je pense que je dois l'être un peu, au fond. Mais je n'aime pas le montrer. Ca me met dans tous mes états. Comme si c'était faiblesse. Ca l'est peut-être. Mais je n'en sais rien. Comment le pourrais-je ? Je ne sais rien de l'homme. Rien du tout. Qu'est-ce qui est faiblesse ? Qu'est-ce qui est force ? Aucune idée.
Et toi, Siriel, d'où viens-tu ? | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
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| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Lun 25 Aoû - 14:47 | |
| Le silence est revenu, comme prévu. Il revient toujours et je puise en lui la force de continuer à marcher sur cette terre de solitude jour après jour. Un psy m'a dit un jour que je m'infligeais moi-même cette souffrance, comme pour me punir de quelque chose. Il a ajouté que j'avais du inconsciemment souhaiter la mort de ma soeur et que donc je me sentais probablement coupable de sa mort.
C'est faux. Je ne me sens pas coupable.
Le silence a toujours été mon allié. Avant Sarah, j'étais un petit garçon tranquille, très silencieux. Il parait que j'ai appris à parler très tard alors que j'ai su lire très tot. Ce n'était pas un défaut d'intelligence, juste un manque d'intérêt. Je suis le silence comme Adelie est la peur et Bella est la souffrance. A nous trois nous représentons les maux principaux de cette chrysalide.
Adelie a frissonné sous ma caresse, comme un animal effrayé. Je ne sais pas interpréter ce genre de réaction mais cela ne me soucis pas plus. Je les regarde, elles me regardent, l'une après l'autre, Bella en profite pour dormir quelques secondes entre deux. Le silence s'installe, un ange passe. Tant d'expressions pour meubler l'absence en la remarquant. Pourquoi s'encombrer de choses inutiles, pourquoi entasser, collectionner les choses alors que le néant est tellement plus confortable ? Je ne comprendrais jamais les vivants. Et le pire de tout, c'est que cela m'indiffère au plus haut point.
Lorsqu’Adelie réfléchit, on peut presque entendre les rouages de ses pensées. Elle semble avoir besoin d’huile. Peut-être souffre-t-elle de la même maladie que la porte de la bibliothèque ? Non, je ne suis pas fou, je me comprends. Je pense à la négligence. Personne n’a prit le temps de soigner cette porte. Pourtant un petit coup de papier de verre, d’huile, d’anti-rouille, de vernis et un léger rabottage en dessous et elle serait comme neuve. Un tournevis en plus et elle ne jouerait plus sur ses gonds. Ce n’est l’affaire que d’une demi journée et pourtant personne ne semble s’en soucier. Adelie c’est pareil. Si on avait prit la peine de la protéger contre les attaques du monde, de lui mettre du vernis pour cacher ses faiblesses, de la soigner et l’accompagner, elle serait moins cassée et ses silences ne hurleraient pas de douleur. Mais l’homme est aveugle a tout ce qui ne le touche pas personnellement. Même les meilleurs ne sont gentils ou généreux que par intérêt. Les plus altruistes le font pour calmer leur culpabilité certes mais c’est quand même pour eux.
Bella se lève enfin et va chercher de quoi écrire dans un placart. C’est idiot, j’ai toujours de quoi écrire sur moi en cas d’urgence, si je ne peux pas parler…et surtout pour dessiner. Je conçois l’écriture comme une forme de dessin perverti par les mots. Oui je sais, je suis compliqué. Elle retourne voir Adelie et écrit quelque chose avant de la passer à la petite fleur qui répond et me tend le tout. Je regarde le papier. Je ne savais pas qu’elle était française mais je ne montre aucune surprise. Comme si mon cœur savait déjà, ou s’en fichait. Je n’ai pas remis les pieds en France depuis notre départ lorsque j’avais 10 ans. Je n’ai pas reparlé français non plus. Si les mots ont du mal a sortir en général, le français, lui, est totalement mort.
London.
J’hésite moi aussi a rajouter quelque chose, puisque c’est pas écrit, le pouvoir des mots est diminué.
I understand french. You ?
Mon écriture est plutôt haute, bien dessinée, vu que je dessine bien, avec des pleins et des déliés moyennageux. Je peux écrire mieux mais avec une vraie plume, pas ce genre de crayon étrange. Je n’ai pas mit que j’étais né à Paris tiens. Peu importe. Je tends enfin le carnet à Bella pour qu’elle termine la tournante, voire en lance une autre. J’aime le silence. | |
| | | Bella Hope 223022 L’inoffensive
Nombre de messages : 2165 Age : 35 Date d'inscription : 28/02/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Dim 31 Aoû - 9:02 | |
| Je regarde le calepin passé de main en main, où chacun écrit sa réponse et sa question. Je ne sais pas si cette méthode leur plaît mais au moins c’est reposant pour l’esprit. Du moins pour ma part. Depuis que j’ai revue Yo’, j’exerce un réel travail sur moi-même. Essayant de retrouver du mieux possible celle que j’étais avant, douceur en première ligne, gentillesse en deuxième, patience en troisième…etc. Elle me manque, mais je ne chercherais pas à la voir, pas tant qu’on ne me la mettra pas sur mon chemin par un pur hasard, comme la première fois. J’attends patiemment que le calepin me revienne en main, profitant pour observer doucement Adélie qui n’avait pas l’air très à l’aise par cette méthode. Elle l’était encore moins par la parole. Je la serre un peu plus contre moi, tentant de la rassurer du mieux que possible. Jamais je ne lui ferais du mal et j’espère qu’elle en est consciente. Je ne sais réellement pas ce qui pourrait l’aider…enfin si nous savons, ce serait de la libérer d’ici, de remettre La Petite Fleur près de son Arbre, loin d’ici et des ombres meurtris. Il lui faudra du temps pour s’adapter, comme nous tous. Je sais de quoi je parle, j’ai l’impression de me retrouver en elle, lors de mes premiers jours à Sadismus. Une peur constante qu’une personne quelconque me saute à la gorge, me tue, me viole, m’égorge, me torture… Trouver sa place dans un autre monde, en Enfer. Attendant de retrouver une probable Liberté. C’est comme ça, tu t’intègres comme tu peux. Soit c’est ça, soit tu meurs comme une merde dans un coin de la prison. Chacun son option. En faite, ici on n’a pas réellement le choix…ou disons qu’ils sont restreint.
Siriel me tend le calepin que je saisis avant de lire les réponses. Nos trois écritures étaient bien distinctes l’une de l’autre. La phrase d’Adélie fut vite reconnaissable. Clermont-Ferrand ? Je lève les yeux vers elle avec un petit sourire. Avoir une compatriote parmi nous était toujours plaisant. L’écrit de Siriel est plus haute, élégante. Il vient donc de Londres. A Sadismus pas mal de personne venant de contrer différente y étaient mélangés, ce que je trouvais enrichissant parfois. Il faut bien essayer de prendre les bons côtés des choses…Optimiste quand tu nous tiens. Je lis la suite où Siriel nous annonce qu’il comprend le Français. Voila qui facilitera la tâche de tout le monde je pense. J’esquisse un léger sourire avant de marquer à mon tour, mes réponses :
Je viens de Metz. En France. Donc oui, je comprends le Français, comme Adélie.
J’hésite un instant. Je ne sais pas trop quoi mettre par la suite. Disons que cette rencontre est assez bizarre, du fait que je me retrouve avec deux personnes. Une qui est plongée dans le silence et qui a l’air d’aimer ça. Tandis que l’autre n’ai ni à l’aise avec le silence, ni avec la parole. Une autre question me trotte dans la tête. Le pourquoi ils sont ici…seulement j’ai bien peur d’ébranler un peu plus la sensibilité d’Adélie, de briser un peu plus les pétales de la petite fleur qu’elle représente. Mon Canin Blanc, celui qui règne sur mon cœur, dort paisiblement, épuisé par le trop long combat contre le Félin et le manque de son semblable…La Louve Noire. Celle-ci et le Félin, se sont battus, je le sais. Blessant sans s’en s’apercevoir, mon propre moi. Pourquoi est-ce si dur pour elles deux, d’accepter le fait que chacune à sa place bien précise dans mon Temple. Jamais l’une n’évincera l’autre. Solution…j’y réfléchis depuis bien longtemps. Elles s’acceptent…ou je laisse tomber.
Je me ressaisis, sentant la douleur de mes côtes se raviver ainsi que celle du cœur. Je me remet à écrire une autre demande, banal mais qui au moins occuperas un peu.
Depuis quand êtes vous ici ?
La réponse d’Adélie semble évident vu son état psychologique…Quand à Siriel, il a l’air d’être quelqu’un d’imperméable au monde qui l’entoure. Il y a des jours, où j’aimerais avoir cette capacité, ne serait-ce que quelque seconde… Je place le calepin devant Adélie avec le crayon sur la feuille. Le chant des oiseaux à l’extérieur nous parviens doucement jusqu’aux oreilles…
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| | | Adélie Roche 463729 Petite fille égarée
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| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Lun 1 Sep - 11:48 | |
| Le calepin passe de main en main. C'est reposant. Et angoissant en même temps. Parce que le silence est toujours là, il nous environne, il les berce et me terrifie. Le vide me fait peur, j'ai toujours eu le vertige. Le silence de la solitude me dérange moins. Parce qu'il n'attise pas mes craintes. Il me protège et me rassure. Le silence, c'est quelque chose de beau. De merveilleux, même. Qui sublime la moindre musique, le moindre chant d'oiseau, le moindre clapotis de l'eau sur un rocher. Je ne pourrais pas me passer de silence. Sauf quand je ne suis pas seule. Comme à présent. Parce que j'ai toujours vu les gens discuter ensemble. Quand le silence tombe, on dit qu'il y a un blanc, et les gens sont mal à l'aise. Ils voudraient parler encore. Ils finissent par s'ennuyer. La conversation est morte. Ils se séparent. Regrettent. Et quand ça se reproduit trop souvent, ils songent qu'ils n'ont plus rien à se dire. Cessent d'être amis, peu à peu. Malgré les apparences, malgré mes mensonges, malgré ma distance, je sais que je m'attache trop vite et trop forte. Je ne veux pas que l'on cesse d'être ami avec moi. Même si l'on n'est pas vraiment amis... C'est pareil, pour moi. Alors je n'aime pas le silence. Apparemment, ce silence-là ne dérange pas Siriel et Bella. Ils l'apprivoisent, l'apprécient. Je n'ai pas de raison de m'en faire. Mais l'habitude est installée depuis trop longtemps, maintenant. Elle est ancrée dans mon être, hameçonnée. Je ne peux m'en défaire. Même si ça détruit la paix du moment. Même si mon angoisse est palpable, même si je la transmets à mon entourage. Calme... Injonction. Je dois me calmer. Ce n'est pas normal de se mettre dans un état pareil pour un peu de silence. Je regarde Siriel écrire, puis Bella. Tous les deux semblent s'appliquer. Ils n'ont pas peur du silence, ils n'ont pas peur des mots qui s'envolent ou qui restent. Calme... Bella me serre contre elle, je ne bouge pas. C'est réconfortant, je me sens en sécurité. Mais je n'en montre rien. Je ne sais pas le montrer. J'espère qu'elle comprendra. Car je n'esquisse pas un geste de recul. C'est un début, non ?
Le petit cahier me revient finalement, ainsi que le crayon. Siriel vient de Londres, mais il comprend le français. Tant mieux. Parce qu'en ce qui concerne l'anglais, je suis loin d'être douée. Bella, elle, vient de Metz. Je sais pas trop où ça se trouve. Dans le nord, je crois... Plutôt à l'est, je dirais. Mais je suis nulle en géographie. Une chose est certaine, Metz n'est pas dans le Sud. Et ces consonances... Pour moi, c'est plus près de l'Allemagne que de l'océan. Après tout, quelle importance ? Nous sommes tous là, à présent, et pour toujours sans doute. Non, non, non. Je ne dois pas me perdre, m'oublier. Si je veux survivre, je dois savoir qui je suis. Je suis Adélie Roche, je viens de Clermont Ferrand. Cette prison n'est qu'un passage, qu'une étape de ma vie. Ce n'est pas une finalité. Je l'apprivoiserai, j'y serai libre. Comme les oiseaux de Siriel. Il y aura un après qui suivra la période noire de mes maux. Peut-être même pourrai-je sortir un jour, avec de la chance. Enfin pour l'instant, ne rêvons pas trop. Ne pas retomber de trop haut, ça peut être une bonne chose. Alors on va essayer de faire comme ça. Calme... Je finis de lire les mots de Bella. "Depuis quand êtes-vous ici ?" Pas longtemps, ça doit se voir. J'écris à la suite de Bella, de cette même écriture toute petite et pas outrageusement régulière mais pas non plus chaotique :
« Aujourd'hui. Et toi ? »
Cette fois, la question est venue toute seule, sans que j'aie à aller la chercher. C'est mieux. Même si ce n'est pas encore parfait. Et puis, c'est une question bien banale. Je manque sérieusement d'originalité. Ce serait pas mal. J'hésite à passer le cahier à Siriel. J'aimerais écrire quelque chose d'autre. Mais quoi ? Toujours ce pardon qui me trotte à l'orée de l'esprit ? Non. Définitivement non. Je ne veux pas de leur pitié, je la suscite déjà bien assez. Alors quoi ? Leur demander pourquoi ils sont ici ? Hum... Ce serait peut-être un manque de tact... Je ne sais pas si ça se fait. Je ne voudrais pas briser ce moment. Je ne veux pas qu'ils s'en aillent et me laissent. Je pourrais leur demander de me montrer la prison. Mais s'ils ne veulent pas ? C'est peut-être immense... Peut-être aussi qu'on y fait de mauvaises rencontres. Et je ne veux pas croiser de gens, bonnes ou mauvaises rencontres. Cela dit, ça pourrait être utile. Procéder par étapes. Les amener à proposer la visite d'eux-mêmes. C'est sans doute la meilleure solution. J'ai toujours fait comme ça. Parfois ça marche. Parfois non. On verra bien. Allez, courage. Un effort. Un de plus. Parce qu'il n'y a qu'en faisant des efforts que je pourrai progresser.
« C'est grand ici ? »
Cette fois, mes lettres sont plus penchées, plus irrégulières. Comme si j'avais eu de la peine à écrire. Comme si j'avais tremblé. J'aurais pu écrire en anglais. Mais Siriel comprend le français. Et je ne sais pas quel mot il faut utiliser pour 'grand'. Il y en a tant ! J'ai toujours eu du mal avec l'anglais. Alors je laisse comme ça. Pardon Siriel, de ne pas faire d'efforts. Je pense que ma question leur semblera inutile, ennuyeuse... J'ai envie de l'effacer. Mais c'est trop tard, c'est écrit. Presque à regret, je passe le petit carnet à Siriel. Et le crayon, par la même occasion. Il y a quelque chose dans l'écriture qui est rassurant. Qui me redonne presque confiance... Il n'y a pas tous les mots inutiles et les hésitations de l'oral. Elles sont balayées, oubliées. On les voit si l'on regarde une personne écrire, mais elles disparaissent dès lors que l'on a terminé. Et nul ne peut plus les voir. Peut-être que savoir ça me donnera le courage de continuer. A l'écrit, pas de 'euh', de 'ben', pas d'hésitations. Pas de voix rauque, non plus. On ne peut pas savoir depuis combien de temps l'on n'a pas parlé. Peut-être suis-je faite pour être muette...
Je puise de la chaleur et de la paix dans mon contact à Bella. Ca me fait un peu de bien, je crois... J'ose un regard vers Siriel. Je dois avoir l'air moins effrayé, à présent. Je l'espère.
Ma solitude du moment semble s'envoler peu à peu comme une feuille au bord d'une falaise. Merci. | |
| | | Siriel Silver 571-428 Serenity
Nombre de messages : 189 Age : 44 Date d'inscription : 13/06/2008
| Sujet: Re: Une nouvelle effrayée Mer 3 Sep - 20:58 | |
| Les anges ne passent que dans le silence. Eux aussi craignent le bruit et ces mots que lancent les vivants par dessus la tête de Dieu. Non, je ne suis pas croyant. Enfin plus. Pas comme ça. C'est compliqué. Juste pour expliquer pourquoi j'aime le silence. Je sais que beaucoup de gens me prennent pour un ange, un être pur qui ne ferait jamais de mal à une mouche, toujours silencieux et noble. Ils se trompent vous savez. Pour le moment je vais bien mais si la lumière blanche me prend à nouveau. Si les voix de mon coeur se réveillent et assourdissent ma conscience, alors je ne sais pas ce que je ferais parce que j'en aurait aucun souvenir. Je pourrais aussi bien tuer Adelie, ou Bella, comme j'ai, parait-il, tué tous ces gens de Londres. Je ne suis pas ici pour rien. Bella non plus. Et Adelie, toute petite fleur fragile qu'elle soit, non plus. Tous nous avons fait des erreurs que nous devons payer. Les anges n'existent pas dans cette réalité. Même si nous les voyons parfois passer, ombres fugaces au dessus de nos têtes.
Le calpin porteur de mots passe d'une main à l'autre. J'arrive un peu à lire ce qu'elles écrivent. C'est en français, c'est à l'envers, mais j'ai été bibliothécaire (j'ai failli penser libraire...les faux amis, parfois, me font confondre anglais et français... ce n'est pas toujours facile d'avoir deux langues dans la gorge), je sais donc lire dans a peu près n'importe quel sens. Les livres sont des bombes à retardement. C'est pour ça que j'aimais les ranger et les regarder. L'attrait du danger si vous voyez ce que je veux dire. Non ? Tant pis.
Je prends le carnet des mains d'Adelie, tout doucement. Je lis réellement les questions. J'ignore depuis combien de temps je suis ici. Je n'ai pas vraiment compté. Il y a eu mon arrivée. Puis ma veillée au chevet de Damara. Puis les retrouvailles avec Tsuyosa. Puis ma maladie qui m'a fait errer entre la vie et la mort pendant plusieurs jours. Là je suis en convalescence. Je ne sais ps combien de temps. Un mois. Peut-être deux. Une heure. Un siècle. Quelle importance finalement. Je fixe bêtement le carnet, toujours aussi imperturbable. Ma main se met alors à bouger. Elle dessine un petit rien a côté des questions. Un animal couché, une fleur entre les pattes. L'animal en lui même n'est pas très reconnaissable. Je ne sais pas encore a quoi ressemble Bella. Il a la taille d'un loup mais une queue féline. Des ailes sur le dos, des yeux canins brillant d'intelligence et des pattes de chat. Une sorte de mélange entre les deux prédateurs plus des ailes d'aigle pour s'envoler loin des soucis de l'existence. Bella est une chimère. En quelques minutes, l'esquisse est terminée. Il faudrait pourtant que je réponde. Ce que je m'applique à faire. En anglais bien sur.Depuis quand êtes vous ici ? « Aujourd'hui. Et toi ? »I do not know.« C'est grand ici ? »Encore une question qui n'a pas de réponse précise. J'ai peur de faire mal a Adelie en ne répondant pas vraiment mais je ne peux pas. La taille n'est pas quelque chose de réel. Elle dépend du référentiel et des habitudes de la personne.Sometimes too much, sometimes not.C'est à moi de poser une question, si j'ai bien compris le jeu. Il y a beaucoup de mots écrits ici mais pour le moment je n'ai blessé personne. Puisqu'il semble évident que personne veut demander ce qu'a fait l'autre, je vais également éviter cette question. De toute facon ca m'est égal ce qu'ils ont fait. Je ne m'intéresse pas a eux en tant qu'entité physique ou être humain. C'est même beaucoup dire que je m'intéresse à eux. Je sociabilise. Cela ne m'est pas désagréable avec eux. Mais je reste ce que je suis. Quelquu'n qui n'est dans la réalité que parce qu'il n'a pas la possibilité d'en partir.Are you hurt ? Where ? Why ?Ma question s'adresse aux deux. Bella a une douleur physique qui la fait parfois grimacer. Adelie a une douleur tout aussi forte mais mentale quand à elle. Le genre de chose qu'Elle saurait guérir. Ce qu'elle me manque. Chaque minutes. Mais je sais qu'elle est là. Quelque part dans la pierre. Et cela me rassure. J'ai tendus le calepin à Bella et posé ma main sur le sol. Mes yeux se sont fermés pour sentir sa force bouillonnante troubler la brume de mes pensées. J'espere qu'elle ne m'attend pas. Je ne sais pas si je suis allé la voir durant mon moment blanc. J'irais voir après.(HJ traductions : Je ne sais pas (avec une insistance sur le fait qu'il l'ignore) Parfois trop, parfois pas assez Es-tu blessée ? Ou ? Pourquoi ?
Je ne suis pas sur que mon anglais soit très correct, mes excuses si j'ai fait des fautes...) | |
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