Soirée pluvieuse [ Pv ]

Invité

Dès que je sens la froideur de l'objet dans ma paume, mes doigts se referment aussitôt dessus comme un piège et je retire précipitamment ma main d'entre les barreaux pour la glisser dans ma poche et y déposer la fiole. Puis je plaque à nouveau mes mains contre les barreaux, violamment, faisant une nouvelle fois résonner le bruit métallique de la feraille dans le couloirs redevenu silencieux.

"Et en quoi cela te regarde ?" sifflé-je entre mes dents.

Je rapproche à nouveau mon visage des barreaux et la fusille du regard.

"Je suppose que tu n'as pas envie de découvrir à tes dépends à quel point ils peuvent être indésirables... Alors arrête de poser des questions, est-ce clair ?"

Elle qui quelques minutes auparavant m'envoyait sur les roses semble maintenant chercher à me faire tourner en bourrique et à me retenir en ces lieux, ce qui est vraiment loin de me calmer.

Une fois de plus, le bruit métallique des barreaux me fait sursauter. Décidément, ça lui plait de me faire peur ou quoi ? Foudroyant le gardien du regard, j'esquisse un léger sourire moqueur, tout en rabattant nerveusement une mèche rousse derrière mon oreille :

- Je ne fais qu'émettre une constatation... Fis-je d'un ton simple, comme si je parlais de la pluie et du beau temps. Tournant finalement la tête, je secoue celle-ci d'un geste négatif, grimaçant aux paroles de l'homme :

- Pas vraiment non... Lache-je d'un ton sombre, avant de lui tourner le dos, venant m'asseoir contre l'un des murs. Il est vraiment... Bizarre... Et il concocte des potions en plus ? Rapellez-moi de ne jamais accepter de venir boire un verre avec lui... Soupirant, j'acquiese silencieusement à l'ordre de ce dernier, muette. Il veut la paix ? Il l'aura. Qu'il aille donc se coucher tiens, je ne lui ai pas demandé de revenir moi... Il pourrait même me dire merci pour avoir récupérer sa fichue fiole...

Invité

Je recule mon visage et me redresse, souriant d'un air malfaisant, mes yeux légèrement plissé.

"Bonne réponse... Enfin pour toi, car ça ne m'aurait pas déplu de tester ces effets secondaires avec toi."

Je pointe mon index dans sa direction.

"Je te conseille de faire un peu plus attention à ton comportement la prochaine fois que tu me croiseras, car il n'est pas dit que je serais... dans d'aussi... bonnes conditions."

Ce n'est pas exactement l'expression exacte. Disons qu'elle a simplement de la chance que, au contraire, je ne sois pas d'humeur, sinon je n'aurais pas attendu ce moment pour essayer de lui faire du gringue.

Machinalement - et nerveusement - je repasse pour la énième fois une main dans mes cheveux.

En voyant son air mauvais, je recule, pas franchement rassurée, et serre les poings, le visage soudainement crispé. Comment... comment osait-il ? Ah oui, c'était un gardien... Evidement... Ulcérée, je me retiens de ne pas tout bonnement l'insulter et j'inspire profondément, avant de rétorquer d'un ton que je veux calme, mes yeux émeraude fixés sur lui, un éclat de rage luisant au fond de ceux-ci :

- Et bien je vous conseille fortement d'aller voir ailleur...

Je ne préfère rien ajouter, qui sait, il serait encore capable de croire que, au contraire, je l'incite à me faire avaler son sale machin. Ce qui est d'ailleurs la dernière chose dont j'ai envie. Mais qu'avais-je donc fais pour avoir tout les hommes de Sadismus - et pas que de cette prison d'ailleurs - après moi ? Je n'étais même pas belle. Enfin, je ne me considérais pas comme telle...

Regardant silencieusement le gardien qui pointe son doigt vers moi, je reste muette et immobile en écoutant son ordre, avant de lui tourner lentement le dos et de m'assoir sur mon lit, ma tête posée dans le creux de mes mains, mes coudes appuyés sur mes genoux :

- C'est très malpolis de montrer les gens du doigt... Fis-je simplement, posant mes yeux aux reflets mordorés sur le gardien, un léger sourire aux lèvres. Le provoquer ? Peut-être, mais loin de moi l'idée qu'il vienne s'incruster dans ma cellule, histoire de me flanquer une bonne correction... Sinon, je lui aurais balancé quelquechose de plus méchant.

Invité

Je lève les yeux au ciel et pousse un profond soupire. Ma parole ! Elle est suicidaire ? Ou tout simplement masochiste ? Je lui ai dis de ne pas me chercher, que je n'étais pas d'humeur, mais elle continue à me provoquer, alors que quelques minutes auparavant elle me chassait presque malgré ma tentative de retour à une humeur plus sympathique.

Je rapprocha à nouveau mon visage, portant la marque de ma profonde lassitude, des barreaux et dis d'une voix blasée, ne cherchant même plus à laisser transparaître mon énervement :

"Hawkins, écoute, soit tu te la fermes et tu me laisses partir, soit tu m'expliques ce que tu me veux. Mais si tu continues ton petit jeu, je vais vraiment m'énerver, même si tu refais ton attendrissante scène de terrible souffrance de tout à l'heure, parce que - et je dis ça car tu n'as pas l'air d'avoir compris - je ne suis vraiment, mais vraiment pas du tout d'humeur, pigé ?"

Là par contre, il va trop loin. Si cet abruti croit que j'ai fait exprès de me tordre de douleur devant lui juste pour l'attendrir, mais il se trompe, complètement ! Lentement, je me lève, serrant les poings, le visage crispé, mes yeux émeraude brillants de fureur. Ne pas lui montrer ma colère, ne surtout pas lui montrer ou le laisser croire qu'il m'a atteint. Inspirant profondément, j'esquisse un sourire forcé, tout en me dirigeant lentement vers lui :

- Loin de moi l'idée de vous vesquer James - les apeller par leur prénom, ils détestaient ça -, mais si j'avais voulu attendrir un gardien, j'aurais fait cette scène à quelqu'un d'autre, car vous n'êtes pas vraiment mon genre...

Rejettant en arrière mes cheveux roux, je m'approche encore plus, jusqu'à avoir le visage presque collé contre les barreaux de la cellule, à quelques centimètres du sien :

- Deuxièmement, je ne m'apelle pas " Hawkins ", fis-je en imitant la voix de l'homme, mais Sybille. Troisièmement, je n'ai fait que vous donner un conseil pour paraître un peu plus poli - les femmes adorent les gentlemans, sachez-le -, je n'ai jamais cherché à vous retenir, je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout l'intention de vous empêcher de dormir !

Marquant une pause, je ferme les yeux avant de les rouvrir, un sourire moqueur aux lèvres :

- Ce serait dommage, vous risqueriez d'avoir des cernes demain matin...

Invité

Bien que mon visage soit crispé par l'agacement, je l'écoute débiter ses paroles sans broncher, puis une fois qu'elle a terminé, je reste perplexe, hésitant presque à éclater de rire. Tout cela ne fait aucun sens. Profondément blasé, je laisse échapper, dans un souffle marqué par une grande lassitude :

"Ecoute, Hawkins, je crois qu'entre nous deux c'est toi qui a le plus besoin de sommeil, et je veux pour preuve que tu t'embrouilles pas mal dans ce que tu dis."

Je hausse les épaules et regarde distraitement dans le vide, nonchalamment appuyé contre le mur à côté de la porte grillée de la cellule. Je ne me suis pas une seconde offusqué de ce qu'elle a dit, même en sachant qu'elle avait délibérément cherché à me provoquer.

"Tu n'as jamais cherché à me retenir ? Alors pourquoi avoir insisté pour te taper la causette avec moi ? Et pourquoi ne m'avoir pas rendu ma fiole sans faire d'histoire ?"

Je me tourne vers elle, un sourire narquois étirant mes lèvres.

"Soit tu ne veux pas l'admettre, soit tu ne t'en rends même pas compte, mais dans les deux cas c'est aussi pitoyable de refuser à un tel point d'admettre avoir besoin de compagnie."

Sur ce, j'esquisse un mouvement de départ sans rien ajouter.

Il reste silencieux, immobile, comme si il hésitait sur la conduite à adopter. A court de réplique ? Appuyée contre les barreaux de la cellule, je l'observe, le visage fermé, écoutant ce qu'il laisse finalement échapper dans un souffle, avant d'écarquiller les yeux, surprise. Cela n'avait aucun sens ! Tentant d'essayer de faire le vide dans mes pensées, je détourne la tête, énervée. Là, c'était lui qui cherchait à m'embrouiller... Et il avait réussi ! Rageuse, je me mords la lèvre avant de lâcher d'un ton blasé, un sourire moqueur aux lèvres :

- Simple envie de vous embêter, ne serait-ce qu'un instant...

Fermant les yeux, je me laisse glisser le long du mur, avant de poser mon visage dans mes mains, qui étaient appuyées sur mes genoux relevés avant d'ajouter :

- Stupide consolation contre le fait que vous soyez libre et pas moi peut-être...

Soupirant, j'enfouis mon visage dans mes mains, écoutant le bruit de ses pas qui résonnent dans le couloir désert. Sans que je puisse l'en empêcher, une larme roule doucement sur ma joue, puis une deuxième. Les paroles du jeune homme avaient fait mouche. Besoin de compagnie... Ces mots résonnent dans ma tête, tandis que j'éclate en sanglots, brisée. Depuis que Ludwig était mort, j'étais seule. Complètement. Condamnée à passer le restant de mes jours dans une prison. Et ça, il le savait pertinement.. J'étais seule...

Invité

Je pousse un profond soupire, exagéré afin qu'il parvienne jusqu'à elle et qu'elle comprenne que vraiment, là, elle m'ennuie mortellement avec son petit numéro. Je ne retourne pas sur mes pas cette fois-ci, mais je lui lance quand même, d'une voix assez forte, sans me soucier du fait que peut-être il y ait des détenus qui dorment :

"Qu'est-ce que j'y peux moi ? C'est ma faute peut-être ? J'ai rien à voir avec le fait que tu sois ici, Hawkins, alors arrête ton char."

Je n'aspire qu'à rejoindre ma chambre et m'affaler sur mon lit. Avant de me remettre en marche en direction de l'aile du personnel, je lache d'un ton sec et fatigué :

"Sur ce, bonne nuit."

J'avance dans le couloir, d'un pas de sénateur, cogne contre les barreaux d'une cellule où des prisonniers font du grabuge afin de les calmer, et rejoint finalement la porte que j'ouvre, passe, et claque violemment derrière moi.

[je clos ici le sujet car je n'ai vraiment plus d'idée.]