Changement de régime... [Bella]

Découvrons donc ce réfectoire. Je dois dire que je n'ai pas vraiment l'habitude des cantines. Je fréquentais un peu celle du lycée quand j'y étais encore, mais j'avais vraiment du mal avec la nourriture qui y était. Je suis sans doute un peu difficile à ce niveau, mais pour ma défense, je n'ai toujours mangé presque que du bio, d'aussi loin que je m'en souvienne en tout cas. Alors depuis le temps, je m'y suis habituée. Et j'aime ça, j'aime les vrais fruits, les vrais légumes, les vrais repas qu'on met du temps à préparer et qu'on s'amuse à faire. Je sens qu'ici, je vais devoir me faire à un tout autre genre de cuisine.
Mais cessons de réfléchir, et entrons. Je me sers donc, regarde autour de moi et repère une table table où il n'y a qu'une personne. Ce n'est pas que je n'aime pas manger avec beaucoup de monde, au contraire, mais je ne me sens pas le courage de m'intégrer à un groupe tout de suite. Une chose à la fois.

" Je peux m'asseoir? "

Je m'asseois sans attendre de réponse, supposant une réponse positive. Après tout, pourquoi la personne assise là refuserait-elle? Un peu de compagnie ne fait de mal à personne... Je regarde d'un air dubitatif la chose étrange qui se trouve dans mon assiette, un peu intriguée. Ce qui ne m'empêche pas de sourire.

" C'est sensé être quoi? "

J'ai beau réfléchir, je suis bien incapable de le dire, ni même d'émettre une hypothèse. Une chose est sûre, aucune chance que ce soit bio. Tant pis, j'en mourrais pas. Je goûte, retrouvant mon air dubitatif, et m'arrête à la première bouchée. Au revoir le sourire, bonjour la mine dégoûtée. Et je me plaignais de la nourriture du lycée... si j'avais sû, à l'époque, je crois que je l'aurais moins critiquée...
Je ne sais pas si c'est particuclièrement dégueulasse aujourd'hui ou si c'est comme ça tout le temps, mais j'ai presque envie de vomir. Presque, parce que quand même, y a des limites, je ne suis pas difficile à ce point. Je me force un peu, et abandonne.
Je suppose que je finirai par m'y habituer, mais pour l'instant, je vais me contenter de la pomme que j'ai en dessert. Mouais. Là aussi, on sent que c'est pas du bio. Je suppose qu'en Allemagne comme en France, ça coûte plus cher quand c'est naturel, et que pour les collectivités, en particulier pour les prisons, le budget bouffe n'est pas énorme. Mais bon, quitteà me répéter, je finirai bien par m'y habituer. Il y a sans doute pire que la cantine ici, et je suis capable d'en supporter plus. J'espère en tout cas, sinon, je sais vraiment pas comment je vais m'en soritr... Mais relevons la tête, et faisons connaissance.

" Au fait, je m'appelle Amandine. Et toi? "

Je me rends compte maintenant que je dérange peut-être en fait. Je n'ai pas vraiment fait attention à la réponse donnée à ma première question. S'il y en a eu une, elle a sans doute été couverte par le bruit qu'a fait ma chaise quand je l'ai bougée. On m'a déjà (souvent) dit que je suis un peu trop directe avec les gens. Moi je dis plutôt que je suis simplement très sociable. Pour l'instant, ça ne m'a jamais joué de tour, et je ne pense pas que ça va changer maintenant, juste parce que je me suis assise à la table d'une personne inconnue.
D'accord, une personne inconnue et en prison, mais ça ne veut pas dire grand chose. Après tout, j'y suis aussi moi.
Etrange, avant de venir ici, je me serais un peu plus méfiée de quelqu'un qui a été en prison. Enfin je pense, c'est vrai que je suis plutôt confiante comme fille. Avec certaines limites quand même. Si ma toute nouvelle connaissance me disait qu'elle est un violeur-tueur-en-série-psychopathe, je crois que je prendrais peur.

Assise à une table seule, j’observe avec grande intention mon plateau de nourriture. Aller savoir pourquoi personne ne vient à ma table…ah oui j’oubliais. Une fille trop gentille est écœurante, répugnante, déprimante…enfin c’est l’effet que ça faisait sur Hina. A croire que c’est pareil pour presque tout le monde. Cette fois je ne peux pas me plaindre, on m’a complètement oubliée. On est quel jour aujourd’hui ? Le 14 Mai je crois…je suis pas sur, ici on perd la notion du temps. Vive les petits bâtons à la craie sur le mur pour essayer de se repérer un peu. Qu’importe, Ethan me guidera lui.

Mes yeux vairons, sont perdus dans le vague. Je pense beaucoup, une fois de plus. Je ne sais pas pourquoi mais…j’imagine Kathleen dans son cercueil. Entrain de ce décomposer….HORREUR ! Je me crispe fermant les yeux plantant ma fourchette dans ce qui ressemblait à de la purée de pomme de terre. Ma respiration s’accélère légèrement. Cette vision me hantera toujours…Kathleen, pourquoi tu as fais ça ?...

" Je peux m'asseoir? "

Je sursaute, faisant tomber mon couteau. Se tiens devant moi une jolie jeune fille à la longue chevelure rousse, tombant en boucle derrière son dos. Deux grands yeux verts se posent sur moi, tendis que les miens, vairons (enfin moi j’appellerais ça beurrons puisqu’ils sont l’un bleu, l’autre marron), se posent à leur tour sur l’inconnue. Sa peau est pâle…elle me fait penser à celle d’Etoile. D’ailleurs, je n’ai pas vu celle-ci depuis…deux mois. C’est long deux mois, surtout quand on sait que l’on vit « sous le même toit ».

« Oui bien sur. »

Je souris, comment ne pas sourire devant un visage si doux et jovial ? Et puis je n’étais pas mauvaise humeur, non au contraire. Je pensais juste à des choses à laquelle il ne faut pas, c’est tout. Etant de nature facilement abordable, je me montre chaleureuse, et je le suis. Même si l’inconnue n’a pas attendue ma réponse, je ne lui en veux pas. Je sais pas, elle dégage quelque chose…que je connais. Puisque je dégage exactement pareil : de la sympathie. Elle s’installe et regarde d’un air dubitatif la nourriture. Ah…est-elle nouvelle pour regarder la garniture ainsi ? Mais elle sourit tout de même…enfin quelqu’un qui sourit quelque soit la situation !!

" C'est sensé être quoi? "

« De la purée de pomme de terre…avec de la viande haché on dirait…Personnellement je trouve que ça ressemble plus à du vomi qu’a autre chose. »

Ami de la poésie bonsoir. Bienvenue à La Table de Bella Hope qui vous fera – et ce avec le plus grand plaisir qui soit – une comparaison entre de la purée de pomme de terre, mélangée à du steak hachée et son propre vomi…
Désolée…pathétique. Mais ça m’arrive parfois. Je suis plutôt du genre douce et calme mais là, je ne sais pas…

Mais quand je vois la mine qu’elle affiche lorsqu’elle goute cette fameuse purée, je ne pus m’empêcher de rire de bon cœur. Le sourire laissant place à du dégout, le changement fut si radical et spontanée, que s’en était comique. Je la vois qui tente de se forcer, pour finir par abandonner.

« Tu t’y fera. Lorsque tu verras qu’au bout d’un moment tu as vraiment faim, tu ne feras plus trop attention au gout. »

Je la regarde doucement, penchant la tête de côté un petit sourire aux lèvres. Sa présence est agréable, sa voix est douce. Je l’aime bien. Oui parfois, on « catalogue » vite les personnes : sa passe ou sa casse. Parfois sa peut passer pour casser après, ou vice versa. Tout dépend de la relation que l’on entretient. Mais aux premiers abords, je l’aime bien. Je me demande qu’elle âge elle a, et surtout qu’a-t-elle fait pour être ici. Question inévitable….

" Au fait, je m'appelle Amandine. Et toi?

- Enchantée. Je m’appelle Bella Hope. »

Bella Hope…Hope comme espoir. De l’espoir oui, on en a besoin ici. Même beaucoup d’espoir, une brouette, non une remorque et même plus encore. Ici il y en a, de l’espoir, du bon. Un grain de sable…c’est peu, mais un grain quand même. Un grain qui ne demande qu’à être illuminé, réanimé. Toujours un sourire aux lèvres, je l’observe. J’aime sa spontanéité mais surtout la manière dont elle est venue m’aborder. Simple mais direct. Ne pas passer par quatre chemins, voilà quelque chose que je devrais apprendre pour me simplifier un poil, ma vie.

Abandonnant à mon tour mon plateau, je lui souris une nouvelle fois. C’est spontané chez moi, j’aime sourire, je trouve ça beau, et pas mal de fois, cela peut redonner un peu de joie aux gens. Un sourire se transmet d’un visage à l’autre…

« Tu as l’air d’être ici depuis peu de temps…combien ? »

Réellement intéresser par sa personne, je ne peux m’empêcher de poser la question, inévitable mais qui est devenue presque essentiel, et ce avec une douceur et timidité qui m’étais propre :

« Quelles sont les raisons de ta présence à Sadismus ? »

J’attends, la regardant toujours. Mon visage n’exprimait que calme, sécurité…et confiance.

Je regarde un peu plus attentivement ma voisine de table. Elle a l'air gentille, douce. C'est quelque chose que j'apprécie chez les gens, et je pense qu'ici, c'est encore plus rare qu'en dehors de ces murs. Une qualité doublement appréciable donc. Elle est brune, une jolie peau, un joli visage. Des yeux vairons. J'aime assez, c'est le genre de détails qui me plait chez les autres. Elle n'est pas désagréable à regarder, mais je ne me montre pas intéressée pour autant. Je ne l'ai jamais été trop facilement de toute façon, et je crois que je serai incapable de l'être ici avant quelques temps.
Un nouveau coup d'oeil à mon assiette. Du vomi. C'est pas une comparaison très appétissante, mais je dois bien avouer que ça décrit assez bien la chose. Je ne regrette pas d'avoir abandonné ma "purée" pour la pomme, même si je pense qu'elle a raison: au bout d'un moment, j'aurai tellement faim que je pourrai manger n'importe quoi... ou presque.
Puis elle me dévoile son nom. Bella Hope. Espoir. Beauté. Joli nom.

" C'est mon deuxième jour ici. "

Je sais, ça se voit. Je suppose que dans quelques semaines, j'arriverai à finir mon repas, j'aurai l'air moins perdue, et je connaitrai quelques têtes. Elle a l'air plus habituée que moi à la prison, mais je ne pense pas qu'elle soit là depuis très longtemps. D'abord parce qu'elle est plus jeune que moi, je lui donnerais autour de vingt ans, peut-être moins. Ensuite parce que je me suis toujours imaginé les prisonniers de longue date comme vides, éteins, et que ce n'est pas du tout l'impression qu'elle donne.

Et puis vient la question à laquelle je ne sais pas trop quoi répondre. Je baisse les yeux, sentant mon sourire se dégrader peu à peu. Je me tais tout d'abord, l'aissant le silence s'installer.
Je ne sais pas quoi dire, je ne suis pas sûre de trouver les mots pour expliquer exactement la situation, je ne suis pas non plus sûre qu'elle me croit. Faudrait que j'ai plus confiance. Yoruichi m'a crue, elle, il n'y a aucune raison que ce soit différent pour Bella. Elle n'a vraiment pas l'air d'un monstre. Je finis par parler, la tête toujours baissée, triturant à moitié inconsciemment le contenu de mon assiette avec ma fourchette.

" Je suis accusée... d'éco-terrorisme. De meurtres. Et de détournement de fonds. "

Ca ne me va tellement pas tout ça. Je hais tellement la violence, même pour me défendre, je ne l'utilise qu'en dernier recours. Et puis voler de l'argent... ai-je vraiment l'air matérialiste? Je me force difficilement à sourire, comme si ça arrangeait les choses, mais je crois que je ne suis pas très convaincante. Tant pis.

" Mais bon, tout ça... je l'ai pas vraiment fait. "

Je trouve que je dis les choses d'une manière étrange. Pourquoi pas vraiment? Je ne l'ai pas fait, point. Et pourquoi ne pas dire tout simplement que je suis innocente? Peut-être parce que comme ça, j'ai l'impression d'atténuer un peu la portée de mes paroles. Les charges qui pèsent contre moi sont lourdes, alors j'essaie de dire que ce ne sont que mensonges en douceur. Comme elle a ammené ce sujet tout en douceur, sans curiosité malsaine, sans air accusateur.
Alors, après avoir laissé le silence retomber pendant une douzaine de secondes, je lui retourne la question, d'une voix toujours douce, tout simplement.

" Et toi? "

« C'est mon deuxième jour ici. "

En effet…pour être nouvelle elle l’était. Elle n’a pas encore eu le temps de s’intégrer ni quoi que se soit d’ailleurs. Je la regarde avec un sourire encourageant. Les premiers jours risquent d’être durs pour elle. Rien que le fait de s’intégrer peut être compliquée, ensuite accepter que nous sommes séparer de ceux que l’on aime, apprendre à vivre sans eux, a se passer de leur présence et de leur parole, de leur geste.

Suite à ma question, un lourd silence tombe et plane autour de nous. Seul le bruit des tintements de fourchette et couteau contre les assiettes, ainsi que le brouhaha émît par les prisonniers coupait tout. Le sourire d’Amandine c’est volatilisé de son joli visage doux et angélique. Je me sens soudain mal à l’aise car il ne faut pas être devin que la question est un peu gênante. Le problème c’est que je ne veux pas lui faire du mal avec cet interrogatoire ni quoi que se soit…je le répète, je déteste faire du mal aux autres. Je ne dis rien, laissant le temps qu’il faut à la jeune femme pour se lancer…ou pas. Enfin, elle finit par prendre la parole et ce fut un soulagement. Le silence commençait à devenir pesant et douloureux.

" Je suis accusée... d'éco-terrorisme. De meurtres. Et de détournement de fonds. "

La tête baissée, elle triture le contenue de son assiette avec sa fourchette. Autant être franc…j’imagine mal Amandine tuer des gens, détourner des fonds et tout le reste. Imaginez, vous croiser cette fille dans la rue. Allez-vous vraiment avoir en tête le fait qu’elle puisse être tueuse, terroriste ou autre. Donnait-elle vraiment cette apparence ne serait-ce qu’un petit pourcentage ? Non…je sais qu’il faut se méfier des apparences et que parfois elles sont trompeuses. Mais en regardant Amandine…Tsss non, désoler pour moi non. Trop douce, trop gentille…trop tout. Elle aurait réellement accomplie tout cela, elle porterait sur elle un caractère adéquate, ou une présence quelconque. Je me comprends…

Et ce sourire si forcé qui lui va mal. Je sens mon cœur se serrer. Peut-être avait-elle réellement fait tout ceci, peut-être pas. En tout cas elle respire la sincérité et la douceur. Les bras croisés sur la table, la tête droite, je la regarde attendant la suite…

" Mais bon, tout ça... je l'ai pas vraiment fait. "

J’ai deux choix qui se propose à moi : - Je la crois, - Je la crois pas. Hum, pour moi le choix est vite fait. Je suis dans la même situation qu’elle en même temps. Et après avoir passé presque trois moi au sein de Sadismus, on apprend à différencier des coupables, des non coupables. A vrai dire, on a que ça à faire, s’observer les uns les autres. Amandine est loin de correspondre au profil type du coupable, qu’elle qu’il soit. Non, au contraire je la vois différemment. En la regardant, je vois en elle, le genre de femme calme et même…mère. Je ne sais pas. Certaine personne me donne cette impression, où je les imagine très bien parents.

Elle me dit cela, comme si elle essayait d’atténuer la graviter des aveux. Et pourtant cela ne me fait pas mal, ne me choque pas, car on sent qu’elle n’est pas capable de tuer. Je vous dis, à force de vivre ici, on le sent chez certaine personne…
Un autre silence s’installe, je continue de regarder des mes yeux vairons Amandine, avant de lâcher d’une voix faible et douce :

« Je te crois… »

Oui je la crois, comme j’ai crus Sybille. Je fais facilement confiance, et Amandine est tellement agréable que je ne peux m’empêcher de l’apprécier. Et c’est avec la même douceur qu’elle me demanda :

" Et toi? "

Je baisser à mon tour la tête…et moi ? Hum rien de compliquée, histoire banale mais qui quelque part ma casser quelque chose. Je lui souris en relevant la tête :

« Meurtre sur le petit ami, de Kathleen, ma meilleure amie. Et détention de drogue. »

Nouveau silence plombant…

« Moi non plus, je n’ai pas fais tout ça…libre à toi d’y croire ou non. »

Je souris. Oui libre à toi Amandine. Toi seule peu décidé de tes opinions, de tes idées, de tes jugements. C’était une très jolie jeune femme, et je ne doute pas une seule seconde que les mâles à l’instinct primaire ici ne manqueront pas de lui faire la cour…en espérant pour elle que ça s’arrête là. Je sens mon ventre se tordre…rien que d’imaginer Brrr.

Je lui souris avec douceur :

« Tu n’a pas trop de mal à t’intégrer ici ? Tu as eu le temps de faire connaissance un peu ? »

J’espère pour elle qu’elle à commencer à se faire des alliés…

Je te crois. Trois mots, juste trois syllabes, mais c'est tout ce dont j'ai besoin. Je ne sais pas si elle imagine le bien que ces simples mots me font. Je suppose qu'elle doit bien en avoir une petite idée, ce n'est pas si dur que ça à deviner. Soulagement, surtout, et puis le bien-être procuré par le fait d'être crue que je ne saurais décrire. Mon sourire en redevient sincère une seconde, et se ternit à nouveau en la voyant baisser la tête à son tour en réponse à ma question.
Meurtre et détention de drogue. Etrange, elle n'a ni une tête de droguée, ni une tête de tueuse, ni une tête de dealeuse. En la regardant, je ne l'imagine d'ailleurs commettre aucun crime.
Le silence s'installe à nouveau, et je n'ose pas la regarder, me demandant pourquoi cet homme est mort, ce qu'il avait bien pu faire à la dénommée Kathleen pour que Bella le haïsse à ce point. C'était peut-être un accident, ou alors c'est une erreur judiciaire. Encore.
Et la réponse tombe. Innocente. Je la crois, évidemment que je la crois, elle m'a crue, et comme je l'ai dit, je ne l'imagine pas du tout faire ce dont elle est accusée.

" Je te crois. J'ai aucune raison de ne pas le faire. "

Je lui souris encore, vraiment cette fois. Les mêmes trois petits mots, mais cette fois, sortis de ma bouche.
Erreur, bavure, bévue, problème, méprise, malentendu, bourde, peu importe comment ils appellent ça, ça revient toujours au même. Un innocent en prison. Il y en a plus que ce que j'aurais cru, bien plus qu'il ne devrait y en avoir.
Je me demande comment c'est possible, comment on peut se tromper à ce point. Je me demande comment ils ont pu croire que Bella avait tué quelqu'un. Peut-être que comme moi, elle s'est dénoncée d'elle-même, pour une raison ou pour une autre. Je ne sais pas.
Nouvelle question, qui n'attire pas de mauvais souvenirs et ne chasse pas mon sourire.

" Un peu. Je n'ai rencontré qu'une personne pour l'instant, deux avec toi. L'autre s'appelle Yoruichi. Tu la connais? "

Yoruichi. Elle m'a fait une assez bonne impression, je l'ai trouvée gentille, intéressante aussi. Pour ce qui est de m'intégrer, j'espère que tout se passera aussi bien que jusqu'à maintenant, que je ne ferai pas de mauvaises rencontres. C'est déjà assez difficile comme ça d'être enfermée ici, loin de chez moi et de ma famille, pas besoin d'avoir en plus des ennuis avec les autres prisonniers. Mais bon, si je ne cherche pas les ennuis, il n'y a aucune raison que je les trouve, si?
De toute façon, je n'ai jamais eu de mal à m'intégrer, peu importe le lieu et ceux qui m'entourent. Peut-être que ce sera un peu plus difficile ici, à Sadismus, mais je suis optimiste. Comme toujours.

" Et toi, ça fait combien de temps que t'es ici? T'as fait des rencontres intéressantes? "

Je suppose que oui, elle est gentille, acceuillante, souriante. Le genre de filles vers qui on a envie d'aller, facile à aborder en plus. J'imagine que les gens l'aiment bien assez rapidement. Pourtant, elle mangeait seule. Enfin bon, ça, ça ne veut pas dire grand chose. Je réfléchis sans doute un peu trop, tout n'a pas une signification précise. Parfois, manger seule veut seulement dire qu'on n'a pas de connaissance dans les parages, c'est tout.

Elle me croit, inutile de vous dire que j’en suis contente au fond. Je me serais sentis mal à l’aise si ça n’avait pas été le cas et blessée aussi…parce que je n’aime pas que l’on me prenne pour ce que je ne suis pas. Et je sais qu’Amandine est franche, on le voit dans ses yeux. En quelque sorte nous somme un peu dans la même galère, mais je ne sais pas si elle a été enfermée ici parce qu’elle c’est dénoncée comme moi, ou le contraire. Puis elle finit par répondre à ma question…

" Un peu. Je n'ai rencontré qu'une personne pour l'instant, deux avec toi. L'autre s'appelle Yoruichi. Tu la connais? "

Cette fois, je ne pus empêcher un franc sourire s’étaler sur mon visage. Alors comme ça elle a rencontrée ma Yo’, mon Autre, Mon Amie. Je me doute que la rencontre c’était bien passée. Yoruichi appréciait les gens calme et simple comme Amandine, donc pas de soucis à se faire de ce côté-là. Je me demande qu’elle impression lui a donnée mon amie au premier contact. Je me souviens encore le jour où je l’ai rencontrée. Dans la bibliothèque où elle m’avait fait une peur bleu et m’avait promis que si je recommençais elle m’étoufferait dans mon sommeil. Repenser à tout ça me fait sourire de plus belle. Jamais je ne l’oublierais…

« On peut dire ça comme ça oui. C’est un peu…comme ma grande sœur ici. Toujours à veiller sur moi, une vraie maman ! »

Je ris de bon cœur. C’est exactement l’aspect que Yoruichi donne d’elle, celle d’une mère : instinct protecteur, mise en garde, amour…La seule chose que l’on pourrait lui reprocher, c’est de n’être pas assez…Tactile. Niveau étreinte et mots doux, ce n’était pas trop sa tasse de thé…tout le contraire de moi, qui en réclamerais toujours les jours si je le pouvais. Je suis quelqu’un de tactile, qui aime étreindre et inversement. Lorsque je prenais quelqu’un dans mes bras, en général c’est parce que j’apprécie la personne concernée. Je suis sensible et émotionnelle, je ressens très facilement les émotions…voilà pourquoi je pleure facilement. Je suis trop réceptives… mouarf !

" Et toi, ça fait combien de temps que t'es ici? T'as fait des rencontres intéressantes? "

Des rencontres ? Oh que oui…intéressante ? Et comment ! En trois mois, j’ai eu le temps de rencontrer pas mal de personne, qui pour moi m’avais influencé plus ou moins, et de différente manière. Chaque rencontre était instructif, apportait quelque chose en plus en moi. M’aide à comprendre, à avancer…

« Je suis ici depuis presque trois mois. Ca m’a donnée le temps de rencontrer pas mal de personnes aussi intéressantes les unes que les autres. Dont bien sur, Yoruichi. Il y a eu aussi Etoile que j’apprécie spécialement – je me sentis un peu rougir, un sourire de bien-être sur mon visage-, Ethan –même réaction-, Carl, Sybille, Sadé, une petite nouvelle comme toi. Toutes ces rencontres ont été réellement agréables. Si jamais un jour tu as la chance de les rencontrés, je suis sur que tu t’entendras bien avec eux. »

Je souris. J’en étais persuadée. Amandine à l’air de me ressembler sur le fait qu’elle est facilement abordable. Personnellement, je n’ai jamais eu à approcher les gens, ce sont la plupart du temps, eux qui venaient vers moi. Surement due a mon calme et à mon côté « gamine douce ». Image qui parfois, j’aimerais m’en détacher, me causant une certaine gêne. On me voit comme une personne à protégée, prendre soin, à ne pas trop brutalisé. Ca peut être utile, je le conçois, mais parfois c’est aussi lourd à porter et à supporter. Surtout que depuis mon entrée ici, et les événements qui ont suivit, ont un peu durcit mon caractère. Mais je restais la même…

« Sinon…côtés mauvaise rencontre, je n’en ai eu qu’une seule : Hina Krugger. Si jamais tu la croise…je te conseil de l’éviter. »

Oui évite la comme la peste, dès que tu la croise, il faut courir, loin très très loin d’elle. Quoi que…c’est ce qu’elle aime. Qu’on la craigne. Elle me répugne. Pourtant je m’étais bien amusée avec elle la dernière fois…façon de parler bien évidement. Mais pour une fois, je n’avais pas flanché, j’ai tenue tout le long. Sans me rabaisser comme une moins que rien. Je ne voulais pas lui donner se plaisir, oh mon dieu que non.

Je retourne mon regard vers Amandine qui c’était aventurer un peu partout dans la salle. Celle-ci commençait à se vider petit à petit. Je n’avais pas envie de bouger, j’étais bien là, en compagnie d’une personne agréable à qui parler. Je lui souris une nouvelle fois. J’ai envie d’en savoir un peu plus sur elle…

« Avant d’être enfermée ici…quelle vie tu avais et tu menais ? »

J’entendais par là, avec qui vivait-elle, que faisait-elle…en faite tout. Enfin, juste ce qu’elle voulait me dire, je ne veux en rien forcer dans les aveux. Juste, en apprendre un peu plus sur elle, parce qu’elle m’intéresse réellement. Je suis sur que son récit est intéressant…

Alors prenant appuie sur mon coude et posant ma tête sur la paume de la main, je la regarde, prête à l’écouter.

Une grande soeur, une maman... je suis un peu étonnée, c'est vrai que je n'imaginais pas que Yoruichi puisse être maternelle. Ce qui prouve encore une fois que ma capacité de jugement n'est décidément pas à toute épreuve. Cette nouvelle image de Yoruichi me plait assez. Enfin, nouvelle... pas si différente que ça de l'ancienne, elle ne m'a jamais parue violente, agressive ou toute autre chose dans ce genre.
Et Bella rit. C'est un son que j'aime en général, et le rire de Bella n'est pas désagréable. Et c'est contagieux.

Ainsi donc ça fait trois mois qu'elle est ici. Long et court à la fois. Elle a eu le temps de faire des rencontres, et comme je m'y attendais, elles sont nombreuses. Deux ont l'air particulières étant donné sa réaction. La voir rougir me fait sourire.
Je me souviens qu'au début de ma relation avec Katie, quand les choses ont commencé à devenir ambigues entre nous, j'avais à peu près la même réaction en parlant d'elle. Il parait que c'est assez drôle de me voir rougir, parce que ma peau est habituellement très blanche et que quand elle est rouge, ça jure avec mes cheveux.
Pour elle, c'est donc Ethan et Etoile. Un garçon et une fille. Je trouve ça mignon. J'essaye de retenir les autres noms qu'elle cite, si elle s'entend bien avec ces personnes, je pense pouvoir bien m'entendre avec eux aussi. Elle est du même avis d'ailleurs. Pas étonnant, à première vue, on a des caractères proches, je suppose qu'on aime le même genre de choses, le même genre de gens.
Je retiens également le nom d'Hina Krugger. Compris, si je la vois, je pars le plus loin possible. Je suis fière, mais raisonnable, et fuir quand besoin est ne m'est jamais apparu comme une honte. Après tout, mieux vaut être vivante et passer pour une peureuse qu'êter morte mais terriblement courageuse.

Venons-en à mon ancienne vie. Beaucoup de bons souvenirs. Les mauvais, je n'y pense pas, et le problème est réglé. Bien sûr, penser à Eux m'est douloureux, mais je n'en veux pas à Bella d'avoir posé la question, et si mon sourire est un peu moins "radieu", il ne s'efface pas pour autant.

" Une bonne vie, heureuse, bien remplie. Je faisais des études de biologie, et je faisais pas mal de choses à côté. J'avais une famille, et on gérait deux associations avec ma compagne. C'était génial. "

Mon ton est un peu nostalgique, mais en parler n'est pas si désagréable. Ma compagne. Je sais que ça peut paraître un peu vieillot comme appellation, mais c'est un mot que j'aime assez, et je trouve que c'est celui qui convient le mieux à Katie. Je trouve le terme de petite amie trop léger pour définir notre relation, et celui de femme trop formel.
Cette vie va terriblement me manquer, je le sais, mais je crois que tout le monde ici regrette sa liberté, alors je ne vais pas me lamenter sur mon sort.

" Dis-moi, pourquoi as-tu été enfermée? Je veux dire... pourquoi ont-ils cru que tu étais coupable? "

Ce n'est peut-être pas la question idéale à poser, mais elle me brûlait les lèvres. Je suis très curieuse, c'est vrai, sans doute trop en fait. J'ai bien essayé de corriger ce défaut il y a quelques temps, mais comme je n'ai pas réussi, je fais avec. J'arrive à me contrôler quand c'est vraiment nécessaire, mais en général, je laisse parler ma curiosité et assume les problèmes qu'elle cause, si besoin est.
Je suis quand même un peu gênée de lui demander ça, et ça se sent dans ma voix. Ce n'est pas de la curiosité malsaine, je veux juste savoir, comprendre comment une telle erreur a pu se produire.

" Une bonne vie, heureuse, bien remplie. Je faisais des études de biologie, et je faisais pas mal de choses à côté. J'avais une famille, et on gérait deux associations avec ma compagne. C'était génial. "

Elle parle avec un ton nostalgique. Je souris en entendant le mot « ma compagne ». Alors elle vit avec une femme ? Il est vrai que je la voyais bien vivre le grand amour avec une jolie jeune femme…comme moi j’ai vécue un moment intense, unique et inexplicable, un moment indéfinissable avec Etoile…mon Etoile, la mienne. Amandine à l’air d’une personne assez active avec ces études de biologie, ces deux associations qui d’ailleurs, je me demande de quoi il s’agit. En bref, elle était heureuse et cela n’avait pas de prix. Le choc doit être dur…de passé de l’état du bonheur, à celui de la déprime, le gouffre sans fond. Je me demande alors depuis combien de temps elle vit avec son amie – sa compagne quoi-, comment elle a sue qu’elle l’aimait et tout un tas d’autre question, que je n’espère pas indiscrètes. Mais je n’ai pas eu le temps de me lancer qu’elle me demande :

" Dis-moi, pourquoi as-tu été enfermée? Je veux dire... pourquoi ont-ils cru que tu étais coupable? "

Je sens dans sa voix de la timidité et je sais aussi que cette curiosité n’est pas malsaine. Non elle veut juste savoir mais pas dans l’intention de me faire du mal…Je la regarde un instant, sourit avec faiblesse. Pourquoi m’ont-ils cru coupable ? C’est sur qu’en me regardant comme ça, j’ai rien d’une meurtrière et encore moins d’une droguée. Je pris une profonde inspiration avant de répondre :

« Je n’aurais jamais été enfermée…si je n’avais pas été me dénoncée moi-même. Pour tout te dire, c’est ma meilleure amie la coupable. Elle est aujourd’hui…décédée. Suicide. »

Je me tais, je ne veux pas en rajouter plus. Cette histoire me répugne, à pris une tournure inimaginable. Pourquoi avoir fait ça Kathleen hein ?! Je sortirais un jour, tu le savais que je sortirais. Tu savais aussi que je ne t’en voulais pas, que mon choix j’étais parfaitement consciente de mon acte et des conséquences. Pourquoi ne pas avoir eu la force de m’attendre ?...Je l’avais moi, d’attendre encore des années et des années pour te retrouver…

Je soupire, ravalant la douleur de son absence et la colère que j’éprouvais envers moi-même. Je mis un instant avant de retrouver la parole, regardant Amandine. Changeons de sujet…

« Et toi ? Tu t’es dénoncée ou quelqu’un t’a balancée ? »

Des traitres il y en a partout et surtout, ils se cachent derrière ce qu’ont appels « des amis ». Se sont des experts pour beaucoup d’entre eux. Et ils peuvent vous trahir aussi bien au bout de deux mois d’amitié qu’au bout de trois ans. Nous ne sommes jamais certains…
Je la laisse me servir sa réponse que j’écoute avec la plus grande intention. J’aime bien Amandine. C’est une personne simple, gentille et sincère. Elle reflétait la douceur qu’une mère pouvait avoir. Je me demande si elle et son amie, ont quand même un enfant. Avec l’insémination, c’est largement possible. Je la regarde avec curiosité et demanda :
« Depuis combien de temps es-tu avec ton amie ? Et comment as-tu sue…que tu étais homosexuelle, ou Bisexuelle. Ne t’inquiète pas si c’est indiscret tu n’es pas obligée de répondre hein ! »

Je rougis à mes questions idiotes et indiscrètes. Je m’en veux, je suis complètement inconsciente. Qui sait, ça se trouve le fait d’en parler, la fera déprimée, pleurer comme jamais. Je sens mon estomac se tordre dans tout les sens, le stress me serrant le cœur. J’ai beau être une fille douce et gentille, je n’en suis pas moins maladroite et ce, que se soit dans les gestes ou dans les paroles. Je baisse les yeux en murmurant d’une voix confuse :

« Excuse moi, ça ne me regarde pas… »

Mais c’est que le sujet m’a réellement toujours intéressé…comment sait-on que nous sommes réellement amoureux d’une personne du même sexe et pas seulement attirée. Hum…je suis idiote.

Elle s'est donc dénoncée, comme moi, et également pour protéger quelqu'un. A la différence près que dans son cas, la personne à protéger était coupable. La phrase qui suit me fait un choc, et je la regarde d'un air compatissant, ne sachant trop quoi dire. J'ose à peine imaginer la douleur qu'elle doit ressentir, perdre comme ça sa meilleure amie, une personne qu'elle aimait au point de se sacrifier pour elle. Un suicide en plus, ça ne doit pas arranger les choses. Alors je lache juste quelques mots, ce qu'on dit toujours en ces circonstances, même si je sais que ça ne changera sans doute rien.

" Je suis désolée. "

Je ne dis rien d'autre, attendant qu'elle reprenne la parole. Je suppose qu'elle a besoin de quelques secondes, le temps de réussir à penser à autre chose.
La question tombe et j'affiche un sourire à peine triste, essayant de maintenir un ton neutre pour répondre. Je n'aime pas trop penser à ça, mais je ne lui en veux pas d'avoir posé la question, je comprends très bien qu'elle soit curieuse. Et puis je pense qu'elle me comprendra, après tout, nos situations se ressemblent étrangement.

" Je me suis dénoncée, comme toi. Ils accusaient ma compagne, mais elle était innocente, c'était le seul moyen. "

Je voudrais lui expliquer plus en détail ce qui s'est passé, expliquer pourquoi il ne fallait surtout pas qu'elle aille en prison, expliquer que je lui ai demandé de témoigner contre moi, qu'elle ne l'a jamais souhaité. Pourtant je ne le fais pas, je n'ai pas envie m'étaler, de faire comme si je cherchais à me justifier. Parce qu'il n'y a rien à justifier, ce sont les erreurs qui se justifient, moi je m'explique, c'est tout.
Etrangement, la question qui suit m'attriste moins que la précédente. Elle me rend nostalgique, c'est vrai, mais comme je l'ai déjà dit, en parler ne me dérange pas.
Et puis sa gêne m'amuse. Ce n'est pas la première fois qu'on me pose cette question, et j'ai remarqué que les gens sont souvent gênés de demander ça. Pour ma part, j'ai toujours été un peu étonnée de cette question, mais jamais gênée d'y répondre. Je ne me suis jamais vraiment posé de questions, je ne suis pas non plus passé par la phase où je suis sensée refuser d'accepter ce que suis, ne pas m'assumer, me cacher aux autres. Tout a toujours été très clair pour moi.

" T'as pas à t'excuser, ça me gêne pas d'en parler. J'ai rencontré Katie il y a neuf ans, et on est ensemble depuis huit ans. Et j'ai su que j'étais homosexuelle le plus simplement du monde. Je me suis juste rendue compte que j'étais attirée par les filles, et seulement par elles. Je n'ai jamais vu les hommes autrement que comme des amis. "

Neuf ans. Je sais, c'est énorme, surtout pour une première vraie relation. Je suppose que ça a en partie tenu parce que je lui ai laissé pas mal de libertés, mais surtout parce qu'on s'aime, tout simplement. D'accord, ça ne me réjouit pas tellement de me dire que maintenant, les instants passés ensemble se compteront en visites, mais heureusement, la suite de la conversation oriente mes pensées vers autre chose, même si on ne s'éloigne pas beaucoup du sujet. Alors je souris, tout en continuant la conversation.

" Et toi, t'as quelqu'un ici? Ou à l'extérieur? "

" T'as pas à t'excuser, ça me gêne pas d'en parler. J'ai rencontré Katie il y a neuf ans, et on est ensemble depuis huit ans. Et j'ai su que j'étais homosexuelle le plus simplement du monde. Je me suis juste rendue compte que j'étais attirée par les filles, et seulement par elles. Je n'ai jamais vu les hommes autrement que comme des amis. "

Je la regarde en souriant. Je trouvais cela tellement…beau. Tout simplement. Comme ma relation avec Etoile. D’ailleurs, je ne l’ai pas revu depuis bien que nous soyons dans le même lieu. Elle me manque, inévitable je pense. J’aimerais l’avoie en cet instant précis, dans ses bras. Retrouvée ces yeux verts émeraudes qui savent tant m’aimer.
Huit ans qu’elle est avec sa petite amie. Ca fais un sacré bout de temps quand même, et à regarder Amandine parlée d’elle, il est incontestable qu’elle l’aime autant qu’au premier jour. Ce genre de relation fusionnelle est exceptionnel. Je ne peux m’empêcher de sourire face à se bonheur. Un bonheur que je vis, ceci est indéniable. Sincèrement…je n’ai pas à me plaindre sur les personnes que j’ai croisées sur ma route ici. Sadismus est un enfer, mais je ne savais pas qu’en Enfer on pouvait y trouver des Anges. Entre Yoruichi, Etoile et Ethan, mais aussi Sybille, Carl et compagnie, je ne peux être qu’heureuse. Il ne me manque plus que ma liberté, et je serais comblée…

" Et toi, t'as quelqu'un ici? Ou à l'extérieur? "

La question me fige, je me sens un peu mal à l’aise du coup. Je dirais même honteuse. A l’extérieure ? Là haut, je n’ai plus rien avoir avec personne. Ce sont des…lâches. Ici, tout est beaucoup plus compliqué. J’ai Etoile, mais aussi Ethan. A vrai dire j’aime les deux…mais c’est tellement diffèrent. Je ne sais pas. Ethan, oui je l’aime mais…pas comme j’aime Etoile. Celle-ci, c’est d’un amour beaucoup plus profond, pur et passionnel. Arg je n’en sais rien. Etoile c’est si intense, que quand je la vois c’est explosif en moi, tout devient différent, c’est inexplicable. Quand elle est loin de moi, qu’elle me manque, c’est comme si mes entrailles se tordaient de douleur, qu’un trou béant s’étendait. Comme quand Yoruichi avait cru que je l’avais en quelque sorte « zapper ». Elles sont toutes deux aussi important pour moi, l’une comme l’autre, mais de manière beaucoup plus différente. En ce qui concerne Ethan…là aussi c’est différent.

Je lève mes yeux vers les siens en murmurant :

« Disons…que oui. Etoile, mais aussi un gardien. C’est compliqué. J’ai engagée deux relations sans savoir qu’avec l’une d’elle sa serait si fort…et ici, je parle de celle avec Etoile. C’est si…intense. »

Non, mieux, j’en suis complètement raide dingue. Elle m’a enchainé le cœur en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Comme si j’étais sienne. Je l’aime, je me suis jetée à corps perdue avec elle.

« Ce qui me fait survivre ici, ce sont ces personnes là. Etoile, Yoruichi…sans elle, je serais morte, pendue, tout ce que tu veux. »

Je sens mon cœur se serrer. Pourquoi a-t-il fallut que nous soyons ici, pour nous rencontrés ? J’aurais tant aimer rencontré Yoruichi à l’extérieure, lui montré tout un tas de choses, faire des truc totalement banal comme aller au cinéma. J’aurais tant aimer rencontré Etoile, en dehors de ces murs, pouvant vivre cet amour en toute liberté, sans entrave, vivre quelque chose de beaucoup plus beau, bien que je doute que cela puisse aller encore plus haut que ce que je vis avec elle. J’aimerais tant…

Bella a l'air de s'être mise dans une situation délicate... sortir avec deux personnes à la fois, c'est déjà assez compliqué en général, mais j'imagine que quand l'une d'elles est un gardien, c'est encore pire. J'espère que ça ne va pas lui attirer d'ennuis... enfin bon, elle n'a pas l'air trop inquiète, je suppose que son gardien n'est pas trop dangereux. Je me demande s'il est au courant, surtout qu'elle a l'air de tenir plus à l'autre fille qu'à lui.

Etoile. Joli nom, original surtout. Et Bella a vraiment l'air amoureuse, ça se sent dans le son de sa voix, ça se voit dans son sourire, son expression quand elle parle d'elle. Je l'écoute attentivement, un sourire un peu attendri aux lèvres. Je note qu'elle ne cite pas son gardien dans les personnes qui lui sont essentielles ici, mais ne le lui fais pas remarquer. Ca viendra peut-être. Je trouve ça merveilleux de ressentir ça pour quelqu'un.

Je ressens la même chose pour Katie, et rien que de penser à ça, son absence me pèse d'autant plus. Je baisse la tête, je ne veux pas que Bella voit que mon expression a un peu changé, que mon sourire se fait moins présent et mon regard plus triste. Je ne sais pas quand est-ce qu'Elle va venir à la prison, si Elle pourra venir plus d'une fois par mois. Peut-être que ce sera moins souvent. A cette pensée, ma gorge se serre, mais j'essaie de le cacher au maximum. Je ne tiens pas à pleurer ici, avec tous les prisonniers autour et Bella en face de moi.
Pourtant, je sens les larmes qui me montent aux yeux, et plus j'essaie de refouler cette envie de pleurer, plus c'est difficile, plus je pense au temps qu'Elle va mettre à venir et au peu de temps qu'Elle va pouvoir rester. Je pense à Luc aussi, je suppose que cette séparation est aussi dure pour lui que pour moi, surtout à son âge. J'espère qu'il va bien, et pour la première fois de ma vie, je suis soulagée qu'il ne parte pas mon nom. Au moins, les autres enfants et leurs parents ne feront pas le lien avec moi en le voyant, et il n'aura pas à supporter de moqueries ou de méfiance. N'empêche qu'il est loin, et Elle aussi.

J'essaye de penser à autre chose, mais c'est comme si j'avais leurs noms affichés en caractères majuscules dans ma tête. Et je craque, je n'arrive plus à retenir mes larmes.
Ce n'est que mon deuxième jour ici, et c'est déjà la deuxième fois que je pleure. Qu'est-ce que ça va être... je suppose que je finirai par m'y habituer, mais pour l'instant, c'est dur. Et je dois dire que j'ai hate que ça passe.
J'essuie les larmes au fur et à mesure, essayant d'arrêter le flot sans que ça réussisse. Je relève la tête, regarde Bella d'un air désolé.

" Excuse-moi... c'est juste que... Elle me manque. Ils me manquent. "

Je m'essuie les yeux, réussis un peu à stopper le flot des larmes. Etrangement, c'est plus facile maintenant que je l'ai dit. J'ai un peu honte de m'être laissée aller comme ça, et un peu peur qu'elle croit qu'elle y est pour quelque chose. Je voudrais lui dire, mais je ne peux pas. Alors je me tais, je me contente de fuir son regard.

Plus les secondes passent, plus le visage d’Amandine se dégrade, commence à devenir pâle et ses yeux humides. Et là, tout s’écroule. Le barrage cède et les larmes coulent sans retenue. Je la vois qui les essuie les unes après les autres, me regardant avec cet air d’excuse qui me broie le cœur et les entrailles.

" Excuse-moi... c'est juste que... Elle me manque. Ils me manquent. "

Ma gorge se serre, je la regarde essayer de stopper sans grand succès ce flot de larme qui ne demandait qu’à sortir depuis qu’elle est enfermée ici. Pas étonnant qu’ils lui manquent. Etre séparer de ceux que l’on aime et de ce qui représente notre vie est pénible, dur et parait insurmontable. Il lui faudra du temps et de la patience…

Sans hésitation, je passe par-dessus la table –trop long de faire le tour- pour me retrouver à ses côtés et la serrer dans mes bras instinctivement. Je blottis son visage sur mon épaule où d’une main fébrile mais sûr d’elle, je caresse ses beaux et longs cheveux. Je la berce tendrement, sentant mon cœur pleurer avec le sien. La voir si vite triste d’un coup était…perturbant et surtout triste. Elle qui avait un sourire si beau et si apaisant, c’était un déchirement de la voir pleurer ainsi. Mais cela ne pouvais pas lui faire de mal, elle en avait besoin. Et malheureusement, ce n’est pas les seules larmes qu’elle versera en ces murs. Aussi malheureux que soit le fait qu’elle ne verra pas très souvent les personnes qu’elle aime à moins qu’ils ne se trouvent pas très loin d’ici…

Je continue de la bercer, tentant de l’apaiser ou de la rassurer un peu. La douleur doit être vive et terrible. Je la comprends, j’imagine très bien ce que ça peut être…rien que d’avoir à l’idée la situation genre Yoruichi loin de moi, me fend le cœur. Je lui murmure tendrement à l’oreille.

« Tu les reverras et je suis sur qu’ils t’attendront aussi bien l’uns que l’autre. Quand tu sortiras, se seront eux qui t’accueillerons. »

Comment pouvais-je être sur de sa ? Je supposais voilà tout. A entendre Amandine parler de sa compagne, leur relation n’était pas anodine et puis même, une comme la leur et aussi longue ne peut être balayé d’un coup comme ça. Non, je reste persuadée qu’ils l’attendront à l’extérieur, fidèle à leur amour. Aller Amandine, on se relève eh oh ! Je la relève de façon à ce que je puisse capter son regard :

« Pour le moment tu es ici, loin d’eux certes, mais ici. Tu n’y changeras rien, alors autant se lever, avancer et se battre lorsque cela sera nécessaire. Ne serait-ce que pour eux. »

Je lui souris, un sourire qui est là pour l’encourager. Elle n’est pas seule, il y a moi et Yoruichi. Je sais que celle-ci n’est pas du genre à laisser tomber quand on vient lui demander de l’aide et ce, quand la personne en vaut la peine. Mais si elle a sympathisé avec Amandine…ce n’est pas pour rien. Elle l’apprécie. Non Amandine ne sera pas seule. Si elle avait besoin elle pouvait toujours venir voir l’une ou l’autre, qu’importe.
Il faut apprendre à vivre à Sadismus, à s’intégrer comme on le peut. Sa passe ou sa casse…

Avec surprise, je sens Bella me prendre dans ses bras. Je devais sans doute être trop occupée à fuir son regard et à essayer de me calmer pour la voir arriver. Je me crispe un instant, à peine une seconde, et me détends, me laisse à aller à passer mes bras autour d'elle et à laisser couler les larmes. Je n'aime pas pleurer en public, mais je sais que j'en ai besoin. Je reste là sans rien dire, à l'écouter parler et à savourer le contact de sa main sur mes cheveux.
Je ne bouge pas, mais je l'écoute très attentivement. J'aime le son de sa voix, je le trouve rassurante, douce surtout. Et elle sait trouver les mots. Même si je sais que je n'ai que très peu de chances de sortir un jour d'ici, l'entendre dire ça me rassure, rend cet espoir plus réel en quelque sorte. Pour ce qu'elle dit au sujet de se battre, de continuer à avancer, c'est vrai que je m'étais déjà dit ça, plusieurs fois, mais c'est pareil, l'entendre dire par une autre personne me.. convainc plus peut-être, ça me confirme que ça sert vraiment à quelque chose.

" Merci. "

Mot à peine murmuré, ma tête encore sur son épaule. J'essuie mes larmes, qui ont cette fois vraiment cessé de couler, et je me dégage légèrement de son étreinte pour pouvoir la regarder en lui parlant. En même temps, je tente un sourire. Un peu raté, un peu trop triste, mais un sourire reste un sourire.

" T'es vraiment quelqu'un de bien, tu sais. "

Je ne sais pas trop pourquoi je lui ai dit ça. Peut-être juste pour lui assurer que je ne l'ai pas remarciée par simple politesse mais parce qu'elle m'a vraiment aidée. Bella. Bella Hope. Hope. Espoir. Etonnant comme son nom lui convient bien, je trouve. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'étais au fond du gouffre et que je n'aurais pas pu m'en sortir si elle n'avait pas été là, mais j'ai eu un sérieux coup de déprime et elle a su me réconforter, en plus de me donner un peu d'espoir, c'est vrai.

" Je suis désolée d'avoir craqué comme ça devant toi. Surtout que c'est pas vraiment l'endroit... "

Je n'ai pas tellement l'impression qu'on nous regarde en fait, et à vrai dire, cette dernière phrase est plus dite sur un ton d'humour qu'autre chose. C'est ma manière de gérer les choses, dès ça commence à aller mieux, j'ironise, pour dédramatiser, et en général, ça marche assez bien.
D'ailleurs, j'admire assez la manière dont Bella a su gérer la situation. Je suis certaine qu'elle aurait fait des merveilles dans l'association de soutien aux victimes. Ce qui me fait me demander ce qu'elle faisait, elle avant d'être enfermée. Elle est jeune, elle n'avait probablement pas fini ses études, mais ça n'empêche pas de faire des choses, ou d'avoir tout simplement des projets.

" Tu faisais quoi avant d'être enfermée ici? "

Je ne demande pas ça juste pour changer de sujet, même si j'en donne peut-être l'air. Ca m'intéresse vraiment, surtout qu'elle m'a écoutée, réconfortée, et que je n'ai pas l'impression de m'être assez intéressée à elle.

Elle me murmure un « Merci » en essuyant ces larmes qui avaient décidées de cesser toute évasion. Je la laisse se dégager avec douceur de mon étreinte, tandis qu’elle essuyait ces larmes…Pauvre sourire qui s’affiche sur ses lèvres. Un sourire qui tente de dire « je vais bien » mais qui n’est que mensonge. J’ai mal au cœur pour elle, être séparer de ceux que l’on aime pour une période aussi longue, est la pire des souffrances morales. Je m’imagine à sa place et rien que l’idée est douloureuse, tel un poids écrasant mon cœur jusqu’à ce qu’il ne puisse plus trouver la force de battre.

" T'es vraiment quelqu'un de bien, tu sais. "

Je souris face à ce compliment qui me fait légèrement rougir. Quelqu’un de bien, oui c’est ce que j’étais bien que cela ne plaisent pas à tout le monde. Qu’importe ce que je suis, tant que cela me convient. Être sur de ce que l’on est, est le plus important. Amandine aussi est quelqu’un de bien, c’est indéniable. Douce, gentille avec l’air d’être patiente. J’espère sincèrement pour elle qu’elle retrouvera sa Bien Aimée en sortant de ce trou à rat qui nous fait tant déprimer. J’essuie d’un geste furtif mais doux, une larme qui menaçait de s’écraser sur le sol, au bord de son menton.

" Je suis désolée d'avoir craqué comme ça devant toi. Surtout que c'est pas vraiment l'endroit... "

Surprise, je la regarde. S’excuser d’avoir craquée ? Si je devais le faire à chaque fois que j’ai pleurée, sombrer dans une folie passagère entre ces murs, je n’aurais pas finis. Sadismus, nous faisait tomber fou, hurler, pleurer, frapper, souffrir, violé. Vie sans aucun sens, seule les personnes avec qui nous sympathisons peuvent nous aider à avancer en ces lieux lugubres et sans espoir. Pas vraiment l’endroit ? Les prisonniers autour de nous, mangeant ou discutant se contrefichait de ce que nous pouvions faire ou dire. L’ignorance même à ma table. Je la regarde en souriant, penchant un peu la tête sur le côté :

« Ne t’excuse de rien. Craquer ici est inévitable je crois. C’est la première fois, mais ce ne sera pas la dernière…Malheureusement. »

Je baisse les yeux. Quelle belle vision de ce qui l’attend ici. Les premiers jours risquent d’être compliqués pour elle, c’est bête à dire mais elle s’y fera. Elle n’a pas le choix malheureusement. Enfin si…mais cela reviendrait à la tuer. Soit elle s’adapte, soit elle meurt à petit feu. Je pense que son choix se portera sans hésitation sur le premier choix. Pour moi part, heureusement qu’il y a Yoruichi, mon autre, celle qui est une partie de moi. Et Etoile aussi, tout cet amour qu’elle me donne sans fin. Mes liens sont ici, à l’extérieure je n’ai plus rien, si ce n’est mes parents adoptives qui n’acceptent pas le fait que je sois enfermée et qui me croient coupable. Je n’ai rien à faire en dehors de ses murs, même si la liberté m’appelle souvent à s’en écorcher les poumons.

" Tu faisais quoi avant d'être enfermée ici? "

Me rappeler ce que j’aurais pus devenir me serre le cœur, ce que j’aurais pus étudier, être, construire…tout c’est évaporer, tout à disparut comme de la vulgaire poussière, de la craie éphémère sur un tableau noir au fond de la classe. Je détourne les yeux, regardant un peu autour de moi. Des petits moutons exécutant leurs tâches habituelles. J’étais l’un d’entre eux, à la seule différence que je m’en rendais compte. Un jour, je partirais…

« Je venais d’obtenir mon Bac et avait pour projet d’entrer en Fac de Droit en vue de devenir Avocate. J’ai été acceptée à l’école mais le destin à voulue que je passe un grande partie de ma vie ici. »

Oui le destin à voulue que je sois ici…pourquoi ? Pour rencontrer des personnes spéciales ? C’est ce qui c’est produit. Je ne sais pas « le pourquoi » je suis ici, mais je n’ai pas d’autre choix que de me laisser porter. Avancer comme je le peux, les mains et la tête levées. Droit devant soi, ne pas se retourner au risque de trébucher. Amandine est vraiment quelqu’un d’appréciable. Elle était apaisante, tranquille. Je lui souris une nouvelle fois, mes yeux verrons plonger dans les siens, je lui demande :

« Quel genre d’association vous gériez toi et ta compagne ? »

La vie de la jeune femme m’intéressait réellement. Mais aussi l’histoire de sa compagne et de ce petit bout nommé Luc. Comment réagissait-il face à cette séparation brutale de sa deuxième maman ? J’imaginais parfaitement le couple et l’enfant, affichant un sourire emplie de plénitude et de bien aisance. Je l’envie presque d’avoir trouvé un bonheur si profond...mais qu’est-ce que je raconte ! Ce bonheur là je l’ai trouvé, en ces murs certes, mais trouvé quand même. Et je ne l’échangerais pour rien au monde. Il vivait tout simplement au creux de Yoruichi, la première personne que j’aimais ici. Puis au creux d’Etoile, m’apportant un autre lien inégalable.

Puis, j’ai une soudaine envie d’entendre l’histoire…son histoire, la leur, à Elles deux. Je souris avant de demander, la tête pencher sur le côté :

« J’aimerais te poser une question…comment as-tu rencontré ta compagne ? Si c’est trop douloureux évitons le sujet, aucun problème. C’est juste que je trouve votre relation, belle et ce rien qu’en entendre parler. »

Pourquoi Hasard ou Destin, punissait ceux qui les rendaient encore plus beaux ?

Faut pas que je m'excuse. Je sais ça que j'ai pas à le faire quand je pleure, mais c'est toujours pareil, je peux pas m'en empêcher. Je ne sais pas trop si je m'excuse plus auprès d'elle que de moi, je déteste tellement qu'on me voit pleurer... je préfère qu'on croit que tout va bien pour moi, qu'on ne s'inquiète pas, c'est plus facile. C'est vrai que dans ce contexte, difficile de faire croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et que je n'ai vraiment aucun problème. Elle ne me soulage qu'à moitié, mais je suppose qu'elle est réaliste. C'est sans doute vrai, ce n'était pas la dernière fois que je craquais. J'espère quand même que ça ne se reproduira pas trop souvent.

Je l'écoute encore.
Jeune bachelière, future étudiante en droit, probablement future avocate. A la regarder, je me dis qu'elle devait être très brillante, je pense qu'elle serait bien capable d'avoir décroché une mention au bac. J'ai du mal à savoir ce que ressens.
Au début, je suis plutôt contente pour elle, mais dès que tombe la fin de sa phrase, ce sentiment s'évapore. Elle avait un bel avenir devant elle, et maintenant, voilà qu'il est gâché, à cause de quelque chose qu'elle n'a pas fait et pour son amie qui est désormais morte. Elle change assez vite de sujet. C'est une bonne chose, pour moi mais surtout pour elle. Maintenant qu'elle a répondu, je me dis que c'était peut-être pas une si bonne idée que ça de lui poser cette question. J'espère que ça ne va pas faire remonter de mauvais souvenirs.
Mais répondons plutôt à la question, je dois dire que parler de ce que je faisais ne me déplait pas trop. J'en suis assez fière en fait. J'ai été utile.

" Y en avait deux. Une qui était pour la planète, on informait et on essayait de recceuillir des animaux de laboratoire. L'autre, c'était pour venir en aide aux victimes d'abus sexuels ou de violences. On avait des psychologues et des structures d'acceuil. Katie avait beaucoup d'argent, ça nous permettait pas mal de choses. Et puis elle était douée pour inciter les gens à faire des dons, moi c'était pas tellement mon truc. "

Bella s'intéresse vraiment à moi. Ca ne me dérange pas, au contraire même, j'aime bien parler de ça, de ce que j'ai fait. Même si ça me rappelle qu'enfermée ici, je ne pourrai plus rien faire. Enfin, c'est vite dit, si je tiens vraiment à aider les gens, une prison est sans doute un bon endroit, mais ce ne sera jamais comme avant.
Elle parle de Katie maintenant, de notre histoire. Notre histoire. C'est vrai qu'elle est belle, et elle le restera. C'est sans doute pour ça que je souffre autant, si je ne l'aimais pas à ce point, si je n'avais pas pris l'habitude de l'avoir près de moi toutes ces années, j'arriverais plus facilement à me séparer d'elle.

" C'était une rencontre assez banale en fait. On était dans la même classe en seconde, et on est tout de suite devenue amies, puis amoureuses. C 'est elle qui est venue vers moi. Je traversais une assez mauvaise passe depuis quelques mois, et elle a été la première à me faire rire après ça. Tout s'est fait très naturellement entre nous. Katie est tombée enceinte accidentellement - notre couple était libre - et on a décidé de garder l'enfant, même si elle était jeune. C'est comme ça qu'est né Luc, et c'est d'ailleurs pour ça que je n'ai aucun droit sur lui. Les années ont passé, et on est toujours ensemble. Tout simplement. "

Je ne m'éternise pas sur le "ça" qui a causé mon mal-être. Ce n'est pas que j'ai honte ou que je tienne absolument à le cacher, c'est juste que je n'aime pas en parler. Alors quand ce n'est pas nécessaire, j'évite.
Par contre, Luc, j'aime bien. Mes amies se moquaient de moi à ce propos, je dois bien avouer qu'au début, je ne pouvais pas m'empêcher de montrer des photos de lui à tout le monde et d'en parler dès que l'occasion se présentait. J'étais, et je suis encore, très fière d'avoir un fils, de fonder une famille. Mon seul regret est que ma mère ne le connaîtra jamais. Mais ça, faut pas que j'y pense. J'ai déjà assez de raisons de déprimer comme ça, je ne vais pas en plus ressasser des évènements qui datent de plusieurs années et que j'ai déjà encaissés.
Parlons de quelque chose de plus gai.

" Toi, comment t'as rencontré Etoile? "

Rencontrer l'amour en prison, c'est quand même assez improbable. En apparence en tout cas, parce qu'en y réfléchissant bien, enfermer des hommes et des femmes dans un lieu clos pour une très longue durée est le meilleur moyen de voir des liens se créer, que ce soit des liens d'amour ou des liens de haine.

» Long voyage pour changement d'air ?
» Bella, dis-moi que c'est toi. [PV]
» Non, pas de nourriture ... [Pv Bella]