Sadismus Jail
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 Puisque nous sommes là... Parlons un peu !

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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
Tobias Viatscheslav


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MessageSujet: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMar 5 Juin - 15:28

--> Cellule N

J'aurais aimé pouvoir récupérer mes chaussures.
Vraiment. Je commencer à me les geler sérieux, à vagabonder nus-pieds sur ce sol glacé. Putain… J'imagine ma dégaine. Heureusement…heureusement qu'ils m'ont laissé me nettoyer le visage et les mains. Que je ne ressemble pas à un bonhomme de cendre en débarquant dans un bureau que je suppose propret, délicat, magistral. J'ai même pu laver mes cheveux… Histoire de ressembler un peu moins à un fou… Que je ne suis pas. Ouais… Dans ce cas, pourquoi je vais chez la psy ? Toute cette affaire commence à m'ennuyer sérieusement. Et vous le savez… Quand je m'ennuie, je deviens…peu plaisant. Un frisson d'irritation parcourt mon dos. Je tire sur mes liens. Les menottes tintent.

Douuucement, Tobias…

De quoi ? Tu crois que j'vais m'casser en courant avec tes putains de bracelets dans le dos ?

T'as intérêt à être plus gentil avec la psy.

Tu me vexe… Je suis incapable de faire du mal à quoi que ce soit…

Pff… J'ai même la flemme de faire des vannes correctes. Je pense à autre chose. La plume. D'ailleurs, je connais toujours pas son nom. C'est le genre de détail qui me passe par dessus la tête. Mais bon. Je devrais le trouver sans trop de difficultés… Non, ce qui me préoccupe, c'est le gamin à venir. Une seule chose est sûre, on pourra jamais se débrouiller seuls. Moi, je suis presque un détenu. Je n'ai pas même le droit de quitter la prison. Il nous faut un soutien extérieur. Solide.

Et voilà Tobby… –Tobias- ouais…donc te voilà arrivé… Bureau de la psy… Maybeth Greene. Sois poli.

Comme d'hab', quoi.

L'autre me lance un regard las. Nan, pas comme d'hab'. Bouh ! J'hausse un sourcil, faussement étonné. Bon… Je crois qu'il en a marre. Un peu. Sans cérémonies, le maton me pousse en dehors du couloir, me suit et referme la porte derrière nous.

Silence. L'atmosphère baigne d'une sorte de…calme. C'est lumineux, plutôt. En tous cas, il y a plus de lumière ici que dans aucun coin de ce pénitencier. Mon regard se pose rapidement sur chaque détail de l'endroit. Je ne devine personne pour le moment… à par moi, et…

Bon, j'vais pas tarder à me casser. J'ai autre chose à foutre que d'escorter un pyromane.

Je tique, irrité. Pas pyromane. Esthète. Ce type est un vrai niais… Inculte, fermé, ennuyeux… Et en plus, il m'a tiré du pieux. Le profil rêvé… Non ? Je le considère d'un œil terrible. Celui là-même dont j'usais contre les recrues flemmardes. Je sais que la couleur de mes yeux complète le tableau de l'officier intransigeant et sadique… Pour un peu, je claquerais des talons… Huh, stop ! Tu commences à tomber dans la nostalgie, Viatscheslav… T'es pas Baudelaire, alors reste à ta place. Puis l'armée, c'est fini… Tu te souviens ? D'autres jeux, pourtant. D'autres jeux, ici. De ma main valide, j'allume mon briquet. Clac. La rondeur parfaite de la flamme se mue bien vite en une pointe brûlante… Sa vision m'apaise.

Assieds-toi, Tobby. Et attends.

Mot tabou. Attendre… Il faut que je bouge, plutôt ! Je sens que je ne vais pas tarder à péter un câble… Peut-être faudrait-il éviter de le faire devant la psy ? Et puis…merde. Suffit qu'elle ait pas les cheveux roux… Enfin. Comme j'ai toujours de la chance…Et je refuse de m'asseoir. Je ne supporte pas l'idée de me mettre en position d'infériorité physique… Couché, assis, mort. C'est du pareil au même.

Mademoiselle Greene ? Un rendez-vous… Je crois que l'on vous a prévenue ?

Le type sort un dossier, le feuillette. J'entr'aperçois une de mes photo d'identité, mon nom. Génial… Le même type de paperasse que pour un taulard. En plus, je fais la gueule, sur cette photo. Passeport oblige.

Tobias Viatsch… Viat…Viacht…

Viatscheslav.

Echange de regards qui se défient.

Ouais… Matricule 0274. Soupçonné de pyromanie chronique, associée à des crises de délire hallucinatoires.

C'est compliqué et précieux, tous ces mots. Et t'arrive même pas à dire mon nom ?

…Sans oublier une nette tendance à l'insubordination. Je vous le laisse ? Je reste devant la porte, à l'extérieur. Appelez si le besoin se fait…

Le maton s'éclipse. Enfin. Et moi, je reste là, tout seul, comme un glandu. Je peux même pas me tirer. Je joue un peu avec mon briquet, avisant chacun des éléments inflammables de ce bureau… Ouais… Mais nan. Un peu tôt, pour recommencer mes jeux. Je passe une main dans mes cheveux encore humides. Et maintenant ?


Dernière édition par le Mar 3 Juil - 13:40, édité 1 fois
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Maybeth
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Maybeth


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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMer 6 Juin - 6:06

[ark, c'est super mauvais désolée]

Quand on m'a dit qu'un membre du personnel avait rendez-vous avec moi, je m'étais réjouie. Enfin un entretien avec quelqu'un de tranquille, qui comprend ce que je vis tous les jours avec des détenus difficiles. Je nourrissais tellement d'attentes à propos de cette entrevue, que je me suis contentée de lire son dossier en diagonale, alors que j'étais moi-même distraite à ce même moment. Grossière erreur Maybe.

À mesure que le gardien m'énumère les déviances psychologiques de mon futur patient, mon cœur se serre, mon teint se fait encore plus blanc que d'ordinaire. Seigneur Dieu. Et ils permettent à une personne de ce genre(1) de travailler dans une prison ? Nous avons déjà bien assez de détenus qui nous causent des problèmes. Je ne comprends pas pourquoi pas l'idée de la directrice – normalement si réfléchie – d'alourdir le personnel avec un personnage pareil. M'est avis qu'il y a déjà eu assez de pagaille avec Steve. Sale histoire que nous trainons derrière nous. Je me demande combien ici savaient pour ce qu'il avait fait subir à Carl. Oh et pourquoi je pense à des histoires d'horreurs pareilles alors qu'un pyromane m'attend derri… Un pyromane ?! J'ai bien entendu ? Je n'ose pas le demander. Je ne veux pas avoir l'air effrayée devant un collègue, même si je sais que je dois être livide.

C'Est avec la mine bien basse que je pénètre dans ce qui me sert de bureau; petite pièce simple, bien éclairée, équipée d'une fenêtre donnant sur la mer, de fauteuils confortables, de plantes vertes(2) et de documents épars sur toute la surface de mon bureau. Je tiens le dossier de Tobias bien serré contre ma poitrine avec mes mains le serrant avec fermeté, essayant par ce geste de les empêcher de trop trembler. Un homme se tient debout. Forte carrure, une longue chevelure noire, un regard gris et las, arrogant, limite effrayant… Ses traits sont fort bien dessinés je dois me l'avouer. N'empêche qu'il sème en moi une terreur bien familière. Pourquoi ? Certes il a l'air impressionnant, mais ce n'est pas seulement cela. Dans sa main droite, il tient un petit objet que je ne connais que trop bien, et s'amuse à en faire claquer le couvercle. En quelques fractions de seconde, je me retrouve plongée dans mes souvenirs.

Moi, assise sur le vieux divan vert de la maison de feu-mon-père, lisant un livre sur l'histoire romaine. Jefferson à côté de moi, regardant la télé avec peu d'intérêt, relevant et rabaissant sans cesse le couvercle de son briquet, puis l'approchant sournoisement de ma déjà si craintive personne. Les flammes, sur moi et dans mon livre, brûlant mes cheveux et le papier. Une odeur horrible, mes cris, ses rires…

Mes yeux sont grand ouverts, luisant de terreur. Ma main se porte naturellement vers mes cheveux, les effleurant au passage, comme pour me rassurer quant à leur présence sur ma tête. Mon regard se fixe sur la petite flamme, juste comme je sors de ma torpeur. Du calme Maybe. Tu ne crains rien. Jefferson est dans sa cellule présentement, il ne peut pas te faire de mal. Je me donne tout le courage que je peux tout en allant m'asseoir derrière mon bureau. Là, je prends bien mon temps pour ouvrir son dossier, mettre de l'ordre dans mes affaires et me mettre dans mon rôle de psychologue confiante et sûre d'elle. Quand je m'en sens prête, je me redresse sur ma chaise et plante mes prunelles glacées dans les siennes, brûlantes malgré leur teinte pâle. D'un voix ferme mais toujours fluette, je me lance.

-Tobias, j'aimerais que tu déposes cet objet sur mon bureau et que tu viennes t'asseoir. Ça facilitera l'entretien, autant pour toi que pour moi.

J'attends calmement sa réaction, reprenant avec discrétion mon examen de sa personne. De là où je suis, à ma place, il a beau être debout, il ne me parait plus si impressionnant. Je n'ai jamais su m'expliquer ce phénomène, mais derrière mon bureau, dans mes affaires, dans un territoire que je contrôle(3), je me sens en confiance, et personne ne pourrait me détrôner, sauf si vraiment j'ai à me lever de mon siège et craindre pour ma vie. Parlant de siège, j'ai le regret de constater que mon patient ne me facilite pas vraiment la tâche.

Il reste debout, me toise avec défiance, les bras croisés. Un long silence s'installe dans la pièce et ne semble pas vouloir partir. Je regarde toujours Tobias dans les yeux, partagée entre un soupçon de crainte et la certitude qu'il finira par s'asseoir. Ça se voit dans son regard qu'il se demande quoi faire. Finalement, à mon grand soulagement, il s'affale sur le fauteuil face au mien. Je me retiens de soupirer de soulagement, ça démontrerait mon trouble en cet instant. Et puis je n'ai pas tout à fait raison d'être soulagée puisqu'il tient toujours cet objet maléfique entre ses doigts. Je fronce les sourcils pendant quelques instants, puis reprends ma sérénité apparente.

-Bien. Je crois que nous pouvons commencer. On t'a sans doute déjà dit qui je suis, sinon, eh bien je m'appelle Maybeth. Cet entretien a été décidé assez rapidement et on ne m'a pas dit exactement pourquoi tu te trouves ici. Tu voudrais peut-être m'en parler que je sache sur quel pied danser ?

(1)Je n'ai absolument rien contre les gens dit "dérangés", seulement je préfèrerais qu'ils soient placés en institution, plutôt qu'en prison à exercer le noble métier de gardien.
(2)Je trouvais que ça manquait un peu de personnalisation. Je me suis permise dernièrement cette petite acquisition.
(3)Sans oublier le fidèle gardien de l'autre côté de la porte qui est prêt à entrer au moindre cri de ma part…
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMer 6 Juin - 16:09

[on ne m'ôtera pas l'idée que je vois toujours pas le mauvais >.> * Tobby adore embêter les gens]

Et bien… Je n'ai pas eu à attendre longtemps. Est-ce un bon point ?… On va dire que oui. Et j'avoue que je suis surpris… Disons que je m'attendais à une psy d'âge mûr, pétrie de rides et de petites rigidités bien irritantes. Bon… J'exagère peut être un peu. Simplement, je m'intrigue un poil devant l'apparition de cette jeunette aux cheveux longs et aux mines de madone moderne. Damoiselle, tu as l'air trop douce pour le job que tu fais… Fronce les sourcils, et décrispe ces mains qui se serrent sur ce que je suppose être mon dossier psychiatrique. Génial. Encore quelqu'un qui a feuilleté mes coquetteries passées...

Là voilà qui me détaille, quelque chose d'étrange fixé au fond de ses yeux couleur d'eau. De quoi ? Je me raidis, fixant sur mes traits une allure intraitable. 'Vais éviter de péter mon câble dès maintenant. Ca ferait brouillon. Et lorsque son regard s'agrandit, comme celui d'un gosse devant un morceau d'ombre, je n'en profite même pas. Je me contente de faire claquer mon briquet dans le vide. Je me demande quelle est la cause de…

Citation :
-Tobias, j'aimerais que tu déposes cet objet sur mon bureau et que tu viennes t'asseoir.

Ah… Ce serait donc ça ? A moins qu'elle craigne que je mette le feu à quelque chose dans cette pièce… Quelque chose de pas forcément…inanimé. Je croise les bras, l'air buté. Cette discussion sera stérile, j'en suis convaincu. Je n'ai rien. Et puis je suis déjà passé devant un certain nombre de psys –pour les rapports d'aptitude mentaux nécessaire dans l'armée. Cela n'a rien donné. Strictement rien. Il n'y avait rien à trouver… Je n'ai fais que m'amuser avec les docs, leur faire croire que c'était passager. Et puis, en leur faisant un peu peur, tout se passait bien… D'ailleurs, en parlant d'intimidation… Distraitement, ma main valide fait renaître la flamme de mon briquet. Clic. Je me sens d'humeur…joueuse. Malgré le fait que je sois franchement hostile à tout ce cirque stérile. Des mots, rien de plus. Les belles paroles ne sauvent pas.

Citation :
Ça facilitera l'entretien, autant pour toi que pour moi.

Elle semble s'être assurée. Tant mieux. Quelle intérêt de défier une âme chétive, timorée ? Enfin… Bref. Mon regard dérive vers la fenêtre de la pièce. On voit le ciel. Pas comme dans le cellule N. Misérable lucarne aux morts, à peine assez large pour laisser passer une moitié de courant d'air. Pas cassez large pour laisser respirer la damoiselle rousse…et encore moins son gosse. Brusquement, les souvenirs de la veille me reviennent, tout en vrac. Je me souviens…que nous avons besoin d'aide, d'appuis. Mes yeux se posent de nouveau sur la damoiselle Greene. Un rayon de lumière accroche un reflet dans ses cheveux clairs. Elle ressemble vraiment à une Pietà…. Pourquoi pas. Pourquoi pas elle ? Et puis, elle doit être la première qui ne réagit pas trop violemment-du moins à ce que je peux voir- à mon double statut de maton prisonnier de ces murs. La Madonne pourrait-elle nous venir en aide, à nous…trois ? Hum… Il faut bien faire quelque chose. Je m'assied, presque docilement. Mais je conserve mon briquet. Autant me couper la main. Je passe doucement la flamme le long des quatre doigts insensibles de ma main gauche.

Citation :
… je m'appelle Maybeth.

Ah… C'est donc comme ça ? Pour cette partie, nous devrons visiblement jouer la carte des prénoms, et du tutoiement. Cela ne me vexe pas pour un sous. Seulement ce langage propre aux psychanalyses… Comme si la doc s'adressait à un gosse convulsif. Merci.


Citation :
Cet entretien a été décidé assez rapidement et on ne m'a pas dit exactement pourquoi tu te trouves ici. Tu voudrais peut-être m'en parler que je sache sur quel pied danser ?

Bon. J'imagine que si je veux que les choses avancent, il faut que j'abandonne mon mutisme forcené. Par où commencer ? Bonjour-bonjour… Cette nuit, j'ai mis le feu à la bibliothèque, j'ai failli crever cramé, et j'ai adoré ça. Oh, et un petit détail… J'ai passé la nuit avec une détenue, en tant qu'oreiller diplômé. Et en plus, elle est enceinte. C'est grave, doc ?

Est-ce vraiment utile… ? Avec tout mon respect, mademoiselle, vous n'êtes pas la première à tenter de me faire avouer je ne sais quoi. Je suis désolé de la perte de temps occasionnée… Il n'y a rien. Je n'ai rien. Personne n'est mort.

Je me souviens de mieux en mieux…Cette vision. Cette femme, que j'avais tuée, il y a deçà onze longues années… Pff. Aucun problème… Je me demande juste pourquoi je l'ai vue à ce moment précis. Je n'ai jamais eu de remords. Jamais… Vous m'entendez ? Exprimant mon incongrue irritation je fronce les sourcils, préoccupé. J'allume à nouveau mon briquet, y trouvant un profond soulagement. La vue de la flamme me détend immédiatement. C'est dommage… Elle est si petite. Rien à brûler… Attends, bientôt. Attends, dehors.

Je passe ma main mutilée devant mes yeux, en une tentative de chasser des pensées qui ne pourront que me perdre durant cet entretien. Et puis merde. J'en ai marre de poireauter. C'est maintenant, ou jamais. Il faut que je sache si, oui ou non, elle pourra nous aider…

Je n'ai pas besoin d'une psychanalyse. Mais j'ai besoin d'aide… Enfin, pas moi. Cela concerne une tierce personne. Une…détenue.

Vous avez vu comment je fais des efforts pour parler correctement ? Excepté le lourd accent slave, on jurerait un prêtre lettré.

Nous avons passé la nuit ensemble, et il s'est avéré que… qu'elle est enceinte.

Putain… Mais quel con ! C'est pas les mots que je devais utiliser ! Aaaaah… J'aurais mieux fait de parler en roumain !
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Maybeth
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeSam 16 Juin - 10:08

[c'est court, désolée, et mauvais... et j'aurais du répondre avant XD]

J'aimerais que cet entretien se termine rapidement, bien franchement. Ses doigts crispés sur son briquet ne réussissent pas à me sortir de la tête. Maybeth reprends-toi. Tu es en sécurité ici. Et puis cet homme travaille ici, il est sans doute moins atteint que la plus grande partie des prisonniers. Il doit posséder un tant soit peu de sang froid et doit avoir au moins une partie de la tête sur les épaules. Les miennes se décrispent et j'attends patiemment qu'il s'ouvre à moi pour que l'entretien puisse officiellement commencer.

-Est-ce vraiment utile… ? Avec tout mon respect, mademoiselle, vous n'êtes pas la première à tenter de me faire avouer je ne sais quoi. Je suis désolé de la perte de temps occasionnée… Il n'y a rien. Je n'ai rien. Personne n'est mort.

Mais qu'ont-ils donc tous à penser que je veux leur faire avouer quelque chose ? Ce qui se dit ici ne quitte pas mon bureau. Même s'il me confiait ses pires crimes, le secret professionnel m'obligerait à n'en rien dire à personne, même dans les pires circonstances. Et cet aspect de mon travail est l'un de ceux que je respecte le plus. De toute façon, je ne parle à pratiquement personne. À qui veut-on que j'aille raconter les secrets de mes patients ?

J'observe l'attitude physique de mon patient, qui n'est plus aussi rigide que tout à l'heure. Oh bien sûr, ce n'est pas tout le monde qui verrait ce changement, mais moi j'ai étudié le langage corporel. Ce sourcil qui se hausse, la flamme qui se réveille entre ses doigts; je vois bien qu'il pense à quelque chose de préoccupant, mais je n'essaierai pas de savoir tout de suite de quoi il s'agit. Toutefois, dès que ses yeux se posent sur la flamme, il se détend à nouveau, m'empêchant de l'observer à ma guise. Mais à grande surprise, une autre lueur passe dans ses yeux, celle de la détermination.

-Je n'ai pas besoin d'une psychanalyse. Mais j'ai besoin d'aide… Enfin, pas moi. Cela concerne une tierce personne. Une…détenue.

Quelqu'un d'autre ? À mes yeux, ce qu'il dit ne fait aucun sens. Il a besoin d'aide mais on l'a forcé à venir ici. Pourquoi n'est-il pas venu de lui-même ? C'aurait été beaucoup plus simple et je n'aurais pas peur à tout instant que ce damné briquet tombe sur mon bureau et l'enflamme. Mais le problème ne semble pas le concerner directement. Une détenue ? De qui peut-il bien s'agir ? Et de quel genre de problème veut-il parler ? Peut-être l'a-t-il assassinée … ou trouvée morte … ou en pleine agonie … Maybeth calme-toi bon Dieu. Ce n'est pas un meurtrier, c'est un gardien. Un collègue ! J'attends une explication, que je lui demande en faisant un petit mouvement de tête voulant dire "continue" tout en prenant mon crayon et en approchant mes feuilles de moi.

-Nous avons passé la nuit ensemble, et il s'est avéré que… qu'elle est enceinte.

Quoi ?! Pour la surprise, mon crayon me glisse des mains et roule sur le sol, aux pieds de Tobias. Il a … Mit une détenue enceinte ? Mais il n'a pas idée des conséquences de cet acte ou quoi ? Il est impossible que cette femme, quelle qu'elle soit, garde le bébé en tout cas. Pas dans les conditions où elle vit présentement, ce serait inhumain, et trop dangereux. Je bafouille bêtement, cherchant mes mots, mettant de l'ordre dans mes papiers avec maladresse, cherchant mon crayon des yeux.

-Je … C'est la première fois qu'une chose pareille se produit depuis que je suis ici, je …

Souffle Maybe… Détends-toi un peu et prends la situation avec calme. Ce n'est pas un drame. Ça devait t'arriver au moins une fois dans ta vie, c'était inévitable. Je respire un coup, tapote la table du bout des doigts et ferme les yeux, le temps que la pilule passe.

-Désolée, je dis, plus calmement. Ça ne doit pas vraiment te conforter de voir une professionnelle être prise au dépourvu de la sorte. C'est que vois-tu, je crois que ce genre de situation ne s'est jamais produite ici. De plus, qu'un gardien ait un rapport avec une détenue me surprend un peu.

Je ne sais pas si ce que je dis est censé. Je suis confrontée à quelque chose de totalement nouveau, et ce qui est nouveau m'effraie toujours un peu.

-Quoi qu'il soit, elle et toi auriez du y penser avant. Je sais que ce n'est pas vraiment ce qu'on voudrait entendre dans ces cas-là, mais c'est la vérité. Vous ne vous étiez donc pas protégés ?

Je déteste aborder ce genre de sujet… J'ai peur qu'il croit que je le prenne pour un gamin inconscient. Mais ce n'est pas le cas. Je ne suis seulement pas très à l'aise avec la chose.

[si je ne me trompe pas, elle était enceinte de Lulu … fait que Maybe ignore… donc elle croit que tu es l'engrosseur en clair :P]
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeDim 17 Juin - 6:59

[t'inquiètes, moi non plus, c'est pas optimum ^^ Même si je trouve toujours pas ton post mauvais XP. T'serais pas perfectionniste, toi ? XD Puis le temps, c'est pas un problème ^^]

Ouch… Pas bon, pas bon… ! Okay, j'ai pas vraiment été diplomate. Que j'aie manqué de tact… C'est évident. Et que ce ne soit pas une nouvelle particulièrement plaisante… J'y consens. Mais quand même… J'avoue que je commence un peu à flipper en constatant l'état d'agitation nerveuse que je viens de distiller chez la psychologue. Marde. Ai-je fais le bon choix ? Je veux dire, était-ce vraiment une bonne idée que de venir chercher de l'aide auprès d"elle ? Hmm… 'Faut dire que j'avais pas exactement le choix. Qui d'autre ? Qui d'autre aurait-pu nous lui venir en aide ? Bon… J'ai commencé. Et même si c'est une connerie monumental, je n'ai d'autre choix que de m'enfoncer encore plus. Tiens ? Elle a fait tomber son crayon. Il heurte doucement mon pied nu.

Citation :
-Je … C'est la première fois qu'une chose pareille se produit depuis que je suis ici, je …

Je me baisse, et saisis le petit morceau de bois entre mon index et mon majeur. En me redressant, je note un détail utile. Ce crayon est…long. Je dépose mon briquet sur le bureau, histoire de rassurer un peu mon interlocutrice.
Mais conserve le crayon. L'air de rien.
Au point où nous en sommes…nous ne pouvons plus prendre de risques.
J'écoute.

Citation :
… C'est que vois-tu, je crois que ce genre de situation ne s'est jamais produite ici. De plus, qu'un gardien ait un rapport avec une détenue me surprend un peu…

J'acquiese doucement, mon regard planté dans le sien, observant, calculant, mesurant chacune de ses paroles. Il ne faut pas…il ne faut pas que l'affaire s'ébruite. Le crayon roule entre mes doigts. Je ne le lâche pas. Un gardien en goguette avec une détenue ? Peu commun ? Hmm… Pas faux. Du moins, pour une relation de ce type. La petite m'avait l'air excessivement attachée au père de son enfant. C'est ce type de liens qui me surprend, ici. Les viols sont monnaie courante, pas les romances. Et puis…il aurait pu faire gaffe, merde. Mais maintenant, il est mort. Et je récupère ses dettes. Je me demande encore pourquoi. Je suis peut-être vraiment débile.

Citation :
Quoi qu'il soit, elle et toi auriez du y penser avant. […] Vous ne vous étiez donc pas protégés ?

Oh. Ah.
Le moins qu'on puisse dire… C'est qu'un ange passe. Quelques secondes s'écoulent dans le silence, et je devine que je dois faire une drôle de tête. Me dites pas que… Qu'elle croit que…que c'est moi l'espèce de crétin qui a foutu une détenue en cloque ?! Bordel ! J'ai jamais vu ce mec, mais je peux déjà pas le cadrer… 'Fin non, il est mort. Mais ça change rien ! Et puis…'faut dire que j'me suis pas forcément bien expliqué… Bref. J'ai franchement pas envie de me retrouver avec la faute sur le coin du nez parce qu'un mec s'est pas soucié des conséquences de ses petits flirts… Je prend la parole, un peu ulcéré sur les bords, mais tentant de faire bonne figue. Histoire de désamorcer l'affaire.

Ecoutez… Je me suis mal…exprimé.

Tu l'as dit, pauvre crétin. Apprend à parler la langue, la prochaine fois qu tu te fais immigrer de force dans un nouveau bled. Ouais, bon… Passons ?

Ce n'est pas moi qui… Enfin… Je ne suis pas le père.

Voilà… Utilise des mots simples, des syntaxes tranquilles. Et parles dou-ce-ment. Et essaye de te débarrasser de ta gueule d'officier grincheux. Ca aiderait peut-être. Pas possible ? Bon… On se débrouillera.

C'était avant que j'arrive… Je crois. La grossesse est assez…avancée. C'était, je crois un certain…

Helies.
Mais dois-je vraiment en faire état ? Ce mec n'avait-il pas une famille, une vie extérieure, des trucs dans le genre ? Et puis… Il est mort. J'aime pas salir la mémoire d'un macchabée. En plus, ça porte malheur. Laissons-le tranquille.

Non. Je sais pas, en fait. Mais il ne travaille plus ici. Je crois qu'il est mort. Je…

Un petit silence passe. Je réfléchis. Nous n'avons plus le choix… Alors autant agir en conséquence. Je lève à nouveau mes yeux vers la psy. Je sens mon regard froid, intransigeant, à la limite du menaçant. Ce genre d'air dont j'usais pour faire cracher mes proies, ou pour convaincre mes subordonnés récalcitrants.

Suite aux…événements… de la nuit passée, j'ai constaté son état. On a parlé… J'ai compris un truc. Elle m'a fait promettre de ne rien divulguer. Je lui ai aussi promis de veiller sur son enfant à venir. Mais… On m'a arrêté ce matin. Et me voilà. Alors j'ai pensé… Que vous pouviez nous venir en aide. Car ce que j'ai compris c'est que…

Inconsciemment, mes doigts se crispent sur le malheureux crayon. Ouais… C'est pour ça que je fais ça. Et là, on est au bord du précipice. J'ai peut-être merdé. Mais qu'est-ce qu'on y peut ? Plus le choix. Continuer.

C'est que si on la force à avorter… Elle crèvera.

Mais qu'est-ce qu'elle peut s'en foutre ?! D'ailleurs, en quoi ça me concerne, tout ça ! Je suis vraiment trop con. Mais j'ai promis… Et puis, je sais pas, mais je…je dois. Sans que je m'en rende compte, mon ton monte.

Elle crèvera ! Bordel, vous comprenez ?

Je baisse les yeux sur mes mains. Le crayon s'est brisé en deux morceaux nets.
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Maybeth
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeJeu 21 Juin - 6:54

[post de caca]

Je crois que ma question l'a vexé. Un long silence s'installe entre nous, le genre de silences auxquels je n'aime pas faire face, limite embarrassés. Non pas limite. Très embarrassés. Je peux fort bien comprendre qu'il soit mal à l'aise, je viens lui remettre sa faute sous le nez, son malaise. Il était venu chercher mon aide et moi je lui parle des conséquences de ses actes alors que je me doute déjà très bien qu'il les connaît toutes et qu'il y pense depuis déjà un moment.

-Écoutez… Je me suis mal…exprimé.

Pardon ? Mal exprimé ? Que pourrait-il y avoir qui ne serait pas clair dans ce qu'il vient de dire ?

-Ce n'est pas moi qui… Enfin… Je ne suis pas le père.

Je me crispe un moment à cette révélation et me retiens de tout mon pouvoir pour ne pas demander précipitamment de qui il s'agit. Ça ne se fait pas, ce n'est pas l'éthique. N'empêche, tout à coup je me sens mal. J'étais là à lui parler de protection et de sexualité responsable alors qu'il n'a rien à voir avec cette histoire. Oh mais attendez, pourquoi il vient me voir alors ? Je fronce un sourcil et l'observe attentivement. Peut-être qu'il me ment pour se sortir de l'embarras… Non, ça se verrait dans son visage.

-C'était avant que j'arrive… Je crois. La grossesse est assez…avancée. C'était, je crois un certain…

Bien, je n'ai même pas eu à le lui demander qu'il me révèle le nom du père. Ce que ça changera à ma vie ? Absolument rien puisque je n'irai jamais le dénoncer. Mais ça ferait plaisir à ma curiosité maladive. Instinctivement, je me tends un peu vers l'avant, cherchant à faire venir à moi le reste de la phrase plus rapidement, car décidément, il prend son temps pour me faire languir.

-Non. Je sais pas, en fait. Mais il ne travaille plus ici. Je crois qu'il est mort. Je…

Oh, il était si prêt de me le dire. Je sais pourtant cette fois qu'il me cache son nom, qu'il n'a pas envie de le dire, car il a eu cette hésitation des gens qui cachent quelque chose juste avant de poursuivre sa phrase. En tout cas, si le père est mort, il s'agit de Steve ou Ludwig. Ça ne peut pas être quelqu'un d'autre. Bon, oublions le père maintenant. En tout cas, il est évident qu'il n'apportera aucun soutien à qui que ce soit. Je regarde Tobias, son regard est terriblement froid, on dirait qu'il veut me faire peur. Enfin, ça marche un peu. Je n'aime pas trop qu'on me regarde de la sorte, moi qui ne fais jamais de mal à qui que ce soit.

-Suite aux…événements… de la nuit passée, j'ai constaté son état. On a parlé… J'ai compris un truc. Elle m'a fait promettre de ne rien divulguer. Je lui ai aussi promis de veiller sur son enfant à venir. Mais… On m'a arrêté ce matin. Et me voilà. Alors j'ai pensé… Que vous pouviez nous venir en aide. Car ce que j'ai compris c'est que…

Enfin ce qu'on peut dire, c'est que ce gardien dit fou a quand même une bonne âme. Promettre une telle chose à une femme que l'on connaît à peine. Je passerai par-dessus les évènements qu'il a évoqués. Je n'ai pas besoin d'en savoir plus là-dessus. De plus, qu'il profite de l'arrestation pour demander de l'aide, c'est tout de même brave de sa part. Et puis j'ai toujours cette petite chaleur au cœur quand c'est à moi qu'on demande secours plutôt qu'à quelqu'un d'autre. N'empêche, je ne suis peut-être pas la mieux placée pour aider.

-C'est que si on la force à avorter… Elle crèvera.

Quoi ?! Mes yeux s'arrondissent comme des soucoupes, je ne suis pas certaine de suivre. Pourquoi mourrait-elle des suites d'un avortement ? Elle en a déjà subit plusieurs ? Ou bien est-elle très sensible à ce genre de choses ? Ce qui est sûr c'est que …

-Elle crèvera ! Bordel, vous comprenez ?

Je sursaute au son de sa voix, dur, sec et puissant, et au bruit que fait mon crayon quand il le casse en deux. Ma main se crispe sur le bois de mon bureau pendant un instant et je prends deux secondes pour respirer à fond.

-Je comprends très bien, ne vous méprenez pas. Je n'ai pas l'intention, ni le droit, de forcer qui que ce soit à faire quelque chose contre son gré.

Je replace rapidement une mèche de cheveux derrière mon oreille et me redresse, prête à parler, à lui exprimer clairement mon point de vue sur la situation, et ce que je conseille.

-Bon, d'abord, écoutez-moi. Je suis très touchée que vous ayez pensé à me confier tout ceci, mais je dois vous l'avouer, je suis prise au dépourvu. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider tous les deux… tous les trois, mais je vous le dis tout de suite. Mises à part mes bonnes relations avec la directrice, je n'ai pas un très grand pouvoir ici.

Je cherche, il doit certainement y avoir quelque chose à faire. Mais quoi ? Il faudrait le nom …

-Je sais que vous avez juré de garder le secret, mais il me faudrait le nom de cette femme, j'affirme. Je ne peux pas aider quelqu'un dont j'ignore l'identité, quoi que l'on puisse en penser. Je suis une bonne ressource, mais je ne fais pas encore de miracles.

Je sais qu'il va hésiter à me le donner. Mais il n'a pas le choix, et je m'efforce de le lui faire comprendre.

-C'est pour son bien à elle. Si vous me donnez son nom je pourrais la faire venir dans mon bureau et nous pourrions en discuter tous ensemble, analyser toutes les solutions possibles. Si vous avez peur que ça s'ébruite, vous n'avez pourtant rien à craindre de moi. Ce qui se dit ici, reste entre ces murs.

C'Est purement essentiel, j'ai besoin de savoir de qui il s'agit, de connaître les raisons de son refus d'avorter, alors que ce serait la solution la plus sage qui soit.

-Je vous en prie. Faites-moi confiance et donnez-moi son nom.
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeSam 30 Juin - 10:05

Doucement, ma main s'ouvre. Deux petits bruits mats sur le plancher lisse. Je…Je me sens comme après une de mes "crises". Vide. Blanc. Neutre. D'un geste vague, je chasse une écharde qui s'est fichée entre mon index et mon majeur. Qu'est-ce que je fais là ? Et même… où suis-je ? Doucement, je lève mon regard sur la femme qui me fait face. Qui ? Je sens que quelque chose m'échappe. Un instant, mes yeux cherchent sur ce visage la réponse à mes interrogations. Il y a quelque chose…quelque chose dont je dois me souvenir. Expirant doucement, je prends ma tête dans mes mains, les coudes sur les genoux, retiens un frisson. Sa calmer… Se calmer… Se rappeler… Mes doigts se crispent dans mes cheveux, éraflant légèrement mon cuir chevelu. Vide. Blanc. Neutre. Mon regard tombe sur les bris de crayon, gisant au sol, cadavre brisé, virgule entre deux états. Mais c'était quoi, avant ?

Citation :
-Je comprends très bien, ne vous méprenez pas. Je n'ai pas l'intention, ni le droit, de forcer qui que ce soit à faire quelque chose contre son gré.

Bon… Elle a l'air plus au courant que moi de la situation. J'ai dû dire quelque chose d'un peu violent, pour la faire réagir de la sorte. Mais quoi ? Il faut que j'attende. Que j'attende que mon cerveau sorte de cette ouate blanchâtre, de cet état de neutralité d'après crise. Je ferme les yeux, pris d'une légère nausée… Il est quelle heure ? Où est mon arme ? Où sont mes hommes ? Merde.

Citation :
-Bon, d'abord, écoutez-moi.

Surpris, je me redresse, recule, non sans saisir mon briquet au passage. Pourquoi diable l'ai-je abandonné sur ce bureau ? Je suis con, ou quoi ? Bordel… Qu'est-ce qui s'est passé… Je suis vraiment dans la panade, là. Je vais éviter de faire, ou de dire des conneries. Le mieux, c'est de se la fermer, et d'écouter. Même si j'aimerais bien savoir où est-ce que j'ai atterri… Je me souviens que le capitaine Aurelescu me faisait chier pour une histoire d'alcool, que j'avais une putain de tâche de sang sur mon briquet qui refusait de partir… Par une habitude définitivement ancrée dans ma chair, ma main gauche vient se saisir de ma croix de bois.
Que …? C'est quoi ce bordel ? J'arrive pas à l'attraper… En vain, ce sont quatre ongles qui griffent la base de mon goût. Sueur froide. Ma main entre dans mon champ de vision. Mon pouce, mon pouce n'est plus là ! Je… Q'est-ce qui…
Non. Stop. Je…me souviens. La taule, mon co-détenu, mon briquet dans sa gorge, mon arrivée ici. Je vois, je sais. A toute vitesse, tous les éléments me reviennent. La bibliothèque. Le feu. La petite plume, son mioche, la psy. Je…C'est bon. Je suis revenu. Je suis là, parlez-moi. J'écoute.

Citation :
…Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider tous les deux… tous les trois, mais je vous le dis tout de suite. Mises à part mes bonnes relations avec la directrice, je n'ai pas un très grand pouvoir ici.

Je relève brusquement le visage, comme une lueur d'espoir dans les yeux. Elle accepte…? C'est utile, de préciser que je suis…soulagé ? Ce coup là, c'était marche ou crève. Cela nous fait un allié précieux, malgré ses réserves. Je la laisse poursuivre. Mieux ne vaut pas l'interrompre pour le moment. Qu'elle ne se ravise pas.
Ah… Son nom ? C'est juste. C'est même une très bonne question… Je suis vraiment trop con. Je ne sais toujours pas comment elle s'appelle, la petit plume. Je réfléchis tout de même encore un peu. Ai-je vraiment raison de lui faire confiance ? A elle ? Je ne la connais pas. Et ce pénitencier a son lot de personnalités bipolaires, je pense. Je plante mon regard dans le sien, cette fois, sans menace aucune. Je cherche. Non… D'après ses dires, je doute que soit de ce genre-là. Et la peur ? L'intimidation d'un tiers la ferait-elle fléchir, trahir ? Hmm… Non, je ne crois pas. Elle ne s'est pas laissée paralyser par mes propres inflexions hostiles, voire menaçantes. De toute façon… Avons-nous vraiment le choix, désormais ? Nous sommes trop loin, pour reculer. Au besoin…je pourrai toujours faire d mon mieux pour supprimer les preuves gênantes. Je croise les bras, réprimant un nouveau frisson. Est-ce que j'ai froid ? Je sais pas. Tobias, pense à autre chose… T'as fait une promesse, non ? Alors sois digne de sa confiance… J'adoucis mon expression, et répond en tentant d'assouplir ma voix au maximum.

Je… ne connais pas son nom. Mais ce n'est pas un problème. Elle doit encore être endormie, là où je l'ai laissée. Cellule N. Une femme rousse, jeune, aux yeux verts. Grande, mais plus petite que moi.

J'ai l'impression de revenir en arrière. Comme quand je lâchais mes hommes, comme un meute de chiens, sur une proie sélectionnée. J'en ai gardé une forme de rigueur froide dans mes descriptions. Je retiens tout de même mes impressions personnelles, afin d'éviter tout amalgame. Préciser la beauté que je lui trouve reviendrait à rappeler le quiproquo précédent.

J'hésite un instant, puis me penche en avant dans un craquement d'étoffes. Je me saisis des mains de la psychologue, et les étreins en une poignée ferme. Je ne sais pas si elle a l'habitude de ce genre de chose, mais j'ai toujours agit ainsi pour dire certaines choses. Il est bien plus dur de mentir à quelqu'un lorsqu'on le touche. Je plante mon regard dans le sien, et énonce calmement :

Je vous fais confiance. Il faut que nous parlions. Tous les trois.
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeLun 2 Juil - 16:49

Je le vois qui hésite, qui tend à reculer. Je le comprends un peu, ce n'est pas une situation facile qu'il est en train de vivre, ah ça non. Je ne voudrais pas être à sa place, ni non plus à celle de la jeune femme dont il est ici question. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir quoi que ce soit de plus angoissant que d'attendre un enfant dans un milieu aussi hostile que l'est cette damnée prison. J'attends qu'il parle. Je suis patiente, car j'ai confiance qu'il finira par me dire ce dont j'ai besoin. Je suis son seul recours. Je ne connais pas beaucoup de monde qui travaille ici et qui serait prêt à aider une détenue qui a couché avec un gardien. Mais d'un côté, je sens que toute cette histoire ne sera pas facile pour moi non plus.

-Je… ne connais pas son nom. Mais ce n'est pas un problème. Elle doit encore être endormie, là où je l'ai laissée. Cellule N. Une femme rousse, jeune, aux yeux verts. Grande, mais plus petite que moi.

Quoi ? … Je suis, comment dire, plutôt surprise. Il a passé la nuit avec cette femme – selon ses dires – et il ne connaît pas son nom ? Quelle plaie … Au moins, la description qu'il m'offre, et surtout la lettre de la cellule, me faciliteront la tâche. Tout en l'écoutant parler, je me saisis de la poignée d'un de mes tiroirs, celui qui contient tout mes dossiers. Là, j'ai tout ce dont j'ai besoin pour traiter quelqu'un, savoir à qui j'ai à faire, ou encore, trouver le nom d'un détenu ou de l'un de mes collègues. Cette fois, ce sera dans la première pile de dossiers, la plus volumineuse. Je fouille rapidement et ressors tout ceux portant la lettre N sur le rebord. Je le ouvre tous chacun leur tour. Angel, Keira Mayli… Rousse, 22 ans, 1m75, 50 kilos, coupable de meurtres, vols et trafic de drogues. Quentin et finalement Sybille. Sybille Hawkins. Vingt ans, 1m75 pour 50 kilos, coupable de plusieurs meurtres, chevelure rousse. Mince … Il y a deux rousses dans la N, qui plus est, elles font le même poids et la même taille. Mais je n'ai pas l'occasion de me concentrer là-dessus plus longtemps car on m'attrape les mains avec fermeté. Je glapis, surprise, et fais un léger sursaut qui me fait reculer de quelques centimètres. Ce sont les mains de Tobias sur les miennes. Je lève les yeux vers son visage, qui est presque implorant.

-Je vous fais confiance. Il faut que nous parlions. Tous les trois.

Son ton est excessivement clair, comme s'il craignait que je ne saisisse pas la véracité de ces propos. Je souris avec indulgence, et reprends doucement possession de mes mains en hochant la tête. Il n'a pas à s'en faire. Je n'ai pas besoin que l'on insiste pour savoir si quelqu'un dit la vérité ou non. J'ai étudié le langage du corps pendant des années pour en arriver à sa quasi-parfaite lecture.

-Cela ne sera pas un problème. Je vous demanderais toutefois de bien vouloir m'aider. Voyez-vous, il se trouve que deux jeunes femmes rousses d'à peu près le même âge partagent cette cellule, je dis en lui montrant les deux photos. De laquelle s'agit-t-il ?

Il les regarde un moment, son regard s'accroche plus fortement à la deuxième photo. Avant même qu'il me réponde, je sais de laquelle il s'agit. Sybille Hawkins. Je range le tout dans le tiroir et appuie sur le bouton de l'intercom relié au centre, là où les gardiens vont prendre leur semblant de pause, tout en sachant qu'un appel imprévu risque de les renvoyer au boulot, comme c'est ce que je m'apprête à faire. En regardant Tobias dans les yeux, je me penche sur le micro et fais retentir ma voix dans une salle éloignée de celle où nous nous trouvons.

-Serait-il possible que quelqu'un fasse parvenir une détenue à mon bureau ?

Ça prend un moment avant qu'un homme me répondre d'une voix lasse. Visiblement, il n'a pas l'air heureux de se faire déranger durant sa pause. Je le comprends un peu.

-Mouais. C'est qui ?

-Sybille Hawkins, cellule N.

-Tout de suite ? demande l'homme.

-Le plus tôt possible. Je l'attends d'ici quelques minutes, sans faute, j'ajoute pour donner de l'importance à ma requête.

L'homme rouspète un moment avant de fermer l'appareil de son côté. Je relâche le bouton et me cale dans ma chaise molletonnée, croisant les bras sur ma poitrine. Je ne sais pas trop ce que Tobias et moi pourrions nous dire alors que nous attendons la jeune femme, aussi restons-nous silencieux de longues minutes. Je commence à douter qu'on m'emmènera la jeune femme quand on toque à la porte du bureau et qu'elle s'ouvre sans plus de délai sur un jeune gardien morose et une jeune rouquine qui doit se demander la raison de cette convocation non annoncée.

-Merci Giles, je dis en reconnaissant le gardien, à qui j'ai souvent eu à faire par le passé. Sybille…

Je lui indique la chaise à côté de Tobias. Elle doit comprendre, en le voyant, la raison de sa venue à présent. Je crois que j'aurai droit à un entretien des plus intéressants. Voyons déjà comment ces deux là réagiront à la présence de l'autre. Tobias, je ne m'en fais pas trop, mais elle, qui lui avait fait jurer silence, je ne sais pas. Elle pourrait lui en vouloir.
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMar 3 Juil - 7:05

Quelle heure est-il ? A travers la vitre opaque de la cellule qui laisse à peine filtrer les rayons du soleil, c'est difficile à dire. Il pourrait être six heures du matin comme une heure de l'après-midi. Je cligne des yeux, encore à moitié endormie, avant de me redresser lentement, étouffant un baillement... qui se transforme en une grimace de douleur en sentant comme un coup donné dans mon ventre. Ah oui, le bébé... Le bébé ! Stupéfaite, je pose une main tremblante sur la peau légèrement tendue de mon ventre qui commence à s'arrondir sous les quatre mois de grossesse. Il a bougé...

C'est presque avec un rire que j'accueille cette nouvelle. Allez savoir pourquoi, mais l'idée qu'une nouvelle vie se développe en moi, à l'insu de tous, et surtout de la directrice, dans cet endroit de mort, ramène un léger sourire sur mon visage qui n'a pas rit depuis si longtemps. Sourire qui disparaît rapidement. Ludwig...

Presque aussitôt mes yeux s'embuent. Cela fait pratiquement quatre mois, et la douleur est toujours aussi vive, toujours aussi forte, me comprimant le coeur dans un étau impitoyable. Je sens les larmes me brûler les yeux. Pas encore... Je n'ai que trop pleuré depuis que je suis ici. Machinalement, presque à mon insu, ma main droite va essuyer les larmes qui menacent dangereusement de couler le long de mes joues. J'ai l'impression que ces derniers mois, je suis perpétuellement à bout, à bout de nerfs, à bout de force... A bout de tout... Je ne sais pas si c'est la grossesse, si c'est la mort de Ludwig, si c'est parce que j'ai un fou qui a juré de me violer et de me tuer à mes trousses, ou si c'est tout simplement les trois ensembles, combinés au fait que je suis condamnée à perpétuité dans cet endroit de fous. Parfois, je me demande combien de temps il me reste avant que, moi aussi, je le devienne...

Tout à coup, mon regard se pose sur la veste de cuir que je porte au-dessus de ma chemise de nuit blanche. Tiens, c'est quoi ça ? Pourquoi j'ai ça sur les épaules ? Mon regard émeraude continue à descendre. Taches noires sur le tissu blanc. Des traces de suie... Comment elles sont arrivées là elles ? Je ferme les yeux. Que s'est-il passé cette nuit... Flashs. La bibliothèque. Le brasier. Cet homme, là... Comment s'appelle-t-il déjà ? Je ne le sais même pas. Mais il m’a promis de m’aider. Il m’a juré de ne rien dire. Il m’aidera, il me l’a promis…

Mes yeux se ferment, et se rouvrent brusquement. La porte de la cellule vient de s’ouvrir dans un grincement métallique, tandis qu’un gardien s’y engouffre. Hey… Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ?


- Sybille Hawkins ?

C’est moi… Je hoche brièvement la tête, mes yeux verts posés sur l’homme qui me dévisage silencieusement. Le battement de mon coeur s’accélère soudainement, tandis que ma respiration se fait haletante. Est-il au courant pour… ? Est-il venu me chercher pour m’emmener, me livrer à la directrice ? Non, non ! Je ne veux pas, non ! Retenant mon souffle, je le fixe, muette, tandis qu’il me fait signe de le suivre. Mes yeux se posent à nouveau sur le vêtement de cuir dans lequel je flotte. Si il n’est pas au courant, avec ça, aucun risque qu’il ne devine mon secret. Je dois vraiment avoir l’air d’une folle, avec mon air éthéré, mon visage livide, et ce blouson enfilé par-dessus ma chemise de nuit blanche couverte de tache de suie noires. Au moins, il ne m’a pas menottée, c’est déjà ça…

Tandis que je le suis dans les couloirs, silencieuse, la tête baissée, je regarde autour de moi. Les cellules ne sont pas encore ouvertes, tout le monde dort encore. Il ne doit pas encore être sept heures… Mais alors, pourquoi est-il venu me chercher ? J’ai peur. Instinctivement, je frissonne, tandis que je croise mes bras sur mon ventre. Je jette un regard au gardien. Il n’a pas l’air vraiment heureux. L’a-t-on tiré de son lit à cause de moi ? J’espère qu’il ne me prendra pas en grippe pour ça. Je n’ai déjà que trop d’ennemis dans cette prison… Il s’arrête finalement devant une grande porte de bois noir. Tiens, où sommes-nous déjà ? Avec tout ça, je n’ai même pas pensé à regarder où nous allions. Idiote… Mon regard émeraude se pose sur la petite plaque de métal accrochée sur la porte. « Maybeth Greene, psychologue «

La psychologue ? Me prennent-ils donc pour une folle ? Je me braque aussitôt. Je n’irais pas. Je n’ai jamais aimé les psy. Le seul que j’ai vu, peu avant mon procès, n’a rien trouvé d’autre que de me qualifier de « dangereuse folle psychopathe «

Donc bon…

La porte s’ouvre. J’inspire un grand coup. Puisqu’il le faut… Suivant le jeune gardien dans la pièce, je suis surprise par l’ambiance… accueillante de cet endroit. Moi qui m’attendais à un truc sordide mettant mal à l’aise, bien pratique pour faire avouer les détenus… M’enfin. Parcourant le bureau du regard, ce dernier finit par se poser sur la jeune femme assise derrière son bureau. Je tombe des nues. Elle paraît si jeune ! Elle doit avoir, allez, au plus, cinq ans de plus que moi, pas davantage. Je me demande ce qu’une femme comme elle fait ici. Psychologue, pourquoi pas…. Mais psy dans une prison bourrée de criminels condamnés à perpétuité, c’est de la folie pure ! Elle devrait avoir une jolie petite vie tranquille, avec un mari, des enfants, et pas rester ici. M’enfin… faut dire que je ne suis pas vraiment bien placée pour dire ça.

Poussant un léger soupir, je m’assois sur la chaise qu’elle me désigne à coté d’une autre personne. Tiens, je ne l’avais pas vu lui. Arquant un sourcil, je tourne la tête… et sursaute en voyant le visage de l’homme. Lui ! Mais, mais, mais qu’est-ce qu’il fait ici ?! La vérité me percute de plein fouet. Evidement… C’est lui qui a tout dit. Sinon, comment la psy serait au courant ? Les larmes me brûlent les yeux. Non, pas encore. Je ne vais pas me rabaisser à pleurer une fois de plus devant lui. Je me sens humiliée, trahie. Comment ai-je pu être stupide au point de tout lui raconter ? C’est un gardien ! Evidement qu’il n’allait pas rester là sans rien dire, à se contenter de me surveiller, tel un ange gardien. Mes mains se crispent sur les accoudoirs, mon visage se ferme. Je détourne la tête pour reposer mon regard sur la psychologue. Que me veut-elle ? Je suis prête…
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMar 3 Juil - 16:55

Ah ? Voilà Greene qui étale sur la surface lisse du bureau une série de quatre photographies glacées. Quatre visages, quatre détenus. Je penche légèrement le buste en avant, afin de pouvoir les observer attentivement. Heureusement. Heureusement que cette psy est bien plus dégourdie que moi. Dire que je ne lui avais pas même demandé son nom… Mais quel con… Bon. Mon regard est attiré par deux clichés, capté par ce caractère qui m’a toujours tant troublé. Deux femmes rousses. Je m’attarde à peine sur la première. Rien à voir avec petite plume. Je retrouve son visage sur le second cliché. D’ailleurs, pas besoin d’une image figée. Ces traits-là se sont gravés dans mon esprit, impossible de les en sortir. Un instant, j’imagine ce qui aurait pu se passer si j’étais tombé sur l’autre. Sur l’autre femme, je veux dire.
Pas besoin d’y songer bien longtemps. Je l’aurais tuée.

C’est peut-être un chance. Qu’elle ait été enceinte… Enfin, seul Dieu le sait. Ma main valide vient toucher prudemment la croix de bois pendue à mon coup, écartant légèrement le col de ma chemise de gardien. Un tintement métallique se fait entendre. L’œil bleu turc a rencontré l’œil oudjat. Je me retiens de déposer un baiser sur la petite pièce brune. Autant ne pas passer pour un fanatique névrotique dès maintenant. Même si c’est déjà peut-être raté. En tous les cas, Greene ne semble pas avoir remarqué ma légère…confusion…passée. Je crois. J’espère ? Car ces yeux…ces yeux là semblent lire en vous comme en un livre ouvert, je peux vous le jurer. Essayez un jour de parler avec Maybeth Greene. Vous m’en direz des nouvelles. Je ne saurais dire si cette moderne madone me rassure, ou bien me mets sous tension. Je ne veux pas que l’on me décrypte comme une sorte de créature moribonde… Je refuse. J’ai déjà donné.

Je prends une longue inspiration. Reprends-toi, mec. A quoi tu va servir, sinon ? T’as des responsabilités à tenir maintenant, pauvre con. Alors bouge-toi… Tss. Je commence à croire que le boulot d’-ange- gardien, c’est vraiment pas mon trip. Tu m’étonnes que je me sois allé jeter des grenades dans les bois pendant tant d’années. Et c’était pas si désagréable que ça, croyez-moi. Voyez où j’en suis. Jouer les nounous de fortune, assis face à une pietà aux yeux perçants, à me les geler, les cheveux mouillés et les pieds nus.
Bon. J’exagère. Un tout petit peu. Je ne reviendrai pas sur mes décisions. Mon orgueil en prendrait un coup. Je n’ai plus à revenir sur mes intentions. Je n’ai à me justifier de rien, et auprès de personne. C’est ce qu’il me reste de liberté dans cette cage de pierre. Mon seul bastion, ma dernière défense, mon orgueil. C’est pour cela que je préfère ne pas divulguer ma condition de « mâton-taulard ». C’est déjà assez éprouvant de ne pas pouvoir faire quelque pas à l’extérieur… Ne pas pouvoir. J’ai l’impression d’être un chien. Un chien enfermé dans la maison où l’on emploie ses services. Je…

Citation :
-Le plus tôt possible. Je l'attends d'ici quelques minutes, sans faute…

Non. Je ne dois pas m’apitoyer sur mon sort. C’est exclu. Et si ce doit être ma nouvelle vie… Eh bien. Autan la vivre. Et je n’ai plus le droit d’abandonner. Je n’ai pas le droit. J’ai pris des responsabilités. Cette petite… Sybille… je lui ai promis de veiller sur son gosse. Peut-être que mon action ne lui plaira pas. Mais seul, je ne peux pas offrir à son gamin ce qu’une personne en relation avec l’extérieur, la réalité pourrait. Il faut que je m’occupe de tout cela… Et puis, la liberté est relative. Je la trouverai bien quelque part ici.
Je l’ai peut-être même déjà trouvée.
Et puis… Le suicide est condamné par ma foi.

Citation :
Sybille…

Je me redresse assez vivement, mais sans jeter aucun coup d’œil dans sa direction. Non pas que je craigne sa réaction… Non. Mais, comprenez, je n’ai pas même eu le temps de lui expliquer la situation, de l’informer de mon plan, et…de ma propre situation. Qui m’oblige à faire appel à une tierce personne. Et c’est précisément ce dernier point qui me pose le plus de difficultés. Pour les raisons ? Voir plus haut.

J’entends le son léger de ses pas dans mon dos, puis sur mon côté. C’est à peine si le siège émet un froissement lorsqu’elle y prend place. Petite plume porte toujours mon blouson. Elle devait dormir encore. Pourquoi l’ont-ils réveillée ? Elle devrait dormir encore. Mais… Nous avons des choses à régler.

Ah ? Nom de… Bah. Il fallait s’y attendre. En me voyant, elle sursaute, ses yeux rougissent légèrement, elle détourne la tête, comme une princesse outrée, qui n’a plus qu’à cacher s es larmes au traître que je suis. Je comprends. N’empêche, cette situation ne me plaît pas. Pas du tout. Pourquoi ?
Je sais pas.

Eh, gamine…

Décidément, mon accent slave et ma voie rauque n’arrangent pas les choses. Comme je voudrais que mes paroles semblent moins menaçantes, moins rudes… Il faut qu’elle comprenne. Il le faut. Mais je sens que je vais y laisser des plumes, si je dois tout expliquer. Aurais-je le courage...et surtout...la confiance nécessaire ? Je réfléchis. Mais elle...elle m'a bien accordé la sienne. Le pourrais-je à mon tour ? En suis-je seulement capable ?
Il faut peut-être essayer.

Abandonnant peu à peu mes hésitations, mes doutes, mes craintes, je quitte mon siège, m'accrouppis devant le sien. Je saisis son menton, entre mon pouce, et mon index, et tourne doucement son visage vers moi. Presque sans mon accord conscient, ma main gauche s'est posée sur la sienne, petite créature crispée sur son acoudoir.
Un ange passe. Bordel, j'ai pas finin, d'hésiter ?

Enfin plutôt... Sybille, c'est ça ? Je comprends que tu m'en veuilles.

Et comment ! Elle doit être en train de flipper à mort, mon pauvre vieux, et de te prendre pour un putain de traître en faisant déjà le deuil de son gosse...
Ta gueule.

Je... J'ai été arrêté -ce matin, je veux dire. Et amené devant mademoiselle Greene... Rapport à l'incident d'hier.

Bah vas-y ! Reconnais que t'es un pyromane névrosé-fanatique, tant qut'y es ! T'as pas bientôt fini, de t'enfoncer ?
Ta gueule, j'ai dis.
Les mots qui vont suivre m'en coûtent déjà bien assez pour qu'un putain de conscience rétrospective à la con vienne faire chier le monde.

Mais surtout, ne t'inquiète pas... Ne t'inquiète pas. J'fais ça pour ton -pour votre- bien. Tu es en sécurité avec Greene. Elle t'aidera. Je... Je pense que tu veux savoir pourquoi. Pourquoi...j'ai dû demander de l'aide. C'est... C'est pas facile à... Bordel.

Je passe ma main sur mes yeux, étouffant un rire nerveux. Alors, mon vieux, prêt à vendre ta liberté à la damoiselle ? Prêt à quitter ta crédibilité ? Prêt à te rendre dépendant de la parole d'un autre ?
La ferme. Je parle.

T'es vraiment pas tombé sur le bon mec. Je suis aussi libre de mes mouvements que n'importe quel détenu dans ce foutu pénitancier. Il y a quelques années...j'ai été incarcéré dans une autre prison. On m'a proposé ce job, ici, à Sadismus, comme alternative à la perpétuité immobile. Je bosse ici, mais j'ai pas le droit de sortir. Jamais. Tu comprends ? Or, je sais que pour ton gosse, t'as besoin d'appuis solides, avec des relations à l'extérieur... A la réalité. J'espère que... que... que tu ne m'en voudras pas.

J'expire longuement. Ca fait ça, de se confier ? C'est pas si douloureux. C'est comme...gênant. C'est tout. Muet, je réintègre mon siège. Vtaiment, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas... Pouquoi ? 'Sais pas, encore une fois. Doucement, je m'adresse de nouveau à la psycologue, la damoiselle Greene, la madonne aux yeux de fer.

Je dois sans doute vous le dire... Mais si vous aviez été prompte à nous dénoncer... Je vous aurais tuée avant.

Qu'aurais-je risque de plus ? La perpétuité ?
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeVen 6 Juil - 15:37

[ Pas d'hémorragie cérébrale cette fois... ]

J'ignore pourquoi ils m'ont fait venir. Surtout à cette heure-ci. Mais en voyant le gardien qui se tient assis à côté de moi, il ne me faut pas une heure pour deviner que ce n'est pas pour parler des meurtres que j'ai pu commettre ou non que je suis ici. Et c'est pour ça que je lui en veux. Je lui avais dit de ne pas en parler, il m'avait promis de ne rien dire... Et me voilà, assise devant la psy, qui d'ailleurs, me regarde d'un air assez intrigué - enfin, je la comprends, des femmes enceintes dans une prison, il ne doit pas y en avoir tous les jours - à devoir expliquer le pourquoi du comment de la chose. Mais je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de revivre tout ça, de devoir tout expliquer, tout raconter, depuis le début... Rien que d'y penser, j'ai mal. Ma main droite se crispe de plus belle sur l'accoudoir de la chaise. L'autre est posée sur mon ventre, dans un geste protecteur, presque défensif. Je sais déjà ce qu'ils vont me dire. Que la place d'un enfant n'est pas dans une prison, qu'il n'aura jamais d'avenir, que c'est pure folie, qu'il, vu les criminels et les fous dangereux internés ici, n'atteindra sûrement pas ses deux ans, etc...

Je m'en fiche. Je n'avorterais pas. Ils ne me le prendront pas. Ils ne peuvent pas me faire ça... C'est la seule chose qui me reste, le seul souvenir qu'il me reste, de nous, de... de lui... Malgré moi, une larme roule sur ma joue, et je sursaute brusquement en entendant la voix rauque de l'homme assis sur le siège jouxtant le mien retentir dans le bureau. Lentement, je tourne la tête vers lui, un air grave sur le visage, ainsi qu'une étincelle de rancoeur au fond des yeux. Que me veut-il ? Essayerait-il de se faire pardonner ? Il peut toujours essayer. Je le hais. Il m'a trahie, trompée, vendue... Pourquoi, pourquoi a-t-il fait ça ? Et cette façon de m'appeler gamine... Non, je ne suis plus une enfant. Je sais que je peux paraître jeune, mais j'ai quand même eu vingt-et-un ans depuis peu.

...

Je me demande quel âge il a. Tandis qu'il s'accroupit devant moi, mes yeux émeraude se posent sur lui, et, instinctivement, je recule en le voyant approcher sa main. Trop tard. Alors que sa main atrophiée vint se poser sur la mienne, doucement, il saisit mon menton entre ses deux doigts, tournant mon visage vers lui, geste qui me fait trembler de peur. Devant mes yeux écarquillés de terreur et mon visage livide, ce sont les images du passé qui reviennent à la vitesse de la lumière, en particulier une scène qui s'était déroulée il n'y a pas si longtemps que ça, dans les douches, il devait y avoir un mois ou deux, pas plus. Je revois le visage de cet homme, son sourire narquois, lubrique, mauvais, l'éclat de ses yeux qui me fixent d'un air fou, ses mains sur mon corps, sa bouche sur mes lèvres. Mes traits se crispent, mes mains se resserrent sur les accoudoirs du siège, j’ouvre la bouche, à deux doigts de hurler.

Sa voix me ramène brusquement à la réalité. Devant mes yeux hébétés, c’est comme si un voile se levait, tandis que le bureau réapparaît petit à petit. Secouant la tête, je repose mes yeux émeraude, encore embrouillés par ce qu’il vient de se passer, sur le gardien agenouillé devant moi. Qu’est-ce qu’il me raconte ? Mon regard circule à nouveau dans la salle, pour finir par se poser sur sa main, toujours posée sur la mienne, et sur la demoiselle, assise derrière son bureau, qui nous regarde attentivement. Qu’est-ce que je fais ici ? Peu à peu, tout me revient en tête. « L’incident » d’hier, comme il le dit si bien, ce gardien qui est venu me chercher ce matin, mon arrivée chez la psychologue, et…

Sa trahison. A nouveau, mes yeux émeraude se posent sur le gardien, froids, inquisiteurs, mais aussi désespérés, incompréhensifs. Silencieuse, immobile, je l’écoute, clignant à peine des yeux. C’est à peine si j’ose respirer. Je retiens un hoquet de surprise. Ne pas m’inquiéter ? Je ne connais même pas cette femme, je ne sais même pas ce qu’elle me veut, si nous pouvons, si je peux lui faire confiance ! Je le vois qui hésite. Curieuse, je me penche légèrement vers lui, l’encourageant du regard. Il se met à rire nerveusement, ses yeux dissimulés derrière sa main, comme si il avait honte. Je vous écoute cher gardien, qu’avez-vous à dire pour votre défense… ?

Oh. Ah… Le moins que l’on puisse dire, c’est que je suis surprise. Très surprise même. Lui, un ex-détenu ? Remarque, lorsque l’on voit sa « légère » tendance à la pyromanie, on comprend pourquoi… Muette, je le regarde regagner sa place, sans savoir quoi dire, ni quoi faire. Tout s’expliquait à présent… A vrai dire, j’ai un peu honte de ma réaction. Lui qui a fait tout ça, a pris des risques, juste pour moi, ainsi que mon bébé… Je me mords la lèvre, baissant la tête, horriblement gênée, pour la relever aussitôt en entendant les paroles du gardien – dont j’ignore toujours le nom d’ailleurs -. Hé bien, il n’y va pas de main morte lui… La mademoiselle Greene a l’air aussi surprise que moi d’ailleurs. Son visage blêmit, et, pendant quelques secondes, j’ai tout simplement peur qu’elle n’appelle quelqu’un, qu’elle nous dénonce, sous le coup de la peur…

[ Désolée, j'apporte pas grand-chose au rp... Pas d'inspi --' ]
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeLun 9 Juil - 14:28

La peur. La peur est un outil de guerre. Un outil de pouvoir. Un outil d’asservissement. Et c’est l’un des meilleurs, croyez-en l’expérience d’un soldat efficace quoiqu’un peu passé de mode. Il est des techniques d’intimidations promptes à un rendre un être fou de douleur, sans même l’effleurer. Il suffit alors de refermer son poing sur la pauvre volonté brisée de sa victime. Un souffle à peine, et l’on obtiens tout ce que l’on veux. Aveux, fondés ou non ; fidélité soumise, ou bien faux espoirs d’un avenir plus clair. La peur brise, la peur mange, la peur confond.
Encore faut-il savoir en user correctement.
Quand il faut. Où il le faut. Avec la personne qui convient.

Une chose est sûre. Je n’ai pas voulu en user ici. Cela vous étonne ? Moi, oui. Okay, mes paroles n’étaient pas très amènes. Mais gageons qu’elles étaient motivées plus par un désir de sincérité nouvelle que par un désir de…soumission. A quoi bon ? A quoi bon, je vous le demande ? Nous ne sommes plus à ce genre choses. Nous n’y sommes plus. Je n’y suis plus.

D’ailleurs, je ne sais même pas où je suis. Ce que je fais. Je commence à avoir l’impression de m’agiter en vain comme un poisson dans son bocal. Alors je me tais, et j’attends. J’ai tout dis, tout fait. Tout ce que je pouvais. Je me sens vide, inutile, un peu stupide sur les bords. Mais je vais tout de même éviter de trop préciser ce dernier point…d’accord ? Je lève une dernière fois mon regard sur le visage de la détentrice de cette main d’albâtre qui repose sous ma grossière patte rugueuse. Mes yeux cherchent les siens, je sais pas trop pourquoi, mais ses prunelles me fuient, m’évitent, ses lèvres se tordent un instant en une moue que je ne sais pas déchiffrer. Mon myocarde rate une battement. J’ai perdu sa confiance ? Définitivement ? Entièrement ? Absolument ? Je me rends soudainement compte que je suis toujours à genoux, aux pieds de petite plu…de Sybille. Mes articulation me font mal. Un peu. Moins qu’ailleurs, toutefois. Un peu violemment, je me lève, réintègre mon siège, et me mure dans un indescriptible silence. J’ai eu tort. Tort de parler. Les confidences ne mènent à rien. Partager vos doutes ne peut que m’affaiblir, me rendre proie. Qui sait si elle ne va pas user de ces informations contre moi afin de se venger de ma soi-disant trahison ? Je dois bien l’avouer, cette fois-ci, j’ai peur.

Mais je suis tenu par ma promesse. Qu’est-ce que j’y peux ? De toute façon, si petite pl… si Sybille répand cette information parmi les détenus, je suis un homme mort. Je perdrais toute crédibilité, toute main-mise dont ceux qui sont dans la loi jouissent… Et merde. Malgré toutes ces conneries qui vont me tomber dessus, j’arrive pas à m’en défaire. J’arrive pas à extraire ce visage de mon esprit, ces yeux-là, ces cheveux-là, ces mains-là. Que voulez-vous que j’y fasse ? Je suis obsédé. Obsédé par cette gamine. Et dans cet état de crise, je ne répond plus de mes actes. Autant se laisser porter, protéger la gamine et son mioche, et éviter de crever comme un chien.

Citation :
La loi.

C’est à peine si je relève le visage vers Greene. Je sais, la loi. Je sais, la règle. Je sais qu’on est dans une putain de panade de mes aïeux… Et quoi, on est mort ? Je ne sais pas si je suis totalement abattu, ou alors particulièrement irrité.
J’en suis à ce point de réflexion lorsque je perçois l’animation qui commence à pointer dans la voix de la madone Greene. Malgré moi, un pointe de curiosité m’encourage à accorder toute mon attention à la délicate damoiselle.

Citation :
La loi peut-être avec nous. Elle le sera, si vous m’écoutez… Toi Tobias, et toi, Sybille.

Le ton de sa voix produit un drôle d’effet sur mon état d’esprit. Je ne sais guère si je m’étouffe d’une appréhension non négligeable… ou si je me prends à espérer à nouveau une porte de sortie à cette histoire. Greene semble hésiter un instant, comme cherchant à ménager nos réactions. Je hausse un sourcil encourageant, tentant maladroitement de me défaire de mon habituel air renfrogné. En parlant de ça, ‘faudrait que je m’entraîne un peu, moi. Parce qu’à part une troche de soldat malcommode et un air d’extase pur… J’ai pas trop de registres différents. Bref. C’est drôle, quand même, de ne s’en rendre compte que maintenant. D’ailleurs, ça me rappelle l’histoire de ce caporal qui m’avait un jour…

Hein ? Non. J’ai pas bien entendu, là. C’est pas bon de me faire des mauvaises blagues pendant que je me tape un flash-back, les gens. Vraiment pas drôle. N’empêche, je sens une onde glacée qui oint mon corps après avoir cru entendre ces paroles échappées des lèvres de Greene.

Excusez-moi… Vous pouvez répéter ?

Citation :
Ce que je disais, c’est que la seule solution de garantir un avenir à cet enfant est de le mettre dans la légalité. Et ce en légitimant sa conception et son ascendance. Tobias… Tu dois déclarer cet enfant comme tien.

Un ange passe, et un sacré saint d’ange, croyez-moi. Je sens le sang battre sous mes tempes, au bout de mes doigts, sous mon cou, tandis que je fixe Greene, éberlué par ce qu’elle vient d’annoncer. C’est utile, de préciser que je ne m’attendais pas à ça ? Je fronce les sourcils, les détends, les fronce à nouveau, cillant un bon nombre de fois. Je coule un regard à Sybille.
Et je sais que dans ce regard, perce la peur.
Où suis-je ?
A ta place ?
C’est la seule solution…
Oui, pourquoi, ça te flanque les foies ?
C’est pas ça.
C’est quoi, alors ?
Tu le sais, toi ?
Non.
Moi non plus.
Mais c’est pas une raison pour arrêter de respirer.

Brutalement, je prends une longue inspiration, cherchant de l’air. Machinalement, je mords mon unique pouce. Tiens, ça faisait longtemps. Je ne cille plus. Paternité ? Parentalité ? Mais c’est quoi ? Comme je vais m’en sortir ? Je sais même pas ce que c’est, une putain de famille…

J’accepte.

Ma voix me surprend. Elle n’est ni brisée, ni affaiblit, mais pas comme d’habitude. Bon, pour l’accent slave, j’y peux rien –d’façon, j’y tiens- c’est juste qu’un instant… Elle a perdu de son agressivité, de son implacabilité… C’est drôle, mais je parlerais d’une voix… « ouverte ».
...
Greene acsuiese doucement, puis se tourne de nouveau vers Sybille.

Citation :
Mais le plus important est que toi, tu sois d'accord. C'est ton enfant. Auquel cas, je me chargerai des questions administratives. Acceptes-tu ?
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeLun 9 Juil - 17:32

Il se rassoit, brutalement presque même. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression de l'avoir blessé. Croit-il que je ne lui fais plus confiance ? Mais non, pas du tout, c'est juste que...

Moi-même je l'ignore à vrai dire... Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne sais ni comment réagir, ni quoi penser. Il dit qu'il a fait ça pour moi, pour mon bien, et celui du bébé ? Dois-je le croire ? Il faut dire qu'il a failli me tuer hier soir. Brûlée vive. Je frissonne rien que d'y penser. Sort peu envisageable... Mais il semblait tellement... Désorienté, perdu même quand je l'avais sorti de sa " crise ". Comme si il sortait d'un long rêve, ou d'un long cauchemar... Finalement, j'en viens à penser qu'il ne devait pas être maître de ses actions. Soit... N'empêche que.

Pendant tout ce temps, mon regard émeraude reste posé sur le gardien, l'observant avec attention, minutie, détaillant chaque partie de son visage, chacun de ses traits. J'en avais eu l'occasion peu avant, lorsqu'il était face à moi, mais j'avais été si angoissée, si terrifiée par ce brusque flash-back que je n'y avais pas vraiment pensé. A présent, je devais me contenter de l'observer à la dérobée, telle une voleuse. Mais je ne sais pas, son visage a une sorte d'expression, cette espèce d'air qui attire mon regard, irrésistiblement. Je ne sais même pas pourquoi je ne l'ai pas encore remarqué depuis hier. Peut-être sont-ce ses traits, à la fois souples et acérés, sur ce visage buriné, presque fatigué, comme si il en avait vu autant en quelques années que en toute une vie. Peut-être sont-ce ses cheveux noirs, longs et raides, attachés en catogan derrière sa nuque ou ses yeux, profonds, perçants, d'une couleur que je n'avais encore jamais vue jusque ici. Gris... Je me demande quel âge il a. Plus vieux que moi, sans aucun doute, ne serait-ce que par sa façon de m'appeller " gamine ". Après, j'ignore le reste...

La voix de la psy me coupe brusquement dans mes pensées. Intriguée, je tourne les yeux vers elle, la dévisageant, sans comprendre. La loi. La loi. Et alors ? La loi ? Voilà où j'en suis moi, à cause de la loi ! Condamnée à perpétuité pour un crime dont je sais que je suis innocente. Même si ils ne me croient pas. Qui croirait une amnésique, surtout que les preuves sont accablantes ? D'autant plus que mes antécédents n'arrangent rien. Trop facile. Mais je sais que je ne suis pas coupable. Ne serait-ce que parceque tuer l'homme que j'aimais et mon enfant, notre enfant, me paraît tout bonnement impossible. Comment aurais-je pu faire une chose pareille ? J'en suis tout simplement incapable.

J'hausse un sourcil à la suite de ses mots.


- Que voulez-vous dire par là...? Demande-je doucement, perplexe. Je note l'allusion à notre cher gardien. Tobias... C'est un beau prénom. Non mais, tu, c'est fini oui ?! Je secoue la tête. On parle de toi là Sybille, et de ton gamin, alors arrête un peu !

La réponse me vient de plein fouet, me percutant violement, telle une vague destructrice. Hébétée, interloquée, sidérée, je fixe la demoiselle Greene, trop abasourdie pour pouvoir prononcer un mot. Je, que, pardon ? Je n'ose y croire. J'ai du mal entendre. Je jette un coup d'oeil au dénomné Tobias. Il semble aussi perplexe que moi, voir même plus, à en juger l'air qui est peint en ce moment même sur sa figure, et sa demande à la psychologue de répéter ce qu'elle vient de dire. Ce qu'elle fait.

Non. C'est impossible. Elle ne peut pas avoir dit CA ? C'est tout bonnement insensé. Complètement fou. A nouveau, je lance un regard au gardien assis à côté de moi, et qui, apparament, n'en croit pas ses oreilles non plus. Elle ne peut pas me demander ça, tout mais pas ça... ! Il doit y avoir un autre moyen, quelque chose d'autre à faire...


- Je, je... Balbutie-je, sans vraiment savoir quoi répondre. Je déglutis, essayant de me reprendre. Jamais je n'accepterai. Cet enfant a un père. C'est l'enfant de Ludwig, son enfant, mon enfant, notre enfant.

La voix du gardien résonne presque tout de suite après la mienne, frémissant sous le léger accent de son ton grave. Slave ? Peut-être... Attendez. Il quoi ? Il accepte ?! Incapable d'en entendre plus, je me relève, tremblante, une main crispée sur mon ventre, le visage livide :


- Il n'en est pas question ! M'exclame-je. J'inspire. J'ai peut-être été un peu... Brutale. Mais c'est tellement, tellement.... ridicule. Je me relaisse tomber sur le siège. Mes mains tremblent violement, crispées sur les accoudoirs de ma chaise, tandis que je me redresse légèrement, livide.

- Cet enfant a un père, un seul, et jamais il n'en aura un autre.

Définitif.

Mais il est mort. Regarde les choses en face Sybille. Quel avenir peux-tu offrir à ce bébé ? Une enfance, une vie passée derrière des barreaux, sans même savoir ce qu'est le soleil, ressentir le contact du vent sur sa peau, l'odeur de l'herbe, de la nature ? Tu ne peux pas lui faire ça...


Citation :
- Réfléchis bien Sybille, prends ton temps. Pense simplement que j'essaye de faire ce qui est le mieux pour toi, et pour cet enfant.

La voix de la psychologue achève de mettre mes doutes à bout. Mais je... Je ne peux pas faire ça. Ce serait comme rayer définitivement Ludwig de ma vie, oublier ne serait-ce même qu'il a existé. Je refuse de lui ôter ce auquel il a le droit en toute légitimité, à savoir, la paternité, le lien de sang avec cet enfant. J'ai l'horrible impression que, si je le fais, il sera mort. Définitivement.

- Il doit y avoir un autre moyen, non ?

Ma voix est tremblante, suppliante presque. Mes yeus émeraude s'embuent de larmes. Machinalement, je remets maladroitement une mèche de cheveux roux derrière mon oreille, me mordant nerveusement la lèvre. Je ne peux pas, je ne peux pas lui faire ça, pas à lui...


Citation :
- C'est le seul que j'ai trouvé, hélas. Je regrette Sybille, mais tu n'as pas vraiment le choix entre beaucoup d'alternatives...

La peste ou le choléra. La hache ou le couteau. La noyade ou le bûcher. Cruel dilemne... Dans un soupir, j'appuye ma tête contre ma main, qui est elle même appuyée sur l'accoudoir de mon fauteuil. Je ferme les yeux. Que faire... Au fond de moi, la décision est prise depuis longtemps. Je sais pertinement que je ferais ce qu'il y a de mieux pour ce bébé, lui donner le plus de chances possibles pour avoir une vie normale, heureuse, et qu'il grandisse sereinement. Même si je dois renoncer à certaines choses. Beaucoup de choses... Les larmes qui brillent dans mes yeux coulent à présent sur mes joues pâles, livides mêmes, tandis que je relève lentement la tête vers la psychologue, posant auparavant mon regard émeraude sur Tobias, pendant quelques secondes. J'espère qu'il comprends ce que cela signifie. Combien cela me coûte de renoncer à ça, d'accepter, de faire ce choix...

- Ce, c'est, je... C'est d'accord... Dis-je finalement d'une voix blanche.

Je m'effondre dans le fauteuil. Les larmes ruissellent comme deux rivières étincellantes sur mes joues, silencieusement, tandis que je dissimule mon visage derrière mes mains, essayant de me calmer. Pardon Ludwig, pardon... Ce que je fais, je le fais pour lui, pour cet enfant, notre enfant, notre bébé... Pardon...
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMar 10 Juil - 5:05

C’est ce qu’on appelle communément un vrai bon refus bien brut et bien arrêté. Si j’avais été autre, j’aurais pu en prendre ombrage… Mais ‘faut dire que je suis pas vraiment surpris. Je n’ai jamais eu sa confiance. Pas le moindre instant. Et alors ? De toutes les façons, ce mot, c’est que du vent. Qu’une notion abstraite que les gens brandissent pour de faire croire qu’ils sont aimés. Et ce genre de conneries puériles, je peux m’en passer.
En général.
Alors pourquoi froncé-je les sourcils ? Pourquoi mon regard glisse-t-il au sol, sans force, sans volonté… Bordel ! Je dois être…fatigué. Ce doit être ça. Je ne vois rien d’autre.
Rien d’autre ?
Ta gueule.
Je dois tirer une sale tête. Mais laquelle ? Pas la moindre idée. En tous les cas, je n’ai pas envie de l’exposer à petite plume. Ma main droite fait doucement glisser mes cheveux hors de leur lien. Leur substance noire, raide, volatile, se répand sur mes épaules, dissimulant un peu ce qui s’étale sur mon faciès à ma voisine.
Déception ?… Peut-être. Mais peut-être est-ce l’effet d’une véritable confrontation à la réalité. Retourne sur terre, mon gars. Tu croyais vraiment que tu pouvais obtenir la confiance de quelqu’un ? Tu croyais vraiment que tu pouvais donner la tienne en retour ? Tu croyais vraiment que tu pouvais protéger quelque chose, toi qui ne sais rien faire d’autre qu’immoler tout ce qui t’entoure et te touche ?
Peut-être.
Mais c’est fini. Tu as échoué. Tout cela, c’était faux, des espoirs à la con, des rêves de gamin. Redeviens ce que tu étais avant la nuit dernière, redeviens le soldat qui ne regarde pas ses pieds, qui ne regarde pas ses mains. Brûle les chairs, allume des torches dans les cœurs des gens, dévaste tout… C’est tout ce que tu sais faire.

Citation :
- Il doit y avoir un autre moyen, non ?

Alors pourquoi est-ce que je m’émeus de ce ton ? De ce qui vibre dans cette voix de femme ? Je ne comprends rien… Ce serait tellement plus simple de revenir en arrière…mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive pas ! Je ne pourrais même plus toucher un seul de ces cheveux rouges…alors les brûler ? J’ai un blocage. Un vrai.
Mais… Ne serait-ce pas une solution que d’accepter cet état de fait ? Oui. Oui, cette gamine me trouble, me change. Je ne peux empêcher mon regard de glisser discrètement vers elle, capturé, attiré comme un aimant sans volonté. Cette main qui replace, fébrile, une mèche de cheveux. La courbure de ce cou d’albâtre, ces yeux ourlés…
Un instant, je me fige, croisant son regard.
Et je comprends.
Ce gamin… C’est tout ce qui la rattache à ce mec, non ? Ce mec qu’est mort… Je vois. Enfin, presque. C’est…cruel. Je ne me surprend à penser à ce mot. Ai-je le droit de juger de ce genre de choses ? Mais c’est tout ce qui m’apparaît. Cruel, de vivre dans un passé qui vous est désormais interdit. Cruel, de n’avoir plus comme raison de vivre qu’un espoir bafoué, souillé, illégitime.
Elle accepte. Mais je peux sentir à quel point ces mots lui pèsent, lui coûtent. Impuissant, je la vois s’effondrer. Doucement, l’ongle de mon index trace un sillon rougeâtre le long de mon pouce. Doucement, je me lève. Encore une fois. Je m’accroupis dans le dos de son siège, glisse mes mains sous son menton, et relève doucement son visage. Quelle regarde devant, droit devant.

Tu vois… C’est ça que tu dois faire.

J’espère qu’elle comprend ce que je veux lui dire.

Quoi qu’il arrive, ce gosse, c’est le sien, et le tien. On le lui enlève pas. Jamais.

Greene esquisse un geste rappelant mon attention. Du bout des doigts, elle me tend une feuille de papier, un stylo. Je m’en saisis, la parcourre des yeux. Je me demande d’où elle sort ça… Mais ça m’a l’air réglo. M’appuyant sur mon genou, je signe de mon écriture aiguë, tranchante. Je pose le tout sur les genoux de Sybille.

C’est ton nom, que ce gosse portera… Que votre gosse portera. Tu vois, on est pas en train de l’oublier, son père… Je veux juste te demander une chose. Ne vis pas dans le passé.

Je me relève, passant presque involontairement mon index le long de sa joue trempée de larmes.
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MessageSujet: Re: Puisque nous sommes là... Parlons un peu !   Puisque nous sommes là... Parlons un peu ! Icon_minitimeMar 10 Juil - 8:33

Mais qu'est-ce qui m'a prit, qu'est-ce qui m'a prit de faire ça ?! D'accepter, d'approuver le fait que cet homme que je connais à peine devienne le " père " de mon enfant ! Mais tu deviens complètement folle Sybille ! Non. C'est pour mon bébé que je fais ça, uniquement. Pour lui offrir une chance de vie, un avenir certain, ce que je ne peux pas lui donner ici. Même si cela me brise le coeur. Tu en es sûre ? Certaine.

Alors pourquoi est-ce que mon regard, luisant de larmes, se tourne finalement vers ce gardien aux cheveux de jais - qu'il a entre-temps détachés, les laissant couler en une rivière sombre sur ses épaules - en quête d'une réponse ? Je ne sais pas, je ne sais plus... J'ai l'impression qu'en ce moment, je ne sais plus grand-chose. Ai-je d'ailleurs vraiment su quelquechose, réellement, un jour ? Il semble m'éviter, comme si je l'avais insulté, blessé. Tu m'étonnes ma pauvre ! Il accepte de t'aider, de prendre des risques pour toi, il te dévoile même son statut, chose qui risque de lui faire perdre toute crédibilité envers les autres si tu le révèle, et toi, tu l'envois sur les roses ! Belle récompense n'est-ce pas ? Il accepte d'endosser ce rôle de père, de prendre des responsabilités qu'il n'a peut-être jamais connues, pour toi, juste pour toi et ce bébé, et tout ce que tu trouves à dire, c'est de refuser, prétextant que cet enfant a déjà un père ?

D'un autre côté, je ne lui ai rien demandé non plus. Jamais je ne lui ai demandé, ne l'ai supplié pour qu'il fasse tout ceci pour moi. Parfois, j'en viens même à avoir peur. Pourquoi faire tout ça uniquement pour ma petite personne ? Par moment, j'ai l'impression d'être le centre d'un complot, d'être victime d'un piège qui se referme lentement sur moi, impitoyablement, irrémédiablement. Je secoue la tête. Arrête tes bétises Sybille. Tu dois être fatiguée, c'est sûrement pour ça. Il faut dire que j'ai dû dormir tout au plus six heures cette nuit. Trop peu pour une femme enceinte qui a passé sa nuit à vagabonder dans les couloirs avant d'avoir l'une des plus grandes frayeurs de sa vie.

Lentement, mes yeux émeraude se détachent du dénomné Tobias pour se poser sur la psychologue. Elle aussi, je me demande pourquoi elle fait ça. Je veux dire, prendre tous ces risques, uniquement pour moi. J'en viens presque à penser que, finalement, le monde n'est peut-être pas aussi pourri qu'il en a l'air... J'ouvre la bouche, m'apprêtant à dire quelquechose... et je sursaute en sentant les mains calleuses du gardien slave se poser sur mon cou, à la base de mon menton, pour me relever délicatement la tête. Instinctivement, un frisson me parcoure. Je ne sais pas de quoi. J'arque un sourcil à ses paroles, le visage toujours baigné de larmes. Que veut-il dire ?

Perplexe, je lève les yeux, regardant droit devant moi, sans vraiment savoir à quoi m'attendre. Et le déclic se fait. Regarder droit devant moi... Relever la tête, ne plus se poser de questions, vivre, oublier... Je me contracte violement à cette idée. Comment pourrais-je l'oublier, lui, lui qui était tout pour moi ? J'en suis tout simplement incapable. Jamais je ne pourrais faire ça. Mais oublier... Oublier mon chagrin, oublier ma peine, sans l'oublier lui. C'est ce que j'aurais du faire depuis le début, sans jamais pouvoir y arriver. J'en suis incapable, c'est impossible...

A nouveau, la voix bourrue de l'homme qui se tient derrière moi résonne, me laissant vide, indécise, perdue. Au fond de moi, je sais pertinement qu'il a raison. Et puis, ce ne sont que des mots, un nom sur une feuille de papier... Rien de plus. Je suis assez bien placée pour savoir que la loi, la justice, et tous ceux qui la représentent, ne sont que des foutaises, des conneries. Alors pourquoi est-ce que ma main tremble lorsque je saisis le stylo et la feuille qu'il vient de déposer sur mes genoux ? Rapidement, je parcoure les lignes de lettres noires qui s'étalent sur le papier blanc, à la recherche de la moindre entourloupe. Tout est clair. Il ne manque plus qu'une chose. Ma signature. Les quelques phrases qui jaillissent des lèvres de Tobias achèvent de me convaincre. Frémissant en sentant ses doigts effleurer ma joue tandis qu'il se retire, regagnant son siège, j'appose mon nom au bas de la feuille, tremblante, y laissant une marque ronde et oblique, contrastant vivement avec la signature acéré du gardien. J'ai l'horrible impression d'avoir fait la plus grande erreur de ma vie...

Fait que dément aussitôt la psy, m'adressant un sourire rassurant tandis qu'elle tends la main pour récupérer le formulaire et le stylo :


Citation :
- Tu as fait ce qu'il fallait faire Sybille. Ne t'inquiète pas, tout ira bien, je te le promets.

Ah oui ? Alors pourquoi est-ce que je tremble comme une feuille, pourquoi est-ce que je suis terrorisée, pourquoi est-ce que j'ai cette boule au creux de la gorge, cette douleur au ventre...? Doucement, je lui tends la feuille de papier, le visage toujours brouillé par les larmes... avant de laisser échapper cette dernière, en même temps qu'un cri de souffrance. Presque aussitôt, je me plie en deux, terrassée par la douleur, une de mes mains plaquée sur mon ventre, l'autre crispée sur l'accoudoir, le visage livide, ravagé par le mal qui me ronge. J'ai du mal à respirer, je suffoque, j'étouffe, cherchant vainement à reprendre mon souffle, tandis que mon esprit lutte pour éloigner la douleur. Pas encore, pas encore, non ! Je n'en peux plus, je n'en peux plus ! Tout devient flou autour de moi, le décor s'éfface peu à peu. Seuls deux yeux gris demeurent devant mes paupières désormais closes, prunelles anthracite auxquelles je me raccroche, désespérément. J'ai mal... Tellement mal...
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