un petit creux ?? [pv Seed]

[Je me permets de te dire que "creux" s'écrit avec un 'x' ^^.
Et que la galanterie des hommes se perd avec la parité. Bin oui, pourquoi faire des différences de la sorte ? N'est-ce pas insultant pour l'intégrité de la femme ? x) ]





Je ne m'attarderais pas sur les regards d'étonnement que j'ai pu lire dans les yeux d'Ingrid quand je lui ai proposé mon bras. Sur qu'avec ses déglingués, elle n'a pas du connaître ça.
C'était d'ailleurs très étrange de se balader comme ça entre les murs d'une prison. Cela en devenait presque irréel, tellement cela paraissait loufoque. Ingrid était devenue une sorte de princesse, ses yeux brillaient.
Ces mêmes yeux qui se ternirent un peu quand on arrive au réfectoire.

La foule. Ou plutôt la vie qui règne dans cette pièce est étrange. Beaucoup plus lourde et plus mauvaise que l'ambiance qui régnait dans les douches, lorsqu'on était en tête à tête.
C'est la première fois que je rentre dedans. C'est ma première confrontation avec d'autres taulards, et surtout avec beaucoup plus ! de taulards. Alors, ça ressemble donc à ce que je pensais. Sadismus reste à l'image d'une prison banale pour bon nombre de choses. Dans un coin de la salle, une baston. Apparemment, les matons attendent un peu et prennent un malin plaisirs à voir le grand gaillard tabasser à mort un autre gars. Ingrid parait assez... 'choquée'. Je vois son regard s'attarder dans la salle, au niveau des fous à lier (1), et un autre détournement.

J'avais lâché son bras. Dans un lieu comme celui là, on pouvait facilement se faire des ennemis, et toutes remarques n'étaient pas bonnes à prendre.
Ingrid m'indique une table de deux. Décidément, elle ne le fait peut-être pas exprès, mais ça pourrait être prit pour des avances : un déjeuner en tête-à-tête... (2)

Je me mets à sa suite pour me servir. Les ragoûts ont de drôles de tête, mais ce n'est pas pire que dans une cantine normale, sauf peut-être les cuisiniers qui ont tous des têtes de taulards... et qui doivent en être, logiquement. Une fois servi, je m'installe en face de notre Ingrid nationale qui refaisait une tête amusante. J'ai la confirmation que sa grimace était composée contre la nourriture d'ici, en l'entendant marmonner : "je m'attendais comme même à un peu mieux..."

Je rigole doucement. Elle m'amuse cette petite. La pauvre... se retrouver ici sans le vouloir. Pas évident. Surtout qu'elle ne sait plus vraiment ce qu'elle a fait. "Ne fais pas cette tête là. Tu t'attendais tout de même pas à du grand luxe ?" ma voix était chaude et enjouée. Elle n'est pas à l'aise, ça se sent, ça se voit. Mais dans ces milieux là, faut pas le montrer... parce que les ennuis arrivent vite après. Et quand tu es une nana, c'est pire, *surtout dans ton cas, Ingrid*, pense-je. *Tu ne pourrais pas te défendre... tu oublies tout. Tu es manipulable et trop confiante.*
J'entame mon hachis ; enfin ce qui ressemble à du hachis. Qui n'est pas si mauvais qu'il en avait l'air d'ailleurs. Finissant ma bouchée, et voyant que ma partenaire (3) n'avait pas encore touché à son assiette, je lui dit : "Et c'est meilleur que ça n'y parait.

Laisse toi tenter !" finis-je avec un clin d'oeil.
C'est un peu soupçonneux de ma part... cette dernière phrase pouvait aussi avoir des sens cachés et des propositions cachées... Mais j'aime bien voir comment elle réagit. Elle m'amuse.

[Si ça peut te consoler, je ne pense pas que la galanterie rabaisse la femme. Et c'est triste de voir de plus en plus d'homme l'outrepasser. M'enfin :) Content que mes petites touches d'humour te fasse marrer ^^]




Dans ce genre de conditions, j'avais toujours une idée bien précise en tête.
L'image d'un jeune bambin à qui une mère donnait à manger. N'allez pas me demander pourquoi, je vous répondrais que je n'en sais rien. Cela n'empêche pas d'avoir cette image dans la tête, quoique vous puissiez dire.
Donc, cette maman qui donne à bequeter au mioche, elle a toujours une cuillère gigantesque en plastique jaune/orange. Le bavoir en place, le gosse fait un grand sourire espiègle du genre : "tu vas voir, je vais te faire ch*er, je vais bien m'amuser" (1). Et on est parti pour le nourrir :
* « Et une cuillère pour Papa. Et une cuillère pour Maman. Et une cuillère pour Papy. Et une cuillère pour Mamy. »* (2)
De l’autre côté, l’affreux loustique remue ses pieds, bouge ses bras en faisant l’avion et balbutie des mots incompréhensibles mais qui font toujours rire toute la maisonnée, parce que c’est mignon. Tellement mignon qu’il refuse naturellement de manger la bonne boustifaille qu’on lui refourgue (3).

Bref, j’avais ça dans la tête non pas parce que je m’imaginais faire un bébé à Ingrid, cela serait inconvenant ; mais plutôt parce que le repas ressemblait étrangement à ce boulguiboulga pour enfant. Je trempe de nouveau mon couvert dans le hachis. C’est pas immonde comme le dit Ingrid. Et puis, il faut savoir se contenter de peu.

Mais ce qui a retenu mon attention, c’est surtout ce qu’elle a dit avant de commenter la bouchée qu’elle avait prise : "mais il ne faut pas oublier qu'on est dans une prison ! On est pour les employés des pauvres fous qui ne méritent qu'une chose... mourir !"
Elle paraissait terriblement lucide à ce moment. Et réellement rabaissante pour elle-même. J’aurais pu me sentir visé aussi, mais je sais bien que je ne suis pas un pauvre fou, et je sais aussi que je ne mérite pas de mourir. Mais cette phrase semblait pleine de bon sens, et de ressentiment. Une sorte de coup de fouet pour se punir soi-même, ou quelque chose d’approchant… Je ne sais pas, je n’arrive pas à bien saisir.
Puis elle a ce sourire. Sans rien, sans cause… elle pense beaucoup pour une mémoire de poisson rouge… ça m’intrigue, du coup, après une énième bouchée, je la regarde et lui demande : "Pourquoi ce sourire, miss Ingrid ? Je t’amuse tant que ça ?"

[Cela me sort par la tête. Même si je prends des schémas et des clichés récurrents :) C'est un peu le principe de mon personnage ^^]



Elle pose beaucoup de questions. Beaucoup de questions auxquelles je réponds en sachant qu'elle l'oubliera. Je me demande si un couple pourrait fonctionner comme cela. Pour elle, il n'y aurait pas de lassitude. Enfin, je pense. Mais pour l'autre ? De l'énervement... de l'incompréhension... du profit ? Je me rends compte que ça fragilise vraiment. Et qui dit fragilité, dit manipulation. Et cela, c'est cool.

Avant que je n'ai le temps de répondre, voilà que les deux échevelés viennent se tabasser à notre table, faisant par là même, sortir Ingrid de ses gongs. "heu... vous avez pas l'impression de déranger là ??!!!" (1)

- Tiens, sale juif ! Tu es bon pour les douches ! Ahaha. Alors, on fait moins le malin, là !" L'homme qui parlait semblait haineux à souhait. Il était bien la personnification du salaud, dur de chez dur, qui trainait dans les prisons. Il se tourne vers Ingrid : "Hey, la mioche. Fais attention à ta petite tronche d'ange. Je risque de me souvenir de toi", fit-il avec un rictus mauvais. "Tu es dans quelle cellule, pour que Papa Joe vienne te dire bonjour ?" Cette proposition était tout ce qui était des plus indécentes, et l'on pouvait sentir les propos sous-jacent à sa tirade.
Sous le fond sonore de : "Mmmhh", ou "arrrrrrr", ou encore "wrarrrrrr" que faisait le 'juif' sous le poids et la pluie de coups de l'autre zozo, je me déplace pour m'interposer entre Ingrid et ce-dernier. Je ne veux pas de problème, je n'aime pas ça. Ou tout du moins, pas ceux que je n'ai pas prévus. Mais je n'allais tout de même pas laisser ma charmante compagne (2) se faire défigurer ou embêter par une brute sans coeur (3).

Je m'interpose et lance, grandiloquent : "Prend garde. Tu la touche, je te crève." Mon regard est mauvais.
Leçon numéro un : Ne jamais montrer sa peur, ou son appréhension.
Je veux lui montrer que je n'ai pas peur de lui, que j'ai le potentiel et le courage de le tuer s'il fait quoique ce soit. Et que peut m'importe ce qui va me tomber dessus à la fin. Quand notre ennemi n'a pas peur de la mort, comment pouvons-nous le contrer ?
Leçon numéro deux : Toujours garder en tête la règle numéro une.

Je me détourne et lui montre mon dos. Je lui montre que je n'ai pas peur de lui, que je connais ma force et la sienne. Je le déstabilise. Je prends Ingrid dans mes bras, j'en profite. Je lui murmure à l'oreille : "Viens, si tu ne veux plus rien, on s'en va... ça craint, ici."

Je reste comme ça en attendant sa réponse. Je sens ses formes, sa respiration accélérée, son odeur. Je frissonne.