Sadismus Jail Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus. |
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| Soliloque [pv Alec] | |
| | Auteur | Message |
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Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Soliloque [pv Alec] Mer 5 Mar - 6:34 | |
| Je sais que tu n'es pas là, mais comment as-tu pu lire en moi de la sorte ? Je n'avais pas eu de nouvelles de vous depuis si longtemps, et voilà qu'au moment où je n'ai aucune force, que je suis épuisée, tu daignes me lâcher un coup de fil. Ta voix a vieilli, depuis la dernière fois où je t'ai parlée. Tu ne m'as jamais appelée, ni visitée depuis que je suis en prison. Pourquoi maintenant ? Est-ce que, réellement, tu crois que j'avais besoin de savoir maintenant que tu m'avais retiré de l'héritage ? Écoute … Je suis ici à vie, je n'espérais rien toucher du tout. Mais c'est bon, viens donc tourner le couteau dans la plaie. Je pousse un profond soupire, éloigne le téléphone de mon oreille et tend le combiné à un garde, qui raccroche à ma place.
-Nous pouvons y retourner, je dis doucement, d'une voix qui n'est pas plus qu'un murmure triste.
-J'ai du travail à faire ici, dit-il sèchement, et il s'enferme dans un bureau après m'avoir dit de repartir toute seule.
Je cligne des paupières sous mon voile. Seule. Je suis seule ici. Dans cette salle grotesque où on ne vient presque jamais. Les téléphones, presque neufs tant ils ne servent que rarement, gisent sur les tables comme des fantômes. Dans les films, il y a une vitre. Ici non. Ici, ils se fichent bien de la sécurité des gens. Je m'assieds sur une chaise, ombre noire et immobile, et regarde l'appareil avec une larme au bord des yeux. Je suis enfermée ici à vie. Je ne sortirai jamais. Et tout le monde qui me croit coupable par-dessus le marché. Même ma mère ne croit pas en moi : elle vient de me le dire. Pas de nouvelles depuis le procès truqué auquel j'ai été forcée de participer. Rien. Comme si je n'avais jamais existé. Je ne sais pas si tout le monde a droit à cela en entrant à Sadismus. Rayé de la surface de la terre. Plus personne ne veut de vous, et vous n'avez votre place qu'ici. Bien sûr, Sadismus … Seul le nom suffirait à convaincre quelqu'un que vous avez commis les crimes les plus odieux. Ici la peine de mort fonctionne. Et lorsque la chaise se met en marche, ce sont tous les prisonniers qui l'entendent grésiller. La nuit, ce sont des hurlements que l'on entend, dans ces ignobles salles de torture. Oh, gardiens et prisonniers s'en donnent à cœur joie. Pourquoi avoir installé, ou conservé l'accès à cet endroit ? Lieu de souffrance et de peine, Sadismus.
Je me relève, puis remarque que quelqu'un se tient dans l'embrasure de la porte. Quelqu'un qui m'a bien sûr vue en train de parler toute seule, car c'était ce que je faisais. Est-ce donc de ma faute si je suis une conteuse née ? J'aime raconter des histoires. Pourquoi les laisser dans ma tête, même si personne n'est là pour les écouter ? Je souris sous mon voile. Ça ne se voit pas, bien sûr, mais dans la voix d'une personne, on entend toujours le sourire.
-Vous cherchez quelque chose? je demande d'un ton doucereux. | |
| | | Alec Praens 305278 Tueur au visage d'ange
Nombre de messages : 1297 Age : 40 Localisation : Perdu dans ce monde brutal Date d'inscription : 22/03/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Jeu 13 Mar - 6:06 | |
| [Ce rp sera la suite du rp avec Moxie, Alec est donc encore très affaibli par une importante perte de sang.]
Mon nouveau compagnon de chambre s'est couché et s'est endormi en quelques secondes. J'ai hésité à rester, il y a de fortes chances pour qu'il fasse des cauchemars après ce qu'il a vécu… J'ai rempli un verre d'eau et l'ai laissé à porté de sa main, au cas où puis je suis sorti.
Le problème, c'est que marcher m'épuise carrément. J'ai besoin d'avaler quelque chose au plus vite et de dormir… Pourtant je ne suis pas certain que je vais avoir la force d'aller jusqu'au réfectoire. Ca serait une bonne idée de rester à l'infirmerie, mais Tobias doit encore y être et ça ne serait pas vraiment une bonne idée qu'on se recroise, lui et moi… Surtout que Sybille est peut être à son chevet… Donneur universel… J'ai cette tare depuis que je suis gamin (évidemment) et pourtant je n'ai jamais donné mon sang… C'est bien la preuve que j'ai moins de considération pour mon corps qu'avant… Je soupire. Non, vraiment, l'infirmerie, ce n'est pas une bonne idée.
Je me rends compte que je marche dans le couloir de l'aile commune, mais comme je vois flou, je ne sais pas exactement où je suis. Je marche lentement, je ne dois pas encore avoir atteint le réfectoire… Pas lent, appuyé contre le mur… Je dois faire pitié à voir en fait… Hey ! Les gars, vous êtes comme moi, non ? Vous êtes des meurtriers… Vous voudriez pas m'aider à crever ? Non, Alec, tu dois pas mourir. Tu dois vivre pour Gleb… au moins…
Je manque un pas, trébuche, et me retrouve à quatre pattes par terre.
J'ai entendu dire qu'il y avait une psy dans cette prison… Elle pourrait m'aider à… Tu divagues, Alec, les psy n'ont jamais servi à rien. Elle doit être grosse et laide… Le genre de nana cruelle qui se réjouit du malheur des autres… Elle doit avoir ce qu'elle veut ici avec les suicidaires qui hantent les couloirs… Entre les tortures et les viols, je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de morts, ici… Enfin… Il y en a des morts… Ludwig est mort… J'ai entendu parler d'un autre gardien qui s'était fait tuer et j'ai failli tuer Tobias… Ouais, y a des gens qui crèvent sauf qu'on n'en parle pas trop… Doit aussi y en avoir parmi les prisonniers, on est là à vie et pourtant y a constamment des entrées nouvelles… Y avait pas trois nanas à l'origine dans ma cellule ? Maintenant y a Moxie, où sont passées les autres ?
Merde, je suis où ?
Je crois discerner une porte devant moi. Faut que je m'asseye, ça commence à tourner dangereusement… Je m'avance en titubant un peu. J'entre et me fige. Il y a quelqu'un. Je ne discerne qu'une ombre mais j'entends une voix… Je ne comprends pas trop ce qu'elle raconte… Ca doit être une femme… Oh ! Ca tourne… Je m'appuie au chambranle de la porte et tente d'observer la pièce. Ce n'est pas le réfectoire, ni la bibliothèque, ni la salle commune, ni… Je ne connais pas cette pièce.
La femme m'a vu, apparemment puisqu'elle me parle. Je dois faire peur à voir, pâle comme je suis, le regard hagard, la bouche entre-ouverte comme si je cherchais un air qui ne vient pas… Je m'appuie sur le mur et me laisse glisser à terre. Ca va aller. Je ferme les yeux. Faut juste que je me repose…
"J'ai juste… besoin de… manger…"
J'ai chaud, ça tourne même quand j'ai les yeux fermés… Je vais pas encore perdre connaissance, quand même ! | |
| | | Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Jeu 13 Mar - 17:06 | |
| Besoin de manger, je songe, soucieuse. Il s'en passe vraiment de toutes les sortes dans cet endroit. Si je m'étais attendue à voir un homme débarquer là dans cet état… Quelle étrange situation. Je ne sais pas qui il est, mais je l'ai assuré que j'allais revenir avec de la nourriture dans quelques minutes. Je ne sais même pas s'il était conscient quand je le lui ai dit. Peu importe. S'il croit que je l'ai abandonné là, il va être surpris, car je vais revenir. S'il est inconscient, eh bien soit… Il se réveillera avec quelque chose à manger sous le nez. Je marche rapidement, ombre noire dans cette immensité ombrageuse et noire qu'est Sadismus.
Il était une fois, au fin fond de l'Allemagne moderne, un lieu où les dames nobles étaient envoyées injustement. On appelait cet endroit Sadismus. Notre petite princesse Brigitte y avait été envoyée pour le meurtre de ses défunts époux. Mais bien sûr elle était innocente. Elle n'avait rien fait, elle n'avait jamais rien eu à se reprocher. La femme, habituée à un minimum de luxe, dut faire face à de multiples épreuves pour se faire sa place dans cette prison. Ombre parmi les ombres. Ce fut ce qu'elle devint. Silencieuse, discrète, mais néanmoins présente. Bonne âme jusqu'aux tréfonds de son être, pieuse et généreuse de sa personne, Brigitte vit un jour venir à elle un homme ravagé par son séjour dans la prison. Il était à moitié mort, étendu devant elle, la suppliait de se montrer bonne et d'aller lui quérir quelque victuaille. Dame Brigitte sourit, s'agenouilla près de l'homme et lui baisa le front dans un geste d'infinie bonté. Elle allait se mettre en quête de cette nourriture, symbole de vie et d'espérance dans le corps d'un homme affamé.
Mes pas me portent jusqu'aux cuisines, où une cuisinière que je connais se trouve. Celle-ci me voit, me salue de la tête. Je lui rends son bonjour, lui demande un service. Quelque chose de bon à se mettre dans l'estomac, pas cette purée réservée aux prisonniers. Quelque chose de plus. La femme obtempère. Elle est venue parler avec moi plusieurs fois, quémander des récits que je me faisais un plaisir de lui raconter en échange d'une tranche de rôti, ou d'un plat plus raffiné que de la soupe de pauvres.
Brigitte revint sur ses pas dans les couloirs déserts, trainant dans ses mains un plateau empli de nourriture. Une belle assiette contenant une généreuse portion de poitrines de poulet farcies aux épinards, ainsi qu'un délicieux moelleux au caramel et d'un verre d'une délicieuse boisson crémeuse aux fruits. Le personnel de Sadismus est choyé, songea la jeune héroine, et cet homme affaibli allait pouvoir se régaler de ce qu'elle lui mettrait sous le nez. Il devait être là depuis longtemps, ne mangeant que des mets infects tous les jours.
En entrant, je constate que l'homme qui m'a emmenée dans la salle est toujours enfermé dans son bureau. Il n'a pas bougé de là. Et celui qui était par terre s'y trouve toujours. Je pose le plateau sur une table, et vais m'agenouiller près de ce pauvre homme. Je ne vois pas de blessure. Je me penche, mon voile allant chatouiller son visage. Dort-il ? Est-il conscient ?
-Mon brave, je suis allée vous chercher à manger. Votre repas vous attend sur la table, mais vous allez devoir vous lever pour le déguster.
Je touche sa main du bout des doigts, caresse son front et chantonne un peu, pour l'encourager à se lever. On m'a toujours dit que j'avais une voix enchanteresse. Voilà une chose que ses maudites flammes n'ont pas ravagée. Pas encore. | |
| | | Alec Praens 305278 Tueur au visage d'ange
Nombre de messages : 1297 Age : 40 Localisation : Perdu dans ce monde brutal Date d'inscription : 22/03/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Dim 16 Mar - 15:16 | |
| Elle dit qu'elle va me chercher à manger et elle part…
Je ne sais pas vraiment si je peux la croire. De toutes façons, là, je suis trop faible. Bordel, pourquoi j'ai pas trouvé le réfectoire, moi ? Et pourquoi j'ai laissé partir la seule personne qui pourrait m'aider ? J'aurais du la retenir, lui demander de m'aider à me lever, de m'aider à marcher… Mais j'aurais même pas été capable d'attraper un morceau de sa robe : j'ai plus aucune force dans les mains. Je ferme les yeux.
Quelque chose me touche. Je me réveille…
Je dormais ?
J'ai du perdre conscience. J'ouvre les yeux et, dans le flou, je la reconnais. Dormir un peu (si on peut appeler ça comme ça) m'a fait du bien. Je me sens un peu plus de force, le décor devient plus net… Ca sent la bouffe. Je la regarde, puis regarde la table, puis elle de nouveau.
"Merci…"
Un murmure… Mais assez fort pour être audible. Je m'accroche à elle, je ne pourrais pas me lever autrement et, m'appuyant tant bien que mal sur elle, je me redresse… Je dois pas être bien lourd, soit dit en passant… Je fais les quelques pas qui me séparent de la table et me laisse tomber sur un chaise. Je savait même pas qu'il y avait des chaises ici… Au réfectoire, c'est que des bancs. C'est pas mal, si je perds encore connaissance, je tomberais pas en arrière au moins…
Je regarde le plateau devant moi et tends un bras pour me saisir de la fourchette. Mes doigts sont comme endormis et elle m'échappe des mains. Un faible grognement s'élève de ma gorge alors que je reprends l'objet de métal avec plus de force cette fois. Je ne pense plus à elle, je ne pense même pas qu'elle pourrait en vouloir un peu… Je me mets à manger. Peu importe ce que c'est, je me trouve une force nouvelle quand il s'agit de couper, de prendre le verre pour le mener à mes lèvres… Je ne réfléchis pas, ça peut être empoisonné ou autre, je m'en moque…J'ai faim. Je mange. Un peu trop vite, d'ailleurs.
Quand le plateau est vide, j'ai quelque peu mal au ventre, mais je me sens beaucoup mieux. Ca ne tourne plus, je peux enfin voir clair et je crois même que je serais capable de marcher. Je lui souris. Le plateau est vide, nettoyé à la miette près.
"Merci beaucoup."
Que dire d'autre ?
Mon regard se promène sur la pièce et je comprends enfin où je suis. Des téléphones, des chaises, des "cases"… Salle des visites. Je n'ai jamais eu à utiliser ces lieux durant tous mes séjours en prison, mais je sais à quoi ça ressemble. Mes yeux se posent sur un combiné. Je n'ai personne à appeler. Ni famille ni amis à l'extérieur…
Je la regarde à nouveau, l'observe. Elle porte un voile noir, son visage est caché. Un deuil ? Peut être… Mais n'y a-t-il pas procuration en prison ? Elle n'est pas obligée de porter le deuil en étant ici… Où bien ils pourraient la laisser sortir un peu pour qu'elle enterre ses proches en famille… Elle doit avoir une famille, non ? On ne peut pas être tous orphelins dans cette prison ?
Je soupire et détourne les yeux.
"Je m'appelle Alec, et vous ?"
Pourquoi donc l'ai-je vouvoyé ? C'est rare le vouvoiement entre prisonniers… Mais elle à l'air d'une grande dame… Je ne sais pas… C'est venu tout seul… Pas sûr que ça dure… | |
| | | Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Dim 16 Mar - 21:32 | |
| L'homme me remercie, me remercie encore, même, une fois qu'il a terminé de manger. Seulement, quelque chose me déçoit. Il a mangé tellement vite qu'il en a oublié de savourer ce que je lui avais apporté. Choses que la cuisinière avait préparées avec soin, croyant que c'était pour moi. Je soupire, déçue que mon attention si délicate soit passée dans le beurre de cette façon. Mais je hoche la tête, lui signifiant que ses remerciements me touchent. Au moins, l'action en tant que telle a été appréciée. C'est ce qui compte. Et puis le but n'était pas de devenir la future mère Theresa, bien que j'aime bien ce titre honorifique. Le but premier était de sauver la vie de cet homme, et je crois pouvoir affirmer avec fierté que j'ai réussi cette humble mission contre la mort.
Il s'appelle Alec, et veut savoir comment je m'appelle. Prenant place sur la chaise qui est à côté de la sienne, je souris, même si cela ne paraît pas pour lui. Si on ne sourit pas pour les autres, il faut sourire pour soi-même. Un sourire donne de la force, même quand on se l'injecte à nous-mêmes. Et les gens sentent les sourires, les entendent, les perçoivent. Un sourire fait toute la différence quand on s'adresse à quelqu'un.
-Je me prénomme Brigitte, je dis avec douceur.
Je n'ai pas donné mon nom de famille. Il ne m'a pas donné le sien et s'est présenté en premier, il a donc fixé les limites de la présentation. C'est mon père qui m'a appris cela. Si la personne devant toi ne te donne que son prénom, c'est qu'elle ne veut pas connaître ton nom de famille. Quand elle ne se présente pas, fais-le, et utilise la formule complète. Il verra que tu es intéressée à la conversation. Je fronce les sourcils, soudainement tendue. Mon père… Je songe encore à une fois à ce rêve trop réel, ferme les yeux et secoue légèrement la tête pour en chasser l'ombre.
-Vous avez mangé rapidement, vous deviez être affamé. J'espère seulement que votre digestion n'en souffrira pas trop.
Je m'intéresse à lui, je veux m'assurer qu'il aille bien encore un moment, qu'il ne s'affale pas quelque part une fois que j'aurai le dos tourné et que je ne serai plus là pour veiller sur sa survie.
-J'aimerais me permettre une question, mon brave, je commence, sur le même ton soucieux, inquiet et chaleureux. Comment en êtes-vous venu à surgir ici dans cet état lamentable ? Cela doit être une aventure des plus romanesques.
Je veux une histoire. Je me rapproche imperceptiblement du rebord de ma chaise, quémandant de mon regard fantôme un récit qui alimentera mes songes avant que je ne me couche ce soir. Une aventure. Un conte. N'importe quoi. J'ai un don pour les raconter, mais un conteur aime tout de même recevoir ce qu'il donne, quand l'occasion se présente. | |
| | | Alec Praens 305278 Tueur au visage d'ange
Nombre de messages : 1297 Age : 40 Localisation : Perdu dans ce monde brutal Date d'inscription : 22/03/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Dim 23 Mar - 17:02 | |
| Ce qui m'a mis dans cet état… Je la regarde comme interloqué… C'est une tellement longue histoire… Mon regard se voile un instant alors que je baisse les yeux. Si je suis si faible c'est parce que j'ai failli tuer un gardien… C'est parce que j'ai voulu me laisser mourir aussi… C'est parce que Ludwig est mort… Brusquement je relève la tête. Je ne dois plus penser à ça. J'ai abandonné. Il n'existe plus que dans l'enfant de Sybille… L'enfant que Tobias va reconnaître… Ca ne me regarde plus. J'ai terminé de porter mon deuil… Mes yeux s'attardent sur son voile… Je souris, tristement :
"Un deuil… J'ai porté un deuil qui a failli me tuer… Je voulais qu'il me tue d'ailleurs… Je voulais rejoindre la personne que je pleurais… Je me suis affaibli volontairement."
Ai-je bien raison de raconter ça à quelqu'un qui porte le deuil… et qui est enfermée ici ? J'ai envie de toucher son voile et avant que je m'en rende compte, mes doigts sont déjà en train de le caresser. Je retire mes doigts comme si je m'étais brûlé au moment où je réalise mon geste.
"Pardonnez moi…" Murmure. "Depuis combien de temps portez vous le deuil, Brigitte ?"
Silence. Ma question n'attends pas vraiment de réponse. Je ne la regarde même plus. Mes doigts passent sur mon avant bras et monte jusqu'à la trace de piqûre au niveau de mon coude. Je frôle le bleu qui s'est formé quand j'ai arraché la perfusion. M'a-t-elle répondu ? Je ne sais pas…
"J'ai voulu tuer un gardien… Mais je n'ai pas réussi… Je… Je l'ai blessé à la gorge et après je lui ai sauvé la vie… Je lui ai donné mon sang… Sauf que j'étais déjà trop affaibli…"
Silence.
"Voilà…"
Voilà ? Voilà, c'est tout ? J'étais triste et j'ai failli tuer un mec… Maintenant je n'ai plus de sang dans les veines. Quelle idée de coucher avec Gleb alors que j'étais presque mourrant ? Mais j'avais besoin de lui. De sa douceur. De son amour… Je rebaisse doucement la manche de ma chemise. Je sens que ce repas m'a redonné des forces, c'est plutôt bien. Dans quelques jours, si je mange et que je dors convenablement, il ne devrait plus rien paraître.
Et après ?
Que va devenir ma vie ici, si je n'ai plus de passion qui me pousse, de pulsion pour m'occuper… Je sais très bien que l'amour parfait de Gleb ne me suffit pas. Je revois le ventre rond de Sybille, ses cheveux rouges… Et quand l'enfant sera né ? Vais-je vraiment ne plus être concerné ? Est-ce possible ? Cet enfant n'est pas à moi, je le sais bien… Sybille me hait, c'est certain… Mais encore ? Que se passera-t-il ? Que va devenir ma vie ici ? Gleb ne me maintient pas en vie, il ne m'empêchera pas de me détruire à nouveau… Je ne resterai pas ici jusqu'à ma mort naturelle. Si on ne me tue pas, je me tuerai tout seul… Mais lui, que deviendra-t-il ?
Ma vie ici est vouée à l'échec, elle me mène immanquablement vers la mort… Mais je n'aurai pas de vie à l'extérieur non plus. Je lève de nouveau mon regard sur elle… J'aimerai croire en la réincarnation…
"Pensez vous qu'une deuxième chance nous sera donnée, après la mort ? Une vie libre et heureuse ?" | |
| | | Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Mer 26 Mar - 11:24 | |
| L'homme a l'air confus, et je dois avouer que je le suis aussi, confuse. Il n'arrête pas de faire des demi-mesures : demi-sourires, demi-air abattu… Je n'arrive pas vraiment à suivre sa pensée. À force de porter le voile, on finit par se dire que tout le monde devait le porter. Les visages parlent tellement que parfois, tout se mélange de façon tout à fait cacophonique, comme si plusieurs personnes parlaient en même temps de sujets totalement différents. Autre demi-mesure, ses doigts qui se sont posés tantôt sur mon voile pour le caresser. Avant qu'il ne les retire, j'étais pétrifiée. Que serait-il advenu s'il avait tiré et avait découvert mon visage ? Il aurait vomi ce repas que je suis allée moi-même lui chercher. Personne n'a envie d'être secouru par une femme qui a la peau d'une grande brûlée. On s'attend toujours à une belle sauveteuse, comme dans les films. Comme dans la petite sirène, même. Je secoue tristement la tête pour moi-même, chassant ces pensées. Au moins y a-t-il une partie de mon corps qui est restée intacte, jolie et inaltérée. Je pose un regard doux et aimant sur ma main gauche. Douce, blanche, belle. Comme tout ce qui est à gauche de mon nombril… Je me perds un peu dans mes pensées. Il m'a posé une question si je ne m'abuse, à propos de mon deuil… Il y a combien de temps ? Excellente question. Je me tire de ma rêverie pour capter quelques paroles.
-Une vie libre et heureuse ?
Quel était le contexte allant avec ça déjà ? Je crois avoir entendu "seconde chance" quelque part. S'il me demande mon avis, c'est qu'il veut une réponse. Qu'il y a probablement plus que ces quelques mots captés au hasard de mes pensées. Je me redresse, pose ma main intacte sur la sienne, douce, paisible.
-Si je n'y croyais pas, croyez-vous que je m'appliquerais autant à être une veuve dévote, dans ce lieu où l'on me pointe du doigt à cause de cela ? Oui mon brave, il y a quelque chose après, j'en suis persuadée, quelque chose qui ne peut être pire que votre vie présente.
Et ceux qui auront souffert seront les premiers à la droite de Dieu. Mentalement, je fais mon signe de la croix. Les derniers seront les premiers, laissez venir à moi les petits enfants, pardonnez-moi car j'ai péché… Toutes ces phrases me reviennent en tête soudainement, avec un regain de mélancolie. Je me rappelle avoir reçu un coup de règle sur les doigts un jour, pour avoir fait une erreur dans ma récitation des catéchismes. C'est absurde. Ma maitresse était douce et gentille. Elle n'utilisait la règle que pour le calcul, et nous n'avons que survolé cette section. Qu'a à faire une bonne épouse des formules mathématiques ? Le minimum, pour cuisiner et faire la lessive. Additions, soustractions, un peu des divisions et multiplications. Le stricte minimum dont une femme a besoin. C'est-à-dire pas grand-chose.
-Ne craignez rien, Alec. Bien que pour l'heure vous ne croyez probablement pas que vos efforts serviront à quelque chose, certains savent reconnaître les bonnes âmes quand ils en voient une.
Les détails de son histoire me reviennent en tête, et je réprime un frisson. Blessé à la gorge. Certes, le crime est grave. Il aurait pu le tuer, il l'a sauvé. Le repentir. Même s'il ne voit peut-être pas ça comme la première raison de son geste, les remords ont du faire leur part. Dieu est bon. Dieu prendra note de ce détail dans toute sa grâce et sa miséricorde.
-Vous avez sauvé une vie, ce n'est pas rien, dis-je d'une voix douce. | |
| | | Alec Praens 305278 Tueur au visage d'ange
Nombre de messages : 1297 Age : 40 Localisation : Perdu dans ce monde brutal Date d'inscription : 22/03/2007
| Sujet: Re: Soliloque [pv Alec] Sam 5 Avr - 13:25 | |
| J'ai sauvé une vie… J'en rirai presque tellement c'est comique… Combien en ai-je pris dans ma courte vie ? Je ne sais même pas, j'ai arrêté le compte. Je ne me souviens pas de leurs visages à tous. Je ne sais même plus à quoi ressemblaient ceux à qui je dois d'être ici… Le flic que j'ai massacré. Celui qui a failli y passer aussi… Il était comment le mec qui était à mon bras ce soir là ? Même lui, j'ai oublié son visage… Je soupire.
Je n'ai pas sauvé Tobias… Je n'ai pas voulu qu'il meurt parce que sa plaie m'a fait pensé à Ludwig… Ce n'est pas Tobias que je voulais sauver. Ce n'est pas à lui que je voulais donner mon sang, ma vie, mon air… Je n'ai pas été capable de retenir le geste de Ludwig. Je n'ai pas été capable de le sauver… Je l'aimais pourtant… Je l'aimais tellement… Mon visage est baissé alors que je murmure :
"Combien de vie dois-je sauver pour compenser toutes celles que j'ai prises à votre avis ? Et combien pour me pardonner à moi même de n'avoir pu sauver mes deux amours ? Tuer les assassins de mon frère ne me l'a pas rendu… Au contraire… Ce monde est détraqué… Totalement détraqué…"
Je relève alors les yeux vers elle. C'est perturbant de ne pas pouvoir voir son visage. Je souris tristement. Je dois m'en remettre, j'ai dit que je vivrai, je dois vivre. Doucement, je me relève et prends le plateau qu'elle m'a amené. Je me sens mieux. Ca ne tourne plus, je ne vois plus flou… Encore quelques jours de repos à manger normalement et ça devrait aller. Je dois m'occuper de Gleb. Voir comment va mon nouveau camarade de chambre, Moxie. Je vais me créer un train-train quotidien. Oublier le monde extérieur et vivre cette nouvelle vie comme elle se propose. Je fais en sorte que mon sourire soit plus convainquant :
"Je vous remercie de vous être occupée de moi, Brigitte. J'ai envie de croire qu'un monde meilleur nous attend… Mais je veux essayer de vivre cette vie même si elle a mal commencé. J'ai été condamné à vivre, pas à mourir. Je vivrai donc. Je vous souhaite bon courage. Au revoir."
J'incline légèrement la tête et quitte les lieux. Depuis combien de temps n'ai-je pas marché avec le dos aussi droit ? Depuis combien de temps n'ai-je pas regardé les gens dans les yeux ? Je me sens renaître. J'ai fait des choses horrible et je dois vivre avec elles. Je dois les supporter. Un jour, j'arriverai peut être à me pardonner mes actes et à pardonner à ceux qui m'ont fait du mal… Un jour… Ce jour là, ma vie prendra une nouvelle allure. En attendant, je dois me contenter de ce que j'ai.
Alors que j'arrive au réfectoire, une idée me vient en tête. Mes yeux se mettent à briller. Je dépose rapidement le plateau et me dirige d'un pas sûr vers ma cellule. Je n'y ferai pas de bruit pour ne pas réveiller Moxie. Je vais juste prendre deux ou trois trucs et aller m'installer dans la salle commune… Ca fait quelques semaines que j'ai caché tout ça sous mon lit… Je vais déterrer mes trésors…
J'ai envie de dessiner.
[HJ : je termine le topic parce que je ne vois pas quoi faire d'autre… Je suis désolée, c'était pas génial… Je vais essayer de faire mieux avec Stigmate mais c'est pas gagné ^^"] | |
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