Passage sans importance (libre)

L'heure du repas était enfin venu mais je n'avais pas faim. Mon esprit était ailleurs, il se baladait au delà des fils barbelés. Je n'avais presque plus rien de personnel, j'avais pu garder mes bagues, mes lunettes et mes cigarettes. J'était assis à côté d'une fenêtre que j'avais ouverte et je me suis allumé une cigarette. 17 ans et je fume déjà m'a t'on dit. Oui, mais j'ai aussi que 17 ans et je suis déjà dans une prison dans laquelle est rassemblée une foule de fou furieux. Des tueurs en séries, des psychopathes...qu'est-ce que j'allais bien pouvoir devenir ? Avec la chance que j'avais, je ne vais pas rester tranquille ainsi pendant très longtemps. Au pire, je trouverais bien un moyen pour me suicider.
Comment pouvais-je en être réduit à cet état de déprime ? Et bien, c'est un peu normal dans mon cas non ? J'inspire une forte goulée de fumée en fronçant les sourcils, les yeux fermés avant de la souffler doucement. Je n'aurais bientôt plus de cigarette et je serais obliger de m'arrêter de fumer. Je ne fume pas beaucoup de toute manière : une cigarette par jour et deux s'il fallait que je me calme lorsqu'il se passait quelque chose de particulier. Les prisonniers sont bruyants, impossible de penser tranquillement ici.
Alors que je me lève, une cigarette à la bouche et les mains dans les poches, une silhouette se dessine devant moi. Je ne sais pas pourquoi mais je réagis immédiatement sur la défensive. Je m'arrête et lève le regard sur la personne en question. Qu'est-ce qu'elle me voulait ?

" Quoi ? "

Je me demande à cet instant si mon ton n'était pas un peu trop arrogant. En plus, ma voix est enrouée c'est épouvantable. Faite que ce ne soit pas un fou ! Irrémédiablement, j'ai envi de m'écarter mais je ne le fais pas, par fierté. Ici ça doit être comme toutes les prisons : si tu montres que tu as peur, ils en profites pour t'habuser. Toujours avoir l'air méchant et le prouver tous les jours, c'est ça être un prisonnier.

Une marrée brunâtre où l’on peut trouver des morceaux jaunâtres, verdâtres et tout autres couleurs fades terminant en « âtre » encerclé par un mur gris circulaire. En gros, une soupe possiblement aux légumes dans un bol. J’y plante paresseusement ma cuillère. Infecte, infecte, infecte…Infecte. Il n’y a pas d’autres mots. Il va s’en dire que je fais tout pour terminer ce supplice au plus tôt. Pourquoi manger quelque chose d’aussi mauvais? Parce qu’il n’y a que ça. Faut vivre avec ce qu’on a et en prison, on n’a pas grand chose.

Mon repas fini, je jette mon regard dans la pièce. Dans un coin, j’observe une grande brute. Gros, grand, gras, tatoué…À par manger comme un porc et dégoûter tout le monde, il ne fait pas grand chose. Pas très loin, mes yeux se posent sur une femme dans la trentaine avec une drôle de tête…Elle est seule et elle semble aussi inquiète qu’inquiétante. La table d’à côté est remplit de prisonniers de tous âges. L’un des hommes à une voix à vous casser les oreilles…Je continue de la même façon mes observations. C’est drôle car avec le temps, je reconnais quelques visages…Comme le type là-bas, tout seul qui semble se parler à lui-même…

Mon regard se pose maintenant sur…Un gamin…Bon, gamin, c’est vite dit…Mais, il ne semble pas avoir bien plus de 16 ans. Je suis à peine surpris vu le nombre de gosse qui se retrouve ici. Même moi, même si je suis majeur, je ne peux pas dire que je suis bien vieille. Pas très gros, pas particulièrement grand. Un gamin. Un rouquin. En fait, ses cheveux approchent plus le rouge que le roux mais bon. Il porte des lunettes aux verres jaune-orangés. Il a son style disons…Mais, encore mieux, il a une cigarette à la bouche. Je me lève et à peine deux secondes après je le vois se lever…

Nous sommes face à face…

" Quoi ? "

Son ton est presque agressif. Je souris légèrement.

-Prend le ton que tu voudras, t’as quand même la gueule d’un gamin…

Les mots s’échapèrent d’eux-même mais, n’étant pas de nature timide, ça ne me dérange pas plus que ça.

-Est-ce que le rouquin serait assez sympa pour me passer une clope?

C'est une jeune fille qui se trouvait devant moi. Le poids que je ressentais se dissipa quelque peu. Elle me demanda une cigarette. Je lui en donnes une ou pas , mais priporitairement, je ne pouvais pas la laisser me traiter de gamin. Certes, j'en étais un mais je n'aime pas être traité de la sorte par une inconnue. Je me fait plus sympathique mais aussi plus rencunier.

" Dis tout ce que tu veux, tu n'as pas l'air si vieille que ça toi non plus. Et d'autre part, je te passerais une cigarette seulement si tu me dis comment je pourrais m'en procurrer d'autres par la suite, car se sont mes dernières réserves. "

Je la regarde dans les yeux, par dessus mes lunettes pour la voir au moins une fois avec sa couleur véritable. J'ai une très bonne mémoire visuel, donc physique. Sans sortir mes mains de mes poches, j'aspire de la fumée et je la souffle sur le côté. 9a me fait irrémédiablement du bien. Finallement, je la retire de ma bouche et je la tend à la fille devant moi.

" Tient, il n'y en a plus que la moitié mais c'est mieux que rien. "

Oui, je suis un gamin et je fume déjà. Je ne suis pas particulièrement fière mais avec la vie de malchance que j'ai mené et que j'ai toujours il me faut bien un petit quelque chose auquel m'accrocher. Je commence à en avoir marre de sentir cette odeur infecte que dégage un gros lourdeau non loin je m'éloigne de plusieurs pas. J'ai faim, mais je ne peux pas me résoudre à manger cette chose que le personnel de cantine met dans un bol.

* Ils veulent qu'on crève en faisant une grève de la faim ? Je ne suis pas pointilleux mais là, c'est pire que tout ce que j'ai vu. C'est sûr, je suis pas là pour y prendre du plaisir mais bon, il y a une limite. "

Oui, ma vie était gâchée. Je resterais inculte et je n'aurais j'amais un bon travail, je ne peux que penser à une utopie qui ressemblerait au monde extérieur, je pourrais rêver de son évolution, mais pas l'observer. Je resterais ici pendant des années, autant me tuer tout de suite. Mais je n'es pas envi, je divague et je regarde de nouveau le morne paysage derrière la fenêtre en soupirant.

Il reprend un certain calme. Bon, maintenant qu’il a vu que j’ai pas la gueule d’un lutteur de 300 livres, on peut « sympathiser »? Il me demande où il peut s’en procurer. Donc, c’est un nouveau alors? Il finit son dernier paquet.

-Tu peux t’en procurer par des gardiens ou quiconque qui a contact avec l’extérieur, je suppose…Peut-être que tu peux t’en faire envoyer par de la parenté ou des amis de dehors, perso, j’ai jamais essayé…

On peut pas dire que j’ai déjà vraiment eu de vrais amis et pour de la famille autant dire qu’elle n’ existe pas. Je me contente de fumer que quand j’en ai l’occasion comme aujourd’hui. Fumer me fait peut-être du bien, mais je n’ai pas encore supprimer totalement mon amour propre pour aller « acheter » des cigarettes à des employés.

Il me fixe un moment par-dessus ses lunettes en tirant une bouffée de cigarette. D’ailleurs, si c’est pour voir tout le monde avec un teint citrouille, je ne vois pas l’intérêt de porter ces lunettes. Si ça l’amuse…

Il me tend sa cigarette que j’accepte bien volontiers… Je le remercie d’un hochement de tête. Bon, il ne comprend peut-être pas que ça veut dire merci mais ça n’a pas vraiment d’importance, encore moins en prison.

Il semble quelque peu distrait par ce qui l’entoure.

-T’es là pourquoi?

Je fais semblant d’avoir l’air intéressé. Le suis-je? Pas vraiment, si comprendre pourquoi un gamin se retrouve en prison m’aurait intéressé il y a un peu plus de 2 ans, aujourd’hui, je m’en fiche pas mal. Il y a des gens de tout les âges à Sadismus.

M'en procurer par l'extérieur ? De toute manière, il n'y avait personne qui se souciait de mon sort à l'extérieur, et même si c'était le cas, elle devait être au Japon. Il demanderait à un gardien lorsqu'il en aurait vraiment besoins.

" D'accord merci. "

La question qui fache : pourquoi je suis ici. Mais bon, elle ne devait pas vraiment s'en soucier, juste à titre d'information certainement. De plus, je ne pouvais pas lui dire que j'étais innocent, elle ne me croirait pas, comme tout le monde. C'était compréhensible, moi-même j'avais l'impression d'être vraiment un meurtrier parfois à force d'être accusé. Mais qu'importe, j'hausse les épaules en lui souriant :

" Je suis accusé d'avoir tué mes parents et deux voyoux par vangeance. Et toi ? "

Je me retourne complètement vers elle et la regarde en penchant la tête sur le côté. Elle était jolie cette fille, bien que son visage paraisse froid. Que pouvait-elle bien avoir commis ? Peut-être des meurtres, et des réelles. Je doutais de toute manière que quelqu'un est plus de malchance que moi de toute manière.

C’est presque mignon. Monsieur a tué maman, papa et 2 racailles qui voulaient jouer aux grands. Mais, pour quelle vengeance? Au fond, ça le regarde et pas moi. En fait, ses crimes le regardent mais je lui en parle quand même. Supposons qu’en prison, les indiscrets sont nombreux et que j’en fais un peu parti.

Il me renvoie ma question. Bien sûr, c’est toujours comme ça. Une info contre une info…Même si, au fond, ces échanges de paroles n’ont aucune réelle importance. Mais, il n’y a rien de mal à sociabilisé un peu. De toute façon, c’est lui parler ou traîner en cellule. Avec aucun semblant d’hésitation, je lui réponds.

-Meurtres, comme tout le monde ici…On est à Sadismus, non? Mais, si tu voulais plus précis, on m’en accuse d’une vingtaine. Plus quelques délits un peu plus… « mineurs ».

Je prends une bouffée de clope et regarde le jeune détenu. J’avais quand même l’impression que pour 4 meurtres, ils auraient pu l’envoyer dans une autre prison avec l’âge qu’il doit avoir…D’ailleurs, je ne connais pas son âge exacte ni même son nom. Mais, quelle importance ça l’a, un nom, au final? Quelques syllabes que l’on n’a même pas choisi…De plus, ici, nous sommes bien plus apprécier comme étant une série de chiffres…Allez savoir pourquoi, nous « enlever notre identité » les amuse…Une série de chiffres ou de lettres, ça ne change rien…Une série de nombres est seulement plus dure à retenir.

Je la regarde et j'hausse les sourcils. Elle paraissait normale, et elle avait commis plus d'une vingtaine de meurtres. Ca m'a coupé le souffle. Je lui souris :

" Oui, je dois dire que par rapport à toi, on peut se demander pourquoi je suis ici. Et bien je crois avoir une petite idée : j'ai une horrible malchance qui me suit partout. "

Je me mets à m'esclaffer même si le contenu de ma phrase n'a rien de drôle, je me tiens les côtes, et je me demande de quoi je peux bien avoir l'air à rire comme ça sans raison :

" Et tu sais c'est quoi le plus drôle ? C'est quand réalité, je n'ai tué personne ! "

Je continu à rire et je m'accroupis sur mes jambes, les fesses près du sol. Puis je me calme et deviens triste. Je soupir, tire mon paquet de cigarette de ma poche et entame une autre cigarette. Je la regarde tout en rejetant une volée de fumée :

" Tient, c'est la première fois que je m'en fais deux à la suite. Sûrement parce que je n'ai pas fini la première en entière. "

C'est vrai, je me demande à présent pourquoi je suis ici. La plupart des prisonniers devaient-être des serial killer et moi, avec mes quatres petits faux meurtres et quelques délis mineurs je ne vois pas pourquoi on m'a emmené dans une prison où il y avait les plus grands psychopates de la planète. Je recrache de la fumée.

" Dis-moi, pourquoi tu as tué autant de personnes si ce n'est pas indiscret ? Pour le travail ? Le plaisir ? "

Je la regarde du coin de l'oeil et cherche à jauger sa cruauté. Moi je n'en ai pas réellement, on peut dire que je cherche juste à survivre, tout le temps, je n'ai fais que ça. Survivre de moi même et des autres. Ca me fatigue d'ailleurs. Mais je vais laisser ça dans un coin de mon esprit.

J’ai l’air de le surprendre. Il ne sait pas encore quel genre de criminels on retrouve à Sadismus je crois bien. Il mentionne une horrible malchance qui me fait sourire…Moi, j’ai tendance à me trouver presque chanceuse ces temps-si…Mais, si moi ça ne me provoque qu’un léger sourire, lui, ça le fait bien rire. Je dirais même plus…Il rit à s’en faire mal aux côtes.

"Et tu sais c'est quoi le plus drôle ? C'est quand réalité, je n'ai tué personne !"

Je sais que dans la vie, il est bien d’avoir un grand sens de l’humour…Mais, là, il a une bien drôle de réaction face à son sort. Je le regarde avec grande perplexité. Innocent? Peut-être…Les erreurs judiciaires, ça court...Mais, au fond, peut-être est-il seulement cinglé. Il est mort de rire, il en tombe sur ses genoux. Ouais, peut-être est-il fou. Peut-être est-ce qu’il est un de ces cinglés qui tuent et ne s’en rappellent même pas par la suite. Ça ne serait pas étonnant…Ce genre de maladie mentale se développe à l’adolescence. À son âge. J’attends que son amusement passe en silence. Il devient morose, presque triste. Un grave dédoublement de la personnalité qu’il a mon ami. Il fait une remarque sans réel intérêt en prenant une autre cigarette.

-Est-ce que c’est grave ton truc? Dis-je, ironiquement à propos de sa santé mentale.

" Dis-moi, pourquoi tu as tué autant de personnes si ce n'est pas indiscret ? Pour le travail ? Le plaisir ? "

Je marque une pause. Je déteste qu’on me pose cette question. Je cherche des mots pour me formuler. La phrase la plus cohérente que je puisse trouver se glisse de mon esprit jusqu’à mes cordes vocales en s’enfuit par ma bouche…

-Je tuais des ordures…Ce n’était pas un travail…

Il n’y avait pas que ça…Je l’admets. Il y avait un certain plaisir frôlant le sadisme…Mais, ce côté, j’aime encore moins en parler.

-Ils t'ont envoyer voir un psy? Dis-je en gardant ma théorie sur la folie.

M'ont-ils envoyé voir un psy ? Je recommence à ricaner et la regarde avant de me retourner vers le fond de du réfectoire en appuyant ma paume contre mon front.

" Je ne suis pas fou, ne t'inquiète pas. C'est juste que...je suis tellement malchanceux que même moi, ça me fait rire. C'est sûr que j'en ai baver, personne ne me croit innocent, ils croivent plutôt que je suis un monstre, tuer quelqu'un à mon âge. "

J'aspire une goulée de fumée avant de l'expirer doucement. Mes avant bras sont sur mes genoux et je regarde le sol.

" Donc, je suppose que tu avais une bonne raison de tuer si c'étais des pourris. "

Je suppose qu'elle ne voulait pas plus s'étendre sur le sujet. De toute manière, moi non plus. Je dois dire que beaucoup mon crut fou, ça en devient presque énervant. Je ne suis pas fou, où alors, c'est eux qui vont me le faire devenir à force de venir me faire ch***. Je me redresse et remets mes mains dans mes poches en regardant le plafond.

" Ca fait longtemps que tu es ici ? "

Je me demande si ça a été dur pour elle au début comme ça l'avait été pour moi. Peut-être que non, puisque qu'apparamment elle était vraiment coupable. Comment était-on dans la tête d'un tueur ? Peut-être le saurai-je un jour, j'espérais que non.

Il continue à rire…Bon, c’est toujours bien quelqu’un qui ne se plaint pas…Ça change de certains. Quoi que j’en connais pas mal qui semble accepter leur sort. Mais, lui, il l’accepte…Peut-être trop.

Tuer…À son âge. J’avais sans doute environ le même âge à mon premier meurtre. Et, je doute que tout les gamins de la prison soit innocent. Il y a même des « monstres » plus jeune que lui. Mais, je suis mal placé pour parler de monstruosité. Ne me considère-t-on pas comme tel? La prison en fait, c’est comme un cirque. Des monstres et des barreaux.

-Je suis ici depuis un peu plus de deux ans…Ce n’est pas grand chose sur une perpétuité. Le temps est long en prison, mais c’est tout voulut. On s’habitue…On doit s’habituer à tout en prison…

Je soupire. C’est la base de tout les mondes que ce soit dehors ou en prison. Tout est une question d’adaptation. Étonnamment, je me suis adapté à la prison en à peine quelques mois…Mais, au reste du monde, je n’ai même pas réussit à m’y adapter après 20 ans…Je me demande comment ce serait si j’aurais la chance de retourner dehors. Je reprendrais la vie que j’avais avant? Avec des fréquentations et des activités louches? Je me prendrais en main et irais à l’université? Ou bien je continuerais à tuer? Non…Non, je ne crois pas avoir encore envie de tuer. Mon dernier meurtre avant d’arriver ici fut le dernier…Quoi qu’on ne sait pas ce qui pourrait se passer à Sadismus…

-Je me suis habitué rapidement à tout ça personnellement…Peut-être parce que je savais dès le début que ça me mènerait ici…

J’aspire une dernière fois la fumée de ce foutu poison et j’écrase la cigarette contre le mur.

-Merci, je crois que j’en avais vraiment besoin.

On s'habitu à tout en prison ? Oui, peut-être. Je ne sais même pas si j'arriverais à tenir une éternité ici. Des crimes, il vaut mieux les commettre le plus tard possible pour rester le moins longtemps possible en prison. Moi, personnellement, je n'aurais jamais deviner que j'allais tomber aussi bas.

" Deux ans ? Franchement, je crois qu'il faut du courage pour supporter de rester longtemps dans un tel endroit. Il faut dire que si on se retrouve ici, ce n'est pas pour prendre des vacances dans un endroit confortable tu ne crois pas ? "

J'hausse les épaules. Je ne sais pas si moi j'aurais la force d'endurer. De toute façon, ma vie est foutue, alors à quoi bon rester là pour la subir ? Si je sors de ses murs, je ne pourrais rien faire à l'extérieur, la société n'admet pas des personnes qui ont été dans une prisons aussi connue que Sadismus. Je vais rester ici encore un peu et voir ce que l'avenir me réserve, mais je ne crois pas que se soit quelque chose de radieux, comme d'habitude. Je regarde le plafond et je souris même si mon coeur ne ressentait en rien de la joie.

" Finalement, peut-être que je devrait bien aller voir un psy, je pense que dans peu de temps, je vais péter un cable. "

Je me retourne vers la jeune fille et lui sourit.

" Au fait, tu t'en fous peut-être mais nous n'avons pas fait les présentations. Je m'appelle Matt. "

Je me demande bien quel peut être le nom de cette "beauté froide". Le surnom que je lui ai attribué me fait rire moi-même. "Beauté meurtrière" serait également un bon surnom, mais le premier restait mystérieux. Je reste moi, j'aime donner des surnoms aux gens, je ne sais pas pourquoi.

Non. On n’est pas ici pour des vacances, loin de là. On est ici pour attendre la mort. On ne peut plus jouer les naïfs et espérer sortir d’ici. Nous sommes tous dans la merde. Même lui, qui, si ses dires sont exactes, n’a absolument rien fait. On ne peut se fier à la justice pour trouver les vrais criminels et laisser les innocents en paix. Ça fait bien longtemps que la justice n’existe plus. Bien sûr, si elle a déjà existé.

Il parle d’aller voir un psy avec une légère note d’humour.

-Je doute qu’un psy soit réellement pratique en prison, à moins qu’il te prescrive des pilules pour te soulager…

Je souris pour moi-même. D’avance, je ne vois pas l’utilité exacte d’un psychologue en temps normal…Mais, ici, c’est pathétique. C’est comme donnez du soutien moral aux morts.

-…Mais bon, j’en doute…

Moi, à par un antipsychotique et antidépresseur, je n’ai pas accès à grand chose…Quoi que je suis nettement plus avancé que certain. Je sors de mon esprit alors que mon « nouvel ami » se présente. Matt. Un prénom. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas entendu quelqu’un me donner simplement son prénom. Matt. Simple, court, commun. Matt le Rouquin. Matt l'Innocent.

-Et bien…Ça fera un nom à coller sur le visage…Je m’appelle Jade.

Je marque une pause.

-J’avais pour habitude de toujours me présenter quand je rencontre quelqu'un…Mais ici, ça semble si peu important. Je suis tout de même enchanté, Matt.

Je me remets à ricaner et passe ma main dans mes cheveux.

" Ih, ih ! Oui, il faut dire aussi que la plupart des prisonniers ne donnent pas envi de les connaître ! "

Je me demandais si elle comprenait se que je disais, la plupart du temps je raconte des trucs que personne ne comprend, on peut dire qu'en plus de ma malchance, c'est ma marque de fabrique, c'est ce qui me constitu, c'est 'moi'. Oui, je suis toujours moi, même ici, et ça, rien ne pourra le changer. Sauf si je perds les pédales et me suicide. Normalement, e n'aurais jamais penser à me suicider mais la, je laisse tout de même cette possibilité dans un coin de ma tête.

" Enchanté 'Jade', ça te va bien. "

Ouai, pourquoi ne pas faire quelques compliments pendant que j'y suis ? Je vois que ma cigarette est fini, je la jette dans une poubelle pas loin après l'avoir éteinte. Je regarde de nouveau le plafond en soupirant.

" Comment vais-je supporter de rester ici ? Il le faut bien pourtant... "

Je ne dois pas me plaindre, ça en deviendrait pathétique. Le pauvre jeune homme que tout accuse mais qui est innocent, déjà que ça c'est pathétique...de toute façon je ne peux rien faire pour changer ma situation. Même si j'avais parlé au procet ça n'aurait rien changer. Je ne regrette pas.Il faut juste que je supporte, encore et toujours comme je n'ai cessé de le faire depuis presque 3 ans, depuis que ses co**** m'ont agressé et m'ont fait changé ma personnalité. Mais le positif, c'est qu'à présent, je sais me défendre et c'est bien utile en prison.

Il recommence à ricaner. C’est qu’il a le rire facile celui-là! Un rire nerveux peut-être…En tout cas, il me change les idées ce gars même si ce n’est qu’un « faux » amusement. Effectivement, surtout quand on est innocent comme lui le prétend, côtoyer des meurtriers ne donnent pas envi. Mais, comme à chaque fois qu’il se marre, je ne comprends pas la cause de son hilarité. Laissons-le faire si ça l’amuse.

Il me renvoie mon « enchanté » et me complimente sur mon nom. Quelle parole futile. Petit compliment flottant dans cette foutue prison. Et mon matricule me va-t-il bien lui aussi? Mais quelle belle série de chiffre. Je souffle quand même un petit « merci » indifférent. Il s’est donné la peine d’être sympa, c’est la moindre des choses…

" Comment vais-je supporter de rester ici ? Il le faut bien pourtant... "

Je l’observe et souris avec ironie.

-C’est comme pour dehors, tout est une question d’adaptation.

Je marque une pause, réfléchissant à mes mots.

-Il faut que tu apprennes à t’accrocher à quelque chose. Sur quoi? Ça, c’est à toi de trouver…

Ça me fait penser à cette discussion que j’avais eu avec Clairval. Et moi, je me raccroche à quoi? À absoluement rien de concret.

M'accrocher à quelque chose ? Je n'ai rien, et je ne pense pas que ce quelque chose soit ici de toute manière. Je ne bouge pas et je réfléchis à la question. S'adapter, oui, mais ce n'est tout de même pas la même chose lorsqu'on se trouve en prison ou à l'extérieur. Le monde à l'extérieur est cruel, autant qu'en prison. Mais tout de même, il y avait des endroits et des moments plus doux, ici, on ne peut jamais être vraiment tranquil ou seul. Il va bien falloir que je m'y fasse. Je commence à avoir faim, mais je ne veux pas manger cette chose qu'ils nous servent dans un bol, je n'en ai pas encore la fore, ni le courage. Je ferais une hypothermie, et puis après ? Je mourrais peut-être, mais qu'est-ce que ça peut bien changer ? Le monde s'en fous, tout le monde s'en fous qu'un détenu comme moi meurt.

" Quelque chose auquel s'accrocher hein ? Je ne crois pas que je vais trouver avant très longtemps. "

J'hausse les épaules : aller quoi, ce n'est pas mon genre de déprimer comme ça ? Je pense à la mort, je ne fais que d'y penser. Ca doit être ça qui me démoralise ? De toute manière, je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Certains diront que c'est une méthode de lâche pour échapper inexorablement à ses problèmes, mais il faut tout de même du courage pour mettre fin à ses jour. De toute manière, je pense rester ici quelques temps, je verrais comment ça se passera par la suite.

" Bon, cette odeur de bouf me donne la nausée, tu ne veux pas qu'on aille un peu plus loin ? Sauf si tu as autre chose à faire bien entendu, je ne te retiens pas. "

Je lui souris avant de commencer à bouger lentement, toujours les mains dans les poches.

" Quelque chose auquel s'accrocher hein ? Je ne crois pas que je vais trouver avant très longtemps. "

Tu as tout ton temps, pensais-je. Tu as jusqu’à ta mort pour trouver. Moi, en deux ans, je n’ai rien. Mais, gardons espoir…Espoir. Comme je déteste ce mot! Comme il ne signifie rien…Mais, faisons comme si…Je laisse mes pensées pour moi. Il n’a aucune raison pour que je les lui dise.

" Bon, cette odeur de bouf me donne la nausée, tu ne veux pas qu'on aille un peu plus loin ? Sauf si tu as autre chose à faire bien entendu, je ne te retiens pas. "

Cette odeur de bouffe…Si seulement nous pourrions être sûrs que ça en est…De la « bouffe ». À mon arrivé ici et bien après, je trouvais le goût abominable. Mais, quand on n’a que ça à manger, on s’habitue. On s’adapte. On ne peut faire que ça. On ne peut rien changer de notre situation. On ne peut que s’adapter à cette nouvelle vie. À cette nouvelle « non-vie ». Ce terme est bien plus approprié. Si je serais d’humeur spirituel, je pourrais dire que nous ne sommes que des âmes errant sur le chemin de la mort…Mais, je ne crois pas aux « âmes ». Je ne crois en rien. Sans foi, ni loi comme on dit. Et les sans foi, ni loi se retrouvent toujours en prison un jour où l’autre.

Il se dirige vers une direction. Je hoche la tête et le suis.

-Je n’ai rien de mieux à faire…Et même si ce serait le cas, j’ai toute ma perpétuité pour le faire…Je te suis…Où allons-nous?

[tu peux poster où tu veux]

Je réfléchit quelques instants : je ne savais pas vraiment où je pouvais aller. Je lui souris, et en même temps j'ai encore plus envi que jamais de vomir. Je ne sais pas pourquoi, je dois être malade, sûrement le fait que je ne me sens jamais en sécurité, et que donc je ne me repose jamais.

" Fais-moi visiter, tu dois bien connaître des endroits intéressant non ? A moins que cette prison n'en ai aucun. "

Oui, il fallait vraiment que je vois quelque chose de bien, qui pourrait me changer les idées. Il fallait vraiment que je trouve quelque chose. Déjà, si je quittais cet endroit ça serait une bonne chose. C'est donc ce que je fis, tout en marchant lentement. Je m'arrêta lorsque je fus à l'entrée du réfectoir, c'était déjà mieux, ça sentait moins mauvais par ici.
Aller, il fallait que je fasse preuve d'un peu de courage, c'était le seul moyen pour m'en sortir et m'habituer. Mais m'habituerais-je vraiment un jour ? Je l'espérais, et j'espérais également que se sentiment d'habitude n'arrive pas trop tard.

( Je ne sais pas vraiment où aller ^^ )

Des endroits intéressants? Bien sûr…Mais de quoi il parle? D’ailleurs, que veut-il dire par « intéressant »? J’y réfléchis. Qu’est-ce que nous avons en prison…Les cellules, rien de bien palpitant. Les couloirs, rien à foutre. Le réfectoire, nous y sommes. Les douches, non mais et puis quoi encore…La salle commune, pas grand chose. La bibliothèque, peut-être bien mais non…La salle de musculation…Je ne peux pas vraiment dire que mon interlocuteur semble être du genre muscu…En fait, vu son teint pâlo, je crois que la cour serait peut-être l’endroit le plus approprié pour lui dans cette prison. De l’air frais ne pourra lui faire que du bien.

-Pas d’endroits intéressants, soufflais-je…

Nous sortons du réfectoire.
Quoi qu’en y pensant bien…Il y a la salle de torture. Je n’ai aucune envie de le torturer bien sûr! Il ne m’a rien fait…Je pourrais même le qualifier de gentil. Mais, n’empêche, quel endroit y a-t-il de plus attrayant que la fameuse salle. Par contre, je doute que ce soit le genre d’environnement qui mettrait Matt à l’aise…D’avance, ce n’est pas un meurtrier. Il ne semble pas avoir de penchant sadique…Quoi que…Qui sait? Et peut-être même que l’histoire de Sadismus pourrait l’intéresser, juste comme ça…Mais, je doute que ce soit ce genre d’endroit qu’il cherche…

-Sauf peut-être une certaine salle dans les sous-sol ma foi fort charmante…Mais, je doute que tu y portes grand intérêt…À moins que tu veuilles y trouver des armes…Par contre, personne n’a jamais vraiment réussi que je sache…