Sadismus Jail
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 Bleeding heart [Vlad']

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Etoile Archantaël
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Etoile Archantaël


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MessageSujet: Bleeding heart [Vlad']   Bleeding heart [Vlad'] Icon_minitimeDim 24 Aoû - 19:29

Il n’y a pas d’ailleurs.


Assise sur une chaise, les coudes sur la table en face, je suis comme sur le banc des accusés. Marquée d’un coupable sur le front, je regarde le mur en face de moi. Il est blanc. Enfin il l’était, à l’origine. Mais à force de passage, il s’est encrassé. Des fissures un peu partout, il souffre. Tout comme moi. Je t’ai fait du mal Bella. Mon passage à la salle d’isolement ne m’ pas arrangé. Il m’a ruiné, j’ai pris un coup de vieux, un de plus. Les épaules arque-boutées, je plie sous le poids de ce mal qui me ronge. C’est comme la rouille, ça te bouffe petit à petit. Jusqu’au jour où tu t’en rends compte et que tu n’es déjà plus qu’un tas de cendre par terre. Je suis en décomposition, c’est pareil. C’est pourquoi je suis dans la salle commune. Je pèse le pour et le contre de rien. Ca fait passer le temps. Je compte les blessures du mur aussi. J’en suis à cinquante-deux. Et c’est pas fini. Yen a plein d’autres sur ce bout de parpaing blanc sale. On dirait des traces de sang sur la gauche. Un gribouillis en haut. Une tâche jaunâtre en bas. Hum. Et puis il y a le silence. Pesant et grave. Je peux entendre les battements de mon cœur qui gémit, qui crie et s’époumone. Il bat vite alors que je suis au repos, c’est… étrange. Il n’y a personne, fort heureusement. Qu’est-ce que je donnerais pour une clope ? Tout. Besoin de nicotine pour aller mieux. Ou une piqûre et tout serait réglé, comme un coup de baguette magique. Mon regard est vide, ma bouche légèrement entrouverte.

Que tout sombre dans l’ignorance, que tout disparaisse à jamais, que tout n’ait plus aucun sens, je n’oublierais pas ce que je sais. Que le monde soit ébranlé un court instant, et que ne reste plus que le souffle du vent, je sais juste que je garderais comme armes, mon esprit, mon âme, ma pensée, mon sang, mais surtout… mes larmes.

Je repose mes mains sur la table et les crispe. Mes ongles viennent se planter dans la surface plane et crissent. Une envie de hurler me saisit mais je n’en fais rien. Il ne vaut mieux pas que je me fasse remarquer, je tiens à rester seule. Encore quelques instants. Laissez-moi tranquille. Foutez-moi la paix. J’ai le cœur qui saigne. Le même qui cogne dans ma poitrine comme un fou. Je vis. Est-ce une bonne chose ? Mais après tout, peut-être est-il préférable que je reste seule avec moi. Seule dans ce monde, ne plus voir les gens, ne plus leur parler ni même les regarder. Vivre dans une cage de verre jusqu’à la fin. Pour ne plus les blesser, ces êtres fragiles. Les brusquer dans leur quotidien. Il faut que je m’éclipse, pas à pas, disparaître, me volatiliser, ne plus faire qu’un avec moi. Seule au milieu des autres avec moi-même. Triste destin mais c’est pour le bien de tous. Ma décision est prise. Je vivrais à côté de moi et à côté des autres. A part. C’est ainsi que je conçois ma vie.

Envie de vomir. Tout est coincé au niveau de la gorge. Couteau dans le ventre, couteau dans le cœur. Avec mes plaies. Toutes ces cicatrices sur mes poignets, dans mon cou. Ca fait macabre, et j’aime ça. Je le revendique et l’expose au monde entier. Ce monde qui aime s’apitoyer sur le sort des gens. Et bien voilà, aillait pitié de moi. C’est tout ce que vous savez faire. Abandon du moi, plus d'émoi. Je ressens ce qui nous sépare, me confie au gré du hasard. Je vis hors de moi et je pars à mille saisons, mille étoiles. Trois mille six cent fois par heure, la seconde chuchote: souviens-toi ! Et je m’écrase contre la table. Les mains sous la tête, la tâte sur la table, je ferme les yeux, impassible. Les larmes ne couleront pas, je me le suis interdit. Je ne suis qu’une marionnette sans fils, assise sur une chaise, sans aucune vie, sans aucune envie, sans rien que le froid trépas. Il n’y a que mon soupir qui vient briser cette monotonie. Encore un effort et je me confondrais avec la table. Ce serait bien ma veine.

J’attends maintenant que quelqu’un arrive. Savoir si mon stratagème fonctionne. Si je ne suis plus que l’ombre de moi. Je crois que le pire, c’est que je crois dur comme fer que ça y est, je suis invisible aux yeux du monde. Ca, c’est catastrophique. C’est la continuation de la folie. Bella n’a rien arrangé, elle est revenue. Elle me fait peur. Je suis terrifiée à l’idée qu’elle reprenne possession de mon corps. Ses désirs ne sont pas assouvis, je le sens. Au plus profond de mon être. Et je peux supporter le fait de savoir qu’elle va revenir. Je l’ai fait taire mais elle n’en peux plus, elle réclame délivrance, elle donnerait tout pour ça. Même livrer son âme au Diable. Mes ongles s’enfoncent un peu plus dans la table. Il me faut la contenir, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Elle m’en veut. Pour me punir, elle me lacère le cœur. Mais elle ne parviendra à toucher à l’amour que j’éprouve pour Bella. Personne n’en a le droit et la possibilité. On pourra me tuer que je continuerais à l’aimer. Une lueur brille au fond de mes pupilles. Tâches lumineuses dans l’abri noir de mes bras. Tapie dans l’ombre, l’avantage, c’est qu’on ne peut me voir…

On est tous de imbéciles
On est bien très bien débiles
C'qui nous sauve c'est le style
Équivoque et aussi paradoxe
Et ça suffit.
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Vladimir Prokofief
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MessageSujet: Re: Bleeding heart [Vlad']   Bleeding heart [Vlad'] Icon_minitimeMar 26 Aoû - 21:02

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Dernière édition par Vladimir Prokofief le Dim 18 Oct - 11:30, édité 1 fois
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Etoile Archantaël
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MessageSujet: Re: Bleeding heart [Vlad']   Bleeding heart [Vlad'] Icon_minitimeLun 1 Sep - 16:01

C’est comme la brume,
Une chape de plomb féroce et corrosive,
Qui me donne des ailes noires…


Je pleurais. Ces invisibles larmes coulaient sur mon visage. J’étouffais les sanglots dans ma bouche, je fermais les yeux. Je les fermais dans un futile espoir, qu’en les rouvrant il ne ferait plus si sombre. Ces larmes scintillèrent un instant, puis tombèrent au sol. La folie reprit le dessus sur ma tristesse, et je me mis à rire. Les larmes suivaient le sens de mon sourire. Un sourire de dément, un sourire en défi à la noirceur. Un rire ininterrompu, un rire inhumain, un rire rempli de douleur. Dans le miroir, à côté de moi, on me regarde. Et je me dis que cette personne… est aussi folle que moi. Je suis folle. Je suis triste d’être folle et heureuse d’être triste. Celle-ci se leva, se mit en face de moi, et me dit… « Ma soeur, vois qu’elle est le monde d’aujourd’hui. »

- J'aimerais bien savoir ce qui vous met dans cet état... Si ce n'est pas indiscret.

Je me redresse brutalement et tourne vivement ma tête vers cette voix. Qui êtes-vous et comment osez-vous m’inter… L’odeur du cigare parvient jusqu’à mes narines. Une inspiration profonde et je me sens mieux. Incroyable comme l’odeur du tabac me détend. Ce n’est qu’accompagnée d’un froncement de sourcil que je lui fais face. Il a de la chance, j’ai épuisé mon stock de remarques acerbes, j’ai tout utilisé contre moi. Je le considère donc un instant, me demandant quelle est la meilleure attitude à adopter. Réfléchir me prend plus de temps. J’ai mal à la tête et je suis morte de fatigue. Les événements m’ont dépassé, bien plus que je ne l’imaginais. C’est dur de se l’avouer, qu’on a tout fait foirer pour une connerie. On se console comme on peut, et souvent mal. Je dois le regarder avec une tête de déterrée. C’est alors que tout à coup, je prends la parole (cela faisait bien cinq minutes que la question de ce cher homme était restée en suspens) :

« J’ai envie de laisser une trace. De laisser une marque, en ce monde. J’ai envie d’exister à part entière. Envie d’être, et de ne pas être seule. J’aimerais continuer à écouter cette musique, continuer de l’écouter. J’aimerais continuer de pouvoir rire quand l’envie m’en prend, et de ne pas sourire quand j’en ai envie. J’aimerais bien pouvoir continuer à courir dans ma vie, en un élan improbable vers mon destin… »

C’est comme si c’était son cœur qui parlait à sa place. Laissons-le s’exprimer un instant voulez-vous. Peut-être que la personne qui se tient en face de moi saura quoi penser de tout cela. Elle est sans doute plus qualifiée, mais d’ailleurs qui est-elle ? Je me surprends à inspecter sa tenue, son corps en général pour revenir à ses yeux. Son regard enjoué me foudroie. Le col blanc me ramène à l’ordre, un prêtre ? Cela m’est bien égal, je ne crois pas à son dieu et je me contre-fiche de la religion comme de l’an 40. Je reprends comme si je ne m’étais pas interrompue :

« …Destin que je pourrais créer de mes mains, de ma tête, de ces mots. Destin qui me mènera sur les chemins du hasard. Destin que je remercie au ciel d’avoir, même si je n’en connais pas la suite. Destin torturé, je fuis mon passé, le futur me terrifie et me plait. Envie de crier tout, envie de sortir dehors, de hurler à pleins poumons, d’exhorter à ma vie de sortir et de monter au ciel comme une étoile, envie de faire graviter les planètes autour de moi, envie de faire entendre cette musique qui vit en moi… »

Tout devient énumération. Au diable la construction des phrases, déballons les idées une par une, sans aucun sens, jusqu’à ce que le sac soit vide. Une sorte de confession, mais je n’ose me l’avouer. Il est là, tant mieux, je peux parler jusqu’à ce que les mots me manquent et que je ne dise plus un traître mot. Si je le lui explique pas, il ne comprendra pas, il ne saisira pas le sens de mes propos alors je me fais plus claire, me montre docile et décrit :

« Musique mélanco-rythmique qui tape du cœur en moi. Musique qui s’emporte, m’emporte, accrochez-vous aux notes. Musique qui plane, vole, récrimine, hurle et meurs ! Musique qui me donne encore envie de vivre. Vie insondable, vie improbable. Vie dont je n’ai pas la certitude qu’elle soit pas ‘mort’ ou ‘rêve’. Vie dont les rêves sont songes du vrai monde. Vie que je ne quitterais pour rien au monde… Tout va mal, rien n’est bien, tout est rien. Rien est tout. »

La conclusion sonne le glas funèbre. J’entends le son d’une cloche, ça résonne et s’éternise. Lui ne peut pas entendre, il n’est pas dans mon monde. Mais qui peut l’entendre à part moi ? Et a-t-il compris ce que je viens de déclamer sur ce ton si détaché, les yeux dans le vague ? Je me ressaisis un instant et d’un geste rapide, m’empare furtivement de son cigare. Ne le lâchant pas des yeux, j’en tire une bouffée et apprécie. La fumée que je recrache vient embrumer le visage de l’homme d’église. Je remets entre ses doigts le signe de sa liberté et esquisse un léger sourire... emprunt d'arrogance.
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MessageSujet: Re: Bleeding heart [Vlad']   Bleeding heart [Vlad'] Icon_minitimeMar 9 Sep - 16:16

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MessageSujet: Re: Bleeding heart [Vlad']   Bleeding heart [Vlad'] Icon_minitimeDim 14 Sep - 15:39

Sa main sur ma cuisse me brûle la peau. L’envie est cuisante, mais je doute que cela soit la bonne solution. Hélas, ne dit-on pas que l’on ne peut aller contre sa nature. Ma personnalité est un souci de tous les jours. Je suis volatile. Oui, je t’aime. Et oui, j’aimerais t’être fidèle mais je ne sais pas, quelque chose m’en empêche. A chaque fois que la situation se propose, je me laisse aller alors que je ne devrais pas, pour nous. Un dilemme s’offre à moi alors que trop de questions restent déjà sans réponse dans mon esprit. J’ai toujours eu du mal à rester sérieuse et appliquée plus de deux minutes. Alors être pieuse, ne m’en parle pas. C’est d’ailleurs pour cela que dans mon esprit, la réponse est déjà toute trouvée. Oh, et je suis changeante. Alors mon choix est fait mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il en sera ainsi au final.

Réfléchir à ses erreurs par la suite… n’agirais-je pas déjà comme ça ? Il n’y a donc plus aucune hésitation à avoir. Juste foncer et penser ensuite. C’est simple et pourtant si malsain. Et ça s’agite dans mon esprit, comme si j’allais commettre un crime bien plus horrible que je ne l’ai déjà fait. Je frissonne faiblement mais ne cille pas. Je ne fais pas le poids face à lui. De toute manière, je ne fais le poids face à personne, même pas face à toi. Alors à quoi bon résister plus longtemps ? Je ne sais si me donner est la meilleure solution mais c’est la seule que j’ai trouvée à cet instant précis. Ma main se pose sur la sienne, sans aucun sourire, les lèvres cependant légèrement entrouvertes. Le souffle me manque. Je ne peux m’empêcher de lui murmurer :


« Que le Diable soit avec nous… »

De la chaise, je m’assois au bord de la table, presque en face de lui, ne le lâchant pas du regard. Si tu désires quoique ce soit, viens à moi et montre-moi ce que tu veux. Je ne ferais rien de plus, rien de moins. J’estime que ce n’est pas à moi d’aller de l’avant. A prendre des initiatives, je vais trop loin et je me perds. Alors lève-toi et franchis cette ligne invisible qui nous sépare. J’ai laissé retomber ta main. Plus rien ne nous lie et pourtant, je saisis toute cette tension qui nous unit. C’est d’une voix infantile que je te demande, presque innocemment :

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

Que devient ma vie, quand mon esprit part dans tous les sens ? J’ai des trous noirs, où ma conscience vacille, et d’où je ressors choquée, étonnée, émue, décalée. J’ai envie de dormir. Le sommeil me demande sa dîme. Mais non, je te résisterais, rêve, je te combattrais jusqu’à mon dernier souffle éveillé. Il n’est pas encore temps pour nous de nous rejoindre. Quand j’aurais fini ce pourquoi je suis ici, alors je pourrais tomber dans cet abyme de sommeil. J’ai vraiment la conviction que plus j’avance, plus ma vie devient complexe. Qu’elle part en miettes, que je tente vainement de retenir. Comme une chanson qui s’accélère et dont les harmoniques se déclenchent toutes, en une hymne à l’existence. Le silence me semble toujours une bonne arme. Ma pensée s’égare et s’essouffle. Je cherche toujours quelque chose ou quelqu’un pour me rattraper.

Et cette fois, je me raccroche à lui…

Je n’attends plus qu’un geste de sa part. Et, comme si c’était la fin de toute chose, mes paupières éteignent la lumière et je me retrouve dans le noir. Face à moi-même. Le souffle lent et posé. Je suis une jeune femme sans défense. Une prisonnière qui plus est. Je ne suis rien et ne l’ai jamais été. Mon corps est à la disposition de tous. Vous ne m’enlèverez pas ma liberté de penser. J’exige d’avoir ma conception du monde, mes idées personnelles, mon tas de remarques acerbes et ma panoplie du parfait pessimiste. Le verre est à moitié vide, ne l’oubliez pas.
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