Première nuit à Sadismus

Voilà, j'y suis. C'est définitif maintenant. A vrai dire, ça l'a été au moment même où les portes se sont refermées sur moi, mais en entrant dans ce lieu, j'ai comme l'impression que les choses sont plus réelles encore. C'est idiot, je sais, mais mon ventre se noue au moment même ou je pose un pied à l'intérieur de la cellule.
MA cellule. Le lieu où je vais passer le reste de ma vie.

C'est tellement injuste... j'ai rien fait pour mériter ça, rien, au contraire même! J'ai consacré toute ma vie à aider les autres, et j'aurai continué si je n'avais aps été enfermée ici, si je ne m'étais pas dénoncée... mais j'avais mes raisons. De bonnes raison. Sans compter que ça pourrait être pire. Bon, c'est vrai que pour l'instant je vois pas très bien comment, mais je suis sûre qu'il y a pire sort que le mien. Au moins je suis en vie.
Et puis, mieux vaut moi que Katie, moi au moins j'ai choisi mon sort, elle, ils allaient l'envoyer ici de force, persuadés qu'elle est coupable. C'est mieux comme ça, pour nous et pour Luc. Si elle était partie, je n'aurais pas eu le droit de le garder, il serait sans doute allé en foyer ou en famille d'acceuil et je ne l'aurais plus revu. Maintenant, même s'ils sont loin, même si je sais qu'ils ne pourront pas venir me voir souvent, je sais que je ne les ai pas perdus.

Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur ici, je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de pleurer. Je regarde autour de moi, et je déteste tout ce qui atteint mon regard.
Les murs, sombres, froids, sales. La pièce, petite, exigue, et surtout, il y a quatre lits. Trois personnes en plus de moi. J'espère, j'espère que ça se passera bien, que mes "colocataires" ne seront pas trop dangereux. Mais même s'ils le sont, il n'y a aucune raison qu'ils ne me fassent de mal, si?
Et puis il y a les barreaux. C'est si... impersonnel, si impudique... moi qui déteste qu'on me regarde nue, sauf quand c'est Katie bien sûr, j'appréhende fortement le moment où je devrais me changer... moment qui n'est pas encore venu.

Je suis arrivée tôt, et il n'est pas encore l'heure de dormir, loin de là. Le problème, c'est que je ne sais pas où aller. Ma seule envie est de voir cette interminable journée se finir enfin.
Alors je m'allonge sur le lit inoccupé (celui qui n'est pas défait et au pied duquel il n'y a rien), toute habillée, face au mur. La couverture n'est pas très épaisse, bien qu'elle suffise sans doute à m'empêcher d'avoir trop froid, et les draps de basse qualité. En même temps, le contraire m'aurait étonné.
Je me sens mal ici, pas à ma place, trop cloisonnée, trop exposée. Alors, là, seule, face au mur, je commence à pleurer silencieuse, sans bouger, sans rien dire.

Et puis j'entends la porte s'ouvrir. Je reste immobile, je ne veux pas me retourner, pas parler. Peut-être que si je suis assez discrète, peut-être que si la personne qui est là ne fait que passer, cette personne s'en ira sans me remarquer. C'est tout ce que je souhaite.

» Une nuit calme
» Une nuit pour...on verra
» Et au beau milieu de la nuit...
» Douche de nuit... [libre]