Vengeance [PV Tobias]

>> Réfectoire.

A peine sortit, je m'élance à sa suite. Je le repère assez rapidement. Je cours comme un fou. La rage monte en moi, la haine aussi. Cet homme doit mourir. Quelque soit le prix à payer, je le tuerais. Je cours et m'arrête à quelques centimètre de lui. Je m'arrête net et prononce son nom. Ce nom hait. Ce nom maudit.

"Tobias"

Je le prononce comme une menace, une mise en garde et, alors qu'il se tourne pour me faire face, je plonge dans un cri de rage, mon poing armé en avant pour le blesser mortellement...

Cet homme a torturé l'homme que j'aime. Il a fait du mal à Gleb alors que c'est un être inoffensif, doux et faible. Il a osé faire du mal à Gleb... Et il va être le père du fils de Ludwig ? Cet être monstrueux aura tous les droits sur le fils de Ludwig ? Non ! Il en est hors de question ! Tout mon être est tendu vers cette seule idée. Cet homme doit mourir !

[c'est court, mais c'est pour lancer le topic... Je ne t'ai pas encore planté, hein, j'arrete mon post au milieu du geste... A toi de décider ce qu'il en est...]

"Tobias"

De… de quoi ? Quel est le…! Merde. Un instant, je me fige. Ce n'est pas tant la surprise d'entendre mon nom prononcé par un voix totalement inconnue… C'est surtout cette rage, cette haine à peine contenue qui suintent de ces quelques syllabes… Quoi que ce fut, ça ne peut pas être bon signe…

Tendu, je serre les poings, et me retourne vivement, prêt à en découdre avec mon si…aimable interlocuteur.
C'est peine perdue… Je n'ai pas même le temps de comprendre ce qui se passe. Un visage déformé par la rage… Un poing brandi… Un éclat métallique, froid.
La douleur.
Nous roulons tous les deux au sol, en un fouillis de bras et de jambes. J'étouffe un grognement de douleur lorsque je le sens tomber de tout son poids sur ma cage thoracique. Bordel… Mais il me veut quoi, le môme…

Pour le moment, je suis en nette position d'infériorité. La surprise…Et la souffrance tranchante qui déchire ma pommette… et la base de mon cou. J'ai eu de la chance… Notre chute désordonnée lui a fait manquer son objectif… Car une chose est sûre, ce gosse a voulu m'égorger…
Et le veut toujours.
…
C'est ce que je me dis, alors que je me débats un peu inutilement, encore sonné par l'attaque, et ma blessure. Je sens un liquide chaud s'écouler en abondance sur mon épaule… Du sang… Mon sang… qui s'écoule sans retenue de la plaie ouverte au dessus de ma clavicule, souillant progressivement ma chemise de gardien. Choc… Mes pupilles se dilatent. Il ne m'a pas loupé… finalement.

Mais la pression qu'il exerce sur moi me ramène bien vite à la réalité… Je ne crois pas qu'il désire en rester là… Mais… Bon Dieu…
C'est qui, ce mec ? Un taré ?

Avec difficultés, mes mains se saisissent de ses poignets, serrant désespéramment…dans l'espoir de lui faire lâcher son arme…
Serrant les dents, je crache quelques mots, tourmenté par l'effort, la douleur, et la colère…

Bordel de… Mais tu me veux quoi, gamin ?

Drôle de situation.
Oui, vraiment. Drôle. Oh… J'en ai connu, des attaques directes. Des tentatives de meurtre. Des couteaux sous la gorge. Des calibre sur la tempe, des ongles dans le coup.
J'en ai connu. Tant.
Alors… Je ne suis pas si ébranlé que cela. Je me suis fait à l'idée que tout se payait. Voyez-vous… Que l'on avançait jamais selon ses propres envies sans le moindre petit obstacle. J'en ai fait, des choses… Et j'en ai fait naître, des malades de vengeance. A chaque acte, son paiement.
Mais quand même.
Quand même.
…
Bordel de merde ! Je le connais même pas, ce taré ! C'est qui, ce mec ? D'où il sort…? Désolé, les mecs… mais je commence sérieusement à en avoir ma dose de me taper tous les timbrés de cette foutue cage à maniaques… Mais lâchez-moi, merde !

Ce n'est même plus la panique, ou la surprise, qui m'agitent en ce moment. Mais de la colère. De la pure, de l'absolue colère. Malgré cette sorte de faiblesse qui commence à me prendre aux tripes… à me serrer le crâne… Je suis hors de moi. Lui, se débat comme un démon. Pour une carcasse d'aspect aussi frêle, il fait preuve d'une force implacable… Et moi… je suis diminué. Affreusement.

"Enflure ! Assassin ! Connard ! Crève ! Tu dois crever ! Charognard !"

Mes lèvres s'étirent en un rictus force, douloureux. Dents serrées, je siffle péniblement quelques mots ironiques…

Je…connais…tout ça… T'as rien… T'as rien de mieux ? Tu…

Je suis coupé net par sa dernière invention… Il vient de plaquer ses mains sur mon cou –il a perdu son arme ?- et… et se met à resserrer son emprise… imperturbable… implacable… J'ai un hoquet de douleur… Mes ongles griffent vainement ses mains, ses avant-bras, son visage… Mais il ne semble rien sentir.
Alors que moi…

Un spasme m'agite… Avec une douceur macabre, mes mains se détachent de ses bras… retombent mollement au sol. Ma vue se brouille peu à peu… Là, ça y est… Je ne vois plus rien… Mon corps cesse de lutter…je me laisse aller… La douleur s'est presque enfuie… Mes poumons vidés cessent d'émettre leurs messages afférents de douleur… Et soudain… Je me glace.
J'ai froid.
Mais je ne tremble pas. Plus.
C'est peut-être mieux comme ça. Peut-être. Mais ce n'est pas juste. Non. Pas juste… Je venais enfin de me prouver que je pouvais… que je pouvais… aider… Pas détruire… Aider…aider… aider…aimer…
Aimer ?
Je suis un peu triste… Je ne saurai jamais si ce sera une fille, ou un garçon.
Qui le protégera… ? Qui… Qui veillera sur l'enfant de Sybille et de…

"Ludwig"

Ouais... C'est comme ça qu'il s'appelle… Ludw…
De quoi ? Comment… ? D'où sort-il ce nom ? Je me rends vaguement compte que sa prise s'est relâchée. J'en profite pour reprendre péniblement quelques goulées d'air… Tout cela me fait un mal de chien… Et je n'ai plus la force de bouger. Je lève un dernier regard moribond sur mon…meurtrier…?

"Tu n'auras pas son enfant. Tu n'entacheras pas sa mémoire, vermine..."

Mon cerveau, momentanément privé d'oxygène…a du mal à suivre. Ce n'est que lorsqu'il se jette à nouveau sur moi que je fais le lien.
C'était donc ça.
Il a peut-être raison… Mais… Mais c'était…ma dernière chance… Presque inconsciemment, je bascule légèrement ma tête en arrière, découvrant mon cou, fermant les paupières.
Et j'attends.
…
Choc. Une masse sur mon corps… J'ouvre péniblement les yeux. Le détenu vient de s'effondrer sur moi, inconscient. Un peu perdu, je cille plusieurs fois…

"Ca va Tobias ? Il t'a bien amoché, celui là !…

L'homme dégage sans ménagement le détenu, et m'offre sa main. Je m'en saisis, me relève péniblement… Chancèle un peu, et me rattrape à lui… J'ai perdu…un peu trop…de sang…

Tu veux que je le foute au trou en attendant que t'ailles à l'infirmerie ou je te l'attache directement en salle de torture ?"

Je ferme les yeux, et reprends doucement mes esprits. Le mieux serait que je file directement à l'infirmerie… Ce serait plus raisonnable…
Oui, plus raisonnable.

Merci… Dorian… Mais… Je préfère… Laisse-moi m'occuper de tout ça…

Qui a dit que j'étais raisonnable ? Je repousse doucement le gardien, et constate que je peux me tenir debout sans trop de problèmes. Avec l'aide de mon collègue, je soulève le corps inconscient de mon agresseur… Et, sous son regard médusé, je l'emporte avec moi, tantôt le traînant à demi, tantôt le chargeant sur mon épaule… Je suis au-delà de la fatigue.

Chambre 13.
J'entre, referme à clé la porte derrière moi. Je dégage mon lit des quelques ouvrages religieux qui s'y étalent, et y hisse le corps inconscient du détenu. Je me saisis d'un de ses poignets, le menotte, et l'accroche au montant métallique.
Je m'installe sur le lit voisin, me débarasse de ma casquette… D'un mouvement sec, je déchire plus que n'ôte ma chemise souillée, et l'utilise pour garrotter ma plaie au cou. Je sens que, sur ma joue, le sang sèche progressivement. J'ose à peine imaginer la dégaine que je peux me payer…
Je saisis une clope, la coince entre mes dents, l'allume. Je tire une bouffée… Puis une autre.
J'attends.
J'attends qu'il se réveille.

[hrp : j'espère que je suis la seule à voir la fin de mon post s'étaler en grosses lettres bizarres 0.o EDIT réglé...fiou]