Et toi... Tu y crois ? [Moxie]

HRP/Bon... J'espère que tu m'excuseras du retard ? Pis c'est un peu étrange, désolée *quand monsieur cerveau s'obstine à être en vacances, notre bonne amie l'écriture automatique prend le relais*/HRP

Qui sait.
…
Qui sait ce qui ce cache, dans la pluie. Musique ? Divin ? Hérésie ? …
Rien.
Rien de toute cette sorte de choses. Il n'y a que l'Homme, et ce que voit l'Homme. Il n'y a que l'esprit, et ce que le monde donne en réponse à cet esprit.
Il n'y a que la solitude. Humaine. Damnée. Inhérente solitude de la conscience, qui se croit âme, qui se croit monde, qui se croit partie d'un tout qui n'existe pas.
Vanité ? Non. Narcissisme de l'enfant qui a peur. Crainte d'un monde qui n'a que faire de l'existence. L'illogique chaos d'une conscience ponctuelle, embourbée dans une vie à laquelle elle ne peut donner de sens.
…
Du moins… C'est ce que penserait l'Homme aveugle.
Moi, je la vois, cette pluie. Et je ne m'invente rien. Je me contente de savoir la regarder, en silence, comme ça. Certes, il fait un peu froid. Oui, je suis trempé. Jusqu'aux os, plus encore. Il est vrai, je suis muet, immobile comme un mort.
Mais je regarde.
J'apprends.
Je comprends.
Car il est bien souvent plus dur de comprendre… que de craindre. Simplement. Si je veux voir autre chose que la chaos dans la pluie, il me suffit de m'asseoir à terre, dos au mur, les coudes sur les genoux.
Et de regarder.

Eva est morte. Je l'ai tuée. Tout comme elle m'aurait tué, si nos rôles avaient été inversés. Les choses sont ainsi. Non pas par un quelconque destin. Non. Il n'y a que moi, pour savoir ce que je fais.
Ces cercles. Dans l'eau. Qui s'étendent, encore, toujours, renaissent. Pourquoi donc y voir une quelconque menace ? Il n'y a là qu'une phrase.
Je suis là.
Cela me suffit.

Mais… L'enfant ?
David. David, mon frère m'aura appelé trop tard. Bien trop tard. L'autopsie. Elle, Eva… Les aurais-je tué tous les deux, au final ? Serait-il né ?
Nous avions pourtant toujours refusé, évité, d'avoir un enfant, ensemble. A la grande peine d'Eva… Et de la mienne. Mais c'eut été trop risqué. Pour lui. Nous savions qu'il n'était plus possible de poursuivre la lignée des Von Stern. Si nos parents étaient aussi frères et sœurs, il eut été insensé de risquer à cet enfant plus de problème consanguins que nous n'en avions nous mêmes. Mes cheveux blancs, il est vrai, ne sont guère embarrassants. Mais la malformation cardiaque qui frappe une grande partie des membres de notre famille, et les mène à la mort, n'est pas un héritage que nous souhaitions transmettre.
Alors… Au final…
Que dois-je penser ?

Je crois je ne sens plus vraiment le froid. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, assis, sous la pluie. Quelques secondes. Quelques minutes. Quelques heures.
Peu importe.
Je fixe, à mes pieds, ce que cette prison, et la pluie, peuvent encore m'offrir. Le perpétuel, le répétitif tableau de cercles, signes nés de chaque chute de chaque goutte de pluie.
Je bouge un peu mes doigts. Je les sens à peine. Il faut dire… Qu'en cette heure du monde…
Le pluie nous transperce.

Oui.

Et pourtant, je n'étais pas destiné à être là. C'est vrai quoi. Il fais nuit, il pleut. Qu'est ce que je fous dehors ? Qu'est ce que je cherche ? Ce n'est pas pour chercher que je suis là ? Non ? Bon et bien tant pis. Je suis là pour rien ! Super, moi je dit super. J'suis trempé, faut dire que Dieu nous pisse dessus de toute ses forces aujourd'hui. C'est etonnant en Allemagne ? J'en sais rien, je ne me souviens plus dans quel zone climatique nous sommes ici. On doit étudier ça en CM2 remarque... Normal que ça m'échappe. Comment ça je pense de la merde ? Ben... J'sais pas...
Je regarde l'eau dégouliner sur ma main. Tu vois, je la tiens juste devant mon visage, juste pour mieux voir, parce que la visibilité est assez réduite. Ca s'écrase sur mes doigts et sur ma paume, ça fait après un tas de petites gouttes. Violente la pluie. Je lève les yeux au cieux. Y a pas un ange suposément censé me foudroiller sur place hein ? Nan, même pas.
Bizarement, j'me sens libre en ces moments de pluie. Il fait nuit, j'suis pas dans ma cellule, j'en profite. Pas l'ombre d'un gardiens à l'horizon. Pas la moindre pression, ou peur, je suis seul, et j'en profite abusément.

Le monde bascule.

A force, je suis tombé. Par terre, dans la boue. Parce que, oui, le mélange eau plus terre égale boue. Ca, c'est à la maternelle que je l'ai apprids. Comme le mélange des couleurs, jaune plus bleu ça fait vert. Mais là, je ne vois que du noir, et ce mélange là, je ne sais plus comment on l'obtient. C'est d'un niveau plus élevé que la maternelle, alors, evidemment, ça m'échappe. Si je relevais ma tête de la boue ? Le berger n'est pas là, il n'a pas la tête sur ma nuque, je suis seul. Et j'aime ça. Non je ne suis pas d'un naturel solitaire ou misanthrope, mais, brave gens, vous me stresser. Par votre simple présence, vos regards inquisiteur, votre jugement sur ma personne. Là, pas grave si j'ai la gueule dans la boue, qui pourras me juger ? Hein ? Et si je me fourre un doigt dans le cul ? ... Mais j'en ai des bonnes idées moi... Je me met la main dans le froc, et hop ! Rien à foutre !
Bon... Je me relève ?
Me voila debout, après maintes efforts musculaires et oscillation de ma personne. J'ère sous la pluie, avec un tas de pensées cons en tête. Le mouton est loin du troupeau... Ce genre de balade salutaire, je devrais en faire plus souvent tiens, et puis par temps de pluie, c'est plus drôle. Même si je suis couvert de boue.

J'ai froid. C'est con.

Comment remmedier à ça ? Une douche bien chaude, chez moi ? Ahahahahahahahaha ! Mais je peux plus y aller, je suis definitivement perdu loin loin de ma maison, sans espoir de retour. C'est con hein ? Donc, voila, je vais errer dans le froid et le mouillé. Desolation. Une cours de merde, où je passe ma vie ces temps ci. Ma vie est palpitante... Mais c'est pas grave. Est ce qu'on s'en fait ? Nooooon ! Non, je ne veux pas, ne t'inquiète pas, tout vas bien. Enfin c'est facile de dire ça quand on pourrit sur pied...

- I fell into you and I'm on my back, an insect decaying in your little trap.

Une chanson, je ne sais plus laquelle, mais je la chante malgré tout. Moi ? Chanter ? Ma voix est plaintive, mal maitrisée. Un hurlement dans la pluie, je ne comprend même pas ce que je dit, je l'avais apprise par coeur un jour.. Ma petite voix de souris est emportés par le vent, la pluie, qui manifestent bien plus fort et bien plus violament que moi ses desillusions. Alors, c'est ça la vie ? Non, je ne suis pas déçu, pas totalement. Même si ce n'est pas joyeux, c'est intense. Je ne m'estime plus si passif que ça. Je ne la regarde pas passer, pas trop. J'essaye de la griffe,r d'avoir prise sur elle. Cette salope de merde. Et si je l'enculais ?

- I lift you up like the sweetest angel, I'll tear you down like a whore....

Un grognement là. Mais encore, je ne m'entend pas, trop de vent, trop de colère là haut. Putain, je parle pas anglais en plus, je ne comprend absolument pas un traite mot de ce que je dit. Coup de pied rageux dans une pierre, mal au petit doigt de pied. Enculé de pierre. Je hurle.

- ROOOOCK STARRRR, OH YEEEEAAAH !

Ca non plus ça n'a pas de sens ? Qu'est ce qu'on en a à foutre ?! C'est du Marilyn Manson, ça passe tout seul. Puis je me suis enfin entendu quoi ! Peu importe si c'est des conneries sur des insecte décomposé que je balance au vent, je lui ai balancé un truc, bordel de merde ! T'entend pétasse ?! Oui, c'est à toi que je parle ! J'suios un peu perdu, et alors ? Je veux être combattif ! ...Même tout seul sous la pluie... Je ne sais pas ...

- You are the one i want and what i want is so unreal...

Là, je suis plus silencieux... J'ai fini ma chanson, je pense. Ca n'a servit à rien... Voila. Mais ça défoule, je sais pas, j'ai besoin d'un executoire, pour sortir du marasme dans lequel je suis enfoncé. Jusqu'au gencives. Bordel de merde.

... Un mec ?!

... Des cheveux blancs ?!

Qu'est ce qu'il fout là lui ? Un mec qui fait le con sous la pluie aussi ? Enfin est assis, et il bouge pas. Il m'a vue ? Bordel de merde, quand je chantais, j'était pas visible ou audible de là ou il était, Dieu merci... Je fais quoi maintenant ? Il m'a vu, forcément... Ou pas... J'éloigne mes cheveux collés de boue et d'eau de mes yeux, mais je vois pas beaucoup mieux... J'enlève mon pull aussi, c'est ridicule, il est complètement trempé, puis si je tombe malade ben... C'est tant mieux... Crèves donc Moxie, crèves donc. Ca te feras les pieds tiens... Quelqu'un ne t'a pas dit que la médecine à Sadismus, c'était pas encore ça ? J'en sais foutre rien tu vois... Dis, cheveux blancs, t'es un ami à pyth ? Tu vas me faire du mal toi aussi ? Voila que j'ai peur maintenant... Me touche pas !

Je m'écroule.

Et après ?
Eva, je t'en conjure, aide-moi, dis-moi, sois-là. Ne me laisse pas me perdre. Fais en sorte que jamais je ne prenne ma tête entre mes mains en fermant les yeux. Jamais. Ce n'est pas cet homme, que tu aimais. Que tu aime. Non. Tu n'as pas épousé un lâche, un mélancolique, un faible. Parce que tu m'as aimé un jour, je resterai fort. Parce que tu seras toujours mon souffle, mon regard, mes lèvres, je ne demeurerai jamais assis, ni ne ploierai sous ce que le monde s'ingénie à me faire porter : le poids d'un crime, que je ne considère pas comme tel.
Amen.

Un bruit étouffé.
Un Ange, tombé du ciel, entraîné par la pluie ? Allons ! Il n'est plus temps de cultiver le peine. Elle ne croit que si l'on pense trop à elle. Vivons, vivons aux choses de ce monde, en attendant la fin. D'un geste, je rejette mes cheveux trempés en arrière, prend appui de la main sur le mur, me relève. Je prends conscience du tapotement réguliers de la pluie sur ma veste. Faisait-il si froid ? Je monte mes mains devant mon visage, souffle un peu dans mes paumes, en cherchant du regard ce qui vient de tomber du Ciel.

Ce n'est qu'après quelques secondes, lorsque mes yeux ont enfin pu percer l'obscurité de cette nuit naissante, que je le vois. Quelqu'un, oui, quelqu'un, est allongé, à même le sol, immobile. Une mort sous la pluie ? Pas question. En quelques enjambées, je m'approche de la silhouette un peu frêle du gisant. Je m'accroupis, plisse les yeux. Je veux voir son visage.
Un enfant.
Du moins… c'est que je perçois. Un enfant malade. Ses traits sont tirés, sa peau d'une pâleur malsaine. J'étends ma main, essuie un peu la boue qui souille son front. Je peux discerner de petites veines bleues, sous ses yeux. Ses lèvres sont violettes.
Il ne fait pas bon sortir en ce temps-là, enfant… Je ne savais pas que cette prison accueillait des prisonniers aussi jeunes. Quel âge a-t-il ? Treize, quatorze ans ? Peut-être plus. Mais son état de maigreur m'empêche d'être précis sur ce point. Et ce n'est pas très important.

D'un mouvement d'épaule, je me dégage de ma veste, extrait mes bras des manches, et dépose le vêtement sur ce drôle de petit être qui semble soit être sorti de la terre, soit être tombé du ciel. Je fronce légèrement les sourcils, en constatant qu'une des poches est ouverte. Je la referme prestement. Son contenu est trop précieux pour être dévoré de la pluie. C'est une photo d'Eva, souriante, sur un simple fond blanc. Un talisman suffisant pour le garçon.

M'entendez-vous ?

Je suis saisi d'un frisson. La pluie a détrempé ma chemise. Et si j'ai froid, je ne pense pas que cet enfant soit préservé de cette gêne. Le plus doucement possible, je glisse un bras sous ses genoux, l'autre derrière ses épaules, le soulève en me relevant. Je suis surpris de sa légèreté. Inquiété, même. Il pèse autant qu'un cadavre. En silence, je franchis les quelques pas qui nous séparent de la porte. Je ne sais pas s'il fera vraiment meilleur à l'intérieur, mais au moins, nous n'aurons plus à souffrir de la pluie.

Alors, Anastasiah, t'as trouvé ton prince ?

J'ignore le gardien. Ici, j'ai pris l'habitude de ces railleries, à propos de mon prénom. Tant que ce ne sont que des mots. Ma carrure dissuade pour le moment les autres détenus d'entreprendre quelque action violente, et je ne cherche pas querelle aux gardiens. Ce ne sont pas quelques moqueries qui me feront du mal.
Pythagoras m'avait mis en garde contre ma douceur. Je n'ai pas trop eu à en souffrir, pour le moment. Je m'en suis toujours sorti avec des mots. J'espère qu'il en sera toujours ainsi. Je ne veux pas avoir à répondre à la force par la force. En serais-je seulement capable ? Pythagoras… Nos relations sont étranges. Mais je n'y vois plus de violence. Autant ne pas se poser plus de questions, pour le moment.
Il faut dire que j'ai un Ange sur les bras.

Nous sommes désormais dans le couloir. Il n'y a aucun détenu, pour le moment. Même si la nuit est née, le couvre-feu est encore lointain. Je dépose mon fragile fardeau au sol, appuyant son dos contre le mur, réajustant un peu ma veste sur ses épaules. Je me demande si je l'effraie. Je n'espère pas. Ce serait là une source de honte. Accroupis, je cherche son regard, et formule quelques mots, de mon éternelle voix douce , tentant de maîtriser un peu mon accent.

Vous devriez éviter de sortir sous une pluie si froide.

Une simple constatation. Pas vraiment un conseil, cela serait vexant. Et je le dispense des questions de type "Allez-vous bien ?" Car il est évident que la réponse ne serait pas positive. Et rares sont les personnes qui répondraient : "Non, je vais mal." au plus parfait des inconnus. Pour le rassurer, j'esquisse un sourire sans malice.
Soudainement préoccupé, je détourne la tête, passe la main dans mes cheveux, histoire de dégager un peu mon front des mèches trempées. J'ai entendu un pas. Je ne suis pas de nature inquiète, ou nerveuse, mais en prison, il faut y apprendre. Il n'y a rien à gagner en demeurant dans un endroit isolé. Soit un groupe de prisonniers peu amicaux pourrait surgir, nous chercher querelle (et je dois qu'un enfant maigre comme un clou, et un photographe trop paisible n'y pourraient pas grand chose), soit un gardien désœuvré pourrait s'en prendre à nous, sans autre forme de procès. Je reviens au garçon, et ajoute calmement quelques mots.

Je crois que nous ne devrions pas rester ici. Pouvez-vous vous lever ?