Rencontre dans la cour [Vanessa]

Je me réveille enfin. Il n’y a personne dans la cellule. Sans doute sont-ils déjà sortis. Je me lève et enfile des vêtements chaud car j’ai appris qu’ici ou que l’on aille il faisait froid. La serrure est ouverte. J’ouvre la porte et sort de ma « Chambre » et arpente les couloirs. Tout est silencieux, quelques cris raisonnent mais en quelques jours c’est devenu une habitude. Je desseins au plus bas de cette prison mais pas pour autant dans les souterrain, il parait qu’il y a une cour ou les prisonniers peuvent aller. C’est toujours mieux que de rester enfermer ici a se lamenter sur son sors non ? Je desseins donc tous les escalier et arrive devant une porte en fer. On voit écrit dessus: Cour. Ça doit être ici. Je pousse la port qui par l’occasion pousse un grincement perçant. Je fais mes premiers pas vers la cour. C’est très mal entretenus. La pelouse et grossièrement couper, il y a des déchets et des mégots de cigarette partout. Je me dirige vers un arbre contre le quel je m’assois en regardant le ciel couvert par les nuages.

- quel temps…

Je soupire jusqu’à que des aboiements me sortent de mes pensée. Un chien ou peut-être même un loup pointe son nez. Il est sombre et porte d’étranges bandes rouges aux pattes avant. Il me fixe en s’approchant doucement. Je ne bronche pas et ne le regarde pas dans les yeux, sa pourrait l’énerver. Je n’ai jamais eu vraiment confiance en les animaux et celui ne me semble pas sympathique. Il relève la tête et se rapproche. Je ne bouge toujours pas, peut-être qu’il n’est pas si méchant que ça. Je me risque a l’appeler.

- Vient…..

D’un voix tranquille je lui dit de venir. Il n’as pas l’air d’avoir confiance. C'est normal, moi même je n'ai aucune confiance en les animaux.

[dsl c'est cour mais je dois y aller]

Ce n'est pas mon hiver. Je ne comprends pas. Normalement, chez moi, à ce temps-ci de l'année, le sol est couvert de neige et je cours dedans avec mes chéris, mes protégés, mes amours. Mais en ce moment, mes pas s'enfoncent à peine dans une liquette de flocons qui hésitent entre résister et fondre tout de suite. Je soupire. Je ne suis pas la seule à sentir la différence. Les chiens la sentent. Il grattent le sol, espérant trouver de la neige sous la terre, alors qu'habituellement ils grattent la neige pour trouver de la terre. Sid avance à quelques mètres devant moi, le nez collé au sol. C'est de loin le plus sérieux de mes chiens, et pourtant, je sens qu'il est triste de ne pas pouvoir se rouler dans la neige comme un chiot, discrètement, quand personne ne le regarde s'amuser.

Et je me sens comme lui. Ici, je dois paraître sérieuse. Je dois tenir la bride à mes émotions. Ridicule. Mes émotions sont aussi sauvages que l'est toute ma personne, que l'est mon Univers. Je suis un animal indomptable. Et pourtant je me plie aux règles, ici, pour survivre. Je pourrais partir, fuir. Mais j'aurais trop peur de perdre mes chiens dans la fuite.

J'abandonnerais tout pour retrouver ma forêt, ma cabane miteuse dans les bois. Je laisserais tomber ce salaire faramineux que je perçois. À quoi bon ? Je n'ai pas l'occasion de sortir pour le dépenser ! À quoi bon ? Je n'ai même jamais acheté quoi que ce soit. Je vivais de la nature, je vivais de ce que m'offraient les gens quand je soignais leurs compagnons à pattes.

Et je pourrais tout abandonner. Il doit sûrement y avoir un moyen de parler à la direction, de les convaincre de me laisser reprendre ma vie telle qu'elle était avant. Je n'ai qu'à songer aux nombres de chéris que j'ai du laisser derrière moi, qui doivent toujours attendre mon retour. Si elle ne vient pas aujourd'hui, peut-être passera-t-elle demain. C'est ce qu'ils se disent. Je le sais, je le sens. Je lève les yeux au ciel, rêveuse, imaginant la vie au-delà de ces murs immondes. C'est un aboiement sonore de Sid qui me tire de mes pensées. Je ne le vois nulle part. J'avance, tourne le coin du mur, et le vois là, à une dizaine de pas d'une jeune femme assise près d'un arbre.

Sid a toujours été d'un naturel méfiant, et j'ai peur qu'il ait effrayé cette femme en aboyant comme il l'a fait pour m'appeler. J'arrive près de lui, il s'assied à mes pieds, attendant, affectant d'être concentré sur d'autre chose, que je pose ma main sur sa tête et le caresse.

La fille semblait en état d'attente, comme si elle avait voulu que Sid s'approche d'elle assez pour qu'elle puisse le toucher. Je fronce les sourcils. Il n'est certes pas aussi imposant qu'Arcturus, mais personne n'a vraiment envie de se retrouver trop près de Sid. Et lui non plus. Pourtant, il s'est approché de cette fille plus qu'il ne l'aurait fait habituellement, sans moi à ses côtés, sans danger imminent. Mes doigts viennent distraitement effleurer son crâne velu et doux, mon regard concentré sur la jeune femme. Je m'assieds sur mes talons, pour me retrouver à peu près à sa hauteur. Sid loge son museau au creux de mon cou, démonstration d'affection inhabituelle venant de lui. D'un bruit de gorge bien simple, je lui dis de se coucher, ce qu'il fait après m'avoir léché le cou, son regard sombre et sérieux posé sur la jeune femme. Le fait qu'il se comporte de la sorte me pousse à m'intéresser à elle. Ce que je ne fais jamais pour personne.

-Comment qu'tu t'appelles ? je demande.

Pour l'ensemble de la population humaine, on accorde plus d'importance à un humain qu'à un animal. Pas moi, par contre. Seulement, si je suis le raisonnement des autres personnes que je côtoie, si on donne un nom à un chien – ce qui pour moi est on ne peut plus logique – pourquoi donne-t-on une série de chiffres à un humain ? Même moi, j'ai un matricule, même si j'ai totalement oublié de quoi il est composé. D'ailleurs, je soupçonne qu'on a souvent essayé de m'adresser la parole en m'appelant par des nombres. Seulement je ne me suis jamais reconnue à cette appellation, et je n'ai nullement l'intention que cela change le moins du monde.

Lin. Je la regarde un moment. Je tâcherai de retenir son nom. Pourquoi elle et pas les autres ? Simplement parce que Sid – Sid l'indomptable, Sid le farouche – lui a accordé de l'attention. S'il l'a fait, c'est qu'elle le mérite. Je souris, la main posée sur la tête de l'animal, qui elle est posée bien à plat sur le sol. Il fait virevolter un petit nuage de neige poudreuse à chaque expiration qu'il pousse. Toutefois, son regard reste fixé sur Lin.

-Et vous ? Puis-je connaître votre nom ? me demande-t-elle.

Certes oui, bien que je ne sache pas vraiment ce que tu pourrais bien en faire, Lin. C'est marrant. J'apprends un nom, et j'éprouve autant de plaisir à le répéter qu'un enfant qui apprend un nouveau mot et en rabâche les oreilles de ses parents sans cesse. Au moins, moi, j'ai la décence de le garder pour moi, et au moins ce mot n'est pas "pipi" ou "caca". Nouveau sourire, cette fois en repensant à cette fillette qui était venue me voir avec son petit frère – encore bambin – parce qu'elle avait trouvé un lapin blessé dans les bois. J'avais soigné l'animal avec elle, pendant que son frère courait derrière Arcturus – brave être doté d'une patience qui ne se devine pas – en hurlant "caca caca caca !"

-J'm'appelle Vanessa. Mais t'peux m'appeler Van.

Je regarde la fille, qui regarde le chien, et je regarde le chien, qui regarde la fille. Je fais claquer ma langue contre mon palais, pour que Sid relève le regard vers moi, et lui adresse un petit mouvement coulant de la tête. Il comprend que je le laisse agir à sa guise. Il se lève, s'ébroue un peu et marche en direction de Lin. Lentement. Il conserve un peu de sa méfiance. Jusqu'à ce que son museau – que je sais froid et humide – effleure le bras de la jeune femme.

-Lui c'est Sid, je fais.

Et t'es vachement chanceuse qu'il te porte de l'intérêt. Il est plutôt du genre à laisser filer un écureuil sans regarder juste pour ne pas avoir l'air de s'intéresser aux mêmes choses que ses autres compagnons à poils et à pattes. Je pourrais continuer à parler, mais je suis une grande adoratrice du silence. Je me laisse tomber sur mes fesses, croisant mes jambes l'une sur l'autre. L'animal démontre tellement d'intérêt pour la fille que je préfère les laisser faire connaissance sans m'immiscer.

Je suis jalouse. Même pour moi, la période d'acclimatation avec Sid a été plus longue. Je sais qu'au fond il est resté fidèle à son ancienne maitresse.