Faut bien rendre visite aux visiteurs...[Pv Yoruichi]

C’est éprouvant de rien faire. Vraiment. L’accumulation de rencontres plus déplorables les unes que les autres ne rentre évidemment pas dans mon critère des occupations. Oui oui, je suis très sélective, que Dieu me pardonne du haut de son petit nuage.
« Salle de téléphones et de visites » ? On se fout de moi là. Qui viendrait rendre visite à un ami, parent ou ce que vous voulez dans un endroit aussi excentré ? Un idiot, certainement plus que celui qu’il vient voir. Je vais aller rendre visite aux visiteurs tiens. Où je devais aller à la base ? Je sais plus. Ca doit être un signe du destin, la salle est à moi …
Les téléphones ont l’air tellement … neufs. Peut être que personne ici ne sait utiliser un téléphone, ça m’étonnerai pas, j’ai rencontré des gens qui doivent certainement avoir peur que le combiné ne les bouffe… Je ne vise pas la petite du réfectoire, naturellement… Tsss.
Le plus étrange dans tout ça, c’est qu’il n’y a aucun gardien. En même temps, ça ne doit pas être super utile, ici, sachant que les autres pièces sont surpeuplées.

Je m’installe sur une chaise, et attends.
Attendre encore et encore.
Est-ce qu’ils seraient venus me voir ? Est-ce que les gens que j’aimais éperdument seraient venus me rendre visite si je ne les avais pas tués ? Qu’est ce qu’ils m’auraient dit de toute façon… C’est mal, tu n’avais pas à faire ça, ou autres phrases censées nous donner mauvaise conscience. Ca n’aurait servi à rien, strictement à rien. Je pense même que j’aurais refusé de les voir. Pas le temps pour les tristesses futiles, de là où ils sont, ils ne peuvent plus venir…
J’allonge mes pieds sur la table où les combinés se trouvent. C’est bien ici, je reviendrai surement admirer mes visiteurs fantômes. Connards. Qui, les fantômes ? Tu divagues ma grande, tu insultes des êtres inexistants. J’assume…
Je prends un combiné, presque neuf et gelé. C’est splendide…

« Alors, est ce que j’essaye de détruire chaque téléphone ? Ca peut être intéressant ça… »

Très intéressant oui. Mais j’ai jamais détruis un téléphone, comment on fait ?

Et voila une folle qui entre. Putain, ça m’apprendra à ouvrir ma gueule alors qu’il n’y a personne, le bruit les attire…
Ouais je me crois à la maternelle, et ça dérange qui ? Mademoiselle-j’ouvre-ma-gueule-alors-que-j’ai-rien-de-constructif-à-dire ? Elle a pas de chance, j’ai pas envie de me relancer dans un monologue aux tendances destructeurs. Laissons couler, même si j’ai bien envie de la remettre en place. Je suis armée d’un téléphone en plus…
Elle ressemble à toutes les vraies filles ici. Cheveux longs et yeux de biche, une femme quoi. Elle s’éloigne pour s’aplatir sur le mur. Je l’imagine bien mante religieuse, les hommes, elle consomme et elle en fait un truc pas catholique après, ouais ça doit être totalement son cas.
En tout cas, si elle croit que sa présence va me détourner de mon instinct premier, c'est-à-dire la destruction de téléphone, elle se trompe la bomba.
J’ai une gueule de méchante, et là une gueule de fille à agresser, rien à comprendre ici. Je cherche même plus en fait, je me sens tellement… supérieure, voila le mot exact.
Inutile de tenir compte de sa petite provocation du début, elle voulait une entrée fracassante, bah son entrée ne sera qu'invisible, comme elle d'ailleurs.

-Personne ne doit venir te rendre visite ?

Tu parles, les seules personnes susceptibles d’avoir envie de me voir sont à six pieds sous terre, mais bon, qui sait. Je continue mon observation, à croire que j’ai jamais vu de téléphone. En même temps, j’ai vu beaucoup plus de poupées dans son genre que d’appareil, donc tout s’explique…

« Nan, personne. Si je suis venu dans cette prison, c’est pas pour voir les sales gueules d’abrutis dégénérés du monde extérieur. »

Bien que le monde de la prison regorge de ça. Mais je vais lui épargner ce petit détail, elle pourrait le prendre pour elle et s’énerver, ON SE MOQUE PAS DU PHYSIQUE ! Tss…
Comme je le laisse comprendre, j’ai choisi de venir ici. C’est totalement faux en passant, peut être sera-t-elle assez idiote pour le croire ? Ca serait drôle, très drôle.
C’est con, de venir ici, dans cette salle, alors que ça sert à rien. A la base j’étais tranquille, mais bon, c’est des choses qui arrivent, on peut pas lui en vouloir, elle doit être là depuis trois jours et se sent déjà parfaitement comme chez elle, un meuble dans le décor quoi. Y’en a qui prenne beaucoup trop leur aise.

« Et toi ? Des visites en prévision ? »

Bon ok, j’en ai strictement rien à foutre de sa vie. Ca m’amuse de faire la fille qui s’intéresse à tout le monde, au début, ça m’amusait pas du tout. Les temps changent, trop vite peut être.

J’ai l’air conne ? Si j’ai juste l’air, ça va. Bouffonne va. C’est vrai, elle a pas tort dans le fond, dès que je vois quelqu’un avec un téléphone dans la main, j’ai envie de lui dire qu’il a l’air très con… N’importe quoi, j’ai jamais entendu une connerie pareille. On dira rien, ça sert à rien de jouer avec des gens comme ça. Grande gueule mais rien derrière, normal je dirais pour une croqueuse d’homme, du moins une fille qui a l’air d’une croqueuse d’homme, voyons Hina, ne porte pas de jugement trop vite…

La question classique du « pourquoi t’es là ? » genre est ce que tu es plus méchante que moi ? est ce que je suis pire ? Poarf, je l’entends déjà me raconter sa biographie de A à Z, de son père qui la battait, du viol de sa mère sous ses pauvres yeux de fillette affamée, car oui, la misère était présente, la vengeance, et tout ça quoi. Mais ça ne m’intéresse pas du tout.

Elle parle toute seule aussi. Qu’est ce qu’elle veut ? Me prouver qu’elle est puissante… Ouuuuuh je frémis là. L’angoisse absolue.
Connerie.
Paf, voila que mademoiselle s’installe en face de moi. On est bien là, on va peut être pouvoir jouer au visiteur et à la détenue, j’aime jouer, je me crois toujours en maternelle d’ailleurs… Comment je vais faire pour l’ignorer alors que sa face n’est pas loin de la mienne ? J’trouverai bien.
Elle veut me pousser à bout je crois. Je vois pas en quoi mes pieds la gênaient, la politesse de mon cul ouais, mademoiselle se la joue princesse qui se croit maitresse de maison.

Putain, Je vais pas la sentir longtemps celle là, déjà elle a une chance de malade de m’être tombée dessus maintenant, elle l’aurait fait à mon arrivée, ça aurait été une toute autre musique. C’est peut être pour ça qu’elle se croit plus maline que la plupart des gens ici, elle vient d’arriver. Faut bien qu’elle se prouve qu’elle a des chances de faire partie des baiseurs plutôt que des baisés. J’aime cette expression, mais les places pour cette fonction dont très dures à obtenir, petite.

Je reste muette, replace mes pieds à leur endroit d’origine, et lui adresse un beau sourire. Quelle est mignonne…

« La politesse, c’est aussi ne pas faire chier une personne tranquillement installée pour assouvir ses petites envies de violence pré pubères. »

J’ai encore ce sentiment de bêtes assoiffées de rage, enfermées dans la même pièce pour le meilleur et pour le pire. On provoque, on provoque, puis ça pète. Ou pas d’ailleurs. Elle veut jouer, on va jouer.

Je balance le téléphone par terre, à quelques pas de moi. Mademoiselle ne va pas être contente ! Aller Hina, prend ton air faussement désolé.
Sourire.
Mon impolitesse est sans limite. On va aller loin comme ça.
Je croise mes doigts au niveau de mon ventre, et je la regarde, tranquillement.

Elle vient de balancer le téléphone, mais j’m’en fiche. Elle me regarde cette gamine antipathique, je me lève doucement en gardant la tête haute, histoire qu’elle me prenne pour une conasse. Il y avait plein de téléphones autour de nous. Je saisis le plus proche, je le regarde.

-Tu sais que ca coute chère ce genre de model ?

Yoruichi, ma belle regarde la petite puce droit dans les yeux et bam. Je venais de balancer le combiné, non seulement elle a faillit se le prendre dans la gueule-qui aurait abîmé son jolie minois-, mais heureusement pour elle, je suis assez douée pour viser. Le combiné est passé juste à coté d’elle pour aller s’écraser contre le mur.

-Ben alors Princesse, qu’est ce qui t’arrives, t’as l’air abasourdie ?!

Vu son expression, j’ai bien cru qu’elle allait tomber dans les pommes. Quoi, t’as jamais trouvé quelqu’un du même charisme de caractère que toi ? Nan c’est vrai, j’oublie, on est pas semblable. Plutôt me tuer sur le champ. Je viens me rassoir à ma place, et lui lança un petit sourire ironique. J’adore son expression de dégout, ca m’enchante qu’elle réagisse comme ça.

Tout compte fait … je suis peut-être bien … non surement pas. Pour ce qui est de ma vie, hors de question que je balance quoi que ce soit dessus. Ca ne la regarde pas, et puis elle n’a l’air de se préoccuper que d’une seule chose : le présent. Là j’avoue, je lui tire mon chapeau, pour une fois que je vois une d-é-t-e-n-u-e ne pas se référer au passé. Elle sourit enfin la sadique de service, quel ironie dans son regard, j’adore ça … J’étais même prête à l’embrasser et à l’étrangler en même temps !

Je ne suis pas menaçante, tant qu’elle ne me cherche pas. En gros c’est ‘’ tu m’cherches ?, okay j’arrive ‘’ Entêtée, cette Yoruichi, mais devant mon vice … Comment puis-je réagir ?

Elle est mon fantasme noir, la douce agonie se reflète dans ses yeux. Ma moitié que je n’atteindrai jamais …



Hais-moi ou c'est moi qui le ferais ...

J’hallucine. Mais là je suis complètement sur le cul. Voila qu’elle me balance un truc dans la gueule, bon ok, à coté, mais même quoi. La furie.

J’ai du prendre un air totalement abasourdi, non pas la peur de finir défigurée par un téléphone, à noter l’action héroïque…, mais juste par le choc de voir quelqu’un qui ouvre sa belle bouche, mais qui agit aussi. Bravo.
Regarde la qui sourit, fière d’elle-même. Et après, c’est moi l’arrogante ? Remarque, ce n’est qu’une pâle copie de moi-même. Calmement installée sur son trône, elle m’observe. Je me sens forcée de sourire, si elle voulait me faire du mal, elle l’aurait déjà fait. Donc, elle ne cherche pas ça, elle veut juste s’amuser, un peu.

Sadique, cette bonne femme. C’est rare, ici. Cela dit, elle cause comme une mère de famille, même si je suppose que c’est ironique, du genre la politesse et le prix des combinés. Si j’ai tué ma mère c’est pas pour en avoir un deuxième, qu’on se le dise.

« Je crois que les présentations sont faites… »

Mouvementées, certes, mais faites. On ne connait pas nos prénoms, ni ce qu’on a fait pour atterrir ici. On sait juste qu’on n’est pas si éloignées de ça mentalement. Du moins pour ce qu’on a pu voir. Bonne nouvelle ? Je ne sais pas franchement. On va dire oui.

« Alors, ma belle, t’as trouvé de quoi t’amuser ici ? »

Parce que moi, oui. En fait y’a de quoi s’amuser partout autour de nous, faut juste saisir les bonnes occasions.

Je reste dans ma position, immobile. J’suis bien là… En compagnie de cette demoiselle, qui mine de rien, est plus intéressante qu’elle en a eu l’air. M’enfin, on va attendre de voir, les paroles sont souvent plus représentatives que les actes. Etonne moi et peut être qu’on pourra accomplir de belles choses ensemble… Comme c’est beau, je suis une grande romantique. Qui s’enflamme beaucoup trop.

- Alors, ma belle, t’as trouvé de quoi t’amuser ici ?

Tien donc, quelle belle question. Mais pour y répondre, c’est une autre paire de manche. Je réfléchis, qui ai-je rencontrée jusqu’à maintenant et avec qui je me suis amusée …

-Et bien, princesse j’ai une excellente nouvelle pour toi, tu as été la première proie à mon jeu d’amusement. Je ne suis là que depuis peu, ne l’oublie pas.

Je n’avais pas osée jouer avec les gardiens, mais les détenus mâles … je n’en dirais rien, il vaut mieux. Après tout, je n’ai fait qu’en menacé. Merde hein ! Je hais ces chiens en chaleur. Je vois dans ces yeux qu’elle adore elle aussi jouée, mais jusqu’à quel point ?

Tuer et découpé des gens ne m’intéressaient pas, je suis une grande sentimentale, à tel point que torturer l’esprit des gens, c’est mon péché mignon. Et puis, un corps, nous n’en n’avons qu’un et hors de question que j’abîme le mien pour son plaisir. Torture moi ma belle, mais fait le dans les règles de l’art … Psychologiquement.

Elle s’aime cette gosse, elle est narcissique. La situation est assez excitante à vrai dire, elle s’aime, mais mise à part elle qui l’aime ? Peut-être moi … Elle est mon fantasme noir après tout.

-Je ne te retourne pas la question, je suppose que ton terrain de jeu s’étend très loin.

Elle m’envoya enfin un vrai sourire, on commence à se comprendre un peu plus. Mes moments ‘noir’ sont rares, qu’elle en profite, c’est temporaire … Elle a un de ces regards qui vous fait fondre, j’adore de plus en plus. Elle laisse quand même une belle image à ses gens qu’elle a tués. Ces yeux …

Je m’étirai de tout mon être, j’avais un coup de pompe. Je lui sourie et me leva.

Je suis derrière elle, elle le sait mais ne se retourne pas, je m’abaisse vers son oreille et lui murmure :

-Entre les deux élèves, un seul deviendra maître de l’autre. Mais pour l’instant, n’élevons pas trop vite le niveau et jouons … Le temps que le plaisir arrive chez chacune d’entre nous…

Je m’éloignai d’elle, de cette pièce et de ce téléphone, brisé sur le sol.

Moi, la première proie ? Je suis loin d’être une proie. J’ai été sa proie pendant un moment, un court instant. J’espère qu’elle a bien profité de ce petit moment de calme. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on ? Elle le mangera très chaud. Mais chut, surprise.

Mon terrain de jeu est étendu, éphémère mais constamment en renouvellement, et ça, c’est parfait. Les épaves humaines affluent directement entre mes crocs. J’aime. Le problème est que je n’exploite pas assez, je devrais m’amuser jusqu’à la fin et ne pas les laisser s’envoler comme ça… Aller hop, je prends ma nouvelle résolution ici même, en tête à tête avec moi-même, grâce à l’inconnue. Merci bien, je vais essayer d’être plus efficace maintenant. Si elle savait ce qu’elle venait de me rendre comme service, elle ne se sentirait certainement plus. Voila pourquoi Hina va se taire.

Moment de blanc. Regards mélangés de perversion et d’envies pas fameuses. C’est impossible de trouver une personne comme ça, dans le sens si proche de ce que je pense. Pourquoi ? Elle en plus, qui a failli me défigurer et que j’ai méprisé dès le début… Je comprends plus RIEN PUTAIN. Je la hais. Ouais, c’est ça. De la haine. On peut aimer quelqu’un qui vous provoque et qui s’amuse de vous, bordel. Pourtant je sais que j’ai le dessus, par moment. Situation bancale.

Elle s’étire et disparait, derrière moi. Je la laisse, sans un regard. Tourner le dos à un adversaire ? Grave erreur, mais je n’ai rien à craindre. De la confiance ? Nan…

-Entre les deux élèves, un seul deviendra maître de l’autre. Mais pour l’instant, n’élevons pas trop vite le niveau et jouons … Le temps que le plaisir arrive chez chacune d’entre nous…

« Je n’aurais pas dit mieux, ma belle. » lancé dans un murmure idem au sien.

Aller va t en avant que je ne change d’avis. Jouer, sans règles. Un jeu qui dure une vie entière, si c’est pas magique ça ? Enfin du suspens et tout ça…

Je me retourne et la contemple s’éloigner. Rencontre rapide, et bien faite. Agréable, peut être. Est-ce qu’on peut dire qu’une rencontre est agréable, quand en réalité on se rend compte qu’on déteste cette personne, sans pour autant la connaitre bien, mais avec le sentiment d’être un peu pareil qu’elle ? Bon ok, on va s’arrêter là, marre de réfléchir. Ca attendra pour la réponse, je suis pas pressée.

Est-ce que je la retiens ? Non, elle reviendra à moi. Peut être pas aujourd’hui, peut être pas demain, mais plus tard… C’est obligé. J’aime ce sentiment de puissance.