Sadismus Jail
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Sadismus Jail

Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus.
 
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 De vous à moi...

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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
Tobias Viatscheslav


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MessageSujet: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeJeu 31 Mai - 18:09

-----> Bibliothèque

[ouéé mais ch'uis toute frustrée pasque le plus joli avatar il apparaît plus petit T_T Bref.
Et au fait… Yeeeerf ! Chuper post qui thue ! *Tobby doit suivre la cadence*]

Aïeuh… Je reste impassible, mais j'avoue que de sentir ses petits doigts durs s'enfoncer dans mon bras, c'est pas trop de mon goût. J'ai l'impression de suivre plusieurs étapes mystiques. D'abord, barbe à papa géante. Puis bouée de sauvetage. Je me demande ce qui suit. Peluche vivante ? J'essaie d'en faire abstraction. Il faudrait plutôt que je me défasse de cette sévère habitude que j'ai de porter les détenus qui passent à ma portée. Mais j'ai du mal à m'en empêcher. Je ne peux pas résister à la tronche paumée qu'ils me sortent à chaque fois que leurs pieds quittent le sol. Rien à faire.

Le silence s'étend, s'étire, se répand. Je commence à m'ennuyer. Mauvais signe. Et je ne peux ni jouer avec mon briquet, ni mordre mon pouce… Je risque de devenir peu joueur. Et puis j'ai froid. Aux pieds, surtout. Pourquoi diable suis-je pieds nus ? La seule source de chaleur de l'endroit, c'est cette petite créature perdue quelque part entre mes bras. Je me demande vaguement si elle a de la fièvre. Ca m'étonnerait pas. J'en viens presque à ne plus attendre sa réponse. Mon esprit se met à divaguer à droite, à gauche. C'est toujours ce qui se passe lorsque l'ennui se saisit de mes tripes et de ma cervelle. Et je pense. Je pense à ma crise toute fraîche. Je pense aux cendres mouillées de la bibliothèque et aux caméras plantées pile au-dessus. Je pense que j'aurai des problèmes. Je pense à demain, et à hier. Je pense à cette anecdote d'il y a six ans, et à ce meurtre vieux de onze ans. Je pense à ce type aux cheveux rouges, et à cette fille rousse. J'oublie le présent, me plonge dans le feu mêlé de mon passé.

Citation :
- Ce n'était pas un viol...

De quoi ?! Le…rapport ? Je reste sceptique un moment. Quelques visages passés me soufflent encore quelques paroles mortes. Qui se fanent et s'envolent. Seulement, je fais le lien avec la situation. Pas un viol ? Ma curiosité se pique encore un peu. Je sais que dans cette…prison…les agressions de ce type ne sont pas rares. D'autant plus que le bled est mixte. Pas un viol ?…Que dire… Pas "tant mieux", en tout cas. Je ne crains qu'une unique chose.

Citation :
- Je, je l'aimais, et lui aussi. Mais il s'est suicidé, il est mort, mort !

Et merde. Je fais comment, moi, maintenant ? Je lui propose une partie de scrabble ? Ou alors un petit bûcher vite fait ? Je suis pas psy, moi. Je suis pyromane, et c'est mieux.

Je plaisante.

Une chose pourtant me retient de tout balancer. La fille, l'histoire, le gosse. Et c'est la même raison que d'habitude… Allez, je vous laisse deviner… Allez… Un peu de courage, de peps, les enfant ! Vous me décevez, là. C'est…c'est…le feu ! Héhé… Ouais. Il est en ce bas monde une perfection qui ne se trouve que dans l'élan brûlant d'une flamme… Mais cette même flamme n'est pas forcément au bout d'un briquet, ou d'une allumette. Elle peut trouver plusieurs noms, s'abstraire des vils concepts de la physique. Cette flamme peut se nommer curiosité. Divertissement. Passion. Folie et…Amour. Et c'est tout ce que cette situation-là me rapporte. je sens qu'il y a matière à exercer mon art… Yay ! Eh bien, flambons !

Toutefois, ne commettez pas l'erreur de me prendre pour un papa-poule… Il faudrait d'abord que je vois l'utilité de ce terme. Fadaises ! Et dans fadaises, il y a fade. Erk. Fade, et faible. Je crains de ne partager ni les critères, ni les valeurs de la norme. Oops… Que voulez-vous ? Flambe, ou fais flamber ! Chacun son lot, les victimes, et les joueurs.

Citation :
- Ludwig, il s'appelait Ludwig Helies...

'Connais pas. J'ai du débarquer après sa mort.

Désolé. Je ne suis pas le genre à me répandre en condoléances ridicules. Et le terme de mort ne me rebute pas. Il colle à mes doigts brûlés. Alors, que dire ? Parallèlement, quelque chose me gêne. Je ne saurais décrire cette…sensation. Je fais craquer mon unique pouce, et hisse un peu la damoiselle. La faire tomber maintenant, ça ferait brouillon.

Citation :
- Cela fait trois mois maintenant... Ne me le prenez pas, je vous en supplie... C'est la seule chose qu'il me reste de lui à présent...

Là, j'avoue que je suis un peu vexé. La forcer à avorter ? Ce serait…trop…facile. Un truc de petit joueur. La première chose à laquelle on pense. Et puis, mon instinct me souffle que je n'obtiendrai jamais une belle flamme si je fais souffrir cette âme là. Et oui, désolé lecteurs ô combien chers z'et sadiques, il faut savoir se diversifier un peu. Je sais que la souffrance de cette détenue ne m'apportera qu'ennui et lassitude. Elle n'a pas le profil. J'opte pour la flamme de la curiosité, de la folie, et du divertissement. Et pour elle, celle de la passion, et de l'amour. Je sens que l'on va…s'amuser.

Nous pénétrons enfin dans l'aile des prisonniers. Pas trop tôt. Bon… J'sais pas vraiment où elle crèche, mais c'est pas trop dur de trouver. J'avise la cellule dépossédée d'un de ses occupants… à la grille splendidement grande ouverte. Yesss… J'ai trouvé un gardien plus fumiste que moi. J'entre sans trop de cérémonies. J'ai pas envie de calculer si les autres gus sont bien dans leur cellule. Flemme de leur courir après. J'en attraperai bien un au détour d'un couloir.

Feignant ? Naaan… Pécheur pêcheur puriste… Qui a dit que l'oisiveté était un péché ? Il ne s'agit que de…classe. Je suis pieds nus. J'vais pas arpenter les couloirs à la causette, merci. Et puis j'ai besoin d'une douche. Je suis tout plein de cendre et de suie.

Quoi qu'il en soit, je m'étonne moi-même en déposant soigneusement la damoiselle sur ce que je suppose être son lit. Si c'est pas le cas, merde. Ch'uis pas groom, non plus. J'en profite pour m'asseoir en tailleur à l'extrême Sud du lit. J'inspecte la chambre, avec un regard que je devine un peu glauque. Fatigueuh… Il fait noir comme dans un four. Je sais même pas si les potes de la damoiselle pioncent, ou non. S'pas un problème. Celui qui cafte, je saurai le "gérer"…

Calmée ? Tu vois, j't'ai pas éventrée…

Je me laisse aller sur la rambarde de métal. J'étire un peu mes bras endoloris, et mord mon pouce d'un air pensif. Enfin, je fais rouler la pierre de mon briquet. Juste une étincelle.

J'ai compris c'qu'y m'gênait toute à l'heure… C'était la tronche que tu me tirais. Personne t'as appris qu'fallait pas pleurer d'vant les sadiques ?

Un petit coup sur la pierre. Une pression. La flamme naît enfin. Je ris doucement. Sadique ? Non. Esthète. Oui.

Chiale plus. Il est mort. Et toi, t'es vivante. Ton gosse aussi.

C'est fou. J'ai toujours trouvé que les gens s'encombraient vainement, se compliquaient la vie et l'esprit. Faire le point, et réfléchir à la lueur éclairée de la flamme de la raison…

Tu dois penser qu'à ta gueule… Et à la sienne… Au gosse. Sinon, tout ça te rongera. Oublie. Soule-toi, shoote-toi, fais c'que tu veux, mais passe à autre chose. T'as des trucs à faire, gamine.

Mon souffle apaisé vient troubler l'uniformité de la flamme. Elle danse, parfaite, souple. Mais moi, j'en ai une à faire…naître. Une nouvelle expérience.

J'imagine que t'as pris perpette'. Sinon, tu paniquerais moins pour l'affaire…

Perpétuité. Je penche le visage sur le côté, le regard vague. C'était ma peine aussi. Enfin. Je vais éviter de le préciser.

Bon. J'vais abréger, pasque j'ai autre chose à foutre. Non, j'vais pas te donner. Non, j'vais pas t'obliger à avorter.

Et cesser mon jeu ? Mon expérience ? Jamais !

Non, j'vais pas te faire de mal –enfin je pense.

Je joue avec une mèche de mes longs cheveux noirs, pensifs. J'hésite. J'le dis, j'le dis pas ? Pis marde, le moyen de faire autrement ?

'Faudra des appuis, gamine. Bon. Je sais que demain, ch'uis bon pour me coltiner le beau monde. J'ai peut être une idée… En tout cas, planque ta grossesse comme tu peux. Au mieux, il faut qu'on gagne un max de temps…
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Sybille Hawkins
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Sybille Hawkins


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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeVen 1 Juin - 16:15

[ Mais il est très bien ton n'avatar =) Post qui tue, vi, je vois ça u_u ]

Il ne dit rien. Rien, rien du tout. J'ai vraiment l'impression qu'il s'en fou totalement en fait... Il n'a même pas l'air désolé de la mort de Ludwig. En même temps, il ne le connaissait pas... Mais il a réellement l'air ailleur, comme déconnecté. En même temps, il vient de faire une crise, ce qui n'est pas pour me rassurer. Ce type m'effraye, je n'ai aucune idée de ses réactions, de son comportement, de ce qu'il pourrait faire... Et il est là, à marcher droit devant lui, moi dans ses bras. Silencieux, comme une tombe, ma tombe... C'est l'impression qu'il me donne en ce moment-même, l'impression qu'il m'ammène peu à peu vers la mort, que chaque pas de plus qu'il fait dans ce couloir sombre et désert me rapproche peu à peu de mon châtiment...

Je secoue la tête. Je divague, ça y est. Je ferme doucement les yeux, essayant d'oublier. Oublier... Ce que j'aimerais pouvoir le faire, ne serait-ce qu'un instant... Les larmes me brûlent les yeux. J'ai la gorge nouée, serrée, j'ai du mal à respirer. J'ai envie de partir, loin, loin... Petit à petit, je me sens partir. Le balottement dû au rythme de ses pas, la sensation de chaleur que me procure sa veste posée sur moi, ainsi que son corps contre le mien, le bruit de ses pas dans le couloir... Seul subsiste le sourd battement de son coeur qui tambourine près de mon oreille, car ma tête est appuyée contre sa poitrine, et qui me berce peu à peu. C'est bizarre... En temps normal, je ne l'aurais même pas laissé me porter. Je me serais débattue, j'aurais crié, hurlé, je l'aurais frappé, griffé... Et je suis là, à deux doigts de m'endormir dans ses bras ! Vraiment, il y avait quelquechose qui ne tournait pas rond. Peut-être était-ce parceque j'étais tout simplement épuisée. Epuisée et en état de choc. Sûrement...

Je crois que l'on arrive près des cellules. Je ne suis pas sûre mais de toutes manières, qu'importe... Sait-il seulement laquelle est la mienne ? Il devra trouver tout seul... Je n'ai pas la force de lui dire, rien que le fait d'ouvrir la bouche m'apparait comme une épreuve insurmontable. Ce qui m'intrigue c'est qu'il ne dit rien, rien du tout. Rien à propos de mon histoire avec Ludwig, qui était un gardien, ni du fait que je sois enceinte, ni du fait, un peu minime dans de telles circonstances je l'avoue, mais quand même, que je sois dehors à cette heure-ci. J'ai l'étrange préssentiment qu'il se garde, qu'il se réserve, comme si il réfléchissait à ce qu'il allait me faire subir, à la punition qu'il allait m'infliger. J'ai peur... J'ouvre les yeux. Les portes des cellules défilent devant mon regard vide, série infinie de barreaux d'aciers qui luisent doucement à la lueur de la lune. Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi...

Les larmes aux yeux, une fois de plus, je tourne la tête, me blotissant contre le gardien. J'ai froid, malgré sa veste posée sur moi. Besoinde chaleur, de réconfort... Choses que l'on ne peut pas vraiment trouver dans une prison, et que j'ai perdues à la mort de Ludwig... Tiens, le voilà qui me dépose sur quelquechose de mou. Un matelas. Mon lit ? Encore ailleur, perdue dans mes pensées plus ou moins censées, je cligne des yeux, balayant la pièce de mon regard émeraude. Mes yeux me piquent, me brûlent, j'ai sommeil... Avisant le gardien assis en tailleur au bout de mon lit, je me recroqueville sur moi-même, me collant à l'autre extrêmité de celui-ci, la veste de l'homme serrée contre moi. Froid... Un son, des mots. Que dit-il ? Relevant légèrement la tête, je le fixe, le regard vague. Enfin, j'essaye, d'après ce que je perçois de lui dans la pénombre de la pièce. M'éventrer... Quelle drôle d'idée... J'en ris presque. Je ris de son idée, de lui, de moi, de mes réactions... Je ris de rire. Me retrouver là, à deux heures du matin, assise sur mon lit à discuter avec un gardien qui me parle de m'éventrer, et je ris, je ris ! L'étincelle qu'il fait soudainement jaillir de ce que je suppose être un briquet me fait sursauter, et, me calmant aussitôt, je pose mes yeux sur l'objet luisant, comme fascinée.


Citation :
J'ai compris c'qu'y m'gênait toute à l'heure… C'était la tronche que tu me tirais. Personne t'as appris qu'fallait pas pleurer d'vant les sadiques ?

Une flamme jaillit. Ne pas pleurer. Ne pas pleurer. Il est marrant lui, comme si c'était facile ! Non, je dois me calmer... Inspirant profondément, je ferme les yeux et je murmure d'une voix tremblante, tremblante de rage, de fatigue, de peur, de tristesse :


- Plus facile à dire qu'à faire... Je crois qu'à force, je me fiche totalement de ce que l'on peut me faire, j'ai plus rien à perdre, plus rien à gagner... Ormis de rester en vie dans cette putain de prison, et si j'ai de la chance, à élever un gosse qui grandira à l'ombre des barreaux parmis les criminels...


Tiens, je n'avais pas pensé à ça... Etait-ce finalement une si bonne idée d'accoucher dans un endroit pareil ? Pourrais-je seulement supporter l'idée de savoir mon enfant à vagabonder dans des couloirs où rôdent meurtriers et obsédés sexuels ? Rien que d'imaginer mon fils ou ma fille entre les mains de tels individus me révulse. J'ai la nausée, envie de vomir... Est-ce seulement à cause de ça ? Mes mains se crispent sur mon ventre, tandis que je me penche en avant.


Citation :
Chiale plus. Il est mort. Et toi, t'es vivante. Ton gosse aussi.


Salaud. Je savais que je n'avais pas le même mode de pensée que tout le monde ici, d'ailleurs, nous étions tous différents, mais tout de même... Comment peut-il dire ça, me dire ça ? Je commence à respirer un peu plus fort et plus difficilement. Ma vue se trouble. J'ai mal.


Citation :
Tu dois penser qu'à ta gueule… Et à la sienne… Au gosse. Sinon, tout ça te rongera. Oublie. Soule-toi, shoote-toi, fais c'que tu veux, mais passe à autre chose. T'as des trucs à faire, gamine.


Je secoue difficilement la tête. Comment oublier tout ça ? La souffrance morale s'ajoute à la souffrance physique. J'ai envie de crier, de hurler. Laissez-moi mourir...


Citation :
J'imagine que t'as pris perpette'. Sinon, tu paniquerais moins pour l'affaire…


Il est drôle lui... On est tous condamnés à perpétuité ici... Se jouerait-il de moi ? Les larmes perlent au coin de mes yeux. Non, pas maintenant. Après, plus tard, mais pas maintenant... Je suffoque, je suis livide. J'ai mal, tellement mal...

Et la douleur s'arrête, d'un coup, me laissant haletante, le souffle court. Lentement, je me redresse, écartant de mon visage quelques mèches rousses collées par la sueur. Je déglutis difficilement, avant de fermer les yeux et de rétorquer d'un ton sec et haché :


- Vivante... Vivante hein... Mais pour combien de temps encore ? Rien qu'avant déjà vous aviez voulu me balancer au feu... Me droguer, me souler ? Bien sûr... Soufflais-je, le regard noir.

Je n'en peux plus, il me mets à bout. Je suis épuisée, j'ai froid, j'ai sommeil, j'ai mal, et lui, lui... !


- Je suis enceinte, j'ai déjà de fortes chances de perdre mon bébé avec ces putains de crises, et vous me proposez de boire et de me droguer ?! Je suis ici pour le restant de mes jours, j'ai autre chose à foutre que d'aller à l'hôpital pour me faire avorter ou opérer à cause d'un abus d'alcool ou de drogue ! C'est facile pour vous de dire ça, ce n'est pas vous qui êtes enfermé ici, à moisir dans cette cellule, simplement parceque un tas de crétins ont décidé de vous condamner à être le jouet de tous les hommes un tant soit peu mal intentionnés de cette prison, gardiens ou détenus, à perpétuité pour un crime que vous n'avez pas commis !

Je m'arrête, le souffle court, les pomettes légèrement rosies. Je me suis énervée, je lui ai hurlé dessus. Je n'aurais pas du... Mais je n'en pouvais plus... C'était plus fort que moi. Comment va-t-il réagir ?


Citation :
Bon. J'vais abréger, pasque j'ai autre chose à foutre. Non, j'vais pas te donner. Non, j'vais pas t'obliger à avorter.

Non, j'vais pas te faire de mal –enfin je pense.

'Faudra des appuis, gamine. Bon. Je sais que demain, ch'uis bon pour me coltiner le beau monde. J'ai peut être une idée… En tout cas, planque ta grossesse comme tu peux. Au mieux, il faut qu'on gagne un max de temps…

Pardon ? Stupéfaite, je le fixe, ahurie. Il, il ne me forcera pas à avorter ? N'osant croire, j'essaye d'articuler quelquechose, mais mes paroles restent bloquées au fond de ma gorge. Il veut m'aider ? Mais, mais... N'osant y croire, je reste muette, ne sachant que dire. Je ne relève même pas le " j'vais pas te faire de mal –enfin je pense. ", qui, en temps normal, ne m'aurait pas rassuré. Il ne me prendra pas mon bébé. Il m'aidera. C'est tout ce qui compte...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeSam 2 Juin - 11:22

[hémorragie bégnine XD]

Nous ne sommes vraiment pas sur la même longueur d'onde. L'épisode précédent confirme mes soupçons… Bouarf. Quelle importance ? Ce n'en sera que plus intéressant. J'écoute et observe chacune de ses réactions avec le plus grand intérêt. Cet être là commence à éveiller mon attention. Ne trouvez-vous pas ? Ne comprenez-vous pas ? Complexité des âmes… C'est une symphonie d'expériences, de sentiments, de peurs viles qui s'agite sous cette peau couleur de lait. Le feu sous la neige, le sang sous l'écume.

J'avoue que je suis un peu désarçonné lorsqu'elle se met à rire. De quoi ?! Ah… Je comprends. Enfin, je crois comprendre. Nous ne fonctionnons pas de la même façon. C'est nerveux. Ris, ma belle, ris… Car c'est tout ce qui nous reste, lorsque l'on est enfermé entre quatre murs de pierre. Ris ! Ris ! C'est tout ce que nous savons faire sincèrement, nous, êtres de chair, et de sang… Ris ! Car c'est tout ce que je peux comprendre de toi…

Aussi sec, la crise meurt, passe. La damoiselle retombe, comme vidée de ses forces, de sa combativité. Je fronce un sourcil. Pas déjà ? 'Te laisse pas faire… 'Te laisse pas abattre… Par quiconque, et surtout pas par moi.

Citation :
…j'ai plus rien à perdre, plus rien à gagner...

As-tu déjà gagné ou perdu quelque chose ? Adapte-toi. Tout est relatif… Je suis sûr que tu sais ce qu'il te reste.

Citation :
Hormis de rester en vie dans cette putain de prison, et si j'ai de la chance, à élever un gosse qui grandira à l'ombre des barreaux parmi les criminels...

Enfin.

C'est ça. C'est exactement ça. Ecoute, je…

Je relève brusquement le visage. Mes épaules quittent le cadre du lit, le sommaire sommier grince. Désormais à genoux, je me penche sur la créature mi-neige mi-flamme. Mes yeux gris la détaillent, inquisiteurs. Là-voilà qui se crispe, étreint son ventre en une attitude prostrée. Sa respiration devient chaotique, douloureuse. Je sens que mes paroles ont une part de responsabilité dans son état. Mais il le faut… Qu'elle la quitte, qu'elle la quitte cette putain de faiblesse qui la tuera ! Toutefois, quelque chose me gêne. Elle semble souffrir, au sens premier du terme. Physiquement. Je suis habitué à la douleur. De moi, des autres. Elle ne me rebute absolument pas. Mais quelque chose…quelque chose dans ce geste maternel, cette main hâve sur son ventre… J'ai comme une sensation étrange du côté de la gorge.
Je sais pas.

Citation :
Rien qu'avant déjà vous aviez voulu me balancer au feu...

Je me renfrogne un instant. C'est donc ça ? Je ferme les yeux. Oui… C'est cela, que j'ai fait. Les choses…les choses me reviennent. Peu à peu. Mon regard se pose sur mes mains. Couvertes de cendre, de suie, légèrement brûlées. C'est donc ça ?
J'accepte.

Citation :
…j'ai autre chose à foutre que d'aller à l'hôpital pour me faire avorter ou opérer à cause d'un abus d'alcool ou de drogue…

Un sourire victorieux tend mon visage, le temps d'un souffle. C'est bien, petite… T'as compris l'enjeu. Relance la donne. J'essaie d'adoucir un peu ma voix… Sans grand succès. D'autant plus malaisé que mon accent slave fait sonner chaque consonne d'un roulement rauque…

Bonne réponse…

Citation :
C'est facile pour vous de dire ça, ce n'est pas vous qui êtes enfermé ici, à moisir dans cette cellule…

Mes doigts se crispent sur la mince couverture, froissant l'étoffe grossière. Si tu savais, gamine… En même temps, je vais éviter de t'en informer. Un maton ex-taulard, ça manque de crédibilité. La perpétuité… C'est mon avis…mais c'est pire que la mort. Ailes coupées… La tête bascule. L'esprit se mouche et s'éteint. Six ans m'ont suffit. Chance.

Citation :
…parce que un tas de crétins ont décidé de vous condamner à être le jouet de tous les hommes un tant soit peu mal intentionnés de cette prison, gardiens ou détenus, à perpétuité pour un crime que vous n'avez pas commis.

Je n'ai pas le droit d'en juger.

Et je ne le peux pas. De toute façon, coupable ou non, quelle importance ? Tant qu'on assume… Nous sommes la somme de nos actes, alors pourquoi se dégoûter de nous mêmes ? J'imagine toutefois la situation d'une femme dans un tel milieu. Même moi, qui savais me défendre, je me suis fait…"avoir"…

Son scepticisme, sa colère, tout retombe subitement. Quoi ? Elle ne s'attendait pas à ce que je lui vienne en…en…en aide ? Il est vrai que de mon point de vue, les choses ne sont pas telles. Mais, je le répète, nous ne sommes vraiment pas sur la même longueur d'onde. En tous les cas, elle a l'air totalement sonnée. Je sais, ça fait bizarre.

Elle semble épuisée. Transie. Quelque chose d'étrange –cette même sensation que tout à l'heure- me reprend. Merde. C'est quoi ? Comme au sortir d'une crise. Comme à l'aube d'un long sommeil, lorsque nous ne sommes pas encore nous mêmes. Comme quand on perd un truc.
Enfin. Je sais pas.

Ma main mutilée, hésitante d'abord, vient se saisir de ma veste échouée sur le lit. Le cuir craque. Je me lève à demi, passe le vêtement sur les épaules de la damoiselle. Comme à un enfant, je lui prend les bras et les glisse dans les manches trop larges de l'habit. Comme à un enfant, je remonte la fermeture éclair jusqu'au menton.

Ouais… Mets des trucs plus larges, à l'avenir. Garde ça.

Je me tourne, et pose les pieds à terre. Je frissonne lorsque ma peau entre en contacta avec le sol glacé. Je n'arrive plus trop à me souvenir pourquoi je fais tout cela. Je sais juste qu'il faut que je continue. Je crois que je suis…fatigué.

Ton gamin… J'pense pas qu'il sera en danger. Je sais même pas si on le laissera à ta garde, en taule. Il sera peut-être adopté. Si c'est pas le cas, tu crois vraiment…

Les paroles qui me viennent m'étonnent moi-même. Je m'interroge, m'intrigue, doute. Je n'avais pas pensé à tout ceci.

…que je peux pas veiller sur un gamin ?

J'en ai tué, des gosses. Des mères, et tout le tintouin. C'est drôle. Pas de remords pour eux. Comme quoi, la conscience humaine, c'est bien égoïste…

Euh… Je suis un gardien.

Désormais.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeSam 2 Juin - 12:48

[ Bégnine hein... u_u ]

Je hôche la tête à toutes ses paroles. Comme si je ne savais rien faire d'autre. Une poupée de porcelaine, vide, âme corrompue, à deux doigts de se briser. Si pâle... Je ne sais pas quoi, mais quelquechose en lui me fait peur, m'effraye, me terrifie... mais me fascine au plus haut point. L'étincelle de folie qui brille dans son regard lointain, mystérieux, son attitude étrange, désorientante. J'ai comme l'impression de faire partie d'un jeu, un simple amusement, une expérience, d'être un jouet qu'il jettera plus tard, lorsqu'il en sera lassé... Mais qui le fascine pour le moment. Sa façon de me regarder, de sourire lorsque je prends la parole, comme si il acquiesait, approuvait mes gestes et mes faits... Le " C'est ça. C'est exactement ça. " et le " Bonne réponse… " me donnent l'impression de participer à un plan, de n'être qu'un pion dans un jeu qui se mets en marche malgré moi... J'ai peur...

Le voilà qui est agenouillé maintenant. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire. Dois-je fuir ? Crier, hurler, pleurer, rire ? Je suis fatiguée, suis fatiguée...Je voudrais dormir, pouvoir enfin fermer les yeux... Qu'il me laisse tranquille... Non ! Luttant contre le sommeil, je me redresse tant bien que mal, titubante de sommeil. Je veux encore lui parler, le voir, entendre le son de sa voix à l'étrange accent, slave, russe peut-être... Une voix grave et profonde, mais qui me réchauffe en même temps qu'elle m'effraie, me plonge dans l'intrigue et la perplexité à chaque mot de plus qu'il prononce. Peut-être pour ça qu'il m'attire autant. Non, pas cette attirance là. Mais il me fascine, m'envoûte. Je ne le comprends pas, je n'arrive pas à savoir, à assimiler sa manière de fonctionner, ses réactions. J'ai peur, et je suis à la fois fascinée. Ce qui me fait encore plus peur...

Tout à coup, il se redresse, se saissisant de sa veste. Son geste me fait sursauter, et, relevant la tête, je le fixe de mes yeux émeraude, un éclat paniqué dans ceux-ci, tandis que je me crispe, me repliant sur moi-même. Il pose doucement la veste sur mes épaules, avant de me prendre le bras et de me le glisser dans le manteau de cuir. Perplexe, je me laisse faire, frémissant en sentant le contact de ses doigts calleux et rude sur mes bras nus, tout en notant avec un frisson qu'il lui manque un pouce. Le pouce gauche. Que lui est-il arrivé ? En fait non, je ne veux pas le savoir. Je ne veux rien savoir... Je me laisse enfiler la veste sans protester, poupée de chiffon, vide, silencieuse, immobile... j'esquisse juste un geste pour rajuster le veston de cuir avant de serrer mes bras contre moi, tremblante. J'hoche une fois de plus la tête à son conseil. Porter des vêtements larges... Malgré cela, on finira bien par s'en rendre compte... Mais pour l'instant, cela suffirait.


- Merci... Murmure-je d'une voix blanche, presque inaudible.

Je me balance légèrement sur mon lit, mes cheveux roux dansant telles des flammes autour de mon visage livide, mes pieds nus posés sur le sol glacial. Vide. Sous le choc. J'ai le regard égaré, perdu, presque fou...

Pardon ? A ses paroles, je me redresse, soudainement sortie de ma transe. Je n'ose y croire. Il m'aidera donc, vraiment ? Il surveillera mon enfant, si jamais j'y arriverais ? Il ferait ça, pour moi ? C'est tellement invraisemblable... Les larmes aux yeux, je me contente de mordre la lèvre, avant de détourner la tête. Si seulement il savait ce que cela représente pour moi... Cet enfant, c'est tout ce qu'il me reste à présent... Ma seule et unique raison de vivre...

[ Désolée, c'est court... Mais je dois partir... Si tu veux, j'étoffe ça demain, ou tu peux répondre direct, à toi de voir ^^ ]
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeDim 3 Juin - 6:40

Je crois qu'il faut que je m'en aille… Mais Dieu, pourquoi est-elle si pâle ? J'ai l'impression qu'elle se briserait si un coup de vent un peu trop fort venait l'effleurer. Il faut pourtant qu'elle s'endurcisse. Qu'elle se sorte de cet état de faiblesse. Ou nous n'arriverons à rien. Je lui coule un regard chargé d'une certaine appréhension, à travers quelques mèches noires vagabondes.

Peut-être que je lui fais peur. J'ai noté son début de panique lorsque je lui ai passé ma veste sur le dos. Mais elle ne s'est pas enfuie, ou défendue. Je ne comprends pas. Vraiment, je ne la comprends pas. Bon. Je vais supposer que tout cela est dû à une putain envie de dormir… Ouais. Ca doit être ça. Néanmoins, elle boit chacune de mes paroles. Tant mieux. Il reste juste une notion à placer pour que l'expérience soit concluante…

Maintenant, il faut que…

De quoi ?! Est-ce que j'ai bien entendu ? "Merci"… C'est marrant. Personne ne me l'avait jamais dit… 'Faut dire que je l'ai jamais voulu, et que j'ai jamais rien fait pour. Pendant une seconde ou deux, je me tais, un peu soufflé.

Que… Que tu t'endurcisses. C't'un conseil, sinon une suggestion. Ou alors, tu craqueras. Et il te grillerons. Enfin… Il nous grillerons. Je sais qu't'es crevée, et qu'ton polichinelle n'améliore pas les choses.

Maintenant, nous sommes assis côte à côte, nos pieds nus posés au sol. J'évite de la regarder. J'évite de regarder cette chevelure qu je sais rouge. L'espace d'un instant, nous ne sommes tout deux que des fantômes. Chacun tiraillés par ses propres chimères. Par ses propres démons. C'est à ce moment précis, et peut-être pour l'unique fois, que je peux à peu près la comprendre.

Ce moment de grâce est brisé par ses larmes nouvelles. Ca, je peux plus comprendre. Retour à la normale. Je ne sais pas si ça la rassure que je veille sur son mioche. Je ne sais pas si ça me rassure moi-même. Je me lève, me place devant elle. Sans cérémonie, j'attrape sa main droite, et la lui serre en une poignée de main un peu abrupte.

Promis. Sur ma gueule. Ca te va ? Et te demande pas pourquoi je le fais. Je le fais, c'est tout. Dors. Demain, j'aurai mes emmerdes. Mais j'ai une idée. Trouver un appui. Fais-moi confiance, ou non. C'est pas important.
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeDim 3 Juin - 7:47

Les larmes ruisellent sur mes joues à présent, rivière de cristal liquide qui creuse un sillon sur mon visage taché de cendres, avant d'aller mourir aux coins de mes lèvres. Je n'en peux plus. Le choc, la fatigue, le stress, la peur, la douleur, la rage, la haine, la souffrance... Cela fait trop pour mon coeur et mon corps, qui supportent toutes ces choses depuis tant d'années. Depuis que je suis ici, j'ai l'impression d'être perpétuellement à bout, que le moindre incident, le moindre choc, la moindre parole suffirait à me faire hurler ou éclater en sanglots, à me briser définitivement, à détruire le peu qu'il me reste. J'en ai assez, qu'est ce que je fiche ici, pourquoi, pourquoi ?! Juste envie de dormir, et de m'en aller, loin, loin, très loin, et ne plus jamais revenir ici... Mon regard s'envole par la minuscule lucarne qui orne notre cellule. Je me suis souvent plu à imaginer ce qu'il pouvait y avoir de l'autre côté... La mer, l'océan ? Des montagnes, des collines, des plaines ? Le désert ? Toutes sortes d'idées plus ou moins folles, plus ou moins incensées, mais au fond, toutes les mêmes... : Des envies d'évasion, de liberté. Je voudrais partir, m'envoler, disparaître à jamais...

Les paroles du gardien me ramènent sur terre. Que dit-il ? Légèrement perdue, je secoue la tête, faisant onduler mes cheveux de feu autour de mon visage livide, les yeux vagues, ailleurs, comme si je revenais de loin. C'est d'ailleurs vrai. Essayant de reprendre le fil de la vie, je me raccroche à son visage, le scrutant avec une intensité douloureuse. Je détaille ses moindres traits, ses moindres rides, ses moindres expressions. De quelle couleur sont ses yeux ? Je n'arrive pas à le dire, il fait si noir ici...

M'endurcir... Quelle drôle d'idée... Autrefois ou, peut-être, j'étais une véritable furie, qui frappait, griffait, mordait jusqu'au sang le premier qui osait poser la main sur elle. Mais cela m'avait-il réellement servi ? Rien de tout ça n'avait empêché les multiples viols et aggressions que j'avais subis, toutes les souffrances que j'avais endurées, les insultes, les coups que j'avais reçus, rien... Cela m'avait peut-être endurci à l'époque oui peut-être, mais à présent... ? Je n'avais même plus envie de lutter... A quoi bon, puisque de toutes manières, je perdais toujours, alors à quoi bon retarder son supplice, sinon pour qu'il soit plus horrible encore ? M'endurcir mentalement... Toute la haine, la douleur, la souffrance avaient jadis formé une carapace, une coquille, si bien que j'avais érigé une muraille autour de mon coeur et de mon âme, et que j'en étais presque venue à m'oublier moi-même. Ludwig avait été le seul à m'avoir comprise, à m'avoir aimée, et il avait tout détruit, tout, me révélant au grand jour, comme je l'étais il y a bien longtemps. Et à présent, il était parti, et je me retrouvais seule, mise à nue... La seule chose qui me restait, c'était mon enfant... Qu'avais-je à lui offrir ? Une vie sous les barreaux, à cotoyer criminels et assassins, à vivre dans l'ombre, la peur, sans jamais pouvoir voir le ciel, courir dans les champs, jouer dans l'eau, rire sous la pluie... Etait-ce réellement une vie ? Parfois, je me demande réellement pourquoi je fais ça... Une part d'égoïsme qui me pousse à garder ce bébé, à le cacher, à survivre, ombre décharnée...

Tout à coup, une ombre obscurcit mon visage. Lentement, je lève les yeux, flèche émeraude qui transperce les traits de l'homme qui se tient à présent debout devant moi. Je ne fais même pas un geste, je ne bouge même pas. Je ne frémis même pas... Je n'ai pas peur... J'ai l'impression que tout sentiment m'a quitté. Et pourtant, c'est l'inverse qui se produit lorsqu'il prends ma main droite, avant de la serrer dans la sienne. Une poigne un peu maladroite, abrupte, comme si il hésitait. Je doute qu'il ai souvent fait ce genre de choses. A-t-il seulement un jour réellement approché, touché une femme ? En moi, c'est un tourbillon d'émotions qui se réveillent au rythme de ses paroles. Espoir, souffrance, peur, tristesse, désespoir... Mais de l'espoir quand même... Il m'aidera, il vient de me le promettre... C'est tout ce qui compte. Sans même m'en rendre compte, ma main serre la sienne, et l'autre ne tarde à la rejoindre, l'enserrant avec la force de l'espoir, ou du désespoir, je ne saurais dire... J'ai juste besoin de le sentir, de savoir qu'il est réellement là, qu'il m'aidera, que tout cela est bien vrai...

Les larmes continuent de rouler silencieusement sur mes joues. Je ne sais même plus réellement ce qui se passe, où je suis, qui je suis, qui il est. Quelle heure est-il ? Je ne sens même plus la fatigue. J'ai l'impression que tout est à la fois flou et incroyablement précis autour de moi. Je sens juste sa main dur et rugueuse dans les miennes, ainsi que son odeur. Il est là, ça me suffit. Je ne suis plus seule... Doucement, je baisse la tête, et je relâche lentement sa main. Je ne veux pas qu'il parte. Je n'ai pas envie de rester seule... Un seul mot, un seul son, timide, hésitant, mais pourtant prononcé avec tant de force, d'émotion. Le même que tout à l'heure. Le seul qui semble avoir un réel impact sur lui... :


- Merci...
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeDim 3 Juin - 11:16

Suivant le regard de la damoiselle, mes yeux se posent sur la lucarne de la cellule. Il fait nuit. Pas de lumière. De toute façon, ce minuscule morceau opaque ne doit pas laisser filtrer grand chose.
De toute façon… Il n'y a rien à voir.

Rien d'autre ailleurs. Pareil qu'ici.

On a toujours trop tendance à chercher des chimères. Nous sommes des proscrits. Les images de ce monde nous arrivent déformés par nos vices passés. Par les regards des fiottes bien-pensantes. Par le jugement d'un tiers. C'est de tout cela qu'il faut se libérer. Maintenant.

S'endurcir. Vraiment.

Mes prunelles grises retombent sur son visage, perdu dans l'obscurité de la cellule. Il faut qu'elle comprenne ce que ce terme signifie, à défaut de comprendre mes motivations. S'endurcir. Ce n'est pas forcément lutter dans la violence, la furie, l'agression. C'est savoir faire face… Prendre du recul. Relativiser.
L'humour. C'est un bon outil. Le mien. Faites-vous violer par votre co-détenu, vous verrez que ça aide.
Auquel cas, toute coquille, si solide soit-elle, si elle est faite de haine et d'agitation stérile, finit par imploser. Et ça fait mal. Comme si les débris s'enfonçaient dans votre chair. C'est pas optimum.

Je sens qu'elle me fixe, détaillant mon visage comme en y cherchant une prise, quelque chose dont elle manque atrocement… Je n'apprécie que moyennement, mais reste impassible. Un ange passe… J'ai l'impression que des dards chauffés à blanc parcourent mon visage. Je me demande ce qu'elle y voit. Un masque de suie et de cendre ? Un visage marqué d'années de violence, de châtiments, de sang et de feu ? Je me sais de figure agréable, voire plutôt séduisante, quoique un peu étrange. Mais je doute fortement qu'elle ne cherche qu'à s'attarder sur mes pommettes marquées, mes joues creuses, mon menton volontaire.

'Faut dépendre de personne…

Avec un soulagement certain, je constate qu'elle ne prend pas peur lorsque ma paume entre en contact avec la sienne. J'ai dit soulagé ? Ouais… Pourquoi ?
Par contre, je dois avouer que je suis véritablement surpris lorsque les doigts délicats de sa main gauche viennent se poser sur mes jointures abîmées. C'est doux. Ma main se crispe un instant, résistant à l'horrible envie de s'esquiver. Combien de temps ? Depuis combien de temps n'ai-je pas senti un contact sans violence ? Ouais bon, ch'uis pas un mec frustré à ce niveau, non plus… Mais c'était jamais… Comment dire ? Innocent… Mon poing gauche se serre, contenant un tremblement inopportun.

Citation :
- Merci...

Sa main vient de délaisser la mienne, doucement. Merci ? Je…ouais. Je ne vois pas vraiment de quoi… Je…ouais. Mes paupières s'abaissent un instant. Calme, Tobby. Fais gaffe, ou bien tu vas sortir des conneries. Je me ressaisis, faisant abstraction de ce truc chelou qui me noue un peu la gorge… Comme un verre de rhum qui passe mal… Ouais.

Je me concentre de nouveau sur son visage… Hein ? Pourquoi est-ce qu'elle pleure ? Je retourne à mon implacable incompréhension de cette damoiselle. Ces petites gouttes organiques me font hésiter. Je…Ouais. J'ai l'impression que si je me tire maintenant, quelque chose se cassera. J'oscille un instant sur mes talons…

Arrête de pleurer. J'te l'ai dit.

Mes bras se tendent, la saisissent par la peau du cou, et la soulèvent, une fois de plus. Toujours aussi plume… Prudemment, je m'assieds de nouveau sur le frêle lit, m'appuie contre le mur. Ma tête bascule contre la paroi de pierre froide. J'ai vraiment l'impression de m'occuper d'un gosse… Je referme mes bras autour de la petite plume, et ferme les paupières.

Dors, petite.
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeDim 3 Juin - 11:56

Ne dépendre de personne... C'est assez dur à faire, surtout pour moi. Vu l'état dans lequel je suis, j'aurais du mal, beaucoup de mal à y arriver, et cela risque encore d'empirer, au fil des mois. Dépendante... Un mot assez difficile à avaler... Effrayant... Mais ce qui me faisait peur, c'était surtout de devenir dépendante... de lui. Déjà, je me sens partir, loin, ailleurs, tandis qu'il me tient, enfin que je lui tiens toujours les mains. C'était un gardien, et l'idée qu'il puisse me dénoncer, m'obliger à tuer mon enfant me terrifiait, bien que je savais qu'il ne le ferait pas. Mais le doute demeurait, me dévorant peu à peu de l'intérieur, bête ignoble, meurtrière, qui rongeait lentement mais sûrement le peu d'espoir qui subsistait en moi. Après tout, que savais-je de lui ? Rien, rien du tout... Je ne connaissais même pas son nom. Il y avait encore une heure à peine, il avait voulu me tuer, pris d'une crise de folie, et le voilà à présent, qui me jurait de m'aider et de protéger mon enfant. Certes, cela n'avait pas l'air de l'enchanter réellement, et, pour tout dire, il avait l'air un peu nerveux, mais il me l'avait promis...

Lentement, je relève les yeux, essayant de rompre le flot de larmes qui coulait toujours le long de mes joues. Mon regard croise le sien. Il me regarde. Qu'a-t-il donc ? Il semble perdu, hésitant, comme si il ne savait quelle attitude adopter. J'avoue que je dois être assez déconcertante, à passer du rire aux larmes, à rester là, sans rien dire, à changer d'attitude d'une seconde à l'autre... A sa place, je serais déjà devenue folle, et je serais partie. Alors pourquoi restait-il ? Je ne sais pas, je ne sais plus... L'avais-je seulement su un jour ? Tout se trouble, tout s'effaçe, rien n'est sûr. J'ai l'impression d'être devant un gouffre béant, à deux doigts d'y tomber, et qu'un seul fil me retient, un seul, qui se brisera dès que il s'en ira. Ne pars pas...

Il me prends dans ses bras, une fois de plus. Suis-je si légère ? Arrêter de pleurer. C'est ce qu'il m'ordonne. Docile, j'hoche la tête, et d'une main, j'essuye mes larmes, avant de placer cette dernière et sa jumelle autour du cou du gardien, l'etreignant doucement, comme si, en même temps que je me raccrochais à lui, je me raccrochais à la vie. Ne me laisse pas... Lentement, il s'assied sur le lit, avant de s'appuyer contre le mur, fermant les paupières. Je n'ose bouger. Je n'ose parler. Dormir ? Quelle bonne idée... Pendant quelques instants, je l'avais oubliée, mais la fatigue est bien là, persistante, me brûlant les yeux, déjà rougis par les larmes et le sommeil. J'étouffe un baillement. Et lui ? Va-t-il rester là ? Que dira-t-on demain matin si l'on nous retrouve ainsi ? Toutes ces questions m'angoissent, me font peur.
Non ! Rester calme, s'endurcir, comme si le disait. Se détendre, et simplement profiter, profiter de ce moment de calme et de paix. Je dois vraiment ressembler à une gamine là, blottie dans ses bras, serrée contre lui, les yeux rougis par les larmes, tremblante, non pas de froid, mais de peur, d'angoisse. Je comprends maintenant pourquoi il m'apelle comme ça...

Lentement, mes yeux se ferment. J'ai du mal à croire que je vais m'endormir dans les bas d'un homme que je connais à peine, et pourtant... De toutes manières, suis-je seulement dans mon état normal ? Et puis, tout a changé à présent... Rien ne sera plus jamais pareil.
Doucement, ma tête vient se nicher contre son cou, tandis que mes bras se resserent légèrement autour de sa nuque. Simple envie de contact, de chaleur humaine, de me sentir rassurée, protéger... Une fois de plus, son odeur me prend au nez, avant de s'estomper lentement, et de s'adoucir. Il sent bon. Petit à petit, je me sens partir. Mes pensées deviennent de plus en plus faibles, simples murmures, avant de se taire complètement, tandis que je sombre dans un profond sommeil, bercée par la seule respiration et les battements du coeur de l'homme.
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MessageSujet: Re: De vous à moi...   De vous à moi... Icon_minitimeLun 4 Juin - 15:44

Bien vite, la petite ferme les yeux, se pend à mon cou, s'endort. J'avoue que, pendant quelques secondes, je me sens un peu con. Je vais vraiment passer la nuit là ? Mon regard se pose sur la tignasse rousse nichée quelque part contre mon épaule. Bah…ouais, visiblement. Je n'ai pas le cœur à la réveiller… D'façon, il fallait vraiment qu'elle dorme. Je vois ses épaules se soulever légèrement à un rythme lent, régulier, précieux. Ce mouvement me berce presque… Je laisse ma tête aller en arrière, ferme les yeux, prend une longue et profonde inspiration. Expire. J'ai un peu chaud. Un peu mal à la nuque aussi. Mais je me sens…je crois que je suis…bien. Les choses de ce monde perdent peu à peu de leur consistance, de leur importance. Je n'entends plus que cette respiration régulière qui n'est pas la mienne.

Chipul tau in oglinda...

Quelques mots, quatre murmures, un vieux poème de mon pays, usé, tanné jusqu'à l'os…

E poezia mea cea mai frumoasa...

Mais doux comme une berceuse.

Dar repede, el …se sterge...

Je sombre. Ma conscience flanche, accepte, tombe. Noir. Qu'il fait bon… Une nuit sans rêves… Le première fois, depuis bien des années. Pas de fantôme. Pas de sang. Même pas de feu. Je dors, c'est tout, m'abandonnant aux délices de l'oubli d'une nuit. Pour une fois.

E ultimul… meu Te Iubesc... ?

Un visage penché sur moi. Je le connais pas… Je rêve ? Ou non ? Mes paupières s'abaissent, se relèvent avec difficulté. De la minuscule lucarne lui un ténu rayon de lumière froide… L'aube. Mon attention se reporte sur le visage qui me scrute… Ma vue s'améliore, s'adapte. Yo… Ca gaze ?

La Belle au bois dormant s'est réveillée… Par ici, princesse.

Des bras m'accrochent et me tirent. Je me laisse faire. Je le savais. Je prends juste le soin de m'extraire doucement de l'étreinte de la petite plume. Elle dort. Je grimace lorsque je sens la froideur des menottes sur mes poignets… Je hais cette sensation. J'ai envie d'exploser la gueule de ces mecs contre le mur… De voir leurs pauvres yeux suinter… D'entendre leurs nez se briser… Lâchez-moi…

Tobias Viatschelsav. Matricule 0274. Joli casier… Joli brasier.

En un éclair, je repense à ce type au cheveux rouges. Ce gardien aristo.

Tobias : C'est possible de choisir les deux numéros qu'on va me rajouter ?

Tss tss… C'est pas pour aujourd'hui… "Tobby". Ce type de cas, lorsqu'il arrive pour la première fois, doit être traité par la psy.

C'est pas Tobby. Tobias, merde.

Suis nous. J'ai pas envie de t'assommer pour te traîner là-bas.

Ai-je vraiment le choix ? Je leur emboîte le pas, pas mal emmerdé, mais soulagé. C'est pas demain que je replonge…
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