Entre loup et agneau [ Pv Hina]

Je les vois tous autour de moi, mangeant et parlant. Je n’ai pas faim aujourd’hui. Je me suis levée avec le cafard, il pleut (pour changé), je me sens seule….et elle n’est toujours pas venue me voir. Est-ce qu’elle pensait au moins un peu à moi…l’avais-je fais tellement culpabilisée qu’elle refusait de me rendre, ne serai-ce qu’une seule visite ? C’est moi qui culpabilise maintenant... même mes parents adoptif ne sont pas venus me voir…rien.
Je suis à une table tout au fond de la salle, comme d’habitude. Avant d’entrée ici, j’aimais être entourée…Mais là, l’envie c’est vite dissipée.

Je les observe…pour la première fois je les observe vraiment. Ils ont l’air d’animaux pour la plus part. D’autre sont enfermés dans un mutisme songeur…je me demande à quoi ils pensent, pourquoi ils sont ici. Est-ce qu’il y a des innocents comme moi ? Je repense à Ethan…il me manque. Un gardien me manque…ça doit pas être très courant ici.

Je me prends la tête entre les mains…je me sens perdue, complètement perdue. Je vais devenir folle ici, impossible que j’y passe ma vie. J’ai l’impression qu’il faut que je recommence ma vie de zéro, et ça c’est légèrement effrayant. Je pouvais compter à mon actif, deux personnes (les deux seules d’ailleurs) avec qui j’ai établis contact et par grand bonheur, avec qui je m’entendais bien.
On entend la pluie s’écraser contre les fenêtres…petites gouttes d’eau éphémères. D’un côté j’ai de la chance, j’ai l’impression d’être totalement invisible, et que je ne suis pas repérable pour ces vautours. Tant mieux…
Toujours cette peur constante en moi. Sa m’obsède, non sa me hante. Cette peur qui est en moi comme des chaines qui m’empêche de vivre…en même temps comment on pouvait « vivre » ici. De savoir qu’il faut que je m’adapte dans cette endroit, m’angoisse.

Les prisonniers libèrent le réfectoire petit à petit. Il se vide, les animaux vont aller se balader un peu….Mais depuis quand je pense comme ça moi ? Je pète un câble….NON ! Bella tu dois rester forte, respire un bon coup et recentre toi. Tu dois te remettre debout mentalement.
Je sens les larmes montées…encore des larmes. C’est ma faiblesse avec la fragilité. Les larmes et la fragilité : vous obtenez Bella.

Je relève la tête, la salle c’est à moitié vidée…La porte s’ouvre et une autre personne entre. Je la regarde sans grand intérêt. Jusqu’à ce qu’elle s’approche petit à petit…une fille, un garçon ? les formes d’une fille, mais le visage d’un garçon…Surprenant.

Haaa le réfectoire, que de souvenir. Bon un seul en fait, mais quel souvenir. Si j’étais dehors, c’est sur qu’il ne serait pas aussi mémorable, mais là j’ai besoin de noter les actions qui se déroulent dans ma petite part de néant.
Ca tombe bien, puisque j’ai vraiment faim, quand l’appétit va tout va, parait il. J’en doute, j’ai plein d’exemples pour contredire tout ça. Oui j’aime contredire, même mes pensées, marrant nan ? Nan pas marrant.
J’avance vers la salle et voila que l’odeur nauséabonde de leur pseudo bouffe s’infiltre dans mes gracieuses narines, mais bon ça fera l’affaire. Manquerait plus que je me plaigne ! Non mais oh… Ca se trouve, c’est délicieux ce qu’on mange. Remarque je devrais le savoir, c’est tout les jours la même chose… M’enfin…

« A table… »

Je parle seule, en effet. Et ? Ça gène personne puisque je suis seule.
Je mangerais la prison entière là… Quoique nan, pas envie de me nourrir de tout ces rats. C’est amusant de les voir s’enfuir à mon arrivée, ça fait genre ma puissance est totalement comprise par tous, du coup respect à gogo quoi… Mais nan, ils ont juste fini de bouffer, les cons. Hina commence à se faire à l’idée qu’elle n’est rien, ici… Si c’est pas malheureux. Et vas y que je te bouscule quand je sors… Connard.
La salle est à moitié vide, ou à moitié pleine d’ailleurs. Je préfère à moitié vide, parce que c’est plus facile de voir le vide que le plein, nan ? Nan… arrête de penser Hina, t’es à la limite pitoyable.

Je vais me détendre un peu. Premièrement m’installer à coté d’une proie facile, deuxièmement manger son assiette, et enfin pour conclure essayer de lui faire peur. Oh oui quel programme. J’ai été assez gentille pour aujourd’hui, puisque je n’ai vu personne, hein ?

Je m’enfonce dans le réfectoire et m’arrête. Observation.
Elle.
Pauvre petite bête, les mains qui tiennent sa tête. Ha, la voila qui m’observe, je vais prendre ça pour une provocation de mauvais gout, alors que même de loin ses yeux crient à l’aide.
Je m’avance vers elle, tranquillement. Peut être que je devrais me mettre à courir, lui sauter dessus et me délecter de ses entrailles. J’imagine bien la scène ouais… Nan, je suis pas atteinte à ce point, et le cannibalisme, c’est pas encore mon truc. Ca viendra peut être, qui sait.
Comment vais-je l’aborder ? Aucune idée, je vais improviser. De toute façon, vu sa tête elle est bord du suicide, et en tant que bonne samaritaine, je peux l’aider.
Sourire.
Je suis tellement drôle que je n’ai besoin de personne pour me divertir. Mais j’efface tout de suite ce rictus, je veux pas qu’elle voit la moindre intention transparaitre sur visage, ça va tout gâcher mon petit jeu, et là ça risquerait vraiment de m’énerver. D’ailleurs ça fait longtemps que la colère ne m’a pas possédée, great. Totalement bilingue. Je m’aime.

J’arrive au niveau de la table, elle aurait pu se mettre plus prêt quand même, je suis pas une grande sportive. Bref.
J’appuies mes mains sur la table, bien en face d’elle et l’observe.
Les secondes défilent. Silence.
Alors, mignonne, tu ne dis rien ? Qui donc n’oserait rien dire à la personne qui la regarde intensément ? Une faible, ou une inconsciente. J’ai pas encore envie de balancer une chaise, ça m’énerve. Faudra que je trouve plus original, si besoin est.
Je la regarde, penche la tête et prends un air de fausse compassion : les yeux grands ouverts, l’air inquiet, le tout tellement exagéré que rien n’est crédible.

« Un problème, peut être ? »

Si elle totalement débile, elle va me raconter sa vie, du genre « oui j’ai un problémeeee, je veux mouriiir ». A ce moment là, je lui arracherai la langue. Je veux bien être correcte, parfois, mais ma bonté à des limites. J’espère devoir lui faire comprendre qu’ici elle n’est rien.
Montre-moi que t’as peur, fait pas l’idiote.

Je la vois qui s’approche me fixant du regard. Qu’est ce que je me suis dit tout à l’heure ? Que je suis invisible pour tout ces vautours…Je crois que pour cette fois, c’est loupé. Pas possible, il y a beaucoup de prisonniers ici, mais NON, faut qu’elle ne regarde que moi…Pourquoi qu’est-ce que j’ai de plus que les autres. Ca y est je recommence à paniquée. Elle s’avance avec une tranquillité qui me stress. Elle a l’air d’une psychopathe à la recherche d’une victime prête à cueillir sans le moindre effort…en somme, quelqu’un comme moi. Je sens une boule d’angoisse se former dans ma gorge. Je repense à la rencontre avec Yoruichi, elle aussi avait eu l’air d’une folle, mais c’est pas pour autant qu’elle l’était…sauf que la personne qui s’approche de moi à le visage impassible, aucune expression ne peut être décelée.
Ah elle sourie….Elle ne sourie plus…et nous revenons à ce visage impassible. J’ai l’impression que mon cœur est rendue dans ma gorge tellement sa présence me stress. J’ai eu de la chance jusqu’ici de rencontrer des personnes sympa comme Ethan, Yoruichi ou encore la dame en noire, mais j’ai bien l’impression qu’avec cette inconnue (oui en regardant de près, c’est une fille), sa n’allait pas être pareil. Déjà que je n’avais pas faim…Mais là elle me met l’estomac à l’envers à s’approcher de moi comme ça.

La voilà arrivée à mon niveau. Elle s’appuie sur la table, bien en face de moi et m’observe. Je ne dis rien et surtout j’essaie de soutenir son regard…Ne pleure pas Bella, c’est surement pas le moment. Je finis par baisser les yeux sur la table. Son regard intense me brule et me rend vraiment mal à l’aise. J’ai l’impression que des lames chauffées à blanc me transpercent de partout. Les secondes défilent sans qu’aucune de nous, ne parles.
Je relève enfin mon regard et je la vois qui penche la tête avec dans le regard, de la fausse compassion. Ses yeux sont grand ouvert et l’inquiétude marquée sur son visage est tellement exagérer que même un crétin pourrait se rendre compte qu’elle se fou totalement de moi.

« Un problème, peut être ? »

Je rêve…Oui elle se fout totalement de moi. Je sens les larmes me monter mais me stoppa à temps. C’est le moment d’apprendre à être un peu plus forte, à monter une barrière. Laisse tomber Bella tu y arriveras jamais…T’as vu comment elle te regarde avec cet air : S’il te plait, tu peux avoir peur ?
Comme si je n’ai pas déjà assez la trouille. Autant mes précédentes rencontres avaient attisé ma curiosité, autant qu’avec elle, j’avais plutôt envie de m’enfuir en courant. La peur me noua le cœur et les tripes.

« Non…aucun. Merci de vous en inquiétez. »

Silence…C’est moi qui ai parlée là ? Avec ce ton ironique limite foutage de gueule ? Je reste figée, regrettant tout de suite mes mots…je ne sais pas si c’est l’influence qu’a Yoruichi sur moi, mais là je suis dans de beaux draps.

« Désolée… » Dis-je aussitôt.

J’ai l’air de quoi maintenant !? Une pauvre fille qui n’est même pas capable de tenir tête à une autre ! Je me désole et je me fais honte. Je commence à avoir les yeux qui me brulent…les larmes arrivent. Je serre les dents, tête baissée.
Je pris une grande inspiration pour me calmer. Je relève la tête…Pas manquée une larme roule sur ma joue. Je n’arrive même pas à rester digne devant cet iceberg humain.

Non…aucun. Merci de vous en inquiétez... Hoho, je suis face à une femme dotée d’un répondant inégalable. Comment vais-je pouvoir survivre à ces mots assassins et son air « je me fous entièrement de ta gueule et j’aime ça » ? Mes chances sont nulles là…
Je souris, vite fait. Elle veut peut être jouer ? Dans ce cas, ça va être vite réglé.
J’hésite, j’ai deux options : La première je lui réponds, calmement, et tout le monde est heureux. La deuxième, je lui aplati la face contre son plateau, et je suis la seule heureuse. Que faire ? J’attends un signe ? Ouais, je vais attendre la phrase de trop, celle qui fait basculer la balance en ma faveur. Elle va pas s’arrêter là quand même, parce que bon j’aimerais…

« Désolée »

Hein ? V’la la phrase de trop… de trop pathétique oui. Je sais que je suis impressionnante, mais de là à se chier dessus dès les premiers mots, c’est quand même abusé.
De quoi elle est désolée en plus ? D’avoir parlé ? Tss… Je continue mon observation, sa tête se baisse.
Plus un mot.
La grande stressée… Ca devrait pas exister les gens comme ça, surtout en prison. Je rêve là. J’ai cette putain d’envie de rire, ou de la frapper, qu’elle se ressaisisse, bordel. Elle doit être là depuis deux, trois jours, à peine, ça se sent. J’suis sûre que même la bouffe la fait flipper, ça expliquerait le fait qu’elle ne mange pas.
Parle, vas y, fais moi ce plaisir quand même. J’ai envie d’entendre ta voix tremblante, et puis une phrase du genre « laissez moi, s’il vous plait.. » Oh oui, épargnez là, cette pauvre petite. Je jubile rien qu’à voir le haut de son crâne, sa tête à la limite effondrée sur la table. Sois pas timide quand même…

Mais… Non mais là. Elle chiale. Une petite goutte coule le long de sa joue, maintenant qu’elle a relevé la tête. ELLE CHIALE. J’ai envie de le crier à tout le monde, qu’on se mette tous autour d’elle et qu’on lui jette des pierres. Oui, j’ai envie. Mais y’a pas de pierre ici.

Je regarde autour de moi… Personne ne semble faire attention à ce mélodrame auquel j’assiste en première loge. Peut être dans un autre contexte, je lui aurais demandé de m’expliquer ce qui lui arrive, mais là je suis d’humeur taquine, hein. Pas de bol ma vieille.
N’empêche que j’en reviens pas. Elle chiale, parce qu’elle a osé s’affirmer un peu. Hina, t’as bien fait d’avoir faim, parce que bon, c’est pas son moment de tristesse aggravée qui va m’empêcher de bouffer.
Je m’installe sur la chaise en face d’elle, prends son assiette, et mange.

« On peut pas chialer et bouffer en même temps. C’est bien connu. »

J’entame donc mon repas, en face d’une fillette pleurnicharde. Quelle belle journée.
Elle me semble vraiment mal. La pauvre, je suis presque touchée…
Si on devait tous s’apitoyer sur notre sort en public, on ne s’en sortirait jamais. Ca doit être encore une de ces filles qui veulent attirer toute l’attention, qu’on les plaigne et tout ça. C’est con, j’en ai rien à foutre, j’ai faim moi.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, ça ne me gène pas du tout d’être aperçue aux cotés d’une faible. »

Bah j’ai bien le droit de lui emprunter son ton « je me fous entièrement de ta gueule et j’aime ça », nan ? Bien sur. Elle m’a déjà prêté son assiette, maintenant son air, c’est normal. Nous partageons tout à présent.
Sourire à nouveau.
J’ai réussi à placer qu’elle était faible, qu’est ce que je peux bien faire pour lui faire comprendre qu’elle n’est rien ?
Putain c’est ignoble comme nourriture. J’avale les trois quarts rapidement, et recrache la dernière bouchée qui prend forme de bouillie immonde, dans son lieu d’origine. Haaaa Hina t’es sale. Tsss…

« Je vous en laisse un peu, ça serait mal poli de ma part de tout manger, quand même. »

Je fais glisser l’assiette vers elle, pose mes coudes dressés sur la table pour enfin laisser mon visage se reposer sur mes doigts noués. Puis je la regarde, interessée.
Ca fait du bien de manger.

Elle regarde autour d’elle…non rassure toi personne ne regarde. Elle s’assoie sur la chaise, juste en face de moi et me prend mon assiette…voilà qu’elle mange ma nourriture. Oui, je t’en pris ne demande pas l’autorisation. Je la regarde complètement désarçonnée. Je n’en reviens pas, mais c’est qui cette fille. C’est ça sa mission ici ? Bousiller la journée des autres ? Mes larmes redoublent d’intensité…vas-y mange après tout je n’ai pas faim. Autant que ça serve à quelqu’un…Je vois que je suis loin de l’empêcher de manger.

« On peut pas chialer et bouffer en même temps. C’est bien connu. »

Je baisse la tête…c’est sur que là maintenant, j’ai pas vraiment faim. A qui la faute ? Je vous le demande. C’est quoi cette manière d’aborder les gens. Au départ avec Yoruichi sa c’est passer assez froidement, mais finalement on a sympathisée…Mais avec elle : Impossible. Elle a cet air sur son visage, cet air de suffisance, cet air de supériorité, cet air de : tu n’es rien. Je frissonne. Cette fille me fait peur, elle me terrorise. Qu’est-ce qu’elle va me faire ? Me foutre une baffe, me tuer peut-être ? Elle mange de bon cœur on dirait…c’est alors qu’elle me sort :

« Ne vous inquiétez pas pour moi, ça ne me gène pas du tout d’être aperçue aux cotés d’une faible. »

Mon cœur loupe un battement…qu’est-ce qu’elle vient de dire là ? Moi…une faible. Le fait qu’elle me le rappelle avec ce visage où il y a marqué en gros : « j’en ai rien a faire de ta vie petite chose. » Vous savez on a tous un dragon qui est égale à notre colère en nous. Certain le laisse voler en liberté en soi, libre de cracher ses flammes comme il le souhaite, exactement ce qu’elle fait ELLE ! Et il y en a d’autre qui l’on mais enfermer dans une cage, bien trop gentille pour ce mettre en colère…comme moi. Mais là, je sens que mon fameux dragon commence à cracher ses flammes et à se débattre. Le pire de tout c’est qu’elle me sourit. Ce sourire faux et ironique. Je sens qu’elle m’énerve…non elle m’exaspère. Je ne lui en veux même pas, voilà le pire. Sa l’amuse de se cacher derrière une force qu’elle c’est construite pour avoir l’air moins bête et crétine devant tout ces chiens affamés. Je tremble de partout de peur mais aussi un peu de colère. Les larmes viennent et ne s’arrête plus…jusqu’au moment où pour moi elle va trop loin.
Elle mange plus des trois quart de l’assiette sans me regarder. A sa dernière bouchée, elle mâche, forme une bouillie immonde et la recrache dans l’assiette.

« Je vous en laisse un peu, ça serait mal poli de ma part de tout manger, quand même. »

La c’est bon je craque, j’en ai marre ! Ras le bol, elle m’énerve avec cet air ! J’ai peur et je suis en colère. Pourtant, il faut y aller très, mais très loin pour m’énerver. Seulement là, je suis pas bien, je suis à fleur de peau et là, je crois que mon dragon hurle.
Je reste figée, la regardant droit dans les yeux. Elle fait glisser l’assiette devant moi, pose les coudes sur la table et laisse reposer son visage sur ses doigts noués. Je ne dis rien, je ne bouge pas. J’ai envie de faire quelque qui me démange fortement…En état normal, je n’aurais rien fais, rien dit…Mais là, c’est toujours la Bella fragile et peureuse…Mais avec une pointe de colère en plus. Je prends doucement la cuillère, ramassant la bouillie qu’elle avait formée. Je l’apporte doucement à ma bouche…Et d’un geste rapide je catapulte le contenue sur son visage. Je vois la purée de nourriture atterrie sur son front, dégoulinante. Comme si tu croyais que j'allais remanger derrière toi comme une moin que rien...Je suis complètement terrifiée des conséquences qui vont suivre mais peu importe, c’est fait c’est fait. Je lâche d’une voix froide, que je n’ai sortie qu’une seule fois dans ma vie :

« J’ai pensée que peut-être vous aviez envie de prendre une dernière bouchée…vous aviez l’air d’avoir tellement faim. »

Je repose la cuillère, je tremble comme une feuille. Mais il faut que je tienne…je regrette mon geste juste pour les conséquences qui vont suivre après…sinon, au fond de moi, j’en suis un peu fière.

SPLAF. Dans ma gueule. On dirait que la pauvre petite est à cran… Mignon. J’ai presque cru qu’elle allé bouffer ce que je venais de recracher. Dommage, ça aurait été un tableau mémorable, bien plus que le premier que j’ai connu dans ce même réfectoire.
Une dernière bouchée ? Tu vas voir où je vais te la fourrer ta dernière bouchée, tu vas bien la sentir passer, crois moi. Elle a du avoir un élan de rébellion, un sentiment incontrôlable. Comme quoi elle est pleine de ressource, ça risque d’être amusant. Cependant, je dois avoir l’air maline avec ça sur le front.
Du revers de ma main, j’enlève et balance un peu plus loin cette foutue purée, puis me repositionne comme à l’origine. Bouffonne va. J’suis même pas énervée, agir avec le courage du désespoir est tellement pitoyable. J’suis sûre que de nous deux, c’est encore elle la plus mal. C’est amusant de voir ces êtres descendus plus bas que terre agir comme ils peuvent.

Je peux quand même pas laisser passer ça, pourtant je suis dans une salle situation là. Manger m’aide pas vraiment à réfléchir, j’ai toujours l’alternative de la chaise, au cas où. Ca serait facile de lui crever les yeux, ou quelque chose dans le genre, c’est ça le problème, ça serait trop facile. J’ai bien envie de voir ses limites à cette petite pleurnicharde. Ca pleure et après ça fait sa belle en se révoltant, où va le monde ? Pas très loin hein.
Répugnant.
La force physique c’est bien, mais mental c’est mieux. Elle est faible, et je viens d’en avoir la belle preuve. Alors on va continuer à pousser madame à bout.
Sourire.

« Seule la vérité blesse, n’est ce pas ? »

J’aurais peut être du lui aplatir le nez dès le début. Si elle croit que c’est son ultime provocation qui va me faire craquer… Elle rêve. Non mais y’a même de quoi se marrer là.

Elle a peur, ça se voit, alors je vais lui donner des raisons d’avoir peur. J’ai l’air si méchante aux premiers abords ? Je crois pas. Elle doit juste être persuadée que toute la terre lui veut du mal, une sorte de prétention du genre « Je suis le centre du monde, tout le monde m’en veut. ». Qu’elle aille se pendre. Elle s’imaginait peut être qu’ici quelqu’un ferait attention à elle ? C’est pas une colonie de vacance, même si parfois ça y ressemble…

Je me contiens, et la regarde encore et toujours, un sourire sarcastique aux lèvres. T’as pas le niveau, ma belle. C’est mauvais de s’en prendre à moins fort que soi, c’est lâche, mais c’est tellement bon. Surtout que maintenant, j’ai des raisons. Bah oui, c’est pas moi la méchante, c’est les autres qui le sont envers moi. Alors je vais pas non plus me laisser faire. Un peu tirée par les cheveux cette explication ? Oui. J’assume.

« A quoi ça sert de vivre quand on est comme vous, faible et effrayée ? Pauvre petite créature de Dieu, la vie vous fait des misères hein ? Vous aimeriez bien qu’on pense à vous, qu’on vous rassure, car oui, vous aimez être rassurée non ? C’est dur d’être seule au milieu des autres. Surtout quand on a peur d’eux. Alors le désespoir nous pousse à survivre, jusqu’à ce qu’il nous fasse faire l’erreur ultime. J’aimerais vous aider, mais moi les canards boiteux je me fais un plaisir de les écraser. Pas tout de suite, certes, mais nous allons passer notre vie ensemble maintenant, j’ai tout le temps de réapparaitre, au moment où l’on ne s’y attend pas. Dingue non ? »

Rester calme, tranquille et polie. Voila les clés de la réussite mes frères. Le sourire, l’arme fatale, une bonne dose de « je-me-fous-de-ta-gueule-et-c’est-limite-si-je-ne-jouis-pas-sur-place » et le tour est joué. Je suis maléfique mouha-ha-ha. Bref.
Observons notre parasite réagir.
Bien sur, si elle ose une nouvelle fois me jeter quelque chose à la figure, je vais me sentir obligée d’user des grands moyens, et peut être qu’elle crèvera plus tôt que prévu. Bah non même pas, je lui ai pas dis que j’allais la tuer. Rooh quand même…
Par précaution, je m’affale sur la chaise, les mains sur la table, à plat. J’ai pas envie de la tenter, on parle tranquillement là en plus, non ? Héhé.
Ce sourire me va si bien…

D’un revers de la main, elle enlève la bouillie et la jette un peu plus loin. A ma plus grande surprise, elle reste d’un calme gênant et stressant. Je tente de rester calme, de contrôler mes tremblements. Je respire profondément…qu’est-ce qu’elle va me faire ? Sa réaction froide et de marbre me désarçonne complètement...je n’aurais jamais du faire cela ! Je me suis laisser emportée et peut-être était-ce ce qu’elle cherchait…
Elle sourit…ce sourire lui va si mal.

« Seule la vérité blesse, n’est ce pas ? »

Je ne bouge pas, ne dis rien…qu’est-ce que je disais. Ma réaction a la preuve de ma faiblesse…
Elle m’énerve…elle se prend pour qui ? Pour le nombril du monde ? Pour le centre de l’univers ? En quoi elle se permet de se ramener comme ça, à s’installer, a manger dans mon assiette comme ci elle était chez elle. Peut-être qu’elle se prend pour THE best, pour THE Madame de Sadismus, la reine des reines qui peut se permettre tout et n’importe quoi…pathétique, sa me fait réellement pitié. Elle a toujours se sourire sarcastique sur son visage…c’est quelqu’un de fière. Mais que veux-t-elle montrer en étant comme ça ? Je culpabilise quelque part d’avoir agit comme ça, c’est loin d’être mon habitude…et cette fille me rend triste. Et la voilà qui reprend :

« A quoi ça sert de vivre quand on est comme vous, faible et effrayée ? Pauvre petite créature de Dieu, la vie vous fait des misères hein ? Vous aimeriez bien qu’on pense à vous, qu’on vous rassure, car oui, vous aimez être rassurée non ? C’est dur d’être seule au milieu des autres. Surtout quand on a peur d’eux. Alors le désespoir nous pousse à survivre, jusqu’à ce qu’il nous fasse faire l’erreur ultime. J’aimerais vous aider, mais moi les canards boiteux je me fais un plaisir de les écraser. Pas tout de suite, certes, mais nous allons passer notre vie ensemble maintenant, j’ai tout le temps de réapparaitre, au moment où l’on ne s’y attend pas. Dingue non ? »

…Je ne réponds pas et tourne et retourne ce qu’elle vient de me dire. Moi vouloir être rassuré ? Dur d’être seule au milieu des autres ?...c’est alors que le tilt se fait dans ma tête…elle sait d’hors et déjà mes faiblesses et veut me pousser à bout pour que les rôles s’inversent. Elle la gentille, moi la méchante. Seulement, je ne laisserais pas la situation de venir tel qu’elle le souhaite. Je suis fidèle à moi-même et je me respecte…Tout un coup ma colère retombe. Ce n’est pas moi ça, la fille en colère qui se laisse emporter pour un rien. Non, la fille que je suis c’est une Bella calme, qui tente de comprendre pourquoi les gens réagissent ainsi car pour elle, on a tous un côté de bien. Elle attend une réaction de ma part, toujours avec ce sourire aux lèvres. Elle s’affale sur sa chaise, les mains à plat. J’ai l’impression que nous sommes les extrêmes opposés. Elle veut me donner un trop plein de mal…je vais lui donner un trop plein de bien.

"Et vous à quoi sa vous sert d’être aussi mesquine, sarcastique au bord de la méchanceté…je me demande si ce n’est pas vous la plus faible. Je ne me cache pas derrière une pseudo-force empruntée je ne sais où. Contrairement à ce que vous pensez, je ne veux pas être rassuré, je ne demande rien à personnes. Ne me prenez pas pour ce que je ne suis pas. En revanche vous avez raisons sur un point…c’est dur d’être seule aux milieux des autres, mais pour avoir cette peur, il faut avoir été déjà entourée de gens biens…Avez-vous déjà été entourée de gens bien? Est-ce que vous savez ce que ça fait de se retrouver ici pour une raison qui n’est pas la bonne ? Moi aussi j’aimerais vous aidez, seulement vous ne m’en donnez pas les moyens à venir vous pointez comme ça face à moi à jouer la dur, de jouer la forte…Mais comme vous le dîtes si bien, on va passer toute notre vie ensemble, donc j’ai largement le temps de vous aidez. "

Je me tais…c’est nul ce que je viens de dire, mais en même temps c’est moi. Je ne suis plus autant effrayée que tout à l’heure, ce mini monologue à eu le temps de me permettre de me redonner un peu de force et de contenance. Je reprends une grande inspiration avant de dire :

"Et désolée pour le lancer de bouillie…prenez cette excuse comme vous le voudrez mais, c’est sincère. Je ne suis pas ce genre de personne à m’énerver pour si peu. Pourquoi êtes venus me voir si je suis si faible et effrayé ? Parce que c’est amusant ? C’est vrai…sa doit être si bon de se sentir supérieur le temps d’écraser une personne tel que moi. Mais après retour à la normal…Sa vous aura servit a quoi au final ? A passer une meilleure journée? Si il n'ya que sa pour être heureux lors je vais faire comme vous"

Je me tais une nouvelle fois. Les paroles sont venus seule avec un calme que je n’avais pas manifesté depuis mon entrée ici. Plus de colère, plus d’envie de lui envoyer de la bouillie dans la tête…juste envie de la comprendre. Je suis faible, mais pas naïve.

Mesquine, sarcastique au bord de la méchanceté… Et béh, tout ça dans un si petit corps, j’ai une chance de malade. Peut être qu’elle a raison, j’ai du emprunter ma pseudo -force quand j’ai tué tout ceux qui provoquaient chez moi de l’amour, un sentiment pour les faibles. D’ailleurs je suis sûre qu’elle est amoureuse.
Ha non rectification… je suis la faible. Oh oui, je suis faible, vraiment très faible. C’est le comble là… Mais chut Hina, laisse la finir.
J’écoute attentivement. Sa question est étrange, j’ai déjà été entourée, ouais, mais de là à savoir si c’était par des gens bien, aucune idée. On ne connait jamais personne suffisamment pour en juger si elle est bonne ou pas. Et puis bonne par rapport à quoi aussi ? Les avis changent suivant les personnes. Elle doit tenter de m’embrouiller avec son baratin trouvé dans un livre à deux balles, pour que je regrette ce que j’ai dis ou fais, et que je m’excuse peut être. Des excuses, mais ça jamais. Faut pas rêver non plus. J’ai pas à m’excuser d’être ce que je suis, moi.

Elle veut m’aider ? M’aider à quoi ? À devenir une petite fille qui pleure ? Cette image est marquante, je la verrai toujours comme telle. C’est sur que si un jour il me prend l’envie de devenir fade et atteinte d’une sensibilité aggravé, je lui en parlerais en priorité, elle sera de bons conseils.
Venant d’elle, ou d’une autre, je n’ai pas besoin d’aide. La suffisance, ça me connait bien.

Silence total. Elle a l’air vachement convaincue de ce qu’elle avance. Elle essaie de me rabaisser, histoire d’être à la hauteur. Fou rire intérieur.

Ohoh deuxième round. Elle s’excuse, l’erreur fatale. Elle fout sa force en avant et casse tout avec un vulgaire désolée sincère. Mais va te faire foutre chérie. Elle avoue que je l’écrase, normal, pas assez d’air pour nous deux. Elle pose ses questions, non stop. Malheureusement pour elle, je m’en branle royalement. Peut être veut elle me faire prendre conscience que mon attitude est déplorable, HINA TU N’ES PAS CIVILISEE, c’est mal.
Je sais très bien ce que je fait, c’est pas une inconnue qui m’a balancé de la bouillie à la gueule qui va me donner des leçons de vie. Qu’est ce qu’elle connait à la vie elle ? Elle vient tout juste d’arriver en prison, pour des raisons fausses, si j’en crois ce qu’elle dit, mais se prends déjà pour la psychologue attitrée de Sadismus ? « Explique moi pourquoi tu es mauvaise Hina, je peux t’aider.. » Non mais oh, je rêve là.
J’écoute encore, jusqu’à la fin. C’est déjà beaucoup, j’aurais pu me casser pendant son élan de gentillesse dès ses premiers mots indigestes . Je ne bouge toujours pas.

« Oui bien sur. »

Oui quoi ? J’en sais rien, mais oui, ça passe partout, alors que le non ça fait genre « Je suis pas d’accord entrons dans un débat sans fin », et ça non merci. En gros si j’ai bien compris, elle souhaite que je lui explique pourquoi je me moque de tout? Ouais, ça doit être ça. Alors ça commence à l’enfance, on m’a baisé la gueule en me faisant croire que le père noël existait mais qu’il ne m’apportait pas de cadeaux, puis un jour j’ai appris que ce n’était qu’une fable pour tenir en laisse ses enfants, oui voila ça doit être mon tout premier traumatisme… Olala, il faut vite que je lui en parle, c’est une histoire à faire pleurer les chaumières ça, et vu sa sensibilité, elle sera la première à le faire.

Une fille avec le cœur sur la main, ça faisait longtemps. J’en suis toute émue. Bon. Un peu de sérieux, c’est facile de se moquer de tout, mais retourner dans le sérieux, c’est pas une partie de plaisir.

« Je n’ai pas à justifier mes actes. Vous me prenez pour une arrogante de première ? Allez y, je vous prends pour une faible. Ca veut peut être dire que je suis réellement arrogante. Qu’importe. De toute façon, la notion de faiblesse varie selon les avis. Le problème avec les gens comme vous, c’est qu’ils ont toujours cette envie de comprendre. Comprendre quoi ? y’a les baiseurs et les baisés, et j’espère ne pas choquer votre sensibilité, ça serait au-delà de toutes mes espérances… »

Je parle d’une façon délicate, alors que mes cellules nerveuses ne cessent de rire face à cet énergumène pleurnichard de sexe féminin. Mais… Ne me dis pas qu’en plus d’être arrogante tu es hypocrite ! Je souris encore une fois. Elle doit rien comprendre à mes sourires inexpliqués, d’ailleurs elle risque de me demander pourquoi je souris, pourquoi mes lèvres s’étirent, pourquoi, pourquoi…

« Vous pensez pouvoir aider avec votre gentillesse à deux balles, mais vous n’aidez personne, non. Qui est la pire ? Celle qui à la limite de la méchanceté, ou la bonne samaritaine qui aime se nourrir des malheurs des autres pour donner un sens à sa pittoresque existence ? Réfléchissez juste un instant, vous n’êtes rien pour moi, je ne suis rien pour vous, et vous essayer pourtant de savoir qu’est ce qui me pousse à réagir comme ça. Je rêve. C’est pas votre speech de la pauvre petite qui cherche à aider son prochain qui m’attendrira, sachez le. »

Le tout sur un ton de foutage gueule, naturellement. Faut pas abuser. Je veux bien croire que ça marche avec d’autre personne, ooh oui j’imagine bien les gens se dire « mais qu’elle est mignonne, elle ne mérite pas qu’on lui fasse du mal ! » Tu parles ouais, les gens comme ça, ça me débectent. Ils ne servent à rien si ce n’est nous envahir avec leur fausse compassion. Elle peut rentrer chez elle, en prenant soin d’emmener ses larmes de crocodile. Je vais peut être passer pour la sans cœur, le mur en béton armé, mais c’est bien le dernier de mes soucis.
Elle était drôle, avant de laisser ses émotions l’envahir. Bouffone, va.

« Oui bien sur. »

Je sais qu’elle s’en fou mais royalement de ce que je lui dis. Il faut pas être savant pour s’en rendre compte. Attention…mlle va prendre la parole…

« Je n’ai pas à justifier mes actes. Vous me prenez pour une arrogante de première ? Allez y, je vous prends pour une faible. Ca veut peut être dire que je suis réellement arrogante. Qu’importe. De toute façon, la notion de faiblesse varie selon les avis. Le problème avec les gens comme vous, c’est qu’ils ont toujours cette envie de comprendre. Comprendre quoi ? y’a les baiseurs et les baisés, et j’espère ne pas choquer votre sensibilité, ça serait au-delà de toutes mes espérances… »

Bizarrement, je m’attendais à discours pareil à celui-ci. Je la regarde, ne pleurant plus. Oh non, je n’ai plus envie de pleurer. Je remarque qu’ici, chaque personne à une certaine influence sur moi. Ethan éveillait ma sensibilité, Yoruichi ma sympathie et mon amitié et Elle, mon calme et ma sérénité. Elle ne l’éveillait pas, non, elle le multipliait. De la voir parler ainsi…oui c’est sa façon de parler. Pourtant je dois avouer que chaques mots me font mal. Mais je ne laisserais rien paraître.
Elle est repartit :

« Vous pensez pouvoir aider avec votre gentillesse à deux balles, mais vous n’aidez personne, non. Qui est la pire ? Celle qui à la limite de la méchanceté, ou la bonne samaritaine qui aime se nourrir des malheurs des autres pour donner un sens à sa pittoresque existence ? Réfléchissez juste un instant, vous n’êtes rien pour moi, je ne suis rien pour vous, et vous essayer pourtant de savoir qu’est ce qui me pousse à réagir comme ça. Je rêve. C’est pas votre speech de la pauvre petite qui cherche à aider son prochain qui m’attendrira, sachez le. »

Je crois qu’elle a finit…Sa y est elle est contente, elle m’a enfoncée une fois de plus. Et bien sur avec ce fameux ton : Je me fous de toi. Elle sourit encore…et je souris avec elle. J’ai même un petit rire qui me vient, surement nerveux. Elle me stress cette fille, elle cherche quoi ici, auprès de moi. Si je suis si insignifiante, si faible, pourquoi prend elle la peine de s’acharner à m’expliquer tout ça !?

« Sa y est vous avez finis ? » demandais-je doucement.

Il faut vraiment y aller fort pour m’exaspérer à ce point là…

« Vous êtes qui pour juger si j’aide ou non ? Vous me suivez depuis ma naissance ? Nan…bon alors pas de commentaires. Ensuite je ne suis pas la bonne samaritaine qui aime se nourrir des malheurs des autres pour donner un sens à …quoi déjà ? Pittoresque existence ? Ouais pas mal, mais vous avez tout faux. En plus de cela, vous sortez les jolis mots. Je suis juste une personne comme une autre point barre…si je suis si faible, si pitoyable que vous le dites, je peux savoir pourquoi vous prenez la peine à venir m’embrouiller avec vos histoires de faiblesses et tout le tralala qui suit ? Je n’ai pas non plus à me justifier de mes actes. Je suis la faible, vous êtes la forte. Je suis la moins que rien, voilà, c’est ça que vous vouliez entendre depuis tout à l’heure. Que je m’apitoie devant vous, chialant tout ce que j’ai pour encore mieux m’enfoncer ? Ba voilà c’est fait, maintenant vous êtes contente, votre journée va être meilleure. Contente pour vous…. »

Je ne me reconnais plus. J’emprunte le même ton qu’elle. Je réussis à rester calme et maitre de moi-même. Bravo Bella il y a du progrès.

« Vous vous appelez comment ? »

J’en ai marre…je suis fatiguée de me prendre la tête avec elle pour rien en plus. Essayons de lancer un nouveau départ.
[b]

L’élève tente de copier le maitre. Voila que notre petite perle emprunte mon ton, un combat à armes égales. Le point positif, c’est qu’elle a essayé de calmer son stress et de prendre un peur sur elle. Qu’elle dise le contraire si elle le souhaite, je l’ai aidé, et bien plus qu’elle ne peut y croire. Je n’attends pas de remerciements, juste qu’elle se calme dans ses discours inutiles.

Oui j’ai fini. Poser une question et reprendre la parole directement, quelle manque de délicatesse. Elle n’est pas si bonne que ça, alors.
Je baisse la tête, vas y parle, je t’écouterai demain, ça sera ma petite vengeance, histoire de conscience.

« .. actes. Je suis la faible, vous êtes la forte. Je suis la moins que rien, voilà, c’est ça que vous vouliez entendre depuis tout à l’heure. Que je m’apitoie devant vous, chialant tout ce que j’ai pour encore mieux m’enfoncer ? Ba voilà c’est fait, maintenant vous êtes contente, votre journée va être meilleure. Contente pour vous…. »

Bien, voila, tout est dit. Elle a compris, c’est bien faut que je pense à la féliciter. J’espère avoir prêté attention à la meilleure partie de son histoire, j’ai peur de m’en vouloir parce que je n’ai pas écouté ses divines paroles en entier.

Elle s’enfonce toute seule, j’ai rien fait là. Incompréhensible, pour une fois que je parle tranquillement à une nouvelle amie. Oui c’est mon amie, on a partagé la même nourriture, on s’est amusé ensemble, elle m’a bien fait rire, c’est ça une amie non ? Vaut mieux pas que je lui parle de notre amitié, elle va encore hurler au scandale. Jamais heureuse, celle la.

Cela dit, contente c’est un grand mot. Elle a juste confirmé ce que je pensais, rien de plus, rien de moins. Toutes ces paroles pour enfin s’avouer vaincu, c’est bas. Je sais pas à quoi je m’attendais en même temps, la victoire était acquise depuis le début, mais j’ai vu une petite lueur d’espoir en elle. Tous mes espoirs brisés ?? Comment vais-je survivre… Tss.. J’aurais du tout écouter, ça m’aurait donné un peu plus de matière pour une ultime humiliation. Qui viendra tôt ou tard cela dit, nous avons toute la vie de nouveau.

Mon prénom, quelle magnifique façon de calmer le jeu. Je peux bien lui accorder ça, si ça peut lui faire plaisir, mais ça ne changera rien au fait qu’elle sera mon souffre douleur officiel, si j’ai mes nerfs à passer sur quelqu’un ça sera elle, je ne lui dis pas, elle doit aimer les surprises…

« On va s’arrêter là, pour le moment je suppose. Je m’appelle Hina, Hina Krügger. Et vous ? »

Comme si de rien n’était. Comme si notre petite dispute n’était pas réelle. C’est beau. Le calme après la tempête quoi… Ca n’empêche que j’en pense pas moins. Et puis déjà, la vraie phrase, c’est le calme AVANT la tempête, qu’est ce que ça va être après alors… La débandade.

C’est amusant quand on y repense, elle me demande mon prénom, alors qu’au début elle me craignait comme la peste. Elle change rapidement, notre bonne samaritaine qui nie tout en bloc.

« On va s’arrêter là, pour le moment je suppose. Je m’appelle Hina, Hina Krügger. Et vous ? »

Oui on va s’arrêter là parce qu’elle m’épuise…j’ai l’impression qu’elle pompe toute mon énergie et mon « espoir » rien qu’en me balançant tout son baratin à deux balles.
Tout un coup, j’ai peur de lui dire mon prénom…je m’attends à un gros éclat de rire, si elle le fait pas, je donnerais alors ma main au feu qu’elle le fera intérieurement :

« ..Bella, Bella Hope. »

Je la regarde…son air de suffisance m’exaspère. Elle est contente, car pour elle, elle a gagnée sa première victoire. Je sais qu’il est inévitable que l’on se revoit une nouvelle fois dans cette prison.

J’ai l’impression qu’elle joue un rôle et qu’elle n’est pas vraiment elle-même. Comme si elle faisait la méchante juste pour ce donné de l’assurance. Elle se fou royalement de tout et de tout le monde…elle doit se sentir seule parfois. Voilà, sa recommence ! Elle m’enfonce comme une moins que rien et qu’est-ce que j’ai envers elle : DE LA COMPASSION !!

Je me déprime toute seule…

Je sais même pas quoi lui dire, tellement elle m’a terrorisé et énervée. Comme premier contact on peut dire que c’est la catastrophe. De toute façon, rien qu’à la regarder on voit bien qu’elle ne fera rien pour que ça s’arrange. Non en faite, elle à décidée de foutre la journée en l’air à quelqu’un, mais n’importe qui. Il a fallut que sa tombe sur moi mais demain ce sera quelqu’un d’autre et ainsi de suite…

Et puis pourquoi je continue à discuter avec elle, pourquoi je ne m’en vais pas faire un tour dans la cour ? Parce que j’ai peur que si je bouge, qu’elle m’en colle une ou qu’elle me suive. Elle me fait penser à une psychopathe en recherche constante d’une proie.

J’essaie un faible sourire, juste histoire de briser la glace…sa ne marchera pas, non sa ne marchera pas ! Bella regarde ses yeux, elle s’en fou littéralement de ce que tu dis, de ce que tu fais. Même si elle me répond, je sais qu’elle s’en fou. Elle a vraiment gagnée cette bataille car là je suis pommée… Je ne sais même plus quoi penser, j’en viens à me demander si tout ce qu’elle a dit est vrai. Si ça l’est…non n’y pense pas. Remise en question…La seule chose de positive dans cette rencontre est que j’ai réussis à résister un peu, mais là je ne peux plus, je ne peux pas. Elle m’a démontée psychologiquement.

« Tu es dans quelle cellule ? »

Je pose cette question en espérant qu’elle me réponde un numéro de cellule, loin, très loin de la mienne.

Bella Hope. Voila un prénom qui colle particulièrement bien à ce phénomène… Hope, surtout. Enfin, je vais pas faire de réflexion à ce sujet, vu qu’elle n’est en rien responsable, je suis pas si méchante.
Elle me regarde, j’ai qu’à ouvrir la bouche pour qu’elle me craigne encore plus. C’est dingue ça, à croire que chaque phrase que je lui dis l’assassine un peu plus. Pourtant j’ai juste répondu à sa question là. Pourquoi ne fuit elle pas ? C’est vrai, si elle se sent si mal elle peut très bien s’enfuir, loin. Je la retrouverai, ça c’est sur, mais ça lui donnera le temps de retrouver ses esprits pour le moins confus, si j’en crois son air paumé.

L’ambiance est glaciale, et ça, c’est bon, parce que ça veut dire que chacune réfléchit, sur l’autre.

Quand je suis arrivée, c’est limite si elle ne voulait pas se pendre, là, je pense qu’elle se demande comment accrocher la corde au plafond de sa cellule. C’est vrai d’ailleurs, est ce qu’on peut se pendre dans sa cellule ? Faudra que je regarde, quand j’y retournerai. Enfin, je vais pas me pendre, elle serait trop perdue sans moi…N’est ce pas Bella ? Avec moi tu n’es rien, sans moi non plus, mais au moins, avec moi, tu t’amuses… Ou pas.

Ca alors, Hope sourit. Tu veux m’amadouer ? essayer de faire de moi quelqu’un comme toi ? Ca ne marchera pas comme ça, chérie. Mais bien tenter.
Je lui rends son sourire, malheureusement ni l’expression, ni l’intention, ne doivent être les mêmes. Quand est ce que je vais pouvoir sourire sincèrement ? Et pas sur un ton moqueur ou autre… Je ne sais pas. Peut être jamais. C’est toujours l’anarchie dans ma tête, impossible de penser à quelque chose sérieusement. C’est con hein ? Nan, ça va.

« Tu es dans quelle cellule ? »

Question banale. En tout cas, elle n’osera surement pas demander ce que j’ai fait pour atterrir ici, mais si elle le fait, je lui montrerais, ça sera mieux… Dommage , je pourrais pas avoir ses impressions, mais je l’ai toujours pensé, faut savoir faire des concessions dans la vie…
Voila qu’elle me tutoie, ça y est, nous sommes intimes on dirait…
Je me recentre sur elle et lâche tranquillement

« La 22. »

Je crois que je viens de la perdre là. Plus de tristesse, plus rien. Juste des yeux presque écarquillés, le regard directement enfoncé dans le mien, et une couche de glace en plus entre nous. Putain, elle est pas avec moi ? Nan, je crois pas. Enfin j’en sais rien, vu qu’on m’a changé de cellule, mais j’en doute, c’est une toute nouvelle arrivante.

Ca serait sinon, GRANDIOSE là. Déjà que je viens de la nommer bouc émissaire officiel de ma propre personne, si en plus je dois passer mes nuits avec elle, elle ne tiendra pas trois jours de plus. Pas forcement parce que je vais l’entasser sous des tonnes de remarques et reproches en tout genre, non, juste par ma présence, mon regard et mon sourire. Le silence est la meilleure des attaques. C’est peut être ça, la vraie puissance. Juste par la présence.

« Et toi, Bella ? »

Je prends bien soin de m’attarder sur les « l » de son prénom. Ca en jette. Bella d’une traite c’est trop plat, peut être que ça lui correspond bien, du coup.
Réponds moi 22 , et dit toi que ta vie ne sera plus très longue.

Je me fige, me pétrifie même. Le nombre 22 résonne dans ma tête en écho. Je la fixe du regard, les yeux écarquillés. Non c’est pas possible, achevé moi, la tout de suite maintenant ! Je peux pas…non je peux pas être juste à côté de sa cellule…La voilà devenue mon pire cauchemar, ma torture à l’état pure, mon opposé en tout point. Elle va devenir mon ombre, me hanter.

« Et toi, Bella ? »

Les mots restent figés dans ma gorge, je suis incapable de sortir ce nombre ultime qui, je suis sur, lui provoquera une jouissance qu’elle est loin de soupçonner. Elle va faire de moi son jouet souffre douleur…si ce n’est pas déjà fait.

Je serre les poings, j’en ai les jointures blanches. Inutile de mentir, elle va vite le savoir que je suis juste à côté d’elle. Je baisse la tête…et dit d’une voix rauque :

« Je suis…dans la 21 »

Les mots tombent et là, voilà ce que j’attendais : Un sourire franc. Le seul et unique qu’elle m’est sortie depuis que l’on parle. Je vois sa joie défiler dans ses yeux…

Contente Mlle Hina ? Je vais être ton jouet. Je sens mes muscles se contracter et mon estomac de se retourner de frayeur. Il y aura une grande distance mentale entre nous, nappée de couche de glace, mais physiquement, c’est tout autre chose. Je sais qu’elle est plus que contente de cette réponse. Quoi que je suis sur qu’elle aurait préféré entendre 22. Mais le fait que je sois dans la cellule à côté lui procure déjà une joie bien trop grande à mon gout.

Mes nuits vont devenir un véritable cauchemar. Je n’ose plus rien dire, je sens la peur me ronger de partout. Je n’imagine même pas l’enfer qu’elle veut me faire vivre, car je suis sur que dès qu’elle me croisera, et ce où que se soit, elle ne me lâchera pas. Je me demande si elle ne veut pas me pousser au suicide cette fille.

Il faut que je parte d’ici, je sens les nausées remonter le long de ma gorge. Je commence à me lever mais son regarde me refroidis complètement. Je n’aime pas quand elle me regarde comme ça…elle a une totale emprise sur moi. Je suis devenue en l’espace d’une seconde, son pantin, sa marionnette. Il faut que je me lève, je tremble de partout. J’ai l’impression d’être un animal que l’on vient de faire tomber dans un piégé et enfermé dans une cage.

« Je…je vais y aller. »

Je ne la regarde même pas, j’en ai pas besoin pour sentir ce sourire qui me brule la peau. Je lui tourne le dos. Je sens mes jambes défaillir. Je n’ai jamais vu quelqu’un qui me faisait autant peur. Je réussis tout de même à traverser la salle pour sortir et enfin, faire respirer ce cœur qu’elle tenait avec des chaines depuis le tout début de la conversation.