Visite à l'infirmerie

Je m'étais réveillée avant Carl ce matin-là. Réveiller avant lui, c'était dire vite. Je n'avais pas vraiment dormi plus que trente minutes, peut-être une heure. J'avais fait un cauchemar, j'avais vu... Kleden. J'avais revu son regard, son sourire. Il m'avait été impossible de me rendormir par la suite.

Dès que les grilles furent ouvertes, je m'extirpa du lit en retenant un cri de douleur. Je ne voulais pas réveiller Carl. Il avait été assez gentil comme cela. Je devais me débrouiller seule. Je resta devant la sortie quelques minutes, n'osant pas quitter ma cellule. Je voulais le faire, mais j'avais également peur de LE croiser.

Je pris une grande respiration et réussi à me rendre jusqu'aux salles de douche, vêtements propres dans les mains, sans rencontrer qui que se soit.

Ma douche fut longue et pénible. Ma main droite était en mauvais état, très mauvais état. La gauche n'était guère mieux, mais je pouvais tenir mon savon. Je tenais miraculeusement debout. Il m'avait aussi brisé le pied droit. Ce n'était pas la première fois que je tenais debout malgré des fractures.

L'eau froide faisait un mal atroce à mes nombreuses plaies et morsures. Cependant, j'avais l'impression que me laver, lavait également ce que j'avais subi. Bien pauvre illusion.

Après ma douche, je m'étais péniblement dirigée vers l'infirmerie. Plus j'avançais, plus je me disais que j'aurais du demander à Carl de m'accompagner, au lieu de jouer les indépendantes. Je ralentissais à chaque intersection de couloirs, vérifiant que personne ne se trouvait dans les couloirs. Je ne voulais tomber sur personne, autant garde que détenu. Surtout pas un détenu!

Je finis par arriver à l'infirmerie. Je tourna la poignée et entra. Un rapide coup d'oeil me fit rapidement réaliser qu'il n'y avait personne. Je soupira. Il était hors de question que je reste dans le couloir à attendre ou que je retourne à ma cellule.

Je décida donc d'entrer. J'hésita une seconde. Est-ce que je devais tenter de me soigner seule ou attendre l'arrivée de quelqu'un? Je fis quelques pas dans la pièce et la deuxième option me semblait la mieux. J'alla m'installer sur un lit, beaucoup plus confortable que celui de ma cellule, et ferma les yeux. Si la porte était déverrouillée, c'était que cette infirmière de malheur ne pouvait pas être bien loin.

Même si mon statut de gardien me donnait plusieurs bonne choses par rapport aux prisonniers, une seule m'agacait profondément: le réveil. Chaques jour, de chaques semaine de chaques mois réveil: 6 heures A.M. Un vrai fléau! Mon teint avait blêmit et j'avais des cernes sous les yeux (qui se fermaient tout seuls lorsque j'avais le malheur de m'arrêter un moment). Oui bon, en tant qu'adulte il était normal en quelques sortes que je me réveille aussi tôt pour aller travailler je sais. Mais pour supporter des idiots qui ne méritent même pas de vivre ou même de déambuler dans les couloirs en "surveillant" (Comme si on n'avais besoin de ça! Les autres gardiens sont plutôt du genre à surveiller de manière brutale. Ce n'est pas un job mais plutôt un défouloir oui.).

Donc, après ce réveil plutôt médiocre, comme toujours, ma première mission fût de contrôler un prisonnier qui s'ouvrait les veines dans les douches. Apparemment il trouvait la chose plutôt... exitante puisqu'il s'amusait avec son anatomie par la même occasion... Bref... je vous passe les détails j'ai manger moi je ne tiens pas à tout rejeter par terre. Mais bon cette aventure avait presque fini de me réveiller pour ce matin.

J'étais à présent dans le secteur "commun" de la prison, là où étaient, entre autres, la cuisine et l'infirmerie. Je décida de ma diriger vers cette dernière. Peut-être que l'infirmière avait des medicament du genre amphétamines ou n'importe quoi qui pourrait me permettre d'être plus éveillé (le café de la prison est absolument... dégoûtant).

J'ouvris la porte du petit local et y entra, je ne remarqua pas vraiment la personne déjà présente (j'avais beau vu un mec dans une marre de sang il me restait toujours un brin de fatigue). J'aurais aimer farfouiller dans la pharmacie mais elle était verrouillée, pas étonnant avec les gens qui habitent cette satanée prison!

Je m'éffondra sur un lit et sentit presqu'aussitôt le sommeil me gagner. Mais, juste à l'instant où mes yeux se fermaient je remarquais Clairval, couchée sur un lit un peu plus loin... en mauvais état. Cette fois oui, j'étais bel et bien réveiller! Je me releva assez rapidement et me retrouva en un instant à l'autre lit.

Mon regard parcouru ses blessures, j'étais très nerveux à ce moment.

-Cl... Clairval?

Le lit de l'infirmerie était vraiment très confortable. Je m'y étais endormie assez rapidement, la fatigue commencait à se faire sentir. Je ne dormis pas bien longtemps, mes «rêves» revenant me hanter. kleden, encore et toujours lui. J'étais attaché par terre, je le voyais s'avancer vers moi, encore plus menaçant qu'il ne l'avait été. J'essayais de crier, mais rien ne sortait de ma bouche. Il se pencha vers moi.

-Cl... Clairval?

Je me réveilla en sursaut et me jeta en bas du lit, les yeux toujours fermés. Non pas encore lui, pourquoi est-ce qu'il ne me laissait pas tranquille? Comment il était entré dans l'infirmerie? Oui, la porte, elle n'était pas verrouillée.

-Laisse moi tranquille, murmurais-je en tremblant un peu, incapable de me retenir.

Je me risqua alors à ouvrir les yeux. Cela me prit quelques secondes à réaliser que ce n'était pas Kleden qui m'avait appelé, mais Yuuri. Je le regarda un moment, trop surprise pour réagir puis, je gémis en rapprochant les jambes de mon corps. Je ne voulais pas qu'il me voit comme ça, pas dans cet état. Ma chute en bas du lit, bien qu'il ne soit pas bien haut, m'avait rappelé à quel point mon corps était endolori.

-Ne me regarde pas, dis-je d'une petite voix faible.

Je baissa la tête vers le sol. J'étais horrible à voir. Je sentais ma lèvres du bas complètement boursoufflé, j'avais du mal à voir de l'autre gauche, il semblait un peu enflé. Et c'était sans compter les coupures, les morsures, les bleus, les cassures que j'avais en ce moment.

Avant même que j'aie pu ne serais-ce que la touchée, elle tomba sur le sol. Apparement elle rêvait. Et ce n'était pas un bon rêve d'après ce que je pouais observer.

-Laisse moi tranquille

Je fronca les sourcils. Qu'est-ce-que j'avais fais? Rien... Elle ouvrit alors les yeux et elle me reconnu. Un gémissement s'échappa de ses lèvres rougies et elle se trotilla sur le sol. J'en eu le coeur serré.

-Ne me regarde pas

Comment est-ce-que je pouvais faire autrement? J'étais terrifier par son état! Je me pencha et je la pris doucement dans mes bras pour la remettre sur le lit, le plancher devait être gelé!

-Qui t'a fais ça? Carl?

Je sentais déjà la rage monter. Si c'était lui alors là il mourrait de mes mains et pas necessairement sans douleurs. Mes poings se fermèrent seuls en empoignant les couvertures. Ma colère s'évapora rapidement lorsque je la regardais de nouveau, elle qui était pourtant toujours si confiante et fière, elle semblait si misérable et fragile maintenant...

J'écarta quelques mèches de cheveux de son visage et je la laissa caresser sa joue doucement. Je froncais les sourcil d'inquietude, je n'osais plus dire quoi que ce soit.

Je ne tenta même pas de lui résister lorsqu'il me prit dans ses bras et me remit sur le lit. J'aurais tellement souhaité qu'il ne me voit pas dans cet état, qu'il ne soit jamais au courant de ce qui venait de m'arriver. Mais, j'étais tellement bien dans ses bras. Cela me donnait un peu de réconfort. Si je souffrais moins, j'aurais pu presque oublier ce qui m'était arrivée la veille.

Je ferma mes yeux lorsqu'il caressa ma joue. Je n'aimais pas paraître faible devant lui, ce n'était pas ce que j'étais. Oui, c'était ce que j'étais, mais l'illusion que je maintenais était quasi parfaite avant. Je préférais cette illusion. Ma joue se frotta, bien contre ma volonté, contre sa main, appréciant le contact. Il était le seul à pouvoir ne toucher de cette façon et me réconforter.

-Ce n'est pas Carl, arrête. Tu sais bien qu'il ne ferait jamais cela...

J'ouvris les yeux. Je détestais cela. Je ne voyais que Kleden lorsque j'avais les yeux fermés. J'en avais assez de le voir. Cela ne faisait même pas 24 heures qu'il était dans ma vie et je voulais qu'il en sorte pour toujours, ne plus jamais le revoir!

Je regarda Yuuri un moment. Je ne savais plus quoi penser. Mon cerveau était complètement brûlé. J'avais peur de Yuuri, j'avais peur de ce qu'il pourrait faire, aux autres ou même à moi. Je le savais agressif parfois et j'avais peur. Je détestais cela. Avoir peur de Yuuri... Je baissa la tête et la déposa contre son torse, me convaincant que ce n'était PAS Kleden, qu'il ne pouvait pas me faire cela. C'était étrange de me dire que j'avais peur des hommes maintenant. Dire que j'étais celle qui faisait tout pour les avoir dans mon lit avant.

-J'ai mal Yuuri, murmurais-je.

Ma main droite me faisait mourir. Mon pied et mon autre main n'était rien à côté de la douleur de ma main droite. J'avais mal au ventre, au visage, à la tête... à mon entrejambe. Je me mordis la lèvre, réprima un petit gémissement. C'est vrai, je ne devrais pas mordre ma lèvre déjà abîmé. J'avais surtout mal au coeur, mal à l'âme comme dirait ma mère.

-Est-ce que je peux mourir Yuuri?

-Ce n'est pas Carl, arrête. Tu sais bien qu'il ne ferait jamais cela...

Bien sûr, ce n'étais pas Carl. Je savais que Carl ne ferais pas ce genre de choses. C'était trop facile de l'accuser ainsi... J'avais beau le détester à vouloir le tuer ce n'était pas pour autant qu'il se vengerait sur elle. Et surtout pas avec ce genre de méthodes sadiques. Carl était bien trop idiot et naif pour réussir à en faire autant à Clairval en si peu de temps de toutes façons...

Elle se rapprocha de moi et je passa une main derrière son dos. J'osais à peine la toucher de peur de lui faire mal, disont que je n'avais pas toujours l'habitude d'être doux, surtout pas depuis mon arrivée à Sadismus. Je prennais mille-et-unes précotions pour qu'elle ne souffre pas encore plus.

-J'ai mal Yuuri

-Oui... je sais...

C'était normal après ce genre de choses et je savais que ce n'était pas necessairement qque physiquement qu'elle souffrait. Même à moi elle ne se montrait que très rarement si faible et la voilà complètement anéantie. Je sentis mon coeur se serré de tristesse.

Je restais muet, ne parlant que si necessaire. L'infirmière n'arrivait pas, elle devait être occupée à l'extérieur. Il y avait plusieurs cas ou elle devait se déplacée jusqu'à l'autre bout de la prison pour soigner des blesser. La gardien ne prennait jamais vraiment la peine d'amener les blessés jusqu'à l'infirmerie en fait.

-Est-ce que je peux mourir Yuuri?

Je resta silencieux un long moment. Pourquoi cette question? Et pourquoi à moi? Pas que je ne savais pas quoi répondre, je ne savais pas plutôt comment répondre. La psycologie et moi faisont deux et ce n'était pas très positif. Je me contenta de la serrée plus fort contre moi malgré ses blessures et je dis un simple:

-Non... j'ai besoin de toi...

Je pinca mes lèvres ensemble lorsque Yuuri glissa sa main dans mon dos. Je le sentais réfléchir à ma question. Sa réponse me fit sourire.

-Merci, murmurais-je simplement sans donner plus d'information.

Il ne savait pas à quel point ses mots étaient apprécié en ce moment. Je me colla un peu plus contre lui. Je me sentais bien dans ses bras, comme je m'étais bien senti lorsque carl m'avait prise dans les siens pour me transporter à la cellule. Yuuri et lui avaient beaucoup plus en commun qu'ils ne voulaient le croire. Je me garderais bien de leurs dire par contre, il était évident qu'ils n'apprécieraient pas d'être comparé l'un à l'autre.

Après quelques minutes, je me redressa lentement, osant le regarder dans les yeux. Mes cheveux emmêlés tombaient sur mon visage, dissumilant la plupart de mes blessures.

-Tu vas me soigner, vu que l'infirmière de Carl n'arrive pas?

Je ne savais pas si je voulais qu'il accepte ou non. Je me sentais plus à l'aise avec lui, il me connaissait bien et je savais que je n'avais pas à jouer la comédie devant lui. Cependant, le laisser regarder mes blessures. mon corps meurtri... J'hésitais. Je me sentais tellement sale et laide en ce moment. Je ne voulais pas l'obliger à me toucher.

-Tu n'es même pas curieux?, dis-je en baissant les yeux.

Carl m'avait posé des questions, insisté même. Il avait montré un intérêt face à ce que j'avais vécu. Pas Yuuri... Je ferma les yeux une seconde. Je ne doutais pas avat, pourquoi je doutais maintenant? Je n'Avais aucune raison de douter de lui. Il n'avait pas à poser de questions, il ne voulait surement pas savoir. Je n'aurais pas voulu connaître ce qui était arrivé en détails à quelqu'un qui aurait subi la même chose que moi.

Je m'écarta un peu pour tirer le rideau qui se trouvait autour de la couchette. Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre la voit dans un état aussi horrible que celui-ci. J'avais même peur de trop bouger de peur de lui faire plus mal, j'avais peur de ce qui pourrait arriver si son état s'agravait. Qu'est-ce-que je ferais si je la perdrais du jour au lendemain? Ma vie n'avait déjà aucun sens maintenant alors je n'osais pas imaginer ce que serait la suite si un tel malheur arriverait...

Je me leva ensuite et je pris le necessaire pour soigner le plus de blessures qu'elle avait. Bien sûr je ne pourrrais pas réparer les os cassés c'était certain. Je me chargerais du reste, je n'avais pas pu être là pour la protégée en temps et lieux alors je voulais au moin faire mon possible.

-Tu n'es même pas curieux?

Je stoppa net en mettant un bandage sur une blessure que j'avais désinfectée. Oui, bien sûr je voulais le savoir. Je voulais tout savoir pour aller tuer ce fumier qui lui avait fait ça. Je voulais lui montrer qu'il n'y avait personne qui avait le droit de toucher à Clairval, sauf: moi. Je me remis au travail.

-Ce serait terriblement égoiste de ma part de t'obligée à tout te rapeller ça aussi tôt après l'avoir vécu...

Je leva les yeux vers elle.

-Si tu tiens à tout m'expliquer tu le fera quand tu t'en sentira capable.

Je leva les yeux vers lui lorsque je le vis fermer le rideau autour du lit où j'étais. Il était tellement attentionné avec moi. C'était assez pour faire disparaître tous mes doutes à son sujet.

Je ferma les yeux pour tenter d'empêcher les larmes de couler en l'entendant me répondre. Sans grand succès, je pleurais tout de même. Non, je ne pleurais pas. Je ne pleurais jamais voyons. Mais les larmes coulaient tout de même sur mes joues. Carl avait agit sous l'impulsion de moment, ce qui n'était pas mal, cherchant à connaître le coupable. Yuuri, lui, cherchait mon bonheur. C'était ça qui les différenciait selon moi, leur attention envers moi.

-Ce n'est pas égoïste... Tu n'es pas égoïste. Je ne t'en voudrais jamais si tu insistais...

Je me pinça les lèvres et ouvrit les yeux, fixant le bandage qu'il était en train de me faire. Je réalisais que je lui en voulait. Il n'avait pas été là pour moi. J'avais besoin d'aide, j'étais en détresse, et il n,était pas là pour moi. Carl avait été là pour moi. Mais Carl n'était pas celui qui était mon amoureux, il n'était pas celui que j'aimais.

-Je ne sais pas ce que je pourrais te dire sur... ce qui s'est passé. Je t'ai promis de ne pas coucher avec un autre et j'ai tenté de respecter ma promesse. Mais... Il était tellement fort. Je n'ai eu aucune chance.

Ma voix se brisa et j'éclata en sanglots. Je m'étais toujours senti vulnérable avec Yuuri. Je savais que je pouvais et devais montrer la vraie moi devant lui.

-Je suis désolée...

Je me sentais coupable. Oui, coupable de n'avoir pu rien faire. Carl me l'avait fait sentir. J'étais plus forte que cela, je l'avais même envoyé au tapis plusieurs fois. Mais cette fois, je n'avais pas été la plus forte. Je ne devais pas l'avoir assez voulu...

Je ne dis absolument rien lorsqu'elle m'avoua ce qu'il lui était arriver. Je continuais à prendre soin de ses blessures mineures laissant les plus graves pour une personne qui saura s'en occuper. J'avais envie de sortir de l'infirmerie pour aller tuer, non torturer jusqu'à la folie, l'homme qui avait oser lui faire une telle chose. Mais je devais rester ici et garder mon calme.

-Je suis désolée...

Je m'avanca et déposa un baiser sur son front en chassant les mèches de cheveux de son visage.

-Tu n'a pas à être désolée pour quelque chose comme ça. Ce n'est pas ta faute si cette prison est remplie de malades et... même si tu m,a fais une promesse je peux comprendre que des accidents arrivent.

Pour moi en fait, tout ce que je voulais c'était qu'ELLE ne me soit pas infidèle. Si une personne la touchait, ce n'était pas sa faute.

-Oublie tout ça... tu ne le reverra plus jamais daccord? Je vais te protéger.

C'était plutôt facile à dire mais en tant que gardien et elle détenue les choses allaient êtres difficiles.

-Vient me voir aussitôt que tu a un problème et je t'aiderais.

Je la fixa dans les yeux en lui faisant cette promesse. Elle m'en avait aussi fait une, en échange de devais prendre soin d'elle...

J'essuya les larmes qui coulaient sur ses joues en me sentant étrangement attendri en la voyant pleurer. Je n'avais que rarement l'habitude de la voir ainsi mais j'aimais autant cette facade que l'autre.

Un accident... Ce qui m'était arrivé n'était qu'un accident. Je savais qu'il ne voulait pas vraiment dire cela, mais cela sonnait étrange dans ma tête. Un accident, c'est lorsque l'on échappe son verre de vin sur une douillette blanche, mais un viol.

Son baiser sur mon front me rassura sur ses intentions et propos. Il ne voulait que dire que ce qui m'était arrivé n'était pas prévu, que c'était hors de mon contrôle, comme un accident. J'en doutais de plus en plus par contre. On ne viole pas les gens comme ça. J'avais du le provoquer, l'exciter d'une manière ou d'une autre. J'avais toujours ce don d'attirer les gens vers moi même lorsque je ne le désirais pas vraiment. Après tout, j'ai passé toute ma vie à vouloir attirer les gens vers moi.

Je souris faiblement lorsqu'il me dit qu'il allait me protéger. Je le croyais. Je savais que c'était naïf de ma part, mais je le croyais. J'imaginais bien la scène. Moi, en sécurité dans ses bras, ou derrière lui, alors qu'il défendait mon honneur en tabassant Kleden. Mon côté pseudo-romantique qui faisait des folies. J'ignorais par contre comment il pourrait me protéger et m'aider. En tant que gardien, il devait rester un minimum intègre. Sans quoi, il pourrait se faire renvoyer, et je me retrouverais alors vraiment toute seule. Seule avec le monstre qui m'avait touché, qui avait également l'intention de recommencer.

-Vient me voir aussitôt que tu a un problème et je t'aiderais., me dit Yuuri en essuyant les dernières larmes sur mes joues.

Je pinça mes lèvres ensemble, caressa du bout des doigts, de ma main la moins endommagée, la main de Yuuri.

-C'est toi que je cherchais lorsqu'il m'a... Enfin... C'est arrivé parce que je vouloir te voir...

Je regardais Clairval dans les yeux. C'était bien... maintenant je me sentais coupable de ce qu'il lui était arrivé. Pf... tant mieux pour moi. J'aurais mieux fait de la protégée et d'être là au bon moment au lieu de trainer les pieds dans ce foutu endroit à la con! Elle aurait du rester dans sa cellule ou, même si l'idée me dégoute, rester avec Carl. Mais je savais qu'elle avait une fièrté malgré sa forteresse.

-Idiote...

J'eu un regard triste.

-Tu ne devrais pas t'occuper de moi.

Je pris une chaise qui était tout près et je m'assis dessus pour mieux regarder Clairval.

-Reste en sécurité... peut-être même que la sécurité c'est d'être avec les autres prisonniers.

J'avais beau avoir fait une promesse, je ne pouvais pas toujours être à côter d'elle même si je le voulais. On m'obligeait à faire des rondes et je ne pouvais tout de même pas désobéir, sinon c'était le renvoi et à ce moment je n'auras vraiment aucun chance de prendre soin d'elle.

J'appuya mon front sur le bord du lit, désespéré. Je gardais sa main dans la mienne, je ne savais plus quoi faire. J'étais pris dans un piège... un jour ou l'autre il se refermera sur moi. Mais je ne pouvais pas lui dire. Elle avait assez d'ennuis.

-Je suis désolé...

Je baissa la tête lorsque Yuuri me traita d'idiote. Il avait raison, je n'aurais pas du m'aventurer comme ça, toute seule, avec la seule envie de le voir. Mais ce n'était pas évident. J'avais l'impression qu'il ne voulait pas vraiment me voir, que j'étais la seule à le vouloir autant. Je comprenais qu'il avait un boulot à faire mais... C'était pénible, tout simplement.

Je hocha doucement la tête et la releva pour le regarder lorsqu'il me dit de rester en sécurité. Où est-ce que je pouvais être en sécurité dans une prison aussi diabolique? Est-ce que j'avais commis des crimes assez graves pour mériter d'être ici? J'en doutais, mais qui m'écouterait? Personne ne l'avait jamais fait avant, personne ne m'avait jamais cru, cela n'allait pas changer aujourd'hui.

Je resta surprise lorsqu'il appuya son front sur le rebord du lit. Le regard dans ses yeux avant qu'il ne fasse cela. Il semblait perdu. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi il s'excusait.

-Ne sois pas désolé, ce n'est pas de ta faute. Yuuri?

Je ne voulais pas qu'il croit que ce qui m'était arrivé était de sa faute. Je le cherchais oui, mais c'était entièrement ma faute si je n'avais pas été capable de ma défendre, si j'étais allée me promener à cet endroit seule alors que je n'en avais pas le droit.

De ma main bandée, je tenta de lui faire redresser la tête. Je voulais qu'il me regarde.

-Qu'est-ce qui ne va pas? Ne te met pas dans cet état pour moi. Je... Je devrais m'en sortir...