Sadismus Jail
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Sadismus Jail

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 Le revenant [Sebastian]

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Sybille Hawkins
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Sybille Hawkins


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MessageSujet: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeSam 8 Déc - 10:50

Les Liaisons dangereuses (1782)

« Vous ne sauriez croire combien la douleur l’embellit ! Pour peu qu’elle prenne de coquetterie, je vous garantis qu’elle pleurera souvent. »


C’est fou comme le temps passe vite… Je ne pourrais dire « lorsque l’on s’amuse », car si il y a bien une chose que je ne fais pas ici, c’est m’amuser. Murée dans ma douleur et mon désespoir, je n’ai pas vu les semaines ni les mois défiler. Combien de jours, combien de temps ? Je l’ignore. J’ai tout perdu depuis qu’il est mort…
Mes traits se crispent, mon visage se creuse. Mais aucune larme ne vient mouiller mes yeux secs. Je n’ai que trop pleuré. J’ai l’impression d’être complètement desséchée, vide de toute émotion, de tout sentiment. J’ai tant pleuré. J’ai trop pleuré… Aujourd’hui, je n’y arrive plus…
C’est pourtant d’un geste vif mais tremblant que je tourne la page de mon livre, bruissement de papier dans l’air froid de la cellule. Tiens donc, y aurait-il donc encore un semblant d’émotion dans ce corps meurtri ? La gorge nouée, j’inspire profondément, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. J’ai… un mauvais pressentiment. L’impression que quelque chose d’horrible va se produire. D’horrible

Je bats des cils… et j’éclate de rire. Un rire nerveux, hystérique presque. Allons Sybille ! Calme-toi donc ! Que pourrait-il t’arriver de pire que ce que tu es en train de vivre ?
Aussitôt, mon rire s’étouffe, meurt. Et je laisse tomber mon livre au sol dans un bruit mat, avant de me lever, doucement, précautionneusement. Huit mois… et presque un an que je suis ici. Mes mains glacées se posent sur le rebord de la fenêtre, m’arrachant un frisson au contact du métal gelé. Oh. Il neige dehors… Avec l’air émerveillé d’une petite fille qui contemple son cadeau de Noël, je regarde les flocons tomber, lentement, délicatement. Minuscules morceaux de dentelle qui viennent s’échouer sur le tapis immaculé qui recouvre la cours, une dizaine de mètres plus bas. C’est bientôt Noël… et cela se sent. Les couloirs se font vides, de nombreux gardiens rentrent chez eux. Dans leurs familles…
Un soupir s’échappe de mes lèvres, et, doucement, je baisse les yeux vers mon ventre arrondi, posant délicatement ma main dessus. Ma seule famille… est ici. Mon fils…

A nouveau, mon regard émeraude revient se poser sur le carreau de verre qui me fait face. Seule limite entre moi et la mort. Ils n’ont apparemment pas jugé utile de poser des barreaux. Mais, après tout, qui serait assez fou pour sauter de plus de dix mètres de haut ? Oui, qui…
Lentement, j’effleure la vitre de ma main gauche. Il suffirait de briser cette barrière… et tout serait terminé. Ma paume s’appuie contre le verre, y exerçant une légère pression. Il suffirait de si peu… Mon autre main vient la rejoindre… et j’appuie également mon front contre la fenêtre, les yeux rivés au sol. Avant de fondre en larmes. Je n’en peux plus, je n’en puis plus ! Laissez-moi mourir… Tuez-moi…
Puisque je n’en ai même pas la force…

Secouée de sanglots, je me laisse tomber au sol, mon visage caché entre mes mains. Mais à quoi bon, puisqu’il n’y a personne… Personne, personne… Je suis seule… Complètement seule… Je l’ai toujours été… et je le resterai. La seule chose… la seule personne qui me retienne encore ici, c’est mon fils. Notre fils. Mais après… Je ne me fais pas d’illusions. On me le prendra, on me l’arrachera… et il m’oubliera…
Je ne veux pas, je ne peux pas vivre ça. J’aurais donné naissance à un nouvel être, un autre mourra. Une vie pour une vie. J’aurais rempli mon rôle. Rien, plus rien à faire, plus rien à donner…

Petit à petit, mes larmes se tarissent. Laissant des traînées étincelantes sur mes joues livides. M’appuyant sur le mur de pierre, je me relève, les yeux rivés sur le paysage au-dehors. Oui… Plus rien à vivre… A quoi bon rester dans un tel endroit jusqu’à la fin de ma vie ? Me faire violer, torturer, jusqu’à ce que je meure ou que je sombre dans la folie ? Je refuse. Je ne l’ai que trop subi. Hors de question. Et même… Lui ne pourra rien y changer. Pas même Lui

Tobias…

Les phalanges de mes doigts blêmissent alors que je serre le rebord de la fenêtre entre mes doigts tremblants, tandis que mes lèvres bleuies par le froid s’agitent doucement dans le silence oppressant de la prison… :

There's a candle burning in the world tonight
For another child who vanished out of sight
And a heart is broken, another prayer in vain
There's a million tears that fill a sea of pain
Sometimes I stare out my window
My thoughts all drift into space
Sometimes I wonder if there's a better place
Tell me
Where do fallen angels go
I just don't know
Where do fallen angels go,
They keep falling


Délivre-moi…


Dernière édition par le Mar 15 Jan - 9:26, édité 7 fois
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Sebastian A. Owlson
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeSam 22 Déc - 17:32

"Ils ne vont nul part, tes anges aux ailes brisées.

Nul part ailleurs que dans mon cœur, ma gracile, ma belle, ma fragile créature…Pourquoi chantes-tu ? Tu n'en as pas le droit. Celui qui chante, celui qui maîtrise, qui contrôle, c'est moi, et seulement moi. Tais-toi. C'est un ordre.
Je te vois. Mais tu ne le sais pas encore. Je t'ai toujours vu. Toujours. Lorsque je respirais. Lorsque je chantais. Lorsque je te maudissais, et te bénissais, tout cela, en même temps, dans la haine, et l'amour.
Sybille.
Je t'ai trouvée."

Il ne m'a guère fallu de temps pour retrouver ma proie. A peine quelques jours se sont écoulés depuis mon arrivée. Un peu de persuasion… Quelques menaces… Et j'ai vite obtenu de précieuses informations te concernant. Notamment l'emplacement de ta cellule. Ma belle. Ma. A moi. J'ai rêvé de toi, tu sais ? Dans mon sommeil de sourd, aux songes silencieux, dénués de sons, mais n'en souffrant guère. Je t'ai vue, et, dans ce rêve, je t'ai tuée. Deux fois. Rrrrrrh… Je me suis malheureusement réveillé avant d'avoir pu te violer. Oh.

Mais… Je vais pouvoir me rattraper. J'ai déjà trop attendu… Je veux te voir. Je veux. Tu viens de te détourner. Ton regard se perd, loin de cette pièce, loin de ce monde. Pire que tout, loin de moi.
Cruelle.
Silencieux, je me glisse derrière ton dos. Je suis presque sûr que tu ne m'as pas remarqué. Ai-je fait un quelconque bruit ? Je ne sais pas… Je ne pense pas. Tu as l'air bien trop absorbée par ce que ta tête trop pleine te donne à voir. Tu ne devrais pas tant penser, femelle… Tu n'as qu'à être à moi, Sybille… Ne pense qu'à moi…

J'imagine ta surprise, lorsque tu sens qu'une main saisit la tienne. Qui est, qui est cet inconnu, caché dans ton dos ? Peut-être une connaissance ? Un ami ? Heh… Mais quand je suis là… Tu n'as pas besoin de tout ça. De ma main gauche, je ramène ton bras vers moi, et guide tes doigts sous mon uniforme de détenu. Je sens que je te tords légèrement le poignet… Un vrai délice. Mais il faut… il faut que tu sentes ce que tu m'as fait. Tu peux la toucher, cette cicatrice ? Ce trou immonde, pas vraiment guéri ? Cette balle que tu m'as fiché dans l'épaule… Est-ce que tu la sens comme je la sens ?

Je me demande si tu commence à comprendre qui se trouve dans ton dos, tout contre toi. Vraiment… Tu as intérêt à ne pas me décevoir. Déjà que… Déjà que ton ventre arrondi par une immonde grossesse m'est une nouvelle insulte… Mais je ne t'en tiendrai pas rigueur. Je n'aurais qu'à le tuer, comme l'autre. En attendant… Reconnais-moi.

La lune trop blême,
Pose un diadème,
Sur tes cheveux roux…
La lune trop rousse…
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous !
La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés…
Princesse de la rue,
Soit la bienvenue
Dans mon cœur blessé…


Veux tu entendre la suite, ma douce, ma fragile, ma chose ? Dis, tu veux ? Je-sais-que-tu-sais-ce-qui-vient-ensuite. L'espace d'un instant, mes yeux se ferment. J'inspire à fond… M'imprègne de ton odeur. Comme tu m'as manqué. C'est tu tout ce que j'ai sacrifié, simplement pour venir te retrouver, ici, dans cet enfer ? J'attends mon tribu…

Je rouvre lentement les yeux, me délectant de la rousseur incandescente de ta chevelure, si proche, si mienne. Amoureusement, je dépose un baiser sur ta nuque offerte. Tu n'appartiens qu'à moi… Et, depuis longtemps…
Je suis heureux.

Je me penche encore un peu, rapprochant mes lèvres du lobe délicat de ton oreille. Ainsi, tu pourras –je le suppose- entendre le moindre de mes murmures. Nous sommes seuls… Personne ne viendra, Sybille, personne…
Tout est comme avant. Rien n'a changé, et rien ne changera jamais.

Chante avec moi, Sybille, chante la suite… ou je te tue. Tu sais ce qui vient ensuite… Tu sais.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeDim 23 Déc - 9:41

... Now the times is frightening
Can't ignore the facts
There's so many people
Just slippin' through...


Je sursaute violement. Ma voix dérape, chute, se brise. Une main sur la mienne, s’emparant de mes doigts. Qui est-ce ? Mon cœur bat à tout rompre. Est-ce toi Tobias… ? Non. Cette main est trop fine pour être la sienne.
Je voudrais me retourner… Savoir. Qui est-ce ?
Lentement, cette main inconnue ramène mon bras vers le corps auquel elle est rattachée. Je n’ose bouger ni émettre le moindre son. J’ai l’impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Faites… que je me trompe. Que cela soit simplement l’angoisse qui me fasse délirer, imaginer les pires choses possibles.
J’ai peur…

Un gémissement de douleur s’échappe de mes lèvres glacées. L’on me tord le poignet. Arrêtez ! J’ai mal… Je tente un geste pour me libérer, me soustraire à l’emprise de ces doigts chauds, de cette main à la poigne d’acier qui continue à me tirer. Ma paume effleure une étoffe grossière, de la même matière que celle de mon uniforme. Un détenu ? Je me mords violement la lèvre, me débattant de plus belle. Lâchez-moi…
Insensible à mes tentatives d’évasion, l’étranger glisse mon poignet sous le tissu de son vêtement. Je déglutis. Que me veut-il ? Qu’y a-t-il de caché sous cette chemise ? Mes doigts tremblants rencontrent une peau fine, brûlante, un muscle tendu, un nerf palpitant… et s’arrêtent sur une imperfection. Je ne saurais dire quoi exactement, une blessure, une cicatrice ? Je tremble de tous mes membres, et ma respiration que je tente en vain de retenir se fait haletante. Pourquoi ? Pourquoi toute cette mise en scène ? Qu’attend t-il de moi ? Pourquoi ne parle-t-il pas ?

Mon inconnu se colle tout contre moi, pressant son torse contre mon corps frémissant. L’angoisse, la terreur me nouent la gorge. Je voudrais parler, je voudrais crier… et aucun mot ne sort de ma bouche. J’ai l’impression de me retrouver en plein cauchemar. Ces mauvais rêves où l’on voudrait fuir et où l’on ne parvient à avancer, où l’on voudrait hurler et où l’on ne peut prononcer un mot. Je suis tout simplement incapable d’émettre un seul son…

La lune trop blême,
Pose un diadème,
Sur tes cheveux roux…


Je me fige. Mon visage blêmi, se décompose. Cette voix, cette chanson… Comme une malédiction… Combien de fois l’ai-je entendue ? Non… C’est… impossible. Ca ne peut pas être lui, ça ne peut pas !

La lune trop rousse…
De gloire éclabousse,
Ton jupon plein d'trous !


Non ! Un hurlement jaillit de mes lèvres, résonne dans l’air glacé de la cellule. Cri de terreur, d’horreur, de désespoir…Il est revenu, il est revenu… Pire que tous les démons des Limbes, pire que le Diable en personne. Me suivra-t-il jusqu’en enfer ?! Je pensais ne plus jamais, plus jamais le revoir lorsque l’on était venue me chercher en ce jour béni de juin, m’annonçant que j’étais désormais libre.
Et moi qui m’étais juré de les oublier, je me souviens encore des dernières paroles qu’il m’avait alors adressées…

- Je suis libre désormais, plus jamais tu ne me feras de mal, plus jamais !
- Crois-tu réellement que ces barreaux me retiendront longtemps ? Je reviendrais Sybille, je reviendrais, je te le promets…
J’avais alors secoué la tête, chassant violement ces paroles d’une seule pensée. Des mots dans le vent… Rien de plus… Oh, pourquoi n’y ai-je pas prêté plus attention ?
- Non ! C’est terminé tout ça, terminé ! Je ne te reverrais plus jamais, jamais ! Je vais t’oublier Sebastian, tout cela ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir ! Adieu !
Et je m’étais enfuie en courant, sourde à tes cris et tes menaces que tu hurlais dans mon dos, tel un possédé :
- Tu ne peux pas m’oublier, tu ne peux pas ! Je reviendrais Sybille, tu m’entends ? Je te retrouverais, j’irais jusqu’au bout du monde si il le faut ! Tu es à moi, à moi !

A toi... Je t’avais dis adieu, et nous nous retrouvons en enfer…
Pourquoi ?!
Les larmes roulent silencieusement sur mes joues, tandis que je regarde fixement devant moi, les yeux rivés au-dehors, incapable de faire un seul geste. Sinon de trembler. Je l’imagine dans mon dos, un air extasié sur son visage, ses yeux d’ambre brillant d’un éclat fauve dans l’obscurité de la pièce. Se délectant de ma peur, s’enivrant de mon odeur… Un cauchemar... Mon cauchemar. Tatoué sur ma peau, ancré en moi, dédoublement de mon âme. Me laisseras-tu un jour un paix ? Ou seule la Mort sera-t-elle capable d’enfin nous séparer ?

Mes larmes roulent de plus belle lorsque tes lèvres se posent sur ma nuque. Un violent spasme me parcoure, mes ongles s’enfoncent dans ma paume. Je lutte pour ne pas hurler à nouveau. Venez m’aider, quelqu’un, quelque chose… N’importe qui, n’importe quoi… Mais ne me laissez pas seule avec lui, je vous en supplie… Laisse-moi, je t’en conjure ! Vas t’en, pars, j’ai déjà trop souffert par le passé ! Pourquoi est-ce que tu me hantes ainsi… ?
Tu te serres de plus belle contre moi. Effleurant le lobe de mon oreille de tes lèvres dont tu ne m’as que trop forcée à connaître le goût. Je ravale un sanglot, frémissant en sentant ton souffle brûlant, haletant tout comme le mien, sur la peau fragile de mon cou. Que me veux-tu ? Cesse de jouer avec moi, s’il te plait… Tu vas me rendre folle…
Même si je sais pertinemment que la torture ne fait que commencer. Combien de jours, combien de nuits as-tu passées, serré contre moi, jubilant en me sentant trembler de peur, attendant, redoutant le moment où tu te déciderais enfin à faire ce que tu désirais, le cœur prêt à exploser sous l’angoisse et la terreur ? Tu aimes ça, me terroriser, me pousser à bout, jouer avec moi comme un chat le ferait avec une souris, jusqu’à ce que tu te décides enfin à m’achever ? Je sais que tu aimes ça ! Alors vas-y, qu’attends-tu ?!

Chante avec moi, Sybille, chante la suite… ou je te tue. Tu sais ce qui vient ensuite… Tu sais.

Un hoquet de stupeur mêlé de crainte s’échappe de ma bouche, à moitié étouffé par les larmes et les tremblements qui m’agitent. Tu me menaces ? Mais tue-moi, tue-moi donc si tu en es capable !
Je n’attends que ça…
Toujours dos à lui, je dégage finalement mon poignet gauche de sa main, secouant vivement la tête dans un geste négatif. Non, non je ne chanterais pas. Je… ne peux pas, je ne peux pas ! Evidemment que je sais ce qui vient ensuite, et je sais très bien que tu ne l’ignores pas ! Tu joues, encore et encore, te repaissant de ma peur, te nourrissant de ma détresse. Vampire… Plante-moi tes crocs dans le cou et tue-moi, que tout ceci soit enfin terminé !
Je m’apprête à répliquer lorsqu’un coup donné à l’intérieur de mon ventre me fait lâcher un gémissement, et je me plie légèrement en deux, une main plaquée sur ce dernier, l’autre crispée sur le rebord de la fenêtre. Non, je ne peux pas… Pas avant de l’avoir délivré lui. Ce serait comme commettre un meurtre. Je ne peux pas ôter la vie de cet enfant en mettant fin à mes jours. Je n’en ai pas le droit. Mais…
Une horrible idée me saisit. Lui… il ne se fera certainement pas prier pour le faire. Il a sûrement dû le remarquer. Comment ne pas le voir ? Mais alors, pourquoi n’a-t-il rien dit ?
Je tremble de plus en plus violement. Il ne peut pas faire ça. Il n’a pas le droit ! Si il tue mon bébé… ce sera de ma faute.
Je refuse.

Résignée, je relève la tête. Tu as gagné, une fois de plus. Savoure cette victoire, savoure-la bien ! Car ce sera une des dernières que tu auras sur moi. Tu m’auras peut-être eue, mais jamais tu ne toucheras mon enfant. Jamais. Lentement, d’une voix douce et triste et que je force à ne pas trembler, j’entame la suite de cette mélodie maudite. Me condamnant moi-même. Je connais la suite. Et tu n’es rien d’autre qu’un monstre pour m’obliger à faire cela. Me forcer à t’obéir, et à prononcer moi-même ma sentence…

- Petite mendigote
Je sens ta menotte
Qui cherche ma main…


Délicatement, ma main tremblante vient se poser sur la tienne. Tu t’empresses de la serrer entre tes doigts. Moi, je grimace dans ton dos, toujours face à la vitre. Je devine déjà le sourire triomphant qui se peint sur tes lèvres…
A contrecoeur, je me retourne. Les yeux rivés sur le sol de pierre. Je ne veux pas croiser ton regard, je ne veux pas !

- Je sens ta poitrine
Et ta taille fine
J'oublie mon chagrin…


Les joues baignées de larmes, je me serre contre ton corps brûlant. Je sens ton cœur qui bat dans ta poitrine, presque aussi fort que le mien. Et je plante mon regard dans le tien, un air de défi sur le visage, malgré la peur qui se lit dans mes prunelles émeraude. Je ne… peux pas chanter la suite. Je ne veux pas, c’est au-dessus de mes forces.

-Pourquoi… Pourquoi es-tu revenu ?

Biche effarouchée, je tremble entre tes bras. Que vas-tu faire de moi ? Je me débats, soudainement subjuguée par la panique que je tente de refouler depuis que tu es arrivé. Lâche-moi, lâche-moi !
Je t’en supplie… Je hurle.

- Qu’est-ce que tu me veux ?! Ce qui s’est passé il y a plus de trois ans ne te suffit donc pas ?! Laisse-moi Sebastian, je t’en supplie !

Je te hais…


Dernière édition par le Mar 15 Jan - 9:27, édité 4 fois
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Sebastian A. Owlson
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeDim 23 Déc - 12:34

Je t'aime tant…
Je retrouve tout. Chaque geste, chaque sensation…chaque sentiment. Sybille… As-tu enfin saisi la démesure de l'amour que je te porte ? As-tu compris avec quelle force, avec quelle puissante fatalité ma passion peut te maintenir captive, là, tout contre mon cœur, tout en lui, tout en moi ? Je te rend immortelle, Sybille ! Si tu savais avec quelle préciosité j'ai cultivé ton souvenir… Tu ne m'as jamais quitté… Tout comme je ne t'ai jamais quitté.

Je vois tes songes, Sybille. Je les sens comme s'ils étaient miens. J'ai fait en sorte que jamais tu ne puisse te défaire de moi… mon souffle brûlant dans ton cou si tendre, le rude contact de mon corps trop nerveux contre la mollesse du tien, mon regard dévorant, avide dans cette mer d'émeraude, perdue au fond de tes prunelles… Que moi seul savait, pouvait voir. Toutes ces choses, nous les partageons. Deux corps pour un âme. Oh ! Et quelle âme !

Je resserre encore un peu le carcan de mes bras autour de tes épaules trop frêles. Ce contact, Sybille, je le connais… par cœur ! N'est seulement la présence dérangeante de cet autre… Reflet physique d'un fantôme qui n'entre pas dans mon monde. Et qui n'y entrera pas. Un simple gêneur. Pas même besoin de faire appel à un de mes communs coups de sang… Il mourra. C'est un fait. Une évidence. Tu l'as déjà compris, Sybille, ma tendre, ma faible créature brisée… Poupée de chiffon qui n'est qu'à moi. A moi.

Citation :
"…je t’en supplie !"

Rien n'a changé.
Parfait.
Seulement… Oh, ce ne doit pas être grand chose… Mais tout de même. Je fronce légèrement les sourcils, détaille avec avidité son visage baissé.
Tu n'as pas achevé la chanson, Sybille. Tu as interrompu le rituel. Pourquoi ? Non pas que je te soupçonne capable de rébellion… Tu es bien trop captive, pour de telles preuves de courage stupide et borné. Ce doit être la surprise… Non. La joie. Tu ne le sais pas… Mais je suis sûr que, au plus profond de ton âme, sous les méandres inavoués de ta conscience, tu es soulagée de me retrouver. L'humain est un être débile. Besoin d'habitude. Pousse le vice jusqu'à s'enliser avec délices dans son malheur familier.
…Je t'aime.

Délicatement, mes doigts viennent cueillir le menton de mon amour, et relèvent avec fermeté son visage vers le mien. Mon sourire s'étend démesurément lorsque je peux enfin plonger mon regard dans la couleur tant connue, jamais oubliée, toujours désirée, de tes yeux d'émeraude. Amour, amour… amour ! J'avance doucement les lèvres, les paupières grandes ouvertes, un sourire en coin…
Et me détache de toi. Je fais un pas en arrière, te détaillant de haut en bas, comme on apprécie un tableau, une statue. Mon tableau. Ma statue.

"Pourquoi suis-je revenu ?"

Je répète ses parole, adoptant un air exagérément dubitatif. Je me moque d'elle. Même si je ne peux moduler les inflexions de ma voix –ce domaine subtil des tons, des expressions vocales, m'est totalement inconnu- mon visage suffit à faire passer le message. Mes poings se serrent, et je sens craquer les articulations de mes pouces.

Mais…je ne suis jamais parti. Ose avouer que tu as pu m'oublier...ne serait-ce qu'un instant.

A cette simple probabilité, j'éclate d'un rire silencieux –pour moi, du moins. C'est presque si je me plie en deux sous le coup d'une incontrôlable –démente ?- hilarité… Aaaaah. Je me sens si… bien ! Le monde est redevenu monde. Sybille est là, et je suis à nouveau vivant.
Joie.

Ma pensée suit à peine les actions de mon corps. Déjà, me voici à nouveau contre elle, la bloquant tout contre le mur, mes deux mains plaquées sur sa gorge blanche. Rrrrrh… Joie ! Un souvenir me revient, soudainement... Une image, une simple image. Sais-tu ma belle que je les ai trouvés beaux, les yeux de ton mari ? Bleus ! Bleus comme la mer, comme le ciel… Bleus comme une pureté que tu ne méritais pas. Il m'avait volée ! Il t'avait arrachée à mon emprise ! Mais c'est ma prise sur son cou qui fut la plus forte… Héhéhé. Il s'est débattu. Mais pas pour sa vie… Ton bâtard d'enfant. Il voulait absolument qu'il survive.
Raté.

Sais-tu, Sybille, qui je suis ?

Ma prise se resserre… Mais elle peut tout de même respirer. Je ne casse jamais mes jouets. Et tu es la clé de voûte de ma collection, la pièce maîtresse de ma vie ! Je tourne lentement le visage sur le côté, passe la langue sur ma lèvre inférieure, suivant le tracé froid de l'anneau de métal fiché dans ma chair. Je suis, je suis…

Je suis toi ! Je ne suis que toi, Sybille ! Suis-je vivant, ou ne le suis-je pas ? Aaaaaah… Bonne question, n'est-ce pas ? Pauvre, pauvre toute petite chose… Veux-tu connaître le secret ? Pourquoi, et comment je t'ai retrouvée ? Oooooh…

Mes lèvres s'entrouvrent, et je passe lentement la pointe de ma langue le long de sa joue tendre… Puis saisis ses bras, et la projette sur le lit le plus proche. Je m'avance, pose mes mains sur le barreaux qui soutient la couche du dessus, et me penche sur elle, me mordant brièvement la lèvre. Tu veux savoir ? Dis, tu veux ?

Je suis… ton reflet… Si proche de ta nature que je ne suis plus même frère, mais surtout sœur… Ame sœur. Sybille… JE suis le rebus vérolé de ta fragile conscience… JE suis ton ombre, faite de vermine, et de sang pourri, et cette ombre, c'est TOI.
TU m'as fait tel que JE suis… Car je suis toi, et tu es moi… Je suis la création éhontée de ton âme toute désirante de souffrance et de vices…


Je pose un genou sur le matelas rudimentaire, et saisis son visage dans ma main, serrant, je le sais, bien trop fort… Je tourne son visage, à droite, à gauche, et, penché sur elle, je souris aux anges. Je m'incline encore un peu, jusqu'à presser ma joue contre la sienne…

Suis-je vraiment réel ailleurs que dans ton esprit, ô ma chose ?
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeDim 23 Déc - 15:23

Ses doigts sur mon menton. Sa peau contre la mienne. Tout ceci… me répugne, me révulse. Me donne la nausée. Mon corps tremble comme il ne l’avait encore jamais fait auparavant. Forcée de relever la tête, je redresse les yeux, croisant inévitablement son regard triomphant, fou de joie. Ses yeux, ses yeux… Arrête de me regarder comme ça, par pitié ! Incapable de soutenir son regard plus longtemps, je baisse à nouveau mes prunelles émeraude, comme absorbée par la contemplation de ces dalles de pierres qui jonchent la cellule. Je suis pitoyable… Mais comment faire autrement ? Je ne peux pas lui résister, c’est… tout simplement impossible. Oh Sebastian ! Sois maudit ! Sois maudit pour tout le mal que tu m’as fait, que tu me fais et que tu me feras sûrement ! Sois maudit pour cette éternelle crainte, cette éternelle menace que tu fais planer sur moi, sans relâche, sans cesse, venant jusqu’à me hanter dans mes cauchemars les plus sombres…
Ton visage s’avance vers le mien, tes lèvres se rapprochent. Je déglutis, reculant le plus possible qu’il m’est donné de faire par tes bras qui me pressent contre ton corps fébrile. Arrête !

M’aurais-tu entendue ? Un sourire appréciateur au coin des lèvres, tu te recules légèrement, me libérant enfin de ton emprise… et tu me contemples d’un air inquisiteur. Comme face à la Gorgone Méduse, je ne puis bouger, pétrifiée. Comme hypnotisée par ton regard félin. Je tremble, les yeux luisants de peur. Que vas-tu me faire ?

"Pourquoi suis-je revenu ?"

Oui… Pourquoi es-tu revenu… Pourquoi reviens-tu me hanter, me harceler, me terrifier, au moment où je suis à deux doigts de sombrer ? Je me mords la lèvre, détournant une fois de plus le regard, le feu aux joues. Tu te moques de moi… Ris, ris ! Ris tant que tu le peux… Un jour, tout cela changera.
Et tu payeras pour tout ce que tu m’as fait subir.

Mais…je ne suis jamais parti. Ose avouer que tu as pu m'oublier...ne serait-ce qu'un instant.

Il éclate de rire. Mes larmes, elles, roulent lentement sur mes joues brûlantes. Parce que je sais qu’il a raison. Je sais que tu as raison ! Et tu le sais très bien… Et tu ris ! Fou que tu es ! Dément, démon ! Retourne à l’enfer auquel tu appartiens !
Non, jamais je n’ai pu oublier… Jamais… Comme si une parcelle de ton être s’était immiscée dans mon esprit, se complaisant à se manifester dans mon sommeil, me faisant hurler d’effroi. Torture mentale… que tu poursuis à présent, te délectant de mon impuissance. Car tu sais que je ne résisterais pas, tu sais que je ne le peux pas ! Au lieu de me laisser en paix, ta colère n’en serait que plus terrible. Et cette colère… je la crains. La redoute. Car je sais très bien que jamais tu ne me tueras. Tu me feras connaître les douleurs les plus horribles qu’il puisse exister sur cette Terre, tu me feras visiter les bas-fonds de l’Enfer, me torturera, m’écrasera, me brisera, jusqu’à ce que ne sois plus rien qu’un corps détruit, vide de toute volonté. Rien de plus qu’une âme errante, n’obéissant qu’à tes seuls désirs. Mais jamais tu ne me tueras. Tu as trop besoin de moi.
Mais tu fais erreur de croire que l’inverse est réciproque…

! Un cri étouffé s’échappe de mes lèvres. Mon dos heurte violement le mur tandis qu’il se presse contre moi, refermant ses mains sur ma gorge. La panique empli mes yeux d’émeraude. Que fais-tu ?! Lâche-moi ! Tu me fais mal ! Et pas seulement à moi-même d’ailleurs… une violente douleur me fait lâcher un cri de souffrance lorsqu’il se serre contre moi, appuyant sur mon ventre. Arrête… Je voudrai hurler, mais le souffle me manque. Et même si je peux tout de même respirer, je ne tiendrais pas longtemps ainsi. L’oxygène se raréfie dans mes poumons, ma respiration se fait plus pressante, haletante. Je suffoque.

Sais-tu, Sybille, qui je suis ?

Sa prise sur ma gorge se fait plus forte. Les larmes aux yeux, je secoue négativement la tête, aussi vivement qu’il m’est possible de le faire. Tout tourne autour de moi. A quoi joues-tu ? Que veux-tu réellement ?! Dis-le moi, dis-le moi ! De minuscules étincelles blanches tournent autour de mon visage. Mes membres s’engourdissent, j’halète, à bout de souffle.

Je suis toi ! Je ne suis que toi, Sybille ! Suis-je vivant, ou ne le suis-je pas ? Aaaaaah… Bonne question, n'est-ce pas ?

Non ! Non tu n’es pas moi ! Jamais tu ne le seras, jamais ! Tu es fou, complètement fou… Toi et moi… ne nous ressemblons en rien… Pauvre fou, obsédé par les chimères de ton esprit !

Pauvre, pauvre toute petite chose… Veux-tu connaître le secret ? Pourquoi, et comment je t'ai retrouvée ? Oooooh…

Sa langue effleure ma joue. Frisson de dégoût. Je tente de détourner la tête, à bout, mais il me saisit violement les bras, m’envoyant valser sur l’une des quatre couchettes meublant la pièce.
Le choc passé, je respire enfin. Réflexe salvateur, qui s’effectue presque inconsciemment. J’inspire profondément et mes yeux me piquent en sentant l’air s’engouffrer dans mes poumons. Je tente de me relever, de m’enfuir, de lui échapper… mais déjà il est sur moi, me barrant le passage de son corps dressé devant le mien, s’appuyant contre le barreau supérieur du lit. Pauvre petite chose… Oui… Prostrée sur ce matelas, tremblante de peur et d’horreur, mon regard suppliant rivé au tien… oui, je suis ta chose, ton esclave ! Et jamais cela n’a changé, malgré tous mes efforts… Epargne-moi mon Roi… Mais dis-le moi ! Je veux savoir… savoir pourquoi tu me poursuis, pourquoi tu me hantes !
Pourquoi tu m’obsèdes…

Je suis… ton reflet… Si proche de ta nature que je ne suis plus même frère, mais surtout sœur… Ame sœur. Sybille… JE suis le rebus vérolé de ta fragile conscience… JE suis ton ombre, faite de vermine, et de sang pourri, et cette ombre, c'est TOI.
TU m'as fait tel que JE suis… Car je suis toi, et tu es moi… Je suis la création éhontée de ton âme toute désirante de souffrance et de vices…


Mon visage livide est désormais baigné de larmes. Complètement détruite. Arrête de me torturer, arrête ! Je ne t’écoute pas, je ne t’écoute plus, regarde ! Je plaque mes mains sur mes oreilles, secouant violement la tête, criant pour ne plus entendre ce blasphème sortant de ses lèvres. C’est faux ! Totalement faux ! Tu n’es qu’un Démon, envoyé par le Diable lui-même pour me torturer ! Comment aurais-je pu donner naissance à une telle créature, comment l’aurais-je pu ?! C’est impossible ! Tu délires, tu divagues Sebastian ! Tu es fou, complètement !
Tes doigts s’emparent de mon visage. Je gémis, tu serres si fort ! Et tu fais tourner ma tête, encore et encore… Mes larmes continuent à couler. Ne suis-je donc qu’un jouet à tes yeux ? Cesse de t’amuser de la sorte ! Ta joue se presse contre la mienne. Ton contact me fait frémir, une fois de plus. Te rends-tu seulement compte de toutes ces sensations que tu fais naître au creux de mon être ? Oui, sûrement. Sinon tu ne t’acharnerais pas de la sorte. Je suis même certaine qu’en ce moment même, tu ris, tu savoures ce moment de terreur pure, de domination malsaine que tu exerces sur moi. Tout près de mon oreille, tes lèvres s’agitent. Souffle chaud sur ma peau glacée…

Suis-je vraiment réel ailleurs que dans ton esprit, ô ma chose ?

Oui, oui tu l’es ! Une âme hostile, vicieuse, terrifiante, tourmentée peut-être, qui prend malin plaisir à me faire perdre dans le berceau même de l’horreur ! Et lorsque la vie quittera mon corps brisé, tu t’en iras, jetant ton dévolu sur une autre victime innocente. Car tu ne mourras point, tu ne t’évanouira pas dans la nature, n’est-ce pas ? Tu ne t’envolera pas en fumée à l’instant même où mes paupières se fermeront définitivement, lorsque l’ultime souffle de la vie se sera envolé de mes lèvres de marbre, enfin délivré de ton obsession ? Car tu ne peux le nier Sebastian… je t’obsède… comme tu m’obsèdes… Rêvais-tu aussi de moi, chaque nuit ? Te voyais-tu, me terrorisant, me caressant, m’embrassant, me battant, me violant, ou même me contemplant simplement, comme je te voyais le faire ? Ressentais-tu l’extrême opposé de ce sentiment de pure terreur qui m’éveillait en sursaut dans un hurlement d’effroi ? Te sentais-tu heureux, puissant ? T’arrivais t-il d’éclater de rire, ce même rire que tu poussais lorsque tu étais particulièrement satisfait, me voyant complètement soumise à ton être ?
Chantais-tu ta chanson au même moment où je l’entendais dans mes rêves… ?

Tu desserres enfin ta prise, laissant pendant quelques instants l’empreinte de tes doigts sur mon menton meurtri. Profitant de ce fait, je recule d’un bond, me collant contre le mur du fond, désireuse de mettre le plus de distance entre toi et moi. Et j’ose enfin affronter tes prunelles d’ambre en y plongeant mon regard émeraude, tandis que je lâche finalement d’un ton véhément, tremblant de rage et de peur :

- C’est faux ! C’est faux, et tu le sais très bien !

Je marque une légère pause. Ma voix reprend un peu d’assurance tandis que je me redresse légèrement, secouant vivement la tête, faisant ainsi danser les mèches flamboyantes de mes cheveux telles des flammes autour de mon visage… :

- Jamais je ne t’ai demandé de me hanter, de me harceler, de me torturer de la sorte ! Cesse de jouer avec moi Sebastian, je t’en conjure ! Que veux-tu réellement ? Qu’attends-tu de moi ?!

Raté… Ma voix se brise à nouveau dans un sanglot. Vaincue, je baisse à nouveau les yeux, enfonçant mes ongles dans la paume de mes mains. Et c’est ainsi que, recroquevillée sur moi-même, je murmure ces quelques mots :

- Comment aurais-je pu créer pareil monstre… ? Tu n’es pas moi, tu ne peux pas…

Je déglutis. Non. Tu as tort. Tu crois m’avoir, me manipuler ainsi ? Tu te trompes. Tu-n’es-pas-moi…

- Jamais tu ne seras mon égal, pas même mon ombre ! Tu ne me ressembles en rien Sebastian, en rien !

Une deuxième fois, tu éclates de rien, avant de te pencher vers moi, posant ton autre genou sur le matelas qui grince légèrement sur le poids de nos deux personnes :

- Ma pauvre petite chose… En es-tu seulement convaincue ?

Je me mords la lèvre. Et hoche la tête d’un geste affirmatif. Oui, oui je le suis… Oui…

- Oui ! Je ne veux plus souffrir, je n’ai jamais demandé à ce que tu viennes me torturer !

Je me redresse, m’écartant de toi. Le mur rugueux me râpe le dos. Je grimace, mais tiens bon. Non, tu ne m’auras pas…

- Si tu n’es rien de plus qu’une création de mon esprit, alors pars ! Vas-t’en, laisse-moi ! Pars, je te l’ordonne !

Mon ton est ferme, impérieux, mais la lueur suppliante dans mon regard témoigne de toute la fragilité de mes paroles. Il ne suffirait que de quelques mots…
Pars, je t’en supplie… Laisse-moi…


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Sebastian A. Owlson
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeDim 30 Déc - 10:14

Te laisser ?
Jamais… Jamais, jamais, JAMAIS ! Tu m'entends ? Pauvre chose, débile créature… si faible… si piteuse âme, vacillante comme une flamme privée d'oxygène… Accepte-le ! JE suis ton oxygène, et tu ne vis que parce que je suis. Je sais, je sais que c'est cette souffrance qui te nourrit, qui te pousse, te dicte chacun de tes actes… Tu es aussi malsaine que moi ! Oooooh, si vile, et si pure. Tu es si moi, mais aussi si toi… Et d'autant plus désirable, tendre dualité.
Désirable.

En parlant de ça… Je la reconnais avec délices, cette douce chaleur dans mon bas-ventre… Combien de temps ? Trop, oooooh, vraiment bien trop de temps pour moi… Je ne dis pas que je me suis tenu tranquille, entre temps. Mais ce n'était pas pareil. Mais bon… Maîtrisons-nous un peu. Inutile de gâcher le rituel de nos retrouvailles avec un hâte trop grande… Je m'assieds sur mes talons, la tête légèrement inclinée pour ne pas toucher le "plafond" formé par le lit supérieur. Se cogner le crâne en un pareil moment serait d'un ridicule…

Jamais demandé à être torturée ? Mais de quoi parles-tu ? Je ne te torture pas… Je t'aime.

Pauvre bestiole… Elle s'écarte encore plus, tentant de mettre le maximum de distance entre nos deux êtres. Une cinquantaine de centimètres, tout au plus. Mais je ne fais pour le moment aucun geste pour me rapprocher. Je risquerais de ne plus pouvoir contrôler mes ardeurs… Un fin sourire danse sur mes lèvres, tandis que je la détaille, sans mot dire. Plus par envie de la mettre mal à l'aise qu'autre chose. Je connais son corps par cœur… Alors, que mes yeux soient ouverts, ou fermés… Je la vois avec la même précision.

Tu disais ? Oh…

De toutes façons, quelle sorte d'importance peuvent bien avoir ses paroles ? Des piaillements de moineau, des couinements de petite souris. Je me souviens que, dans le temps, c'est à peine si je prenais le soin de lire sur ses lèvres… Je deviens gentil.

En fait, non.

Je passe presque innocemment la langue sur mes lèvres… "ça" commence à s'impatienter, là-dessous. Je suis indécis. Parler encore, histoire de la terrifier encore un peu ? Cette sublime vibration de peur… totalement nécessaire, je l'avoue, à mon propre orgasme. Ou bien… tout de suite ? J'ai suffisamment attendu, je pense. Trois ans, au moins… Trois ans d'impatience, trois ans de haine, de recherche fiévreuse. Trois ans de souffrance pure. Pour moi… comme pour elle. Car elle m'a dans la peau, et c'est un fait. Je suis ce souffle sur ton cou… Cette ombre dans ton dos… Qui te guette, t'épie, te ronge. Combien de fois, Sybille, combien de fois t'es tu retournée sur tes pas, craignant de me trouver là ? Combien de nuits es-tu restée éveillée, terrorisée par mon simple souvenir ?
Hmm. Ce sera donc… maintenant.

Avec un calme froid, je laisse glisser ma veste de détenu le long de mes bras. Le morceau d'étoffe grossière retombe mollement sur le lit, dans mon dos. Avec délectation, je fais craquer mes doigts. J'y pense… elle ne les connaît pas, mes tatouages… Leur apparition est postérieure à notre dernière "partie". Oooooh… Ce n'en sera que plus amusant. Elle aura bien le temps d'en découvrir chaque secret. Pour le moment, seuls les dessins incrustés dans mes bras son visibles. Nids de serpents, mêlés comme une corde, s'étirant de mes épaules au bout de mes doigts. Je retourne mes mains, et ce sont deux gueules reptiliennes aux yeux flamboyants, avides, tout crochets dehors, qui s'épanouissent comme fleur au soleil.

Mon Soleil, tu les aimes, mes jolies fleurs ?

" - Si tu n’es rien de plus qu’une création de mon esprit, alors pars ! Vas-t’en, laisse-moi !

Les gueules disparaissent. Je serre les poings, à m'en faire saigner les paumes. De… QUOI ? Que dit-elle ? Non… non, non, NON ! C'est impossible. J'ai dû me tromper, mal interpréter le mouvement de ses lèvres, tout à mon excitation.
Car… elle n'en a pas le DROIT. Pire, je sais qu'elle n'en a pas les capacités. Un mot ? Juste un mot à mon encontre… C'est une première. Ohhh… Elle en a fait, des suppliques. Elle en a chialé, jusqu'à l'épuisement... Mais un… un désir de rébellion ? Un ORDRE !
C'est… c'est n'importe quoi…! Tu mens, tu mens, tu mens ! Arrête de jouer, c'est pas drôle… Tu triches ! Tu triches ! Pourquoi tu veux pas jouer normalement ? Obéis-moi ! C'est ça, la normalité… Obéis-moi !

Pars, je te l’ordonne !

Mon cœur bat à tout rompre, il va exploser… Qu'est-ce qui se passe ? Bordel de… C'est pas vrai ! Le rite, le rite ! Tu l'as oublié ? Tu m'as oublié ? Je… Espèce de… Pourquoi tu me fais mal ? Je jouais, je jouais !
Les yeux écarquillés, je retombe en arrière, m'appuyant sur mes paumes. Je ne cille plus, je ne vois rien non plus. Où est passée ma Sybille ? Je me suis trompé ? C'est pas facile comme avant ! C'est dur, c'est trop dur ! Depuis quand elle s'oppose à moi de la sorte ? Depuis quand elle me donne des ordres ?

T'es méchante…

Fixant toujours le vide, je ramène mes jambes contre ma poitrine, croise les mains sur mes chevilles. Prostré, légèrement frissonnant, je me balance légèrement d'avant en arrière. Mon âme semble s'être momentanément déconnectée… Histoire de gérer cette nouvelle information trop…déroutante… pour moi. Comme une bête blessée à mort, mon esprit court, cherche, s'égare, tentant de comprendre ce qui a pu rompre le rituel… MON rituel.
L'ordre du monde est rompu.
Mon monde.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeDim 30 Déc - 15:02

J’ai l’impression que mon cœur va exploser. C’est horrible comme sensation. Insupportable. Tétanisée, je le regarde s’asseoir sur ses talons, inclinant légèrement la tête. Son éternel sourire aux lèvres. Je… j’ai l’impression qu’il va me sauter dessus d’un instant à l’autre. Comme un lion bondirait à la gorge d’une gazelle, un loup sur une biche. Vas-t’en. Ne me touche pas… Tremblante de peur, je n’ose détacher mon regard de ses yeux d’ambre. Des prunelles dorées, félines.
Il est le chasseur.
Et je suis sa proie…
Oh mon Dieu…

Jamais demandé à être torturée ? Mais de quoi parles-tu ? Je ne te torture pas… Je t'aime.

Menteur. Menteur, menteur, MENTEUR ! Comment donner un autre nom à ce que tu me fais subir en ce moment même ? Est-ce de l’amour que de me terroriser de cette façon, de jouer avec mes nerfs, des les ronger, petit à petit, jusqu’à ce que je rende enfin les armes ? Jusqu’à ce que je t’implore, te supplie d’en finir, de m’achever ?
Est-ce de l’amour que de me torturer mentalement, de me réduire à l’état d’esclave ?!
Car tu le sais. Tu le sais que je ne peux pas te résister. Que tôt ou tard je cesserais la lutte, je me soumettrais, créature épleurée, obéissant au moindre de tes désirs. Et tu aimes ça. Me briser, me détruire, me pousser à bout…
Monstre…

Toujours souriant, tu me contemples, me détailles, silencieux. Arrête. Je hais quand tu m’observes de la sorte. J’ai l’impression d’être… un objet, un animal que l’on admire, appréciant son apparence, cherchant le moindre défaut, le moindre petit détail. L’impression que tu peux voir au travers de mes vêtements, qui en ce moment même, me semblent infiniment fins, légers, incapables de me protéger, que tu peux lire la moindre de mes pensées, la moindre parcelle de mon âme. Comme pour mettre encore plus de distance entre toi et moi, je ramène mes genoux contre ma poitrine, les enserrant de mes mains tremblantes. Vaine tentative pour dissimuler mon corps à ton regard fou.
Arrête. Sebastian, m’entends-tu ? Arrête, arrête !
Arrête…

Tu disais ? Oh…

Il ne m’écoute pas. Tu ne m’écoutes pas… Tu te moques de moi. Tu joues, tu joues, comme toujours !
Dans un geste horriblement malsain, ta langue glisse sur tes lèvres. Sournoisement. Effleurant cet horrible anneau de métal fiché dans ta chair. Tu n’avais pas ça la dernière fois… Et celui sur ton sourcil n’y était pas non plus… Quand, pourquoi ?
Fugitivement, la sensation de ta bouche sur la mienne me traverse l’esprit. Frissonnante de dégoût et de peur, je ferme les yeux, secouant brutalement la tête pour la chasser. Ce contact qui ne m’est que trop familier. Pourquoi as-tu fait ça ? Je sais que ce n’est pas dans ta manière de faire que de bouleverser tes habitudes, tes sensations. Qu’est-il arrivé pour que tu prennes une telle décision ?
Même si, pour moi, tout restera exactement pareil. Ce contact ne m’en sera simplement que plus désagréable en sentant ce cercle froid et doré s’enfoncer dans ma peau.
Je te hais…

Qu… Que, qu’est-ce que tu fais ? Non, NON ! Arrête, arrête ! Habilement, tu te défaits de ta veste, la laissant retomber sur le matelas dans un froissement d’étoffe qui me glace le sang. Et il n’y a pas que ça qui me terrifie. Ton air froid, imperturbable, comme si tout ceci était parfaitement naturel.
Et ça l’est… C’est ça le pire. Que, pendant des années, chaque matin, tu te glissais dans mon lit, m’éveillant en sursaut, me plongeant dans l’horreur et la douleur dès la première minute de mon éveil, t’amusant avec moi pendant de longs moments qui me paraissaient des heures, avant de te décider à me prendre.
Et le plus horrible dans toute cette histoire… c’est que si, à force de viols à répétition, ton corps m’est désormais totalement familier, toi… tu connais le mien… par cœur. Et tu en as joué de cette connaissance, oh que oui ! Tu te plaisais à me faire hurler, que ce soit de douleur ou de plaisir, pendant des heures, jusqu’à ce que je te supplie, d’une manière ou d’une autre, de mettre fin à mes tourments.
Quels qu’ils soient.
Naturel...

C’est peut-être ça d’ailleurs qui me terrorise le plus chez toi Sebastian. Cette connaissance incroyable de mon être. Que tu saches le moindre secret de mon âme, de mon corps, de mon esprit… Je ne peux… rien te cacher. Et encore moins rien te refuser. Car tu sais, tu connais quel est le moyen à employer pour me faire plier, la phrase à dire pour me faire taire, me faire obéir… Tu es capable de tout, du pire comme du meilleur… tu pourrais me faire jouir, là, maintenant, ou tout aussi bien me causer une douleur tellement puissante que j'en perde tout simplement conscience, si l’envie te prenait.
Et je te hais pour ça.

Mes mains se crispent violement sur le tissu grossier qui recouvre mes genoux. Qu’est-ce-que-c’est-que-ça ?! Incapable de faire le moindre geste, et encore moins de prononcer le moindre mot, je me contente de fixer ces atrocités résidant sur sa peau. Je… Il… Il n’a pas fait CA ? Dites-moi que je rêve…
Je voudrais détourner les yeux. Impossible. Comme attiré par un aimant, mon regard émeraude reste rivé sur ses bras, observant le plus infime détail de ces dessins cauchemardesques. Et, comme satisfait de ton petit effet, tu ouvres les mains. Dévoilant deux gueules béantes, deux serpents aux yeux étincelants qui ne me quittent pas du regard. C’est limite si je n’ai pas l’impression que, comme leur maître, ils ne vont pas jaillir de ses paumes pour se lover contre moi, me serrer, m’étouffer peu à peu, doucement, lentement.
Très lentement…

Mon Soleil, tu les aimes, mes jolies fleurs ?

Je hurle. Trop c’est trop. Je proteste, je hurle. Reprends ses mots d’auparavant, les lui crache au visage. Lui ordonnant de partir, de me laisser.
Vas-t’en…


Je n’aurais pas du faire ça. Son visage se crispe, ses mains se ferment. Violement. Comme incapable de croire ce que je viens de lui dire, il me regarde, les yeux écarquillés, choqué, horrifié. Et retombe en arrière, ses deux mains posées, appuyées sur le lit. Je me fige. Me crispe. Me recroqueville sur moi-même. Je n’aurais pas du faire ça. Je n’aurais pas du faire ça. Je n’aurais jamais du dire ça.
Mais-qu’est-ce-qu’il-m’a-pris-de-faire-une-chose-aussi-stupide ?!
Il ne va pas aimer. D’ailleurs, vu son air, je crois qu’il n’apprécie pas. Pas du tout, du tout du tout du tout. Mauvais. C’est très mauvais pour moi ça… Presque inconsciemment, je me mords violement la lèvre, laissant perler une goutte de sang. Il va hurler. Me frapper, me battre, me violer. Me tuer même peut-être, sous le coup de la colère et de l’indignation.
Jamais je n’ai osé lui résister de la sorte.
Jamais.

T'es méchante…

De… Quoi ? Mé… méchante ? C’est… tout ce qu’il trouve à dire ?
Interdite, je lui lance un regard ébahi. Mais il ne me regarde pas. Les yeux dans le vide, les jambes plaquées contre sa poitrine, dans ce même geste que j’ai souvent l’habitude de faire lors d’une violente émotion, ses mains croisées sur ses chevilles, il se balance doucement sur lui-même, comme ailleurs.
Fou.
J’ai l’impression d’entendre un enfant. De voir un gamin à qui l’on aurait refusé quelque chose en train de bouder. Il ne me frappe pas. Ne me hurle pas dessus.
Il ne me regarde même pas… Comme si je n’existais pas… ou plus ?
N’osant y croire, je cligne des yeux. Si… si j’avais su… Su que c’était si… si facile de lui résister, de le faire taire, de l’arrêter…
Pourquoi ne l’ai-je pas fait plus tôt ?!

Sous le choc, je demeure muette un bon moment, me contentant de le dévisager, ne sachant que faire. Puis, soudainement, j’éclate de rire. Un rire hystérique, presque dément. Qui dure pendant quelques instants, jusqu’à ce que je m’arrête enfin, à bout de souffle, les joues rougies, le cœur battant. Et je plante mon regard mordoré dans ses yeux absents, tandis que j’approche légèrement mon visage du sien, soufflant ces mots d’une voix haletante :

- Méchante… Oui je le suis, méchante… Mais dans ce cas, qu’es-tu, toi ?! Penses-tu réellement être mieux que moi ?! Tu es dix fois pire Sebastian, et encore ! As-tu réellement un jour réalisé tout ce que tu m’as fait subir ? Crois-tu que tout ceci… était de la gentillesse ?

Je marque une pause. Reprenant mon souffle. Si j’ai une chance, aussi infime soit-elle… de le faire partir, de le vaincre…

- Vas-t’en Sebastian, pars. Pars, et ne reviens plus jamais, jamais tu m’entends ?! JAMAIS ! Laisse-moi, c’est un ordre !

A bout, je me laisse tomber à genoux sur le matelas, mes cheveux roux cachant mon visage. Mes mains se crispent sur le matelas, empoignent les draps, les serrant doucement entre mes doigts :

- Pars, je t’en supplie… Pars…


Dernière édition par le Mar 15 Jan - 9:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeVen 11 Jan - 17:05

[NB : paroles de la chanson utilisée gracieusement chouravées à "Un Grand Secret", Indochine/Farmer]

Aaaaaaah… Ta gueule ! Ta gueule ! T'as pas le droit ! C'est pas normal, c'est pas… c'est pas vrai… Tu me mens, réalité, tu me mens ! Absurde, absurde, nous vivons dans l'absurde… Je veux mourir ! Je veux vivre ! Je veux te tuer ! Et je veux te prendre !
Réalité… Je te hais. Parce que tu n'es pas à moi. Parce que je ne peux pas resserrer mes mains sur ton cou. Parce que je ne peux pas laisser de marques rouges sur ton corps. Parce que tu te refuses à moi. Parce que tu ne m'obéis pas.
Et voilà, réalité, que ma chose se met à agir contre moi, comme toi.

Fermes les yeux, Sebastian, ferme les yeux… Oh… Laissez-moi me parler à moi-même. "Je" n'est jamais que cette personne qui a toujours pris soin de moi. "Je", m'a fait naître… "Je", m'a fait vivre… JE me suis fais naître, JE me suis fait vivre. Alors je me parle, me rassure, comme le plus fidèle des alliés. Il n'y a que moi, dans ce silence, que moi, sans son, sans voix… Et si je ferme les yeux ? Je meurs.
Mais je ne peux pas.
Je la vois.
Elle.
Se moque de moi.

Oh, bien sûr… je ne peux pas entendre son rire. Mais je la vois s'agiter… ses yeux brillent, sa tête bascule en arrière… Rire… Souffrir ?
Ne me dis pas que… tu as inversé les rôles ?
… NON ! Cela ne peut pas, ne peut pas, NE PEUT PAS être ce que ça semble être. Je ne vois pas ce que mes yeux observent. Et je ne sens pas cette rage dévorante, qui me ronge les tripes… Le balancement de mon torse s'accentue, nerveusement, compulsivement. Je secoue la tête, de droite à gauche, laisse échapper un gémissement… ou un mot… Je ne sais pas trop. Qui peut le dire… ?

Ordre ?

Je me convulse, tente vainement de reprendre mon soufflé, cherchant un air qui ne vient pas. Ne détruis pas les bases de mon monde ! Ce mot est un blasphème… sacrilège, sacrilège, SACRILEGE. Péché dans ma réalité, absurdité dans ma toute-puissance… Je sens que mon esprit s'égare. Sans mes repères habituels… je glisse dans le néant.
Sans ça, sans tout ce que j'ai formé, créé, ordonné… Je dérape, sans pouvoir me raccrocher à quelque chose… Même pas à mes sens… Surdité ! Mort auditive ! Mur de mots !
Tendues à l'extrêmes, mes mains remontent lentement le long de mes avant-bras, mes doigts suivants passivement le tracé sinueux de mes reptiles de chair… Je plante mes ongles dans ma peau, et, lentement, lentement, me griffe. Du coude, au poignet, du poignet, au coude. Encore, et encore… Je veux me raccrocher à cette douleur… Je veux sentir mon corps. Prostré, je sens quelques gouttes d'un liquide chaud s'échapper de plaies toutes fraîches.
Fraîches… Mais nées d'anciennes cicatrices.
Toujours la même chose.
Toujours.

Pars…

Oh, oui, pars, pars, réalité ! Veuve-putain de mon monde personnel… Pars… Je répète ce mot, encore, encore, je ne sais combien de fois, je ne sais combien de temps. Mais je n'ose toujours pas fermer les yeux.
J'ai peur du noir.
Et c'est ce que la douleur qui s'étale sur mes bras me rappelle.

Attends. Tu oublies.
Une chose : ta voix, ta vie. Il n'y a pas que le sang qui coule dans tes veines, de tes plaies, il n'y a pas que la lumière qui coule dans tes yeux.
Il y a… cette mélopée qui s'échappe de tes lèvres. Qui fait vibrer ta gorge, pulser ta poitrine… Te sentir vivant. Rétablis-le, rétablis ce monde ! Va ! Va !

"Laisse-moi faire comme un garçon…
Laisse-moi cette illusion.
Laisse-moi être ton roi…
Laisse-moi le faire comme toi…"


Les mouvements désordonnés qui déchirent ma peau ralentissent peu à peu, s'arrêtent. Mon corps se décrispe légèrement… Je recouvre la vue. Qui est là ? Mon regard réussit à se fixer. Enfin.
Et sur son visage… mon visage, qu'il se pose.
Oui… Ne vous êtes vous jamais questionné sur la subtilité de la langue ? La possession… c'est l'être. Ce qui est à moi, est moi. Ce visage est à moi. C'est mon visage.
Tu l'avais…oublié.

"Je ferai comme une fille qui se défend…
Une fille qui perd son sang…"


Chante, chante, encore ! C'est ça… c'est comme ça que le monde marche. Rien ne change. Je comprends… Je me suis…momentanément perdu, entre ma possession, et moi. Je ne suis pas possédé, je possède. Je ne suis pas la fille, je suis le garçon. Mais il m'arrive de faire semblant.
Et ça ne dure pas…

Je relève la tête, déplie mon corps, sens naître aux coins de mes lèvres mon sourire –ou mon démon- familier.
Echangeons à nouveau.
Pour nos deux âmes, il n'y a qu'un cota de courage commun. Je perds le mien, tu en gagnes. Je le récupère, tu te liquéfies. Mon sourire s'agrandit… Je lève lentement un doigt ensanglanté, le pose sur les lèvres de ma chose. Je l'ôte, mais y laisse une délicate trace vermeille.
J'achève.

Je te montrerai…
Comment on fait.
Et puis…
Je te remplacerai.


Un léger picotement sur la paume de ma main. Heh. Quoi de plus normal… Il faut dire que je viens de lui asséner une claque que je suppose "retentissante". Même si ce n'est qu'une expression, pour moi. Enfin… le tout est de comprendre que j' ai mis du mien. Sans douceur aucune, je l'attrape par le col, la secoue légèrement, vrillant mon regard flamboyant sur son visage que j'aime-déteste. Que j'aime détester. Que je déteste aimer. Oh… drôles de mots.
Mon sourire s'épanouit en un rire. Violent, rauque… il me prend aux tripes… mais je ne la lâche pas. Hystérie. Exactement comme la sienne, un instant auparavant.

Je suis de nouveau le garçon.

Je me penche doucement, et siffle avec lenteur la suite… Tu veux bien perdre ton sang pour moi ? Regarde, je viens de le faire, moi. Mes bras. Hein ? Jolie, jolie, jolie chose… Ouvre la bouche, que je te force à le goûter, mon sang. Haaa…
Oh ? Suis-je en train de parler ? Ou non ? Je ne sais pas. Ma pensée est si forte… que cela ne fait pas grande différence.

Je cille doucement, lui coule un regard sournoisement complice. Se rend-elle compte que c'est elle, et elle seule qui a fourni les raisons de sa propre aliénation ? Je répète ses mots, plissant légèrement les yeux, savourant ma victoire, savourant sa faiblesse.

"Oui, je le suis, méchante…" Et tu oses affirmer que tu n'as rien de moi ? Mais j'ai tout de toi ! Tu es tant capable de haine que moi… Tant, même plus… Avoue, avoue, avoue… tu m'as voulu. Je suis ta plaie. Tu es moi. Nous sommes un.

Mon ton, de moqueur, glisse doucement vers une sorte de sifflement menaçant. Je découvre mes crocs, caresse en même temps sa nuque, du bout des doigts. Je penche légèrement le visage sur le côté. Et, avec une horrible soudaineté dont je suis seul capable, me mets à hurler, de toutes mes forces, comme un dément, un démon qui s'arrache les poumons de joie.

AVOUE. Dis-le, dis-le, dis-le ! Nous sommes les mêmes. Ta réaction. C'est la mienne. Tu-es-moi-je-suis-toi. DIS-LE !

Légèrement essoufflé, j'ôte mes mains de son cou délicat. Je VEUX qu'elle prononce ces mots… Et elle a intérêt à le faire… Avec une lenteur mesurée, mon regard défiant le sien, je saisis les bords inférieurs de mon t-shirt, et l'ôte. Je suis méfiant. Et terriblement…excité. D'un geste impérieux, je me saisis de sa main, et presse ses doigts contre le premier bouton de mon pantalon. Mon âme vibrante d'une volonté à peine nuancée par un doute léger, je répète, serein.

Dis-le.
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeMar 15 Jan - 11:39

Ordre ?

Je relève la tête. Lâchant lentement les draps de mon lit, décrispant doucement les mains. Anxieux, mon regard cherche timidement le sien, tandis que mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Je me mords la lèvre. Un ordre, oui…
Je ne m’étais pas trompée. Il a l’air réellement… furieux. Et surtout dans un état de choc extrême. J’ai beau les chercher, ses prunelles dorées restent obstinément baissées, perdues quelque part entre le mur et le sol. Loin. Jamais je n’aurais pensé que de simples… paroles, de simples mots puissent le mettre dans cet état. J’ai presque peur de cette soudaine "crise". Parce que ça n’est pas normal. Sebastian aurait hurlé. Sebastian m’aurait frappé si j’avais eu l’audace de prononcer un seul mot contre lui. Sebastian… ne m’aurait tout simplement pas écoutée. Un tel manque de réaction, un tel silence est tout simplement… illogique dans son mode de pensée, sa manière de fonctionner.
Mais… ma soudaine révolte l’est aussi.
Anormale…

Je tremble. Mon corps tout entier est tendu, secoué de frissons incontrôlables, mes yeux émeraude à l’affût du moindre mouvement, du moindre geste. Une nouvelle goutte de sang perle au bord de ma lèvre inférieure. Dis quelque chose… Parle, crie, hurle ! Mais ne reste pas là sans rien faire…

Oh mon Dieu…
Horrifiée, j’écarquille les yeux, les pupilles dilatées. Le visage crispé par la terreur et le dégoût. Que… qu’est-ce-qu’il-est-en-train-de-faire ?! Incapable de détourner le regard de la rivière écarlate qui coule le long de ses avant-bras, je tremble encore plus violement, le cœur au bord des lèvres. Obligée de subir le spectacle de ses ongles griffant, pénétrant dans sa peau. Le liquide rouge se mêle à l’encre noire qui constitue les dessins démoniaques qui ornent son corps, ne faisant que rendre encore plus vivants les reptiles qui s’étendent sur ses bras.

- Pars…

Est-ce à moi qu’il s’adresse de la sorte ? Je ne sais pas… Ses yeux sont toujours perdus dans le vague, fixant un point imaginaire. Je ne crois pas. Pourtant… je le voudrais, partir ! C’est tout ce que je demande… Partir, m’en aller… Qu’il me laisse… Mais son corps prostré, recroquevillé sur lui-même me barre le passage. Vas-t’en Sebastian, laisse-moi… Laisse-moi tu m’entends ! Tu as perdu, tu l’as compris…Sinon… pourquoi te mettrais-tu dans un tel état ?
J’ai gagné… alors pars… laisse-moi en paix…

"Laisse-moi faire comme un garçon…
Laisse-moi cette illusion.
Laisse-moi être ton roi…
Laisse-moi le faire comme toi…"


Non ! Cesse de chanter, tu m’entends, cesse de chanter ! Tu as perdu, tu triches ! Tu n’as pas le droit de faire ça ! J’ai gagné, j’ai gagné… Je t’ai vaincu… Tu dois partir…
Mes yeux s’emplissent de terreur, tandis que lui cesse peu à peu son affreuse mutilation. Et c’est avec effroi que je le vois se redresser, se relever, poser son regard sur moi. Reprendre une fois de plus son ignoble sourire. Mon dos se presse contre le mur, tente de s’y fondre. Comme j’aimerais me mêler à la pierre, disparaître ! Ne plus avoir à supporter ces yeux fauves, cet horrible rictus qui ne fait que croître… Instinctivement, je me crispe lorsque je le vois lever la main. S’apprête-t-il à me gifler ? Je ferme les yeux, haletante, redoutant ce coup qui ne saurait tarder. Mon cœur bat de plus en plus violement, jusqu’à m’en faire mal.

… Contre toute attente, c’est simplement son index qui vient se poser sur mes lèvres closes. Je sens d’ailleurs sur celles-ci un goût amer, métallique. Du sang ? Je rouvre les yeux, effrayée… mais pas assez vite pour éviter sa main. Le son de sa voix est momentanément interrompu par le bruit retentissant que provoquent sa paume et ses doigts qui viennent de heurter ma joue. Un gémissement s’échappe de ma bouche, tandis que des larmes de douleur viennent briller aux coins de mes yeux. Ma joue me brûle… Je devine d’ailleurs déjà la trace rougeoyante qui doit s’y lire, témoin de la claque qu’il vient de m’assener. Je serre les dents, le visage crispé, alors qu’il continue à chanter comme si de rien n’était. La douleur est d’autant plus vive que j’ai senti les bagues métalliques qu’il porte aux doigts s’imprimer dans ma peau. Le regard luisant de haine et de larmes, j’essuie le liquide carmin qui coule lentement sur mon menton. Effaçant le sien avec.
Trace sanglante sur ma manche…

Il m’attrape par le col de ma chemise, me coupant le souffle. Avant de se mettre à me secouer d’avant en arrière. Même si le geste peut paraître doux par rapport à ce dont il peut être capable… je grimace. Son regard se plante dans le mien. Je le baisse aussitôt. Tu… n’aurais jamais du faire ça. Jamais.
La rage et la douleur vibrent dans mon corps, d’une puissance telle que j’en ai presque peur. Jamais je n’avais ressenti autant de haine à l’égard de quelqu’un. Jamais. J’ai tout simplement envie… de le tuer. D’arracher ce sourire à ce visage cauchemardesque, de faire taire ce rire démoniaque qui le secoue en ce moment même. Mes poings se serrent, mes yeux se ferment. Il se moque de moi… Comme toujours… Tu jouis de mon impuissance, n’est-ce pas ?! Hé bien ris, ris ! Mais je t’assure… Que je te tuerais ensuite.

Je suis de nouveau le garçon.

Non. Tu te trompes. Tu n’as pas gagné. Je ne te laisserais pas me vaincre, une fois de plus ! Et en moi, cette douleur, cette crispation soudaine me rappelle que j’ai une raison de lutter. Mon visage perd soudainement de ses couleurs, mon souffle se fait irrégulier, saccadé. Non ! Pas maintenant ! Je… ne dois pas, ne peux pas perdre la face… Arrête, je t’en supplie, arrête ça ! C’est pour toi que je lutte, pour toi ! Alors cesse cette douleur !
Lentement, il se penche vers moi. Je vois ses lèvres s’agiter, sans que je parvienne à décrypter, à décoder ce qu’il essaye de me dire. Le monde s’est brusquement coupé, arrêté. Ne restent que moi et mon enfant, moi et ce mal qui me vrille le ventre. Ma main se crispe dessus, et je rouvre les yeux, tentant vainement de chercher une solution.
Et je tombe nez à nez avec lui. Presque instantanément, la douleur cesse. A bout de souffle, j’inspire profondément, blême, livide. J’enrage. J’enrage à cause de cette faiblesse, à cause de ce mal qui me ronge ! J’enrage à cause de lui, ce monstre qui me torture, me dévore peu à peu !

"Oui, je le suis, méchante…" Et tu oses affirmer que tu n'as rien de moi ? Mais j'ai tout de toi ! Tu es tant capable de haine que moi… Tant, même plus… Avoue, avoue, avoue… tu m'as voulu. Je suis ta plaie. Tu es moi. Nous sommes un."

Je me fige. Autant à cause de ses paroles que de ses doigts qui effleurent la peau fragile de ma nuque. Un frisson me parcoure. Il… Tu mens. Tu délires, tu délires ! C’est n’importe quoi. Je ne t’ai JAMAIS voulu ! Jamais ! Et jamais je ne serais toi. Jamais. Pauvre fou…

AVOUE. Dis-le, dis-le, dis-le ! Nous sommes les mêmes. Ta réaction. C'est la mienne. Tu-es-moi-je-suis-toi. DIS-LE !

Mon cœur fait un bond phénoménal dans ma poitrine. Je sursaute, hoquette, ferme les yeux, effrayée par ses cris déments.

Je suis toi… et tu es moi…
Non…
Non.
Non !

- Jamais !

Dans un geste méprisant, je lui crache au visage. Pas très élégant, je l’avoue. Mais je m’en fiche… Totalement… Je suis tellement emplie de haine, de rage… que c’est vraiment le dernier ce mes soucis. Je vais le tuer. Je vais le tuer ! Terminé le temps où il parvenait à me terroriser d’un simple regard, d’un simple mot, terminé le temps où il me faisait trembler de peur d’un simple geste !
Plus jamais tu ne me toucheras… C’est terminé… Tu… ne me fais plus peur. Je ne veux plus avoir peur, tu m’entends ?!
D’ailleurs… toute émotion a quitté mon regard. Ne restent que la colère, la haine, tandis que je plante mes yeux dans les siens. Je-ne-baisserais-pas-la-tête. Je ne te laisserais pas gagner ! Imperturbable, je demeure immobile alors qu’il retire son t-shirt d’un geste horriblement lent. Mais je ne cille pas. Je ne baisse même pas les yeux pour tenter de voir ce que représente le tatouage que je devine sur son torse. Je n’ai pas le droit à l’erreur.
Encore un mot, un geste… Et tu vas regretter.
Amèrement.

Sa main vient se saisir de la mienne. Obligeant, pressant mes doigts contre le bouton de son pantalon. Je serre les dents, ne laissant aucun sentiment se lire sur mon visage. Même si, intérieurement, je suis glacée d’effroi. Je peux… sentir l’ardeur, l’excitation qui l’habite, là, juste là, sous le tissu tendu qui se trouve sous ma main. Ca… c’est ce qui t’attend si tu échoues Sybille.
Mon poing se serre.
Ne le laisse pas gagner…

Dis-le.

Un horrible craquement retentit dans la pièce. Avec toute la force et la haine dont j’ai été capable, mon poing vient de s’écraser dans sa figure. Je me recule légèrement sur le lit, les yeux écarquillés, comme stupéfaite par ma propre violence, ma propre audace. Son visage est en sang. A en juger par le bruit que j’ai entendu… je pense que je lui ai cassé le nez.
Et je n’en éprouve aucun remord.
J’ai même envie de recommencer.
D’ailleurs… c’est ce que je fais.
A nouveau, ma main se lève, et mes doigts claquent violement sur sa joue. Ma paume me pique. Mais je n’en laisse rien paraître. Et, à présent, c'est moi qui l’agrippe par le col, approchant son visage tout près du mien. Si près que je peux sentir son souffle sur ma peau… et inversement. Mes mains tremblent. Tout mon corps tremble sous l’émotion, sous la puissance des sentiments, de la rage que j’éprouve.

- Ca… c’est pour tout ce que tu viens de faire…

Cette fois-ci, c’est au tour de ma main gauche de heurter sa joue. Avant de rejoindre la droite, serrant son cou pour le plaquer contre le mur.

- Ecoute-moi Sebastian, écoute-moi bien Sifflais-je d’un ton menaçant.

Comme pour le prévenir, l’étreinte de mes mains se resserre autour de sa gorge. Et je dois avouer que je lutte pour ne pas tout bonnement l’étrangler. Lentement, mes lèvres s’agitent, à quelques centimètres de siennes seulement, qu’il puisse en voir le moindre mouvement. Ecoute-moi, écoute moi attentivement…

- Tout ce que tu dis… est complètement faux. De la folie, du délire. Tu es fou, complètement ! Jamais… - j’insiste sur ce mot – jamais nous ne nous ressemblerons, jamais tu m’entends, jamais ! Je ne te ressemble en rien, tu ne me ressembles en rien ! Tout ça ce sont des paroles, des mots dans le vent !

Presque brutalement, je le lâche. Je halète, mon cœur bat la chamade. J’ai l’impression qu’il va exploser dans ma poitrine. Mais je ne peux pas m’arrêter. Pas maintenant. Pas avant de lui avoir fait totalement comprendre que, désormais, il n’obtiendrait plus rien de moi. Plus rien. J’éclate de rire.

- Tu me fais pitié Sebastian… Au fond de toi, tu es resté le même, cet adolescent de 14 ans qui croyait m’effrayer avec de simples mots ! Peut-être as-tu réussi à l’époque… A présent… c’est terminé. J’ai grandis, tu m’entends, grandis ! Je suis une femme, une mère ! Et non plus une jeune fille terrorisée par ta simple silhouette !

Ou du moins… Je tente de m’en convaincre. Et cela marche. Plus je résiste, plus je répète ces mots… Et plus j’y crois. Un sourire triomphant étire mes lèvres. Un sourire malsain, dément. Le même que le sien…

- C’est terminé désormais. Tu ne me fais plus peur…

Mon rire se calme, s’estompe enfin. Mais ma volonté, ma détermination reste. J’ai… la foi, j’ai le courage nécessaire à tout ce que je suis entrain d’entreprendre. Je te vaincrais, je t’oublierais !
Tu ne me fais plus peur.
Plus peur…
J'ai gagné.
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Zezelj Stjepan
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeVen 18 Jan - 12:46

Je m’étais levé tôt, et n’avais pas réussi à me rendormir. Cette journée débutait franchement bien. Manque de sommeil, donc de mauvais poil. Effet boule de neige oblige, j’avais gueulé sur mon entourage, m’étais mis à dos tout les gardiens qui à présent m’évitaient pour la journée alors que les détenus s’amusaient à me faire encore plus sortir de mes gonds. J’avais donc en tout distribué trois coup de têtes, deux claques, avait pratiqué un tabassage et m’étais arrêté pour aller vomir car ma victime saignait de l’arcade sourcilière puis m’étais calmé sur un punching ball de la salle de sport. Toutefois ma mauvaise humeur était toujours présente et j’en étais fatigué. Regard noir, traits tirés, dos voûté. Ajoutez à cela un sérieux manque de nicotine et une envie de reprendre de bonnes vieilles habitudes de junkie. En gros boire, se droguer, dormir, se foutre de la gueule du monde et de la sienne. Je n’en avais toutefois pas le droit, et donc me contentait de passer ma frustration sur ce qui passait.

Tournée habituelle des cellules, à peine si je regarde se qui se passe dedans, j’en ai rien à foutre. Qu’ils s’entretuent, qu’ils complotent, j’en ai rien à faire. Aujourd’hui, j’ai juste envie de dire merde au monde qui m’entoure, point barre. Certains lèvent leurs yeux à mon passage, les plus tendus se lèvent, d’autres s’éloignent et certains ne bougent pas d’un poil. Un joli pansement orne le haut de mon nez, et la rumeur a déjà fait le tour de l’établissement. Je me suis castagné avec un autre gardien, whopee. Finalement, ce n’est pas les prisonniers qui sont seuls. Eux créent alliances et se serrent els coudes. Chez les gardiens, j’ai plus l’impression que c’est chacun pour soi. Un problème avec un détenu, démerde toi mais ne vient pas chialer ! Je soupire, passe une main dans mes cheveux. Je n’ai pas l’habituel couvre-chef des gardiens, et ma chemise est ouverte alors que la cravate a tout simplement disparue.

Les cellules défilent, parfois je pointe le bout de mon nez pour vérifier qu’il n’y ait pas un mort dans un coin, dis bonjour à quelques connaissances en maugréant et m’éloigne de nouveau. Cellule N. il y a l’air d’avoir du grabuge dedans. Je m’arrête devant la porte, entends des éclats de voix entrecoupés de grands silences. Dispute de couple ? Peut être, je ne distingue pas leur mot, je suis juste capable de savoir qu’il y a un homme et une femme grâce au timbre des voix. A mon souvenir, il n’y a que des filles dans cette cellule ! Curieux qu’un être masculin s’y trouve. Ou peut être pas. Ca chauffe à l’intérieur. C’est inquiétant. Je regarde à droite, puis à gauche, cherchant si il n’y a pas un autre gardien. Personne… Je frappe, mais ils n’ont pas dû m’entendre. Seulement deux coups, tout bas, couvert par un rire que je juge directement méphistophélique. Je glisse seulement ma tête et le haut de mes épaules, timidement. J’aperçois une silhouette au ventre fortement arrondi, un visage pâle entouré d’une chevelure de feu.


« Excu… »

Stop. Arrêt sur image. Mon regard s’est figé en voyant la seconde personne. En sang. Bweeeeerh. Je détourne le regard, prend une inspiration, me retient à la porte. J’aurais pensé que ce serait la demoiselle qui serait en détresse, mais on croirait le contraire, quoi que elle non plus ne paraisse pas dans son assiette. Mon cœur s’emballe, puis j’ai l’impression qu’il s’arrête. Non, c’est ma respiration qui s’est coupée. Tout est flou, que ce soit dans ma tête dans cette chambre. Que c’est il passé bon sang ? Rapidement, je baragouine quelques mots en ma langue natale alors que j’ai l’impression de sombrer dans un gouffre glacial. Je reste un moment ainsi, puis c’est la colère qui revient.

« Nah mais vous avez pas autre chose à faire que vous entretuez ? Merde alors ! »

Prise de tête, pétage de plomb. Depuis ce matin j’ai envie de chialer. Pourquoi je suis tombé là ? Je me sens atrocement seul. Depuis que je suis là, c’est l’hécatombe autour de moi. D’après les autres gardiens, c’était ainsi avant mon arrivée, mais moi je ne suis pas aussi solide qu’eux. Je n’ai pas demandé à venir ici, je n’ai pas les nerf solide moi ! Mon moral est à zéro. J’ai l’impression de me retrouver dans une grande maison où tout les individus ont la peste, et que, petit à petit, ils meurent. Moi aussi, je finirai par mourir, à ce rythme !

Je me redresse, met mon visage entre mes mains.


« On m’explique ce qui vous a pris ? »

Je tente de me calmer comme je peux. Mon regard se rive dans les yeux de la femme, qui m’a l’air d’être… Enceinte. Oui, enceinte dans cette fange immonde. Elle va peut être même donner naissance dans ce tas de fumier. Triste naissance. L’autre, je n’ose le regarder. Trop de sang.

Vous allez me complexer avec vos posts de trois mètres u.u]
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Sebastian A. Owlson
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeMer 20 Fév - 10:46

[rien à complexer, mec, sinon je me fâche]

Pourtant, je ne voulais pas les tuer.
Enfin. Disons que je n'y avais pas encore réfléchi en profondeur. Cet enfant m'ennuie. J'avais vaguement l'intention de le supprimer. A sa naissance. Quoi de plus naturel ? Un pauvre petit bâtard, sans droit de vie, vu qu'il n'était pas de moi, et qu'il était d'elle.
Oh. Pauvre. Pauvre-pauvre chose.
Mais c'est fini. La clémence, la parcimonie, la pondération, c'est bel et bien fini… Elle n'aurait pas dû.
Non.

Je veux leur peau, à tous, à toutes… Je veux du sang, et je veux des larmes. Des sourires qui pleurent, et des ongles qui accrochent. Je veux des dents qui ripent, des spasmes tièdes, des râles de mort.
Je veux, je veux, JE VEUX.

Je veux que mon nez arrête de saigner. Je n'aime pas le goût de mon propre sang, lorsque c'est quelqu'un d'autre qui me force à le goûter. J'ai mal, mes yeux pleurent, je m'étouffe. Je hais cette sensation… Cette sensation de déséquilibre, cette douleur si caractéristiques des chocs au nez… Je crois bien qu'elle l'a brisé, cette chienne. Brisé ! Et putain que ça saigne… J'en ai dans la bouche, dans la gorge, et ça dégouline partout… Liquide, liquide, liquide… Aaah, bordel. Mes lèvres se tordent en un rictus de dégoût, alors que j'essuie mon visage du dos de la main… Ce n'est pas de mon sang, dont je veux me débarrasser, mais de son crachat… Vermine. De quel droit ?

Oui… De quel droit me menaces-tu de la sorte ? Je sens tes mains contre ma gorge… Ah… Arrête ! Putain… Je ne… Je ne contrôle rien du tout ! Le choc de son premier coup… Ma surprise… Elle m'a eu. Deux claques ! Deux ! Je lâche un grognement, roule des yeux comme un dément. Mes mains viennent saisir les siennes, les griffer, tenter de les tordre… Mais c'est peine perdue. Ces doigts sont cruellement enfoncés dans mon cou… Ces ongles, ces ongles… Je lui lance un regard terrible. J'ai envie de la tuer… Mais je ne le ferai jamais. Je n'abîme pas mes jouets.

D'ailleurs… Je-ne-suis-pas-une-poupée. Tu te prends pour moi, ou quoi ? Ce sourire… C'est le mien ! OK, ça me conforte dans mes affirmations… Tu ne peux te défaire de moi… Mais ne me prends pas pour ton jouet ! Tu ne pourra le faire que lorsque j'en déciderai… Bordel… Je ne suis pas vraiment plus lourd, ni plus grand qu'elle… Dans cette position… Je ne peux que…
Parler.

Pauvre petite chose…, ma gorge me fait si mal…Tu me ressembles de plus en plus… Tu n'es pas libre… Tu n'est pas LIBRE !

Je commence à me débattre. J'ai mal. Aux bras. Au visage. A la gorge… A force de crier. Je plante mon regard mordoré dans son jumeau. Tu crois être forte. Tu crois avoir gagné, c'est ça… ? Mais je n'aurai que plus de plaisir à te briser… Je montre les crocs, cambre légèrement mon dos, enfonce encore un peu mes ongles dans ses mains blanches. Pour compléter le tableau, ma langue vient toucher mon anneau d'une façon assez peu innocente…

Tu es moi. Et pour cela… Ils mourront. Tous les deux.

Je baisse un instant les yeux sur son ventre arrondi, esquisse un sourire de chat, puis bascule la tête en arrière. La douleur commence à s'estomper… Il faudra le replacer sans trop tarder, mon nez… Il était si droit. J'ai la haine. Et quand j'ai la haine, elle, elle doit flipper. C'est la règle.
Ce petit parasite… Il a forcément un père. Et ce mec a touché à MA chose. J'ai des sueurs froides rien qu'à imaginer la scène… Elle n'avait pas le droit de le faire avec un autre que moi.
Un tic, sur mon visage.

Et l'enfoiré qui t'as engrossée souffrira. Tant et si bien qui me suppliera de l'achever… Sais-tu, ce que je lui ferai ? Ah… Je veux te le dire… Tu t'en régaleras. Et ça te plaira autant qu'à moi. Je veux qu'il crève dans son sang. QU'IL CREVE, QU'IL…

Ah… ? Que se passe t'il ? Mon cri s'interrompt, lorsque je remarque un léger mouvement de la part de ma chose. Un sursaut ? De quoi ? Elle ne me regarde pas ! Qu'elle ait au moins la décence de me molester avec attention… Ne lui ai-je pas fourni un excellent modèle ?
Peu importe. Je n'ai pas l'intention de laisser passer cette chance. Je saisis violemment son poignet, le tord, et y plante mes dents. Suffisant pour que son emprise s'affaiblisse légèrement. D'un mouvement d'épaule, je me dégage, et me retourne.


Mais qu'est-ce qu'il fout là, lui ?

T'es qui, toi ?

Tout mon corps se tend… Comme une bestiole prête à bondir. Je sens deux dangers. Un dans mon dos, un devant moi. Le problème, c'est que je ne peux en regarder qu'un à la fois. Et que le gadjo en question a le visage enfoui dans ses mains. S'il parle, je suis incapable de lire sur ses lèvres. Je lâche, méprisant :

Si t'as envie d'chialer, c'est pas l'endroit.

Une lueur de colère passe dans mon regard. Il arrive vraiment au mauvais moment. J'ai une de ces haines… Et bastonner ma chose ne suffira pas à me calmer. Je fais craquer mes jointures, et le jauge.

C'est quoi, ce putain de géant ? Bordel ! Il doit faire quarante centimètres de plus que moi… J'atteins même pas son épaule –et de loin en plus. J'ai un léger mouvement de recul. M'en prendre à lui serait totalement stupide.

Dommage. J'ai jamais trop pris en compte ce genre d'info… En trois pas, je suis sûr lui. De toutes mes forces –et j'avoue que je dois bien forcer- je le repousse contre les barreaux de la cellule. Un mâton ? Ce truc ? Je tourne légèrement la tête sur le côté, et tends les bras pour me saisir de ses poignets. Je veux voir son visage. Je commence à tirer… Histoire d'écarter ses mains. Il a peur ?
Tant mieux. C'est mon domaine.
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MessageSujet: Re: Le revenant [Sebastian]   Le revenant [Sebastian] Icon_minitimeMer 20 Fév - 20:05

Pauvre petite chose…Tu me ressembles de plus en plus… Tu n'es pas libre… Tu n'es pas LIBRE !

- SI JE LE SUIS !

Je hurle à m’en faire exploser les poumons. Enfin, libre… façon de parler. Comment l’être dans une prison ? Non, je veux simplement contrer ses paroles. Lui prouver qu’il a tort, le contredire, simplement pour accentuer cette ivresse qui monte en moi, cette sensation de pouvoir, de joie intense mêlée de terreur. C’est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. Pour la première fois… c’est moi qui contrôle. Qui décide. Et je vois bien, dans ses prunelles luisant furieusement au milieu de son visage ensanglanté, qu’il panique. Même si il paraît surtout… enragé. Mais je ne m’en soucie guère. Du moins, pour l’instant.
C’est moi qui contrôle. Moi, et moi seule.
Et je compte bien lui faire payer tout ce qu’il m’a fait subir.

Il tente de se débattre, enfonce ses ongles dans mes mains toujours serrées autour de son cou. J’ai mal, mais je n’en laisse rien paraître, hormis une infime grimace sur mes lèvres. Non, je ne cèderais pas. Hors de question. Pas maintenant, alors que je suis en train de gagner. Impassible, je soutiens son regard furieux, même si tout mon corps tremble, tendu par l’effort et par l’angoisse. Si je flanche, je meurs. Il ne me pardonnera pas. Jamais.

Tu es moi. Et pour cela… Ils mourront. Tous les deux.

Moment d’hésitation. Mon visage blêmit, mon étreinte se desserre légèrement. Horrifiée, je lui lance un regard lourd de peur, avant de suivre la trajectoire de ses yeux vers mon ventre. Non !
Alors qu’il esquisse une fois de plus l’un de ses horribles sourires, je le plaque à nouveau violement contre le mur, refermant de plus belle mes mains autour de sa gorge, malgré une certaine précipitation dans mes gestes, trahissant la terreur qui m’habite :

- Touche à cet enfant, essaye seulement… et je t’assure que je te tuerais…

Ma voix n’est qu’un souffle, un murmure tremblant, blanchi par la peur. Son visage s’agite d’un tic. Il ne m’écoute pas. A quoi pense-t-il ?
Le secouant brutalement, je répète mes derniers mots, hurlant comme une démone, véritable furie, les traits déformés par la rage et l’angoisse :

- Je te tuerais Sebastian, tu m’entends, je te tuerais !

Et l'enfoiré qui t'as engrossée souffrira. Tant et si bien qu’il me suppliera de l'achever…

Mon sang se fige dans mes veines. Presque aussitôt, mes yeux s’emplissent de larmes. Et je ne peux retenir mon poing, qui, à nouveau, vient s’écraser dans son visage. Il a trouvé les mots qu’il fallait. Mais, loin d’obtenir l’effet escompté, à savoir, la peur, ceux-ci ne font qu’augmenter ma haine à son égard et provoquer des larmes qui viennent rouler sur mes joues pâles :

- Tu arrives trop tard alors… Murmurais-je, avant de me retourner subitement. J’ai cru entendre un bruit, une voix, au travers des cris démentiels que pousse Sebastian.

« Nah mais vous avez pas autre chose à faire que vous entretuez ? Merde alors ! »

Effectivement, j’ai bien entendu. Et j’ai surtout bien vu. Là, dans mon dos, se tient l’homme le plus grand que j’aie jamais vu. Non pas grand. Immense. Mon Dieu, il doit mesurer au moins deux mètres, si ce n’est plus. Un gardien, manifestement. Brusquement figée, je reste là, le regardant sans mot dire. Avant de pousser un cri de douleur. Cet instant d’hésitation m’a coûté cher. Il vient de planter ses dents dans ma main, tout en m’ayant au préalable tordu le poignet. Je commets aussitôt l’erreur de le lâcher pour saisir ma main ensanglantée entre mes doigts glacés, lâchant un juron sonore. L’autre en profite bien évidement pour se dégager, et bondir hors du lit, se campant sur ses deux jambes, face au géant aux cheveux verts qui se tient devant nous.

- T'es qui, toi ?

J’ai subitement envie d’éclater de rire. Et d’ailleurs, je ne m’en prive pas. Le stress et l’angoisse accumulés auparavant aidant beaucoup, un hurlement de rire presque dément s’échappe de ma gorge, tandis que des larmes roulent sur mes joues. Je sais que ce n’est pas vraiment le moment, mais la vue de Sebastian, si maigre et si petit – je ne m’en était jamais rendu compte jusque là, il me paraissait toujours tellement impressionnant lorsqu’il se tenait à mes côtés – face à ce gigantesque gardien qui fait probablement le double de sa carrure et de son poids est irrésistiblement drôle. Hilarante même. David contre Goliath. Les joues rosies par l’émotion, je me redresse lentement, haletante, toujours secouée d’un rire nerveux.

« On m’explique ce qui vous a pris ? »

- Mêle-toi de tes affaires mon grand, personne ne t’as demandé ton avis, et encore moins ton aide. Dégage d’ici. Ce qui se passe ici ne te regarde pas.

Mon dieu, que je suis vulgaire. Je me rends brusquement compte que je viens de dire ceci d’un ton acerbe à un gardien incontestablement plus fort que moi, et surtout plus grand. Oui mais d’un autre côté, quel gardien ! Il semble tout simplement révulsé à la vue du sang qui macule le visage de Sebastian, vu sa manière de se tenir. Le visage enfouit dans les mains. Très crédible le mec.
Je suis surtout frustrée. Frustrée qu’il soit intervenu, qu’il m’ait distraite. J’y étais presque ! J’allais gagner ! Et il fallait qu’il vienne tout gâcher !
Exaspérée, je secoue mes boucles flamboyantes, et, pour la première fois, approuve les paroles de Sebastian – je n’aurais jamais cru faire une telle chose un jour dans ma vie -, le soutenant dans son action :

- Si tu ne supportes pas le sang, alors qu’est-ce que tu fous là ? Tu es en prison, pas au club de vacances, si t’es là pour frapper les détenus, alors ai au moins l’air sûr de toi, tu es ridicule pauvre con !

Oui, j’ai vraiment la rage. Pourtant, il ne m’a rien fait. Il était d’ailleurs sûrement animé d’une bonne intention, à savoir, régler la dispute. Mais toute la haine que j’éprouve à l’égard de Sebastian est à présent tournée vers lui. Méprisante, je crache à ses pieds, avant de lui jeter un regard haineux, répétant mes paroles précédentes :

- Dégage.

Je sens que cette histoire va mal finir. Je n’aurais pas du. Mais en ce moment même, je suis incapable de réfléchir. Je suis dans un tel état de stress, d’angoisse, de rage… Je n’ai plus de place pour des pensées censées. Je n’ai qu’une envie, c’est de hurler, de frapper. Lui, et surtout Sebastian. Evacuer toute cette haine, cette souffrance, d’une manière ou d’une autre. J’ai envie de pleurer…
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Sebastian A. Owlson
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