L'ennui total vient de commencer...

11 mars 2007, Le soleil n’éclaire pas plus qu’il ne faut, les nuages le recouvrant à 20%, la journée s’annonçait intéressante. Je regardai autour de moi d’un regard furtif et rapide, histoire d’analyser une dernière fois l’extérieur de cette prison, au cas où l’idée de m’y échapper me viendrait à l’esprit. Aucun animal en vue, aucun végétal qui pourrait me servir d’échelle biologique pour m’échapper : rien d’étonnant, le supérieur de cet endroit, s’il est un minimum intelligent, aurait sûrement déjà coupé cet arbre s’il aurait pu être servi d’outil échappatoire. Bref, la place est complètement isolée. Je détournai mon regard vers la prison qui se trouvait devant moi.
À voir les hautes tours là-bas, il doit y avoir une bonne dizaine de projecteurs qui éclairent tout le contour de la prison la nuit… Rien de bien particulier. Mais à cette hauteur, si je trouve un drap de la même couleur du sol, ils ne pourront voir la différence….
Sans vraiment penser tout de suite à un plan d’évasion infaillible, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à des dizaines et des dizaines de tactiques différentes… après tout, ce sont mes dernières minutes à l’extérieur de cette prison, je devais bien en profiter pour me rappeler, centimètre par centimètre, le paysage qui l’entoure. Je continuai à scruter les environs, les yeux grands ouverts, les cernes toujours aussi grosses que d’habitude, sans aucune émotion au visage.

- Duh… Cet endroit n’a aucun petit recoin de défaut pour une tentative d’évasion, ma foi.

J’avais dit ça sans faire attention au garde qui me reconduisait à la porte. À vrai dire, je m’en foutais légèrement que tous les gardes soient au courant de ça, car n’est-ce pas le but principal de tous les prisonniers de s’échapper de la prison? Et puis, ça risque de rajouter un peu de piquant à toute l’histoire… Purger sa peine lentement et calmement, attendant la fin ne peut être que très ennuyante, surtout que dans ce bâtiment, la peine équivaut à la vie entière. Il n’était pas question que je reste dans cet endroit toute ma vie.

Le gardien qui m’avait reconduit s’arrêta devant les portes, attendant qu’un autre gardien vienne me chercher en guise de relais...

Mon tour était enfin venu, je devais reconduire un futur détenu à l'intérieur. J'avais espérer y échapper plus longtemps mais le sérieux manque de personnel avait finit par me trahir. Quelle malchance vraiment! Il n'y a vraiment que des trouillards dans ce monde ou quoi? Ce n'est pas parceque cette prison enferme les criminels les plus dangereux du monde qu'il y a une quelconque chance de mort!... oubliez ce que je viens de dire. Il faut vraiment être soit courageux,fou et/ou stupide pour travailler ici. Et franchement, chacun des employés entrait dans une de ces catégories, moi compris.

C'est donc avec un soupir que je pris le relais à Charles (Lui je le classerais dans la catégorie "stupide") du nouveau prisonnier. Il avait l'air aussi empoté que les autres sinon plus, mais rien ne batterais jamais ce bon vieux idiot de Carl vraiment.

Je jette un coup d'oeil les feuilles que l'on m'avais remises pincées à une tablette.
Kun, Basu
Matricule:713705
Crime(s): Vol
Autres:-
Et bien au moin il n'avait pas trop l'air cinglé! ... pour l'instant. On ne peux jamais être sûr de quelque chose avec ces gens là, et je suis bien placé pour le savoir.

-Basu Kun c'est bien ça?

L'ennui devenait un facteur important commençant rapidement à prendre de l'ampleur dans la description que je me faisais de cette prison... Je m'attendais à entendre des coups de fusil quelconque en guise d'accueil, ou deux prisonniers bourrineurs défoncer un mur suite à une bagarre digne des films de Rocky, ou à la limite des vautours tournant autour des tours de la prison pour rajouter un effet melo-dramatique, mais rien de tel... Seul une large plaine de gazon désseché et quelques roches entourrait l'endroit.

- On se croirait dans un western...

Je m'étais assis à terre en attendant l'autre garde, il n'y avait rien de mal à faire ça je crois, non? Bref, le gazon me semblait très pauvre en hydrogène, cet endroit semblait sec, mais il me fallait en être sûr... J'arrachai le brin de gazon le plus verdâtre que je pouvais trouver, et commença à le renifler... Puis, j'en croquai un morceau de pleine dent. Quelqu'un interpella alors mon nom.

-Basu Kun c'est bien ça?

Je levai les yeux rapidement vers mon interlocuteur, qui s'avérait être l'autre gardien. Je pris quelques secondes à le scruter de mes gros yeux globuleux de poisson cernés, à la recherche apparemment d'un petit défaut en lui qui pourrait me mettre le sourire au visage, mais en vain. Je me levai, mâchant la bouchée du brin d'herbe que je venais de manger.

- Hai, c'est bien ça.

Je bougeai alors ma main, contenant le reste du brin d'herbe, vers ma bouche, pour en prendre une autre croquée. Mon regard sans émotion fixait les yeux du gardien, la tête un peu crampée vers l'avant, j'étais à 3 pouces de son propre visage.

- Et vous?

Mon haleine de gazon et mes dents crassées des morceaux d'herbe n'aidaient sûrement pas à mon image, mais peu importe...

Ce type avait quelque chose de bizarre. Je le repoussa d'un doigt en mettant le plus d'espace entre nous. S'il fallait que les prisonnier se permettent d'être aussi famillier ça serait la fin pour Sadismus. Je devrais commencer par mettre à escéution les menaces que j'avais faites à un autre type.

- Yuuri Ivanovich, garde tes distances vermine. Tu est ici pour le reste de tes jours alors tâche de faire un bon départ si tu ne veux pas passer ta sentance au trou.

Je lui passa les menotte et le poussa un peu devant moi pour qu'il entre sans que je l'ai dans le dos. Je voulais en finir au plus vite, ce travail c'était une vrai corvée!

-Aller avance et fait pas de betise comme plein d'autre en essayant de te mettre à courir pour t'enfuir si tu ne veux pas voir ta vie s'achever.

Quelques secondes après la présentation du gardien, je ne pris pas de temps à répliquer...

- Enchanté. Je ne vois pas en quoi je suis une vermine...

Il avait l'air très amical, ou du moins je me le disais sarcastiquement dans mes pensées, car en réalité, il avait plutôt l'air froid et arrogant... Rien de surprenant, à force de travailler dans un endroit comme cette prison, on finit par le devenir naturellement... Bref, je me laissai passer les menottes sans objection, elles ne faisaient pas plus mal que les autres.

-Aller avance et fait pas de betise comme plein d'autre en essayant de te mettre à courir pour t'enfuir si tu ne veux pas voir ta vie s'achever.

Décidémment, ce type avait l'habitude de catégoriser les prisonniers.... S'échapper alors que je viens à peine d'arriver? Mais pour qui il me prenait? Et surtout, ma vie se terminerait quelques pas plus loin si cette idée idiote d'évasion furtive me venait à l'esprit. Pas question de passer à ça sans avoir préparé un plan infaillible.... Mais ce n'était pas pour un bon moment.

J'avançai, devant le policier, sans savoir s'il allait me frapper avec une matraque pour son plaisir personnel. Cette idée m'avait éraflé l'esprit, mais pas plus. Le silence et le calme que la prison m'évoquait n'était pas vraiment chaleureuse, je devais à tout prix trouver quelque chose à dire pour casser cette ambiance d'enterrement. J'avalai ma bouchée d'herbe (la cracher aurait été malpolie...), et tournai légèrement la tête vers l'arrière tout en avançant.

- Dites, Monsieur Ivanovich..... l'herbe entourant la prison est toute déssechée... La terre serait donc aussi sèche, et morte.

J'attendis quelque secondes...

- Rien de plus idéal pour creuser un tunnel, vous ne trouvez pas?...

J'ouvris la derniere porte et le laissa entrer mon calvaire touchait bien à sa fin! Il était temps. Un long moment passa sans qu'il ne parle, moi je me contentais de marcher tout simplement.

-Dites, Monsieur Ivanovich..... l'herbe entourant la prison est toute déssechée... La terre serait donc aussi sèche, et morte.

Oua, quel oeil il avait ce type!

- Rien de plus idéal pour creuser un tunnel, vous ne trouvez pas?...

Voilà où il voulait en venir.

-Oui, idéal si tu veux que tout s'éffondre sur toi, remarque je ne suis pas contre j'aurais déjà un boulet de moin à m'occuper. Si tu veux de la bonne terre attend quelques jours après une pluie c'est parfait!

Et voilà que j'aidais les prisonniers sur leur plan d'évasion. Et bien ce n'est que plus amusant!

Les portes s'ouvrirent, me laissant pénétrer à l'intérieur de ce bâtiment. Moment historique. Je rêverai peut-être à ce moment lors de mon séjour, sauf que j'aurais des super-pouvoirs et je pourrais m'envoler et lancer du feu sur le garde avec mon rayon thermo-occulaire, après quoi je m'envolerais aux caraîbes et faire du surf sur une planche comportant des réacteurs turbo boostés au Nitro. Mais celà resterait qu'un vulgaire rêve. Je suis bel et bien dans la réalité, et je ne peux rien faire pour l'instant pour privilégier mon état actuel.

Les prisonniers autours de moi me regardaient rentrer. Ils avaient l'air de vouloir rire de moi, de se dire ''Une personne de plus qui s'est fait prendre, Je me demande c'est quoi son problème à lui''. Mais au fond, qu'est-ce que celà m'importais de m'en préoccuper? Continuons plutôt la route jusqu'à ma nouvelle habitation...

-Oui, idéal si tu veux que tout s'éffondre sur toi, remarque je ne suis pas contre j'aurais déjà un boulet de moin à m'occuper. Si tu veux de la bonne terre attend quelques jours après une pluie c'est parfait!

Après une pluie? On voit qu'il n'y connait rien.

- Croyez ce que vous voudrez, mais un château de sable est beaucoup plus résistant si le sable est sec que s'il est mouillé...

De toute façon, creuser un tunnel.... Et puis quoi encore? C'est beaucoup trop classique comme évasion, et beaucoup trop évident. Je pourrais commencer à creuser ce trou derrière une étagère de la bibliothèque dont personne ne va, mais les gardes s'en rendraient rapidement compte. Je pourrais aussi le faire dans une toilette condamnée, mais je suis pratiquement sûr que le directeur de cet endroit est assez malade pour installer des caméras de sécurité même dans les toilettes.... Mais quel pervers.

- On arrive bientôt?... Mes pieds me grattent...

Je ne portais évidemment rien dans les pieds. Avoir les pieds à l'air me gardais frais, tout comme les plantes se servent de leur racine pour rester en vie.

Je ne pus me retenir, je bâillai un bon coup.

- On arrive bientôt?... Mes pieds me grattent...

Voila le genre de commentaire totalement inutiles que je n'ai pas envie d'entendre surtout de ce genre de personnes.

-Si tu te plaind je vais prendre de long détours...

Ce qui était faux puisque je n'envie qu'une envie et c'étais de me débarasser de lui le plus rapidement possible. Et puis j'arrivais déjà dans le couloir des cellules de toutes façons.

-Voila...

Je regardais le numéro de sa cellules et m'arrêta devant.

-...ta nouvelle maison.

J'ouvris les barreaux et lui enleva ses menottes en lui disant rapidement les règles et les heures pour se promener dans la prison.

-Si tu te plaind je vais prendre de long détours...

Je n'étais pas dupe. Aussitôt que le type était arrivé me chercher, je pouvais déjà remarquer son air de fatigue et d'ennui total. Ce gardien avait hâte de terminer cette petite excursion dans la prison avec moi... Je ne pouvais pas lui en vouloir, il doit sûrement faire ce parcours des dizaines des fois par semaine... Bref. Nous étions arrivés à ma cellule. Bel endroit en perspective. Je ne fis pas attention à sa petite remarque désobligeante sur le fait que cette cage serait ma nouvelle maison et aux règles, je les connaissais déjà, et me tournai vers lui. Ce policier me croyait idiot: Place au spectacle.

- Je ne crois pas que vous auriez vraiment pris un détour... Le fait que vous m'ayez traité de vermine prouve que vous en avez marre de voir des prisonniers tel que moi.... Vous m'avez ensuite poussés devant vous, sûrement pour arriver plus rapidement à ma cellule de peur que je traîne le pas derrière vous....

J'attendis quelque secondes, et leva les yeux au plafond, touchant ma lèvre inférieure avec l'extrémité de mon pouce droit.

- Puis, vous avez clairement dit que si le tunnel s'effondrait sur moi, vous auriez un boulet de moins à vous occuper. Celà affirme donc ce que je pensais.... Je n'avais aucunement l'intention de m'évader avec un tunnel, je voulais seulement analyser votre réaction face à cet aveu volontaire, et c'est grâce à ça que je peux déjà connaître votre comportement face aux prisonniers.

Je baissai mes gros yeux vides d'émotion, et scrutai le plus profond du regard du gardien.

- Mon séjour ici risque d'être intéressant...

J'écoutais attentivement ce qu'il me disait. Il disait vrai, pour la majeur partie en tout cas. Je relevais quelques erreur par-ci ar-là mais il avait déjà un bon sens de l'analyse.

-Bravo, mais tu devra faire encore des efforts pour réussir à me percer totalement à jour.

Je fis un petit sourire espiègle.

-Tu a tout ton temps pour continuer petit. Si tu pense pouvoir t'échapper je te conseille de faire attention à ce que tu fias parceque Mademoiselle Böse risque de ne pas apprécier perdre un de ses jouets.

-Tu a tout ton temps pour continuer petit. Si tu pense pouvoir t'échapper je te conseille de faire attention à ce que tu fias parceque Mademoiselle Böse risque de ne pas apprécier perdre un de ses jouets.

C'est dans ce genre de moment que j'aurais pu esquisser un petit sourire sadique sur mon visage, pour montrer à ce gardien que je n'ai pas peur de cette Böse, mais celà aurait demandé de concentrer ma force musculaire dans ma mâchoire pour un geste que ne trouve pas que je ne trouverais pas l'utilié d'accomplir de toute façon. Je me contentai de faire un petit geste aquiesseur de la tête.

- Hai, merci pour l'information.

J'allais me retourner pour aller me coucher, mais je sentais le besoin de répliquer.

- Un de ses jouets... Dites à cette Böse de faire attention... Dans le film ''Toy Story'', ­­­­­­à la toute fin, le maître se fait entièrement dominer par ses jouets...

J'avais dit cette petite phrase sans aucune émotion dans le ton ou dans mon regard. En fait, je prenais même mon temps pour parler, je pesais sur les mots, réfléchissant sur chacun d'entre eux. Je suis ensuite allé m'installer sur un des 4 lits en petite boule dans le coin, commençant à fixer le vide en me grattant les pieds.

Je gardais mon petit sourire à sa remarque, il aimait répliquer hein? Je ferma la porte et je lui dis au travers les barreaux:

-Oui mais eux ils n'étaient pas cernés d'armes en tout genre. Et je doute que ce gamin ai le centieme du sadisme de Mademoiselle Böse.

Je ris.

-Et puis... les jouets c'est fais pour rester tranquille et pour faire ce que l'on veux avec non?

J'haussais un sourcil et m'éloigna.

-À plus tard...

Et je m'en alla.