Un bras cassé et une discussion inachevée [PV Payne]

>>>cellule II

Après avoir suivi la femme dans les couloirs, nous parvenons enfin à l'infirmerie.
Je l'ai surveillée du coin de l'oeil et à aucun moment elle n'a trahi sa douleur. J'apprécie. Elle est vraiment bonne. Mais pas au sommet de sa force.
J'ouvre une porte, personne dans la chambre, pas d'infirmière à l'horizon. Tant pis, il va falloir soit qu'elle se soigne elle-même, soit qu'elle me laisse faire. Je commence à farfouiller dans les tiroirs, et en sort une atelle, une bande et du coton pour amortir.
Je lui montre mes trouvailles.

_ Apparemment, l'infirmière est en option par ici. Alors c'est comme tu veux. Soit tu te débrouilles, soit tu me fais confiance, et tu me laisses te faire un bandage. De toute manière, il faut commencer par regarder si cet abruti a déplacé les os en plus de la fracture.

Je m'assieds sur un des lits et lui fait signe de s'installer aussi.

_ Et on va pouvoir commencer à parler sérieusement. Je ne sais toujours pas comment tu t'appelles et surtout comment tu en sais autant sur moi.

Je la regarde, l'air interrogateur. Je pose la bande et le reste à côté de moi et ressort le katana. Je commence à me curer les ongles. Depuis le temps que je n'ai pas eu une arme dans les mains! ça me manquait vraiment! Je n'ai plus qu'à faire attention à ne pas me faire prendre avec.

Pff... cette infirmerie ressemble à tout le reste de Sadismus, exactement le contraire de ce que l’on trouverai dans une prison normale. A travers les couloirs gris j’ai guidé Karl jusqu’à cette pièce que je n’ai pas encore eu le temps de visiter jusqu’à présent. Porte entrebâillée, reste d’écriteau à moitié effacé « Kranke...” cet endroit est tout de même assidûment fréquenté par des loques sanglantes autrement nommées prisonniers ayant fait un petit tour par la case sous-sols. Heureusement que je n’entends aucun cri de ma cellule… sinon je crois que je serai devenue folle. Rageusement je tire une dernière bouffée de ma cigarette et l’écrase ensuite contre le battant de la porte. Suivant Karl à l’intérieur de la pièce immaculée je le regarde un instant farfouiller dans les armoires avant de m’intéresser à ce qui nous entoure. Par chance il n’y a personne, pas un seul lit occupé, pas un seul médecin traînant dans les parages. Soutenant de mon bras valide celui qui semble vouloir me faire défaut, je m’approche des fenêtres à barreaux et m’immerge dans un rayon de soleil poussiéreux qui réchauffe avec application ce morceau de sol nu. Dans la grande cour gardiens et prisonniers déambulent dans un semblant de paix retrouvée mais je sens d’ici la tension presque visible qui règne entre certains d’entre eux. Abandonnant le spectacle des nuages blanchâtres défilant dans le ciel je retourne à l’intérieur de l’infirmerie et papillonne un instant des yeux face à la relative obscurité qui l’habite. Ici les fenêtres ne correspondent pas exactement à la définition de baie vitrée… Soupirant imperceptiblement je note avec dépit que cet innocent battement des paupières révèle l’étendue de ma bêtise. Cette seconde aurait été parfaite pour me surprendre et si la paranoïa me guette je n’oublie pas que si je l’avais plus été en amérique du sud je ne serai pas à pourri à Sadismus.
Cependant la question n’est pas là. On dirait bien que Sterben a pris les choses en main. Je le vois en effet se rapprocher de moi tenant ceux avec quoi il doit vouloir retaper mon bras. Mouais, il n’y a pas grand-chose d’extraordinaire mais j’ai été habitué à pire.

_ Apparemment, l'infirmière est en option par ici. Alors c'est comme tu veux. Soit tu te débrouilles, soit tu me fais confiance, et tu me laisses te faire un bandage. De toute manière, il faut commencer par regarder si cet abruti a déplacé les os en plus de la fracture.

Le ton franchement ironique de sa première phrase amène un sourire sur mes lèvres. Oui ici tout est en option… il y a évident celles qui nous feraient plaisir et qui restent toujours hypothétiques et celles qui amusent les matons et qui, étrangement, arrivent bien plus souvent que les autres. L’infirmière doit exister sinon bon nombres des gars que l’on a amené ici n’en seraient pas ressortis vivants néanmoins elle a dû prendre des vacances dans un coin plus tranquille comme sa chambre… Pas d’horaires ici…
Mais oui bien sûr j’ai pour habitude de faire confiance au premier type que je croise avant même de le connaître ! Ce n’est pas pareil pour Karl on peu presque dire que je le connais un peu et ce que j’ai appris sur lui me conduis à croire que c’est un homme d’honneur. Mais… mais à Sadismus je ne garantie plus rien. La prison et surtout le fait d’avoir été trahi, de finir ici par la volonté d’un de ses proches -qui peut dénoncer à part quelqu’un de haut placé dans l’organisation ?- sont des facteurs tout à fait capable de modifier en profondeur son comportement. Méfiance, colère, rouerie pouvaient avoir pris le dessus. On ne sait jamais. Nous, les tueurs, sommes toujours un peu paranoïaque… oui ma confiance il l’aura peut-être un jour mais je doute que Karl face de même. Durant un temps j’aurais pu l’assassiner sans sourciller… Alors face à ce mot « confiance » je pourrais éclater de rire, de ce rire cynique que j’utilise le plus souvent, cependant Karl m’apparaît on ne peut plus sincère. Rien dans son ton ni dans son regard indique une quelconque tromperie. Alors je lui souris sans joie et m’avance vers le lit pour m’asseoir à ses côtés comme il me le propose.

« Non je ne te fais pas confiance mais disons que faute de mieux je profite de ton offre… Ce n’est pas tellement pratique de bander soi-même son bras. Et puis abruti pour David, non je ne crois pas, encore un peu trop utopiste mais il s’y fera, je pense… »

Dans ma vois nulle ironie, seule la vérité sans ma railleuse brusquerie habituelle. Enlevant la ceinture toujours enroulée autour de mon poignet je la passe maladroitement à ma taille en ne me servant que de ma main valide. Puis je me pose doucement près de lui en lui montrant mon bras tout en le soutenant pour éviter une douleur inutile.

« Je ne pense pas qu’il soit cassé, il doit seulement être fêlé… je ne ressens pas la même chose que pour une facture. »

La douleur me semble plus diffuse, peut-être moins présente, plus supportable, simplement différente. Cela ne changera pas grand-chose, éventuellement je garderai l’attelle un peu moins longtemps… Sur les fractures je commence à m’y connaître un peu et sur mon visage passe une ombre de fureur vite réprimée.

- Et on va pouvoir commencer à parler sérieusement. Je ne sais toujours pas comment tu t'appelles et surtout comment tu en sais autant sur moi.

Autant tout dire maintenant cela me déplairait grandement de voir Karl se jeter sur moi pour m’étrangler à l’instant où je lui donnerai mon métier. N’empêche il doit bien avoir une petite hypothèse sur ce que je fais -faisais-. Faisant attention je garde contre moi mon bras « accidenté », Karl commencera les soins une que je serai sûr qu’il n’a rien contre les tueurs à gages. Légèrement méfiante mais néanmoins étrangement confiante je me redresse instinctivement et c’est vibrante d’orgueil que je me présente :

« Je m’appelle Payne Sting. » -une étincelle de défi dans le regard j’ajoute : « Je suis tueuse à gages… à une époque j’ai côtoyé ton milieu et tu te battais magnifiquement avec un couteau. C’est le genre de détail que je note… »

Je ne le flatte pas, il n’en a pas besoin, je suis juste sincère. Evidemment je ne vais pas étaler ma vie devant lui, il est suffisamment intelligent pour comprendre que je ne lui avoue pas tout mais c’est on ne peut plus normal. De toute façon je ne l’ai pas tué cela me semble être l’essentiel !

[j'suis désolé c'est un peu long comme temps de réponse ^^' ]

[c'est pas grave, j'aime toujours autant tes posts, alors ça ne me dérange pas d'attendre!]


Je l'observe, attendant une réaction. Son regard fait le tour de la pièce et un instant, un instant seulement, son attention se relâche. C'est sa deuxième erreur, après s'être laissée immobilisée par David. Elle a de la chance que je veuille vraiment en savoir plus.
Elle observe ce que je lui montre et semble réfléchir à ma proposition. Je sais qu'elle n'a en fait guère le choix. Confiance ou pas confiance, elle va devoir me laisser la soigner. Elle semble parvenir à la même conclusion, puisqu'elle me fait un sourire désabusé et vient s'asseoir.

« Non je ne te fais pas confiance mais disons que faute de mieux je profite de ton offre… Ce n’est pas tellement pratique de bander soi-même son bras. Et puis abruti pour David, non je ne crois pas, encore un peu trop utopiste mais il s’y fera, je pense… »

Effectivement, pour le côté pratique de se bander soi-même le bras, on repassera! Et pour David... ma foi, je ne sais pas. J'aurais le temps de me faire une opinion plus tard, il partage ma cellule.

« Je ne pense pas qu’il soit cassé, il doit seulement être fêlé… je ne ressens pas la même chose que pour une facture. »

Si elle le dit...
Je continue de jouer avec mon couteau. J'attends la réponse à ma question.

« Je m’appelle Payne Sting. Je suis tueuse à gages… à une époque j’ai côtoyé ton milieu et tu te battais magnifiquement avec un couteau. C’est le genre de détail que je note… »

Tueuse à gages? Je hausse les épaules. C'est une profession comme une autre. Quand à son commentaire sur mes capacités un couteau à la main, je ne sens aucune flatterie sous-jacente. Elle énonce un fait. J'incline la tête en remerciement. J'apprécie cette remarque à sa juste valeur. Elle sait de quoi elle parle et reconnait ma force et donc la menace potentielle que je peux représenter.

"Tueuse à gages? C'est une des solutions que j'avais envisagé. Maintenant que j'y réfléchis, la plus évidente. En tout cas, je comprends mieux pourquoi tu me connais et moi pas. Je suppose que tu as rencontré le Duc, à l'époque?"

Je range le katana dans ma botte droite, à sa place. En quelques dixièmes de secondes, je peux être en position, l'arme à la main.
Je prends l'atelle et me tourne vers elle.

"Voyons ce bras. Si tu dis qu'il n'est pas cassé, je te crois, tu as l'expérience de la douleur."

J'attends qu'elle accepte avant de lui poser l'atelle.