Je m'en foutisme [pv June]

Yoruici s'en sort pas trop mal, et réussit à partir tout en conservant sa fierté. Elle oublie juste un petit détail. Hé! Me laisse pas avec ça! Heureusement pour moi, il ne la laisse pas partir comme ça. Faut croire qu'il n'aime pas être bousculé, tout comme moi et Yoruichi d'ailleurs. On fait sans doute pas une très bonne combinaison, trop de caractères explosifs et pas assez de personnes pour nous calmer. Mais je crois que là, c'est pas vraiment le moment de régler le problème.
Quoi qu'il en soit, Yoruichi a pas l'air d'apprécier qu'on l'appelle par son nom. J'en prends note, ça peut toujours servir. Une petite explication, et elle repart, m'emmenant cette fois avec elle. Je la suis sans résistance, plutôt soulagée d'être sortie de cette galère. Mais ça, bien sûr, je ne le montre pas.
Elle s'excuse, et je souris. J'vais quand même pas lui en vouloir pour ça...

" T'excuse pas, c'est rien. Et puis j'ai pas vraiment arrangé les choses. "

On se remet à marcher, et il y a un court temps de silence. Temps de silence rapidement interrompu par notre bon ami qui revient vers nous, visiblement très énervé. Il est vraiment susceptible. Dommage pour nous, il se remet à parler. Il dit qu'il n'aime pas qu'on lui manque de respect, et me saisit le bras, sans doute parce que je suis la plus proche des deux.

" T'avises plus de te mêler de mes affaires, sinon... "

Il m'énerve. Il peut pas nous laisser tranquilles non? C'était pourtant pas grand chose, un simple petit accrochage. Il n'y a vraiment aucune raison d'en faire toute une histoire. Et puis il m'énerve à pas finir sa phrase, s'il tient vraiment à me menacer, qu'au moins il aille jusqu'au bout de sa phrase.

" Sinon quoi? "

Il ne me répond pas, se contente de sourire. Ma colère, retombée quelques instantx, revient rapidement et m'empêche à nouveau d'avoir peur. Mon regard se fixe dans le sien, sans rien cacher de ce que je ressens.

" Lâches moi. "

Evidemment, il ne le fait pas. Je réitère ma demande, toujours sans succès. Il reserre même sa prise, des fois que je veuille me dégager. Du coup, je ne tente rien, il a plus de force que moi et j'ai aucune envie de me ridiculiser en tentant vainement de partir. Il se tourne ensuite vers Yoruichi, toujours sans me lâcher.

" Hé, Itanaki... tu comptes me tuer maintenant? "

Pure provocation. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais j'ai un mauvais pressentiment. Yoruichi ne va sans doute pas apprécier... et moi, je préfèrerais observer la scène de loin. Sans compter que j'aime bien être libre de mes mouvements, ce qui n'est pas tout à fait le cas en ce moment.

Situation embarrassante déjà cet idiot ne nous lâchait pas les basquets, ensuite, il agrippe June. Bordèl, c’est pas mon jour, mais là, vraiment pas. D’ailleurs j’hausse un sourcil quand il me demande si je comptais le tuer maintenant. Serait-ce de la pure provocation ? Le seul avec qui j’aime jouer est un joueur gagnant, et non un joueur perdant. Ouais, parce que j’dis qu’il a déjà perdu d’avance le type.

Un sourire carcassier se forme sur mes lèvres, si j’avais été un félin, je me serais fait une joie de lui enfoncer profondément mes crocs. Je me rapproche un peu plus de lui, tout en le fixant dans les yeux.

-Nan pas maintenant. Et puis, si tu veux tant que ça la garder, j’te la laisse.

Le visage de l’homme s’illumine à la suite de mes dires. Il doit être content, je ne vais pas le tuer, et en plus de ça, je lui laisse June… J’ai dit ça moi ?

-Tu sais marchander Itanaki, j’aime ça.

Ouais, ouais, j’m’en fous. Je fini par avancer sans regarder June. Dans exactement cinq secondes, il allait faire une erreur fatale. Je ralentis mon pas, tout en comptant dans ma tête … une … Le type regarde June tout en la tenant fermement. Deux …

-C’est ça des amis hein ?

Trois … Il se rapproche dangereusement de ma compatriote. Encore deux secondes. Je ne suis pas du tout loin. Un mètre peut-être. Je me retourne légèrement pour regarder derrière moi … Quatre … l’homme n’est qu’à quelques centimètres du visage de June. Je n’ai pas forcément envie de jouer. Mais là, l’appel est assez poussée. Certains prisonniers regardent la scène de loin, d’autres ne font pas attention. La bacchanale prend t-elle des ampleurs inégalable dans mon esprit ?

Cinq … Ses lèvres se rapprochent de celles de June. Mais avant qu’il n’ai pu faire quoi que ce soit. J’étais planté devant lui, sans sourire cette fois-ci, les ongles bien ancrés dans sa gorge, le regard plus sauvage, mais pas plus meurtrier que quand j’avais tuer mon père.

-Il faudrait que tu apprennes à dissocier l’ironie du sérieux. Provoque moi encore un fois, et cette fois ci, je te jure que ton chemin s’arrêtera ici.

Comme si j'étais capable de laisser June aux griffes d'un fou. C'est mal me connaître. Mais en même temps, qui me connait réellement ici ? Déjà pour moi, c'est difficile. Je devrais peut-être le lâcher, le sang commence tout doucement à couler de ses plaies ouvertes. Mon comportement peut être très changeant surtout quand je me sens menacée ou quand quelqu'un l'est par ma faute. Pour bien me faire comprendre, je serre encore plus fort. Il finit par lâcher June pour venir saisir mon bras. Va s'y fait moi mal, ose! Je lâche, laissant tomber ma ''proie'' tout en disant à June de me suivre.

J’avais une tête à laisser tomber les personnes avec lesquelles je venais à peine de faire connaissance ? M’oui ça pouvait arriver mais nan. Je suis encore une fois trop digne pour laisser quelqu’un entre les crocs d’une autre que les miens. Je ne partage jamais, ou très rarement. Qu’est ce que j’suis drôle, personne ne m’appartient, enfin du moins pas encore. Par contre, j’appartiens moi. Et ce n’est pas logique. Enfin bref, passons.

June était entrain de me parler tout en trottinant à côté de moi. Je ne peux m’empêché de sourire quand elle rétorque chaleureusement de la prévenir si une de mes aptitudes inattendus se reproduis. Sur le même ton je lui répond :

-Tu sais … quelque chose d’inattendue est un truc … au quel on ne s’y attend pas. Cela casserait tout le jeu si je te prévenais à l’avance.

Quel humour j’ai moi aussi. Je bas même ma conscience niveau connerie, c’est incroyable. Sacrée poigne, disons que j’ai juste des ongles qui peuvent percer la peau. Et puis, le sport, ça aide à garder la forme, par la même occasion augmenté les aptitudes physique ; endurance, vitesse, …

Ah ce qu’on fait maintenant … Ben on marche ma belle. Mise à part te raconter ma vie, je ne peux rien faire d’autre. Sauf si tu veux absolument jouer au dame. Là, c’est dans la salle commune, mais j’ai pas trop envie de rentrer alors qu’il fait bon. Ce serait du gâchis d’éviter une si belle journée ensoleillée, non ? Moi je pense que oui, donc … Je ne sais pas.

-Hm, bonne question.

J’avance tout en me retournant par moment, histoire d’être sûr que personne ne nous suivait. Ces cons par exemple. J’en viens à m’arrêter pour profiter du spectacle : quelques prisonniers accourraient vers le type que j’avais saigné comme un porc. Le pauvre, j’ai du lui faire très mal, n’empêche j’aimerais pas avoir mes propres ongles dans ma peau, quand je vois ce que cela a fait à ce grand gaillard de X kilos.

Instinctivement, je porte mon regard sur mes mains. Et la, horreur ! Moi qui ai horreur d’avoir des trucs inconnus sur ma personne, j’avais hormis le peu de sang que j’avais sous mes ongles. Par chance, j’avais toujours des babioles dans mes poches, j’en sors donc un mouchoir, tout en frottant mes mains. Beurk, j’ai horreur de ça. La seule fois où j’ai ‘’ niée ‘’ du sang … C’était celui de mon géniteur et de l’autre con. Leur saloperie de liquide rouge sur mon t-shirt blanc. Pas que j’aime pas la vue du sang, elle me fait rien. Mais bon, ici, c’est … Pas pareil. Tout en jetant le papier, je viens m’adosser contre un des nombreux murs de la prison, exposé au soleil.

-Dire que nos mains ne seront jamais lavé de ce sang immonde …, dis-je en soupirant.

June comprenait vite, à tel point que je ne fis qu’acquiescé d’un geste de la tête pour marquer une réponse positive. Le sang n’est peut-être plus là, mais rien ne m’empêche de le voir encore sur mes mains. Saleté ! Je remarque aussi une chose, je m’étais plus aventuré dans la vie de June que je ne le voulais il n’y a que quelques minutes, ou peut-être quelques heures. J’en sais trop rien. Depuis quand sommes nous ici, dans cette cours, avec ses quelques maigres prisonniers en son fort intérieur ? Je lève la tête vers le ciel.

" Tu regrettes? "

Mes yeux retombent lourdement sur June. Etonnée moi ? Ben fallait croire que oui. Il me semblait avoir été assez clair pourtant. Enfin, que ce soit dans ma manière de parler, le ton que j’emprunte, tout ne devait laisser à supposer que je ne regrettais rien du tout. Mais dans le fond, la demoiselle le savait, elle avait sûrement lâché ça sans trop faire attention. M’enfin, je ne vais quand même pas retourner à mon point de départ de ‘’ mauvais humeur’’, calmement et en toute simplicité, un sourire se dessine à nouveau sur mes lèvres.

-Absolument rien. Pourquoi, toi oui ?

Oh que non je ne regrette rien, je regrette juste d’avoir été si naïve à l’époque. Mais bon, ça ne se pardonne pas. L’amour non plus ça ne se pardonne pas, quoique. Nan, c’est en partie à cause d’elle si je suis là, la vie est tellement, pessimiste par moment, ou c’est moi qui le suis ?

-Regretter maintenant ne servira plus trop à grand-chose de toute façon. T’es ici et c’est pour un bon moment, voir à vie.

Donc, autant vivre –survivre- avec le sourire. Sourire, sourire … Est-ce qu’il était vrai au moins ? On peut étendre largement nos lèvres, cela ne prouve pas qu’on soit heureux. Que dis-je ? Etre heureux dans une prison, c’est moi tout craché ça. Positiver même si je suis dans le presque saint-enfer.

Mes esprits s’envolent un peu ailleurs, repense à la matrice qui m’a vu grandir. Nous sommes fait à partir de rien. C’est déconcertent, même déséquilibrant pour moi d’imaginer que j’étais enfermer pendant neufs mois dans un ventre.

-Tu n’as pas eu de visite depuis que tu es ici ?

Mise à part celle que j’avais eu de ma mère -qui ne s’était pas particulièrement bien passé-, aucun. Puis je pense lui avoir assez bien fait comprendre que je ne voulais plus la voir. Aurais-je fait une erreur ? Qu’importe. Ma vie est un foutoir, si bien que j’m’en fiche tout court.

Le principe d’une prison est d’être coupé du monde. Donc pas de contacte avec le monde extérieur, donc avec les gens « innocents », les gentils quoi. Parfois je me dis que c’est stupide d’avoir inventer les prisons, quand on regarde, on n’est pas seul … Vu qu’on est dans une cage ou vivent moutons et loups. Mais d’un autre côté, ça ne m’étonne pas trop de son ‘’non’’ et de la rapidité à laquelle elle le dit. Son amie n’est pas venue donc … probablement refait sa vie. Je ne lâche rien, pas par crainte de blesser June, mais juste parce que … J’ai pas envie de m’éterniser sur le sujet.

" Le réfectoire est ouvert? Je commence à avoir faim... "

La faim … l’un des besoins primaires de l’homme, et certes, le plus important. Même avant, lointainement à vrai dire … Des milliers d’années lumières d’ici. L’homme chassait le mammouth. Imaginons se grand mammifère terrassé par de petits bonshommes à moitié nus armés d’une lance … Impressionnant hein ? M’enfin je m’éloigne terriblement du sujet là. Le réfectoire est-il ouvert ? Bonne question June. J’en sais absolument rien vu que je n’ai pas l’heure. Mais vu que la technologie de maintenant à avancer terriblement, nous pouvons donc apercevoir que les moutons de Sadismus se dirigent en majorité vers l’intérieur de la prison. Donc, j’en conclue que c’est le bon moment ...

-Ben je suppose que … Maintenant oui.

Puisque son estomac a faim, on y va hein… Enfin ‘ on ‘ … C’est beaucoup dire, je n’ai absolument pas faim. Ca doit faire deux jours que j’ai rien manger et mon estomac ne réclame toujours rien. Pour faute de mauvaise habitude. C’est comme ça j’y peux rien. M’enfin, je vais tout de même l’accompagner.

-Tu viens ?

Bah besoin de le répéter deux fois, j’entame la marche droit vers les portes, avec June à mes côtés. Gleb lui adore manger … Pourtant, la nourriture d’ici ne lui donne absolument pas faim, et personnellement, je le comprends tout à fait. D’ailleurs … Il me manque … Il doit attendre sous sa couverture qu’on vienne le voir … Quand je dis ‘on’, je parle bien de moi ou d’Alec … Dans les deux cas, il m’avait bien toucher en me disant que j’étais sa seule véritable amie. Bizarre venant de moi. Mais bon, lui est … Différent.

-Tu sais manger la nourriture d’ici ?

Que serait l’homme sans la nourriture ? Probablement plus rien, puisque c’est l’élément le plus important pour sa survie. Ca fait quoi d’être dépendant d’une chose aussi … Subtile ? Comme si Dame Nature avait besoin de nous créer avec un estomac, enfin avec un appareil digestif. Parce que bien sûr, tout à une logique. Si nous ne mangeons plus, il y aura trop de bêtes, plantes, tout ce que nous consommons sur terre. C’est le cercle de la vie. Comme lion, il est forcé de manger des antilopes, parce que s’il ne le fait pas, il y aura trop de gazelles. Donc, plus assez d’herbe pour toutes les nourrir. Par conséquent, le fauve doit en consommer en grand nombre pour limité la multiplication et garder un ordre. Le principe s’instaure aussi dans la prison, mais dans le cas contraire. La nourriture est mauvaise, pourquoi ? Assez simple. On est censé mourir dans une prison, et puisque la place sera limité un jour ou l’autre. Autant mal nourrir les détenus, les plus faible mourront. Et seul les forts tiendront … Mais ne tiendront pas toute leur vie. Et puis, ça ne sert à rien. Autant nous tuer dès qu’on arrive …

" Et toi, t'as pas trop de mal avec la bouffe? "

Des problèmes avec la nourriture ? Ici, c’est impossible. Si tu es difficile, soit tu te forces ou alors, tu te condamnes à mourir de faim. Et puisque je ne suis pas du genre difficile niveau nourriture –logique puisque je mange très peu-, ça passe assez bien. Mais bon, loin d’être une gourmande de nature, j’ai rarement mi les pieds dans le réfectoire.

-Je mange très peu … Mais sinon en général, ça va.

Elle a parlé d’une technique pour limiter le goût de la nourriture ? Hm. Pourrait être intéressant. Moi c’est simple, je bois beaucoup d’eau. Ensuite, pour reconnaître de quoi il s’agit … J’avoue que c’est un peu complexe. Bien que parfois, nous avons des plats à peu près identifiables.

Enfin bref, la bouffe reste un sujet que je n’aime pas vraiment abordé. D’ailleurs, elle n’a jamais rien signifié pour moi. J’imagine même pas la tête de June si je venais à lui dire qu’à mes seize ans jusqu’à mes dix-sept, je me suis fait vomir. Pourquoi … Tout compte. Mal être intérieur avec tout ce qui c’était passé.

La porte d’entrée se dresse enfin devant nous, à semi ouverte, je m’engouffre dans le petit espace suivi de June. Je n’aime vraiment pas quand il y a trop de gens. Et là heureusement, il n’y a pas grand monde. Je jette de rapide coup d’œil autour de moi, histoire de voir si je reconnais quelqu’un. Mais non, personne. Me retournant vers la jeune femme.

-En avant …

Pourquoi mon passé est si étiolé ? J’ai encore du mal à le digérer. Et en parlant de digestion, mon estomac ne réclame toujours rien. Je vais peut-être me forcer un peu tout compte fait … A tout hasard, je demande à June :

-Tu crois qu’il y a quoi au menu cette fois ci ?