une douche pour me remettre les idées en place...

[Provenance : Cellule R]


*Pom Pom Pom* Ma visite du coin commence à peine. Je suis sorti de ma cellule un instant plus tôt. Vraiment charmant cet endroit ; avec un peu de chance, j'aurais le droit de repeindre un peu l'endroit... Tout est un peu morne, par ici.
Je jette un coup d'oeil rapide à mon nouvel habit. Clinquant et sentant bon la lavande bon marché. Quelle tristesse...
Bien sûr, ça va avec l'image même d'un prisonnier, mais tout de même. Apparemment, Sadismus n'était pas le type même de prison 'normale'. *Alors, pourquoi diantre avait-il eut de si mauvaises idées vestimentaires ?*

Je passe devant les douches apparemment. Un filet d'eau coule par terre, s'échappant de la surveillance béante, en féraille forgée, qui s'arrondissait près de l'entrée sans porte. Un bruit de douche qui fonctionne... mon esprit vagabonde. Je vous avais raconté mon histoire avec une nageuse de compétition ? Non ? Ah, tiens... Et bien, en fait, c'était....

"laissez-moi... pardonnez moi !!"

Et bien... ! Que se passe-t-il donc là dedans ? La voix de la femme m'avait quelque peu désarçonné et je précipite vers la source du bruit. L'eau de la douche en fonctionnement m'aidant, je déboulais comme un salvateur dans son fier destrier ! Bien sûr, la princesse charmante était recroquevillée, seule et nue...

Je tilte. Seule... Nue !! Je me retourne sans demander mon reste. Je ne suis pas gêné, ce n'est pas la première que je vois. Mais la pudeur va à la femme comme le diamant est son amant. Etant naturellement galant et gentleman (1), je respecte Mademoiselle Femme-nue-recroquevillée-sous-la-douche. Et bien sûr, les quelques mots de présence et de réconfort masculin (2) : "Excusez mon indélicatesse. VOus ayant entendu, j'ai cru qu'il vous arrivait malheur. Puis-je vous aider en quoique ce soit ?"

Tic, tac, toc... c'était plié. Je suis le preu chevalier et elle, la charmante princesse à délivrer d'un terrible dragon. Cela dit, quelque chose me dérange... Je n'ai pas vu le dragon en entrant...

Elle semble reprendre ses esprits. *Enfin, ce qu'elle avoir d'esprit*, pensais-je. 'Vous les avez fait partir'... Mais qui bon sang de bois ?!

Non, je ne m'échauffe pas, mais avouez que tout cela est bien étrange. Une jeune femme nue sous une douche, qui crie comme si on tentait de la violer et qui se trouve être seule... Malgré des ennemis invisibles !

*Tu voulais des dérangés, tu es servi mon vieux !* me dis-je intérieurement. Elle doit être intéressante cette petite. Je prends bien garde de ne rien laisser paraître dans mon regard ; ou tout du moins, simplement de la gentillesse et de la compassion. Et puis, je ne suis pas pervers, ni obsédé et point profiteur. Alors, qu'irais-je faire d'une pauvre petite perdue... déboussolée... voir complètement tarée.

Je l'entends cette petite voix. Cette petite voix qui susurre doucement : "mais elle a fait quelque chose pour se retrouver entre des barreaux... méfie toi d'une femme en pleurs". Alors, oui ! Je me méfie. Mais rien ne m'empêche de faire connaissance et d'aider cette pauvre fille. Avisant une serviette qui trainait, je fais quelques pas pour la récupérer et avec mon plus grand et mon plus charmant sourire, je lui tends : "Tenez. Prenez ça, vous allez attraper froid dans cette tenue."

Cocasse tout de même. Naturellement, je me retourne pour préserver sa pudeur. Elle semble tellement gênée qu'elle s'est couverte pour cacher ses intimités. Oui, cocasse... Moi qui voulait des gardiennes et des taulardes en furie, en voilà une, pas si moche que ça, qui me tombe sur les bras. Que demande le peuple, je vous questionne ! (1)

Dos à la femme, j'ai l'image d'une pub de café. Je souris. Elle ne pourrait pas s'en rendre compte, et doucement, dans un murmure, je cite ma vision : "What else ?"

Merci... merci... merci. C'est bon, ça va ! On ne va pas en faire tout un plat ! J'ai rien fait du tout. Pas de bagarre, pas de terrifiant dragon... si c'est pas malheureux tout cela. Avec ma chance implacable, elle est pot de colle et va vouloir me remercier de mille et une manières...

Je soupire et la regarde dans les yeux. Elle paraissait un peu plus confiante, même si je sentais de la timidité perler dans sa voix.
Ingrid.
Bonjour Ingrid ! Bon, il fallait bien lui dire que ce n'était rien : "Je t'en prie, Ingrid", dis-je. "Tu permets que je te tutoie ?" Sans attendre de réponse de sa part, j'enchaine : "Je m'appelle Seed. J'espère que ça ira maintenant, je ne serais pas toujours là pour te sauver des griffes de tes..." Je laisse ma phrase en suspens, la faire frémir et la passionner. Et hop, elle était fan ! Charisme quand tu nous tiens... "tortionnaires".

Ouh ! Le vilain mot. Non, c'est vrai quoi ! Franchement, je ne me moque pas d'elle, mais avouez que c'est tout sauf normal... Je me demande bien ce qu'elle aurait pu faire de mal cette gamine. Je la dévisage un instant. Elle ne pourrait pas faire de mal à une mouche (1). *Méfie toi, Seed... Méfie toi ! Beaucoup d'animaux ont recours à un procédé d'attraction comme cela*

Je jetais un coup d'oeil aux formes qui se dessinaient sous la serviette. Je l'avais nue, et elle était désirable. Mais pourtant, en ce moment, j'avais l'impression d'avoir la libido d'une huître baignant dans un jus de citron. Les tarés, très peu pour moi, merci !

La petite voix refait surface... : 'Mais si elle ne se souvient de rien... niveau sexe, ça doit être parfait ! Un coup ou deux, et hop on disparait et elle oublie'. Je souris et retire mon regard de la jeune femme. Tout cela est fort amusant. En même temps, j'en profite pour détailler un peu plus l'endroit.
Glauque, comme des vraies douches de prison. A tout les coups, c'est mixte. Mais étant dans une prison, il doit y avoir plus de viol d'homo que d'autres. Ici, les histoires d'amour et l'attachement, ça ne pouvait pas exister. Les gens sont des bêtes dans cet endroit. Et c'est en cela que ça me passionne. L'homme à l'état sauvage et bestial. Quand aucune loi, ni aucune règle ne vient le bloquer.
L'état des douches est vraiment craignos. Des pants de murs effrités, des morceaux de plomberie qui dépassent... chouette atmosphère qui s'en dégage de tout celà. Le cadre parfait pour une prison... pour des viols... pour des meurtres...

Puis je retourne un peu sur terre. "Et tu peux me tutoyer". La dernière invitation. L'humidité de l'air du à la douche donnait un aspect mi sensuel, mi despespérant à la rencontre. *Si elle ne me raconte rien d'intéressant, je prends congès moi. Je ne trouverais pas un moyen grandiose pour sortir comme ça*. Je lance un grand sourire avenant. Si je suis là, c'est bien pour une raison... mais pourquoi devrait-elle le savoir. J'ai au final, rien à voir avec une tarée dans son genre... elle devrait se faire soigner, la pauvre.

Maintenant, je m'appitoie sur son sort... Quelle bêtise ! Je me vois retirer ma deuxième épaisseur pour lui tendre. Elle est tout de même pas venue à poil jusqu'ici ?! J'espère qu'elle s'en souvient. En tout cas, elle doit être gelée vu la température ambiante du lieu. Sous la douche, ça devait être un pur bonheur, mais une fois l'eau arrêtée... c'est toujours une autre paire de manche.
Par habitude, j'avais soit un radiateur dans ma salle de bain, soit je me frottait très vite. Bien sûr, ici même, pas de radiateur ; et puis, vu sa pauvre petite tête, j'imagine bien que je dois ressembler au grand méchant loup, du coup, se frotter vigoureusement... elle ose sûrement pas.
Qu'est-ce que c'est triste ! Moi qui rêve d'une femme forte et volontaire... Et hop, que je m'imagine des choses ! C'est bon, je vois une autre femme s'approcher de moi. Sous une serviette, gelée. Elle viendrait se serrer tout contre moi, en me murmurant : "Réchauffez-moi, Seed" (1). Impressionant cette faculté de rêver de choses les yeux ouverts. Je ne suis vraiment pas romancier pour rien ! Laissant de côté la plantureuse et virtuelle suédoise (2), je reviens à mes moutons, ou plutôt à ma pauvre détenue même pas majeure.

Elle me pose une question intéressante par la même occasion. Trop timide ou trop effrayée pour me demander exactement ce que j'ai fait pour me retrouver là. Cette question qui va être sur toutes les lèvres à présent. On s'épie. On sait qu'on est tous instables, dangereux, monstrueux. *Et c'était quoi la question ? Ah ! Ce que je fais ici... Aha ! Marrante la petite*. J'affiche un grand sourire carnassier (3) : "Je prenais l'air. Je suis un touriste et j'aime les veilles pierres." Je soupire. "Heureusement que je ne suis pas tombé sur une vieille peau !"
Oui, je suis salaud... mais que voulez-vous ? Il fallait lui apprendre la vie à cette gamine. Si j'étais vraiment taulard, j'aurais sûrement commencé par la violer et ensuite discuter, alors... elle doit pas se plaindre, hein ! "Soit franche cocotte." hum... le discour changeait de ton. Oui, je sens bien que ça fait plus viril et vieux. L'impression de pouvoir parler du milieu carcéral comme si j'étais né dedans. "Tu veux savoir ce que j'ai fait pour me retrouver là, n'est-ce pas ?" Bien sûr qu'elle voulait le savoir. Est-ce qu'elle était en danger avec moi ou non. Suis-je quelqu'un de fréquentable ? Mais bien sûr ! Je suis charmant comme garçon. Et très cool en colloc' ! "Je suis romancier. J'écris des bouquins. Mais j'excelle dans le scénario de film !" je laisse de nouveau un temps. "Tu aimes les films ?"

"oui j'adore les films ! j'en regardais beaucoup avant... car en prison, c'est beaucoup plus difficile !"

Je me mets à rigoler. Finalement, je l'aime bien cette petite. Elle me fait rire. C'est vrai qu'avec son problème, elle ne devait pas coûter trop cher à son petit copain, ou à ses parents. J'ai du mal à concevoir réellement la chose... C'est pas évident de se placer dans sa tête... se dire que l'instant qui vient de passer n'existe plus, en soi. Cela devait être extrêmement difficile.

Oui, une pointe de compassion perce mon cœur d'écrivain. Que voulez-vous ? Un héros se doit d'être altruiste... ça fait bien sur son CV.

Mais pourquoi lui ai-je demandé si elle aimait les films ? C'était tout de même débile. Je pourrais lui proposer un rôle... En tout cas, je suis sûr que si elle avait eu un tantinet plus de mémoire, on pourrait écrire un bouquin sur sa vie. Voir, en faire un film ! Oui, je vois déjà le titre : "Dans la peau d'Ingrid Losten" (1). Ou l'apprentissage de l'oubli. Super titre, avec Ingrid dans le rôle principal... ou peut-être une belle suédoise si je devais me la taper... (2)
Cela voulait dire que je devais commencer à faire des choses avec Ingrid maintenant... *Hum. Je m'égare... elle a à peine 20 ans...* J'étais plongé dans mes pensées. *Bon, d'accord elle est très désirable _et cette serviette ne fait rien pour arranger ça_ mais je suis pas pédophile* Etrange pensée tout de même. Et c'est à ce moment que je commence à frissonner de peur. Je me fais peur... : *pas encore...*

Je ne sais pas si c'est l'humidité de la pièce ou mon imagination, mais j'ai bien l'impression que cette prison n'est pas tout à fait normale. Elle semble décupler les instincts primaires humains... tout ce qu'on garde de plus bestial en nous, et que l'on tente d'enterrer le plus profond possible en soi (3). En fait, je me rends compte que malgré tous nos efforts, ils ne sont jamais réellement loin... à l'affût. Je secoue ma tête pour tenter de faire sortir ces idées étranges de ma tête.
Voilà que je me mets à philosopher sur la condition humaine... (4) Il suffit !

Je me reconcentre sur notre frêle amie sans mémoire. "Est-ce que tu te souviens de pourquoi tu es là ?" Oui, je fais encore dans le social mais bon, il fallait bien passer le temps... et puis, le scénar n'allait pas s'écrire tout seul. "Au fait, il reste de l'eau chaude ?"

Oh ! Je vous vois venir... Oui, cette question vient un peu comme un cheveu sur la soupe ; mais je suis prévoyant ! Et peut-être un peu manipulateur machiavélique...

[Désolé, l'habitude de la fiche perso... j'ai corrigé :) Tu restes une gamine ]


Qu'elle était mignonne... qu'elle était naïve. Douce enfance qui passe. A 20 ans, on a la vie devant soit ! Difficile d'imaginer qu'elle puisse se résumer à : faire de la prison. Je me demande vraiment pourquoi une fille si timide se retrouve là. Elle jure avec le décor... elle jure avec les pierres... elle jure avec tout ici !
En tout cas, elle me fait bien rire. Elle est rigolote. *Se sentir chez soi, ici... elle est vraiment jetée !* pense-je.
Faut vraiment avoir un grain pour se sentir chez soi dans ce lieu lugubre et glauque. A coup sûr, elle n'est pas là depuis longtemps celle là. Un peu comme moi. Sauf que je ne perds pas la boule personnellement. Un grand sourire étire mes lèvres. *Va, petite. Je ne te mangerais pas... pas tout de suite en tout cas.* Drôle de pensée qui m'effleure.

"euh... oui je crois..."
L'eau est peut-être chaude ! Encore... je suis ravi. Je vais peut-être prendre une douche alors. Je pourrais visiter un peu plus tard. Avant que je ne puisse en placer une, Ingrid s'approche et fait couler l'eau. Elle fait attention à ne pas se tremper. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle a ma veste, mais je la trouve vraiment marrante cette petite. *Et elle a une paire de fesses vraiment cool aussi.*
Je me tape le front mentalement et je remonte mes yeux direct : *mais ça va pas, vieux vicelard ! Elle pourrait être ta fille !* Faut pas dire ça, parce que j'ai jamais eu de fille... et une fille comme ça, moi, je l'aurais tellement protégé qu'elle se serait barré à coup sûr. Et puis, si elle est d'accord, et majeure, et bien foutue, ma fille... elle ferait ce qu'elle veut ! Et si c'est coucher avec son père... et que son père était d'accord, c'est pas lui qui allait la contredire ou l'interdire...

"ouais elle est bonne !" Elle me fait sursauter alors que je suis dans mes pensées... Je lui jette un regard. "Bien. Cela te dérange si je prends une douche en même temps que continuer la discussion ?" Oui, je suis galant... et je le reste, même dans une prison perdu au fin fond du trou du cul du monde (1).

Je lui lance un grand sourire. Je suis pas dégueulasse comme mec. J'aime simplement faire planer le doute sur mes intentions... C'est beaucoup marrant (3)

[Comment comptes-tu me l'interdire ? ]


*Vraiment, un très belle paire de fesses...* me disais-je alors qu'elle me tournait encore le dos. Avec sa taille et ses mensurations _bien que je ne me prétende aucunement expert_ elle aurait sûrement pu prétendre au mannequinat. Et puis, finalement, ses traits sont assez fins, et avec ses yeux émeraude et sa crinière rouge, elle ferait sensation dans un bon film hollywoodien. Elle se retourne et m'autorise à prendre sa place avec un grand sourire, ses vêtements à la main.

Elle les a donc retrouvés finalement. Tant mieux, ça me fera un souci de moins comme ça. *Oui, sensation !* repris-je pour moi même. C'est vrai qu'avec son physique, elle pouvait tourner une scène d'amour... et y'a rien de plus vendeur qu'une belle scène de cul dans les films hollywoodiens (1).

Donc, je n'avais pas à me gêner pour elle... bien. Elle n'avait pas froid aux yeux la petite (2) ! Soit elle était complètement inconsciente des dangers qui courraient par ici _et c'est surtout les énergumènes qui courraient par ici_ soit elle était plus machiavélique que je ne me l'imaginais.
Je m'avance quelque peu vers la douche, et je commence à me dessaper. Je me contrefiche de ce qu'Ingrid va voir, ou ne pas voir... je ne me gêne pas pour elle. Une fois nu, je passe doucement sous l'eau après avoir vérifié la température ; non pas que je ne fasse pas confiance à notre petite amie, mais l'esprit semble habituer le corps plus rapidement qu'il ne le ferait lui-même... Chaude comme je les aime. Parfait ! On va pouvoir continuer notre petite conversation dans de meilleures conditions.

Doucement, sans savoir exactement ce que faisait notre Ingrid nationale, je relançais la discussion préalablement interrompue : "Et que faisais-tu avant d'arriver dans ce coin de Paradis ?" que je lui lance à travers le bruit de ma douche. Déjà, la brume de chaleur se diffuse lentement dans la pièce et l'eau coule doucement sur mon corps. Je frissonne. "Au fait, tu n'aurais pas un savon, ou quelque chose qui sente un peu meilleur que moi ?"

Bon, ce n'était pas très flatteur pour moi, mais un peu d'humour ne fait de mal à personne... et puis, l'autodérision permettait aussi par moment de connaître quelques pensées intéressantes de son interlocuteur... et cela m'intéresse étant donné que mon interlocuteur se trouve être une interlocutrice, qui se trouve être presque gaulée au chiffre d'or... (3)
"Et puis, comme on en est aux confidences, tu as des projets pour ton avenir ? Tu voudrais faire quoi plus tard ?" Peut-être que je pourrais la débaucher un peu pour faire du cinéma, ou quelque chose dans le genre... ça serait triste qu'elle finisse pute de luxe, voir pute tout court.
"Ah, et si tu pouvais aussi laisser la serviette à côté. Je pensais pas prendre une douche il y a 10 minutes..." finis-je. J'en demandais des choses... Mais bon, à quoi cela servait d'avoir pratiquement 40 ans et de ne pas profiter ?! J'espère simplement qu'elle n'oubliera pas quelque chose entre temps... "et merci, au fait", fis-je avec un sourire pour moi-même. J'étais positionné de telle manière que si Ingrid était curieuse, elle aurait aperçu mon dos et mes fesses musclées, avec de l'eau qui dégoulinait doucement. Tout à fait sexy !

[Soit indulgente avec mon poste, je suis malade U____U]


*Seed, mon bon Seed, tu es génial !*

Et bien oui, je suis sans doute un peu égocentrique par moment, mais ça fait simplement du bien de s'aimer quand personne ne le fait à votre place. Et puis, ça permet aussi d'avoir confiance en soi, et ce n'est jamais assez négligeable.
Alors que je mouille complètement, je sens une vague de froid me parcourir : la petite à ouvert la porte. Je souris intérieurement. C'était la première fois qu'elle voyait un homme nu ? En tout cas, vu les excuses qu'elle s'était empressée de faire, je me doute que ça doit être un truc dans le genre. Je me retourne, elle a disparu, sûrement morte de honte. J'aperçois une savonnette. Je m'en empare et commence à me nettoyer comme il se doit.

Alors que l'eau coule, elle répond à mes questions, sagement, comme une petite fille timide qui fait ce que lui dit le vieux monsieur. Assez rigolo de voir que la timidité pouvait freiner à ce point les relations humaines (1). J'ai envi de la pousser dans ses retranchements, voir comment elle réagira. Alors que je pense à cela, elle me dit deux mots sur sa vie rêvée de jeune fille 'normale' qu'elle ne pouvait être au final. Même si sa maladie ne pouvait se voir, c'est quelque chose qui sectorise, et qui cloître ; qu'on le veuille ou non, et ce malgré tous les efforts que l'on pourrait faire.

"heu... j'aurais bien aimée être dans la publicité, ou le marketing... des trucs comme ça..."
Voyez-vous ça ?! Notre jeune timide qui se sentirait pousser des ailes face à des projecteurs... à moins qu'elle pense plus à la conception. Elle était loin du 'belle et tais-toi', même si ses pertes de mémoire ne jouaient pas en sa faveur à ce niveau là. J'essaye de me l'imaginer en tailleur chic (2). Une commerciale ? Elle pourrait réussir, si elle passait le cap de sa timidité très présente. Mais encore une fois, son handicap lui empêchait de pouvoir mener à bien cette idée. Imaginez Mlle Losten en rendez-vous commercial, qui se retrouve à demander à son client ce qu'elle faisait ici. Plutôt cocasse, je vous l'accorde. Mais en entreprise, ils n'ont pas ce genre d'humour, malheureusement.

"Je te la pose où ?" me dit-elle finalement. *Mettre quoi, où ?* Je suis un peu perdu dans mes pensées, du coup, j'avais oublié la serviette ! Pas envie de lui répondre là dessus. C'est une grande fille, elle prend des initiatives et ose un peu. Un peu d'imprévu ne me ferait pas de mal (3). Du coup, j'oblitère la question et continue mes affaires. "C'est bien d'avoir des rêves, tu sais", lui dis-je. "Cela rend la vie plus supportable." Pourquoi je lui raconte ça, moi ? Aucune idée, n'empêche que ça fait bien (4). Cela en jette ! "C'est la première fois que tu vois un homme nu ?" lui demande-je, avec une voix amusée de conspirateur. J'aime avoir des questions embarrassantes, surtout quand elles sortent de nulle part. Qui a dit pervers ? Je souris. Le savon sent bon. Je suis face à la porte et je sens l'eau ruisseler à nouveau sur moi. On était pas bien là ? Si j'avais été seul, j'aurais poussé un grognement de plaisirs...

[Je parlais bien du jeune auteur qui tire les ficelles de notre bon vieux Seed. Je me remets doucement. Désolé pour la petite attente]



La serviette vient se déposer sur la porte. *Dommage*, pense-je. Et je remercie le destin de ne pas me laisser faire ce que je veux. Je ne suis que son instrument. "ouais... tu ne rêves jamais toi ?" me demande-t-elle. *Non, le bon vieux Seed ne rêve jamais. Il vit sa vie, il vit ses rêves, le bon vieux Seed.* De drôles de pensées qui viennent m'assaillir. Mais je suis content, elle est vive. Cela ne doit vraiment pas être facile à vivre sa perte de mémoire.

Et voilà qu'elle craque. Enfin... je commençais tout de même à me demander combien de temps elle allait résister à ses pulsions. Cette furie qui nous emporte, qui nous oublie dans cet endroit sordide et mortel qu'est Sadismus. Un beau nom, bien choisit. Je me dis qu'il faut que je pense à féliciter les patrons pour l'idée (1).

*Vas-y, ressors ta rage, ta hargne, ton incompréhension, ton trop plein*, me dis-je pour moi-même. *Laisse toi aller à son emprise.*
Oui, ces vieilles pierres que je lui avais dit aimer, ont vraiment un impact intéressant. Je ne sais pas si c'était l'idée que l'on s'en faisait, ou un pouvoir émanent du passé de ce lieu, mais on devait tous péter un câble, ou assouvir ses pensées les plus noires et les plus profondes. Est-ce cela, l'homme sans loi ? (2)

Je lui dois des explications. Je l'ai fait un peu trop mariner, la pauvre : "Je m'excuse, je n'ai pas été vraiment sympa avec toi." Il fallait bien lui faire comprendre qu'il n'y avait pas qu'elle qui n'allait pas bien. Ou tout du moins, que tout ce délire ne venait pas que d'elle. "Je ne suis pas vraiment réalisateur. Je suis romancier et ça m'est arrivé d'écrire quelques scénarios de films d'auteurs. Peut de succès en quelque sorte." Je repasse mon visage sous l'eau, et la douche s'éteint. Je prends la serviette et continue mes explications : "Et pour la raison de ma présence ici, elle est simple. J'ai fait un casse de casino. Ocean's Eleven, le film... ça te dit quelque chose ? et bien, la même chose, mais en mieux."
C'était la seule chose qui me chiffonnait dans l'histoire. La seule chose que l'on avait dit dans les journaux y'a quelques mois, c'était que j'étais un fou illuminé, un fan de grande envergure qui avait tenter de reproduire le film. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que si j'avais voulu réussir ce casse, je l'aurais fait !

"Et puis, ça s'est mal passé. Du coup, j'ai fait exploser la fourgonnette qui transportait l'argent et mon équipe. J'ai tué mon équipe et quelques policiers. Et l'argent est parti en fumée, littéralement. Un très beau spectacle." Quand j'y repense, j'ai toujours des frissons. Une sorte d'orgasme de fierté, si vous voulez. Je mets la serviette autour de ma taille et sors de la douche. En me mettant face à Ingrid, je prends un visage contrits : "Je m'excuse de mon incivilité de tout à l'heure. Comment pourrais-je me faire pardonner ?" Pas d'ironie, pas de moquerie. Je veux lui faire comprendre que je ne suis pas méchant. (3)

Je sens une goutte d'eau couler le long de ma colonne vertébrale ; je frissonne.

Non, non et non ! Cela n'allait décidément pas ! Elle était comme les autres, elle ne comprenait pas...
Faire comme dans les films... *Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre !* Personne n'arrivait à comprendre que je cherchais pas faire comme dans les films. Je ne suis que l'outil d'Une Grande Chose. L'outil qui fédère et qui ploie.

"Le film n'est rien comparé à mon oeuvre !" La phrase était sortie trop naturellement pour que je me donne une contenance. Ce n'est que la pure et stricte vérité. Et puis, de toute façon, elle l'oubleria... La serviette devient un peu lâche... je mets ma main sur le noeud pour la retenir. Elle m'a déjà vu nu, mais vu ses réactions, Mademoiselle n'a pas encore vu le loup... où du moins, elle ne s'en souvient pas. Chose qui me parait singulière tout de même.

Romancier... oui, romancier. J'écris. Comme l'inspiration s'empare de moi, comme la muse m'entraine sur ses sentiers arides et fantasques. Fantastiques !

Je lui explique brièvement, sans entrer dans les détails... elle oubliera tout naturellement. Je n'ai pas envie de me fatiguer pour une nana qui ne m'apportera rien : "J'ai écrit de tout. Du roman à l'eau de rose, au roman policier noir, en passant par des essais pornographique pour m'amuser. Je suis un écrivain, mademoiselle. Un être qui pense et qui est inspiré." Je me laisse emporter par la fièvre démente qui s'infiltre comme à chaque fois... "Connais-tu l'inspiration, Ingrid ?" Je m'approche doucement d'elle.
J'ai envie de lui faire peur, de l'effrayer. "Sais-tu ce que c'est que s'offrir complètement à des mains qui te sont inconnues ?" Je suis juste en face d'elle, le visage à quelques centimètres du sien. Elle doit pouvoir sentir mon odeur, mon souffle, comme je la sens elle. Je souris ironiquement. "Sais-tu ce que c'est que d'obéir à une force impérieuse qui te prend les tripes ?" Je suis contre elle, je la frôle. Je ne la touche pas, mais je veux lui faire sentir qu'elle n'est rien, qu'elle ne peut rien. Lui faire peur. Oui, c'est gratuit... mais j'en ai envie.
Elle m'embête. Pourtant, je l'aime bien... mais elle m'énerve... quelque chose m'énerve... (1)

Avec brusquerie, je me retourne et la laisse en plan derrière moi. J'avance dans la direction opposée en déclamant : "Non, bien sûr que non, tu ne pourrais le savoir. Personne... Il n'y a que moi qui ait conscience. Et puis, tu oublies tout... Tu ne te rappelleras plus de mon nom, si ce n'est pas déjà le cas." J'hausse les bras et les épaules. Quelle ironie du sort... !

Je la violerais bien... elle m'embête... Tellement facile... (2)

C'est quand je l'entends répondre que je sursaute à moitié. Je m'étais laissé emporter par ma fougue. Et maintenant, elle se mettait à brailler !

Non, tu rigoles... tu rigoles... Je sautillais presque. La voilà, la belle, la voluptueuse et guerrière Ingrid !

Tu rigoles ! Tu rigoles ! Je n'arrive pas à en croire mes oreilles... Moi, inintéressant ! Chère petite, je dois te confesser... que c'est chose impossible. Mister Seed ne pourra jamais rendre impassible quiconque ! Tu es toi-même énervée, mais pourquoi ? Parce que tu frémis et sens que quelque chose cloche ? Parce que je suis méchant, ou que ta vie n'est pas si belle... ?
Alors, tu m'oubierais ? Comment te le faire comprendre ? Tu ne peux pas, tu ne le pourras pas. Je m'y emplois, et m'y emploierais encore demain et les jours à venir.

"de toute façon, tu dois sérieusement t'en foutres que je t'oublerai, au contraire, tu dois bien être content !"

Alors que je lui tournais le dos pendant toute sa scène, je me retourne à sa dernière phrase. Bien content qu'elle m'oublie. Oh, non ! Elle n'a pas compris, elle ne comprend pas. Comment lui faire comprendre ?
Je la regarde droit dans les yeux : "Non, tu n'as rien compris. Je ne me fous pas de toi." Je lui souris en me calmant. "Tout comme je sais que tu ne m'oublieras pas !"
Maintenant que mon moment de folie est passée, je ne sais pas vraiment pourquoi elle ne m'oublierait pas. J'en suis pourtant persuadé.

Mais qu'est-ce que je cherche à faire avec elle. Pourquoi je fais autant de choses et je parle autant devant cette gamine ? *Parce que tu espères te la taper, et qu'elle soit d'accord*, dit la petite voix dans ma tête.
Tu es censée être ma conscience... pas foutue de trouver de meilleures explications, non ?! *Parce que tu ne veux pas la violer...*, continue-t-elle. Mais pourquoi j'aurais besoin d'assouvir des pulsions sexuelles... Regardes, je ne bande pas !

...

J'aurais mieux fait de me taire... maintenant que j'y pense, le désir monte. C'est con un homme... c'est con et c'est mal foutu. Tenant toujours ma serviette au niveau du noeud, je m'empresse de rentrer dans ma douche et d'enfiler mes vêtements.
Il en faut plus pour me troubler, mais cette petite voix m'insuporte (1).

"On va dire que je me fais un peu de soucis pour toi, tout simplement." Aller ! L'instant larmoyant et romantique à deux sous. Toujours planqué, je remettais au même moment mon boxer. *Rentre pas ! Pitié !*

J'enfile rapidement ce qui me sert d'habits. Mais quelque chose clochait... où j'avais bien pu mettre mon gilet ? Je cherche dans les coins, voir s'il n'était pas tomber par mégarde, mais je ne trouve rien. Pendant que je suis à moitié à quatre pattes, l'autre me sort qu'elle va très bien.
*Si elle va très bien, moi je suis Dieu, le Père !*, ne peux-je me retenir de penser.

Mais où avais-je mis ce gilet, sacré nom de nom de Dieu ! (1) Je me redresse vite, et je me précipite dehors en ouvrant la porte à toute berzingue. Et je m'arrête à quelques millimètres d'Ingrid. "AAah !", m'écris-je. Mais qu'est-ce qu'elle fout là, cette greluche ! Y'a pas idée de me foutre les pétoches comme ça ! Si ça l'amuse, elle va savourer... J'ai sursauté comme un crétin.
Et puis j'arrête de pester intérieurement... *Mon gilet !*, pensais-je intérieurement.

Quel idiot je fais... J'ai oublié que je l'avais prêté à Ingrid parce qu'elle avait froid. Dire que c'est elle qui est censée avoir Aïzaïmer (3). Et par tout ça, je me suis fait une frayeur ridicule en déboulant sous les yeux de la gamine et m'arrêtant en face d'elle. Je me recule, bêtement en toussotant : "Hum... désolé, je cherchais mon gilet. J'avais... oublié... que je te l'avais passé." C'était bidon... La pauvre, elle va encore croire que je me fous d'elle.

On tourne sept fois sa langue dans sa bouche, et hop ! On a oublié (4) et on repart ! Pourquoi me fais-je du souci pour elle, d'ailleurs ? Je n'ai pas de raison à donner... je n'ai pas de raison tout court, apparemment. Vous n'en saurez rien... les murs ont des oreilles, et peuvent colporter des rumeurs mensongères (5).
"Oui, du souci... Je n'y peux rien", commence-je. "Je me doute bien que ton problème a causé, cause et causera encore beaucoup de préjudice à ta charmante personne." Je ne vais pas lui déballer un discours, mais il faut qu'elle comprenne un minimum, l'autre...
"Et puis, tu n'es pas là sans raison. Et j'aime à penser que ce n'est pas par ta volonté propre que tu es ici, ou du moins, que c'est bien à cause de ta mémoire..."

Je ne m'attends pas vraiment à ce qu'elle me raconte sa vie. Je m'en fous aussi un peu. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi je lui dis tout cela. Elle n'a rien d'intéressant cette fille. Rien d'intéressant pour moi... Elle est frêle, peu sure d'elle-même, un brin incohérente à cause de sa défaillance de mémoire. Simplement sa plastique qui pourrait la mettre sur un podium de mannequin. Mais les potiches, ça ne m'intéresse pas... (6)
Mais pourtant, je semble m'accrocher... Faut que je me soigne ! L'air de la prison ne me fait pas de bien. J'irais faire un tour dans la cour après...