Sadismus Jail
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Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus.
 
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 Paires et impairs [ prio Tsuyosa]

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Siriel Silver
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MessageSujet: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeMer 18 Juin - 20:00

On sait à présent que la terre est ronde. Elle tourne sur elle même, autour du soleil, dans la galaxie et sous mes pieds. Tourne, tourne petite terre. Tourne a gauche, à droite, monte et descend. Elle vit. Sous nos pieds, son sang magmatique se déplace, poussé par un poul silencieux. Elle saigne dans les volcans, tousse dans les tremblement de terre, pleure dans les tsunami. La terre est vivante et nous parle sans cesse. Mais nous sommes trop perdus dans nos propres conversations pour l'écouter.

Je marche dans les couloirs. La pierre pleure toujours mais je ne sais pas encore pourquoi. Ma main droite frôle les murs pour m'aider à me repérer. Sentir cette présence solide à mes côtés renforce mon sens de l'orientation. La terre tourne. La gauche devient droite et la droite devient haut. Le bas est devant, l'arrière est en face. Je suis dans un champ de neige pierreuse d'où s'effacent les traces de pas. Une infinité de chemins partent de là où je me trouve et pas un ne sait d'où je viens. Sarah est "nowhere to be seen". J'en perds mon anglais. Pourquoi les deux langues se mélangent elles soudainement ? Où vais-je ?

J'arrête de marcher et je ferme mes yeux clairs. La voix du gardien me revient à l'esprit.

"Vous êtes attendu par la Psychiatre dans le quartier des Gardiens, chambre 17 à 14h précises."

Je me rappelle des articles du règlement. Ne pas aller dans l'aile des employés sans être invité. Ne pas refuser une convocation. Je suppose que je suis invité. Dans une chambre. Pourquoi pas.

Le soleil ne passe pas les murs. Je ne sais pas quelle heure il est mais je dois me remettre en marche pour ne pas être en retard. La terre a beau tourner sous mes pieds, je marche droit devant moi, la tête haute et les yeux dans le vague. Je vois à peine qui je croise mais je sais où je vais. Tout droit, à droite deux fois. A gauche. A droite. Tout droit. 13. 14. 15. 16...

La chambre Dix Sept se trouve droit devant moi. Le monde s'est arrêté de tourner. Je passe calmement ma main dans mes cheveux pour les décoller de mon visage. Il fait chaud. Mes bras redescendent le long de mon corps, tirant sur mon uniforme pour le rendre plus présentable. La terre tourne.

Il est quatorze heures. Je n'ai pas de montre mais je le sais, le sens en moi. Et comme je suis ponctuel, il faudrait que je frappe. Mais l'idée de blesser cette porte innocente en frappant dessus ne me plait pas. Et il n'y a pas de sonnette. Un dilemne difficile se pose alors. Trop difficile, j'en ai presque envie de faire demi-tour. Apres tout je ne le connais pas moi ce médecin. Et après l'ancienne je ne pense pas être capable de me confier à nouveau. Il est quatorze heures.
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeDim 22 Juin - 15:56

Je regarde mon reflet comme on lit un roman. Moi seule peut me connaître autant, moi seule sait lire dans mes yeux toutes les nuances de mon étrange existence. Au final, peut-être est-ce un des avantages de la folie : On se connait mieux que personne. Beaucoup de gens se cherchent mais ne se trouvent jamais, la caractéristique du fou consciencieux est de s'être trouvé sans avoir cherché. Il suffit d'avoir conscience de soi et de toute la profondeur de sa personne pour pouvoir sonder l'âme d'autrui. Peut-être suis-je plus dangereuse qu'un fou psychotique, mais après tout who cares ?

J'ai rendez vous. Avec Lui. Ca faisait longtemps, j'ai oublié certaines choses, d'autres me reviennent en tête, comme une chanson qu'on a pas entendu depuis quelques années et dont on connaissait par coeur chaque couplet. Il était un de mes patients favoris, tant par son calme que par sa façon de me faire oublier quelques instants le goût que pouvait avoir la chair humaine. J'en aurais presque oublié mes projets, si j'avais pris la peine de passer plus de temps avec lui. Mais je ne l'ai jamais fait, par amour du meurtre et du danger, sans doute. Il était cette morphine que je refusais catégoriquement.

Pourtant je l'avais suivi en prison. Ce n'était pas mon but premier mais telle était la réalité. Il était dans le même institut que moi. Lui, innocent derrière les barreaux et moi criminelle en liberté, pourtant enfermée entre quatre murs. Dieu que le monde est injuste. Dieu que ça me plait. Comme si la vie elle même était un jeu passionnant.

Il est 13heures 55. Il est toujours à l'heure, il ne changera pas cette fois-ci. Même si les conditions sont différentes, Siriel évolue toujours de la même façon. J'aime ce côté ci chez lui, cet enracinement profond dans la stabilité.

Il est 14 heures et j'entends ses pas, légers. Sans savoir pourquoi, ils me sont familiers, je pourrais les reconnaître entre mille. Je n'ai qu'à me lever, traverser ma chambre et ouvrir pour revoir son visage. Et c'est ce que je fais. Il est là; oui. Grand, maigre et le visage tendu. Il ne m'attendait pas, non je n'étais pour lui que son médecin et un peu plus.

Et pourtant non. J'aurais pu partir à mon arrivée. Mais Il m'a retenue, sans rien faire, sans même le voir. Ce ne sont pas des sentiments communs qui coulent en moi, ce n'est pas un amour passionné pour autant non. C'est plus simple, plus noble : C'est une conviction.

"Bonjour Siriel".

Mon visage ne sourit pas, ne grimace pas. Il ne reflète rien de plus qu'à l'habitude, une mélancolie morbide mélangée à l'amusement.
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Siriel Silver
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeDim 22 Juin - 17:49

Le bois m'appelle, la pierre me fait signe, me promettant un peu de fraîcheur dans la chaleur étouffante du début d'après midi. Le soleil ne passe pas ici et pourtant il semble traverser les murs pour diffuser chaleur et lumière. Le gris devient blanc, les raies naturelles se fondent en arabesques étranges, comme une écriture qui me serait inconnue. La pierre me parle. C'est moi qui pour une fois ne comprend pas.

J'entends des pas étouffés de l'autre coté et pose ma main sur la porte. Son poul bat jusque dans ma paume, c'est la première fois que je le sens si réveillé. Comme il est sur la terre, il tourne aussi dans son immobilité. La poignée aussi tourne. Autour du soleil, sur elle même, tout doucement, sans bouger. La porte tourne sur ses gonds et une ombre se dessine dans l'entrebaillement.

J'ai retiré ma main et fait poliment un pas en arrière. Je me tiens droit et regarde le vide devant mes yeux. Celle qui doit me recevoir est une femme, je suis donc plus grand qu'elle. Un peu de sueur colle les mèches sur mon visage. Je connais ce parfum, cette présence. Elle ne devrait pas être là. Même l'odeur de clou de girofle ne devrait pas être là. L'allemagne n'est pas à Londres. La terre tourne mais ne devrait pas se tordre. Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.


"Bonjour Siriel".

Le temps s'arrête. Le temps n'existe plus, l'espace n'est qu'une abstraction, la distance est oubliée. Elle est là. Sarah est partie. Je comprends comment mais je n'arrive pas à chasser cette phrase qui tourbillonne dans mon esprit. Elle est là. J'avance d'un pas, pose ma main sur le chambranle de la porte pour rester dans l'irréelle réalite. Elle est là. Le monde peut bien tomber en morceaux maintenant, plus rien ne peut m'étonner.

Je baisse lentement la tête, puis les yeux, toujours aussi impassible. Je ne sais pas ce que je ressens, ni ce que je devrais ressentir.


"Tsuyosa."

Je l'ai toujours appelée par son prénom et je continuerais a faire de même. J'ai tout mit dans ce seul mot pourtant articulé d'une voix froide et mécanique. C'est toujours une tempête en moi mais un ouragan calme. Quelque chose est à sa place. J'aurais du prévoir. Pour mon docteur, rien n'est impossible. Même Sarah s'incline face à Elle.
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeDim 29 Juin - 19:32

Je m'avance d'un pas, il est face à moi. Droit comme toujours, pourtant quelque chose me dit qu'il va mal, que sa fièvre monte au même rythme que son inertie. Je doute qu'il ai craché un seul mot depuis son arrivée. Ses yeux se perdent pour revenir, prennent vie, comme si les murs laissaient filtrer soudainement toute la lumière aveuglante du soleil. Son âme s'emballe et crie, je peux l'entendre comme j'entendais celle des autres. Un ronronnement sourd, couplé aux battements désordonnés de son coeur qui tente de suivre la cadence et l'intensité de ses émotions. Il ne lui faut qu'un mot pourtant.

« Tsuyosa »


Mon prénom traverse la pièce et rebondit souplement contre les murs, il le crache, le murmure, le dit et le crie en même temps. La pièce l'imbibe, sa peau aussi. Je sens presque la tornade dans son ventre et les éléments qui se déchainent dans sa tête.

Je recule et m'assois sur mon lit pour prendre une autre cigarette, ce ne sera que la 5ème de l'heure. J'aspire lentement et la fumée me brule l'œsophage une nouvelle fois. Je la recrache lentement et elle s'évapore dans l'air, se décortique, s'étire et se déchiquette. Je vois plusieurs continents se former, cotonneux et instables. Ils se disloquent, membres arrachés d'un corps entier. Puis disparaissent, inévitablement.

Je tourne mon visage vers Siriel et l'invite à venir me rejoindre. J'hésite encore. Lui dire la vérité ou l'enfoncer dans mon odieux mensonge ? Je sais qu'il ne me dénoncera jamais, mais le simple fait de tout avouer est en soi une certaine défaite, percer un trou avec un cure dent dans ce soufflé au fromage. J'ai faim, la comparaison était trop alléchante.

« Comment vas tu ? »


Drôle de question. Drôle d'endroit et drôles de gens.
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeLun 30 Juin - 10:36

Elle s'avance quand je recule sur une musique connue seulement de nous deux. Etrange chorégraphie improvisée dont les pas sont moins révélateurs que l'impassibilité de nos visages. Valse de mort et de vie, tango sauvage et lent et respirations lourdes, inaudibles, presques interdites. Le silence est notre monde à tous les deux. La vie notre scène, et la mort nos coulisses. Je ne connais pas mon rôle mais je me laisse guider. Elle sait tout. Les paroles, la mise en scène, l'intrigue et les déplacements. Metteur en scène étrange et parfumée, elle porte ses mots comme autant de costumes différents. Voyez au détour d'un mot, le mousquetaire en livrée, entendez derrière cette syllabe la jeune fille découvrant pour la première fois la signification du mot liberté. Elle les joue tous, du valet loufoque au tragique jeune homme qui ne sait que choisir entre honneur et amour. Elle tiens tous les fils de la réalité tout en restant invisible. Même la vie qui envahi mes yeux en la voyant et vide mon corps brûlant lui appartient.

La musique change maintenant, imperceptiblement mais inexorablement. Le froid vient après la chaleur. Les danseurs s'immobilisent pour laisser les acteurs changer le décors. Le rideau tombe un moment.

Entracte.

Changement de situation lorsque reprend la pièce. Elle s'est assise sur son lit et seule la fumée de ses cigarettes danse. Le tableau est immobile, l'air lourd du parfum si étrange de son tabac. La brume blanche emplit la piece. La marionettiste tire sur la ficelle pour donner vie a mon corps mais je ne bouge pas. J'aimerais bien. Seulement...

Le sol à mes pieds n'est plus de pierre. La structure du drame à changé pour quelque chose de marin et je vois les vagues grises devant mes pieds. Ma main est toujours sur la porte. Elle s'enfonce dans le bois qui aupravant me paraissait solide. La brume est aspirée par le trou noir tourbillonnant devant mes yeux.

Clap.


« Comment vas tu ? »

Retour dans la réalité.

On a coupé mes fils. Plus rien ne me retient que la danse. Je fais un pas en avant, doucement mais assuré. Je m'arrête le temps de ne pas perdre mon équilibre. Quand est-ce que la prison est devenue nuage ? Un autre pas. Pourquoi la fumée se transforme en bruine ? Ou est la pierre ? D'ou vient la mer ? Je vais me noyer dans cette chambre. Est-ce la mon script Tsuyosa ?


"..."

Le soleil a des rayons de pluie. Comprendrais-tu si je te donnait cette phrase comme seule réponse ? J'ai besoin de ton aide pour continuer à avancer. Viens rattacher mes liens. La liberté n'a pas de sens si je ne peux la vivre debout. Noie moi s'il le faut, mais ne laisse pas la terre m'avaler. Je ne veux pas m'écrouler devant toi. Pourquoi ai-je peur ?

Encore un pas. Deux. Lentement, posément, comme toujours. Je reste droit par habitude, impassible par paresse. Seuls mes yeux cillent bien plus souvent que d'habitude.

Encore un pas. Deux. Je suis devant elle. Je ne m'asseoit pas, trop peur de m'écrouler. Et je la regarde. Elle n'a pas changé et pourtant, mes fils ont été coupés. Je tends mes deux poignets comme lorsque l'on me passe les menottes. J'aimerais qu'elle me rendre ma captivité. Je suis trop libre dans cette prison.


"Toi ?"
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeLun 30 Juin - 10:52

Le metteur en scène crie ses instructions, mais à quoi sert il de crier lorsque tout se passe bien, que l'acteur principal sait si bien son texte, que son rôle s'infiltre dans son sang et le noircit peu à peu. Je suis ton poison, je suis ce goudron qui obstrue tes artères et étouffe ton coeur, je suis ce chocolat si noir et amère qu'il dégoute dès la première bouchée, je suis aussi cette pluie acide qui ronge les pierres millénaires. Je brise la glace en l'effleurant des doigts, je te tire brutalement de ton pied d'estale pour te regarder tomber avec délectation.

Danse danse mon prince jusqu'à ce que ton souffle se coupe et ta peau se refroidisse. Danse danse.

Chaque sentiment, chaque impression, tout, tout est calculé. Il va mal, je le sais, je l'ai toujours su, et pourtant ma présence seule ajoute à sa tristesse habituelle un ouragan de contradictions et de paradoxes qui hantent son esprit comme un vieux fantôme élimé. Je souris, mon visage se tort, mes yeux rient pour moi. J'ai déjà gagné. Encore une fois, j'ai eu ce que je voulais, je regarde ses deux poignets qui se tendent vers moi.

Reprends moi
Reprends moi
Je t'en prie, je ne sais plus, je ne sais pas
Reprends moi.

Ton regard est si clair Siriel, j'y lis comme dans un livre. Je sais que tu en est conscient, tu veux que je m'accroche à toi, que je te ramène. Tu veux aussi rester auprès de Sarah, son esprit n'est pas loin, il sent la vanille. L'odeur capiteuse se mêle à la mienne, tu les imbibes toutes les deux. J'ai beau cherché, j'ai déjà gagné. Mes mains s'entremêlent aux tiennes un instant, tu me demande comment je vais, tout en sachant pertinemment la réponse. Je ne vais jamais mal, non jamais. Quoi qu'il arrive la vie est un jeu, tu es mon roi sur l'échiquier et perdre des pions ne me fais pas peur. Tu connais presque ton rôle mais tu ne veux pas l'assumer, il faudrait que tu aime pour cela, que tu ressente, que tu abandonne. Tu m'as déjà cédé ton esprit, mais ton âme reste scellée et hurle.

Je t'en prie
Je t'en prie
Je t'aime mais je ne sais pas.

I will not die. I will not die, why won't you die, your blood in mine, we'll be fine. I will not die.

Nos dialogues sont dans notre langue maternelle et passent dans nos regards, comme secrets et si intimes que les paroles souilleraient ces supplications.

"Je vais bien." Dis-je dans un souffle.
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeLun 30 Juin - 11:44

Tu es mon poison, ce goudron qui obstrue mes artères et étouffe mon coeur. Tu es ma drogue, mon ancre dans la réalité. Et je vois l'enfer dans tes yeux.
Je connais mon rôle. Je suis le prince, le roi, le danseur et le fou de la pièce. Je suis la justice aveugle, le bourreau sourd aux supplications, la mort muette. Je suis tout et rien. Ange au service d'un dieu déchu, démon d'un diable honnête. Je connais mon texte, il est silencieux. Je connais mes gestes, ils sont immobiles. Et je te connais aussi. Toi qui n'existe pas vraiment.

Tes doigts se sont entrelacés aux miens et la pierre redevient solide. Mon coeur bat à toute vitesse. Tu me prends par surprise. Ne vois tu pas que te toucher me fait me sentir vivant ? Ne sais tu pas que te toucher me donne envie de mourir ? Notre chanson sort des murs même de la chrysalide. Que devient le papillon si on lui lie les ailes ? Vivra-t-il plus longtemps ou se laissera t il dépérir ? Marcher et attendre, seul sans s'en préoccuper. Espérant et haïssant ces fardeaux que je ne peux supporter.

L'entrelacs des encens et des fumées nous isole de l'extérieur. Je suis conscient de ma propre incohérence. Entre rêve et réalité la cloison s'effrite. Je ne suis pas loin de sombrer d'un côté ou de l'autre. Crois tu que tu peux arriver dans ma vie et la désorganiser sans conséquences ? Hell, did you ?

Tu lis mes pensées dans mes yeux. Sarah le faisait aussi. Son parfum vanillé est derrière moi, tu es devant. Ton parfum de clou de girofle est derriere moi, Sarah est devant. A nouveau les étoiles font un tour complet et noir devant mes yeux. Tu ne sais pas à quel point je vais mal. Je crois que je vais mourir. Si je disparais, sauras-tu me retrouver aussi ? J'ai dormi tellement longtemps sans vous que cela me déchire, et pourtant je ne sais qui choisir entre vous deux. J'ai peur. Peur de ne plus être, peur de rester aussi. Je ne veux pas choisir un côté ou l'autre. Pourquoi faut-il toujours décider. Comment en sommes nous arrivés la ?

Nous jouons avec un coeur plus vieux que le monde. Toi, moi, elle, nous. Un coeur qui ne bat plus au rythme du soleil et des oiseaux. Un coeur qui a trop vu, trop pensé, trop vécu. J'ai tué des millions d'âmes sans coeur mais je ne peux pas te tuer, le coeur sans âme. Et je ne veux pas mourir. J'ai dormi si longtemps sans toi.


(HJ La chanson Slept so long s'est glissée, traduite, un peu partout dans le texte. Je ne sais plus l'auteur de la chanson, la traduction est de moi, adaptée pour les besoins du texte)
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeMer 2 Juil - 11:38

Je t'ai perdu comme on perd son un souvenir. Pourtant tu es toujours là, dans ma mémoire, inscrit dans mes pensées, imprimé sur mon corps, au bout de ma langue. Je t'ai trahi, je t'ai toujours trahi, dès le premier jour. Je n'ai jamais eu l'intention de t'aider, juste de te manipuler, et qui sait, peut-être un jour ais-je voulu dévorer tes joues et ton coeur, comme les autres. Ils étaient si doux, si beaux dans leur mort, là, au creux de mon ventre, se déversant dans mes muscles et rajeunissant ma peau. Toi aussi, j'aurais du te tuer, te libérer des poids qui t'assaillent, mais encore une fois je t'ai trahie. Le couteau n'était pas loin pourtant, mais tu étais le coupable idéal, tu étais parfait.

Je t'aime, oui, mais il y a cet autre que j'aime beaucoup plus, dont je suis folle : moi. Que faire pour lutter contre soi-même ? Mais qu'importe, laissons les trahisons passées de côté. Le présent est si doux, comme un arlequin. Tu sais au plus profond de toi même que je ne t'offrirais jamais le bonheur. Une relation avec moi est pire qu'une relation incestueuse, ce n'est plus de la douleur ou de la honte, c'est de la souffrance et de l'indifférence, de l'oubli et tout ces sentiments que l'on ne prononce pas par superstition spirituelle. C'est ce deuil qui m'entoure, pourtant je cache à tous mes secrets et mes plaies. Je n'éprouve rien, je joue.

L'amour du jeu, l'amour qu'un chat porte au petit oisillon déchiqueté entre ses pattes. L'amour du prédateur envers sa proie, je joue avant de manger mon prochain. Ces jeux sont excitants, ils tordent mon ventre, et pourtant je n'ai aucun remords. Parfois le meurtrier tue simplement pour le regretter, pour s'auto punir par l'esprit. Seulement toi tu es une proie bien moins vivace, tu te laisse attraper, mais tu es si bon, ton odeur est si douce, je n'ai pas envie de te gâcher. Alors je te garde là, entre mes griffes, torturant ton âme meurtrie.

Je me lève et pose ma main sur sa joue, tenant toujours ses poignets de l'autre.
"Je suis là maintenant" Qu'il y avait-il à dire de plus ?
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeMer 2 Juil - 16:38

Le décor est bien marin. La pièce se précise sous mes yeux, le tableau prend vie. Je ne suis pas homme dans cette pièce, je suis esquif. J'ai quitté le rivage il y a vingt ans lors de la mort de Sarah et comme un Ulysse muet, j'ai offensé un Poséïdon quelconque. On ne me laissera pas revoir Pénélope, je suis condamné à errer entre deux eaux. Perdu dans des lieux qui n'existent sur aucune carte et balloté par un eole joueur.

Ma vie est une ligne, un courant zigzagant entre les récifs. La tempête s'est levée depuis quelques mois et tente de me jeter d'un côté ou de l'autre pour me briser. Monde de Réalité vide et insensé, ton tirant est trop faible pour moi. Je ne veux pas m'échouer sur tes fonds, racler ton sable et me blesser à tes coraux. Tes sirènes à queue de poisson ne m'auront pas. Monde Irréel, tes courants sont trop forts, tes fonds trop profonds. Tes obscurités sont emplies de tourbillons sans fins. Je t'aime, ton chant est doux à mes oreilles. Mais si je tombe vers toi, je sais que je ne m'en sortirait pas.

Je ne veux pas choisir. Je ne veux pas choisir. Et le vent, amusé, ne choisit pas plus. Je penche à droite, je glisse à gauche. Ici un requin, là un mirage. Il faut avancer, toujours vers l'avant, rejoindre la rive que l'on aperçoit en face. Cette rive qui s'éloigne à chaque pas vers elle.


"Je suis là maintenant"

Tu es là maintenant. Quelqu'un a jeté l'ancre, je m'immobilise. Je ne toucherais pas terre mais jamais je ne tomberais d'un côté ou de l'autre. Tant que tu seras là pour me rattacher à la réalité. Tsuyosa. Sais-tu que tu es mon ancre ? As-tu compris pourquoi j'aimais te voir, te sentir, t'entendre alors que je n'aime pas le bruit ? La profondeur de tes opinions, ce regard métallique que tu portes sur la vie. Tu ne t'intéresse pas au bien ou au mal. Tu cherches la connaissance, un masque pour tromper l'ennui. Tu es froide, souple a en devenir solide, tu sais te poser sur le sable comme attraper les rochers. Tu coupes, tu blesses, tu sauves. Je ne te demande rien. Juste d'être là. Comme maintenant.

"J'ai mal."

Dire ces mots m'est difficile. Cela fait une semaine que je sens cette douleur diffuse au fond de ma gorge, sur ma langue, dans ma poitrine et sur mon dos. Je ne l'ai dit a personne. Seule la dryade s'en est rendue compte. Je ne souffre pas vraiment, car la souffrance est une vieille compagne, je ne la sens quasiment plus. Mais la douleur est là, assourdie ou pas, elle pulse dans mes veines.
Je pose ma tête sur son épaule. Elle est moins petite que les autres et j'ai a peine à me baisser. Elle est la réalité. La seule chose qui existe vraiment avec le temps. Elle est mon monde. Je n'attend rien d'elle. Juste d'être. Elle est là. Je peux donc me laisser aller, elle ne me laissera pas me faire emporter. Je peux toujours me retourner ou sombrer mais au moins je ne dérive pas. Les ténèbres m'entourent et me reposent. Je sens son odeurs si discrète et le satin de sa peau sous sa robe. Pour la premiere fois depuis une semaine, j'arrête de lutter.
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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeSam 6 Sep - 8:37

Je te regarde. Tu es malade, si malade. Tu ne le sais pas encore, mais la force de l'esprit t'as donné ce mal pour que tu te rappelles encore Sara. Comme toujours, il se venge sur ton corps, dès que tu penses à une autre. Tu penses à moi. Quel sentiment délicieux, même ton inconscient lutte contre moi, alors que tu ne veux que mes bras.

Désir, punition, amour, haine.

Qu'il y a t-il de vrai dans ce monde de fer, dans ces lentilles de verre déformées. Je jette de l'eau sur un miroir et je me vois telle que je suis, il faut donc un facteur pour être compris tels que nous sommes. Toi non. Tu es si simple, si beau dans ta tristesse. Tu es un fantôme parfait.

Perfection.

Chacun voit cette définition à sa manière. Tu es parfait. Parfait. Le sujet idéal, les sentiments les plus violents et nauséeux que j'ai jamais vu. Toujours assaili par la tempête, l'extérieur de ta muraille ne laisse rien voir. Tu n'exploseras pas, tu mourras lentement, porté par la douleur comme dernier refuge.

Tu vis.

Oh, tu ne le sais probablement pas. Les autres sont fades, ils n'éxistent que pour leur confort. Tu ne vis que pour tes sentiments et tes impressions, plus fort qu'un artiste. Ton crayon ne libère qu'un centième de ta façon de voir le monde. Il n'y a que des images, des métaphores. Je t'analyse encore, j'adore ça, c'en devient une drogue. Te tuer ? Non, quel gâchis en y repensant. J'aurais aimé mourir pour voir tes réactions, j'aurais aimé t'enfoncer dans le desespoir pour voir ta mort. Mais l'un dans l'autre nous serions ...

Séparés.

Pourquoi ce mot devient-il soudainement inconcevable ? Pourquoi je ne veux même pas imaginer une seconde le fait que nous soyons éloignés éternellement. Rien ne me rattache à ce monde, je l'expulse d'une pensée. La solution me saute aux yeux. Tu es l'ancre de mon navire, tu n'appartiens pas à ce monde mais tu coule dedans, rattaché à moi. Tu vois certaines choses comme je les vois. Je te regarde sombrer, je te ramène, et nous allons ailleurs. Je dériverais dans la destruction d'autrui si tu n'étais pas ici, maintenant. Et toi tu serais au fond, totalement au fond.

Complémentaires ?
Amoureux ?

Que ce sont ces mots ? Je ne sais pas. Je prends ta main, entrelace nos doigts et regarde une nouvelle fois ton visage sur mon épaule. Tes lèvres sont si proches, mais je ne veux pas les approcher, je ne suis pas sentimentale. Trop tard, je t'embrasse déjà. Je suis là. Je te porterais où le vent de mes envies voudra bien souffler.

Aurais-je besoin de toi, Siriel ?
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Siriel Silver
571-428 Serenity
Siriel Silver


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MessageSujet: Re: Paires et impairs [ prio Tsuyosa]   Paires et impairs [ prio Tsuyosa] Icon_minitimeLun 8 Sep - 0:19

La mer fait le gros dos. Elle tangue et elle chavire comme les pierres à la limite de mon champ de vision. Je te regarde mais autour de toi la réalité se brouille et se tord. J'en viens à douter de ta réalité dans le monde ou je t'ai connu. Es-tu comme Sarah ? Une vision qui s'impose à moi quand je l'y attends le moins et que j'appelle de toutes mes forces le reste du temps ? Mon ancre serait-elle une sirène ?

Où sont tes ailes ange de la mort au chant enchanteur ? Veux tu vraiment me noyer dans cette ligne entre réalité et imaginaire ? Suis-je vraiment cet Ulysse ? Mais dans ce cas là où est le mât et les liens de chanvre censés m'empêcher de sauter dans la tourmente pour te rejoindre ? Tu es le lien qui me raccroche à la vie et celui qui me sépare des vivants comme des morts. Tu me maintiens entre deux mondes, celui de la triste lucidité, dans lequel je suis sur que je finirais par mourir d'immobilisme, échoué solitaire dans un monde lourd et silencieux, et celui de l'onirique réalité, bien trop violent et profond ou je risque de perdre non seulement la raison mais aussi tout ce qui fait moi.

Je te regarde. Je dois me concentrer pour te voir tant les rafales de pluie te voilent à ma vue. Oui je sais que je suis à l'intérieur et qu'il ne pleut pas. Mais il y a quelque chose d'étrange ici. Comme un froissement entre deux réalités. Et je sais. Je sens. Que là bas il pleut, il vente et que la mer est mauvaise.

La mer était mauvaise mais la soupe était bonne.*

Je te regarde, cette fois sans laisser mes pensées flâner au gré du vent furieux. Tu as l’air concentrée. Tu essaies encore de me comprendre ou est-ce toi ta nouvelle énigme. Qui a allumé le soleil ? Il fait si chaud tout d’un coup. Je suis trempé. Les embruns je suppose. Mais tu es là alors je sais que je ne deviens pas fou. Et même si ce n’est qu’une illusion, je n’ai de toute façon plus l’envie de lutter. Je sens tes doigts dans les miens et la pièce reprend son aplomb. Je ne bouge pas cependant. J’ai le mal de terre. Maintenant que le bateau ne bouge plus, mes jambes protestent. Elles refusent la stabilité. Inconsciemment je ferme ma main sur la tienne, comme on s’accroche au bastingage. J’ai le cœur au bord des lèvres, et tu viens le prendre.

Une éternité entre deux battements de cœur. Si la réalité est plus tangible, mes jambes n’en sont que moins solides. L’esquif est toujours solidement accroché à son fond de mer mais c’est le corps même du bateau qui craque. Le canot devient radeau, et sous les assauts répétés et violents du sel, les cordes cèdent et l’édifice tout entier part à la dérive. Je sombre, je flambe, je coule et brûle tout en même temps. Il n’y a pas de limites entre mon esprit et mon corps, pas d’entente possible. Le sol m’avale. Je sais que tu ne paniqueras pas, tu es médecin après tout.

Blanc. Noir. Mes doigts qui refusent de quitter les tiens et le souvenir de tes lèvres sur les miennes. Ton parfum me poursuit. Je ne suis pas évanoui, pas encore. Ce n’est qu’une question de secon…

Un monde gris.


[hj : *La chasse a la baleine – Jacques Prévert. Oui, ça n’a rien à faire là, je sais.]
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