Une main cassée

Le garde m'apporta à l'infirmerie. Il ne perdit pas une minute et m'attacha de la même façon que la derniere fois, mais cette fois-ci les menottes n'étaient pas aussi fragiles. Et puis de toute façon, dans l'état ou était ma main gauche, je ne pourrais attaquer personne, et le docteur devrait me détacher la main pour me soigner.

Je ne levai pas les yeux vers le docteur, le garde la regarda et dit:

-Il a la main cassée je crois ...

Il n'attendit pas de réponse et sortit. Moi je gardai les yeux baissés, je dis d'une voix brusque:

-Je ne veux pas de platre.

Je ne savais pas comment elle pourrait me soigner autrement, mais je n'en voulais pas.

Je levai les yeux lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvrit. Je ne serai vraiment jamais tranquille!

Je soupira en constatant que c'était mon patient de la veille qui était revenu. Je m'approcha de lui et lui regarda le poignet.

-Je ne veux pas de plâtre.

-Ça, c'est moi qui décide.

Je fis signe au garde de lui ôter la menotte.

-Si on est sage, j'éviterai peut-être le plâtre... Et je vous donnerais une jolie sucette aux fraises!

Je parlais d'un ton froid et indifférent qui contrastait un peu avec ma dernière réplique.

J'avança une chaise et m'assit près du lit de l'homme. Carl Hyde, d'après ce que j'avais lu dans son dossier. Tueur banal, qui détestait les femmes, rien de bien terrible si vous voulez mon avis.

Je pris son poignet entre les mains et le toucha à divers endroit, cherchant l'endroit où la cassure c'était produite.

Je grimaçais, je n'aimais pas le ton du docteur mais je devais rester calme. Je ne voulais pas retourner au trou, et je ne resterais pas seulement une journée c'était evident. Je dis entre les dents:

-Le platre ne doit pas etre necessaire si vous voulez me le mettre seulement si je ne suis pas "sage" ...

Je grognai un peu. bougeant un peu. Je n'étais pas a l'aise dans cette piece et je détestait qu'elle touche ainsi mon poignet, ha et puis je la détestait aussi, je n'avais pas besoin qu'elle me soigne, je ne voulais pas qu'elle le fasse.

Je dis d'une voix seche:

-Qu'est-ce que vous cherchez? C'est plutot evident qu'elle est cassée. Vous êtes certaine d'être docteur? Enfin je comprend pourquoi vo¸us êtes dans une prison!

Je ne l'attaquerais pas. Mais peut-être que si je la faisait assez chier elle me ficherait la paix et me laisserait dans cet état.

-Qu'est-ce que vous cherchez? C'est plutot evident qu'elle est cassée. Vous êtes certaine d'être docteur? Enfin je comprend pourquoi vous êtes dans une prison!

Je ne répondis pas aux attaques du détenu. Je me contenta d'appuyer un peu plus fort sur le poignet. Un léger crac se fit entendre. Je fronça les sourcils. Je n'avais pourtant pas appuyé si fort.

-Je crains que le plâtre soit inévitable. Il y a de multiples fractures et le poignet semblent affaibli.

Je me parlais plus à moi-même qu'au prisonnier. Il résisterait de toute façon. Il ne semblait pas avoir beaucoup de manières ni d'éducation. Peut-être ne comprenait-il pas un mot de ce que je disais!

Je me leva et me dirigea vers une armoire pour sortir les articles dont j'aurais besoin pour faire un plâtre.

Lorsqu'elle appuya je baissai la tête et serrais les dents, je ne lui donnerais pas la satisfaction de gémir. Lorsqu'elle se leva et dit qu'elle devait faire un platre je réagis, je donnais un coup sur ma menotte et je dis d'une voix singlante:

-J'ai dit pas de platre!!! Ma main guérira toute seule!!!

Je donnais un autre petit coup sur la menotte, elle ne lacherait pas, mais peut-être que sa rappellerait un certain souvenir au docteur. C'était ma main apres tout, je faisais ce que je voulais. Je dis tentant d'être plus calme:

-C'est mon probleme non? Et non le votre, si je veux me ballader plus longtemps avec un poignet cassé, c'est moi le con dans toute cette histoire ...

Je prit une respiration difficile et je dis:

-...je ne peux pas me battre avec un poignet cassé, alors c'est peut-être un avantage ... Et avec un platre vous devrez me revoir pour me l'enlever ... Vous ne devez pas avoir particulierement envi non?

C'était peut-être une raison pour laquelle je ne voulais pas de platre, ça me tiendrai calme. Avec une chose aussi pesante a la main, l'envie me prendrais plus d'une fois de l'abbatre sur la tête de quelqu'un ...

Je me tourna vers lui et croisa les bras. C'était presque amusant de le voir essayer de me faire peur. Mais je n'étais pas effrayé. Pas avec le garde si près.

-Sans plâtre, votre poignet ne guérira probablement jamais complètement. Vous perdrez une partie importante de votre motricité. Vous ne pourrez sûrement plus écrire, si vous savez écrire, ou vous branlez! Du moins, avec cette main.

Je leva la tête un peu, en signe de supériorité. J'étais l'autorité ici, dans cette pièce, qu'il le voulait ou non.

-Alors, vous avez le choix. Vous êtes prêt à reconcer à votre main gauche?

Je restai silencieux quelques instant. Je l'observais. Je n'avais pas envi de perdre l'usage de ma main. j'avalai difficilement et je dit:

-...Daccord. Je vais prendre le platre ...

Je détournai le regard, frustré de m'être fait avoir de la sorte. Je dis simplement:

-...Je sais écrire ... Et qui vous dit que j'écris de la main gauche???

Je levai les yeux vers elle. elle avait surement prit une chance en me disant cela, ce qui s'ignifiait que je m'étais bien fait avoir ... Je lachais un juron en la fixant froidement dans les yeux.

-...Je sais écrire ... Et qui vous dit que j'écris de la main gauche???

Je fis un petit sourire en coin et me retourna vers mon armoire.

-Je n'en savais rien... Comment pouvais-je deviner que vous étiez plus intelligent que vous en aviez l'air?

Je pris tout ce dont j'avais besoin et alla le poser sur une petite table à roulette. Je retourna m'installer sur ma chaise et commença à panser le poignet du détenu.

Je m'étais brisé le poignet une fois, lorsque j'étais très jeune. Je me souvenais de la douleur horrible qui m'avait envahi. Je ne pouvais qu'être étonnée du self-control dont mon patient faisait preuve. Je ne lui proposa pas d'anti-douleurs. Je n'en proposais jamais. Je pouvais en donner si l'on m'en demandais, pas c'était le maximum que je pouvais faire.

Je mis une vingtaine de minutes à faire le plâtre, n'ayant aucune aide. Il ne serait pas trop encombrant.

Je la regardais faire. Me calmant un peu. J'étais déja bien concentré sur ma claustrophobie. Je m'accotais la tête sur le poteau et je fermais les yeux. Je dis finalement, parce que le silence e pesais un peu:

-...Je suis allé à l'école si vous pensez que je n'y suis pas allé.

Je lui jetai un regard en coin. Je ne souriais pas mais je n'aimais pas que l'ont crois que je n'étais pas instruit, et j'y était allé tout de même assez longtemps, c'était plutot étrange pour un tueur en fait. Mais je n'avais pas détesté l'école. Si j'avais grandit entre d'autres main j'aurais surement eu un bon métier.

Je ne dis plus rien, puis je finis par ajouter:

-Pourquoi dans une prison?

Jen e savais pas si elle allait me répondre, mais je devais songer à autre chose. Ma claustrophobie n'était pas violente ici, mais elle était tout de même désagréable.

Je ne montra pas ma surprise lorsqu'il dit qu'il était allé à l'école. Ce n'était pas le genre de chose que l'on pensait spontanément. Que des criminels avaient fréquenté une école, mais ce n'était pas surprenant non plus. Après tout, la majorité des pays avait des lois obligeant les enfants à fréquenter l'école.

Je me leva et alla ranger les bandages et autre produits dont je m'étais servie.

Pourquoi je travaillais dans une prison? Quelle drôle de question de la part d'un criminel. Pourquoi voulait-il savoir cela? Pensait-il vraiment que cela pourrait l'aider un jour?

-Parce qu'on ne pose pas de questions!, répondis-je simplement sur un ton froid.

Je me tourna vers lui et croisa à nouveau les bras.

-Vous voulez savoir autre chose? Je peux vous laisser ici toute la nuit si vous voulez?

Je fermais les yeux a nouveau, sentant la pression monter. Je dis d'un ton violent:

-Je n'ai pas été méchant! Alors c'est quoi votre probleme???

Je prit quelques secondes avant d'ajouter:

-Vous avez terminé le platre? Alors renvoyez moi dans ma cellule ... j'ai une femme à assassiner! Ce ne sera pas trop difficile avec un platre!

Je parlais de Clairval, et bien sure ,je ne la tuerais pas. Je lançais un regard méprisant au docteur. J'avais essayé de me controler et elle me remettais en colere, c'était de sa faute et non la mienne.

J'haussa un sourcil.

-Je n'ai pas été méchante avec vous non plus... Vous devriez tenter d'être moins aggressif et de moins imaginer que tout le monde est aggressif avec vous.

Je fit signe au garde pour lui dire qu j'en avait terminé avec le détenu.

-Vous pouvez retourner dans votre cellule. Tâchez de ne pas mettre trop de sang partout pendant le meurtre que vous voulez commettre!

J'alla m'asseoir derrière mon bureau. Ma vue devint flou subitement. Je me frotta les yeux et , voyant que cela restait flou, ouvrit un tiroir avec plusieurs paires de lunettes à l'intérieur. Je choisis celle qui correspondait le mieux à la baisse de ma vue et les mit.

Je lus pendant plusieurs heures, ce qui se révéla être une tâche difficile avec ma vue qui s'amusait à augmenter et à baisser. Je finis donc par me lever. J'ôta mes lunettes un moment et me frotta les yeux. Si seulement je pouvais me trouver de nouveaux yeux, peut-être que le problème se règlerait.

Je soupira et sortit une nouvelle paire de lunette, qui serait plus efficace avec mon nouveau niveau de vue.

Je sortis ensuite de l'infirmerie. C'était évident qu'il n'y aurait pas d'autres patients aujourd'hui. La cloche pour qu'ils aient tous dormir venait de sonner.

Je verrouilla la porte derrière moi et me dirigea vers la chambre que je partageais avec le gardien Ryan.

[-->Chambre de Nadja]