Instant pour penser ... [Pv June]

128699 Nombre de messages : 3854 Age : 34 Date d'inscription : 11/02/2007

Après cette « fabuleuse » rencontre avec Thorkel. Mon état ne s’était pas amélioré. Loin de là. Je ne savais tout simplement plus comment je devais me comporter. Avec calme, ou avec mon agressivité qui me collais à la peau. L’idée étant que c’était difficile d’être calme, j’avais l’impression que me mettre en colère était tout ce que je pouvais faire pour me défendre. Je ne supportais plus cet endroit, les prisonniers, les gardiens. Personne ne pouvait me faire sortir, alors moi je devais trouver un moyen. Une histoire avec ce gardien qui aurait pu me décourager d’avantage, qui au contraire me donna encore plus de volonté. Je devais absolument sortir d’ici, avant de devenir plus fou que je ne l’étais déjà. Ce n’était pourtant pas compliqué. Je crois que j’avais bien assez purgé ma peine, je ne resterais pas ici toute ma vie ou un an de plus.

Mais là, en m’habillant ce matin. J’avais toutes sortes de belles pensées d’évasions, mais je n’avais plus rien de propre. Alors mieux valait que je reprenne des forces, tout en nettoyant mon linge, c’était plus sage. Je rassemblais mes affaires dans mon panier, prit tout de même le temps de m’habiller correctement, et je descendis jusqu’à la laverie. Endroit que je détestais, et que j’affectionnais en même temps. Drôle n’est-ce pas … Mais disons que c’était un endroit ou j’avais bien failli y laisser ma peau, et ou j’avais tuer un foutu gardien qui m’avais bien enmerdé. Fabuleux souvenirs, et j’en avais encore d’autres comme ça. Alors j’entrai dans cette pièce et voyant que j’étais seul, je fermais la porte derrière moi. Sans la verrouiller, je ne voulais pas créer une émeute si tout le monde décidait d’aller laver son linge en même temps que moi. Mais j’avais envi d’être seul. Et peut-être que j’avais envi d’autre chose. Me prouver que j’étais un homme, drôle de pensée n’est-ce pas, et pourtant plus masculin que moi, il fallait le faire. J’étais musclé, viril, orgueilleux … J’avais de nombreux défauts mais je n’étais pas du genre à baiser n’importe qui. Et pourtant, là j’en avais peut-être envi … Je secouais la tête pour chasser ce genre de penser de mon esprit … Ce n’était pas moi ça.

Je triais mon linge et ensuite je fis partir mon lavage. Je m’installais, debout, appuyer contre la laveuse, et j’attendais, sans rien faire. Sans faire le moindre mouvement. J’étais perdu dans mes pensées et dans le bruit de la machine a lavée. Je ne remarquais même pas lorsque la porte s’ouvrit et que quelqu’un entra dans la salle de lavage. Et pourtant, j’étais quelqu’un d’assez prompt, et là je ne faisais rien, fixant le sol, toujours perdu dans mes pensés. Je devais sortir d’ici, je devais me retrouver moi-même, et surtout, je n’allais plus jamais me laisser faire …

657903 Nombre de messages : 184 Age : 32 Date d'inscription : 29/08/2007

Un matin de plus ici. Comme tous les matins, je me lève, m'habille, prends ma douche, et enfille des affaires propres, ou à peu près. En tout cas, ce matin, c'est mon dernier uniforme propre que j'enfille. Bon, je crois qu'il est temps d'aller faire une lessive.
J'aperçois mon reflet dans une des vitres de la prison, et je m'arrête un instant pour m'observer. C'est quelque chose que j'adore faire. J'aimerais bien avoir un grand miroir à pieds comme il y en avait chez moi, mais j'ai l'impression que cette requête ne me sera pas accordée... tant pis, je me contenterais de la vitre. Je n'ai pas beaucoup changé depuis que je suis arrivée, toujours aussi belle, les mêmes traits harmonieux.
Pourtant, il y a quelque chose de différent. Mon expression peut-être. Je ne pense pas avoir eu le temps de me durcir, mais c'est vrai que je n'ai pas perdu que ma liberté lors de mon procès. Chloé me manque toujours autant. Je pensais que la douleur s'estomperait avec le temps, mais c'est l'inverse qui se produit. Plus je rêve d'elle, plus je pense à elle, et plus elle me manque. J'essaye de sourire, mais c'est plus difficile qu'avant. Quand il y a quelqu'un en face de moi je n'ai aucun problèmes, mais face à moi-même... tant pis, je ferai sans.

Je me remets à marcher vers la laverie, d'un pas plus rapide cette fois, et y arrive sans trop tarder. En entrant, je remarque directement que je ne suis pas seule, mais ça ne me dérange pas. Lui semble ne pas m'avoir remarqué. J'en profite pour le détailler en essayant vaguement d'être discrète. Plus vieux que moi d'une bonne dizaine d'années, un peu plus grand que moi, à première vue pas trop mal foutu. Bon, j'arrête de l'observer avant qu'il ne me remarque. Je ne connais rien à son caractère, et je commence à être un peu méfiante. Il peut me battre sans problèmes -comme la plupart des habitants de cette prison d'ailleurs-, alors je suis prudente.
J'enfourne mes affaires sales dans la machine à laver la plus proche et la démarre. Il a sans doute remarqué ma présence maintenant, mais je n'ai pas la patience d'attendre qu'il fasse le premier pas. Je suis méfiante, c'est vrai, mais engager la conversation n'a jamais tué personne, si?

" Je m'appelle June. Et toi? "

Je sais, c'est pas transcendant comme réplique, mais je nais trouvé de plus original pour ouvrir la conversation. Et puis ça suffit bien...

128699 Nombre de messages : 3854 Age : 34 Date d'inscription : 11/02/2007

C’est cette voix qui me retire de mes pensées. Une voix féminine, si ça avait été une voix masculine j’aurais immédiatement été sur mes gardes. Mais avec les femmes, j’avais rarement des problèmes. Pas que j’étais réellement plus gentil avec elle. Mais j’évitais de leur casser la gueule, et je n’étais pas aussi agressif, du moins, je tentais de l’être moins. Là je ne savais pas de quel humeur je serais avec elle. J’étais confus je dois dire. J’aurais préféré rester seul. La solitude me va tellement mieux. Avant de répondre, je la détaillais discrètement. Jeune, elles l’étaient pratiquement toutes. Moi j’avais 36 ans. J’étais chanceux, je paraissais plus jeune au moins. Mais je m’en fichais, les gamines ne me plaisaient pas. J’étais loin d’être un agresseur sexuel. J’avais bien des défauts mais celui de pervers sexuel n’était pas pour moi. Mais aujourd’hui je me sentais étrange … Aujourd’hui, depuis plusieurs jours plutôt. L’humiliation que m’avais fait subir Thorkel était bien assez pour me changer. Si bien que peut-être qu’avant cette histoire je n’aurais pas répondu à la jeune femme, mais là je le fis. Parce que j’avais besoin de cette présence, quelqu’un qui ne voudrait pas se battre avec moi. J’avais toujours été un bagarreur, et que pour même moi je n’ai pas envi de me battre … Je devais être épuisé, physiquement et mentalement.

Je m’appelle Carl … Dis-je en la regardant dans les yeux.

Que dire d’autre? Je n’étais pas quelqu’un qui faisait souvent la conversation. Je me tournais quelques instants vers la machine à lavée. Je devais me changer les idées. Changer cette expression sur mon visage qui devait me rendre affreusement amer. Je voulais avoir l’air un peu plus moi-même. Et surtout … surtout tenter d’oublier cette histoire, si ce n’est que pour l’espace d’un instant. Je me retourne finalement vers la jeune femme. Je lui souris un peu, ce qui est déjà un bon pas et je lui tends doucement la main. Sans agressivité. J’ai envi d’être gentil un peu, pour changer tient. Je ne suis pas quelqu’un d’affreusement méchant, je suis simplement quelqu’un de difficile d’approche habituellement.

Enchanté June … Et si tu veux savoir, je vais ni te tuer, ni t’agresser, ni t’empoisonner … ou faire quoi que ce soit …Et ... J’attend la même chose de toi … Dis-je d’un air plus expressif que je ne l’ai jamais été. J’en ai simplement assez, les gardiens s’en prennent à moi pour aucune raison. Je n’ai pas envi de me battre avec une prisonnière. Mais mieux vaut prévenir que guérir hein, on ne sait jamais sur qui l’on peut tomber. J’avais l’air bien plus agressif qu’elle et elle est tout de même venue se présenter. J’étais capable d’être plus que l’homme que j’étais en train de devenir à cause de cette prison. J’avais une femme, des enfants que je n’avais pas encore eu l’occasion de serrer dans mes bras … Je voulais pouvoir faire ça … Je n’allais pas crever ici sans jamais revoir Eddy et mes jumeaux … Mais je ne voulais pas songer à cela. Pour le moment, j’attendais la réponse de June, voir comment elle allait réagir, j’étais peut-être tombé sur une timbrée, ce ne serait pas nouveau quand même …

657903 Nombre de messages : 184 Age : 32 Date d'inscription : 29/08/2007

Bon, tout va bien, il ne m'a pas sauté au cou pour lui avoir adressé la parole, il me répond même et me donne son nom. Carl. Son expression n'est pas la plus engageante du monde et il n'a pas l'air spécialement bavard, mais il n'a pas l'air spécialement agressif. Un asocial, c'est toujours mieux qu'un malade qui me saute au cou dès que je lui adresse la parole. Quoi que je n'en ai encore jamais rencontré, et que j'ai parfaitement conscience que j'exagère un peu mes propos.
Avant, quand j'étais libre, je recherchais surtout la compagnie de gens extravertis et joyeux, des gens avec qui je pouvais facilement m'amuser et faire la fête. Mais là, je crois que je vais devoir revoir mes " exigences " vis à vis de mes pairs... ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose d'ailleurs.

Il me sourit, je lui souris en retour. C'est facile quand il y a quelqu'un en face. Je prends la main qu'il me tend et la serre, assez satisfaite qu'il ne se soit pas contenté de me répondre avant de retourner à sa tâche, oubliant par la même occasion ma présence. Il n'est peut-être pas si asocial que ça finalement... mais c'est sans doute un peu tôt pour le dire.
Ensuite, une politesse, et il m'énnonce en une phrase tout ce qu'il ne compte pas me faire. Je suppose que c'est sensé être rassurant, mais c'est plus étrange qu'autre chose. C'est toujours bon à savoir en tout cas.
Et il attend de moi que je lui rende la pareille. Je dois dire que je me vois mal l'agresser, je n'en ai ni la carrure ni l'envie. Je ne fais pas partie de ces tueurs en série qui tuent par pulsions, pour satisfaire un fantasme quelconque ou accomplir je ne sais quel rituel. Non, moi, tant qu'on ne me fait rien, je suis plutot inoffensive. Ceux que j'ai tués l'ont tous mérité.

" Ca ne me pose aucun problème. "

Nouveau sourire, histoire de lui montrer que je ne suis en effet pas agressive, et je reprends la conversation, sur un ton un peu plus joyeux que le sien.

" Alors, t'es là pour quoi? "

Quoi? Je suis du genre directe, c'est pas nouveau. Et puis, il a dit qu'il ne me ferait rien, il a l'air sincère, et ça m'intrigue. D'accord il n'a pas l'apparence du mec le plus sympa de la Terre, mais j'ai un peu de mal à l'imaginer commettre un meurtre. En même temps, je dis ça de tout le monde, je n'ai pas encore croisé de détenu qui ait une bonne tête de tueur.

128699 Nombre de messages : 3854 Age : 34 Date d'inscription : 11/02/2007

Elle répond à mon sourire. Je ne souris que très rarement, en fait j’ai besoin d’être à l’aise pour le faire. Pas que je suis mal à l’aise dans n’importe quel situation. Mais j’ai vécu toute ma vie sans laisser transparaître la moindre émotion, et pourtant, je ne sais pas tout à fait comment j’ai pu faire ça car je suis quelqu’un qui n’a pas réellement de talents d’acteurs et lorsque je suis en colère, j’ai énormément de difficulté à le cacher. Mais une petite joie, quelque chose que je trouverais drôle, je ne suis pas aussi expressif que la majorité du monde. Ce qui entraîne plusieurs choses, une moins bonne sociabilité, je ne suis pas quelqu’un qui va à la rencontre des gens pour une petite discussion. Non, je ne suis pas comme ça, à moins de réellement en avoir envi ce qui arrive très rarement, là c’est une exception, J’ai passé tellement de temps sans voir qui que ce soit, que je ne refuse pas de parler, je ne me montre pas méchant, même plutôt agréable. C’est dans ce genre de condition que je dois connaître des gens, car avec le peu d’amis que j’ai, je suis vraiment quelqu’un de bien. Mais comme je dis, j’ai très peu d’amis, sinon aucun. Est-ce qu’un tueur peu réellement avoir des amis, c’est la question que je me pose.
Elle répond alors que ça ne lui pose aucun problème, bien c’est un bon début, je ne lui veut aucun mal, même chose pour elle, normal dans la vie quotidienne mais dans cette prison c’est bien tout autre. Je n’ai pas l’air d’un ourson tout gentil, mais je n’ai également pas l’air d’un tueur, j’ai une bonne carrure mais je ne suis pas un monstre. L’on sait en me voyant que je suis fort naturellement, je ne me suis jamais entraîné, la forme je l’ai gard. Toute ma vie car je n’ai jamais fais d’abus et je suis toujours actif. Si je suis quelqu’un d’excessif dans mes réactions, impulsif, C’était tout autre dans mes habitudes de vie. Je ne buvais que très peu d’alcool, n’était pas dépendant à la cigarette, j’aime manger de bonnes choses, bref comme ça je n’ai pas le profil du tueur sanguinaire. Mais je suis capable d’être dangereux, ne vous m’éprenez surtout pas sur mon compte.

Elle me demande pourquoi je suis ici. Je ne cache pas un petit rire amusé. Il y a un sacré bout de temps que l’on ne m’a pas demandé ça. Au départ c’était plus gênant, mais maintenant … il y avait 3 ans que j’étais ici, je n’avais pas encore trouvé le moyen de partir. Ce n’était pas facile, vraiment pas. Je décidai de lui répondre sincèrement, à quoi bon mentir, elle n’était pas là pour rien elle n’ont plus, c’était même peut-être pire que moi, je ne pouvais pas savoir, parfois l’on avaient de bonnes surprises dans cette fichue prison … Je me décidais finalement à répondre, d’une voix calme, mais pas si monotone, j’étais de meilleure humeur, peut-être que voir quelqu’un me faisais du bien au final, même si j’avais toujours été un grand solitaire.

Je suis un tueur à gage si l’on peu appeler ça comme ça … Disons que j’ai tué assez de gens pour mériter la prison à vie … J’aurais simplement espéré ne pas me faire attraper … Dis-je avec un petit sourire.

Oui car disons que j’assumais que j’étais un tueur, ce que je faisais n’étais pas bien et je le savais. Mais je tuais depuis l’âge d’environ quinze ans. Tuer faisait partit de ma vie, je l’avais toujours fais depuis la mort de mes parents. Quitter ce milieu n’était pas aussi simple que cela, surtout avec le statut que j’avais. Mais le plus ironique était que je comptais partir, quelques jours avant mon arrestation. Tout abandonner et partir loin avec Eddy. Et évidement, ça ne s’était pas passé ainsi, et il fallait bien que je sois enfermé pour apprendre qu’elle était enceinte de moi … que maintenant j’avais une petite fille et un petit garçon, des jumeaux, qu’ils devaient avoir environ 2 ans et demi maintenant, et le fait d’être emprisonné sans pouvoir les voir était une véritable torture pour moi … C’était tout ce que je pouvais réellement aimé, mon but ultime, avoir une famille. Fait encore étrange pour un tueur. Mais je n’avais jamais été réellement conventionnel…

Et toi? Pourquoi es tu ici? Depuis longtemps … ? J’ai perdu un peu le fil du temps ces derniers mois, et c’est la première fois que je te vois … Terminais-je d’une voix toujours calme. Je ne suivais plus vraiment les nouveaux arrivés et l’on ne parlait plus de moi, bonne chose. Durant ma première année d’enfermement j’avais tué un gardien, j’avais eu la directrice sur le dos durant bien longtemps, et ensuite les prisonniers qui voulaient me montrer que je n’étais pas le plus fort ici. C’était difficile, mais je ne regrettais aucun de mes gestes, tuer Steve était la meilleure chose que j’avais fais ici. Mais l’on me l’avait souvent rabattu, soit l’on m’aimait ou m’admirait parce que j’avais osé tuer un gardien, soit l’on me détestait, par jalousie probablement …Moi je m’en fichais de toute façon.

657903 Nombre de messages : 184 Age : 32 Date d'inscription : 29/08/2007

Il me répond sans gêne qu'il est tueur à gage et qu'il a beaucoup tué. Suffisament pour être enfermé ici. Je ne dois sans doute pas être la première à lui poser la question. Il ajoute qu'il aurait voulu ne pas se faire attraper, à quoi je réponds par un sourire aux teintes amères. Qui n'est pas dans ce cas? Qui est heureux d'être emprisonné ici et ne souhaite pas une seule seconde sortir de cette prison? Moi en tout cas je ne rêve que de ça, et à La retrouver, Elle qui me hante et qui m'a envoyée ici...

Après m'avoir répondu, il me renvoit ma question. Je m'y attendais, bien sûr, et je ne ressens aucune gêne à confesser mes crimes. Je n'en ai jamais ressentie d'ailleurs, ni devant les policiers, ni devant les juges, ni même devant Elle. Ou peut-être un peu, le temps d'une seconde. La façon dont Elle me regardait, cette tristesse dans son regard, cette... déception... c'est la seule qui a réussi à me faire baisser les yeux. La seule.
Mais devant Carl, je reste fière, je n'ai pas honte de ce que j'ai fait. C'était juste. Mérité.

" J'ai tué moi aussi, mais seulement trois personnes. J'ai été jugée sévèrement à cause de... circonstances agravantes. "

Je ne pense pas que "circonstances agravantes" soient les mots adéquats, mais je n'en ai trouvé aucun autre, et énoncer mes autres chefs d'inculpation en détail aurait prit trop de temps. De toute façon, tout ce qui compte, c'est la raison pour laquelle je l'ai fait. Je crois que ma conviction se voit dans mon regard, mais je n'y prête pas trop d'importance. Pourtant, c'est certainement qui a effrayé Chloé... mais je ne dois pas penser à Elle, je n'ai pas encore tout à fait répondu à la question de Carl.

Le temps... au début je comptais les jours, une semaine, puis deux, trois... et j'ai arrêté. Je n'ai jamais eu la notion du temps, alors ici, où rien ne change peu importe le jour de la semaine ou du mois, j'ai renoncé à connaître la date.
Et puis je ne suis pas vraiment du genre à être maniaque là-dessus, à barrer les jours sur un calendrier. Ce n'est pas comme si j'allais sortir un jour...

" Je ne suis ici que depuis quelques mois, mais je saurais pas dire combien. Six peut-être... et toi? "

Etant donné qu'il a dit ne plus avoir la notion du temps ces derniers mois, je suppose que ça fait plus longtemps, peut-être beaucoup plus. Il pourrait même être là depuis dix ans... mais non. Physiquement, c'est sans doute possible, mais j'ai du mal à croire qu'on puisse survivre dix ans dans cet enfer... et pourtant, il faudra bien que je le fasse. C'est long toute une vie...

Mais ça non plus je ne dois pas y penser, ne pas avoir l'air triste, et surtout ne pas m'apittoyer sur mon sort. La prison à vie, c'est notre lot à tous ici, et pleurer sur mon triste sort n'arrangera rien. Tout au plus, je pourrais m'attirer le mépris de ceux qui ont accepter leur sort. C'est que je dois faire, accepter.
Ce n'est que comme ça que je pourrais m'en sortir et espérer La reconquérir un jour. Quand Elle verra tout ce que je subis pour elle, quand Elle verra que je parviens à surmonter ça, Elle ne pourra que retomber dans mes filets. Et tout recommencera. Ca ne peut que se passer comme ça, il n'y a pas de raison qu'Elle ne revienne pas. Elle l'a toujours fait après tout.

128699 Nombre de messages : 3854 Age : 34 Date d'inscription : 11/02/2007

Pendant qu’elle me parle je me charge de mon lavage. Je n’ai jamais eu le moindre talent en cuisine, mais les autres tâches ménagères je les aie toujours toutes bien faits. Mon appartement avait toujours été impeccable. Mes vêtements tout autant, un tueur était souvent tâché de sang, j’avais appris à bien faire les choses par moi-même. Ça ne me rendais pas plus féminin pour autant, simplement que faire ses choses étaient devenues simple et une habitude pour moi qui avait vécu la majeure partie de ma vie seul. Et j’avais toujours préféré les choses biens organisées, je n’étais pas un maniaque, mais lorsque j’avais le temps, je l’utilisais pour bien m’installer. Je me souvenais de mon appartement et de celui des autres. Un autre homme qui était bien organisé, Benny Sacramento … Mais en fait, lui il devait payer des gens pour faire le ménage. Clairval, une tueuse comme moi, je n’avais jamais connu personne d’aussi peu organisée. Et Eddy, son appartement avait toujours été impeccable. Eddy … Je voulais tellement la revoir, elle et nos jumeaux. Je me retournais immédiatement vers ma machine à lavée, espérant qu’elle n’avait rien vu. Je ne pleurais pas. Mais j’avais les yeux brillants. Je chassais immédiatement cette pensée de ma tête. Je devenais trop émotif si je songeais à eux alors je préférais m’abstenir. C’était bien parce que je tenais trop à eux. Mais je n’avais pas envi que quelqu’un me voit aussi faible, car c’était bien ma faiblesse, ma famille.

Elle m’explique qu’elle a tué aussi, trois personnes. Qu’elle aurait été jugée sévèrement pour « causes aggravantes » Bien que je me demande ce qu’elle veut dire par là, je ne lui demande pas. Si ça vient à bien ce placer dans la discussion, je vais peut-être bien le faire. Si elle ne m’en parle pas par elle-même, et bien c’est qu’elle ne veut pas me le dire, et j’ai beau être un tueur, je suis quelqu’un de respectueux, à cheval sur les principes… C’est peut-être mon âge qui le veut, je n’ai pas toujours été ainsi.
Elle répond à ma question, disant qu’elle était ici depuis quelques mois, environ 6 … J’étais vraiment perdu depuis un bon moment. Je n’arrivais pas à croire que j’avais pu perdre autant le fil. Pas des jours, mais de ce qui se déroulait ici, Je n’avais jamais été réellement intéressé, je me fichais toujours autant de la prison et de ses prisonniers. Mais j’avais toujours gardé un œil attentif sur ce qui se passait autour de moi, et depuis un bon moment j’avais perdu cette attention … Je voulais la retrouver maintenant.

Je dirais que ça va faire 3 ans … dans quelques jours.

J’avalais difficilement en disant cela. 3 ans. Cela signifiait que j’aurais bientôt 38 ans. Je n’étais pas exactement au jour près, puisque j’avais certainement dû me tromper à quelque part. Mais je savais que c’était pour bientôt, quelques jours, tout au plus. Mon anniversaire coïncidait avec la date de mon enfermement à Sadismus … Quel merveilleux présent pour mon anniversaire, n’est-ce pas? Je soupirais et je lançais un regard à la jeune femme, je ne sais pas à quoi elle pense, mais elle me semble pensive. Mais je l’avais été également quelques instants plus tôt, quel était la différence? Nous avions tous des problèmes ici, moi comprit, elle également. Si ce n’était pas à l’intérieur de la prison, c’était quelque chose à l’extérieur, ou dans sa tête, puisque je ne pouvais pas savoir. Je crois que si j’adressais la parole à cette jeune femme c’était simplement parce que la solitude commençait à être lourde, même pour moi.

Je ne suis pas un grand bavard … Mais je peux te dire une chose, je n’attaque pas tout le monde comme ça sans raison, je suis impulsif, vrai, mais pas si terrible …

Ben ouais, parfois c’est bon de faire ce genre de précision. Simplement pour dire que si elle ne cherche pas les ennuis avec moi, et bien elle n’en trouvera tout simplement pas. Je m’énerve facilement, je peux frapper facilement également, mais elle est jeune et je ne suis pas si idiot que ça, je doute qu’elle ne puisse me faire vraiment du mal. Quoi que ce soit encore drôle, je ne me méfie pas toujours assez en fait. Mais bon, je ne compte pas la blesser. Voilà tout. Je ne sais pas quoi dire d’autre, je n’ai jamais eu la conversation facile, alors poser des questions ce n’est pas mon fort …

657903 Nombre de messages : 184 Age : 32 Date d'inscription : 29/08/2007

Une émotion est passée dans son regard, de la tristesse peut-être, mais j'ai fait comme si de rien n'était. Il a ses problèmes, comme moi, et ça ne me regarde pas. En plus, bien qu'il ait dit ne me vouloir aucun mal, je n'ai pas spécialement envie d'aller lui chercher des poux dans la tête. On ne sait jamais. Et de toute façon, il ne tarde pas à se reprendre pour écouter ma réponse, puis me donner la sienne.

Trois ans... ça fait six fois plus que moi. C'est énorme et pourtant, ce n'est rien par rapport à la durée de la peine. Le dire a l'air de lui faire un drôle d'effet, ce que je comprends aisément. Je ne peux que supposer, mais je pense que malgré toutes ces journées d'enfermement, on ne se fait jamais à tout ça, et surtout, on ne se fait jamais à l'idée de devoir finir sa vie ici.
Il y a un temps de silence entre nous, je crois que ni l'un ni l'autre ne savons quoi dire, ou alors nous sommes tous les deux un peu perdus dans nos pensées, songeurs et sans doute un peu inquiet quant au temps que l'on va passer ici.
Et puis il repprend la parole, encore au sujet de son comprtement envers les autres. Cette fois, il rajoute qu'il est impulsif. Comme moi.

" Ca nous fait un point commun alors. Jamais je n'ai fait de mal à quelqu'un sans que ce soit mérité... "

Sur ce point, on peut me faire confiance. Je suis capable d'être très violente quand je m'y mets, mais si on ne me fait rien et qu'on ne fait rien à mes proches, je suis plutôt agréable.
De toute façon, il ne peut que me croire, je ne mens jamais. Ca, ce n'est pas pour une raison morale ou quoi que ce soit dans ce genre, non, en vérité, c'est plutôt pour des raisons pratiques. Mentir ne mène à rien, ça met les gens encore plus en colère quand ils le découvrent, ce qui finir toujours par arriver, et au final, les choses sont pires que si la vérité est directement dévoilée. Donc je ne mens jamais, comme ça j'ai moins d'ennuis. Enfin, quand je dis jamais... disons plutôt que je ne l'ai pas fait depuis des années, et la dernière fois, c'était à Chloé, juste avant notre première rupture.
Décidément, tout me remène à Elle... Alors je reprends la parole, parle d'autre chose que de la prison, pour changer. Je ne prends pas un ton triste ou morne, non, ma voix, sans éclater de bonheur, est claire, et mon ton plutôt léger. C'est vrai que je n'aime pas trop les conversations graves, tristes.

" Tu faisais quoi avant Sadismus? A part tueur à gage bien sûr... "

Bon, le sujet est sans doute un peu déprimant, mais c'est toujours mieux que le silence, et surtout, c'est mieux que de parler du temps qu'on a passé ici et de penser au temps qu'on y passera encore...
Et puis ça m'intéresse. Avant mes crimes, jamais je n'avais été mêlée à ce milieu, et c'est vrai que je me demande ce que peut bien faire un tueur à gage dans le vie à part tuer. Bien sûr, il est possible qu'il ne faisait rien d'autre, mais je n'y crois pas trop, je ne sais pas trop pourquoi.
Sans doute que je n'arrive pas à concevoir une vie où seul compte le travail, moi qui vivais de manière si futile, sans m'occuper de l'avenir, en permanence ou presque dans l'excès, la luxure. Qu'est-ce que c'était bien... un existence égoïste, certe, mais qui me convenait parfaitement.

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