Soirée pluvieuse [ Pv ]

La nuit venait de tomber une fois de plus sur Sadismus, enveloppant la prison dans une chape d'un noir bleuté, la voûte céleste à peine illuminée par le croissant de lune et les étoiles. Assise au fond de la salle commune, la tête appuyée sur le mur de pierre, j'ai le regard perdu dans le ciel que l'on peut apercevoir à travers l'une des rares fenêtres de la salle. Combien de fois ai-je déjà observé le soleil se coucher depuis que je suis ici ? Longtemps, trop longtemps... J'ai arrêté de compter depuis bien des semaines, le temps semble si long... Les jours se succèdent, s'étirant en longueur, comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton " pause ". Les silhouettes passent, se bousculent, les visages défilent, vagues esquisses à travers le voile de larmes qui brouille mes yeux depuis peu. Depuis la mort de Ludwig... Sa mort...

Une fois de plus, je sens les larmes me piquer les yeux pour ensuite me brûler les joues, ruisselant lentement sur mon visage défait par la douleur. Mes yeux émeraudes semblent à présent si ternes quand je me regarde au travers de la vitre, comme si le chagrin et le désespoir s'y lisaient avec une intensité profonde, empêchant le rayonnement joyeux que l'on y voyait jadis d'y faire son chemin. Je n'arrivais toujours pas à le croire. Il était mort, il s'était suicidé. Même pas un mot, un adieu, un aurevoir... Il n'avait même pas cherché à me revoir depuis son retour... Et quand je découvrais son cadavre, c'était pour le voir entre les bras d'Alec, son amant. Non, je ne le supportais pas... Cachant mon visage entre mes mains, je détournais la tête, bien que seule dans la salle. Les deux autre personnes qui l'occupaient auparavant étaient à présent partis, et seul le bruit de la pluie qui battait contre les barreaux troublait le silence oppressant qui régnait à présent dans la pièce.

Je restais ainsi pendant quelques minutes, le temps de me calmer, et, lentement, j'ouvris les yeux, le visage brouillé par les larmes. Parfois, je me demandais si il ne valait mieux ne pas en finir tout de suite. Mais, doucement, je fis glisser ma main sur mon ventre, effleurant ma peau à peine tendue par ma grossesse de deux mois. Cela se voyait à peine, mais bon... C'était cette unique pensée, cet unique souvenir de mon amant qui m'aidait à tenir la route, me raccrochant vainement à la vie. Je savais que si quelqu'un le découvrait, et que la directrice en était mise au courant, elle me forcerait à avorter, bon gré mal gré. Mais je m'en fichais, je voulais cet enfant. Je le voulais et je l'aurais...

Invité

Ma première journée à Sadismus est en train de s'achever. Rien qu'une journée et il s'est déjà passé plus de choses qu'en une semaine de mon ancien quotidien. Mon service est fini. Enfin... Nous sommes toujours en service en tant que gardiens en ces lieux, mais je ne suis pas obligé de me cantonner à un endroit en particulier, je peux disposer de mon temps libre à ma bonne volonté.

Et ce soir, j'erre dans les couloirs, prenant quelques repères. Je suis un peu fatigué, mais pas au point de vouloir dormir. Je passe devant la salle commune. Hum. Pourquoi pas. Je pourrais me poser quelques minutes. J'espère être au calme, car il a beau se faire tard les couloirs sont encore assez fréquentés - par des gardiens seulement vu que l'heure du couvre feu est dépassée - et j'aspire à un peu de tranquillité.

Je pousse la porte de salle, qui était déjà entr'ouverte, sans un bruit. A l'intérieur, c'est la pénombre. Je ne cherche pas à allumer la lumière, j'aime l'obscurité, il est plus facile de s'y sentir au calme. Je rejoins un fauteuil et m'y assoie, me laissant aller contre le dossier. Mon regard parcours la pénombre et c'est alors que je découvre une silhouette qui se découpe devant la fenêtre. L'individu - mâle ou femelle, gardien ou détenu, impossible d'en juger à cette distance - ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je bouge un peu dans mon fauteuil, produisant de faibles bruits de frottement de tissu. Je me demande quand va-t-il (ou elle) remarquer ma présence.

Doucement, presque inconsciement, ma main remonta le long de mon ventre pour venir saisir le col de ma chemise, que je portais ensuite vers mon visage, en humant doucement l'odeur. Geste qui, lorsque je réalisais ce que je venais de faire, me fit aussitôt sursauter, tandis qu'une larme venait à nouveau rouler sur ma joue. Cette chemise, c'était celle de Ludwig. Celle qu'il m'avait donnée le jour où il avait " malencontreusement " arraché la moitié de mes vêtements. A cette pensée, un triste sourire vint orner mon visage, l'espace d'un instant. Caressant distraitement le tissu blanc et soyeux du bout des doigts, je tournais soudainement la tête en entendant le raclement d'un fauteuil sur un des tapis de la salle.

A vrai dire, je savais que quelqu'un était là, je l'avais su au moment même où cette personne avait poussé la porte de la pièce, bien que celle-ci soit plongée dans l'obscurité. En temps normal, j'aurais réagi, bondi de mon siège, prête à me défendre. Mais là... Gardien ou détenu, homme ou femme, je m'en fichais complètement. En fait, plus rien n'avait d'importance...

Néamoins, pour montrer à l'inconnu que je l'avais vu, que je savais sa présence, je plantais mes yeux émeraude sur la silhouette que je distinguais à peine dans la pénombre, apparament assise sur un fauteuil. Malgré le manque d'éclairage, la lumière qui émane de la lune à travers la fenêtre lui permettra de voir mon visage. Du moins, si il ou elle le veut, et si il m'a au moins remarquée...

Invité

La lumière de la lune éclaire son visage qui se tourne vers moi. C'est une femme, je peux le voir maintenant, mais ne peux pas encore déterminer s'il s'agit d'un gardien ou d'un détenu. Elle me regarde, elle sait que je suis là. Je devine que je ne suis pas aussi visible qu'elle, je suis plus caché dans l'obscurité. Sa présence m'indispose quelque peu, moi qui aspirait à la solitude. Je soupire. Je sais que mon devoir est de m'assurer qu'il s'agisse d'un membre du personnel, et si ce n'est pas le cas, de punir la détenue en infraction.

Je soupire encore une fois et me lève, m'appuyant de mes deux mains sur les accoudoirs du fauteuil. Je me dirige d'un pas nonchalent vers elle, mains dans les poches. Arrivé à sa hauteur, je la dévisage, sans un mot. Je sors un petit carnet à spirales de ma poche, répertoriant les membres du personnel de la prison - c'est mon premier jour ici et je n'ai pas encore rencontré tout le monde. Je parcours rapidement la liste des photos d'identité. Je n'y vois pas son visage.

Je lève un regard dur vers elle et range le carnet dans ma poche. Jusqu'au bout j'ai espéré qu'il s'agisse d'une gardienne, afin de retourner m'installer tranquillement dans mon fauteuil. Mais non, il faut que j'ai affaire à un cas d'infraction du règlement. Je soupire, manifestant clairement mon exaspération.

Vu le soupir que la silhouette pousse, il s'agit d'un homme, et il m'a vue. Allons donc, qu'avait-il donc ? Muette et immobile, je le regarde s'avancer vers moi d'un pas lent, tandis qu'un deuxième soupir retentissait dans la salle. Mais quoi à la fin ? Je ne lui avais rien fait... Du moins, pour l'instant. Tout dépendait de son comportement. Enfin, si j'avais seulement l'envie et la force de lui répondre, et ou de le frapper si besoin est. De toutes manières, face à un homme, je ne tiendrais pas longtemps, surtout vu mon état.

Alors qu'il s'arrête devant moi, comparant sûrement mon visage à ceux affichés dans le carnet qu'il vient de sortir de sa poche, je le dévisage lentement, sentant mon visage devenir livide au fur et à mesure que je le détaille. Un gardien. Et un nouveau visiblement, vu que je ne l'avais encore jamais rencontré. Et comme je passais mes journées à vagabonder un peu partout, essayant de passer le moins de temps dans ma cellule, je l'aurais déjà vu si il était ici depuis quelques jours. Il vient donc d'arriver. Avaient-ils déjà remplacé Ludwig...? A cette pensée, mon coeur se serre, et, détournant le visage, j'appuye ma tête contre le mur de pierre, silencieuse, sans émettre un son, sans faire un geste.

Il soupire, une troisième fois. Encore ? Mais qu'avait-il donc à la fin ? Manifestement, je le dérangeais. Et alors ? Bon d'accord, l'heure de regagner ma cellule était passée depuis dix minutes, mais je ne fais rien de mal... De toutes manières, j'avais l'intention d'y retourner bientôt. Alors à quoi bon me punir pour quelques minutes de retard... Tournant une nouvelle fois la tête, je relevais cette fois-ci le visage, lui permettant ainsi de me dévisager clairement, tandis que je plantais mes yeux émeraude dans les siens. Sans un signe d'agressivité, ni d'hostilité, sans même une lueur de défi dans le regard. A vrai dire, ce dernier est vide, seulement empli d'une douleur et d'un chagrin immenses depuis quelques jours maintenant...

Invité

Chacun de nous garde le silence, soutenant le regard de l'autre. Elle ne me provoque pas, elle semble comme résignée, j'ai du mal à la sonder. Je me trouve face à un dilemne. Je n'ai pas envie de la malmener, l'heure du couvre-feu est passée depuis quelques minutes seulement, et en plus j'ai la flemme, vraiment... Mais si je me montre faible elle pourrait l'ébruiter, et je n'ai pas envie de passer pour le nouveau qui se laisse marcher sur les pieds sans rien dire.

Je passe machinalement une main dans mes cheveux, sans la quitter des yeux. Il faut que je prenne une décision. Je soupire encore une fois et la saisit par le bras. Assez fermement pour lui démontrer mon autorité, mais pas suffisamment pour lui faire vraiment du mal.

"Je te raccompagne à ta cellule. Ton nom ?" laché-je d'un ton sec tout en sortant à nouveau mon carnet et en l'ouvrant à la page répertoriant les occupants des différentes cellules.

Apparament, il ne semble pas vraiment savoir quoi faire, comment s'y prendre. J'avoue que, face à quelqu'un d'aussi stoïque et silencieux que moi, comme absent, je ne saurais pas non plus que faire. C'était comme si le fait de me flanquer une bonne correction, comme l'auraient fait la plupart des membres du personnel, lui semblait trop fatiguant, presque embêtant. A moins que ça ne soit à cause du fait qu'il était nouveau, et qu'il n'avait aucune idée de la façon dont il devait s'y prendre, ou désorienté par la conduite de certains prisonniers. Bref, tout un tas de possibilités, plus ou moins improbables, plus ou moins farfelues, qui se bousculent dans ma tête.

Ne protestant pas quand il me saisit le bras, je me lève doucement, sans émettre la moindre résistance, ni le moindre son. Il y avait quelques jours encore, j'aurais sûrement crié, je me serais défendue, débattue, mais là... Je n'en avais même plus la force, et encore moins l'envie. Secouant légèrement mes mèches rousses, je pose à nouveau mes yeux émeraude sur le gardien, répondant d'un ton neutre, légèrement tremblant, comme si un conflit m'habitait :

- Sybille Hawkins, cellule N... Souffle-je doucement, restant plantée là, immobile, n'esquissant aucun geste pour sortir de la salle, ni pour tenter de m'enfuir. J'attends, simplement, le dévisageant, simplement...

Invité

Je hoche la tête nonchalament.

"Hawkins. Très bien."

Je romps le contact visuel, détournant mon regard. Je me met en marche et l'entraîne à ma suite. Je ne lâche pas mon emprise sur son bras. Je me montre ferme, mais sans excès, juste ce qu'il faut. Je joue mon rôle règlo, en bref. Nous arrivons devant la porte, je l'ouvre, entraîne Hawkins à l'extérieur puis la referme derrière nous. Après la pénombre de la salle, la lumière crue des néons qui illuminent les couloirs me fait mal aux yeux. Nous avançons en silence à travers les couloirs. Je trouve le chemin long. Qu'on y arrive enfin, je n'ai pas que ça à faire ! Qu'ai-je d'autre à faire me demanderez-vous ? Rien. D'accord. Mais j'entends disposer de mon temps libre comme j'en ai envie. Et la raccompagner à sa cellule ne fait pas partie des options que je préfère.

Enfin... Elle ne pouvait pas savoir, et bien qu'elle soit en infraction, je n'arrive pas à lui en vouloir. Si je suis ici, c'est par choix. Elle non. Si elle avait eut le choix il est évident qu'elle n'aurait pas atterri ici.

Je lui jette un regard en coin. Elle a l'air si... innocente. Je me demande bien ce qu'elle a pu faire pour atterrir ici, bien que je sache que ce n'est pas un visage angélique qui puisse garantir l'innocence de son possesseur.

Je le suis sans broncher. Calquant son allure sur la sienne pour ne pas être trop à la traîne, et ainsi éviter qu'il ne tire sur mon bras. Car, bien qu'il ne me le serre pas, du moins pas assez pour me faire mal, si je reste trop derrière lui, là j'aurais mal. Clignant des yeux lorsque la lueur des lampes remplace l'obscurité de la pièce, je place ma main libre devant mes yeux, m'habituant peu à peu à la lumière.

Tout en continuant à avancer, je continue à le dévisager, curieuse et intriguée. Etant donné que, pour une fois, la fureur, l'angoisse, le mépris et la fierté ont déserté mon esprit, je peux donc l'observer à ma guise. Des longs cheveux blonds, ébouriffés, qui lui donnent un air rebelle, un visage assez fin, presque noble, aristocratique, un corps plutôt svelte, bien qu'assez musclé. Mais le plus intriguant chez lui, ce sont ses yeux, d'un gris profond, presque argenté. Si nous n'étions pas en prison, et si les évènements qui venaient de se produire n'étaient pas arrivés, je me serais sûrement retournée à son passage. Mais là, c'est à peine si je m'attarde sur son visage ou son physique. Je le regarde, simplement, comme pour lire en lui.

Et, manifestement, vu le regard qu'il vient de me jetter, je l'intrigue. Il doit se demander ce que je fiche ici. Ils se le demandaient tous... A cette pensée, un soupir s'échappe de mes lèvres, tandis que nous arrivons en vue des cellules. Continuant de le suivre, je lâche soudain d'une voix éteinte, un pauvre sourire sur le visage, mes yeux émeraude toujours posés sur lui :

- Vous vous demandez ce que je fais ici, n'est-ce pas...?

Invité

Je lui jette quelque coups d'oeil furtifs. Elle, ne cesse de me dévisager d'un regard vide. On dirait une poule qui a trouvé un couteau. Bizarrement, bien qu'elle soit vraiment très séduisante, je ne ressens pas l'envie de tenter ma chance. Il faut dire aussi que j'ai eu mon compte aujourd'hui, et l'épisode avec cette petite garce dont je ne connais même pas l'identié m'a bien refroidi, et ce soir comme je l'ai déjà dis, j'aspire à la solitude. Mais en temps normal, je lui aurait fait du gringue, c'est sûr.

Elle pousse un soupire. Qu'a-t-elle ?
Puis elle se met à parler, d'une voix éteinte, comme lointaine. Cela me surprend et j'ai un haussement de sourcil. Mais mon visage reprend rapidement un air nonchalent et ennuyé. Je me contente de hocher brièvement la tête pour répondre à sa question. Je ne lui demande pas de me raconter son histoire, je n'ai pas besoin de cela. Si je veux savoir, il me suffit d'aller chercher dans les dossiers de la prison. Mais je ne l'en empêche pas non plus, si ça lui chante.

Nous sommes maintenant arrivés au niveau des cellules. Elle défilent autour de nous. Nous serons bientôt arrivé à la cellule N.

Décidement, ce gardien m'intrigue. Il est... bizarre. Oh évidement, nous l'étions tous un peu ici, certains même beaucoup. Et les membres du personnel également. Après tout, quelle personne censée viendrait travailler ici de son plein gré ? La réponse me frappe de plein fouet, et, détournant la tête, je déglutis, fermant les yeux pour retenir des larmes brûlantes. Mais qu'est-ce qu'il fait donc ici ? Il n'a pas l'air d'être un obsédé qui passe la plupart de ses rondes à sauter sur les détenus, hommes ou femmes, ni un sadique qui passe sa vie dans la salle de torture à s'amuser avec des détenus. Mais il y a quelquechose de bizarre chez lui... Est-ce cet air ennuyé, presque blasé, tandis qu'il me raccompagne à ma cellule, sans même se donner la peine de me frapper, de me hurler dessus, comme l'auraient fait beaucoup d'autres ? Ou est-ce plutôt le fait que, bien que j'ai remarqué son haussement de sourcils et son hochement de tête, signe qu'il s'interessait ne serait-ce qu'un peu à moi, il semble complètement désinteressé de la situation, presque ailleurs ?

Un peu comme moi en fait...

Voyant qu'il n'insiste pas, je reste muette, continuant de le suivre. Les cellules défilent devant mes yeux émeraude, et je fixe les noms de celle sur ma droite : B,D,F,H,J,L,N... On est arrivés... C'est presque avec résignation que je m'arrête devant cette dernière, fixant les autres pour voir où sont leurs occupants. Certains dorment, d'autres lisent, d'autres encore discutent à voix basse, pour ne pas se faire prendre par les gardiens. Soupirant, je tourne mon visage vers celui qui m'accompagne, attendant un geste, une parole de sa part, remettant machinalement une mèche de cheveux roux derrière mon oreille.

Invité

Cellule N, nous y voilà. Je stoppe, la retenant toujours par le bras. Le silence qui s'était installé entre nous n'a pas été troublé à nouveau. Bon, elle ne souhaite pas parler, hé bien qu'elle ne parle pas. Je passe machinalement ma main dans mes cheveux puis la fourre dans ma poche à la recherche de mon trousseau de clefs. Je le hausse à la hauteur de mes yeux et fait défiler les clefs, cherchant celle correspondant à la cellule N. Mais la tâche, d'une main, n'est pas aisée, et le trousseau m'échappe et tombe par terre dans un bruit de métal qui résonne dans le couloir silencieux.

Ce petit rien, le stress et la fatigue aidant, termine de m'agacer et je pousse un lourd "putain de MERDE !!!" avant de me baisser pour ramasser mes clefs sur le sol, et ce sans lâcher Hawkins, la forçant à se courber en même temps, un peu violemment.

Tout se déroule rapidement. Mes doigts ne sont plus qu'à quelques centimètres du trousseau. Dans la pénombre, d'autres doigts se glissent sur le sol, entre les barreaux de la cellule voisine, en direction des clefs. Je lâche Hawkins, attrape ma matraque et écrase dans un bruit sinistre les doigts rebelles. Un cri de douleur résonne en écho dans le couloir et les doigts se rétractent. J'attrape mon trousseau et me redresse.

Décidement, c'est un tic chez lui ou quoi ? Il ne cesse de passer sa main dans ses cheveux, on dirait presque qu'il a peur de paraître coiffé... Esquissant un léger sourire qui ne tarde pas à disparaître, j'attends silencieusement, l'observant chercher ses clefs. Je pourrais m'échapper, là, maintenant, il suffirait que je me dégage brusquement pour partir... Tout à coup, le bruit du métal heurtant le sol, suivit du tintement des clefs et d'un juron poussé par le gardien me font sursauter. Le coeur battant, je déglutis, essayant de me calmer. Non mais ça va pas la tête ? Forcée à me baisser, je courbe l'échine avec une grimace de douleur.

Puis tout va si vite d'un coup... Cette main qui se faufile en direction du trousseau. La réaction du gardien, le coup de matraque, le craquement des doigts, le cri de douleur du détenu... Immobile, glacée d'effroi, je regarde l'homme se redresser, comme si de rien était. Me rendant compte qu'il m'avait lâché le bras, je recule légèrement, mes yeux émeraude fixés sur lui. Finalement, je m'étais trompée. Bien sûr, ce n'était pas l'acte en lui-même qui m'avait choquée, j'en avais vu des pires, bien pires... Mais cet homme, qui semblait si calme, si silencieux, et qui d'un coup... Secouant la tête, faisant onduler mes mèches rousses, j'affiche un sourire amer, observant toujours le gardien :
- Joli réflexe... Lâche-je finalement d'un ton qui se veut détacher, sans le lâcher du regard. En fait, il n'était pas calme du tout auparavant, quand il m'a raccompagnée. Je viens de m'en rendre compte. Il est tout simplement stressé, énervé, et sûrement épuisé par sa première journée ici. Ce que je comprends parfaitement... M'appuyant contre le mur de pierre, juste à côté de la porte de la cellule, je tourne la tête, fixant le couloir d'un air vague, avant de tourner à nouveau le visage vers lui, ajoutant d'un ton neutre :

- Vous devriez aller dormir monsieur McNaughton, vous semblez épuisé...

Comment je savais son nom ? Non, je n'étais pas devin, ni sorcière. Il suffisait de lire l'insigne qui était accroché sur sa chemise... James McNaughton...

Invité

Lorsqu'elle s'adresse à moi la première fois, je ne relève pas. Je trouve la clef de la cellule N et la fourre dans la serrure dans un sinistre bruit de ferraille qui résonne dans le couloir. C'est alors que sa voix s'élève une seconde fois. Je relève la tête vers elle et ne peux m'empêcher de la fusiller du regard. Je sais ce que j'ai à faire, que diable ! En l'occurrence... Mon boulot ! Et c'est plus ou moins de sa faute.

Je me redresse et viens me planter devant elle, mon visage à quelques centimètres seulement du sien. Mes traits son crispés par la fatigue, le stress, l'agacement. Finalement je lâche entre mes dents, détachant presque chaque syllabe :

"Je serais peut-être déjà, si ce n'est pas en train de dormir, au moins de me reposer, si tu n'avais pas été à traîner dehors après le couvre-feu, miss Hawkins."

Je la saisi à nouveau par le bras. Je termine de tourner la clef dans la serrure, ouvre la porte, et la pousse à l'intérieur. Puis je referme la porte, ou plutôt la claque, faisant s'entrechoquer les gonds et vibrer les barreaux.

J'étais restée immobile lorsqu'il s'était approché de moi, silencieuse, soutenant son regard furieux de mes yeux émeraude, impassible. Je n'avais même pas frémi quand son visage s'était retrouvé à quelques centimètres du mien, alors que en temps normal, il se serait déjà pris une claque, ou au mieux, j'aurais reculé au moins d'un mètre. D'ailleurs, je me serais déjà débattue, voir enfuie depuis longtemps. Mais bon...

Soupirant à ses paroles, je le laisse me pousser dans la cellule, et je sursaute en entendant le claquement de la porte. Me tournant vers le gardien, j'arcque un sourcil, un léger sourire sur le visage :

- Je ne faisais rien de mal... Et je ne vous ai pas demandé de me raccompagner à ma cellule, j'y serais retournée toute seule, comme une grande... Fis-je d'un ton à peine moqueur, presque lasse.

A vrai dire, cette scène m'en rapelle une autre, il y a maintenant des mois de ça... Moi, à mon arrivée à Sadismus, refusant d'obéir à l'ordre d'un Ludwig de mauvaise humeur qui m'intime d'aller me coucher. Fermant les yeux, je me mords vivement la lèvre, essayant de chasser cette pensée de mon esprit. Oublier... C'était fini à présent... La douleur qui me vrille soudainement le ventre me dément cette pensée. Non, pas encore... La main crispée sur mon ventre, je m'appuye sur le mur de l'autre, tandis que je me plie en deux, crispée par la douleur.

Invité

Je fronce les sourcils, elle commencent à m'agacer sérieusement. Si ce n'avait été de ces barreaux je lui aurais déjà donné une claque. Je m'apprête à répliquer quand je la vois se crisper et se plier, manifestement de douleur. J'ignore à quoi cela est dû, mais je m'en fous. La voir souffrir apaise un peu ma colère. Un peu trop même. Je me surprends à la prendre en pitié. Ce visage innocent, derrière des barreaux, crispé par la douleur. Je ne sais pas être sadique gratuitement.

Je lève les yeux au ciel en soupirant, passant encore une fois une main dans mes cheveux, puis pose à nouveau mon regard sur elle, un air blasé affiché sur mon visage.

"Bon... Besoin d'aller à l'infirmerie ?" demandé-je d'un ton alourdi de lassitude.

Pliée en deux derrière les barreaux, je ne vois même pas sa réaction, et, à vrai dire, je ne m'en soucie pas vraiment à cet instant précis. Bon dieu, qu'est ce que cela faisait mal ! Me mordant encore plus la lèvre pour retenir un cri, je sens le sang couler doucement dans ma bouche, puis une brusque nausée me prends. Non, je n'allais quand même pas me mettre à vomir, et surtout pas devant un gardien. Il comprendrait aussitôt ce qui se passe et hop, bonjour Madame Böse ! Le coeur battant, je cherche à reprendre mon souffle lorsque, soudain, la douleur cesse.

Haletante, je me redresse et renverse la tête en arrière, l'appuyant contre le mur de pierre. Je n'avais encore jamais eu de crise semblable à celle-ci depuis le début de ma grossesse, que se passait-il ? Espérons que rien de grave ne me soit arrivé... Nerveuse et anxieuse, je secoue finalement la tête à la question de l'homme, et je me laisse lentement glisser le long du mur, pour me retrouver assise sur le sol. Ramenant mes genoux contre ma poitrine, je les enserre de mes bras tremblants, tout en lâchant d'une voix faible, avant d'y enfouir la tête :

- Laissez-moi, partez... Allez-donc vous coucher, vous n'attendez que ça...

Invité

Je pousse un petit grognement. Bon, je retiens : inutile d'essayer d'aider d'une quelconque manière un détenu. Non seulement on se fait jeter, mais en plus on se voit manquer de respect. D'accord, d'accord, je m'en souviendrai... Encore une fois, les paroles de Pyth résonnent dans ma tête et je pousse un faible soupire, m'en voulant à mort de me laisser ainsi aller. Je dois garder en tête que je ne suis pas n'importe où et que parfois je devrais mettre mon... humanité de côté.

Je la regarde, recroquevillée sur le sol, elle semble prête à se mettre à pleurer. Je secoue la tête, ce n'est vraiment pas le moment de me laisser émouvoir.

"C'est demandé si gentiment..." dis-je ironique.

Je ne vais pas m'attarder plus que cela. Je m'engage dans le couloir, en direction de l'aile des employés.

Pendant un instant, il semble presque hésitant, comme si il se demandait quoi faire : compatir ou me laisser ici et s'en aller ? Fermant les yeux, j'inspire profondément, essayant de me calmer. D'accord, je me suis peut-être un peu énervée. Après tout, comparé à certains, il a été assez sympa, voir même carrément gentil avec moi. Je crois vraiment que cette prison est en train de me rendre folle. Relevant la tête, je pose celle-ci entre mes mains et je l'observe faire demi-tour, ne relevant pas l'ironie de ses propos. Et puis, je n'ai que faire de sa compassion ! Il ne manquerait plus que ça d'ailleurs ! Comme si cela m'aiderait à sortir d'ici.

Finalement, je ne sais plus quoi penser... Enervée, je donne un coup de poing dans les barreaux de la cellule, et le tintement métallique de ceux-ci résonne dans les couloirs. Relevant la tête, j'aperçois le gardien qui se retourne, comme intrigué par le bruit. L'observant à distance, je garde mes yeux émeraude posés sur lui, immobile. Au moins, il aura eu le mérite de m'avoir fait oublier mon chagrin et ma douleur, ne serait-ce que quelques instants... Arquant un sourcil, je lâche un " bonne nuit " ironique à ce dernier, ne me souciant guère de si il me regarde et ou m'entends. Assise sur le sol froid de ma cellule, je reste là, prostrée, silencieuse, immobile. Je sais que je devrais dormir, comme la plupart des détenus le font, mais le coeur n'y est vraiment pas..

Invité

J'ai déjà fait quelques pas lorsque j'entends un bruit métallique résonner dans le couloir. Je stoppe net, tourne la tête. Je suis sûre que c'est elle qui a fait cela. Je reste un instant immobile, attendant... attendant quoi ? Que quelque chose d'autre se passe ? Je hausse les épaules et m'apprête à me remettre en marche lorsque j'entends sa voix qui s'élève dans le silence. Mais je suis trop loin, sa voix est trop faible, et je ne comprends pas ce qu'elle profère.

Mais je m'en fous. J'ai fait mon boulot. Maintenant, si on me laisse faire, je m'en vais trouver ma chambre et pioncer.

Autour de moi j'entends des murmures, et même de vagues bruits de bataille étouffés, mais je n'en ai cure. Ils sont sous les barreaux, qu'il s'entretuent, du moment qu'ils me foutent la paix. Mes pas résonnent dans le couloir alors que je m'éloigne, rejoignant l'aile des employés.

Je met les mains dans mes poches, tripotant machinalement mes fioles de poisons qui s'entrechoquent entre elle et contre mes clefs, quand tout à coup... Je me rends compte qu'il m'en manque une. Je stoppe net, livide à l'idée qu'une de mes précieuses fioles se ballade en liberté dans cette prison remplie des psychopathes de la pire espèce.

Je fais volte face. Elle a sûrement du tomber lorsque j'ai sorti mes clefs de ma poche et je n'y aurais pas fait attention, et je ne l'aurais pas apperçue même en ramassant mes clefs à cause de la pénombre. Je me dirige à nouveau vers la cellule N à pas pressés. Une fois rendu devant je me penche vers le sol et le scrupte attentivement... Mais rien.

Je me redresse et laisse échapper un juron qui résonne dans le couloir puis donne un violent coup de pied dans la grille la plus proche.

[et voilà ! je suppose que tu vas avoir ramassé la fiole ?]

[ Suggestion exacte x) ]

- C'est ça que vous cherchez ?

Ma voix s'élève dans l'obscurité, légèrement moqueuse, tandis que j'agite la fiole dans le vide, un léger sourire sur le visage, mon regard émeraude fixé sur le mur en face de moi. Laissant échapper un léger rire en entendant son juron puis le bruit du métal qui résonne dans le couloir, je fermais les yeux, rejettant doucement la tête en arrière, l'appuyant contre le mur. Lorsqu'il était parti, une bagarre avait brusquement éclaté dans la cellule voisine à la mienne, pour je ne sais quelle raison. Raison qui m'était venue quelques secondes après, après maintes insultes et bruits de coups, tandis que deux des quatre détenus de la cellule étaient occupés à se battre. J'avais alors ramassé la petite fiole, étonnée par le fait qu'elle ne se soit pas brisée en tombant, et j'avais pensé qu'elle était sûrement tombée de la poche du gardien auparavant.

Hypothèse qui se retrouvait à présent confirmée quand je le vis si furieux et inquiet. Amusée par son état, je le laisse à présent s'énerver, un mince sourire aux lèvres, tandis que je fais doucement tourner le flacon de verre devant mes yeux, observant d'un oeil intrigué le liquide légèrement rosé aux reflets ambrés qui se trouve à l'intérieur.

- Qu'est-ce donc ? Demande-je d'un ton à la fois curieux et taquin. Cela semble assez précieux, puisque, vu l'état dans lequel il est, il est évidement furieux de l'avoir perdu... Pourvue que cette affaire ne me retombe pas dessus... Il faut dire que je ne fais rien pour arranger les choses...

Invité

J'approche mon visage des barreaux de la cellule N, et voit Hawkins, toujours assise sur le sol, ma fiole perdue entre les mains. Je m'efforce de garder un visage le plus impassible possible, bien que mes sourcils soient légèrement froncés et ma bouche un peu pincée. Mais rien qui puisse trahit la rage qui bouillone en moi, juste une petite contrariété...

"En quoi cela te regarde-t-il ?" lui dis-je en guise de réponse.

Je tends ma main à travers les barreaux, paume vers le ciel et dit d'un ton ferme mais non agressif - et qui laisse malgré tout entendre que si elle n'obtempère pas il risque de lui arriver malheur :

"Rends-la moi."

Un mince sourire vient étirer mon visage à la vue du gardien qui vient se coller contre les barreaux de ma cellule, soucieux de la récupérer. Mais il ne réponds pas à ma question. Tiens donc... De plus en plus intriguée, j'arcque un sourcil, tout en continuant de faire tourner le flacon de verre entre mes doigts :

- Ah bon...? Dommage... Lache-je d'un ton faussement déçu avec un soupir, avant de glisser la fiole dans ma poche, n'écoutant pas l'ordre de l'homme. Je veux savoir ce qu'il y a de si important dedans, et je le saurais.

- Je ne crois pas non... Fis-je finalement, avant de me relever lentement, rabattant en arrière mes mèches rousses. Tant qu'il ne me dira pas ce qu'il y a dedans, il ne l'aura pas. Sauf si il vient la chercher. Mais ça, je préférerais éviter. Laissant mon regard émeraude posé sur lui, sans défi, sans arrogance, juste une pointe de malice, je souris doucement, avant de sortir le flacon et de le tendre vers McNaughton, juste assez pour qu'il ne puisse pas la saisir :

- Dites-moi juste ce que c'est, et je vous la rendrais... Souffle-je doucement d'un ton sincère, je veux juste savoir...

Invité

Je pousse un soupire exaspéré. Je suis bien tenté de pénétrer dans la cellule, de lui foutre une bonne claque et plus si besoin afin de récupérer mon bien. Mais je ne suis pas d'humeur à cogner. Je garde ma main tendue et réponds d'un air blasé :

"C'est un poison de ma composition appelé Guimauve."

Je préfère être sincère, cela ne servirait à rien de mentir. Devinant qu'elle souhaiterait en plus de savoir ce que c'est en connaître les effets, je poursuis :

"Cela transforme la pire des brutes en un bisounours assoiffé d'amour et de tendresse."

Puis me rappelant le malencontreux épisode de cet après-midi, je reprends :

"Mais il est encore en phase de test et j'ai pu avoir l'occasion de constater que le dosage était encore mauvais et entraînait des effets secondaires plus ou moins indésirables."

Plus ou moins indésirables car après tout, ce ne sont jamais plus que des effets aphrodisiaques, et cela peut éventuellement être utile, bien que je n'aime pas, personnellement, avoir recours à ce genre de stratagème pour obtenir un corps que je désire.

"Bon... Rends-la moi, maintenant." dis-je calmement mais fermement.

Tiens, je ne penserais pas qu'il céderait aussi facilement. Voir même qu'il ne céderait pas du tout, comme la plupart des membres du personnel. Quoique, pendant un bref instant, j'ai cru qu'il allait entrer pour m'en coller une. Perplexe et quelques peu... désorientée en entendant le nom de la potion, un léger sourire s'affiche ensuite sur mon visage à l'évocation de ses propriétés. Tiens donc... J'en connaissais qui en aurait grand besoin... A cette pensée, une grimace amère et un sourire douloureux s'affichent sur mon visage, et je ferme les yeux, tentant de chasser ces pensées de mon esprit.

- Intéressant... Fis-je d'une voix songeuse, les yeux toujours clos, avant de les rouvrir pour regarder le flacon que je fais tourner entre mes doigts.

En entendant les paroles du gardien, j'hausse un sourcil, perplexe, avant d'éclater de rire. Cela faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé... Bien que ce soit un rire assez triste et bref, c'est quand même un rire, et un léger sourire illumine ensuite mon visage pendant quelques secondes.

- A voir votre tête, je devine que ces effets ont été plutot indésirables, non ?

C'était vrai, que je lui trouve seulement un miroir... Hochant doucement la tête, j'obéis à l'ordre du jeune homme et je pose la fiole dans sa main, effleurant ses doigts du bout des miens au passage.