Dans le couloir [PV]

Comme souvent, je suis seul, je ne vais pas vers les autres. Je suis mieux quand je suis seule, même si depuis le temps la solitude commence à peser. Les autres sont tous, ou presque, sortit dans la cours. Moi, je suis resté un moment dans ma cellule, assit sur mon lit à me demander encore pourquoi j’étais ici à la place de Yono, pourquoi on l’a cru lui et moi non… Lui est riche, moi non… il est le fils d’un banquier… Moi non… Voilà comme quoi même de nos jours les gens pensent que l’argent fait tout. Et ceux qui n’en ont pas prennent pour les conneries des autres. Je lui en veux, je croyais tellement qu’il était mon ami, encore une fois je me suis trompé, je suis trop naïf et ça me joue toujours de mauvais tours.

Je me décide enfin à sortir de ma cellule, je me balade dans le couloir, il est désert, la plupart des prisonniers sortent dans la cours dés qu’ils en ont l’occasion, je les comprend, ici, c’est tellement sombre frais et humide, mais au moins je me sent plus en sécurité quand je suis seul… Je me dit que je ne risque pas de m’attirer encore des ennuis, ces derniers temps tout m’est tombé dessus, je n’en peux plus. Je m’arrête et m’appui contre un mur. Je reste là, seul.

Qu'est-ce que je fiche ici ?
Blanc, vide. Moment d'absence. Interdite, je regarde autour de moi, avant d'écarquiller les yeux, ébahie. Il y a du sang par terre... Que s'est-il passé ?!
Le coeur battant, je me relève lentement, doucement, pour ne pas faire de mal à l'enfant que je porte. J'ai mal à la tête... La lumière du plafond me blesse les yeux.
Et pourtant... les ampoules de la salle de bain ne brillent pas fort. Quand elles marchent, ce qui relève parfois du miracle.
... La salle de bain ?
Ah. Oui. Je me souviens maintenant... Je sortais de la douche, et... et ? J'ai du glisser et me cogner la tête, perdant ainsi conscience. Parce que je ne me souviens plus de rien ensuite. Je doute fort que je me sois allongée sur ce carrelage glacé pour me reposer.
Inquiète, je porte ma main à mon visage, tâte mon front, mes tempes. Rien. Etrange... Je m'apprête à soupirer de soulagement, lorsqu'une matière chaude, poisseuse se fait sentir sous mes doigts, à l'arrière de mon crâne. Les dents serrées, le visage crispé, je lâche un juron, tandis que je ramène ma main devant moi, posant mon regard mordoré dessus.

- Et merde...

Couverte de sang. Bordel, c'est bien ma veine. Aucune envie d'aller à l'infirmerie... Mais je ne peux pas me promener dans les couloirs avec un trou dans la tête. Manquerait plus que ça, que je me vide de mon sang. Déjà que je suis enceinte...
Et puis zut.

Sortant en trombe de la salle de douches - apparament, le fait de glisser une fois ne m'a pas servi de leçon -, je me dirige, résignée, vers l'infirmerie... lorsque mon regard se pose sur une silhouette, appuyée contre le mur. Méfiante, je m'arrête, avant de m'approcher doucement. Qui est-ce ? Est-il blessé ?

- Est-ce que ça va...? Besoin d'aide ?

Je murmure doucement ces paroles, un air anxieux sur le visage, tout en gardant une certaine distance entre moi et lui. J'ignore de qui il s'agit, son visage est caché par ses cheveux qui retombent en de longues mèches devant ses yeux. Mais il n'a pas l'air bien. J'espère que ce n'est pas grave...

Je fais pitié ici à me lamenter sur mon sort, les autres se fichent du fait que je sois innocent ou non, ici je suis comme tout le monde, un simple prisonnier qui passe inaperçu, à vrai dire ce n’est pas plus mal, au moins je n’ai pas d’ennuis, je ne participe pas au bagarres et aux problèmes qui en ressortent. Puis j’entend des bruits de pas, je ne bouge pas, je reste ainsi, les cheveux me tombant légèrement devant le visage. Ensuite, une voix, une voix féminine. Elle me demande si ça va, si je n’ai pas besoin d’aide, en fait, ce qu’il me faudrait c’est qu’enfin quelqu’un me croit quand je dis que je suis innocent, il me faut quelqu’un qui me fasse confiance, quelqu’un qui ne se serve pas de moi, un véritable ami.. Je lève donc la tête doucement.

« Ca va… juste un petit coup de blues »

Dis-je de ma voix douce et sincère. Puis je tourne le visage vers elle, la jeune femme est pâle, elle n’a pas l’air bien du tout. Mes yeux sont légèrement brillants. Je m’approche très peu de la demoiselle, la regardant, maintenant elle peu mieux voir mon visage angélique, certains détenus m’appellent gueule d’ange, ils croient cela drôle, ils regardent sans doute trop la télé, mais je m’en fiche, je ne leur répond jamais.

« Mais toi ça n’a pas l’air d’aller… »

Là, je vis du sang. Ce sang, j’ai comme un flash, je revois ce gardien que Yono avait tué, il baignait dans son sang.

« Tu veux que je t’accompagne à l’infirmerie ?… »

J’ai fais trois ans d’études de médecines alors je sais quand quelqu’un ne va pas bien, encore plus lorsque je vois du sang, là on voit bien que c’est plus grave.