Il pleut dans ma tête [pv Pyth]

J'ai la nausée.

Mes pas m'ont guidé. Presque malgré moi. Ils m'ont guidés vers une des seules choses qui peut m'apporter une sorte de paix dans cette taule. Et Dieu seul sait si j'ai besoin de silence, en ce moment. Ma tête fait déjà trop de bruit, sans que j'aie besoin que quelqu'un m'encombre de sa présence, de ses bruits, de sa vie.

J'ai la nausée.

Cette sensation, cette sorte de sentiment m'a submergé, m'a pris aux tripes, depuis que j'ai entendu ce cri-là, depuis que j'ai vu ce regard-là. Voir sans regarder. Regarder le noir. Lorsque Sybille s'est effondré, je crois…
Je crois que j'ai eu peur.
Cela faisait longtemps. Très longtemps. Et j'ai besoin de réconfort. De silence.
J'ai besoin d'une douche.

Je me débarrasse de mes vêtements, peinant un peu sur la boutonnière de ma chemise. Comme d'habitude. Le genre de petits détails qui font de mon pouce manquant un handicap irritant. Je plie le tout dans un coin, à côté de l'uniforme propre que j'ai préparé. J'ai même récupéré mes chaussures.
Mes chaussures, un rasoir, et des ciseaux.

Frissonnant un peu, je pénètre dans la surface des douches, presse un poussoir un peu rouillé. Après quelques crachotements, le pommeau accroché en hauteur consent enfin à délivrer son eau vaguement tiède. Je suis rapidement trempé. Les longues mèches noires de ma chevelure se plaquent sur mon front, dans mon dos. Les gouttes hésitent à peine à franchir mes sourcils, inondent mes yeux clos. Je ne perçoit plus que l'écoulement perpétuel de l'eau sur ma peau. Je me nettoie rapidement le corps, les cheveux. Les parcelles d'eau semblent emporter avec elle des parcelles de ce qui m'encombre le cerveau. Il pleut dans ma tête.

Je sors, à peine sonné, goûtant au luxe de l'oubli. Ephémère impression de légèreté. Je passe une serviette autour de mes hanches, m'approche d'un évier. Mes pieds claquent au sol, mes cheveux gouttent lentement sur mon visage, dans mon cou, dans mon dos. De la paume, je fais disparaître la buée qui trouble la froide surface du miroir. J'ai meilleure mine. Un peu. Mon index passe vaguement le long de ma joue rappeuse. Je me saisit du rasoir, fait disparaître ce début de barbe. Un peu de mousse traîne au fond de l'évier.

J'ai la nausée.

Doucement, je lève le regard sur cet homme qui m'observe, dans le miroir. Je ne sais pas ce qu'il pense. Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Ce qu'il devient. Mais je sais qu'il a peur. Mes doigts cherchent un instant, saisissent les ciseaux. Froids. Les deux lames s'élèvent lentement, effleurent ma gorge…avant de couper une mèche qui choit paresseusement au fond de l'évier. Bientôt, le silence résonne des grincements de l'outil. Il reprend toutefois ses droits lorsque j'achève mon ouvrage, relève les yeux sur le miroir.

Disparu, le voile noir. Ne reste qu'une nuque, un front, des oreilles dégagées. A peine quelques mèches un peu plus longues s'attardent sur ces yeux. Je touche mon cou. C'est drôle. Drôle comme cette zone là devient plus sensible, une fois les cheveux coupés si courts. Le visage de cet homme-là est dégagé. Plus rien ne vient cacher ses angles aigus, ses yeux gris, ses joues creuses, ses idées noires.

L'eau coule dans l'évier.

Je suis encore à observer, comme un demeuré, ce nouveau "moi", lorsque le monde bouge un peu. Une porte qui claque, quelques échos d'un pas rapide sur le sol dallé. Ma nuque se hérisse légèrement lorsque je perçois cette présence un peu malvenue à mon état. Je me répète, mais j'ai un peu froid, avec ce nouvel espace dégagé… Je me redresse un peu, histoire de voir si le nouveau venu ne fait pas partie des mecs que je peux pas sentir.
Je hausse un sourcil. Joli tatouage. Jolis cheveux. Joli…
Bon.
Rouge, et rouge. Je me penche à nouveau, asperge mon visage d'un peu d'eau glacée. Histoire de me remettre les idées en place. Pyth. C'est pas le moment de péter un câble. Pas envie de me trouver catapulté de l'autre côté de la barrière. Je saisis une seconde serviette, et me frictionne les cheveux avec. Un bon point pour cette nouvelle coupe. Plus de nœuds au séchage. Un truc qui m'a toujours emmerdé au plus au point. Les nœuds. Surtout ceux qui se nichent au creux de la nuque. Ma main passe sur l'endroit en question, une nouvelle fois. Décidément, il fait un peu froid.

Je sursaute. Pas tant pour le juron. Mais plutôt pour ce choc sourd, caractéristique de l'extériorisation jouissive d'un trop plein de colère, de tension. Je suis un peu surpris. Lorsque je l'ai rencontré, j'ai eu l'impression qu'il était du genre inébranlable. Mais bon… On change tous.
Enfin. Qu'est-ce que j'en sais, après tout.

Me séchant encore vigoureusement les cheveux d'une main, je me saisis de mon briquet, m'approche des cabines de douches, et m'assied à même le sol, dos au mur froid qui nous sépare. Je finis par laisser tomber mes mains au sol, abandonnant la deuxième serviette sur mon front. D'un mouvement, j'ouvre mon briquet, le referme.
Clic. Clac.
L'instant d'après, c'est ma voix à l'accent slave si caractéristique qui résonne dans cette salle embuée. Ca ripe sur les coins, ces échos de salle de bain. J'essaye de prendre un ton à demi-moqueur. Mais je suis trop abattu pour obtenir un bon résultat. Je ne pense qu'à elle, et je ne sais toujours pas pourquoi.

Une femme ?

Mon briquet claque encore. Petit écho mouillé. Je suis las, mais en même temps pas tout à fait tranquille de sentir cette présence-là toute proche. Par habitude, je passe le doigt le long de mon propre tatouage. Des ailes d'hirondelles, épousant le tracé des muscles de mon torse, allongeant leur pointe entre mes hanches. Mes talismans cliquettent au passage. Je reconnais que le sien, d'après ce que j'ai pu en voir, semble d'une putain de bonne qualité… Meilleur en tous les cas que celui-ci, fait par un pote reconverti en engagé, la veille d'une mission délicate.
"Regarde, on vole quand même".
C'est ce qu'il m'avait dit. Ce qu'il m'avait dit, oui, touchant mon tatouage, allongé dans la poussière, une balle dans le ventre et quelque chose dans les yeux.
Chacun son histoire. Celle de son phœnix m'intéresse. Peut-être que je pourrais l'oublier un peu, elle. Peut-être que j'ai besoin…d'oublier un peu, quelques minutes. D'une manière…ou d'une autre.

[HRP: désolée du retard ^^' Tsaekiel m'a pris pas mal de temps]

Citation :

"Non, un gosse..."

Un instant, le claquement continu de mon briquet cesse. Un improbable silence reprend possession de la pièce, seulement éraflé par le chant ténu de l'eau, dans mon dos. J'ai chaud. Un peu. J'expire doucement, me masse la nuque d'une main. Passé un accès de paranoïa aiguë, je reprends mes esprits. Il est tout bonnement impossible que ce type ai pris connaissance de…notre affaire. Il faut que je me calme, que je me contrôle.
Mais… J'ai beau tenter… J'ai beau me débattre… Ce visage.
…
Ferme-là.
Pense à autre chose.

Je lève les yeux au ciel. Enfin… A ce qui me tient lieu de ciel chaque heure de chaque jour. Un plafond grisâtre. Un gosse ? C'est bien ce qu'il a dit ? Je ne lui connaissais pas de tels goûts. A moins que je me sois lourdement trompé sur sa personnalité. Mais bon. Réfléchis un peu, Tobby. Ce mec a l'air aussi bien dans sa tête que toi, en cet instant précis. Tout est possible, t'en es pas un exemple vivant, crétin ? Du bout du doigt, je taquine mon ankh d'argent. Mes autres talismans tintent, seul protestation de leur hypothétique jalousie.

Citation :

"Et toi ?"

J'avoue que je suis tenté de répondre "les deux"… Mais me retiens à la dernière seconde. Pas le moment de faire des jeux de mots, mon tout beau. Je te rappelle que t'es pas d'humeur.
En effet.
"Et toi ?"
Et moi. Oui, qu'est-ce que je fous là, moi ? J'ai rien demandé à personne, rien ! Pourquoi est-ce que ma tête me fait mal comme ça ? Répondez-moi ! Mes mains se plaquent sur mes tempes, le briquet sonne à terre. Et moi. Bah tu sais quoi ? J'en sais rien. J'en sais foutrement rien. C'est un rire, un si doux, un si absurde rire qui me tiens lieu de réponse. Je me sens vide. Sybille. Son enfant. Ses yeux. Que des fantômes qui emplissent ma carcasse creuse. J'ai besoin de me remplir d'autre chose, d'oublier. Autre chose. D'autres choses.

Citation :

"Tu n'as pas froid ?"

Je sors brusquement de ma rêverie, un air de profonde interrogation marquant un instant mon visage. Egarement vite remplacé par une expression désabusée. Message reçu.
…
Mais pour quoi est-ce qu'il me prend ? Pour sa pute ? Un truc qu'on sort lorsqu'on s'ennuie ? Bordel… Je suis pas tombé si bas, quand même ? Si ? Je daigne enfin lever les yeux vers Pyth. Son expression me fige. Un vague sourire, comme mesurant déjà la connerie qu'il vient de sortir. Mon regard croise le sien, y reste. Je comprends. Peut-être.
Besoin d'autre chose.
Mon orgueil se panse un peu. Mon indignation regagne son territoire habituel, reflue dans un coin reculé de ma conscience. Doucement, mon regard glisse sur son corps à lui. Je me rends compte que je le désire un peu, ce corps-là.
Un peu ?

Je me lève, ôte la serviette qui couvre ma tête, la dépose sur un banc, en saisis une autre, propre. Je franchis le chemin qui me sépare de l'évier que j'occupais tout à l'heure, évitant soigneusement de croiser le regard de Pyth. C'est à peine si je l'effleure lorsque je passe devant lui, lui fourrant la serviette neuve entre les mains. Je pose mes mains sur le rebord froid du lavabo, épie de nouveau mon propre visage dans le miroir.
C'est peut-être ce qu'il me faut.
Je dois bien avouer que c'est ma peau qui frissonna lorsque je sentis sa chaleur à lui.

Je veux bien t'aider. Si tu m'aides.

Ces paroles me coûtent un peu, et je sais d'où vient cette appréhension. Mais je sais aussi ce que je veux, et mes paroles sont claires.

[Moi, je l'attendais le "les deux" j'avais déjà prévu les pensées de Pyth liées à cette réponse... *snif*]

Il me regarde et mon sourire disparaît peu à peu. J'ai besoin qu'il accéde à ma demande. Mon regard tente de le lui expliquer. Me changer les idées... Et à la voir comme il était tout à l'heure, la tête entre les mains, lui aussi. Finalement, ses yeux me détaillent intensément. Cela me réchauffe déjà. J'ai besoin de le toucher, de tout oublier, de m'oublier...

Il se lève.

Son regard fuit le mien alors qu'il passe à côté de moi en me fourrant sur serviette dans la main. Je suis un peu vexé, est-il en train de refuser ma demande ? Il se regarde un instant dans la glace, comme cherchant une réponse. C'est étrange que je sois tombé sur quelqu'un d'aussi paumé que moi quand même... Mais c'est peut être mieux. Il ne me posera pas de question parce qu'il ne veut pas que je lui en pose... Et inversement.

Ses paroles me redonnent confiance et j'avance vers lui, me glissant dans son dos. J'évite de regarder mon reflet quand je penche la tête vers son cou laissant couler mes cheveux sur son épaule, sur son torse. Mes mains se posent sur son ventre avec douceur, l'enlassant dans un geste étrangement tendre. Je pose un baiser à la base de son cou et murmure:

"Merci"

Je ferme les yeux alors que mon corps se colle au sien et que ma main droite migre lentement vers l'intérrieur de ses cuisses... Je ne veux plus penser à rien...

Ni à personne.

[je suis désolée, je me rends compte que mes posts sont hyper courts... J'espère que ça ne t'embète pas trop...]

[Y a pas de problème, c'est pas la quantité qui compte. Tes posts me plaisent comme ils sont. Et de façon, moi non plus c'est plus très long, là ^^]

Citation :

"Merci"

Une voix nichée dans mon cou, une main posée sur moi. Je ne peux réprimer un frissonnement peu ambigu. Las, je pose une dernière fois mon regard sur le miroir. L'homme n'y est plus seul. Son visage n'est plus perdu, ni abandonné à une pensée obsédante. Pour le moment, du moins.
Alors, profitons-en.

Je ne pensais pas qu'un simple contact me ferait tant de bien, déjà. Même, je ne pensais pas que ce Pyth fut capable de tant de…délicatesse. Je me laisse faire, fermant un instant les yeux, profitant de la moindre parcelle de chaleur émanant de ce corps nouveau. Doucement, sa main descend…

Je me raidis. Brusquement, sans prévenir, je me crispe.
C'est un mauvais souvenir qui me revient en mémoire. Un souvenir que j'aurais bien aimé oublier… La dernière personne qui s'est permis ce geste est celle qui m'a pris mon pouce…avant de me faire bien plus mal encore.
Un peu rapidement, j'attrape son poignet, le stoppe. Mais ce n'est pas pour autant que je compte m'éloigner… Je me retourne, et pose à mon tour mes mains sur son corps à lui. Je capture ses lèvres, et, avec une infinie douceur, commence à explorer de mes doigts son torse, son dos, son cou. Ces attentions vous surprennent de ma part ? Mais… N'aviez-vous pas déjà compris que j'étais un pur perfectionniste ? Et puis…autant bien faire les choses.

Un instant, je mordille un peu sa lèvre inférieure, mais je finis par longer doucement son cou en y déposant une grêle de baisers légers, jusqu'à la petite cavité ainsi offerte entre ses clavicules. Je note avec délices que je ne pense à rien d'autre. Tant mieux. Je m'emplis de son odeur, m'oublie dans sa chaleur, et m'efforce de lui offrir la même chose sous mes caresses. J'avoue que l'évier planté dans mon dos n'est pas des plus confortables, mais, là, maintenant, je n'en ai positivement rien à foutre.

Je dois bel et bien avouer que…tout cela…me fait un bien fou. Arrêter de réfléchir. Profiter. Et puis…j'aurais pu tomber plus mal. Bien plus mal. Mon émoi de se remarque pas encore véritablement, mais je me rends peu à peu compte que ce corps-là me plaît énormément. J'entends son souffle, je sens sa poitrine qui se convulse, son érection contre ma jambe… Et son excitation à lui commence à éveiller la mienne. Je serais prêt à explorer ce corps avec tout le soin nécessaire, et avec tout le temps possible.

Il recule, m'attire en même temps. En un clin d'œil, nous voilà tout contre le mur opposé. C'est mieux. Je suis bien plus libre de mes mouvements… Et me sens moins oppressé. Je descends encore un peu la cible de mes attentions, occupe son torse de mes lèvres, de mes dents, de ma langue, le goûte sans retenue. Le gémissement qui lui échappa tout à l'heure m'a tout à fait réveillé, allumant encore un peu mon désir… C'est simple. Plus il me désire, plus je le désire.

Je sens sa main passant dans mes cheveux, et redouble d'efforts. Et lorsqu'il exerce sur moi une légère pression, vers le bas… Et bien je ne le fais pas attendre. Je n'ai pas envie de frustration, là, maintenant. Nous avons tous les deux besoin d'un plaisir doux, salvateur. Alors, je descends légèrement, puis me laisse tout à fait tomber sur les genoux.

Je n'hésite pas. Bien que j'ai ces derniers temps possédé plus de femmes que d'hommes, je n'en ai jamais perdu ni les goûts, ni la pratique. Je prends la peine de caresser un instant son membre dressé, puis mes lèvres prennent le relais, légères, rapides.

Citation :

"Tobias... Chasse le de mes pensées... Chasse le..."

C'est pour ça que nous sommes là, mec… C'est pour ça que nous sommes là. Vu mon état d'excitation, je suis incapable de répondre quoi que ce soit de particulièrement cohérent, fin, ou bien pensé. Alors j'agis. Je le prends dans ma bouche, explore un moment son membre du bout de ma langue, puis entame un mouvement de va-et-vient. A nouveau, mes mains entrent en action, caressant, exaltant, contentant tout ce corps qui m'est aujourd'hui offert…

Un instant, mes pensées vagabondent. Me serais-je simplement douté, en le voyant ce premier jour, que nous nous retrouverions de la sorte ? Les choses changent. Et je n'ai pas envie de trop réfléchir à tout ça. Je risque de m'attarder à d'autres sujets. Je ferme les yeux, me concentre à mon…ouvrage. Je suis pas très contraignant, aujourd'hui. Mais… Que voulez-vous ?

Tiens ? Le voilà qui m'interrompt, de lui même, sans préavis. Attrapant mon visage entre ses mains, il m'enjoint à me relever. Intrigué, mes lèvres abandonnent son sexe, mon regard croise la pourpre du sien. Je tente, un peu embrouillé par l'excitation, d'y lire une réponse à son geste. Etait-ce mauvais ? N'était-ce pas suffisant ? Pourtant… Si j'ose dire, ses "vocalises" m'inspiraient l'inverse. J'aurai pu continuer ainsi, jusqu'au paroxysme nécessaire à… Justement. Peut-être que ce n'est pas cela qu'il désire.

Coupant court à mes interrogations, il prend possession de mes lèvres, de ma bouche, y introduit sa langue sans plus de cérémonie. Ce baiser du genre…dévorant me laisse pantelant, cherchant à peine mon souffle et goûtant en même temps à ses lèvres à lui. Je lui réponds avec toute la vivacité dont je suis capable, plaquant ma langue contre la sienne, fermant les paupières, ressentant pleinement le moindre mouvement, le moindre contact, profitant de ce frisson qui m'hérisse la nuque.

C'est à peine si je me rends compte que, désormais, les positions sont inversées. Trop envahi par sa chaleur, et par la mienne, résultant de ces ébats, je ne fais pas attention à la froidure du mur carrelé qui s'étale dans mon dos. Un instant, mon baiser se fige, brisé par le gémissement incontrôlable qui s'échappe de mes lèvres lorsque sa main rencontre mon membre. L'autre effleure presque innocemment mes fesses… Pas suffisamment pour éveiller ma méfiance, tout perdu que je suis par ses baisers sur ma gorge palpitante. Imaginez donc ma surprise lorsque je le sens me pénétrer, d'un doigt. Une fraction de seconde, je me crispe, ressentant presque à nouveau la…douleur que j'avais pu souffrir la…dernière fois. Je murmure tant bien que mal un "Attends..." essoufflé. Mes ongles s'enfoncent un peu dans sa peau, mais abandonnent bien vite. Cette fois…ce n'est plus pareil. Ma tête bascule un peu en arrière… Je m'abandonne.

Un gémissant d'à peine un octave supérieur à ma voix habituelle m'échappe lorsque je sens le contact nouveau de ses lèvres. Je sens qu'il va falloir que je me contrôle, histoire de ne pas me libérer trop vite… Ce ne sera peut-être pas aisé, au vu de mon état alors qu'il m'a à peine effleuré. Et la façon dont il me prépare à…l'accueillir ne va pas pour améliorer les choses.

Cette position me frustre un peu. Tout ce que je peux faire, c'est passer ma main dans ses cheveux… Je me sens un peu oppressé…et surtout impuissant. Ce qu'il me fait suffit amplement à me combler, pour le moment, mais le contact direct avec son corps, sa chaleur, me plaisent aussi. Un nouveau gémissement m'échappe. Mon regard un peu alangui glisse sur le miroir qui nous fait toujours face, sans parvenir en tirer grand chose.

C'est la débâcle.
Je commence à perdre le contrôle… le contrôle de mes gestes, l'ascendant sur mon corps, la maîtrise de mon souffle. Toutes ces choses… C'est un autre qui la contrôle. Moi, je n'y peux plus rien. Je ne sais pas si Pyth s'en rend compte, mais je perds mes moyens. Ma respiration se fait chaotique, irrégulière. Plaqué contre le mur carrelé, mon dos se contracte ponctuellement, se cambre de temps à autre. Mes doigts se crispent fébrilement dans sa chevelure, sur son front. Mes cheveux sont plaqués sur mon front, errent sur mes paupières douloureusement closes.
Je suis au supplice.
Je ne veux pas jouir… Pas encore. Alors je résiste… Et ce n'est pas chose aisée, au vu de ce que Pyth me fait. J'émets une longue inspiration…qui s'achève en un gémissement totalement incontrôlé.

Puis, soudainement, le contact se rompt. Je ne saurais dire si je suis soulagé, ou frustré. J'ose ouvrir les yeux à demi. Il me regarde, achève tranquillement de me préparer. Durant ce laps de temps, je soutiens son regard en silence, une note un peu douloureuse au fond des yeux... Toujours ce sentiment d'impuissance frustrée… J'ai toujours été ainsi. J'ai du mal à laisser les choses se faire. J'ai besoin de toucher, de sentir, de faire bouger, de faire palpiter…

"Viens Tobias..."

C'est avec soulagement que je glisse au sol. Je me laisse totalement guider par ses gestes à lui, répondant à la moindre de ses inclinaisons. Je me contente de le suivre… Pour le moment. Mes jambes enserrent ses reins, alors que mes mains explorent de nouveau son torse.

Je suis là…

C'est ce que je susurre difficilement alors que son visage cherche le mien. Je savoure sans retenue le baiser qu'il m'offre, passant mes mains dans son cou, caressant sa nuque en relevant à peine sa chevelure rouge. Je profite avec délices de toute cette chaleur ainsi offerte. Ses mains s'aventurent sur mes fesses…et alors seulement, je me rends compte véritablement de l'effleurement de son membre. Je mords doucement l'intérieur de ma lèvre inférieure. Mais ce n'est plus de l'appréhension… Je crois que je commence à désirer sa présence en moi… De plus en plus.

"Tobias... j'en ai tellement envie... Tobias... me le permets-tu ?"

Je suis un peu surpris. Je dois avouer que je ne pensais pas qu'il prendrait tant de soin à faire cela… Mais, quelque part, cela me rassure. Il me laisse le choix… Même si je ne l'ai plus vraiment. Un instant, je repense à…à ma mésaventure. Mon front se contracte. Je me demande si, dans cette prison, ce genre de chose est déjà arrivé… à Sybille. Je fronce les sourcils. Son visage me revient. Pourquoi ? Je… J'ai…peur ?

Je me fige. C'est mon nom qui vient de s'échapper des lèvres de mon partenaire. Je secoue légèrement ma tête, comme pour en chasser mes obsessions. Tobias… Tu es là, à moitié mort de désir, dans les bras d'un autre qui a besoin d'un présent… Alors bouge-toi.

Avec une infinie douceur, je prends le visage de Pyth entre mes mains, et plonge mon regard dans le sien. Cette pourpre chaude me réveille, m'accroche, me rassérène… Mes neufs doigts dégagent délicatement son visage, lissant ses cheveux vers l'arrière. Je dépose un baiser sur son front, sur son menton, puis goûte à nouveau ses lèvres, passant doucement mon unique pouce le long de la mince cicatrice qui coupe sa joue. Et, brutalement, sans préavis, je presse mon torse contre le sien. Je sens sa respiration. Je sens son odeur. Et surtout… Je sens sa chaleur.

J'en ai envie…aussi… Pythagoras…

Dans ma bouche, son nom s'envole en un gémissement à peine contenu. Mon corps, presque de lui-même, se cambre, l'invitant. Mes mains s'aplatissent sur son torse, légèrement agitées. Ma lèvre supérieure se soulève, découvrant mes canines alors que je commence à le sentir pénétrer en moi. Ma respiration s'accélère, mais je prends mon temps, précautionneusement, délicatement… Tandis que mon désir s'enflamme.

J'ai définitivement abandonné toute appréhension… Toute peur… L'aurais-je cru ? Aurais-je cru, il y une heure, que je reprendrais un jour du plaisir à jouer ce rôle ? Car c'est une jouissance bien réelle que j'éprouve à le sentir en moi… Il a la délicatesse de prendre tout son temps…de ne rien brusquer.

Mais je dois avouer que, lorsque son bassin entame une lente ondulation, je ne peux retenir un gémissement de satisfaction. Enfin, j'arrive à goûter de nouveau à ce genre de délices… et compte bien en profiter. Tout en partageant mon plaisir. Encore alertes, mes mains vagabondent sur le torse de mon partenaire, avant de s'égayer dans son dos, le caressant presque…voracement, au rythme inculqué par ses hanches à lui. Je pose un regard alangui sur ces yeux qui me fixent encore… Encore…

Mais bientôt, ses paupières se ferment, et ses traits se peignent d'une jouissance plus forte… Un cri m'échappe, entre la surprise et le plaisir de voir ses mouvements s'accentuer. Mon corps entier, comme mû par un tempo silencieux, suit parfaitement le sien. J'entends mon nom qui se répète… Presque plus un mot, juste un son… et quel son.
Mes yeux se ferment presque douloureusement, tandis que je mors légèrement l'intérieur de ma lèvre inférieure. Mes mains, ne pouvant plus caresser correctement son torse, s'accrochent à ses flancs.

Je le sens tout autour de moi… Je le sens tout contre moi… Je le sens en moi. Agité par la symbiose de nos mouvements, je gémis périodiquement son nom, de façon plus ou moins claire, jouant de ma langue et de mes lèvres avec ces syllabes, comme j'avais pu faire d'autre chose... Je n'entends plus que nos deux voix, je ne perçois plus que la chaleur de nos deux corps… Et je ne vois plus qu'une seule couleur.
Devinez laquelle.

Au paroxysme de la puissance de ses mouvements, ses lèvres viennent prendre possession des miennes, tendis que sa main vient se saisir de mon membre. Je sens que la libération est proche… Ma prise sur sa peau se resserre légèrement. Et c'est lorsque je me sens totalement sien, lorsque chaque parcelle de mon corps ne se tend que vers cet autre, et que mon esprit commence à divaguer légèrement…que je jouis. Et je dois dire que mon râle de libération est presque couvert par le sien…

Mon esprit se vide totalement, extatique, comblé. Je sens ses lèvres sur les miennes, son corps qui se presse sur le mien. Je me laisse aller contre le mur, et glisse avec douceur ma main sur sa nuque pour profiter de cet ultime baiser. Je ne sais combien de temps nous nous reposons ainsi. Mais c'est doux…Je me saisis doucement de son poignet, et passe mes lèvres sur ses jointures ensanglantées. Enfin, je murmure, la voix un peu rauque…

Je crois que je dois te remercier deux fois…

Je me demande s'il a compris. Mais bon… Ce n'est pas très important. Doucement, je me relève, abandonnant un peu à regret cette chaleur. Je suis désormais apaisé, maître de moi au plus haut point… Et j'ai quelque chose d'important à faire. Je dois aller m'enquérir de l'état de Sybille.
Je note avec satisfaction que ce nom ne m'obsède plus.
Pour le moment.

J'entre dans la cabine de douche la plus proche, mets en marche la tuyauterie.
Heureusement… J'ai pris du change.

Sa voix résonne, de l'autre côté de la paroi. Deux mots brefs. Une question.
Je ferme les yeux, passe la main dans mes cheveux humides… Deux fois, oui… Deux oublis, deux soins… deux miracles… ? Le temps d'une étreinte, lui, a réussi à me débarrasser de deux de mes craintes, deux de mes…obsessions.

Deux fois.

Je ne compte pas en dire plus. D'une part… je suis tenu par ma promesse. Même une allusion à Sybille … ce serait me trahir. Et d'autre part… Non. Je ne vais tout de même pas pleurnicher sur mon sort en… en avouant m'être fait… Bref. C'est du passé… Et c'est fini. Mon regard tombe sur mon pouce absent. Je sens une petite pointe fouiller l'endroit de mon cœur…
Stop. Pense à autre chose. T'es pas une lopette, Tobby. T'es un homme.

Ma main valide tourne doucement la mollette de la tuyauterie… Le doux écoulement de l'eau cesse. Je frissonne. Je m'apprête à me retourner, pour saisir ma serviette…
Lorsque je sens des lèvres se poser sur mon cou. Deuxième frisson. Mais pas de froid, cette-fois. Et lorsque ses cheveux effleurent mon torse… Mon pouls s'emballe. Un peu… Je jette un regard par dessus mon épaule, intrigué.

"Si tu penses que je peux de nouveau me rendre utile un jour ou l'autre, je suis dans la chambre 10..."

Il s'écarte, me laissant, un peu troublé, mais ne le montrant pas. Je pivote, désirant lui faire face… Mais lui, me tourne le dos. Un instant contemplatif devant ce feu coloré… je remarque une multitude de cicatrices longilignes, marbrant discrètement sa peau. Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que… D'où ça vient, ces trucs ? Ce ne sont pas des coupures… Et c'est ancien… Presque d'instincts, mes doigts viennent en suivre le tracé, effleurant la peau, recueillant quelques parcelles d'eau froide au passage. Bas, j'ajoute à sa proposition une clause…

Et je te retourne l'invitation… Tu connais mon…numéro.

Discrète allusion à notre première rencontre… Qui, je l'avoue, c'était légèrement moins bien passé que celle d'aujourd'hui. Un instant, l'envie me prend de rester encore un peu… De le sentir encore contre ma peau… Mais je ne peux pas. L'infirmerie… Sybille…

Presque à regret, je m'écarte de lui, sors de la cabine, silencieux. Je me saisis d'une serviette, me sèche, et passe des vêtements propres. Je récupère mon briquet, abandonné au sol, le mets dans ma poche. Sans bruits, je passe la porte, sors dans le couloir, l'esprit occupé par…une somme de choses.

[je suis impatiente de lire la réponse d'Any, si tu sais pas par qui commencer ^^]

Ses doigts effleurent mon dos et je sais ce qu'il touche. Je suis parcouru de frissons… Des frissons de peurs. Je déteste ça. Je me revois, tremblant au sol alors que mon père me fouettait sans relâche. Je ferme les yeux. Je suis le phénix qui renaît de ses cendres, qui s'échappe des flammes… Qui fuit le De La Flaam… Je relève la tête et l'eau asperge mon visage. Je ne suis plus cet enfant terrifié. Ma respiration s'accélère, je déteste ces souvenirs.

Finalement, la voix de Tobias s'élève derrière moi et j'acquiesce lentement, incapable de prononcer un mot. Je doute que j'irais le revoir, mais si je le croise, il est presque certain que je ne le laisserais pas passer. Il s'écarte de moi, libérant mon dos de ses caresses brûlantes et, alors qu'il quitte la cabine, je murmure:

"Un jour, si tu veux, je t'expliquerais l'histoire de ce tatouage… et de ce qu'il cache…"

Je n'ajoute rien alors que l'eau chasse mes pensées pendant qu'il quitte la pièce. Nous nous recroiserons, j'en ai la certitude…

[Fin du Topic]