Heureux d'être arrivé... oui oui c'est possible ^^

J’ai cru ne jamais voir la fin de cet affreux voyage… Mais la fourgonnette ralentit alors je suppose qu’on arrive, je l’espère. Oui j’espère profondément que ce n’est pas un stop ou autre panneau de la signalisation ou alors un embouteillage bien que j’en doute dans ce coin paumé. Je pense que si quelqu’un m’avait dit qu’un jour j’aurais hâte d’arriver à une prison réputée horrible où je serais probablement enfermé pour le reste de mon existence je ne l’aurais pas cru… Sauf qu’avant je ne savais pas que les hommes pouvaient être aussi méchants. Je savais déjà que les policiers n’étaient pas très courageux, je peux concevoir qu’ils soient insensibles au point de me laisser commencer à mourir de soif mais je ne pensais pas que qu’il existait des gens qui prenaient plaisir à faire souffrir d’autres gens. A moins que pour eux je ne sois plus humain, ils pensent que j’ai tué des tas de personnes après tout. Ce n’est pas vrai, je leur ais dis mais ils ne m’ont pas cru, comme tout les autres… Ils m’ont juste crié de la fermer et d’arrêter de penser que parce que j’avais une tête d’ange ils allaient se laisser embobinés. Alors je n’ai plus rien dit mais ils me détestaient toujours.

Je ne sais pas combien de temps le voyage a duré. Il m’a semblé immensément long bien que j’aie entendu le conducteur dire à mes gardiens que ça durerait environ une dizaine d’heures. Au début je me suis dit que ce serait sans doute pénible de rester si longtemps enfermé dans cet espace réduit sans fenêtres et sans lumière. Quand j’ai compris que trois des policiers restaient avec moi je me suis dit qu’on allait être à l’étroit. Mais je n’imaginais pas du tout ce qui a suivit. Un des policiers ma refermé les menottes durement sur les poignets et les chevilles, bien plus fort qu’il n’était nécessaire et m’a ensuite empoigné pour me projeter au fond du camion. J’étais un peu étourdi et le temps que je me redresse le camion avait démarré. Leur jeu a alors commencé. Dès que je bougeais ils me frappaient, ils guettaient de leurs yeux avides le moindre mouvement de ma part pour pouvoir me punir de ma « désobéissance ». J’essayais de rester parfaitement immobile mais c’était très dur et même si je résistais aux crampes, un cahot du véhicule me faisait rouler ou sursauter et ils se servaient de revêche de leurs matraques. Rien ne les rendait plus heureux que de me voir bouger, sauf peut être de faire passer leur bouteille d’eau devant mon nez pour voir si j’allais essayer de la saisir auquel cas ils s’empressaient de me donner joyeusement de futurs ecchymoses. Il faisait une chaleur à crever, le soleil tapait fort et moi j’avais soif. Je me demandais pourquoi ils ne m’avaient pas frappé au visage. Un de mes gardiens avait essayé une fois mais les autres l’avait arrêté. Il leur avait demandé pourquoi et l’affirmation qu’il valait mieux que les prisonniers et les gardiens de Sadismus me trouvent à leur goût l’avait fait sourire. Et je ne savais toujours pas pourquoi ils s’étaient abstenus de laisser la moindre marque visible sur ce qui dépassait de peau de mon uniforme de prisonnier de la prison où j’avais été enfermé durant mon procès.

Les portes de la fourgonnette s’ouvrent enfin et je relève la tête autant pour voir au dehors que pour ressentir le moindre souffle de vent qui serait plus que bienvenue. La douleur cuisante qui se met à irradier au niveau de mon estomac m’indique qu’il s’agissait d’une grave erreur. Quelques larmes viennent en réponse creuser légèrement plus les sillons qui ornent mes joues mais je suis trop déshydraté pour pleurer. Un des gardiens me relève en me tirant par les cheveux. Je pousse un gémissement de douleur alors que toujours en me tenant par les cheveux il me traîne au dehors. Il m’ordonne de cesser de faire ces bruits inconvenants et ponctue ses paroles d’un coup de coude dans l’épaule qui ne fait qu’aggraver mon envie de gémir. Je ne comprends pas pourquoi ça le fait sourire. Je remarque alors que le deuxième gardien est allé à la porte prévenir de notre arrivée probablement. Le troisième me lance un regard peu amène puis m’attrape par l’épaule que son collègue vient de meurtrir en lui disant de me lâcher. Je suis soulagé de sentir le tiraillement à la racine de mes cheveux disparaître mais pas tellement rassuré d’être près de l’autre. Il me passe soudain un mouchoir sur le visage pour effacer toute trace de larmes et desserre légèrement les menottes. Je ne sais pas pourquoi il fait ça mais j’en suis heureux. Si le premier garde semble partagé mon ignorance il en ressent plutôt de la colère semble-t-il. L’autre lui explique que certain gardien sont étrange et qu’il ne vaut mieux pas se faire remarquer d’eux de quelque façon que ce soit. Il pousse ensuite en avant sauf qu j’ai des menottes au chevilles et que je m’étale par terre après une vaillante tentative pour rester debout malgré mon déséquilibre. Il me relève furieux en me tirent par les cheveux ses bonnes résolutions oubliées à ce qu’il semble. Qu’un de ces fameux gardiens craints par ce policier vienne me chercher et je serais alors enfin libéré de ces brutes, j’attends donc avec impatience que la porte s’ouvre.

On me prévient qu’un détenu arrive aujourd’hui. Je me présente donc devant les portes pour faire la " réception ". Je n’avais pas d’autre choix de toute façon, mais laisser saki seul avec l’autre ne me plaisait guère. Pourtant je le devais pour lui. Il faut bien que je fasse mon travail, et je suis loin d’être une nounou.

On frappe des coups forts contre la porte … Quel abruti mets autant d’ardeur à taper. J’ouvre en grand, passablement énervé. Je suis nez à nez avec un policier qui se recule instinctivement pour ne pas prendre le battant en pleine tête. Dommage j’aurais aimé le calmer un peu. Une fois la surprise de ce dernier finie, il me dit que le prisonnier attend sa cellule. Son air est ironique en disant cela et je déteste ça.
Avec un regard mauvais je me détourne de lui et regarde en direction du fourgon. Un autre flic retient un jeune homme par les cheveux, tandis que l’autre regarde vers moi. Je m’avance vers eux d’un pas vif. Je n’aime pas ses situations ou l’on doit faire preuve d’hypocrisie avec les autres collègues. Mais je n’ai pas encore le choix.

Arrivé près du petit groupe mes yeux s’attardent sur le détenu. Quand je pensais « jeune homme » j’étais loin du compte. Il me parait encore plus jeune, est-ce qu’un leurre mais il a tellement l’air mal en point que cela peut être vrai. Il est sale, il a vraisemblablement pleuré car il a des traces sur les joues. Un peu chétif ou je vois dans son regard une certaine innocence. Je lui donnerais bien volontiers le bon dieu sans confession mais voilà il est arrivé à destination, Sadismus.

-Lâchez le et Enlevez lui les menottes …repartez … Votre travail est terminé, je prends la relève.

il passe devant moi, le pas trainant jusqu'à la porte. Je le suis de très près. je me retourne ... Les portes se ferment.

Le flic le libère de ses doigts et s’exécute pour les menottes. Ma voix en sèche. Je ne pense pas lui avoir donné d’autres alternatives. Le jeune baisse la tête, il semble affaibli par le voyage qui n’a pas du être de tout repos. Et d’après ce que j’en ai vu, ils n’ont pas du être tendre avec lui. Enfin bref peu m’importe le principal est qu’il entre dans sa nouvelle demeure.

Les policiers partent sans demander leur reste, en général ils ne s’attardent pas trop. Je m’efface pour le laisser passer. Il lui indique le chemin à suivre de ma main en lui faisant les présentations.

-Je suis Thorkel Daarkenwald, gardien. Allez viens on va passer par l’accueil pour les papiers. Je t’assignerais ensuite ta cellule.

Le policier qui avait pourtant précédemment demandé à son collège de me lâcher semble finalement lui aussi prendre plaisir à tenter de m’arracher la moitié de mes cheveux. J’essaye de me tenir sur la pointe des pieds pour compenser mais ça n’a pas beaucoup d’effet étant donné qu’il ne fait que tirer plus haut. Concentré comme je le suis à essayer de ne pas gémir de douleur de peur de prendre un autre coup, je ne me rends pas tout de suite compte que la porte s’est ouverte comme je l’attendais tant. Je ne m’en aperçois que lorsque je vois un homme que je ne connais pas s’avancer par le petit groupe de trois personnes formé des deux policiers et de moi. Finalement je ne suis pas tellement sûr de vouloir que cette porte ce soit ouverte… Il a l’air fâché. Il me fait peur, qui sait si je ne suis pas en train de tomber de Charybde en Sylla ? Quoique je voie mal comment ça pourrait être encore pire. Je frissonne à cette pensée, ces derniers temps à chaque fois que je me suis dit ça ma situation est devenue pire d’une manière que je n’imaginais même pas… J’ai envie de pleurer mais je crois qu’il ne me reste pas suffisamment d’eau pour ça.

Pour l’instant il semblerait que mes craintes soient infondées puisqu’il ne fait que me regarder… quant à moi j’ose à peine lui jeter un coup d’œil. C’est impoli de dévisager quelqu’un, je préférerais ne pas le mettre en colère. Il ordonne aux policiers de me lâcher, de me détacher et de s’en aller. Il peut vraiment leur ordonner ça ? D’enlever ces horribles menottes et de me laisser tranquille ? C’est trop beau pour être vrai, je ferme les yeux en espérant que ce n’est pas un rêve. Ce n’en est pas un visiblement puisque le policier derrière moi relâche mes cheveux à regret en en emportant quelques uns avec lui d’ailleurs… Mais peu importe pour l’instant, je récupère avec soulagement une assise sur les talons. C’est avec moins de soulagement que je quitte mes bracelets d’acier. Le policier qui s’exécute n’a visiblement pas l’intention de prendre de gants et la croûte de sang séché qui s’était formé autour des anneaux métallique se déchire. Je baisse la tête regardant avec le tristesse le filet de sang qui s’écoule de chaque plaie. Mais là encore c’est un bien mince prix à payer pour être enfin débarrassé de ces entraves, surtout que les policiers s’en vont. Sans même m’assener un dernier coup, on dirait qu’ils on vraiment peur du gardien. Je me demande pourquoi, peut être que les gardiens et les policiers ne s’aiment pas tout simplement…

Je lève les yeux vers « mon sauveur » qui m’indique une direction à suivre tout en ce présentant. C’est embêtant, demander son nom deux fois à quelqu’un ça ne ce fait pas, sauf que son nom est trop compliqué pour moi je n’ai pas pu le retenir dès la première écoute. J’espère que ce n’est pas trop grave… Peut être que je n’aurais pas à l’appeler ? Ou alors je peux l’appeler juste monsieur… En tout cas il faut que j’avance parce que je ne sais pas de quels papiers il parle mais les papiers c’est souvent important sauf que ça peut aussi dire des mensonges, sur un papier c’était marqué que j’étais un meurtrier et c’est faux… Et puis je ne vais pas lui désobéir alors que c’est le seul adulte que j’ai vu depuis longtemps qui ne m’a pas encore frappé. Même si je n’ai pas très envie de marcher, j’ai mal partout et très soif et puis faim aussi… Je mets donc un pied devant l’autre sauf que ça ne marche pas très bien avec des jambes qui tremblent et le sol se rapproche à toute vitesse. Je me raccroche instinctivement à tout ce que je peux pour ne pas tomber, or il se trouve que tout ce que je peux en l’occurrence c’est le gardien qui m’a demandé d’avancer. Quand je me rends compte que je me raccroche de toutes mes forces à mon gardien au point sans doute de lui faire mal, je le lâche aussitôt horrifié. Sauf que c’est trop tard et en plus je me reçois durement sur cette malheureuse épaule qui n’avait rien demandé et qui du coup me fait encore plus mal. Terrorisé je me recroqueville par terre. Si le simple fait de bouger est suffisant pour se faire battre, qu’est ce qu’il va me faire ? Je n’ai pas du tout envie de le savoir.

Au moment où je lui indique la direction à suivre, il se tient à moi pour ne pas tomber. Il a l’air plus faible que je le croyais. Je vois du sang sur lui, il a été malmené il me semble. Ces brutes ont encore fait des ravages. Je le regarde se recroqueviller sur lui, il a peur que je le batte. Ce n’est pas dans mes intentions … Pour l’instant et je ne vois pas pourquoi je le ferais.

Je le tiens par la taille pour l’aider à se relever, il se tient l’épaule. Qu’a-t-il donc ? Il me regarde et ses yeux sont horrifiés. Je lui fais si peur que ça. C’est bien dans un sens mais il n’y a pas de quoi. Tout en le maintenant nous avançons vers l’intérieur de la prison. Je le dirige vers l’accueil ou il pourra me donner son nom, chose qui n’a pas encore fait.
Il lui donne un siège, je ne voudrais pas encore le ramasser par terre, c’est suffisant.

-Ton nom et prénom que je puisse noter ton arrivée, et te donner le n° de ta cellule.

J’observe cette forme sur sa chaise, il est en piteux état. On peut dire qu’il a fait une entrée pour le moins insolite. Pourquoi se sont-ils acharnés sur ce gosse ? Car c’est bien se qu’il est, un môme. Il y a de la fragilité dans son regard. Est-ce un leurre ou il est vraiment comme ça. Ses poignets sont en sang, une de ces épaules penchent d’une façon qui laisse à pensée qu’il veut éviter la douleur.

-je crois qu’avant d’aller dans ton nouveau « chez toi » on passera par l’infirmerie. Tu ne peux rester ainsi. Et ce n’est pas un traitement de faveur.

Je ne sais pas pourquoi je termine ma phrase de cette manière mais j’en ai un peu marre de jouer les nourrices. C’est vrai qu’il me fait tout de même un peu pitié à le voir dans cet état.
Et puis il ne faudrait surtout pas qu’il me claque entre les doigts.

La vie n’est qu’une suite de recommencement… j’attend avec appréhension le coup qui va suivre et le déchirement de mon cuir chevelu qui me fera me relever avec une sorte de fatalité. Sauf que finalement aucun coup ne suis, pas plus que de tiraillement sur mes cheveux. Juste sa main qui me saisit par la taille sans violence inutile pour me relever. Je me demande un instant horrifié ce qu’il peut bien vouloir me faire avant de constater qu’il voulait simplement me relever. Ma main reste crispée sur l’épaule qui vient de se faire tour à tour frappé et broyée par deux gardiens avant d’encaisser le choc de mon poids qui s’écrase par terre. Mais on dirait qu’elle s’en ai bien sorti, elle n’est même pas déboîtée. Il avance en continuant de me maintenir par la taille ce qui m’arrange bien malgré mes bleus à cet endroit car cela permet à mes jambes de se reposer un peu en s’appuyant sur lui. Si seulement je n’avais pas aussi soif je serais sûrement bien moins faible… Nous arrivons à ce qui doit être l’accueil dont il a parlé je suppose et il me donne gracieusement un siège, je suppose qu’il n’a pas envie de me ramasser encore. Mais peut importe la raison je suis très heureux de m’asseoir je décrispe ma main de mon épaule mais je n’ose pas la remettre droite complètement.

-Ton nom et prénom que je puisse noter ton arrivée, et te donner le n° de ta cellule.

Ah ! c’est vrai qu’il ne connais pas mon nom… Enfin je ne lui ai pas dit mais je pensais qu’il le savais. C’est peut être pour ça qu’il est gentil avec moi ? il ne sait pas qu’on m’accuse de tant de meurtres… Remarque c’est une prison ici il ne doit y avoir que ça, des criminels. Je frissonne, je n’ai rien à faire ici comment est ce que je pourrais vivre ou même survivre avec autant de gens dangereux ? Je n’ai pas très envie de lui dire mon nom, peut être qu’après il me détestera comme les policiers… Mais ai-je le choix ? Je frissonne de nouveau. J’hésite toujours à lui dire mon nom quand il reprend la parole.

-je crois qu’avant d’aller dans ton nouveau « chez toi » on passera par l’infirmerie. Tu ne peux rester ainsi. Et ce n’est pas un traitement de faveur.

Mon nouveau chez moi ? Ma cellule je suppose, très ironique… Allez à l’infirmerie ? En entendant cela j’ai un sursaut d’espoir de me débarrasser enfin, au moins un peu, de cette douleur avant de me dire sombrement qu’un infirmier ne pourras pas faire grand chose pour moi… Je n’ai rien de grave, juste des bleus et des ecchymoses partout mais aucune blessure grave, enfin je crois. Mais peut être que quelqu’un voudra bien me donner de l’eau là bas. Boire enfin quelque chose, n’importe quoi, est en train de devenir une obsession. En tout cas si ce n’est effectivement pas un traitement de faveur, je ne vois pas pourquoi il dit ça d’ailleurs mais passons, la prison de Sadismus n’est pas aussi horrible qu’on le dit, pas plus horrible que les autres prisons en tout cas. Je me rends soudain compte que plongé dans mes réflexions je ne lui ai toujours pas donné mon nom. Si je n’ai pas envie qu’il devienne soudainement agressif à mon encontre à cause de celui-ci, je n’ai pas non plus la moindre envie qu’il le devienne à cause de mon silence obstiné. Je finis donc par me résigner à lui répondre.

« Euh je m’appelle Lou… Non ! Ian Lane. »

Pourquoi diable ai je donc commencé par donner mon vrai nom ? un nom que je n’utilise plus depuis longtemps pourtant… J’attends avec appréhension sa réaction, avec un peu de chance il n’a peut être pas entendu parler du crime dont on m’accus J’ai décidé d’arrêter de dire à tous que j’étais innocent, ils ne me croient jamais de toute façon… En plus ma voie est toute rauque du fait de mon assèchement qui commence à devenir vraiment préoccupant même si il a été fort appréciable d’entrer dans la prison où il fait plus frai. Entré… Oui je suis entré… Je réalise soudain que je n’entrerais probablement plus jamais dans une prison ou même ailleurs puisque je ne ressortirais probablement jamais de cet endroit. Je resterais toute ma vie qui risque de fait d’être courte ici dans cet endroit glauque rempli de criminels endurcis alors que je n’ai rien fait pour ça, rien… Je remonte mes pieds sur ma chaise et enserre mes jambes pliées de mes bras pour sangloter roulé en boule de manière moins visible, au cas où ça énerverait le gardien… Des sanglots sans larmes, pas assez d’eau pour ça.

[dsl c'est cours T_T]

Je suis assez surpris qu’il est une hésitation sur son nom. Est-ce vraiment le sien ? Pas de problème pour moi s’il est sur la liste avec ce nom. Je regarde et effectivement, Ian Lane fait bien parti des arrivées. Je jette un œil tout de même sur son dossier histoire de voir à qui j’ai affaire. Ce garçon m’intrigue, et j’aimerais bien savoir ce qu’il a fait pour se retrouver ici.
Simple curiosité, c’est une chose assez rare chez moi, mais depuis Saki je fais plus attention quand je viens chercher quelqu’un aux portes. Le premier aperçu des prisonniers peut être une erreur. Et je sais maintenant que je ne suis pas infaillible.

Il est maintenant recroqueviller sur sa chaise. Bon dieu, encore un ado complètement à l’ouest. C’est bien ma veine. Je me détourne de lui, je ne dois pas m’apitoyer, je jette un œil sur son dossier.

*C’est pas vrai … Tant que ça ! Il n’est pas près de sortir d’ici *

Comment ce gamin a-t-il pu faire une chose aussi horrible. Il doit être certainement déjanté pour avoir fait ça.

-On ne peut pas dire que tu y es allé de main morte. T’es débile ou quoi ?

Qu’importe après tout, il est ici et il va payer pour ses crimes. Il fut un temps ou je lui aurais mis une balle en pleine tête. C’était mon travail avant, les tueurs de son genre ne restaient pas bien en vie sur cette terre. Maintenant j’ai d’autres moyens de lui faire regretter son geste. Mais pour l’instant il est trop mal en point pour que je puisse faire quoi que ce soit. Qui sait, on verra plus tard.

-Allez bouge toi, on y va. Je vais en profiter pour t’expliquer un peu le fonctionnement de Sadismus. Je crois que tu vas aimer ça. Je vais commencer par te parler des sous-sols … un endroit bien étrange.

[Pas grave ^^ ]

Je ne veux pas être ici, je ne veux pas rester ici… je n’ai rien fait pour mériter ça, c’est complètement injuste. Mais la vie est toujours injuste de toute manière. Je ne sais plus qui m’avait dit ça… Peut être quelqu’un à l’orphelinat ou ma sœur ou peut être même Tonton voir Cousine… Je ne sais vraiment plus du tout mais une chose est sûr je n’avais jamais autant ressenti à quel point cette personne, qui qu’elle soit, a raison. Je ressert un peu plus mes bras autour de mes jambes. J’en ai marre je voudrais être ailleurs, fermé les yeux et découvrir que c’était un cauchemar, que je n’ai plus mal… et surtout que je n’ai plus aussi soif. Je ne suis même plus capable de penser clairement tellement l’idée de boire quelque chose m’obsède et empli mon esprit. Je crois que j’en suis au point où je lècherai même le sol si il avait une chance d’être humide, mais il n’est pas humide, juste poussiéreux, même les murs sont tout secs… Je desserre un peu ma prise sur mes jambes afin de pouvoir relever la tête et regarder mon gardien. Pourvu qu’il ne prenne pas lui aussi de plaisir à m’assoiffer sinon je ne suis pas sûr d’y survivre… Ca ne me dérangerais même pas qu’il me frappe du moment qu’il me laisse boire. Il est en train de regarder des papiers. Intrigué, je plisse les yeux pour essayer de lire. J’arrive à distinguer mon nom en haut d’une feuille, enfin le nom que m’a donné Tonton, et la réaction du gardien confirme mes craintes.

-On ne peut pas dire que tu y es allé de main morte. T’es débile ou quoi ?

Encore un de ces papiers mensongers qui m’impute je ne sais combien de crime que je n’ai pas commis et qui m’attire la haine des gens… Alors que je n’ai rien fait, ce papier n’est qu’un mensonge ! J’ai envie de crier, sauf que j’avais dit que j’arrêtais les dénégations inutiles… Personne ne m’écoute, personne ne me croit. « Les faits sont irréfutables » paraît-il. Pourtant je suis sûr de moi je n’ai tué personne ! Je m’en souviendrais, non ? N’est ce pas ? Ou alors c’est eux qui ont raison ? J’aurais massacré tous ces gens ? Non ! Je suis sûr que non ! Je n’ai tué personne, je ne suis pas un meurtrier. Je n’aurais jamais pu faire ça de toute façon je n’en aurais même pas été capable j’étais un très mauvais élève… Peut être que Tonton en avait marre de moi en fait… Cette idée me fait mal, je la repousse avec violence. C’était juste un accident c’est tout, c’est tout… En tout cas j’en suis fermement convaincu.

-Allez bouge toi, on y va. Je vais en profiter pour t’expliquer un peu le fonctionnement de Sadismus. Je crois que tu vas aimer ça. Je vais commencer par te parler des sous-sols … un endroit bien étrange.

La voie du gardien me fait sursauter et je me lève mécaniquement pour lui obéir. Aussitôt ma tête se met à tourner et je vois d’étranges lueurs fantomatiques flotter devant mes yeux. Qu’est ce que j’ai soif… Ma langue desséchée passe sur mes lèvres tout aussi desséchées dans le vain espoir de les humecter. Où on va , Il a parlé de sous sols non ? Il y a des sous sols dans une prison ? Peut être comme une cave, ou alors c’est là qu’il y a les cellules., Dans les livres de l’orphelinat les méchants finissaient toujours dans des cachot profondément enfoui dans le sol dont ils ne pouvaient s’échapper. Je ne suis pas un méchant ! Je ne veux pas être enfermé pour toujours… Je me décide enfin à répondre à la précédente remarque du gardien, j'avais pourtant dit que j'arrêter ces protestations inutiles.

« Ce n’est pas vrai… Je n’ai rien fait de mal ! »

Je crois que j’ai essayé de crier mais ce n’est guère plus qu’un murmure inaudible qui s’échappe de mes lèvres avant que je ne m’évanouisse. Je m’effondre en arrière sur le sol dur de l’accueil.

Ce qu’il me dit n’est que chuchotement. J’ai du mal à saisir ses paroles. Je crois que c’est du genre « rien fait de mal » Ouais … Pas convaincu. Ils disent tous ça pour avoir la conscience tranquille. Amis je m’en fou il est ici, il a été jugé, dommage si effectivement il est innocent. La justice n’est pas infaillible … Moi non plus.

Je le regarde se lever, enfin il essaie. Je devrais peut être lui donner un coup de main mais je patiente encore un peu pour voir comment il se débrouille. Pas de précipitation à aider.

Et voilà c’est encore pour moi. Sans que je m’y attende il s’effondre sur le sol. Je n’ai pas eu le temps de faire un geste pour le retenir. Sa tête cogne lourdement sur les pavés. Je me précipite sur lui, en espérant que ce n’est juste qu’un évanouissement. En le touchant je constate que c’est bien de ça qu’il s’agit, je respire un peu plus normalement. Son état déplorable a eu raison de lui. Je vais le conduire à l’infirmerie ou il pourra se refaire une santé enfin dans le meilleur des cas.

Je lui soulève la tête et la cale sur mon épaule pendant que mon autre main le prend sous les genoux. Je me relève avec mon jeune fardeau. Il a l’air si léger et frêle. Je peux observer son visage d’un peu plus près. Ses traits sont fins sa bouche est un peu pale, comme si sa couleur disparaissait, elle est strié de marques rouges pourtant. C’est le signe de manque d’eau, ils l’ont laissé un certain temps comme ça sans qu’il puisse se désaltérer. Les vaches !
À chaque fois, dès qu’un détenu est convoyé ici ils ne peuvent s’empêcher de leur faire des misères. Ils en profitent un max, ils n’y a que nous qui avons le droit de faire ça, bordel ! Mais nous le faisons que s’est mérité.

D’un pas vifs je fonce dans le couloir en direction de l’infirmerie. Je vais m’en occuper, c’est le moins que je puisse faire. Je n’ai pas été capable de le secourir à tant. Mais pouvais-je le faire réellement. Non. !

Nous arrivons enfin, je pousse la porte de l’infirmerie d’un coup de pied. Je me dirige droit vers le lit le plus proche. Avec précaution je dépose le corps inerte de … Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah oui …Ian Lane. Il est parfait contraste avec les draps blancs du lit.
Je prends une chaise et je m’assoie près de lui pour attendre son réveil.


>> Infirmerie.