Sadismus Jail
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Sadismus Jail

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 Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...

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Sebastian A. Owlson
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Sebastian A. Owlson


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MessageSujet: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeSam 12 Avr - 18:01

=> Cellule 14

Réagis.
…Si tu ne veux pas voir tes tripes déroulées devant toi, si tu tiens ne serait-ce qu'un peu aux traits de ton visage, si tu ne veux pas que je t'écorche vivant… Réagis.
Mes mains sont toujours sur ses poignets. Je tire, je veux qu'il cède, qu'il soit forcé de me voir. De nous voir. S'il a bien une chose qui peut me mettre hors de moi… C'est bien ce genre d'attitude. Un mélange pâteux de lâcheté passive, et de stupidité profonde. Il a peur, il sa cache.
Réagis.

Je me demande ce que Sybille est en train de faire. Lorsque quelqu'un n'est pas dans mon champ de vision, c'est comme s'il n'existait pas, pour moi. Me menace-t-elle ? Me-parle-t-elle ? Aucune idée. Et après tout… quelle importance ?
Elle n'est rien. Je veux dire, lorsque mon regard n'est pas posé sur elle… Elle n'est rien.
Pour un temps, l'arrivée de ce garde la préserve. Mais rassure-toi… Cela ne durera pas longtemps. Il a juste détourné ma haine sur lui, pour un éphémère instant. Une fois lancée la flèche de ma colère, je ne peux que la suivre… Comme un chien se doit de suivre la corde qui lui meurtrit le cou.
C'est tout.

On fait quoi ?

Un coin de ma bouche s'étire lentement. Rictus. Lui. Je veux lui faire de mal… Pourquoi ? Simple. Parce que l'espace d'un instant… il m'a craint. Il m'a attiré de lui-même. Comme toutes mes autres proies. La peur a une odeur. Et cette odeur attire les bêtes. J'accentue légèrement la pression sur ses poignets. Mes ongles s'enfoncent sous sa peau.
On va y aller, maintenant.

Choc.
Une pression, sur mon torse. Quelque chose me tire en arrière. J'émets un sifflement rageur. J'ai à peine le temps de me rendre compte de ce qui se passe. Deux bras puissants me ceinturent, m'éloignent définitivement de ma proie… Une force supérieure à la mienne. Mais tant pis. Je me débats, donne de l'épaule, mords une main. La seconde suivante me voit collé tout contre le mur, les mains menottées dans le dos, une douleur lancinante dans le crâne.
Je suppose que c'est un garde –un autre. Qu'il a voulu défendre sa loque de collègue. Qu'il m'a prévenu, puis, perdant patience face à mon manque de réponse… a interrompu mon jeu d'une manière bien déplaisante. Peut-être me parle-t-il, en cet instant. Mais quoi qu'il dise, cela m'échappera.
Affaire de problème technique.
Bref.

Je me retrouve à terre. Génial. Je serre les dents, sentant que le passage à tabac ne va pas…se faire dans la douceur. Et en effet. Mes bras sont coincés derrière mon dos… Je n'ai donc pas le moindre loisir de me défendre. Ne serait-ce que de protéger un peu mes côtes, mon diaphragme.
Je ne lâche pas un gémissement. Du moins, je le suppose. Les démontages de gueule, j'avoue que je m'y suis fait il y a un certain temps. Depuis une dizaine d'années, en fait.
J'encaisse.

Une main me force à me relever, empoignant mes cheveux. Tss… Le genre de truc qui me rappelle de mauvais souvenirs. Le coup du scalp, c'est notre petite convention à moi et à Cheveux Rouges, je crois. Entre ça et les strangulations diverses… Tout ce que je hais. Je frémis de dégoût, en songeant à notre rencontre. Je le hais…
Et cette haine me revigore. Un peu. Je dégage ma tête de l'emprise du gardien. Il n'insiste pas. De toutes façons, il me tient. Dans mon dos, mes doigts s'agitent un peu.
Encore un con qui me prend pour une poupée. Gonflable, j'espère pas. Il enserre mon bras dans sa main, enfonce ses doigts dans mon biceps –putain, c'est fout comme je déteste cette sensation- et me force à avancer. J'arrive enfin à jeter un coup d'œil à Sybille.
Ah.
Intéressant… Ma chérie, ma toute belle, ma délicate… là voilà dans la même position que son double. Menottes dans le dos, flanquée de deux gardiens. C'est un rassemblement, ou bien ? Reste à savoir ce qu'ils comptent faire de nous. Bon. Me casser le gueule, c'est déjà fait. Je sens que je vais encore gagner de beaux bleus. Génial. Après ce que Cheveux de Fille m'a fait… et après ce que je me suis fait, mon corps commence à…perdre un peu de son intégrité. Non pas que le bleu ne me plaise pas. C'est une jolie couleur. Mais j'aime…moyennement voir cette couleur prendre ses aises sur mes membres. Sans parler des croûtes, et autres cicatrices pas vraiment refermées, un peu partout.
Charmant. Je me donnerais faim.

- "Ahora, que vamos a hacer ? Hmm ?
- Ta gueule, Pablo. Ta gueule.
- Caray. No pienso que seas una persona muy agradable, hmm, verdad, senorita ?
- Si t'es pas capable de parler une langue correcte, tu fermes ta putain de gueule. Merde.
– Hmm. "Va te faire foutre, enculé", tu préfères, mademoiselle ?"

Visiblement… Non. Un crochet du droit. Ma langue sort de sa tanière, se ballade sur mes lèvres. Mais c'est que je commencerais à y prendre goût. Ouhouhou. N'en disons pas plus. Je finirais par vous effrayer. Je ne veux point vous faire douter de ma candeur virginale.
En parlant de frigidité, je me pèle le cul, moi. J'ose rappeler que je suis toujours torse-nu, moi, (à défaut d'autre chose). C'est que Géant Vert m'a coupé dans mes élans, moi. J'ai un tic, mon épaule tressaute légèrement. Le Léviathan renâcle.
Je commence à m'ennuyer, les gens.

" -Fous-moi tout ça au trou. Hmm… Lui, il m'aime.
- Direct ? Tu crois vraiment que… Vas-y, sauve-moi, mon chou et je te ferai un bisou dans un coin sombre.
- Ouais mais non. Ecoute, j'suis crevé, j'ai taille de mal au crâne, et j'ai autre chose à foutre. Au trou, au trou, au trou. Là." Qu'est-ce que je disais ? Monsieur a ces petites humeurs… Ouhou. J'en suis tout émoustillé.
"On y va."

Bon. Petite-petite ellipse. Il n'y a pas grand chose d'intéressant à dire sur notre "trajet". J'ai resisté, pour la forme. Et pour la forme, toujours, mon charmant gardien m'a foutu plusieurs fois de jolies roustes. Je l'ai mordu autant de fois. Il a bon goût.
N'empêche, j'ai beau m'amuser, ce qui suit ne me fait pas trop plaisir.
Le trou.
Mauvais souvenirs. Haine brûlante. Comme une bile trop acide dans mes entrailles. Ce qu'il m'a fait. Ce que je vaux lui faire.
Et le noir.

" – Les deux dans le même ?
- Les deux dans le même."

Oh.
J'ai le droit de ronronner ? Inutile de préciser qu'un grand sourire s'étale sur mon visage. Je baisse un peu la tête, histoire qu'ils ne captent pas trop. Ils seraient capable de nous séparer juste pour me faire chier. Je coule un regard mutin à ma chose, lui fais un clin d'œil.
Sa présence change la donne.
Si le noir me tue, c'est parce qu'il tue ma perception. Et quoi de mieux pour la combler, cette douce perception ? Mon jouet ! Ma douceur ! Ma grâce ! Je lève les yeux au ciel, montrant mes crocs en un rictus joyeux.
Pourvu qu'ils me donnent assez de temps pour ronger mon os.

La porte s'ouvre. Je cille. Exactement comme la dernière fois. Une ouverture… sur du Rien. Le noir. Le noir absolu, l'inhibition, la mort des sens. Je me mords la lèvre, joue un peu avec mon anneau. Calme. Maîtrise-toi… Ne te fais pas honte, devant ta poupée de porcelaine.
Je sens que mes menottes me sont ôtées, mes mains, libérées. Une poussée entre les omoplates, et me voici dans la cellule. Bien entendu, je perds vite l'équilibre, trébuche, et m'affale de tout mon long sur le sol poussiéreux. Je reconnais l'odeur…
Un regard vers la porte. La délicate silhouette de ma chose passe. Elle entre ! Elle entre ! J'ai un sourire gourmand.

L'obscurité a tôt fait de revenir. J'ai comme un vertige. Normal… Mais juste avant que le chaos ne m'emporte, une fois de plus, je me souviens de sa présence… Je sens son aura, elle emplit la pièce, dissipe mon aveuglement, et ma surdité.
Ma respiration se calme. Je viens de comprendre que j'étais en train d'étouffer. J'espère que je n'ai pas trop gémi… Mais quelque soient les sons qui aient franchi les portes de mes lèvres, je les lui ferai oublier bien assez tôt…

Petite poupée, je viens te chercher…

J'étends ma main, la passe sur le sol poussiéreux. Où est-elle ? Mais où est-elle ? Je maîtrise mon impatience, calme un peu mes ardeurs. De la méthode, de la méthode. Aussi froid, aussi calme qu'un serpent, je progresse un peu, en rampant. Je mettrai le temps qu'il faudra, mais je la retrouverai.
No te escondas… Sabes que no es possible esconderte… Ah.

Victoire. Ma main s'est refermée sur une cheville délicate. Et pas question de lui laisser le temps de réagir, de s'envoler. Mes doigts parcourent rapidement le tendre chemin de son corps, et viennent se placer amoureusement sur sa gorge. Je fourre mon visage dans son cou, inspire à fond. Je me sens à nouveau entier. En sécurité.
Je me colle à elle, mes jambes s'entrelacent aux siennes, l'emprisonnent, en fait. Je frissonne d'aise. Non pas comme un amant. Plutôt… Comme un enfant.

Mamà.

Je ris doucement, frotte mon visage contre le sien. Et ce sans oublier de la maintenir fermement, évidemment… Je ne veux pas qu'elle me frappe encore. D'ailleurs… Je repense à mon nez. Elle me l'a brisé, cette ignoble petite chose. Vilaine maman.
Méchante.

Pourquoi t'es méchante avec moi ? Moi je t'aime, tu sais, je t'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup.

Un soupir m'échappe. Je me blottis un peu plus contre elle… et enfonce mes ongles dans sa gorge. Beaucoup. Je commence à fredonner, tentant de donner à ma voix ses sonorités les plus douces. Pas évident à faire, vu que je n'ai aucune idée du résultat. Je tente simplement de remonter mon larynx, de moduler délicatement les sons… Ce que je chante ? Juste une phrase. Une toute petite phrase… Mais si représentative…

'Want ton vanish…inside your kiss…
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeDim 13 Avr - 11:20

Renversement de situation.
Pourtant… tout s’était très bien passé au départ. Je l’avais, je le tenais, j’aurais pu le tuer si j’en avais eu l’envie ! Et il a fallu qu’il, qu’il… qu’il vienne tout gâcher. Et maintenant, voilà le résultat. Les mains menottées dans le dos, avec deux gardiens qui me surveillent étroitement. J’aurais peut-être du me taire, et ne pas insulter notre géant aux cheveux verts de la sorte… Parce que maintenant, je le sens mal. Très mal.
Et ceci est d’autant plus dû au fait qu’ils sont en train de tabasser Sebastian. Et le moins que l’on puisse dire… c’est que les coups pleuvent. Horrifiée, je me mords la lèvre, incapable de détourner mon regard, qui, malgré moi, reste fixé sur cette scène. Je n’aime pas Sebastian. Je le hais même. De tout mon cœur et de toute mon âme. Et pourtant… Je ne peux m’empêcher d’éprouver de… la pitié, à son égard. Et le voir, là, impuissant, à se prendre des coups sans pouvoir les éviter, sans broncher, me remue le cœur. J’ai toujours méprisé la violence et l’injustice. Et bien là, en plus de cela, j’ai droit à de la lâcheté. C’est tellement facile de frapper quelqu’un d’attaché, sans qu’il ne puisse rien faire. Profiter de la faiblesse des autres est bien l’une des rares choses que j’ai en horreur. Peut-être parce que ceci a longtemps été ce qui se passait pour moi, et que j’en suis toujours victime. Mais cela ne change rien à mon aversion et ma rage. Que ce soit Sebastian ou non.
Et puis… S’il continue à le frapper ainsi, il va le mettre dans un état pas possible. Déjà que Sebastian n’est pas quelqu’un de calme par définition, alors si il l’énerve… Je sens que, tôt ou tard, j’en ferais les frais. Surtout que je n’ai pas été vraiment tendre avec lui.
Mais il l’avait cherché.

Finalement, le bruit des coups cesse, et je peux enfin respirer – je viens de me rendre compte que pendant toute la durée de cette scène, j'ai retenu mon souffle, ce qui me donne à présent un joli teint blanchâtre tirant quelques peu sur le bleu, et mon cœur bat la chamade -. J’inspire profondément, encore sous le choc. J’ai envie de vomir. Et je dois d’ailleurs vraiment me retenir lorsque je jette un coup d’œil à Sebastian.
Mon Dieu… Son… son corps. Mais qu’est-ce qu’il a fait ? Qu’est-ce qui s’est passé ?! Ca, ce n’est pas le gardien qui vient de le bastonner qui le lui a fait. Ses bras et son torse sont couverts de cicatrices et de plaies sanglantes, pas tout à fait refermées pour certaines même, comme si quelqu’un, comme si il s’était amusé à se griffer jusqu’au sang. Sans compter les bleus qui fleurissent un peu partout sur sa peau, et qui ne tarderont pas à être rejoints par les marques de coups du mâton.
Respire Sybille, respire. Je tremble de tous mes membres, j’ai le cœur au bord des lèvres. Eloignez-le de moi, je vous en supplie…

- "Ahora, que vamos a hacer ? Hmm ?
- Ta gueule, Pablo. Ta gueule.
- Caray. No pienso que seas una persona muy agradable, hmm, verdad, senorita ?"

Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Je ne comprends rien de ce qu’il dit, rien du tout. Et apparemment, son gardien préféré non plus. Je ne parle pas un traître mot d’espagnol – du moins, je suppose que c’est de l’espagnol, ou de l’italien peut-être ? En tout cas, c’est une langue des pays du Sud, à en juger par son accent -. Pas eu le temps d’apprendre une seconde langue au collège.
N’empêche que j’aimerais bien comprendre ses paroles. Surtout que ce n’est pas la première fois qu’il emploie ce langage, avec moi du moins. Et si je suis déjà terrorisée par sa présence, la terreur est à son comble lorsqu’il me parle dans cette langue inconnue à mes oreilles. Parce que j’ignore ce qu’il tente de me dire. Parce que je m’imagine le pire. Et parce que les rares fois où il l’a fait, c’était qu’il était soit extraordinairement calme, ou alors terriblement énervé.
Mais dans les deux cas, j’en ai souffert.

"- Si t'es pas capable de parler une langue correcte, tu fermes ta putain de gueule. Merde.
– Hmm. "Va te faire foutre, enculé", tu préfères, mademoiselle ?"

Devant l’énervement du gardien et la désinvolture de la réponse de Sebastian, je ne peux m’empêcher de laisser échapper un éclat de rire – le stress et la nervosité aidant beaucoup, certes – qui se transforme presque aussitôt en un cri. Le craquement poing que vient d’asséner Boule de nerfs sur le visage de son prisonnier – et mon bourreau, accessoirement – résonne dans le couloir, et je ne peux m’empêcher de frémir. Arrêtez, stop, stop !

- Arrêtez !

Je m’étonne moi-même. Première fois que j’ouvre la bouche depuis cinq minutes, et de ce fait je m’oppose à un gardien particulièrement de mauvaise humeur et tente de sauver la mise de Sebastian. Décidément Sybille, tu n’es vraiment pas normale.
N’empêche que cela fait bizarre de voir l’homme qui vous a martyrisée durant quatre ans se faire frapper sous vos yeux. Et je sais de quoi je parle. Léger coup sur ma tête. Je grimace.

- Ta gueule Princesse, à ta place je me la ramènerais pas trop.

Oui c’est cela, moi aussi je t’aime. N’empêche qu’il a raison. Je ne suis pas vraiment en position pour parler ou m’opposer à qui que ce soit. Surtout avec les mains menottées et un bébé dans le ventre. D’ailleurs, Gardien Numéro 2 me semble plus « calme » que Boule de Nerfs, à savoir, Gardien Numéro 1, et légèrement plus délicat avec moi que son collègue ne l’est avec Sebastian. Est-ce à cause de ma grossesse ? Je ne sais pas, et je ne vais pas me risquer à le lui demander.
D’ailleurs… Où est-ce que ils nous emmènent là ? Ce n’est pas que j’ai peur, et que je tremble comme une feuille mais… presque. Je glisse un regard timide à Sebastian. Il paraît… nerveux.
Comme toujours en fait.

" -Fous-moi tout ça au trou.
- Direct ? Tu crois vraiment que…
- Ouais mais non. Ecoute, j'suis crevé, j'ai taille de mal au crâne, et j'ai autre chose à foutre. Au trou, au trou, au trou. Là. On y va. "

Oh mon Dieu. Mon Dieu mon Dieu mon Dieu. Pas le trou. Pas l’isolement, je vous en supplie, par pitié ! Je ne veux pas, non non non ! Complètement prise de panique, je pousse un cri de terreur et commence sérieusement à me débattre, ce qui cause certains problèmes à mon gardien. Je ne veux pas y aller, je ne veux pas je ne veux pas je ne veux pas ! Non non non non non… Pas là-bas, pas avec lui, pitié, pitié… Autant quelqu’un pouvait encore intervenir lorsqu’il m’agressait dans ma cellule – et c’est ce qui s’est d’ailleurs passé -, autant là, si ils nous mettent ensemble… Je ne pourrais rien faire. Personne ne viendra, personne ne m’écoutera.
Condamnée.

D’un autre côté… Qu’est-ce qui te dit qu’ils vont vous mettre dans la même cellule ?
Tiens, c’est vrai ça. Ce serait… Totalement stupide et inutile. Si ils sont intervenus, c’est parce que l’on se battait, non ? Alors… Nous remettre ensemble ne règlerait absolument pas le problème. Oui tu as raison Sybille, ce serait totalement absurde. Tout va bien se passer, ne t’inquiètes pas. A nouveau, je lance un regard à Sebastian. Lui n’a pas l’air enchanté par la situation. Pas du tout même, à le voir ruer et se cabrer entre les mains de Gardien Numéro 1. Je grimace lorsque celui-ci le frappe, ferme les yeux lorsqu’il le mord en retour. Violence violence… Arrêtez, stop… Mais au moins, l’idée que nous puissions nous retrouver ensemble dans une salle fermée à double tour ne lui a apparemment pas effleuré l’esprit. Preuve que tu t’es encore inquiétée pour rien Sybille. Calme-toi je te dis, calme-toi. Tout va très bien se passer.

Nous arrivons finalement au sous-sol. Direction les salles d’isolement. Tandis que le bruit de nos pas résonne dans le couloir sombre et humide, je continue à dévisager Sebastian. Je ne sais pas si c’est moi ou juste une simple impression, mais il semble de plus en plus nerveux. J’inspire profondément, tentant de calmer les battements de mon cœur. Ca va aller Sybille, ça va aller. Au bout d’une vingtaine de mètre, Boule de Nerfs stoppe devant une porte. Question innocente de « mon » gardien.

" – Les deux dans le même ?
- Les deux dans le même."

Non. Non, non, non, non ! Prise d’un brusque élan de panique incontrôlable, je lâche un hurlement de terreur, me débattant de toutes mes forces pour tenter d’échapper à cette situation cauchemardesque. J’éclate en sanglots, tire sur mes bras, crie, supplie. Je ne veux pas, je ne veux pas ! Ils ne peuvent pas me faire ça ! Perdue ma rage, ma belle combativité d’auparavant. Je ne suis plus qu’une pauvre petite chose tremblante, littéralement morte de peur.
Sebastian.
Le visage blême, livide même, je tourne lentement mes yeux émeraude vers lui. Et manque de m’évanouir en interceptant son regard et son clin d’œil. En fait, si, je perds vraiment connaissance. Et tombe pile dans les bras de Gardien Numéro 2, qui me lance un regard à la fois perdu et inquiet.

"- Dis Hans, t’es vraiment sûr de ce que tu dis ? Parce que…
- Quoi encore !? Je t’ai dis, les deux dans le même, viens pas me faire chier maintenant avec tes conneries !" Gueule son collègue en revenant de la salle qu’il a ouverte et d’où il vient de jeter Sebastian.
- Parce que y’a la Belle au Bois Dormant qui vient de tomber dans les vapes. A mon avis, elle a pas l’air très heureuse de rejoindre l’autre taré. Qu’il lui répond, mi-cynique, mi-inquiet.

Juron de Gardien Numéro 1, qui, tout en jetant un regard à l’intérieur de la salle pour vérifier que Sebastian y est toujours, m’assène une gifle retentissante. Brusque retour à la réalité. J’ouvre les yeux, le cœur battant, le front couvert de sueur… et tombe nez à nez avec le visage blasé et colérique de Boule de Nerfs.

- Tu vois qu’elle va très bien ta rouquine ! Allez, tu me l’enfermes avec l’autre Axel, et plus vite que ça, j’ai autre chose à foutre je t’ai dit. Grouille-toi !

Attendez, qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que je fais ici ? Les yeux hagards, je lance un regard perdu au dénommé Axel, qui m’enlève les menottes et me pousse dans la pièce, sans un mot. Noir complet. Presque aussitôt, je panique. Et sursaute lorsque la porte claque dans mon dos. Avez-vous déjà essayé de descendre un escalier dans le noir ? Il ne doit y avoir que trois ou quatre marches, mais il m’a suffit d’en rater une pour glisser, perdre l’équilibre, tomber… et me fouler – me briser ? – la cheville. Je lâche un cri de douleur et serre les dents, le visage crispé. Mal.
Mais pourquoi est-ce qu’ils m’ont mise là-dedans ?

- Petite poupée, je viens te chercher…

Oh non. Non, non…
Ca me revient, tout à coup. Sebastian, le gardien, le trou… Enfermée avec… avec ce monstre. Un agneau livré aux dents d’un loup. Et j’aurais beau bêler, personne ne m’entendra lorsqu’il viendra m’égorger. J’ai la nausée. Je tremble de peur, j’ai du mal à respirer. Fuir, me cacher, le plus vite, le plus loin possible.
Fuir…

- No te escondas… Sabes que no es possible esconderte…

J’ignore ce qu’il dit, et je ne veux pas le savoir. Fuir, me cacher. C’est tout ce qui importe. Mais il ne doit pas me trouver. Il ne faut pas qu’il me trouve. Cache-cache mortel dans le noir.
En proie à une terreur intense, je tente tant bien que mal de me relever, de m’en aller. Mettre le plus de distance possible entre lui et moi, fuir, loin, très loin, me…

- Ah.

Je lâche un gémissement, autant de douleur que de désespoir. Perdu. Il m’a trouvée, attrapée. Et par ma cheville douloureuse, en plus. Mue par un instinct de survie désespéré, je tente un geste vain pour fuir, m’arracher à son emprise. Peine perdue. Pas assez rapide. Sa main vient d’agripper ma gorge, qu’il serre sans ménagement entre ses doigts. L’autre se saisit des miennes, qu’il coince fermement dans mon dos. Incapable de bouger, incapable de parler. Juste de pleurer, et de le supplier du regard, tandis que je plante mes yeux brillants de larmes dans ses prunelles d’ambre. Lâche-moi, je t’en prie, lâche-moi…
Mais il ne m’écoute pas, bien évidemment, bien au contraire. Son visage vient se nicher dans mon cou, là, tout contre ma peau, tout contre mes veines qui palpitent. J’ai peur, j’ai terriblement peur, j’ai horriblement peur. Et je dois faire un réel effort pour ne pas hurler comme une démente lorsque je sens son souffle chaud, brûlant même dans mon cou. Je ne sais pas ce qu’il fait, je ne sais pas ce qu’il va faire, me mordre, hurler, me frapper. Il semble très calme. Trop calme. Et ça, ce n’est pas bon. Pas bon du tout.
Je vous disais tout à l’heure que Sebastian n’était pas vraiment quelqu’un que l’on pouvait qualifier de calme, tranquille. Sauf lors de rares exceptions, en fait. Et ces moments, comme celui-là, par exemple, je les fuis comme la peste. Parce que c’est le calme avant la tempête. Parce qu’ils me terrifient. Parce que il est horriblement sûr de lui, horriblement calme, horriblement… doux. Et j’ai peur. Parce qu’il s’amuse, parce qu’il joue avec moi. Et je sais pertinemment qu’il n’a pas oublié ce que je lui ai fait tout à l’heure. Qu’à l’intérieur… il bout.
Et que toute cette rage ne va pas tarder à exploser.

Même si pour l’instant il persiste sur la voie dite « douce ». Façon de parler, vu la manière dont il se presse contre moi, entrave mes jambes des siennes. Là ce n’est même plus la peine d’envisager un moyen de s’échapper. Je ne peux tout simplement rien faire, mis à part subir. Je lève à nouveau les yeux vers lui. Implorante. Le cœur au bord des lèvres, lèvres que j’humidifie nerveusement. Sèches. Tout le contraire de mon front qui lui, est trempé de sueur. D’autant plus que je commence à étouffer, avec sa main toujours serrée sur ma gorge.

- Mamà.

Il est fou. Complètement. Je ne parle peut-être pas sa langue, mais il ne faut pas être bien sorcier pour deviner ce qu’il vient de dire. Eberluée, je lui jette un regard incompréhensif, terrifié, cherchant une réponse sur ce visage qu’il vient frotter contre le mien en riant. Un rire doux, très calme. Un rire qui sonne comme fou, dément dans sa bouche. Je pense que… je m’évanouirais à nouveau si je n’avais pas autant peur. Là, je me contente de frissonner de dégoût, tenter de reculer la tête, minimaliser le contact. Déjà que son torse pressé contre ma poitrine, ses jambes autour des miennes et ses mains sur ma gorge et mes poignets, c’est énorme. Alors en plus son visage contre le mien… Je me retiens de lui cracher à la figure. Pas envie de me prendre une gifle comme avant. Ma joue me fait encore assez mal comme ça. De plus… Je ne suis pas en position idéale pour riposter. Bordel ! Ainsi je ne peux rien faire, rien ! J’enrage, je tremble, de peur, de colère, de terreur. Mais laisse-moi, laisse-moi !
Je ne suis pas ta mère, tu m’entends !? Ni ta mère, ni ta fille, et encore moins ta sœur.
Jamais…


Dernière édition par Sybille Hawkins le Mer 21 Mai - 12:37, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeDim 13 Avr - 12:52

- Pourquoi t'es méchante avec moi ? Moi je t'aime, tu sais, je t'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup.

Je sursaute, stupéfaite. Pour… Pourquoi ? Mais ce n’est pas moi la méchante, ce n’est pas moi ! C’est toi le méchant dans l’histoire, l’Ogre, le Loup ! C’est toi, toi, toi ! Pourquoi est-ce que tu m’accuses, pourquoi est-ce que tu veux me faire prendre ta place ?! J’inspire brutalement quand il enfonce ses ongles dans ma gorge, les larmes aux yeux… et craque. Des larmes viennent ruisseler sur mes joues, mes épaules s’affaissent, mon visage se baisse.

- Mais moi je ne t’aime pas… Lâche-je d’une petite voix, à moitié étouffée par un sanglot.

Non, je ne t’aime pas, je ne t’aime pas ! Alors, pourquoi, pourquoi ? En réponse à mes larmes, il se met à chanter. Je sanglote de plus belle. Tout mon corps se soulève, tremble au rythme de mes pleurs, et, à bout de forces et de souffle, je relève faiblement la tête, pour plonger mes yeux embués de perles salées dans les siens :

- Pourquoi tu fais ça, pourquoi ? Laisse-moi Sebastian, je t’en supplie, laisse-moi, laisse-moi…

Je m’effondre à nouveau. Répétant inlassablement ces mots, comme une litanie. A mi-voix d’abord, pour finir par les hurler. Je suis vraiment prise d’angoisse, de panique, de terreur même. D’ailleurs, le décor commence à tourner. J’ai du mal à respirer, mes poumons réclament vainement l’oxygène dont me privent ses doigts sur ma gorge. Et ses ongles, ses ongles dans ma peau ! J’ai l’impression qu’il me déchire le cou, à les enfoncer de la sorte. Arrête, arrête…

- Putain, vous allez finir par fermer votre gueule oui ou merde, ou il faut que je vienne vous calmer ?!

Tiens… Il me semble reconnaître la douce voix de notre gardien préféré, à travers cette chape de brouillard qui obscurcit mes yeux et mes oreilles. J’en connais un qui s’est tapé la surveillance des sous-sols… et à qui ça n’a pas l’air de plaire, vu la façon dont il continue à hurler, avant de fermer l’unique lucarne de la porte. Pouf. Noir total. La dernière source de lumière disparaît, me plongeant dans les ténèbres. Direction cauchemar. Je ne veux pas, non… Pas lui, pas lui… Venez me chercher, aidez-moi… Le loup, le loup… Il veut me manger, me dévorer…

Ultime effort. Je relève une dernière fois mes prunelles d’émeraude vers les siennes pour lui lancer un regard suppliant, murmurant ces mots d’une voix presque inaudible, haletante :

- Laisse-moi, s’il… s’il te plait. Lâche-moi, ne, ne… ne me mange pas, non…

Et je perds à nouveau connaissance. Mes yeux se ferment, mon corps s’effondre, cesse sa lutte silencieuse entre ses bras. Mon souffle se fait plus régulier, presque inexistant, faible. Trop de peur, trop de tension. N’en peux plus… Je, ne… laisse-moi. Stop…
Et tout ceci le déstabilise profondément. Première fois que je m’évanouis devant lui, remarque. D’ailleurs, vu comme il réagit… C’est sûrement la première fois que quelqu’un tout court perd conscience sous ses yeux. Une baffe, en plein visage. Un juron, des cris. Décidément, c’est ma journée. Encore une claque. Il m’allonge finalement sur le sol, tout en continuant à me secouer. Même si une certaine note de panique, de désarroi pointe dans sa voix. Nouveau juron. Peine perdue, mon esprit s’est définitivement envolé, du moins, pour l’instant. Et mon corps reste obstinément inerte, mes yeux, définitivement clos.
Ce n’est que lorsqu’il se décide à me décocher un coup dans le ventre que tout revient, brusquement. J’ouvre les yeux, les referme, les rouvres à nouveau. Noir. Noir complet. Attendez, ce n’est pas normal.
Ou en fait si. Le trou, c’est vrai.
Sebastian.

Aussitôt, je pousse un cri, et dans une lamentable tentative pour me mettre hors de portée, rampe sur un, voir deux mètres, pas plus. Ma cheville m’arrête presque aussitôt, et je grimace de douleur. Portant une main à mon ventre meurtri, je, dans un ultime réflexe de protection, ramène mes genoux contre ma poitrine, les entourant de mes bras, tremblante. Comme pour le défier d’approcher.
Laisse-moi...
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Sebastian A. Owlson
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeSam 24 Mai - 10:26

Jamais.
Il n'est pas de joie sans déchirement.
Pas d"amour sans possession.
Pas de jouissance sans domination.
Alors jamais.

Je n'ai pas survécu pendant vingt et une années, je ne me suis pas battu, battu contre le Soleil, et contre la nuit, et contre la vie, et contre la faim, et contre mon propre esprit, pour te cesser d'aimer aujourd'hui.
Ne m'en demande pas trop, cher amour.
Je ne suis que l'enfant du siècle.
L'enfant qui mord, et qui meurt.

Je porte un prénom qui n'est pas celui que ma mère m'a donné. Je ne me rappelle pas de la terre sur laquelle je suis né. Et sur le pays de mon adolescence, je n'ai été successivement qu'un prostitué, un voleur, un violeur. Pour arriver enfin à cet ultime titre : un assassin.
Je suis une vermine.
Ils le disent tous. Ils l'ont toujours dit. Et je le crois. Profondément. Les insectes survivent aussi bien sous la flamme hautaine du Soleil, que dans la froideur vicieuse de l'ombre. Essayez de me tuer, vous n'en serez que salis. Essayer de m'écraser, je prendrai brièvement la forme de votre semelle, puis je me relèverai. Toujours.
Pourquoi.
Pourquoi ?

Il n'y a qu'une chose qui tient la vermine, qui la tient debout, au milieu d'une terre cendreuse, stérile, hostile. Une lumière, dans le champ de bataille. Un éclat, sur le sol couverts de sang, d'os, et de tripes.
L'amour.
Peu importe que je l'aie créé de toutes pièces. Peu importe que tu ne me le rendes pas correctement. Je l'ai créé, de mes mains. C'est la réalité, c'est ce qui existe. Un sol, des murs, un toit. L'édifice intérieur que je me suis construit, pour ne pas sombrer.
C'est tout.
Tu le comprendras un jour. Peut-être demain. Peut-être dans dix ans. Dans cette prison, ou ailleurs. Dans le feu…ou dans l'eau. Alors ne me demande pas pourquoi.
Ne me demande rien.
Je te donnerai tout.

¿ Por qué ?
No me pidas tales cosas.
Inútil.

Même si je me prends des fois à rêver que ton amour égale le mien. Même si je sais que tu ne le pourras jamais. Personne, ne le pourra jamais. Mon vide est trop profond. Trop brûlant, pour toi, pour les autres. Pour ceux qui l'ont créé, ce vide. Je veux aimer. Mais je ne peux pas l'être.
Laisse-moi te donner. Te donner ces choses qui me rongent, et qui me tiennent en vie. Il me vient à l'idée que cette haine amoureuse, cet amour haineux, sont si nécessaires à ma survie que, lorsque tu les accepteras, je mourrai.
Et bien.

Qu'il en soit ainsi.

Pasará lo que pasará.

Je lève les yeux vers un ciel que je ne vois pas. Je tiens ton corps inerte entre mes bras trop durs, entre mes mains trop maigres. Mon esprit se vide. Il fait noir, et tu es morte. J'ai peur, et j'en tremble. Mais je n'arrive pas à me mouvoir.
Je ne sais pas quoi faire.
J'aimerais me rouler en boule, dans un coin, fermer les yeux, arrêter de respirer, et mourir. J'ai froid, et j'ai mal au visage. Mais plus que tout, j'ai mal à l'âme.
J'ai peur. Maman, Dieu, que j'ai peur, que j'ai peur, que j'ai peur…

No me dejes solo… Pas tout seul… Ne me laisse pas !

Ma poitrine se soulève, comme à vide. J'ai beau inspirer, rien ne vient. Je m'épuise, à vouloir remplir mes poumons de cet air qui se refuse à moi…. Lui aussi. Mon front se couvre de sueur. Respirer… Mais j'essaie, bordel… A vrai dire… ce serait presque moins fatiguant d'arrêter de soulever ma poitrine pour inspirer… J'essaie. J'arrête de respirer, les secondes filent.
C'est reposant. Je sens mes poumons se vider progressivement. Mon diaphragme s'abaisse doucement. Puis tout se stabilise.
Immobilité.
Mes yeux se ferment.

Je me souviens.
Les souvenirs… la mémoire me frappe aussi sûrement que le souffle me quitte. Pourquoi… Parce que. La logique…est-elle vraiment indispensable, dans ce monde ? Si vous le croyez… vous devez êtres… plus fous que moi.
San Francisco. La Californie. Les rues grises des quartiers bas. La chaleur puante de l'été, et les pluies insensibles de Mars. Le brouillard, de temps en temps. J'adorais le brouillard, même s'il m'inquiétait. C'était peut-être même pour ça, que je l'aimais bien.
Et puis il y avait le Mission District. Le quartier des latinos. Comme moi. Quand je pataugeais encore pour apprendre l'anglais, c'était pas mal. Il y avait toujours quelqu'un pour te comprendre. A la Mission, c'était l'espagnol. Mais pas seulement. Y avait du russe, de l'arabe, du chinois, du grec, et d'autres langues dont je n'ai pas retenu, ou pas compris, le nom.
Y'avait aussi les Pacific Heights. Mais on faisait qu'y rêver, avec les autres gosses. Pas question de foutre nos pattes crasseuses dans les grandes allées, près des grandes maisons blanches et bleues qui semblaient pouvoir accueillir des familles entières, heureuses, pleines de Soleil. Des familles que nous n'avions pas.
Alors…pas question.
Non.
Moi, c'était pas du tout Pacific Heights.
Moi, c'était plutôt Polk Gulch. Penterloin, aussi. Et surtout sa nuit. Sa boue. Ses trafics. Ou comment un quartier marchand s'étend à d'autres domaines, le soir tombé. De la drogue, des corps, de n'importe quoi, tant que ça se vend, que ça s'achète, que ça se consomme, que ça fait tourner l'argent.
Un peu mon lieu de travail, en fait.
Sans compter les Maras qui nous cassaient le cul, continuellement, pour avoir des droits sur ce qu'on proposait. Et on ne peut pas passer outre ces gangs à la con. On ne peut que composer avec eux. Encore, je parlais espagnol. Je me débrouillais pour être en bon termes avec eux… surtout une histoire de pas laisser planer de malentendus.
Dans la rue, les malentendus… ça fait mal.
Mais les Maras (un raccourci pour marabuntas, une sorte de fourmi rouge assez peu affectueuse), j'ai toujours soigneusement évité de trop y tremper. Alors pas question d'y entrer. J'avais pas envie de crever. Entre le passage à tabac de bienvenue, et l'épreuve initiatique (à savoir, se payer le luxe d'envoyer un mec six pieds sous terre, se faire tatouer une larme sous l'œil pour le prouver)… ça n'avait pas grand attrait. Sans compter que je ne désirais pas follement aller en taule pour leur prouver ma loyauté.
Quitte à me retrouver enfermé, autant que ce fut par fidélité envers moi même.

Toutes ces choses, c'est moi.
Si je suis un insecte ? Oui. Cette sorte de vermine, sous vos pieds ? Pareil. Une maladie, qui enfle les membres, putréfie la langue, voile les yeux ? Tout autant.
Je suis vous.
Sauf que moi, je me regarde.
Sauf que moi, je vis.

Reveille-toi.

Je passe un doigt tendre sur ce visage tant aimé, et tant haï à la fois. Je commence à souffrir du manque d'air. J'espère qu'elle respire normalement, elle. Je veux tout, sauf que le mal ne s'abatte sur elle. Plutôt mourir. Si je la perds, je me perds. Elle est la flamme au loin. Le sang dans mes veines. La promesse d'une vie utile. D'un sens.
Pas d'un vide.

Ne me laisse-pas…

Ma gorge se noue. Je sens sa tête, posée sur mes genoux. Je suis courbé sur elle… je pleure. Des sanglots d'enfants. Ma langue passe sur mes lèvres. Amertume salée. Pitié… Ne me laisse-pas… Je ne te demande qu'une chose. Sois-là. Existe… existe pour me regarder. Sinon, je suis seul, dans le noir, sourd, aveugle, mort.
Mes mains tremblent.

…Sybille.

Je prononce si rarement son nom.
C'est trop précieux… il ne faut pas trop utiliser ce qui est beau. On risque de l'abîmer, et de ne plus pouvoir le montrer après. Mais mon joyau ne brille pas. Il reste froid, absent, sous mes doigts fébriles. Je me penche encore un peu, dépose, sanglotant, un baiser plein de douceur sur son front insensible.

…Je ne voulais pas… Je te jure… je n'ai jamais voulu te faire de mal…

Est-ce que c'est de ma faute, si les griffes qu'on m'a données sont trop longues ? Si je ne vous comprends pas, vous autres ? Avec vos mains propres, vos côtes qu'on ne voit pas, vos oreilles qui entendent les sons, les chants, les mots…! Je voudrais tant… tant savoir ce que c'est. Sentir, dormir, entendre.
Tout ça.

'Voulais pas… Non, je voulais p… pas. Pas. Non… Je ne voulais pas… Je ne voulais pas… Non…. Non… NON !

Une brûlure sur ma main. La gifle est partie toute seule. Le reste vient naturellement, trop rapidement. Je saisis ses épaules, la secoue, hurle, pleure, ris, murmure, supplie, ordonne. Toujours sur la partition de cette doucereuse litanie…je ne voulais pas…
Je frappe.
Juste un coup, une simple bagatelle, comparé à ce que j'ai déjà pu lui faire sentir… Mais une froide sensation de malaise me noue la gorge. Ai-je voulu…consciemment, ai-je voulu le frapper, lui ? Oui, je le hais. J'abhorre tout ce que cet enfant peut bien représenter. Pour moi, il n'a pas même d'âme. Si ce n'est celle de la rancœur, de la haine, du pêché. Mais porter sa main sur le vase sanctifié, le temple universel… J'ai comme un sentiment de sacrilège.
… Pourquoi ? Je n'attends qu'une chose. Qu'il naisse, et qu'il meure. Etouffé, égorgé, éventré, peu m'importe. Ce qui sortira de ce ventre ne sera qu'un corps mort. Mais je ne peux pas le tuer, là, maintenant… Je ne sais pas. Peut-être parce que la seule chose que je sais de mes origines, c'est que je viens du ventre d'une femme. Qui m'a tenu avec elle, porté, et peut-être même un peu aimé, juste un peu, pendant près de neuf mois.
…Qui sait. Et de toute façon… Qu'importe ?

Le résultat est là.
C'est tout ce qui compte.
Au mépris de l'obscurité, au mépris de ce monde qui passe sans sentir, que je sens sans entendre, mon visage s'éclaire d'un large sourire.
Et mes mains lacèrent mon visage.

…C'est drôle… C'est vraiment trop… c'est drôle…

Maintenant que je sais qu'elle vit, qu'elle voit, je prends conscience de l'obscurité. Et je me souviens… de mon affreuse peur du noir. Mon instinct, implacable despote, m'a conduit de force à une réaction primaire assez… récurrente. Je suis sur le flanc, recroquevillé, les genoux entre mes bras nus. Je frissonne. Ma respiration redevient hachée, douloureuse. Le vide est vraiment là. Sur moi, sous moi, en moi. Qui… pourra me relever… Personne, il n'y a personne… Mes mains trouvent naturellement le chemin d'une gorge trop connue.
Ecoutez-moi.
Parlez-moi.
Aimez-moi.

Qui m'entend ?


Dernière édition par Sebastian A. Owlson le Sam 24 Mai - 12:34, édité 2 fois
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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeSam 24 Mai - 10:27

[HRP : second post du message, la vision de Sebastian est celle en italique. La description par Tobias, c'est le reste]

Dieu…

Aimez-la.
Parlez-lui.
Ecoutez-la.

L'intuition… La seule, l'unique, l'ultime et tendre maîtresse qui m'ait jamais gouverné… Elle qui me garde du feu, du flot, du flux, du faux. Mène ma barque, douce despote, guide ma vie, charmante chose… Donnez-lui la main, mariez-là à la Chance, et baisez son pied. Elle peut ne jamais vous le rendre. Vous faire passer pour un pur abruti, un mystique, un inadapté. Mais quoiqu'on en dise… Il arrive qu'elle nous sauve.
Et bordel de merde, c'est tant mieux.

Plus… jamais…

Mes mots heurtent l'inconnu ainsi que les deux gifles que je lui assène, pesamment assis sur son torse salement tatoué. Je sens la présence de Sybille, quelque part, dans mon dos. Peut-importe. Je l'ai éloigné d'elle. C'est tout ce qui compte.
Il ne la touche plus.
C'est tout.

Mon regard glisse froidement sur le visage de l'homme. Du jeune homme, plutôt. Son expression a la force un peu stupide, naïve presque, d'un post-adolescent pas bien mature. Même si quelque chose me dérange. Cette espèce de mélange, de paradoxe, entre la jeunesse des ses traits, et la sauvagerie calculatrice de son regard. Il ne me regarde pas. Il me jauge. Mais brutalement, avidement. Comme le ferait une bête sauvage. Ses yeux en ont presque la couleur fauve, d'ailleurs. La lumière manque un peu… mais je jurerais qu'ils sont jaunes. Comme ceux d'un rapace, ou d'un chien. Sa tignasse sombre, tombant anarchiquement sur ses yeux, sa lèvre trop pleine, relevée en un rictus haineux, complètent le tableau… Une vraie bestiole.

Ne pose pas tes yeux sur moi… Je ne supporte pas qu'on me regarde de cette façon… Tu t'interroges sur ce que je suis, je le sais, je le sens. Un peu de dégoût, mais beaucoup de curiosité. Comme les autres. Ceux qui ne comprennent pas.

Exactement.
Une bestiole…enragée. Il vient de m'envoyer au sol, avec une force assez peu commune. Pourtant, il a pas vraiment l'air… Il est pas maigre, mais je le classerais plutôt dans le registre "renard famélique" que "ours bien portant". Il frappe comme un halluciné… Effrayant. Il se bat n'importe comment, me griffe, porte ses coups où il peut… Mais avec une telle vivacité qu'il m'a fait perdre et la contenance, et l'équilibre. Je tombe, mais l'entraîne dans ma chute. Il prend l'avantage.

A mon tour. Je suis assis sur lui, les mains sur sa gorge.
Etrangement, nous demeurons figés. Je ne serre pas, mais de son côté, il n'esquisse pas le moindre geste. Nous nous observons mutuellement. Comme deux bêtes, jaugeant, étudiant un adversaire nouveau.


Et pas le moindre. Quelque chose me dit… qu'il se passe quelque chose de pas banal. Ce garçon… Il a quelque chose à voir avec Sybille. J'ai senti… j'ai senti dans son regard sur elle quelque chose qui remontait… loin.

…Lui, c'est qui ? Quel est son lien avec ma chose…? C'est un gardien. Une vaniteuse enflure de gardien. Pourquoi venir en aide d'une prisonnière ? Il la veut pour lui ? Il veut la défendre ? Mais… de quoi ? Avec moi, elle est entre de bonne mains. Elle n'est jamais en sécurité qu'avec moi. Et ce maton, ce porte-matraque imbécile, que croit-il avoir le droit de faire… Elle est à moi.
Je le scrute. Ses yeux… gris de rien. Pas du blanc, pas du noir. Pire. Le teint presque aussi foncé que le mien, mais le visage plus creux, plus dur, carré. Une bouche trop grande, des cheveux trop longs, des rides discrètes au coin des yeux.


"-T'es qui ?"

Il dit quelque chose. Mais je ne sais pas quoi. La semi-obscurité, son regard qui capte le mien, la fatigue, tout cela m'empêche de lire correctement sur ses lèvres.
Mais il a brisé le silence.


La trêve semble être dépassée… Pourquoi ? Subitement, l'autre, la bête, s'est mis à enfoncer ses doigts nerveux dans mon cou. J'ai beau être gentil… 'Va falloir voir à pas me faire chier trop longtemps. D'un bon coup de latte dans l'estomac, je le fais jarcler sur le côté.
T'as beau être vif, j'ai plus d'expérience que toi.

"- Qui es-tu ?"

J'ai un geste de surprise. J'étais en train de l'interroger, il me coupe en me demandant qui je suis. L'échange vire à l'absurde. Sans compter qu'il se met à débiter une vague de mots d'un espagnol haché, à peine articulé, trop fluide, trop rapide pour que je puisse y comprendre quelque chose.
Coupons court.

Je suis au sol, replié sur mon abdomen meurtri. L'autre, le métal, vient de m'enfoncer un poing dans l'estomac, d'une force brute, lente, mais supérieure à la mienne. Du coin de l'œil, je perçois des ombres qui dansent, des pieds qui foulent le sol. Et puis…
L'obscurité.


"- Sybille… Tu as mal quelque part ? Il t'a frappée ?"
Nous sommes sortis. Hors de la cellule, loin de l'autre, loin des griffes de la bestiole. Du monstre. Je tente de maîtriser les tremblement qui, imperceptiblement, agitent mes mains. Non seulement à cause de la peur que j'ai pu avoir que de trouver ma Petite Plume avec cette créature. Mais, et je dois bien l'avouer… lui, m'a effrayé. Son regard… Il n'est pas… pas normal. C'est un peu court, je sais. D'autant plus que le terme "normal" ne signifie en général pas grand chose, sinon l'expression d'une fermeture d'esprit rance. Mais ces yeux jaunes…
Ils voulaient dévorer le monde.

"- Hey ! Qu'est-c'tu fous là ?
- Tu vois pas ? Une petite promenade de santé, Pénélope.
L'autre, passablement gai à l'origine, se renfrogne un peu.
-Te fous pas de ma gueule, Tobias. Puis mon prénom, c'est Logan… Pénélope, c'est mon putain de nom de famille. Alors va te faire foutre, positivement.
Logan Pénélope, ou l'homme à la sensibilité extravertie.
- Passe-moi ta lame.
– En vertu de quoi ?
- De notre amitié de longe date.
– 'Culé."

Je lève la tête. Logan, il faut le connaître. Ses mots ne coïncident pour ainsi dire jamais avec ce qu'il peut bien dire, ou penser. Là, il sourit de toutes ses dents, en me tendant son couteau de survie, ce con. Je le saisis, de ma main valide, reste en suspens. Il ne lâche pas.

"- Tu reviens ce soir, alors.
Je fronce les sourcils, jette un regard sur Petite Plume. Pourquoi est-ce que ça me dérange qu'il parle de ça devant elle ? Tss… c'est con. Mes affaires personnelles ne la concernent pas. Nous n'avons aucun lien, elle et moi… enfin, aucun de ce type… je… bref. Quoi qu'il en soit, j'abrège en récupérant le couteau d'un geste un peu trop pressé.
– Toi, tu t'es trouvé une copine…
– Tu surveilles la détenue pour moi, s'il te plaît.
- … OK."
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeLun 26 Mai - 14:28

« - Assieds-toi.
- Non Sebastian, non… Ne fais pas ça, laisse-moi je t’en supplie, laisse-moi !
- Assieds-toi j’ai dit. »

Je m’exécute en tremblant, à deux doigts de défaillir. Me laissant tomber sur le matelas miteux du lit se trouvant derrière moi. Le goût âcre de la peur se faisant clairement sentir dans ma bouche. Mes yeux s’emplissent de larmes.
Je ne veux pas mourir…

Tu t’approches lentement, d’un pas sûr, déterminé. La lame de ton arme luisant à la faible lueur des rayons du soleil qui parviennent à traverser l’étroite fenêtre. Je tremble de plus belle. Ma vie va-t-elle s’arrêter ici, là, maintenant ? J’ai souvent pensé à mourir, depuis ces deux dernières années. Trop peur, trop mal… Plus rien à faire, plus rien à vivre, tout simplement. J’ai seize ans. Deux années encore me séparent de ma remise en liberté. Tiendrais-je jusque là ? Serais-je capable de reconstruire une vie normale, après tout ce que j’ai vécu ? Autant arrêter tout, là, maintenant.
Et pourtant, je ne l’ai pas fait. Trop lâche, trop faible, pour pouvoir mettre fin à mes jours. Parce que moi, débile humaine, je m’accroche encore désespérément à ce minuscule lambeau de vie qui me reste. Fol espoir. Pourtant la mort, je l’ai invoquée ! Appelée, implorée, suppliée, tous les jours, toutes ces nuits où je m’éveillais en sursaut, en larmes, transie de peur. Hantée par le passé, hanté par le présent. Hanté par leurs visages, par son visage.
Mais maintenant, je me rends réellement compte que je veux vivre. Que, finalement, même si je souffre, je survis misérablement, me raccrochant tant bien que mal à la surface encore immergée du rocher. Parce que je ne me suis pas encore noyée. Parce que je suis en vie, tout simplement.
J’ai peur de la mort.

Je sursaute, déglutis péniblement en sentant le désagréable contact du métal froid sur ma peau. Là, contre ma gorge. Et un sanglot étranglé jaillit de mes lèvres, tandis qu’il presse un peu plus sa lame, m’entaillant à peine le cou. Je vais mourir. Aidez-moi, par pitié ! Quelqu’un, quelqu’un, je vous en supplie… Aidez-moi…
Et toi, toi…
Tu éclates de rire. Un rire dément, comme pris d’une incontrôlable, folle crise d’hilarité. Et tu retires ta lame.
Regard étonné.

- As-tu réellement cru que j’allais te tuer ?

Une question simple, innocente. Posé sur un ton tellement… banal ! Comme si tout ceci était… normal. Normal que tu tentes de m’égorger. Normal que tu me fasses la peur de ma vie. Normal que tu plaques un couteau sur mon cou. Encore sous le choc, je me contente de te lancer un regard empli de questions, incapable d’articuler un mot.
Explique-moi…

- Ne bouge pas.

De toutes manières, avant même que je n’ai eu le temps de réagir, tu t’assoies à mes côtés, tenant fermement mes poignets d’une main, dégageant ma nuque de mes boucles rousses de l’autre. Le poignard entre tes dents. Je tremble lorsque tes doigts effleurent ma peau nue. Je ne respire plus. N’ose même pas tenter un souffle. Je suis tout bonnement terrorisée. Je voudrais crier, je voudrais hurler, me débattre, m’enfuir, appeler à l’aide. Mais j’en suis tout bonnement incapable. Comme si sa simple présence, son simple contact me réduisaient à néant, annihilant toute volonté.
Tes lèvres se posent sur ma joue, glissent vers mon oreille. Et je frissonne en sentant ton souffle chaud, ta bouche s’agiter, tout contre cette dernière :

- Tu es à moi Sybille, à moi. Ne l’oublie jamais, tu m’entends ?

Je pousse un hurlement de douleur. La lame a pénétré dans ma peau, là, derrière le lobe de mon oreille, juste sous la racine de mes cheveux. Pas beaucoup, mais suffisamment pour que je sente le sang couler et la douleur me vriller les nerfs. Que fait-il, pourquoi ? Arrête, non, non ! Je tente de me soustraire à son étreinte, mais la prise de sa main sur mes poignets fragiles m’en dissuade. Il serait capable de me les briser. Tendue, crispée, je serre les dents, le visage livide, tandis qu’il continue sa sanglante action. Un gémissement étouffé traverse parfois la barrière de mes lèvres jointes.
Une goutte de sueur perle sur mon front.

Au bout de quelques secondes qui passent telles des minutes pour moi, tu retires enfin la pointe de ton arme de ma chair. Et je détourne la tête, les yeux embués de larmes, pour ne pas te voir lécher les gouttes de sang qui coulent sur le métal.

- Pourquoi… ? Ma voix tremble, murmure ténu, infime. Brisée.
- Parce que je t’aime. Réponds-tu. Et je veux que tous le sachent. Tu es à moi, pour toujours.

Tu effleures ma blessure toute fraîche du bout de ton index, m’arrachant une grimace de douleur, avant de te relever et de t’en aller, comme tu étais arrivé. Subitement, simplement. Sans un mot.


D’un geste lent, presque inconscient, je porte ma main à ma nuque. Tâtant l’entaille dissimulée, là, sous la cascade flamboyante qui coule dans mon dos. Ce n’est plus qu’une pâle cicatrice, depuis le temps. Mais cette marque restera. Je le sais. Et je la sens. Tous les jours, à chaque instant. Tout le temps. A toi, pour toujours… Même quand tu n’es pas là, tu es avec moi. Tatoué, ancré en moi. Une lune veillant sur moi, épiant mes moindres faits, mes moindres gestes. Une lune. Je n’ai pas tout de suite compris pourquoi, jadis. Mais maintenant, maintenant… Je sais. Une simple marque, un simple dessin. Et pourtant si symbolique.

- La lune trop blême pose un diadème sur tes cheveux roux…

Ces mots s’échappent presque naturellement de mes lèvres. Mélodie trop connue, trop familière. Tant haïe, tant redoutée…
Tes mains, sur ma gorge. M’étouffant, m’étranglant, une fois de plus. Je gémis, suffoque. T’implore du regard. Arrête… Quelqu’un, aidez-moi, je vous en supplie. Par pitié…

Si un jour je sors de cette prison, je pense que j’irais tous les dimanches à l’Eglise. Et même plus encore. Merci mon Dieu, merci. Dans son dos, la porte vient de s’ouvrir, brutalement. Laissant pénétrer un faible halo de lumière, qui parvient à peine à illuminer nos deux silhouettes trop rapprochées l’une de l’autre. L’espoir renaît.
Je retiens mon souffle, ou du moins, le peu qu’il m’en reste. Je commence à étouffer. La tête me tourne. Mais je suis encore assez lucide pour feindre n’avoir rien remarqué. Si Sebastian se rend compte de ce qui se passe, il risque de devenir horriblement violent. Et même si j’ignore qui est ce gardien qui vient de s’engouffrer dans la pièce – il est à contre-jour, et, à travers le voile opaque qui commence à tomber sur mes yeux, je ne distingue pas grand-chose -, je n’ai aucune envie qu’il lui arrive quelque chose. J’ai assez… d’expérience dans le domaine pour savoir que Sebastian n’aime pas être « dérangé » lorsqu’il… lorsqu’il s’occupe de moi. D’un autre côté, je me fiche bien de ce qui peut arriver à cet homme. Tout ce qui compte, c’est qu’il me sorte d’ici. Qu’il l’éloigne de moi, qu’il m’éloigne de lui. C’est tout.

- Plus… jamais…

Ou peut-être pas, finalement. Oh mon Dieu.
Vous auriez pu envoyer n’importe qui. N’importe quoi. Tous, mais pas lui. Je ne veux pas qu’il soit mêlé à ça, je refuse. Qu’il en sache le moins possible sur ce qui nous lie, Sebastian et moi, sur ce qui se passe, ce qui s’est passé entre nous. Qu’il ignore tout simplement sa présence même. Pour moi, mais aussi, mais surtout pour lui. Parce que j’ai peur. Peur pour lui, peur pour sa vie. Sait-il seulement à quoi il vient de s’exposer en pénétrant dans cette cellule ? En posant le pied sur le sol de cette salle, il vient de signer son arrêt de mort aux yeux, dans l’esprit de Sebastian. Si Tobias me sauve la vie, si il apprend ce qui s’est passé entre lui et moi… Il n’aura de cesse avant de l’avoir tué. Et je refuse. Je refuse, je refuse ! Vous m’entendez ? Si il lui arrive quoi que ce soit, si il… meurt, je ne me le pardonnerais jamais. Jamais.

L’air revient subitement dans mes poumons. Me brûle, me pique les yeux. J’inspire profondément, hébétée. Le choc m’a également ébranlée. Car si il visait Sebastian, en lui tombant dessus, et en le faisant rouler à terre ainsi, il m’a aussi heurtée. Dépassée par les évènements, je le vois s’asseoir sur lui, le gifler. Attendez. Stop, stop ! Arrêtez tout ! Que fait-il ici ? Comment a-t-il su que j’étais là ?
Oh, mais qu’importe Sybille ! L’important, c’est ça, ce qui se passe sous ton nez, là, regarde, regarde !
Je pousse un hurlement. Il le frappe. Ils se frappent. Se cognent, se battent avec une force et une violence inouïe. Non. Non !
J’ignore exactement pourquoi je crie. Ni pour qui j’ai peur. Ai-je peur pour Tobias ? Pour… Sebastian ? Les deux, je crois. Je ne veux pas qu’il meure. Mais lui non plus… Mais, si il lui fait le moindre mal, je, je…
Je sursaute, grimace. Crie à nouveau. Tobias, à terre, Sebastian, sur lui, les mains sur sa gorge. Il va… L’étrangler ? Le tuer ? Non !

- Arrêtez ! Arrête Sebastian, arrête !

Dans un effort surhumain, je me relève, passant outre la douleur qui me dévore la cheville lorsque je pose le pied par terre. La peur, la crainte qui me rongent le ventre sont plus fortes que la souffrance. Dans une tentative désespérée de lui faire lâcher, je saisis son bras, tentant de l’ôter de la gorge de Tobias. Il m’envoie à terre d’une simple gifle, aussi violente soit-elle. Je gémis, enfoui mon visage dans mes mains. Je ne veux pas voir ça, je ne veux pas. Haletante, je me recroqueville sur moi-même, impuissante… avant de me rendre compte que seule ma respiration saccadée, et la leur, résonnent dans la cellule . Ebahie, je relève la tête, n’osant trop comprendre, n’osant trop vouloir savoir ce qui se passe. Ils sont toujours dans la même position. L’un sur l’autre, s’observant. Deux inconnus, deux bêtes sauvages, deux fauves se jaugeant, s’étudiant, attentivement. Je retiens mon souffle, me mord la lèvre.

« -T'es qui ?
- Sebastian ! »

J’ai hurlé ce nom, le voyant enfoncer ses doigts dans la peau de Tobias, refermer sa prise autour de son cou. Arrête, ne lui fais pas de mal, arrête ! A nouveau, je tente de me redresser… et détourne les yeux. Un coup, violent. Un craquement. Sebastian, replié sur lui-même, recroquevillé au sol, comme un chien, comme un animal blessé. Et Tobias, Tobias qui se relève, se dirige vers moi, encore sous le choc, perdu. Un air sauvage sur son visage qui me paraît terriblement dur, en ce même instant.
Portait-il cette même expression il y a deux mois, lorsqu’il a tué Kleden ? Avait-il ce même masque neutre, figé, qu’il arbore en me regardant ? Ne fait pas semblant. Cette crainte, cette peur, cette incompréhension qui brille dans tes yeux… Tu sais qu’elle est là, aussi bien que moi.
Debout, face à lui, je le regarde. Tremblante, aussi pâle que la mort. Et ce n’est que lorsque j’esquisse un pas vers lui que je me rends compte de la douleur qui me vrille le corps. Un cri de souffrance s’échappe de mes lèvres meurtries, et je m’effondre, incapable d’en supporter plus.


- Sybille… Tu as mal quelque part ? Il t'a frappée ?

Je secoue faiblement la tête dans un geste négatif, le regard perdu quelque part, entre le vide et le sol. Oui il m’a frappée. Oui, j’ai mal. Mais intérieurement. Inutile de l’inquiéter. J’ai… l’habitude. Triste à dire. Et pourtant, c’est vrai… Et je sais pertinemment que, comparé à ce qu’il m’a déjà fait subir dans le passé, tout ceci… n’était qu’une visite de courtoisie.
Ma main se perd, nerveusement, quelque part entre ma nuque et mon oreille, sous mes cheveux roux.
Choc.
Il est revenu…

« - … c'tu fous là ?
- … Pas ? ... Promenade de santé, Pénélope.
- Te fous pas de ma gueule… C'est Logan. Mon putain de nom de famille … Te faire foutre… »

Des bribes de conversation traversent mon esprit embrumé. Pénélope ? C’est qui elle ? Lui ? Je ne comprends pas… Je m’en fiche, en fait.
Il est revenu.
Revenu.
Je crois que je viens de réaliser, vraiment. Sebastian est revenu. Douleur, souffrance, peur, terreur… Tous ces mots que je croyais avoir oubliés, depuis des années maintenant.
Parce que tout ce qui s’est passé avant, entre-temps… Ce n’était rien. Rien.
Epargnez-moi, je vous en supplie…

- Passe-moi ta lame.

Si l’échange d’avant m’est tout simplement passé au-dessus, ces mots me ramènent brutalement à la réalité. Je sursaute, brusquement, horriblement consciente, soudainement. Pardon ? Je dois rêver. Cette scène, là, qui se déroule sous mes yeux. Lui, là, cet homme. Logan ? Un couteau dans sa main. L’autre extrémité de ce dernier dans celle de Tobias. Qu’a-t-il l’intention de faire ?
Ne me dites pas que…

- Tu reviens ce soir, alors.

Une fraction de seconde, mes sourcils se froncent. Je tique. Le rythme de mon cœur s’accélère. Ce soir ? Ai-je mal entendu ? Que voulait-il dire par là ? Est-ce que Tobias, et… et lui ?
Non. Ridicule. Ils doivent sûrement parler d’autre chose. Tobias et un homme ? Non. Impossible. Trop, trop… invraisemblable.
Oui, mais Ludwig ? C’était invraisemblable aussi, non ? Pourtant, tu te souviens de ce qui s’est passé avec Alec, n’est-ce pas ?
Tais-toi. Silence.
Ne te voile pas les yeux. Tu as parfaitement compris ce qu’il voulait dire.
Non. J’ai du me tromper.
Tu le sais très bien ! Cesse de te cacher ! Pourquoi tu ne veux pas voir la vérité en face ? Tu as peur, c’est ça ?!
A moins que…
Oh, Sybille…
Tu es jalouse, n’est-ce pas ?
Jalouse. Jalouse, jalouse.
Jalouse.
Jalouse qu’il puisse préférer un homme à toi. Jalouse qu’il ne te regarde que pour te lancer un regard hésitant, comme si il ne savait quelle attitude adopter. Jalouse qu’il ne te regarde qu’à travers des yeux d’adulte, ne te considérant que comme une gamine, une enfant, et non pas comme une femme.

– Tu surveilles la détenue pour moi, s'il te plaît.

Et c’est parce que tu es jalouse que tu viens de te lever, brutalement, en entendant ces mots. Et c’est par pure frustration, par colère, par désespoir, que ta main vient de heurter sa joue, violemment, sous les yeux ébahis de l’autre idiot. Ma paume me pique, ma cheville me torture. Mes yeux me brûlent…
Des larmes ?

- La détenue a un nom, gardien Viatscheslav.

Bon Dieu. Mais qu’est-ce que c’est que ce ton Sybille ? Tu n’es tout de même pas… vexée ? Frustrée ? Mais de quoi ? Qu’il ne te considère que comme une détenue, comme il l’a si bien dit ? Qu’il fasse comme si tu n’existais pas ? Mais qu’est-ce que tu en as à faire après tout ? Ce n’est qu’un gardien ! Et encore, à demi ! Un homme, juste un homme !
Non. Pas que. C’est…
Quoi ? Quoi alors ?
Je l’aime.

Tu es sérieuse ?
Peut-être… Je ne sais pas. Tu crois que c’est quoi, alors, cette sensation qui me vrille l’estomac ? Qui fait battre mon cœur ? Qui fait pleurer mes yeux ?
Tu es sous le choc, voilà tout. Ne commence pas à t’avancer sur une pente dangereuse. Toutes ces émotions, ce qui vient de se passer… Ce n’est rien, ça va passer. Calme-toi.
Tu as raison, sûrement…

Doucement, mais fermement, ma main vient saisir son poignet, baissant lentement ce bras armé. Mes yeux restent rivés dans les siens. Je tremble, vibrante d’une colère, mais surtout d’une crainte non dissimulée. Je lui en veux. Clairement. Pourquoi, mais pourquoi ?! Pourquoi se croit-il obligé de faire ça ? Pourquoi ?! N’a-t-il rien d’autre à faire que de jouer aux petits soldats ? Il ignore ce dont dans quoi il s’embarque ! Je refuse qu’il mette sa vie en danger pour moi, je refuse !
Une vie, simplement pour ma pauvre personne… C’est déjà trop. Qu’importe ce que cet homme ai pu faire.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeLun 26 Mai - 14:29

- Ne fais pas ça…

Ma voix tremble. Détonnant contraste entre mes mots d’avant. D’ailleurs, le Pénélope a l’air un peu… surpris. Désorienté mon gars ? Tu n’es pas au bout de tes surprises. Si ça ne te plaît pas, vas-t-en. Quoi, je ne suis pas tendre ? Je m’en fiche. Lui, je ne l’aime pas.
Point.

- Tu ignores à qui tu as affaire Tobias, tu ne sais pas ! N’y va pas, je t’en prie !

Avec la force du désespoir, je me serre contre lui, entourant son dos de mes bras avec une certaine forme de… violence ? Qu’importe. Je ne veux pas. Pourquoi ne veut-il pas comprendre ça ? Mon corps tremblant blotti contre le sien, je me presse de plus belle contre son torse, les yeux plein de larmes. Enfouissant ma tête dans le creux de sa nuque. Ma bouche, elle, cherche le chemin de son oreille :

- N’y va pas, je t’en supplie… A quoi bon ? Si il t’arrive quelque chose, je ne le supporterais pas. Je refuse qu’il t’arrive le moindre mal, tu m’entends ? S’il te plaît Tobias, je t’en prie…

C’est à ne plus rien n’y comprendre. Moi-même, je n’y entends plus rien. Mes sentiments se bousculent, se succèdent, un à un, à un rythme effréné. Jalousie, colère, rancœur, peur, crainte… Amour ? Affection. Je tiens à lui, indéniablement. Je refuse d’être la cause de son éventuel malheur. Pourquoi fait-il ça ? Uniquement pour moi ? Qu’importe, qu’importe ! C’est terminé, c’est fini. Je suis saine et sauve, et lui aussi. Il a échappé au pire. Alors… Pourquoi vouloir tenter le diable ?
Inconsciemment, mes bras se referment un peu plus autour de lui. Son odeur inonde mes narines, envahit mon esprit. La chaleur de sa peau, le contact de son corps contre le mien… Je frissonne. Et sursaute, autant à cause du raclement de gorge peu discret que vient d’émettre notre compagnon indésirable que parce que je viens de réaliser que, sans trop vraiment que j’eusse cherché à les en empêcher, mes lèvres ont effleuré la base de son cou, là, un peu en dessous de son oreille.
Ne fais pas ça, par pitié…
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeDim 13 Juil - 12:26

Et pourquoi pas… Que sais-tu de moi ?
A tout prendre, qu'est-ce que j'ai fait ? Je t'ai tirée de là, je m'apprête à y retourner. Rien de bien grave, non ?
…Non ?
Toi. Toi oui toi qui semble marcher dans la lumière
Tends donc ta main, touche cette sorte de nuit
Et presse tout contre mon front ton front ami
Avec moi fais l'échange de cette eau amère.


Alors pourquoi ? Je veux dire, pourquoi cette brûlure, sur ma joue ? Et pourquoi sa chaleur, tout contre moi ? Ces deux sensations se chevauchent, j'en suis perdu. Et son ton… cette putain d'intonation dans sa voix… C'était quoi, au juste ? Hein ?
Me fais pas des trucs comme ça. Non, vraiment, évite. Heureusement que la liaison entre mon cerveau et ma gueule est assez lente. Visage de glace, silence de pierre. Gardien, oui, je suis gardien, et alors… ? Qu'est-ce que j'ai dit… Quoi ? "Détenue" ?
Est-ce que c'est vraiment comme ça que je ressens tout…toutes ces choses ? Non… Mais ne m'en veux pas. Non, ne l'en veux pas de vouloir te sortir de tout ça, te protéger. Heh ? Gardien, détenue… Crois-moi ou non, j'avais oublié ces mots… Entre nous…
Entre nous.
Je ne suis pas mort et tu n'es pas en vie
Entre quatre murs, tu croirais que c'est permis ?
Etends les bras, brise-toi les doigts : caresse de pierre
Non n'essaie pas. J'y ai épuisé mes prières.


"-… Sérieux, tu pensais que j'allais faire quoi ?"

Mes doigts tournent prudemment la lame vers le sol, histoire de permettre à mes bras de passer autour d'elle. C'est à peine si j'y pense, c'en est presque devenu instinctif. Naturel. Et puis ? Cela ne veut rien dire. Rien. J'ai peut-être fait une connerie. J'assume. Et j'explique. Le tuer ? C'est vraiment ce qu'elle a pu penser ? Sacrée réputation… Même s'il est vrai que l'autre…
L'autre. Il est mort, lui. Bel est bien mort.
De mes mains.

"-Je veux comprendre."

Comprendre, pour agir. Eviter le pire. Ce que toi, tu semble craindre, sans le dire. Sans oser. "Sebastian" ? D'où il sort, ce gosse ? Tu le connais, il te connaît. Je le sens. Aussi sûrement que je perçois ta chaleur, celle qui causerait trop de froid si j'osais m'en séparer maintenant. Pourtant, tu t'en charges. Je sais pas trop pourquoi. Peut-être pour ce que j'ai senti, là, tout près de mon oreille.
Je frissonne.

"-Je veux seulement… lui poser quelques questions."

Un dernier regard, mes yeux. Un dernier sourire, mes lèvres.
Rien de plus. Je me détourne, ouvre la porte du cachot, entre, la referme en un claquement métallique.
Silence.
Obscurité, et silence.
Où est-il ? Je cherche. Il n'y a qu'un faible halo de lumière, autour de la porte. Pas plus. Il faut que je laisse à mes yeux le temps de s'adapter. Mais ce temps… Est-ce que je l'ai ?

"-Tu me vois ?
- T'es où ?"

Pas de réponse. Il m'ignore, et ne fait pas le moindre mouvement. Mais j'ai eu un aperçu de sa position… sa voix. Elle me guide. Je laisse lentement glisser mon regard au fond, tout au fond de la cellule. Une forme accroupie, non, assise. Il a ramené ses jambes devant lui, courbé la tête. Il se balance lentement. Sa masse anarchique de cheveux retombe sur son visage, mais, entre deux mèches sombres, je distingue l'éclat d'un regard inquisiteur.
Latence.

"-Tu me vois.
-…oui.
-..."

Lentement, je glisse l'arme dans ma ceinture, derrière moi. Je tique. Il n'a pas bougé, mais quelque chose en lui a réagi. Je ne sais pas. Sa respiration, peut-être. Mais dans cette obscurité… que voit-il ? Etrange à dire… mais je sens que sa perception des choses…
N'est pas très humaine.

" – Sebastian… C'est ça ton…
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Heh… Tu dois le sa…
- Pars. Cela ne te concerne pas. Tu n'existes pas. Pas dans mon histoire."

… Oula. De un, il sait pas répondre normalement aux questions. De deux, il me coupe à chaque fois, limite comme si je parlais pas, ou comme s'il n'en avait rien à faire. Je crois qu'il n'a pas très bien compris dans quelle position il était… Je veux dire, recroquevillé au fond d'un cachot très noir, face à un gardien très curieux… Et enfin… C'est quoi ce putain de taré ? Ses mots… La façon dont il parle… Cette assurance froide ne lui va pas. Pas du tout. Sa voix porte loin, mais elle est… désincarnée. Il semble dehors. Hors de tout ça… Hors de l'histoire.

Je m'avance.
"-Je te préviens…"
J'avance encore. Il se tasse un peu, sur lui même. Son balancement cesse. Une main fiévreuse vient dégager son front. Son visage m'apparaît clairement, maintenant. Il fronce les sourcils, se mord la lèvre inférieure. Sur son genou, sa main pianote rapidement, se crispe, puis lisse nerveusement l'étoffe.
"-J'ai des questions…
- Tes lèvres. Pas de lumière.
- Pardon ?
-…recule."
Pas question.

Il n'a plus qu'un tout peut mètre entre nous. Je me rends compte qu'il n'a pas de chemise. Je hausse un sourcil. Je sais pas, mais ça m'inquiète… Qu'est-ce que ce mec foutait avec Sybille ? Un bref, très bref instant, j'ai un vague relent de jalousie. Je fronce les sourcils. Absurde. C'est pas la question. Lui, et elle ? Non.
"Tu faisais quoi ?"
Je fais un pas.
Et c'est la fin.

Il vient de me sauter dessus. Ou presque. Se décollant brusquement du mur, il empoigne mes genoux, me fait basculer. Je ne peux pas lutter. Trop surpris. Par sa force, notamment. Comme la première fois. Comment un gosse à peine nourri peut-il receler en lui une poigne de cette sorte ?
Mes épaules heurtent durement le sol. Il éructe une sorte de grognement de fureur. Digne d'un animal pas très net.
Tout va trop vite.
Je n'ai qu'une pensée : la lame. Mais non, je ne dois pas le tuer. Elle… elle ne voudrait pas. Pas un autre. Mais ma main vient tout de même pour chercher l'arme…
Sueur froide.
Où est-elle ?
"-J'avais prévenu."

C'est à peine si je comprends qu'il vient de glisser la lame dans ma bouche… Mais qu'est-ce qu'il fout ? Son autre main vient peser sur ma gorge. Je n'ose plus bouger. Il a légèrement entaillé ma langue. Goût de métal. Est-ce que ça lui suffit ?
Il se penche… lentement… Ce sourire, enlève moi ce sourire… Je n'ai qu'une envie, lui arracher la tête. Mais je réserve ça pour plus tard… lorsqu'il ne menacera plus de me couper la langue.
Mon esprit, embrouillé par l'adrénaline, peine à comprendre les mots qu'il formule avec une lenteur salement mesurée.

"-Et Judas… Judas pour leur montrer lequel ils devaient prendre, l'embrassa…"

Un mouvement sec.
Et puis plus rien.
Sauf la douleur. Je ne peux contenir une sorte de long gémissement. Ma tête bascule en arrière, et, du coin de l'œil, je distingue l'éclat rougeâtre de mon sang, sur sa lame… Cette sensation… impossible à décrire. Je crois que des larmes m'échappent… et se perdent dans l'entaille qu'il vient de me faire. Entaille ? Déchirure… Il m'a tranché la joue, cet enculé…
J'ai envie de vomir. Je n'avais pas ressenti une douleur pareille depuis… depuis que cet autre… que cet autre m'avait coupé le pouce…
Je ne comprends plus rien. Je ne sais pas vraiment où je suis, ni ce que je fais. Je me cambre, lance une main au hasard. Je touche son front, agrippe ces cheveux… Mon autre main se lève. Mes doigts effleurent son nez, passent sur ses lèvres…
S'arrêtent à l'anneau qu'il porte. Le saisissent.
D'un coup, je tire.

C'est un véritable hurlement, qu'il pousse. Il tombe sur le côté, les mains plaquées sur sa bouche, hurlant toujours sa douleur, les paupières fermées, crispées.
A la limite de l'inconscience, je souris. Connard. Dent pour dent…
J'ouvre mes doigts, le bijou, poissé de son sang, heurte le sol.
Tintement lugubre.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins...   Et les Saintes ont des mains que touchent les pélerins... Icon_minitimeMar 22 Juil - 6:07

Il n’aurait pas du. Je n’aurais pas du.
Le laisser partir, je veux dire. En ce moment même, j’ai juste l’impression d’avoir fait la plus grosse erreur de ma vie. Croit-il sérieusement qu’avec un simple couteau, il parviendra à maîtriser Sebastian ? Il ne sait pas à qui il a affaire. Sebastian est fou, complètement fou. Possédé. Et vu ce qui s’est passé tout à l’heure dans la salle… je pense qu’il est assez intelligent pour comprendre que ce qui nous lie, Tobias et moi, ne sont pas de simples liens gardien-détenue. Il y a… autre chose.
Mais quoi ?
C’est bel et bien ce que je suis en train de me demander, tout en me rongeant nerveusement un ongle. Mon regard est perdu quelque part dans le mur d’en face, mon cœur bat la chamade, ma main droite crispée sur la chaise sur laquelle je suis assise. J’ai peur, et je ne le cache pas. Que peut-il bien se passer, là en bas ? Si il lui arrive quoi que ce soit… je ne me le pardonnerai jamais.
Jamais.

- Qu’est-ce qui a ?

Tiens, je l’avais presque oublié lui. Pourtant, il est bel et bien là, debout près de la porte à attendre, lui aussi, quoi qu’il me paraît parfaitement serein. Sans nul doute dois-je l’intriguer, avec mon air angoissé et mon visage livide, à me ronger les sangs de cette façon. Ce qu’il y a ? Mais il ne comprend donc pas ?! Tobias est parti se jeter dans la gueule du loup et moi, et moi ! je suis là, assise sur une chaise, incapable de bouger à cause de cette putain de cheville, à moitié en train de devenir dingue en imaginant ce qu’ils peuvent être en train de se dire, de faire, de se faire, pendant qu’un abruti de gardien me pose des questions idiotes ! Pourquoi n’est-il pas descendu avec lui, pourquoi ?! Si il arrive quoi que ce soit à Tobias, n’importe quoi, ce sera de sa faute, à cet abruti !
J’ai dit abruti ? Quoi, deux fois ? Oh, pardon. Oui je suis jalouse, et alors ?! Je ne sais pas exactement quelles relations ils entretiennent tous les deux, mais je vous rappelle que je suis enceinte, moi ! Que Monsieur Viatscheslav a signé un papier comme quoi il reconnaissait officiellement mon enfant, mon enfant et pas le sien là, celui du Monsieur Pénélope. Pour peu qu’il en ait un. Alors il pourrait faire preuve d’un peu plus d’implication et se montrer un peu plus concerné par l’affaire, au lieu d’aller batifoler à droite et à gauche et de chercher querelle avec les détenus, merde !

Du calme Sybille, du calme. Arrête de t’énerver comme ça ! Premièrement, tu es enceinte, pense à ton fils. Deuxièmement… ça ne servira strictement à rien. Puis il n’y est pour rien là-dedans ton « abruti de gardien ». Comment aurait-il pu être au courant de l’histoire ?
Je ne sais pas… Mais Tobias aurait pu lui en parler, non… ?
Arrête d’être de mauvaise foi et jalouse comme ça. Si il a déclaré ton fils, ce n’est pas pour autant qu’il t’a juré fidélité, amour et tout ça. Vous n’êtes pas fiancés, ou encore moins mariés que je sache ?
Oui mais…
La ferme.

Un soupir s’échappe de mes lèvres tandis que je me prends la tête entre les mains. Pénélope hausse un sourcil avant de jeter un coup d’œil à la porte, derrière lui :

- T’en fais pas... Il sait ce qu’il fait Tobias, ça va aller.

Non il ne sait pas ce qu’il fait ! Non ça ne va pas aller ! Le visage encore plus blême que d’habitude, je serre les lèvres, croisant les bras sur ma poitrine.
J’ai la nausée. J’ai peur.
« Je veux comprendre. Je veux seulement lui poser quelques questions. »
Mais comprendre quoi ? Il n’y a rien à comprendre… Ne va pas ressasser le passé, je t’en prie… A quoi bon courir après des fantômes, des chimères ? Tu ne trouveras rien là en bas, rien. Juste… un monstre.
Mon monstre.
Et si tu as de questions… pourquoi ne pas me les poser à moi, pourquoi ? As-tu peur de moi ? Ne me fais-tu pas confiance ? Je ne te comprends pas… cela n’aurait-il pas été plus simple ? Tu as fait une erreur Tobias, une horrible erreur… Et moi j’ai un mauvais pressentiment. Sans cesse, je revois ce regard qu’il m’a lancé, ce sourire qu’il m’a adressé, avant de tourner le dos. Comme si, comme si…
Comme si c’était le dernier.

Un bruit sourd retentit soudain. Comme si quelque chose venait de heurter, de tomber au sol.
Ou quelqu’un…
Oh mon Dieu. Faites que ça ne soit pas ce que je pense.
D’un bond, je me relève, alarmée. Avant de retomber en gémissant de douleur sur ma chaise. Ma cheville… non, ce n’est pas le moment ! Tu auras tout le temps de me faire mal après, et autant que tu veux, mais là… là non, je n’ai pas le temps, pas le droit de faiblir. Je t’en supplie. Encore heureuse que je ne sois pas seule face à la situation. Pénélope, ou Logan de son charmant prénom, si vous préférez, a déjà saisi sa matraque, s’apprêtant à ouvrir la porte. Et s’immobilise, tandis que je plaque ma main sur ma bouche. Glacée d’effroi.
Ce cri… ce hurlement… Qu’est-ce que c’était ? C’en était presque inhumain. Il s’est passé quelque chose, et de grave. Je jette un regard paniqué au gardien, qui reste toujours de marbre devant la porte, hésitant sur l’attitude à adopter. Je lui lance un regard lourd, chargé de panique, de terreur, et surtout de menaces. Ouvre cette porte bordel ! Ouvre cette porte, tout de suite ! Si il lui arrive quoi que ce soit… tu me le payeras, je te le jure. Je me fiche de savoir si c’est Sebastian qui a hurlé ou non, si il est blessé ou pas. Je n’ai qu’une seule idée, qu’une seule pensée en tête, et qui éclipse toutes les autres, ainsi que la douleur qui me vrille la cheville alors que je me relève précipitamment, courant –ou l’équivalent, avec une cheville brisée…- vers Logan et la porte.
Tobias est en danger. Peut-être est-il blessé, peut-être est-il…
Non, non !

A-t-il eu peur en me voyant arriver ainsi ? Ou s’est-il tout simplement décidé à ouvrir cette porte ? Toujours est-il que, alors qu’il s’apprête à descendre, je le rejoins, haletante. Et il me repousse.

« - Reste ici. C’est pas un endroit pour les détenues en cloque.
- Pourtant vos collègues ne se sont pas gênés pour m’y balancer avec ce taré. Laissez-moi descendre, je connais cet homme, ces deux hommes. »

Il va me laisser passer oui ? Ce n’est vraiment pas, mais alors vraiment pas le moment de discuter ! Et je connais Sebastian, je sais à peu près comment il peut réagir, et dans quelles situations.
Je dis bien à peu près. Il est complètement imprévisible. Mais si je descends avec ce gardien… peut-être ma présence le calmera-t-elle.
Ou pas.

Je ne sais pas si c’est mon ton, à la fois agressif et pressant, ou mon air suppliant, paniqué, qui l’a décidé. Quoi qu’il en soit, il hausse les épaules avant de descendre l’escalier, sa matraque toujours à la main. Peut-être qu’il n’en a tout simplement rien à faire, en fait. Après tout… je suis une prisonnière, non ? Et les détenues, sûrement que c’est pas son problème. Dans un moment pareil, du moins.

« - Putain… Qu’est-ce qui s’est passé i…
- Tobias ! »

A peine a-t-il posé un pied sur le sol, s’écartant pour me laisser descendre les dernières marches que je me précipite vers ce dernier, qui gît à terre. Mon cœur bat la chamade, tambourinant violemment dans ma poitrine, comme si il allait exploser.
Et c’est à peine si je remarque Sebastian, prostré sur le sol, non loin de lui. Seuls ses hurlements indiquent clairement sa présence.
Précipitation ou douleur due à ma cheville, toujours est-il que je me laisse tomber à genoux à ses côtés, une main posée sur son épaule. Le secouant doucement, mais fermement, luttant pour contenir la panique qui perce dans mes gestes et ma voix :

« - Tobias… Tobias, réponds-moi, je t’en supplie. Tobias !
- Bordel, c’est un vrai four ici, on y voit rien ! »

Quelques secondes plus tard, la lumière s’allume, nous aveuglant tous les quatre. Et lorsque mes yeux se font enfin à cette soudaine source de clarté, et que lui retire sa main de son visage pour protéger son regard meurtri par la lampe, je laisse échapper un hurlement d’horreur.
Oh mon Dieu. Dites-moi que ça n’est pas vrai. Dites-moi que ça n’est pas vrai !
Ma main plaquée contre mes lèvres, je ne peux détacher mon regard de cette blessure béante qui lui déchire la joue. Il, il… qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il n’a pas fait ça, ce n’est pas vrai…
La tête me tourne. J’ai la nausée, une soudaine envie de vomir qui me prend les tripes. Brusquement, je me relève, trébuchant, manquant de tomber à nouveau à cause de ma cheville. Et je me recule, secouant la tête. C’est impossible…
Il lui a déchiré les lèvres et la joue, cet enfoiré…

- Qu’est-ce qui se passe ?

Logan à la rescousse… Qu’il ne me le demande pas, je suis incapable de lui répondre. Une main appuyée contre le mur, je halète, luttant contre ma terreur, mon dégoût. J’ai vu des choses horribles dans ma vie. Mais ça, ça… c’est ignoble. Rien que de le voir, j’ai l’impression que c’est ma propre joue qui est entaillée, ouverte ainsi.

- Putain merde, Tobias !

Ca fait un choc hein…
Puis tout à coup, tout devient flou. Lui, eux, la salle… Juste cette lumière aveuglante, et cette couleur qui refuse de partir de mes yeux. Rouge. Rouge carmin. Rouge comme le sang qui lui maculait le visage et le cou. Tout à coup, je sens les larmes rouler sur mes joues, alors que Logan l’aide à se relever, un bras passé autour de ses épaules.
Tout est de ma faute…

Un gémissement, sur ma droite. Je sursaute, et me tourne lentement vers la source du bruit. Et je me fige, animée d’une rage, d’une haine sourde.

- Sebastian…

J’ai murmuré ce prénom, d’une voix si faible, si tremblante que je doute qu’il puisse l’avoir entendue. M’a-t-il seulement remarquée ? Recroquevillé sur lui-même, la tête enfouie entre ses bras, j’en doute. Je voudrais le tuer. Je pourrais le tuer, là, maintenant. Pourtant, je me contente de prononcer ces mots, d’un ton à peine plus haut que précédemment :

- Tu me le payeras… Je te jure que tu payeras pour ce que tu m’as fait, pour ce que tu lui as fait…

Sebastian… Dieu que je te hais…

Puis je détourne la tête, sans plus de cérémonies. Il n’existe plus. Dans mon esprit, ce n’est plus qu’un homme mort. Il a voulu tuer Tobias. Il l’a défiguré.
Alors je le tuerai. De mes propres mains.
Lentement, je quitte la pièce, suivant Logan et son blessé, qui remontent lentement l’escalier. Et les larmes roulent toujours sur mes joues lorsque mon regard est soudainement attiré par un reflet doré sur le sol. Intriguée, je me penche, ramassant l’objet de ma main tremblante avant de me relever… un anneau entre les doigts. Il y a du sang dessus…
Pourtant, malgré cela, je le glisse machinalement dans ma poche. Instinct ? Je l’ignore… Mais pour le moment, je n’ai pas le temps de m’interroger ou de réfléchir quand à la nature de ce bijou. Et, jetant un dernier regard dans mon dos, je m’empresse de monter les marches de pierre, d’éteindre la lumière et de rejoindre Tobias, pendant que Logan referme la porte derrière moi.
Etouffant un cri de détresse qui se perd dans les ténèbres de la pièce, tandis que nous nous hâtons de quitter les sous-sols.
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