Sadismus Jail Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus. |
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| Et au beau milieu de la nuit... | |
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Sybille Hawkins 240293 Petite plume
Nombre de messages : 2592 Age : 38 Localisation : Quelque part dans ses bras, avec mon fils et ma fille. Avec eux... Ma famille. Date d'inscription : 30/03/2007
| Sujet: Et au beau milieu de la nuit... Mer 20 Fév - 18:53 | |
| J’ai mal. J’ai tellement mal. Depuis quelques jours maintenant, ce sont des contractions de plus en plus douloureuses qui me secouent, comme celle qui vient de me réveiller à l’instant, au beau milieu de la nuit, et de plus en plus fréquemment. Et c’est fort désagréable, même pire que cela. Et rester pliée en deux durant plusieurs dizaines de secondes, sans presque pouvoir respirer, au beau milieu d’un couloir, n’est pas vraiment la situation idéale. Surtout dans cet endroit. Et j’ai finalement bien du me résoudre à parler de ceci à Tobias. Qui a immédiatement insisté – ordonné même, si j’ose dire – pour que je partage sa chambre. « Ma colocataire est en congés pour la semaine. » Qu’il m’a dit. J’ai d’ailleurs eu un drôle de pincement au cœur en entendant ces mots. Jalousie ? Peut-être… L’idée qu’une femme partage sa chambre… me frustre, curieusement. Je n’ai pourtant pas mon mot à dire sur ce genre de choses, surtout que nous n’avons aucun engagement l’un envers l’autre. Aucun. Bref, une chance que cette gardienne se soit absentée. J’ai bien évidement accepté sa proposition. L’idée de me réveiller seule, en pleine nuit, à deux doigts de donner naissance à un enfant… me terrorise. Je suis heureuse qu’il soit là, proche, prêt à m’aider. Il me rassure…
D’ailleurs… une chance qu’il soit là. Un frisson parcouru mon échine tandis que je repense à ce qui s’est passé il y a quelques jours, avec… Lui. Une boule se forme automatiquement dans ma gorge, et je crispe légèrement ma main sur mon ventre. Un autre avantage à être ici. Si Il revient… je n’aurais pas la force de me défendre. Pas dans mon état. Et Il a promit qu’Il le tuerait. Les larmes me brûlent les yeux, et, violement, je referme mes doigts sur le tissu blanc recouvrant l’oreiller du lit sur lequel je suis allongée, y enfouissant la tête. Je refuse. Mais je sais qu'Il en est capable… D’autant plus qu’une autre menace plane. Tobias. Je n’ai pas oublié le regard qu’Il lui a lancé lorsqu’il est intervenu en salle d’isolement, empêchant le pire de se produire. Il sait. Et je sais qu’Il n’aura de cesse avant de m’avoir fait payer mon affront, d’une manière ou d’une autre. Et je crains le pire pour lui, ainsi que pour mon enfant. Mon Dieu, aidez-moi. J’ai peur…
Nouvelle contraction. Plus violente, plus douloureuse. Je me crispe, serre les dents, laissant échapper un gémissement étouffé. Oui, j’ai peur. Peur de Lui, peur de ce qui risque d’arriver dans peu de temps. J’ignore comment tout ceci va se passer, comment ce sera. J’ai peur de souffrir. J’ai peur que quelque chose n’arrive, que cela se passe mal… Si il arrive quoi que ce soit à mon bébé… je ne le supporterais pas. La douleur passe, enfin. Poussant un soupir de soulagement, j’inspire profondément, livide. Je sais que je devrais aller à l’infirmerie. Mais je ne veux pas, pas seule, pas à cette heure-ci. Et je ne veux pas réveiller Tobias pour rien. Car ce n’est rien, n’est-ce pas ? Ca va passer, ça ira. C’est encore trop tôt. Doucement, je me retourne sur mon matelas, m’allongeant sur le côté. Et je pose les yeux sur lui. Allongé sur le lit, à l’autre bout de la pièce, il dort. J’ai de la peine à le voir dans l’obscurité, mais j’arrive à peu près à distinguer sa silhouette. Une étrange sensation me prend à la gorge, et au cœur. J’ai chaud. Qu’est-ce que c’est que ce sentiment ? Cela fait des jours, des semaines, des mois que je le cherche, tente de mettre un nom dessus. En vain. Ce n’est ni de l’amitié, ni de la reconnaissance. De l’amour ? Non. Trop âgé, trop différent. Tellement… Tellement quoi ? Séduisant ? Dis-le. Dis-le, dis-le que tu le trouves beau, lui et ses cheveux de jais, lui et ses yeux anthracite. Lui et son air énigmatique, lui et son regard intense, troublant… Silence. Cesse de divaguer Sybille. Pourtant… plus je tente de me persuader que je me trompe, plus c’est le contraire qui s’affirme dans mon esprit. Et même si tout ceci est encore confus dans ma tête, je… je commence à y voir clair. Je…
Je hurle. Oh mon dieu, mon dieu ! Le corps tendu à l’extrême, la tête rejetée en arrière, le visage crispé et les yeux clos, j’agrippe désespérément les draps de mes doigts secoués de spasmes, haletante. Arrêtez ça, c’est atroce, c’est horrible ! Insupportable ! Le visage livide, ruisselant de sueur, je tente vainement de reprendre mon souffle, tandis que la douleur s’en va, aussi brusquement qu’elle est venue. Et soudain, je sens un liquide chaud inonder mes jambes. Là, je commence réellement à paniquer. Je crois… je crois bien que j’ai perdu les eaux. Non, non ! C’est trop tôt ! Pas maintenant, s’il vous plait ! Une contraction encore plus brutale se charge de me faire changer d’avis. Je crie de plus belle, pleurant sans m’en rendre compte. Je crois que je suis, en ce moment même, à ce que l’on peut appeler le paroxysme de la peur et de la souffrance. Péniblement, je tente de me redresser sur mes coudes, tremblante, serrant les dents pour essayer de contenir ce mal qui me ronge. Pourquoi est-ce que tu me fais mal comme ça ? Arrête, arrête, s’il te plait… Un gémissement plaintif s’échappe de mes lèvres alors que j’essaye de m’asseoir, pour pouvoir ensuite me lever, murmure ténu qui se transforme en un cri déchirant lorsque la douleur revient une fois de plus, toujours plus vive, toujours plus puissante. Retombant sur l’oreiller, je ferme une fois de plus les yeux, incapable de crier cette fois tant la souffrance me ronge. Pantelante, je peine à reprendre mon souffle, et, dans un ultime effort, je crie le nom de mon sauveur dans un appel au secours désespéré, avant de rejeter une fois de plus la tête en arrière, déchirée par la douleur :
- Tobias !
Dernière édition par Sybille Hawkins le Ven 18 Avr - 13:53, édité 1 fois | |
| | | Tobias Viatscheslav 0274 Serenae Aquae Natae
Nombre de messages : 1176 Age : 49 Localisation : Avec ma femme et mes deux enfants. Au Paradis. Date d'inscription : 18/05/2007
| Sujet: Re: Et au beau milieu de la nuit... Sam 23 Fév - 15:13 | |
| J'ai froid. Si froid… bordel. Toute cette neige. L'eau a traversé mes vêtements, glacé impitoyablement mon torse, mon dos, mes bras… Si froid. Je ne desserre la mâchoire que pour crier des ordres à mes hommes, de peur que mes dents ne se mettent à claquer… Je suis presque sûr qu'elles se briseraient. Lieutenant…! Je sais, je sais, je SAIS ! Mihaï est mort… Et Andrei, et Tudor, et Zoltan… Bordel ! Zoltan… Je ferme les yeux, frotte vainement mes mains l'une contre l'autre… Combien de temps, que je les sens plus ? Cette neige. Tout ce blanc. Zoltan est mort. Quelqu'un…tuez-moi ! Lieutenant… Je suis désolé… Zoltan ! Désolé d'avoir dû t'amputer… Le froid. Et ça n'a servi à rien…! Et ce mec qui s'accroche à moi… Quoi… Quoi encore ? C'est toi, Mihaï ? Ne me regarde pas comme ça… Tes orbites sont vides, tes lèvres… desséchées, racornies par le froid. Un cadavre, un cadavre gelé ! Des ongles cassés me griffent le visage. Lieutenant… Tout ça… C'est inutile… Vous êtes mort ! Une main brunâtre, aux os saillants, indique ma poitrine, d'un doigt mollement pointé… J'écarte les pans de mon manteau de cuir, retiens un haut-le-cœur. Quatre fleurs rouges s'épanouissent sur ma chemise blanche. …Ils m'ont tué ! Je ne les sentais pas, avant. Mais il m'a suffit de les voir… La douleur s'est réveillée. Brûlure… Déchirure… Je tombe à genoux, vomissant du sang, vomissant mon sang. Tiens… c'est la neige, qui saigne, maintenant… Mon corps ne répond plus. Je m'étale au sol, incapable du moindre mouvement. Je ne peux même plus fermer les yeux. Je vois ma main, devant mon visage. Inerte, morte, glacée. Je suis…mort. La vérité me saute aux yeux. Pas d'enfer, pour moi… Encore moins de purgatoire. Et surtout pas le Paradis. Les flammes, c'est déjà trop distrayant, pour mon âme. Non, j'ai compris. Je n'ai pas de corps. Je suis ce corps. Pas d'âme qui quitte l'enveloppe charnelle. Pas de repos. L'éternité, le yeux ouverts, à contempler le lent pourrissement de ma main gauche. C'est horrible. Je veux disparaître… laissez moi ne pas être… Tout, tout sauf ça… Tobias... Les morts n'ont pas de nom. Alors pourquoi m'appeler… Une main empoigne subitement mon visage. Je voudrais hurler, mais je ne peux pas. Je ne veux pas… je ne veux pas voir ton visage… Arrête de hurler… Oprea... Tu es morte ! Morte ! Laisse-moi tranquille… Laisse-moi… LAISSE-MOI !
Tobias !
J'ouvre les yeux. … Je me redresse sur mes coudes, en sueur, la respiration douloureuse. Que…? Un rêve… Ce rêve… Chaque nuit. Je… Brutalement, la réalité me revient. Cette voix, ce n'était pas celle d'Oprea. Sybille. Affolé, je me dégage de mes draps râpeux, bondis hors du lit, et rejoins Petite Plume à tâtons, non sans me prendre une bonne gamelle en trébuchant dans l'obscurité. Merde, merde, merde… Mauvais pressentiment. C'est pas le moment de faire des conneries…
J'arrive enfin à son chevet. Je n'y vois pas grand chose, mais je peux la sentir se tordre, se démener pour lutter contre…la douleur ? Putain ! Quoi… Là, maintenant ? On est pas dans la merde… Il est levé, le doc, à cette heure ? Je me retourne pour jeter un coup d'œil au cadran lumineux, près de mon propre lit. Un peu plus de trois heures du matin. … Je sens que ça va être sportif, tout ça.
Précautionneusement, je glisse mes bras sous Petite Plume, et la soulève, embarquant le drap au passage. Je serre les dents. Mon cou me tire… La blessure d'Alec. 'Fait chier. D'un geste, j'assure un peu ma prise, et en profite pour ajuster un peu le drap autour de ses épaules… Le froid. J'aimerais pouvoir la rassurer…dire quelque chose. Mais je ne peux pas. Non seulement à cause de ces putains de fils fraîchement cousus dans ma joue droite…Mais je crois que je suis trop choqué pour ça. Toute cette souffrance… Qu'est-ce que j'y connais, à ce genre de truc…
Oh-oh-oh, c'est vraiment pas le moment de partir en vrille, là. Pas de temps à perdre. Je clenche maladroitement la poignée, et ouvre du pied la porte. Une poignée de secondes plus tard, je marche dans le couloir, faiblement éclairé par quelques néons. Drôle d'ambiance, la nuit, cette taule… J'ai l'impression que les murs vont nous bouffer… Il y a comme quelque chose, dedans…
Bref. Une seconde fois : stop, Tobby. C'est vrai que t'es un peu décalqué sur les bords, mais c'est vraiment pas le moment de se taper des trips mystiques. Regarde devant toi, et évite de te casser la gueule.
L'infirmerie, enfin. Y a l'matos, dans ce genre de truc, pour faire naître un enfant ? Mais c'est c'qu'on a d'mieux, Tobby… Je suis pas rassuré. Mais c'est con, vu que c'est pas moi qui me tord de douleur, là… Youhou, cerveau, il est temps de fonctionner correctement. Dépose Petite Plume sur le lit le plus proche –voilààà, c'est bien- rajuste moi un peu ce drap –paaaarfait-… et va me chercher ce foutu doc !
Tu cherches quelque chose, Tobias ?
D'un bloc, je me retourne. J'ai de la chance ou… j'ai de la chance ? Devant ma tête d'ahuri, l'autre répond, calme au possible :
T'as fait un tel boucan…
Je m'apprête à répondre quelque chose –de fin et bien senti, comme d'habitude- mais le doc est déjà en action. Plus vif que moi… Il semble murmurer quelques paroles à Petite Plume. Un bruit attire mon attention. Deux infirmières rappliquent, et commencent à s'affairer autour de Sybille. Je suis complètement à la masse.
Quelqu'un semble avoir pitié de moi. Je sens une main me tirer par le bras. Un infirmier, cette fois. Il me conduit vers la porte de l'infirmerie, d'autorité. J'ai comme un sursaut. Je… Cette sensation, de devoir m'éloigner, la laisser… avec ce qui va se passer… Je suis à la fois soulagé de ne pas être un poids pour eux… et à la fois nerveux de la perdre de vue. Quoi qu'il en soit, je résiste un peu. Le doc s'en rend compte, et se penche sur Petite Plume.
Veux-tu qu'il reste ? | |
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