Puisque Haine il y a. ( Pv Bella )

Ca commence à bien faire. Je suis à court d’idée niveau endroit à visiter pour m’occuper l’esprit autre part que dans ma cellule, du coup je reviens à mon point de départ. La bibliothèque. Je vais m’instruire aujourd’hui. Est-ce que ça me servira à quelque chose ici ? J’en doute, plus t’es con, plus on t’aime. Enfin je crois.
J’arrive à l’intérieur, sans réellement faire attention aux gens présents. Tellement fades. Aujourd’hui est un grand jour, je vais prendre soin d’examiner habillement les couvertures, histoire de trouver LE livre qui me plaira, et qui m’occupera un peu de temps. Les gens c’est bien, les livres c’est mieux. M’ouais, non.
Je déambule à travers les rayons, et observe. Lui trop long, lui trop court, lui inintéressant, lui moche… Bref, aucun ne me plait. Entre mélodrame affectif et histoire d’amour à l’eau de rose, je dois avouer que mon cœur hésite… Tsss. Tout est tristement joyeux, tout est indigeste, tout est plat. Welcome to Sadismus.
De quoi rendre dépressif. Maladif. Je comprends mieux du coup, et ces petits livres de mondes merveilleux c’est juste pour faire renaitre un peu d’espoir chez les gens ! Tout s’explique. Bande de cons.

Je m’installe dans un coin, bien centré sur l’entrée, histoire de voir qui rentre, et qui sort. Y’a toujours quelqu’un de plus ou moins intéressant, alors peut être qu’avec un peu de chance il passera par la bibliothèque. Qui sait ? Avec une plus grande chance, peut être que Bella passera par là. De quoi revigorer ma journée. J’ai hâte. La pauvre petite bête est devenue prédateur, ça se pourrait. Je me demande qu’est ce que ça donnerait. Qu’est ce que ça donnerait de voir les gens changer du tout au tout. Toute la chaine alimentaire remise en question ? Bon. Chut. Ca n’arrivera jamais.

Passage, puis repassage de personne en tout genre. Rien d’extraordinaire. Faut toujours ce petit truc, qui fait qu’on a soit envie d’aimer une personne, soit de la détester. Et pour le moment je vois rien de tout ça. Alors qu’ils aillent se faire foutre tiens. T’es vulgaire ma petite Hina. Et t’aimes ça ?


[ Début... sans commentaire hein. x) ]

Et la magie s’exerça. Voila Bella qui arrive. Hina, t’as un sixième sens hors du commun. La pauvre petite s’est blessée ? C’est touchant, elle a du vouloir se défendre et frapper tellement fort qu’elle s’est explosé la main. Si c’est pas malheureux, je sens que je vais pleurer… Ou pas. C’est étrange l’effet que je lui fais, j’arrive à totalement la déconnecter de la réalité. Quelle chance. C’est ce qui s’appelle être coupé dans son élan. Et pourtant, je ne veux rien lui faire… A la nuance près que dès que je la vois, j’ai cette foutue envie de lui dire des jolies choses. Et je sais que c’est pour ça qu’elle m’aime, car oui, elle m’aime non ?
Sourire qui m’habille. Sacrée Bella. Je vois que tu n’as pas changé et que tu es toujours la petite bête perdue qui à peur de tout. Combien de temps compte-t-elle rester là, immobile à m’admirer ? Cette scène me rappelle étrangement celle de la dernière fois, avec l’autre là, celui dont je ne connais pas le prénom. Et que je ne connaitrais jamais j’espère. Qu’importe, concentrons nous sur Bella, Bella Hope, qui ne bouge pas, puis qui s’approche. La technique du « Je t’ai vu mais je vais faire style que tu n’existes pas pour moi et t’ignorer » . Une technique qui peut marcher quand l’allure utilisée pour s’échapper est presque naturelle et pas celle d’une pauvre angoissée qui cherche et qui fuit les regards. Pathétique ? Humain. Pourtant j’admire, on y croirait presque. Le problème c’est cette pauvre jeune femme est restée de longues secondes pratiquement choquée de ma présence, alors automatiquement, perte de crédibilité.
Imbécile.
Elle disparait de mon champ de vision. Comme si j’allais laisser filer comme ça mon meilleur jouet. Moi qui cherchais de quoi m’amuser, j’ai trouvé. Allé fuit ma petite, je ne suis jamais loin. Je te retrouverai n’importe où… Surtout dans une bibliothèque.
Peut être veut elle jouer à cache-cache, je pense que c’est dans son genre. Ca me désole de devoir lui dire qu’elle perdra à tous les coups, surtout que je n’ai plus le temps pour ces jeux. Elle a cherché la première fois, elle a trouvé. Assume.

Je me lève et m’approche d’elle. Je ne peux m’empêcher de sourire, le coté harcèlement moral, c’est plaisant. Enfin ça dépend de quel bord on se trouve. En l’occurrence, c’est plaisant ouais.
J’approche calmement. Elle sait que je vais venir, mais elle espère que non.
L’espoir.
Elle est de dos, et cherche un livre, mais je suis persuadée qu’elle n’a rien retenu. Je l’obsède totalement, et le mieux est de se dire qu’il n’y a aucun doute la dessus.
J’avance doucement vers elle et déjà je sens qu’elle a peur. Immobile, comme quand on craint qu’on nous fasse du mal alors que nous ne pouvons rien faire. C’est splendide. Un instant magique, un sentiment de puissance incroyable. Je peux tout faire là, tout.
Je m’arrête à mon tour.

« Tu as peur. Pourquoi ? »

Une jolie phrase, parfaite pour commencer une conversation. Je sais pertinemment pourquoi elle a peur, je sais ce qu’elle craint, ce qu’elle veut, ce qu’elle espère. Et je sais que je ferais en sorte de faire tout le contraire de ses piteux désirs. J’aime me moquer d’elle, j’aime son attitude exagérée, très sentimentale. Elle ne sait pas cacher ses sentiments, du coup il est facilement possible de profiter pleinement de l’effet qu’on lui.
Merci.

« Je ne vais rien te faire, tu sais. »

Sourire. Elle ne le voit pas, mais elle doit le sentir. Elle doit savoir qu’il ne faut que rarement croire ce que je dis, surtout des phrases comme ça. Quoique, dans le fond, je ne pense pas vouloir lui faire quelque chose de précis. Juste du mal. L’envoyer plus bas de jour en jour. Pourquoi elle ? Parce qu’elle a pleuré devant moi la dernière fois. Ca faisait pas mal de temps que j’avais pas vu quelqu’un pleurer, et grâce à elle j’ai compris plein de chose. Est-ce que je dois la remercier une nouvelle fois ? Non, elle pourrait le prendre bien, trop bien. Aucun sentiment positif ne doit ressortir pour elle, sinon, c’est pas drôle et quand c’est pas drôle, je m’ennuies et je ne veux pas m’ennuyer. Logique implacable hein ?
J’oublierai jamais son coté gentille fille qui veut aider tout le monde. C’est vraiment choquant. Mais on ne va pas repasser par cet épisode, non. Peut être a-t-elle changé, peut être a-t-elle empiré. Je vais le découvrir dès qu’elle ouvrira la bouche, et là je m’adapterai. Remercie moi Bella, d’adapter mes comportements par rapport à toi, c’est un grand honneur non ?

« J’aime l’ironie qui teinte ta voix. »


J’aime ton élan de courage.
Silence, je médite. Elle veut grandir. Grandir dans le sens prendre en assurance, et tout le tralala. Elle veut être une nouvelle Bella, une femme qui se défend seule, qui n’a besoin de personne. Y arrivera t elle ? Peut être, mais je ne l’aiderai certainement pas. D’ailleurs, je suppose qu’elle n’a pas besoin d’aide, ou plutôt de mon aide.
J’aime l’analyser, elle est loin d’être stable. Un coup c’est une petite fille apeurée, un autre une fille qui tente tant bien que mal de prendre sur elle et de s’affirmer. Emouvant. Elle veut participer à sa propre chute pour éviter de la subir.
Rien n’est plus courageux qu’un homme qui a peur. Il sent que c’est la fin et veut tenter le tout pour le tout.
Le désespoir. Bella.
Quoi de plus ?


« Bonjour Hina. Comment vas-tu depuis le temps ? »


Elle me regarde le visage bienveillant, presqu’apaisée, alors qu’il y a quelques instants elle s’inquiétait de ce qui pouvait lui arriver. Qui y a-t-il à comprendre ? Absolument rien. L’angoisse lui fait faire ce dont elle ne se croyait pas capable, et déjà l’idée qu’une certaine fierté l’envahit m’exaspère. Elle n’a décidemment rien compris, et ne comprendra jamais rien.
Est-ce une évolution positive ? Est-ce qu’elle compte jouer en ma compagnie ? Ca serait trop d’honneur, mais malheureusement pour elle est s’en prend à plus fort. Inconsciente. Peut être même qu’elle se fout littéralement de ma gueule, mais ça, ça serait un jeu dangereux. Jouer avec sa vie, c’est pas ce qu’il y a de plus sage. Ou je l’ai peut être gênée, dès le début. Dans ce cas c’est plus que je ne l’espérai alors.
Elle n’a pas répondu à ma question, et ne répondra probablement jamais. Qu’importe puisque je sais ses raisons. Elle esquive ce qui la gêne, ce qui est susceptible de la rendre mal à l’aise et de lui rappeler son statut d’être faible. Tout simplement normal. La fuite, la défense la plus simpliste qu’il existe.
Est-ce que je peux lui en vouloir d’être humaine ? Non, je crois que je ne peux lui en vouloir de rien. Je ne sais pas qui elle est, ce qu’elle a fait. Je ne sais strictement rien. Heureusement pour elle.


« Etrangement, je vais très bien, merci de t’en soucier. »


Obligation de sourire.
Evidemment que je vais très bien, puisqu’elle est là. C’est chez elle que je puise ces envies de destruction, et ça, ça n’a pas de prix. Je tire ma force de ses faiblesses et c’est certainement la seule utilité qu’elle peut avoir ici. Elle devrait s’estimer heureuse que je sois là, avec elle. Que je lui donne l’irréductible droit d’exister. Mais aucune reconnaissance dans cette vie.
Je regarde plus longuement son bandage. Une idée me traverse l’esprit, mais non. Ca serait poussé de lui écraser sa main entre mes doigts. Dieu sait que c’est tentant. Dieu sait tout hein ?


« Et toi, Bella ? Comment vas-tu ? »


J’aimerais qu’elle me dise qu’elle va bien. Oui, sincèrement. Si elle va bien, ça me permettra de détruire ses petites envies de vivre. Je crois que je pousse loin, mais l’idée est là.
S’il te vient l’idée de t’aimer plus que tu ne devrais, sache que je serais là pour toi, Bella. N’est ce pas une belle preuve d’amitié forte ? Bien sur que si.
Grandiose.
Je sais que j’aurais la reconnaissance qu’on me doit, un jour.
Je pense de façon déstructurée, l’émotion. J’ai tellement de chose qui me passe par la tête, que ça devient difficile de sortir l’important du futile.
Reconnaissance. Bella. Mal.
Les trois principaux. Les essentiels.



« Que s’est il passé, pour ta main ? »


L’air faussement intéressé. Construire une base solide, voila ce qu’il faut faire. Le reste viendra tout seul. Ouais. On parle de généralités qui vont se transformer au fur et à mesure. Est-ce que c’était comme ça la dernière fois ? Non, elle a calmé le jeu, lorsqu’elle rendu compte qu’elle ne peut pas rivaliser avec moi-même. Alors à quoi joue t elle ?
Idiote. Je te pensais plus intelligente.
C’est tellement triste, je hais avoir pitié. Elle pourra faire ce qu’elle veut pour tenter d’effacer la première image d’elle qu’elle m’a donné, rien n’y fera, je la verrai toujours de cette façon. Elle sera toujours mon jouet, mon tremplin même.

« Etrangement, je vais très bien, merci de t’en soucier. »

Encore de l’ironie. Elle ne vit que de ça. Ironie, malfaisance, mesquinerie, manipulation et tant d’autre terme. Pas envie de tout citer. Non je sais, j’ai perdue d’avance face à elle, je le sais. Mais je m’accroche, comme une moins que rien. Je me fais pitié, je vous assure. Je m’accroche parce que j’ai l’espérance de croire qu’au fond d’elle, il y a une once de bien. Je sais aussi ce qui amuse Hina…c’est que je sois si facile à cerner. Elle sait que je vais mourir de peur à chaque fois que je la croiserais et c’est justement ça qui l’amuse. Ma peur, mes craintes. Mes souffrances…alors pourquoi avoir si peur Bella ? Hein qu’as-tu a perdre ? Rien, alors cesse d’avoir peur. Hina est comme tout le monde ici. Un mouton entouré de loup. Cette comparaison ne lui plairait pas. Quoi qu’elle trouvera n’importe quoi pour la tournée d’une autre manière, contre moi, pour qu’elle, elle s’en sorte indemne encore une fois.

« Et toi, Bella ? Comment vas-tu ? »

Mal, je vais mal c’est un fait. Mais ce n’est pas ce qu’elle attend comme réponse. Sinon, comment pourrait-elle prendre du plaisir à me détruire, si déjà je me sens mal. Non Hina aime être supérieure, avoir le dessus. Tout cela je l’ai compris la dernière fois que l’on c’est parler. J’ai vus dans ces yeux cette lueur de puissance, elle n’attend que ça m’écraser. Et la je sens une sorte de libération en moi. Elle n’attend que ça…je le sais. Mais justement…ne devrais-je pas faire la fille qui s’en fou ? Si elle n’attend qu’une chose de ma part c’est de m’effondrer, de pleurer…alors je n’en ferais rien. La voilà la solution. Je l’amuse, je le sens, je suis son jouer. Oui, elle a toujours joué avec moi, comme elle le voulait.

« Aussi bizarre que cela puisse paraître, je vais très bien aussi. Merci à toi »

Oui je vais bien Hina, très bien. Je te vois déjà jubiler à l’idée de me démonter, de me détruire. Alors vas-y à toi l’honneur. Par quoi vas-tu commencer ? Je me surprends à être soudainement plus calme, malgré une petite pointe d’appréhension. Je joue peut-être à un jeu dangereux…Mais qu’avais-je à perdre ? Rien…Si Yoruichi et Ethan. Hum, elle ne me fera rien. Si elle me fait quelque chose, qu’elle le fasse… je m’en contre fiche.

« Que s’est il passé, pour ta main ? »

La voilà faussement intéressée, comme c’est mignon. C’est dingue comment Hina peut me changer du tout au tout. Avec elle, la petite fille gentille, laisse place à son opposée. Elle s’en fou, je le sais donc autant ne pas s’étaler.

« C'est gentil de t'en soucier. Mais c'est rien. Juste une petite bagarre avec le mur »

Là je la vois déjà exploser de rire, si ce n’est pas physiquement, se sera à l’intérieure. Drôle nan ? C’est moi ou vraiment mon moral c’est durcit ? Parce que je suis étonnée…Mais je m’en fou de ce qu’elle pense. Serait-ce le choc du décès de Kathleen…en grande partie oui. Hina pouvait bien me démonter comme elle le souhaitait, j’en m’en fou. Et c’est justement ça la clef. Tout en la regardant, je réfléchis. Hina aime ça, faire mal, sadique qu’elle est. Elle aime être supérieur, être le centre d’intention…Elle m’intrigue, me passionne. Je ne peux le nier, je la hais, mais en bien. C’est si compliquée cette aversion l’une pour l’autre et à la fois amusant…Après tout pourquoi serait-elle là seule à s’amuser dans l’histoire ? La suite promet d’être riche.

Bella, tu es vraiment sur la bonne voie…et tout ça grâce à Hina. Mon dieu, je lui dois d’être reconnaissante. C’est encore plus mignon. Comme quoi, je n’étais pas parfaitement gentille…Hina réveille en moi le contraire de ce que je suis.

« Alors, que me racontes-tu pour la dernière fois ? »

Euh…en faite je m’en fiche un peu. Enfin oui et non, parce que je le répète, elle me fascine. Je prends alors mon courage à deux mains….Elle me parle et je tourne la tête. N’écoutant pas un mot de ce qu’elle me dit. Strictement rien...que dale. Je n'ecoute pas un traitre mot. J'entends juste le son de sa voix...Est-ce normal que je sente de la culpabilité? Oui tout à fait. Je suis humaine et en plus de ça, je n'aime pas agir de la sorte. Mais ici c'est differente...je sens qu'il le faut. Je me plonge alors dans une profondre reflexion. Je me demande ce que fais Yoruichi, Ethan, Sybille et Etoile...que fait-elle d'ailleurs? Après ce qu'il c'est passée, est-elle déjà passée à autre chose? Cette idée m'attriste de l'interieure...

Une fois le son de sa voix éteinte, je dis, distraite :

"Hum tu disais?"

Le vrai jeu dangereux commence.

Se battre avec un mur. Drôle d’idée. Remarque, elle a du choisir cet adversaire par soucis de riposte, un mur ça se laisse faire et elle a du s’imaginer que sa pauvre petite dépouille allé ressortir indemne de cette bataille. La preuve d’ailleurs… Ne jamais sous estimer un mur, surtout quand on est aussi bas qu’elle. Amusant, mais je préfère garder tout cela à l’intérieur.
Idiote.
Est-ce que je dois lui faire cette remarque d’ailleurs ? Ca peut être sympathique, et le tout dans un but purement lucratif. Elle est tellement belle d’ignorance que je préfère me taire. Ne pas gâcher ses espoirs, ses rêves, même si tout cela reste particulièrement tentant. Certains silences sont plus douloureux que les paroles, et je suis persuadée que ça, elle le sait.

« Alors, que me racontes-tu pour la dernière fois ? »

De quoi parle t-elle ? De notre première rencontre ? Me dites pas qu’elle attend des excuses… Et là, indépendamment de ma volonté, mes yeux s’ouvrent un peu plus. Elle croit sincèrement que je vais m’excuser. Je souris. J’ai envie de lui rire en pleine face. Hina ne s’excuse pas, c’est bien connu. Ou si, parfois elle le fait, pour rire. Et puis sérieusement, s’excuser auprès d’une petite, dans tout les sens du terme j’ai envie de dire, c’est vraiment pas gratifiant, alors, va te faire foutre ? Oh non, quand même ! Un peu de politesse.

Toujours est il que ça question me laisse perplexe et étrangement rien dans son regard ne laisse apparaitre ce qu’elle souhaite entendre.
Dis moi ce que tu veux entendre je te dirai le contraire. Esprit de contradiction quand tu nous tiens… C’est un plaisir de faire ce que tu nous ordonnes. Et encore, dire le contraire c’est tellement simple. Tout est dans la nuance, oui c’est ça. La nuance, très important. Faudrait que je pense à établir les règles de base d’une conversation, ça aiderait ces pauvres imbéciles à mieux se démerder. Est-ce que si je le faisais réellement j’aurais des remerciements ? Tss Hina, rêver c’est pour les gens qui dorment. Pas pour toi. Ne l’oublie pas.

« Je crois qu’il n’y a rien à raconter. On a juste clairement placé les rôles. »

Sourire.
Sa tête ne me fait plus face, la crainte ? Ou provocation mal placée ? Qu’importe. La vérité doit faire mal à cette pauvre petite créature.
Cependant je crois que c’est la base essentielle à construire : La place des individus. Le fort, le faible, le grand, le petit, l’important, l’inutile. En général ils ne comprennent pas tout de suite à quoi ça correspond, mais heureusement que les forts sont là pour les remettre à leur place. C’est la nature, on ne décide pas, c’est comme ça. C’est la vie. Injuste, j’entends déjà crier. Oui injuste, mais personne n’a jamais dit que la vie serait juste, qu’on se le dise.
Alala, j’ai mal pour elle. Ironie ? Hum… si peu.

"Hum tu disais?"

Je me foutais de ta gueule ma belle.
Elle n’a rien écouté. Mademoiselle se rebelle ? S’en est trop pour moi, je suis totalement désarmée face à ce spectacle si… si… touchant. C’est courant, normal. J’ai encore plus pitié maintenant, bravo Bella.
Elle veut se la jouer « je suis un mur indestructible », qu’elle s’amuse. Niveau indifférence je peux rivaliser, à l’aise. Cette vermine n’est rien ici, c’est d’autant plus facile de l’oublier. Je lui offre la chance d’être quelque chose. Je leur ai tous offert cette chance, et toujours la même réaction : La volonté de dépasser le maitre.
Aucune reconnaissance. Aucune. Un jour ils sauront.
N’y pensons plus. Concentrons-nous sur le présent. Bella. Est-ce que je m’énerve ? Qu’est ce qui m’énerve le plus ? Le fait que ce soit elle, ou le fait que ce soit moi ? Le fait que cette attitude soit trop courante. Le fait que je suis enfermée parmi eux. J’demande pas le ciel, juste que les gens sachent qui je suis, ce que je fais. Bande d’égoïste.
Ils sauront, un jour, ils sauront.
Et elle, sa tête de nouveau tournée en ma direction. Encrée dans son irréductible fierté. Je te prends pour une merde, que tu le veuilles ou non, alors calme tes ardeurs ma petite. C’est pour ton bien que je te le dis. Enfin non, je ne le dis même pas. J’aimerais être aux premières loges de sa chute, surtout si elle en est la propre responsable. Ca, c’est bon. Oui. La voir rongée par la culpabilité. Oui.

Si elle croit que je vais me répéter en plus. C’est le comble là. Ha non mais merde quoi.
Rigole, pleure, mais fait quelque chose là. J’incline la tête, sourire bienveillant en place. Je force un peu, histoire d’accentuer les traits. C’est toujours mieux quand c’est poussé à l’extrême. Toujours.
Que dire ? Evidemment j’ai plein d’idées qui me traversent l’esprit, mais seule une aura l’effet souhaité.

« Oh, Rien que tu ne sais pas déjà. »

Vu qu’elle n’a rien écouté, elle ne peut pas sentir toute les belles choses que cette phrase signifie. Tu sais que tu n’es rien, que tu ne vaux rien.
Je baisse la tête, souris discrètement. Je suis la seule à comprendre, question d’habitude. J’aime ce genre de solitude, celle qui te réconforte dans l’idée que tu es mieux. N’est ce pas formidable, d’être mieux ? Etrange satisfaction personnelle. Merci, je viens de me rendre compte que ce n’était pas nécessaire de s’énerver pour si peu, non, pas du tout. Certains mots permettent de tout relâcher, même si personne ne peut comprendre. Rien ne peut me déstabiliser. Rien.
Un jour ils sauront, et ce jour c’est bientôt.

Je relève la tête. Quelque chose à ajouter ? Non. Rien. Je préfère rester là, à m’imaginer sa réaction. Non pas celle qu’elle montrera, celle qu’elle cachera. Son questionnement vis-à-vis de ce qu’elle n’a pas écouté. Je suis sûre qu’elle y pensera. Qu’elle regrettera de ne pas avoir prêté attention à mes paroles. Dis moi Hina, tu me sembles bien rancunière… Drôle. Est-ce que son insolence m’a blessée ?... Fou rire intérieur. Manquerait plus que ça, non mais franchement. C’est pas elle qui en serait capable. Non, pas elle. Ni eux, ni personne.

J’ai toujours gaspillé ma salive pour rien. Les gens écoutent, dans le vent. Elle croit m’apprendre quelque chose, alors je ne dirais rien non. Cette femelle a bien changé depuis la dernière fois. Pourquoi ? L’adaptation, sans doute. Peut être croit elle qu’à mes yeux elle changera aussi, et ça c’est tellement… risible. Les gens changent, certes, mais ils ne quittent jamais leur base. Elle restera toujours faible, c’est dommage. Sincèrement. Ou pas.
Le plus beau, c’est qu’elle s’excuse. Ce désolée. Pourquoi je l’aime ce mot ? Sentir la culpabilité des autres. Des excuses. Chose des faibles. Est-ce une excuse sincère ? J’en doute. Mais je m’en fous.
Je ferme doucement les yeux. Rien que sa présence me régénère totalement. Est-ce qu’elle m’apaise ? Oui. Ce qui est amusant puisque je ne peux m’empêcher de la mépriser de tout mon être.
Toute l’histoire de ma vie.

« Tu es tellement prévisible Hina… »

Vraiment ? Petite conne.
Mes yeux s’ouvrent, directement enfoncés dans les siens. Prévisible dit elle. Elle ne doit pas connaitre le sens de ce mot, ni dans quelle circonstance l’employer. Pauvre de toi Bella. Jeune effrontée.
Elle ne me connait pas aussi bien qu’elle semble le croire, Hina n’est pas prévisible. J’ai encore plein de réserve, peut être veut elle une démonstration ? Là tout de suite, non, je le ferai quand elle ne s’y attendra pas. Ca sera nettement plus drôle. Pour moi.
Prévisible.
Prévisible.
M’énerver, c’est ça qu’elle veut. Ca ne marchera pas. J’étire mes lèvres. Ca m’amuse de la voir endossé le rôle d’un bourreau, quelques instants. Bourreau ? Mais qu’est ce que je raconte, le mot est bien trop puissant. Elle prend de l’assurance minute après minute, ce qui me semble logique, puisqu’elle ne pouvait pas descendre plus bas qu’elle ne l’était déjà. A-t-elle toujours été comme ça ? Aucune idée. Et puis au final qu’est ce que ça m’apporterait de le savoir ? Tout ce que je vois c’est qu’elle essaye de monter en puissance. Qui sait, un jour elle deviendra quelque chose.
Et non pas quelqu’un.
Elle s’approche. Elle avance vers moi. Inconscience délibérée. Elle n’a pas du prendre conscience de ce que je suis capable de lui faire, là, ici. Elle ne sait pas. Nous en revoilà à cette putain de reconnaissance.
Nan.
Ca suffit avec ça. Calme-toi, et regarde là s’approcher. Elle n’a plus peur, ou alors elle le cache très bien. Si elle n’a plus peur, c’est définitivement fini. Les gens changent hein…
Ses cheveux ondulent légèrement lorsqu’elle bouge. Ses yeux semblent intéressés par ma présence. Ses lèvres sont légèrement humides. J’aimerais passer ma main dans ses cheveux, juste pour voir. Puis les tirer violement pour aplatir son crâne contre une table ou quelque chose comme ça. Avec la douleur elle mordra surement ses petites lèvres rosées. Peut être jusqu’au sang. Et le meilleur sera ses yeux, qui demanderont pardon. Des excuses. Et soudain la puissance. Quoi de mieux n’est ce pas ?

"Tu comptes choisir un livre?"

Question inutile. Femme inutile. Je ne sais même plus pourquoi je suis venue ici. Peut être pour choisir un livre alors.
J’observe les rayons et la multitude de livre qui les peuple. C’est tellement beau. J’ai toujours adoré les livres, je sais, je ne dois pas avoir la gueule à lire. C’était peut être ça son sous entendu.
Je la regarde à nouveau. Un regard insistant, dérangeant. Et le silence. Elle n’est pas loin de moi, tellement proche que je peux l’écouter respirer. J’exagère ? Possible, j’ai tendance à me laisser emporter par mes désirs. Toujours est il que je la sens presque. Mes yeux se ferment et j’imagine. Elle m’aime et elle le montre. C’est beau. Je l’imagine me le dire. Me rendre totalement esclave de ce sentiment. Et là je la tuerai, suite logique.
Mais il n’en est rien. Elle est là immobile, attendant un vulgaire oui ou non. Pathétique.
Mes yeux s’ouvrent. Je la déteste.

« Peut être. »

C’est pas ma préoccupation actuelle. Elle doit remarquer que quelque chose me fait envie, m’intrigue. Tant pis. Peut être qu’avec ça, sa peur reviendra. Ou bien alors elle prendra encore un peu plus d’assurance et trouvera une alternative qui m’énervera peut être. Quoiqu’elle fasse elle restera délicieuse.
Morte ou vive.
Un jour elle prendra plaisir à narguer, à se moquer, à provoquer. C’est à ce moment qu’il faudra l’éliminer. J’espère qu’à ce moment j’aurais toujours cette faculté à sentir la vie s’échapper d’un corps. Ca fait tellement de temps que…

« Il me faudrait un livre… spécial. Le genre de livre qui permet de s’arracher un peu de ses pensées. »

Aucune sympathie dans la voix, juste une sorte perversion qui plane, comme toujours. Est-ce qu’un jour je m’en débarrasserai ? J’espère que non, c’est quand même ma marque de fabrique. Hin Hin.

« Tu vois ce que je veux dire ?… »

Elle ne comprendra pas, c’est sûr. Certains. Mais je me dois de mieux agir avec elle. Pour la suite. Le plus dur est de prendre sur soi, essayer de se forcer à être ce que nous ne sommes pas. Mais avec le temps ça viendra. Je vois déjà la scène d’ici, elle va se sentir forte, meilleure et tout ça. Puis pouf… Plus rien. Destruction finale de tous ses rêves, de toutes ses espérances.
Je pense avoir le droit de me sentir enfin bien. Une nouvelle fois.

« Est-ce que ça t’arrive, Bella, de te plonger dans un livre au point d’avoir la sensation d’être toi-même l’héroïne du roman ? »

Je souris tranquillement et me déplace. Je tourne autour d’elle et me place derrière, respirant calmement le parfum de sa chevelure. Son odeur me suit. Charmant.
Notre histoire à toute les deux. Voila ce qui ferait un magnifique roman, dont elle serait la principale héroïne. Je n’aurais d’ailleurs aucun intérêt à le lire, puisque j’en connais déjà la fin. Serait ce une nouvelle preuve de ma supériorité ?
Je m’éloigne un peu d’elle, faisant mine de chercher un livre. Prévisible avait elle dit ? Elle ne sera pas déçue, pas du tout.
La prochaine fois, tu réfléchiras avant de parler, ma belle.

Je le savais.
Si elle n’avait plus peur de ma propre personne elle ne se serait pas retournée. Elle se méfie de ce que je peux lui faire, et elle a raison. Qui verrait mes gestes, alors que nous ne sommes que toute les deux dans ce rayon ? Personne. Certains entendront ses cris ( puisque évidement je ne pourrais pas l’empêcher d’hurler, cela me procure un plaisir tellement… intense.) mais leur lâcheté les pousserait à ne rien dire, ne rien faire. Tellement humain.
Mais lui faire du mal maintenant serait arrêter la partie, alors que nous venons à peine de la commencer. Et tout cela serait tellement dommage. On s’amuse tellement ensemble, et je ne pense pas exagérer en disant ça, sinon, pourquoi resterait-elle avec moi ?

« Oui, ça m’arrive assez souvent. C’est assez plaisant faut l’avouer. D'avoir l'impression de pouvoir tout accomplir, ce que l'on souhaite, cette puissance...Agir tel que l'on veut, sans aucune hésitation. C'est intéressant je trouve. J’en conclue que toi aussi ça t'arrive? »

Elle conclue bien. J’acquiesce d’un signe de tête.
Cependant je doute que nous nous identifions aux même héros. Je l’imagine plutôt rêver d’un prince charmant qui l’enlève et la libère de ses chaines. Histoire d’amour à l’eau de rose, parfait pour s’endormir ou vomir, au choix. Sauver le monde et ses habitants doit être une de ses priorités, aimer son prochain même si c’est un sacré connard, et tout ce que l’on tente de nous inculquer dès notre plus jeune âge. Pourtant je suis persuadée qu’elle pourrait accomplir de grandes choses. Ou pas.
Quand arrêtera t elle de rêver ? Elle ne se rend compte de rien, elle ne voit pas ce qui l’entoure.
Vie misérable.
Je ne peux plus rien faire pour elle, j’ai déjà son destin dans mes mains. Proie facile, agréable de surcroit, il me la faut. J’ai tellement de projet à son sujet que cela en devient… Jouissif, voila le mot juste.
Nous ne sommes pas si différentes, comme tu le dis la lecture nous rapproche.
Sourire.
Oui elle nous lie, la mignonne. Je serais bien curieuse de savoir ce qu’elle aime lire. C’est toujours révélateur, un livre. Voir ses gouts, ses passions… La connaitre mieux. La connaitre parfaitement pour savoir viser là où ça fait mal. Tellement simple de détruire ce que l’on connait à la perfection. Mais pour cela il faudra du temps, beaucoup de temps. L’apprentissage de l’autre, la confiance, le respect mutuel… et tout ça. Bientôt elle ne pourra plus se passer de moi. La séduction, qu’elle soit amicale ou non, est un jeu très amusant. Et j’ai trouvé ma partenaire. Le plus beau sera la chute, car jusqu’ici tout va bien pour elle.
Nous avons toute la vie devant nous.

« Qu’est-ce que ça te fais de te dire que quoi que tu fasses…tu es comme eux tous ? Une prisonnière sans avenir, réduit à rien, comme une moins que rien… »

Je ne réponds rien. J’observe, je note ses moindres mots, les moindres sous entendus. Elle utilise le mot eux . Est-ce qu’elle se sent totalement différente d’eux ? Alors qu’elle n’est qu’une représentation idéale de ceux qu’elle nomme de la sorte. Serait-elle encore plus stupide que je ne le pensais ?
Pitoyable.
Elle croit sincèrement que les gens à l’extérieur ont un avenir, elle croit vraiment que je ne suis rien. Je ne suis rien ? Je suis tout ce dont ils ont peur, tout ce qu’ils craignent. Ne serait ce pas ça, être quelque chose ? Personne ne reconnait ce que je suis, et elle le sait on dirait. Elle joue avec ça, pour me pousser à bout. Frôler les limites, pour se sentir plus fort.
Elle vient délibérément de me traiter de moins comme rien, et par la même occasion s’insulter elle-même. Je suis comme une moins que rien. Je connais mille et une façons de lui prouver le contraire, lui montrer son irréductible erreur.
Patience Hina, tout viendra en temps voulu. Et là, il sera trop tard pour cette peste de faire marche arrière. Juste le temps des excuses, des pleurs, des regrets et autres sentiments particulièrement excitants.
Elle sourit, fière de sa connerie, certainement. Bientôt ce sourire sera mien. Tout comme ce regard.

« Tu as fait des connaissances particulières ici ? »

Des connaissances… particulières en plus. Est-ce le but d’une prison ? Faire des connaissances ? Je souris, tranquillement. Des rencontres j’en ai fait, mais aucune ne possède l’avenir de la notre. La chose qui m’attriste le plus c’est qu’elle se comporte avec moi comme on se comporte avec une personne totalement dénuée d’intérêt. Elle accumule erreur sur erreur, plus elle en fera, plus la suite sera difficile pour elle. Elle s’imagine sans doute qu’en évitant des sujets qui fâchent notre relation deviendra plus tranquille, pourtant l’atmosphère qui règne appuie l’idée que rien n’est semblable à ses précédentes et prochaines rencontres. J’ai tellement d’importance à ses yeux, ça se sent.
C’est peut être elle qui m’apportera ce dont j’ai besoin, mais plus tard.
Je ne veux pas rentrer dans ces banalités. Elle a tellement plus à m’apporter, à nous apporter. Sous cette couche de futilité, je suis sûre qu’il y a quelque chose à prendre, quelque chose qui nous fera avancer d’une case. Les dés sont dans tes mains Bella, fait attention.

« Les rencontres… »

Je marque une pause. Le suspens.

« Elles apportent beaucoup de choses. Vraiment. »

L’ironie, la meilleure arme qui soit. Dans le fond elles apportent des choses, mais pas celle qu’on peut croire. Je me comprends.
Je m’approche d’elle, doucement. Je ne suis plus qu’à un pas d’elle, que je fais, un sourire aux lèvres. Nos bouches ne sont qu’à quelques centimètres d’écart. Son souffle est lent. Pas de peur pour le moment. Je ne l’avais jamais vu d’aussi près, ce qui est malheureux, puisque le spectacle est particulièrement charmant. Est-ce parce que c’est Bella ? Je suppose, j’ai jamais été aussi près d’une personne que je déteste tout en gardant un certain amour. Amour, grand mot, c’est juste mon jouet préféré.
Je décale mon visage vers sa belle chevelure qui caresse le coté gauche de son visage, laissant mon nez s’aventurer parmi ses cheveux. En même temps je pose l’une de mes mains sur le coté opposé de son cou, puis je me rapproche lentement de son oreille et dans un murmure je lui dis

« Mais la notre reste la meilleure. »

Je descends doucement ma main jusqu’au niveau de son nombril, caressant formes et os, sans pour autant la tripoter de façon perverse. Puis je retire mon visage de ses cheveux, profitant des derniers instants où je peux sentir son si doux parfum, le tout dans une douceur que jamais je n'aurais pensé avoir. Je retire ma main et me décale d’elle afin de m’adosser contre le rayon, me remémorant la douceur de sa chevelure et l’odeur délicate qui s’en échappait.
Maintenant j’ai son parfum en tête, elle ne pourra plus jamais m’échapper. Je le reconnaitrais entre cent. Je la regarde, sourire aux lèvres. Prévisible avait elle dit ? Je ne pense pas qu’elle aurait pu se douter que je la touche sans lui faire mal, lors de notre première rencontre. Qu’on lui pardonne, elle n’est rien.

En faite, avec Hina je ne sais jamais comment me comporter. Rester naturelle ? Jouer le jeu de la méchante ? Jouer la peureuse, la muette et faire profil bas ? Non, je ne peux jouer un jeu. Je reste Bella, la même. Je me comporte avec Hina comme je le fais avec tout le monde…ahem. Bon d’accord, je suis déjà un peu plus froide. Mais c’est elle qui produit cet effet sur moi. Je n’y peux rien. Je lui ais dit tout à l’heure qu’elle était prévisible. Mais a-t-elle comprit que je parlais de sa façon de penser. On sait de suite ce qui l’énerve, ce qui l’agace. Je sais ce qui pourrait la mettre hors d’elle ou au contraire la rendre ivre de joie. Mais on ne sait jamais ce qui peut se tramer dans l’esprit de quelqu’un…la personne la plus prévisible peut surprendre à tout moment. Laisse faire Bella.

« Les rencontres… - elle marque une pause- Elles apportent beaucoup de choses. Vraiment. »

Cette ironie encore et toujours, qui teinte sa voix. Oui après tout, Hina ne croit en rien c’est ça ? Alors pourquoi croirait-elle au rencontre. Mon dieu non, cela serait beaucoup trop enfantin pour elle. Le bonheur, elle en a peur. Elle hait le bonheur, c’est tellement effrayant de voir tout ces gens rires et sourires. C’est tellement effrayant de voir qu’elle, elle en est incapable, d’être heureuse. Puis, les événements se renversent…

Elle s’approche de moi, doucement. Cette lenteur qui vous stress et qui vous met sur les nerfs. Elle prend tout son temps et se retrouve à quelque centimètre de moi. Nos lèvres pourraient presque s’effleurer tellement nous sommes proches physiquement. Je ne perds rien de mon contrôle, ma respiration est calme mais je ne peux m’empêcher d’avoir une pointe d’anxiété. Elle est si près de moi que je peux distinguer la profondeur de ces yeux. Haine et Amour mélangée. Un Amour pas normal…cette perversité. Je n’aime pas…qu’elle m’approche comme ça. Mais la repousser serait attisé le feu. Laisse-la faire…joue le jeu.

Ma haine envers elle s’accentue lorsqu’Hina, aventure son visage dans mes cheveux, inhalant leur odeur, posant sa main sur mon cou. Je me fige, me tends. Mes muscles se crispent. Son contact ressasse ma haine, ma colère, mon mépris envers elle. J’ai envie de lui hurler dessus, de la frapper, de lui dire de ne pas me toucher…mais je me tais. Je ne dois pas agir comme elle le voudrait…non. Je la sens se rapprocher de mon oreille, je ferme les yeux pour me concentrer sur ces faits et gestes.

« Mais la notre reste la meilleure. »

Sa main descend sur mon corps jusqu’au niveau de mon nombril. Je ne bouge pas, laissant sa dernière phrase retentir dans ma tête. « La notre reste la meilleure »…Effet voulu, elle l’a obtenue. Elle me surprend…j’aurais crus qu’elle m’aurait égorgé, baffer, tirer les cheveux…Mais non. Elle est restée affreusement douce. J’aurais préférer qu’elle agisse. Bordel, elle me perd complètement, elle m’énerve. Les yeux toujours fermés, je sens qu’elle m’a déstabilisé, j’essaie de me reprendre. De m’enlever ce toucher de ma tête et de ma peau. J’ai l’impression d’être contrôler, de vivre entre ses griffes, qu’elle me possède comme un trophée…cette idée me fit frissonner légèrement. Je ne serais pas ton jouet Hina, tu ne feras pas ce que tu veux de moi. Je me le promets.

Après quelque secondes de reconditionnement mentale, je pris la parole. Je me sens moins sur de moi d’un coup, le fait qu’elle est osée s’approcher de moi de la sorte, de me toucher, m’effleurer, me répugne.

« Et en quoi tu la trouve meilleure cette rencontre ? »

Oui en quoi bordel ! Surtout : Pourquoi moi !!??

Il y a des tas de personnes comme moi dans cette prison, alors pourquoi me choisir moi. Qu’est-ce que j’ai de plus bordel. Je sens l’énervement me gagner…non, il ne faut pas. Cela lui ferait trop plaisir hein ? Petite fille Hina. Pourquoi devrais-je avoir peur de toi ? Tu n’es que Hina. Rien de plus…

Avec elle, c’est épidermique. Je ne peux pas, l’apprécier. C’est au dessus de mes forces. Même avec les plus grands efforts je ne pourrais pas…

« Dans un sens, c’est une rencontre comme une autre »

Je me retourne et me dirige vers un autre rayon, l’ignorant totalement. C’est bien ça, je m’en fou. J’ai autre chose à me préoccuper que de sa petite personne. Elle me suivra ? Aucune idée…si elle le fait…Je souris doucement.

En quoi est-elle meilleure ? La vraie question serait : En quoi ne serait-elle pas meilleure ?
Je lui souris. Elle ne sait pas pourquoi je l’ai choisie, pourquoi elle. Dans le fond existe t il une réponse ? Elle devrait s’estimer heureuse d’avoir été remarquée alors qu’au début elle n’était qu’une petite fille pleurant sur son triste sort. C’était tellement touchant de la voir effondrée. Tellement. Cette tristesse qui planait jusqu’à moi alors que j’étais encore debout, éloignée d’elle. C’est ça. L’odeur du désespoir m’a envoutée et conduit jusqu’à elle. Peut être qu’au début je n’avais pas remarqué que c’était ça qui m’avait conduit jusqu’à elle, cette première fois. Mais maintenant je le sais. Tout s’explique. J’en déduis logiquement que si j’agis comme ça avec elle, c’est juste pour retrouver ce goût. Oui. Voila. Je veux juste qu’elle ait mal, et que je le sente. Et si en plus je peux être la responsable de sa douleur, parfait. Pourquoi tout ça ? Aucune idée. J’aime bien, et c’est bien le dernier plaisir que je peux m’offrir ici, enfermée.

« Dans un sens, c’est une rencontre comme une autre »

Dans un sens. Dans ton sens. Je n’ai pas la même vision d’elle, qu’elle a de moi. Encore heureux. Rencontre comme une autre… Idiote. Mais idiote. Cite moi une autre personne qui te fait frémir dès qu’elle arrive, dès qu’elle s’approche de toi… Rien qu’une autre qui pourrait me prouver que c’est une rencontre comme une autre, comme tu dis. Tu n’en trouveras jamais aucune, comme moi. Jamais, c’est une évidence. Pourquoi te mens-tu à toi-même ? Tu le sais, Bella, au fond de toi, je ne suis pas comme les autres. Je n’ai pas le même effet sur toi. Je te contrôle, moi.
Elle s’éloigne. Comme si elle ne voulait qu’agir en fonction de ses paroles. Alors qu’elle se ment à elle-même. Non elle ne voulait pas partir. Elle ne veut pas me quitter. Elle veut rester ici, près de moi, mais ses mensonges la pousse à partir. Je la regarde s’en aller vers l’autre rayon. Pourquoi ? Je n’ai rien dit, rien fait. Juste jouer un peu avec elle. Le plus dérangeant c’est qu’elle ne part pas effrayée, gênée, ou je ne sais quoi, elle part m’ignorant totalement. Le problème, c’est que ça ne peut pas se passer comme ça. Réagir, vite. La suivre ? Rester là ?
La suivre, ça serait perdre en crédibilité, rester là, ça serait insupportable. Je la hais.
J’approche en sa direction, avec comme première intention de la pousser contre ce putain de rayon et de l’étrangler, juste pour lui montrer que je suis quelque peu… en colère, non ? Mais à ma grande surprise mes plans ne se passent pas comme prévus, dingue. Juste au moment où je veux la balancer, je me retrouve face à son visage bienveillant, apaisé, couleur bonheur et senteur joie. Ca lui va si mal… Ce n’est plus la Bella que j’ai connu.
Je la regarde, en silence. Dégoutant. Vomitif. Toutes les belles choses que j’ai pu penser sur elle, s’envolent. Une horreur de la nature, une erreur. Elle ne veut plus jouer, c’est ça ? Dans ce cas je ne la ferai pas patienter plus longtemps. On commencera par les yeux, pour ce regard insolent, puis la langue, pour ses paroles déplacées. Elle n’aura ce qu’elle mérite. Elle ne veut plus avoir mal ? Pas un problème, je m’occuperai de ça. Bella, Bella… Tu es tellement décevante. J’avais mis pas mal d’espoir en nous. Malheureusement la fin ne se passe jamais comme prévue. Pauvre elle, pauvre nous.

« J’avais pourtant espéré. Est-ce dans ta nature de toujours tout gâcher ? »

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça, comme ça. Je ne sais pas pourquoi je son attitude m’exaspère au point d’avoir le sentiment de devoir passer mes nerfs sur quelque chose. Et ce quelque chose, c’est elle. J’ai envie de lui gueuler dessus, de la frapper, enfin, classique. C’est même pas de la colère. Du désespoir. Nan, je ne suis pas malheureuse. Je vais bien, mieux que tous ici. Je suis mieux. Faut juste que quelqu’un le reconnaisse une seule fois dans sa triste existence. J’avais cru que ce serait elle, mais je vois que non. Alors que faire ? La considérer comme tout les autres ici, ou lui donner une seconde chance ? C’est pas dans mes habitudes. Jamais.

« Tu n’as jamais été plus qu’une fille totalement perdue. Plus qu’une moins que rien, on peut dire. J’ai eu tort, pour une fois. Pauvre toi. »

Je baisse la tête. J’aimerai qu’elle pense que sa condition me touche. Ce qui est totalement faux. Elle provoque chez moi une immense pitié, les gens comme elle, ça ne devraient pas vivre. Non, vraiment pas. Allé Bella, sort moi ta science, prouve moi que j’ai tort. Comme tu dois si bien le faire. Mais ça ne changera rien, j’ai trop cernée ta pauvre petite personne. Tu veux jouer les filles fortes, mais tu le joues très mal.
J’observe le rayon et saisis un livre à la couverture totalement noire. Aucun nom, aucune indication, rien. Parfait. Je m’éloigne et pars m’asseoir à une table un peu plus loin. Avait-elle parlé durant mon monologue intérieur ? Aucune idée, et je m’en fous royalement. Si c’est encore pour essayer de balancer ses petits piques inutiles, alors non, ça ne vaut pas le coup de l’écouter. Elle veut m’ignorer ? Qu’elle le fasse, mais ça sera réciproque. Et à la fin je te tuerai. Quelle magnifique fin. Ca t’apprendra à essayer de me rendre faible. Hina est intouchable, sache-le. Mais pas d’inquiétude, un jour, vous saurez tous. C’est sûr.

Elle me suit. Serait ce simplement pour justifier son comportement, ou bien juste parce qu’elle ne peut pas se passer de moi ? Personne ne le sait, même pas elle. Tout ça, toutes ces choses, c’est vraiment elle. Je n’ai plus envie d’elle, plus envie de la voir souffrir, juste envie qu’elle crève ou qu’elle disparaisse de mon champ de vision.
S’il te plait, pars.
Va t- en très loin de moi.
Elle s’approche, de très près. Elle fait exactement le contraire de ce qu’elle devrait. Elle me touche.
Je relève la tête, dans le vide. Personne ne me touche, comme ça. Surtout pas elle. C’est là que je dois me calmer, c’est là que je ne dois rien dire, rien faire, ça serait trop dangereux pour elle. C’est là que pour la première fois je subis. Subir, c’est bien l’histoire de sa vie. J’ai toujours tout contrôlé, tout, et voila que cette petite apparaît et que je la laisse jouer avec moi. Sans rien dire. Pourquoi ? Pourquoi je ne la frappe pas, pourquoi je ne la repousse pas ? Pourquoi je ne dis rien…
Ouais.
Elle s’installe. Je ne la regarde pas, mon regard se perd dans le vide. C’est tellement beau l’absence d’existence. Je l’entends parler, son murmure se répète une nouvelle dans mon crâne. Le plus difficile à admettre, c’est que je n’en ai aucune idée, et qu’elle a raison. Elle a raison.

« Ta chute sera rude Hina. Quand tu prendras conscience que tu n’es rien toi aussi. Tu ne vaux pas mieux que quiconque ici. Oui je suis une pauvre fille perdue, une moins que rien. Tu aimes m’entendre dire ça hein ? C’est si doux à tes oreilles, à ta vue, à ton toucher, le désespoir, la tristesse et la peur. C’est magnifique n’est-ce pas ? »


Je souris. Ce qu’elle dit est splendide, oui. C’est beau. Elle n’a pas encore conscience de ce que c’est d’entendre, de voir, de sentir cette peur que l’on offre. D’entendre gémir ceux qu’on aime, par simple vengeance, ou par plaisir. On ne vient pas du même monde, nous sommes fondamentalement différentes. Et c’est cela qui est splendide. Les contraires, les extrêmes, plus de milieu. Plus d’équilibre.
Bref.


« Mais…qui a tout gâcher ici ? Ce n’est pas moi. C’est toi et ton propre désespoir de vouloir être mieux que tout le monde, être au dessus de nous tous, à la même place qu’un roi ou que d’un dieu quelconque. Tu veux que l’on te vénère, que l’on se soumette à toi…mais regarde toi Hina. Est-ce vraiment la place que tu occupe ici ? Tu n’es rien, inexistante aux yeux de tout le monde, comme moi, comme lui, comme elle, comme tout le monde. »

Jamais je n’ai demandé à quelqu’un de se soumettre à moi. Jamais. Elle se trompe royalement. Elle ne me connait pas, ou très mal. Et j’ai mal pour elle.
Je pose mon livre sur la table, et mes deux mains sur celui ci.
Je ne suis pas rien. J’existe. Pourquoi dit-elle ça ? Saleté. Bella Hope, ce nom restera à jamais dans ma tête. Celle qui voulait me déstabiliser avec ses propos non fondés. Celle qui n’a rien compris, celle qui ne sert à rien. Tout cela pour une seule et même personne. L’imbécilité et l’inutilité incarnée. Crève.
Ouais. C’est tout ce qu’il y a à dire. Un simple ouais. Aussi simple qu’elle. Que puis je faire, ou dire, pour lui prouver quelque chose ? Hina n’a rien à prouver à personne, alors que ce passe t-il ? Pourquoi elle ? Pourquoi moi ? Toujours cette question, que tout le monde se pose. Pourquoi moi ? Il n’y a pas toujours de raison, en fait, jamais. Alors à quoi ça sert d’y penser, à quoi ça sert de me rabaisser à ce niveau. C’est pas comme ça que j’arriverai à montrer que je suis différente. Je ne suis pas la même. Tout le monde sait que ça me passe au dessus, toutes ces conneries. Tout le monde, ou personne. Au final ça revient au même. Ne pas les laisser faire, ce n’est qu’un test. Un test ouais. Je suis la plus forte, c’est tout. On arrête là.
Je souris. Qui aurait cru qu’un jour je vive ça. Qui aurait cru que je finirai à pourrir ici, et tout ça quoi. M’enfin, on est bien ici, dans le fond. Très bien.
J’observe autour de nous, toujours en silence. Je ne ressens pas le besoin de partir dans un discours sans fin. Laissons passer, elle n’est rien. Qu’elle disparaisse vite, très vite.

« Qu’importe, de toute façon c’est fini.»

J’aime parler de manière incompréhensible. Moi je me comprends, mais elle, elle ne comprendra pas. Ils ne comprennent jamais rien, je le sais. Je bouge la tête, signe de négation, ou de mépris. Les deux reviennent au même. Peut être que j’ai fini par comprendre que j’ai évité le pire.
Je jette le livre en sa direction, la vie se répète. Je me lève, range ma chaise.

« T’iras le ramasser pour moi. »

Je m’avance vers la porte et sors. Bella Hope, quelle rigolade. Crève.






[ Ouais je sais ce que tu vas penser, en fait non je sais pas, mais voila c'est la fin xD]