Sadismus Jail
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Sadismus Jail

Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus.
 
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 Pas besoin de compagnie [PV Logain]

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Nadine
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Nadine


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MessageSujet: Pas besoin de compagnie [PV Logain]   Pas besoin de compagnie [PV Logain] Icon_minitimeJeu 3 Juil - 18:04

Je ne savais plus trop où me menait mon emprisonnement. Tout ce que je savais, c’était que j’étais mieux depuis que j’avais pu recommencer à sculpter pour passer mon ennui et me remettre à ma passion pour les arts. Je n’aurais jamais cru que je pourrais faire une chose pareille dans un endroit semblable. Moi était totalement convaincue que l’on refuserait de m’accorder mon matériel... Bon, ils avaient précisé qu’ils ne me donneraient aucun instrument de sculpture - couteau et autres - mais ça ne me dérange pas : je n’ai jamais utilisé quoi que ce soit d’autre que mes mains dans mon art. Ce que je savais, aussi, c’était que les gens qui partageaient ma cellule me trouvaient étranges. Ils parlaient ensemble le soir, croyant que je ne les entendais pas. Mais qu’est-ce que j’en avais à faire ? Oui, mon linge ne s’agençait probablement pas très souvent - essayez, vous, de vous habiller quand vous êtes aveugle - et je touchais à tout ce qui passait à ma portée. Et en plus de ça, j’avais fait encombrer la cellule avec un tas de glaise puant. Enfin, pour moi ça sent extrêmement bon, car c’est une odeur de liberté. Oh et, fait encore plus étrange sur moi : je détruis mes sculptures immédiatement après les avoir construites après avoir demandé à la première personne qui passait si c’était réussi.

Je n’aime pas cet endroit, même si je m’y fais, lentement, jour après jours. C’est de l’adaptation : peut-être même qu’un jour je ne remarquerai même plus les barreaux de ma cellule, et que je vais me contenter de vivre dans cet endroit que la vie m’a offert et qui, somme toute, n’est pas pire que ce qu’elle m’avait offert avant. Des fois, je remercie mon père adoptif d’avoir mis fin à ses jours ... Le seul ennui, c’est qu’il m’ait fait accuser, moi, sa pauvre victime aveugle. Je n’ai pas le droit de me plaindre, je songe : je ne suis probablement pas la moins bien nantie de ce monde.

Dans la file d’attente de la cantine, toutefois, je me dis que j’ai peut-être le droit de me plaindre un peu. Coincée entre un gros costaud et un autre grand costaud dont l’odeur me rappelle vaguement quelque chose, je dois endurer les plaintes du balourd derrière moi qui me pousse en avant, et essayer comme je le peux de ne pas bousculer celui qui est devant moi. Je ne voudrais pas qu’il se retourne et se mette à me crier dessus parce que je pousse. Mais trop tard. L’homme devant moi se tourne : je le sens parce qu’il est très proche. Il prononce un début de phrase qui m’est adressée - quelque chose comme “c’est bientôt fini ?” et puis il doit réaliser que ce n’est pas moi qui ai poussé, mais l’homme derrière. Mais je reconnais la voix de l’homme. Étonnée - et peut-être un peu agacée de le croiser ici - je ne dis rien quand il me contourne pour aller parler au type trop pressé de manger. Je soupire. Peut-être qu’il s’en fiche que ce soit moi. Peut-être fera-t-il semblant de ne pas me reconnaître.

-Nadine ?

Raté. Visiblement - quel ironie, cette expression - il a fini de sermonner l’impoli, et m’a fort malheureusement reconnue. Pire encore, je devine qu’il sourit. Il ne manquait plus que ça : un proxénète se souvient de moi. Je soupire, me tourne vers lui en affichant un sourire contrit.

-Logain, quel plaisir de vous revoir.

Comme toujours, le mot “revoir” me roule dans la bouche. Je n’aime pas utiliser ces termes. Il me demande si je vais bien, si le gros monsieur ne m’a pas trop importunée. Je l’assure que oui, pour les deux questions. Puis, oh surprise, la file avance et c’est à mon tour de commander. Je me dépêche, puis file m’asseoir à une table une fois que je suis servie, espérant qu’il ne retrouvera pas une femme de la taille d’une gamine dans ce chahut bahut de cafétéria.

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Logain
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MessageSujet: Re: Pas besoin de compagnie [PV Logain]   Pas besoin de compagnie [PV Logain] Icon_minitimeJeu 24 Juil - 22:20

La petite Nadine. Mon dieu, ce titre ferait une jolie chanson de paysans dans le style folklorique. Je me permets un petit sourire en imaginant un troupeau de barbus grisonnants en train de s’égosiller sur une mignonne chansonnette à propos de la beauté d’une jeune femme qu’ils ont tous rêvé de posséder au moins une fois durant leur vie. Voilà une raison pour laquelle la prostitution est un certain bien : elle permet à des hommes d’accomplir le fantasme qui hante leurs nuits. Quant aux femmes exerçant ce métier, eh bien, les miennes avaient le choix de vendre leur corps. Du moins, sur un certain plan.

J’hausse les épaules, m’avance dans la file d’attente tout en m’interrogeant sur la composition des différents mets servis à la cantine. J’imagine qu’il s’agit là de nourriture de mauvaise qualité, mal apprêtée et cuite de façon douteuse. Devant moi se tient un grand homme au bras fixé contre sa poitrine, l’air hautain et indifférent à tout ce qui se déroule autour de lui. Je l’observe avec une curiosité…déplacée. L’individu semble bien de sa personne, il a un port fier, une façon de se mouvoir avec désinvolture et assurance. Ses cheveux bruns ont une coupe en bataille, résultat d’une absence de peigne adéquat pour les placer, et atteignent ses épaules avec une certaine souplesse. Je fronce les sourcils.

L’homme au regard hautain pivote ses prunelles froides et démunies d’expression dans ma direction, nous nous dévisageons un instant, il se détourne lentement, toujours aussi indifférent, agrippe un plateau soutenant une soupe visqueuse, des biscuits peu ragoûtants, un verre d’eau et une assiette d’aliments non-identifiables. Je grimace pour moi-même, tends mon plateau afin de recevoir ma part de nourriture et circule maintenant parmi les nombreuses tables de la salle à manger. Au fond, je remarque la silhouette du prisonnier hautain qui s’achemine parmi les autres captifs, prenant place auprès d’une dame voilée. Aussitôt, il se met à discourir avec véhémence, souriant du coin des lèvres allant même jusqu’à tapoter le dos de la main de son interlocuteur. Celle-ci sort de sous la table des livres et tous deux les feuillettent tout en conversant. Du moins, c’est ce que j’en déduis d’après les hochements de tête de l’homme puis de ses lèvres qui remuent.

Près d’eux, je constate la présence d’une personne de ma connaissance. Jovial, je me dirige vers elle, dépose mon plateau près du sien et la salue cordialement. Nadine se fige instantanément, un biscuit brunâtre entre les lèvres. Son regard fixe paraît sonder les alentours, elle tend la tête un peu, retrousse le nez, repousse son biscuit et fronce les sourcils, comme si elle était mécontente.

-Quelque chose ne va pas, Nadine ? je fais en disposant mon assiette, ma soupe, mes ustensiles et ces infectes biscuits devant moi.

-Non…Tout va bien, répond-t-elle d’une voix hésitante.

Je souris.

-J’espère bien. Ma présence ne vous importune pas ? Comme vous le voyez, il ne reste plus de tables libres et je ne tenais pas particulièrement à partager une table avec des inconnus.

-Par chance qu’on se connaît…, souffle la jeune femme m’attirant ainsi un petit éclat de rire discret.

C’est une bien jolie femme que cette Nadine. Douce, timide, réticente. Plus d’un dans mes clients m’aurait payé cher pour coucher avec elle. J’acquiesce comme pour ponctuer mes pensées. Plus d’un. Certains préfèrent les dominatrices perverses et entreprenantes, d’autres de timides femmes dociles et soumises qui écartent les cuisses sans rechigner tout en accomplissant tout ce que le client désire. Leila, l’une de mes filles, était de ce genre-là. Elle se tassait sur elle-même, on ne la remarquait jamais dans une pièce tant elle était discrète et silencieuse. Mais au lit, il paraissait qu’elle était incroyablement bonne. J’aimais bien cette fille. Je me demande si c’est l’une de mes filles qui m’a dénoncé.

-Effectivement, par chance qu’on se connaît, je répète. Dites, vous aimez cette étrange mixture qu’est cette soupe. Je lui trouve un goût amer.
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Nadine
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MessageSujet: Re: Pas besoin de compagnie [PV Logain]   Pas besoin de compagnie [PV Logain] Icon_minitimeLun 11 Aoû - 22:25

Je fronce le nez. À vrai dire, je n'avais pas encore goûté à ce qui était dans mon assiette. Mais l'odeur ne me rappelait en aucun cas une soupe. Avec délicatesse, j'attrape la cuiller qu'on m'a donnée, glissant ma main avec négligence sur le plateau, comme si je ne cherchais pas à saisir quoi que ce soit. Je la soulève, toujours distraitement, mes yeux fixés sur ce que je devine être le visage de Logain, à environ un bras de distance devant moi. Je le sais à l'écho de sa voix, à son souffle – lointain, certes, faible à cette distance, mais décelable quand l'on s'en donne la peine. Je remue la "soupe" et m'étonne de son épaisseur.

-Ce n'est pas de la soupe, je dis avec raideur. Vous vous fichez de moi ?

Et pourquoi le ferait-il ? Il ignore que je suis aveugle, alors quel plaisir prendrait-il à me faire croire des choses idiotes sur ce qui se trouve dans mon plateau.

-C'est pourtant ce que la dame qui me l'a servie m'a affirmé, se défend-t-il, moqueur.

Je me détends. Bon. Probablement qu'il ne se moque pas. J'affiche un sourire timide, désolé peut-être, et laisse reposer ma cuiller dans le bol, avec la ferme intention de ne pas toucher à cette mixture non identifiée. Je préfère ne pas m'aventurer. Je vais me contenter du pain : lui, au moins, il ne cache pas sa véritable nature, ou s'il le fait, il le fait très bien et avec un succès indéniable. Je le déchiquette dans mes mains, en enfournant silencieusement les morceaux entre mes lèvres, faisant mine de regarder un peu partout à la fois. J'aime le pain. J'aime son goût, son odeur, le son qu'il fait quand on le déchire lentement en deux parties, la croûte qui se défait, sa texture molle et dure en même temps dans la bouche. Je ferme les yeux – réflexe inutile, puisque pour moi, ils sont toujours clos – et je savoure. Logain reste silencieux un moment, et je lui en suis reconnaissante. Je n'aime pas les babillages sans importance. Je me traite d'idiote. Je passe mon temps, habituellement, à babiller sans cesse de choses et d'autres … toutefois, avec lui, c'est différent. L'envie n'y est pas.

-Vous ne mangerez pas plus que cela ?

-Pourquoi vous préoccuper de ma santé ? Nous allons tous mourir ici, de toute façon. Plus tôt ou plus tard, quelle différence ?

Un long silence passe. Ce n'est pas le genre de propos que je tiendrais habituellement. C'est seulement que je savais que ça devrait apporter un moment d'embarras pour lui. Mais cet homme ne cessera jamais de me surprendre, car il ne semble pas mal à l'aise le moindre instant.

-Si vous souhaitez accélérer l'heure de votre mort, je vous conseille au contraire de manger cette soupe. Elle est infecte.

Malgré moi, je souris de la plaisanterie. Mais je ne vais pas jusqu'à rire. Celui-là, je le retiens. Il ne faudrait pas qu'il se sente trop à l'aise. Je souhaite au contraire lui rendre ma compagnie si désagréable que les prochaines fois, il ne regardera même plus pour voir si une place est libre à ma table. Mais je n'ai jamais réussi à me montrer totalement antipathique. C'est une qualité – ou un défaut – de naissance. Et comme je ne connais pas mes vrais parents, je ne saurai jamais si je retiens cela d'eux.

-Vous avez fait de nouvelles créations depuis la main ?

La main d'Hina. Pas seulement la main. Je souris à ce souvenir. Je me souviens parfaitement de la sculpture faite ce jour là, et de toutes les autres. Je hoche la tête.

-Et vous les avez toutes détruites, ou je pourrai passer à votre cellule pour en voir une ou deux ? demande-t-il d'un ton outré.

Il n'a toujours pas digéré le fait que je récupère mon matériau …

-J'en ai une en cours. Une nature morte, rien de bien intéressant.

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Logain
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MessageSujet: Re: Pas besoin de compagnie [PV Logain]   Pas besoin de compagnie [PV Logain] Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 21:18

[Pardonne-moi pour la médiocrité de ce texte .... je suis morte de fatigue]

Nature morte…Nature morte…Nature morte…Malgré mes vastes réseaux de connaissance, je ne puis identifier clairement ce qu’est réellement une nature morte. Un cadavre ? Une feuille d’arbre ? Une roche ? Un animal sanglant et empestant la putréfaction ? Un insecte écrasé ? Une pastille ? Une coupe de raisins ? Des raisins ? Des raisins produisent le vin, le vin pétillant sur ma langue et dans ma bouche, le vin, chaud liqueur épicée qui arrose tendrement mon gosier déshydraté. Je regrette la liberté pour le vin et mon métier. Il faut avouer, je n’étais pas un tyran envers mes employées, je les sermonnais peut-être si le travail était bâclé et que les clients se retrouvaient insatisfaits, mais je m’en occupais très bien. Car elles avaient toutes un logis luxurieux, un médecin à mes services qui vérifiait chaque d’elle fréquemment après quoi il payait pour recevoir des faveurs de nature douteuse.

Il était étrange aussi, ce médecin. Parfois, il proposait des choses à trois de mes filles, d’autres fois il suggérait la réalisation de l’un de ses plus perturbants fantasmes. Une fois, il avait sollicité l’aide d’un de mes hommes qui surveillaient la bâtisse, ce dernier, après mon consentement, s’est retiré dans une chambre spéciale avec le médecin et quelques autres filles. J’ai ouï dire que le médecin compétent aspirait à se faire empaler par un massif phallus pendant qu’il dévorerait l’intimité d’une femme tandis que celle-ci exciterait ses compères avec sa langue, sa bouche et ses mains. Fort heureusement, je n’ai pas assisté à cette scène et je m’en vois grandement soulagé. Les gens parfois ont des envies plutôt extravagantes. Les miennes se situent dans la normale, malgré ma mauvaise réputation.

-Humm…, je fais, incertain.

Nature morte….Toute cette divagation pour ces deux mots. Sérieusement, je devrais songer à m’informer davantage sur les arts; il me plait de discuter avec un individu sur les mêmes longueurs d’onde. Dans ce cas, il me faut dévaliser la menue bibliothèque et me renseigner sur tout ce qui traite l’art de la sculpture, non pour impressionner Nadine – bon si un peu, si l’on y repense – mais plutôt pour parfaire ma culture artistique. Voilà, c’est, ma foi, une excellente raison. Oui, une très bonne raison.

Nadine déguste lentement, doucement, avec délice sa miche de pain croustillante. L’imitant, comme hypnotisé par les mouvements fluides et gracieux de ses minuscules doigts – je me demande vraiment si elle est vraiment la meurtrière qu’elle prétend être - , j’engloutis voracement la baguette de pain. Ce qui est intéressant chez cette mystérieuse Nadine, c’est qu’elle ne s’offusque pas lorsqu’on la dévisage longuement. Depuis le début du repas que je la toise, la contemple, l’examine, la fixe intensément. Son regard, anodin et paisible, ne capte aucunement mes prunelles curieuses.

-Oui bon…j’ignore en fait ce qu’est une nature morte dans le monde de l’art, pourriez-vous me l’expliquer, si cela ne vous incommode pas trop…?

Nadine penche sa petite tête dans ma direction comme si elle ne voulait pas manquer le moindre mot de ma demande, elle demeure un moment immobile, s’humecte les lèvres, se tapote les lèvres du bout des doigts, songeuse. Elle acquiesce finalement et après avoir choisi ses mots, elle m’enseigne les premiers rudiments de l’art que je n’ai jamais appris.
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Nadine
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MessageSujet: Re: Pas besoin de compagnie [PV Logain]   Pas besoin de compagnie [PV Logain] Icon_minitimeMer 17 Sep - 5:49

Ignorer ce qu’est une nature morte ? Mais tout le monde sait ce qu’est une nature morte, je songe. Bon ... C’est vrai qu’avant d’avoir des cours d’art, je croyais qu’une nature morte était l’action de peindre, de sculpter ou quoi que ce soit d’autre un morceau de paysage dévasté. Ensuite, j’ai cru qu’il s’agissait de peindre des morts... Il faut dire que j’étais jeune. Je me demande ce que lui s’imagine en entendant ces mots. Nature morte.

-Vous n’avez jamais suivi de cours d’arts plastiques, n’est-ce pas ?

-Ce n’était pas un pré requis dans mon choix de carrière, disons-le.

Je pince les lèvres, agacée par cette réplique. Je dirais que j’avais presque réussi à oublier l’ancien métier de ce monsieur, mais il vient gentiment de me rappeler que j’ai toutes les raisons du monde de le craindre. Je soupire, m’humecte à nouveau les lèvres, cherchant à calmer le feu qui bouillonne en moi. Le fait est que de savoir qu’il a déjà poussé des femmes à vendre leur corps me rend malade. Je ne comprends pas que certaines peuvent le faire de leur plein gré. Non. Pour moi, une femme qui vend son corps a été obligatoirement poussée à cela par un homme. Je n’aime pas les hommes. Je n’aime pas cet homme.

-C’est de prendre pour modèle quelque chose qui n’est pas vivant, comme un objet, un vêtement.

Il hoche la tête, dit que c’était effectivement ce à quoi il pensait, qu’il voulait seulement être rassuré. Oui, bien sûr, monsieur de revendeur d’humains ! Je voudrais lui lancer un regard mauvais, malveillant,, mais quelque chose m’en empêche. Je ne suis ni mauvaise, ni malveillante, et je ne peux souhaiter le malheur de personne. Même mon beau-père n’a jamais pu me pousser à le haïr au point de vouloir lui rendre ses coups. Pour moi, il était déjà malheureux, et avait besoin de quelqu’un pour l’épauler dans son malheur. Et cela, personne ne me l’enlèvera de l’idée.

-Vous me permettrez de vous accompagner à votre cellule après le repas ?

Je ne sais pas. Devrais-je ? Qu’est-ce qu’il me veut, à la fin ? Est-ce qu’il serait capable de redémarrer son réseau de prostitution à l’intérieur des murs de la prison ? Me veut-il dans son staff ? Et suis-je même assez jolie pour qu’on veuille de moi là-dedans ? J’en doute ... La dernière fois que j’ai pu me regarder dans un miroir, je n’étais qu’une jeune adolescente, pas vraiment très jolie. Après ... Je ne sais pas ce que je suis devenue. Je hoche la tête. Faire le trajet à deux ne me dérange pas. S’il se souvient de l’emplacement de ma cellule, je n’aurai pas l’utilité de compter les pas pour m’y rendre. Je souris doucement, hoche la tête, puis continue de décortiquer mon pain jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une miette. Je pose mes mains à plat sur la table.

-Bon ... Allons-y.

Un moment de silence passe.

-Mais je n’ai pas terminé, dit Logain.

Je hoquète. Quelle sotte je fais. Je ne peux pas voir ce qu’il fait, et à travers le bruit de la cantine, je n’ai pas pu distinguer son bruit de mastication d’un autre. Je me tasse sur ma chaise, marmonnant que c’était seulement pour marquer que j’avais fini.

-Pas besoin, dit-il en riant. Je vous voie.

Amère, je fais la moue. Toi tu me vois, en effet. Mais moi je ne peux pas me vanter d’un tel exploit.

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