Sadismus Jail
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Sadismus Jail

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 Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]

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Adélie Roche
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Adélie Roche


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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Sep - 8:09

A nouveau, le silence – tout relatif – retombe sur la plage. Damara semble une nouvelle fois plongée dans ses pensées. Toujours cet enfant qu'elle a porté mais qui n'a jamais vu le jour ? Je lui jette un coup d'œil. Non, je ne pense pas qu'il s'agisse encore de cela. Elle semble un peu moins triste... Apparemment, elle a une maîtrise impressionnante de ses sentiments. Comment se relever après un pareil événement ? Une tragédie... Franchement, je sais pas si j'aurais pu m'élever à nouveau. J'aurais sombré plus bas que terre, à mon avis, et je serais devenue une loque plus pathétique encore que ce que je suis actuellement. J'ai du mal à concevoir qu'une personne puisse être aussi solide, et c'est sans doute parce que je suis mon seul référentiel. Bah oui, du coup, vu mon état de faiblesse – à ce stade on peut peut-être parler de débilité sensus stricto – la moindre petite étincelle de force me semble être un feu de forêt.
C'est comme ça, tout est relatif.
Nouveau coup d'œil vers Damara. Elle a le regard tourné vers le ciel, elle semble sereine. Je l'imite. J'aimerais tant lui ressembler !
Le ciel, immense, habité du Soleil qui nous tient chaud. Je me sens si petite, sur cette plage, environnée de sable et de vagues et dominée par l'immensité céleste. C'est beau. A nouveau, je me dis que j'aimerais bien être un oiseau. Ça doit être magique, de pouvoir voler parmi les nuages, valser d'un courant d'air à un autre et voir tout cela d'en haut. Libre...
Descente sur Terre.
C'est beau, mais ça n'empêche que je me sens mal à l'aise. La plage est déserte, nous sommes seules. Un bon point. Mais je suis avec Damara, et aucune de nous deux ne parle. C'est un silence assez léger, je sens qu'elle ne reste pas muette parce qu'elle ne trouve rien à dire. Pourtant, moi, je suis gênée. Peut-être parce que je ne peux pas être sûre qu'elle se tait pour se plonger dans ses pensées... Ou alors, je sais pas. J'ai toujours pensé qu'une conversation ne doit pas comporter trop de pauses. Le silence, je l'aime quand je peux le savourer, seule. Pas quand je suis avec quelqu'un d'autre.
Je regarde encore Damara. On dirait qu'elle ne fait plus attention à moi. Indifférence ? A cette seule idée, j'ai mal. Avant de savoir si c'est justifié, et alors même que je suis presque convaincue que ça ne l'est pas. Ça arrive à tout le monde de se mettre à penser jusqu'à se déconnecter pratiquement de la réalité. A moi y compris. Alors pourquoi devrais-je ne pas accepter chez les autres ce que je tolère venant de moi ? N'est-ce pas égoïste et parfaitement injuste ? Sans doute que si. Mais je compte sur la force des autres en m'appuyant sur ma faiblesse. Attiser la pitié, c'est pratique. J'attends des autres qu'ils s'occupent de moi. L'indifférence, ça me fait terriblement mal.
Alors... S'il vous plait...
Pensées implorantes, apparente indifférence. Je ne montre rien de mon mal-être et attends patiemment que Damara revienne à ma réalité. Je n'ai pas le choix. Je m'en voudrais de la troubler, de toute manière, et puis... je n'ai pas le cran nécessaire pour déranger quelqu'un qui est plongé dans ses pensées.

Comme pour répondre à ma prière muette, Damara me prend soudain par la main et m'entraîne vers un rocher sur lequel elle grimpe prestement. Je la suis un peu maladroitement – je suis relativement agile, du moins dans la moyenne, mais c'est ma timidité qui m'empêche d'user de ma dextérité, par moments – puis je m'assieds à côté d'elle, les pieds dans le vide. Je suis bien calée, je ne crains pas de tomber. Damara est quelqu'un d'assez surprenant. Elle est restée immobile, à moitié absente pendant un certain temps, avant de courir – presque – soudainement. Cela ne me dérange pas, mais ça me surprend, c'est tout.
Je suis droite, à quelques centimètres de la jeune femme. J'aimerais me serrer contre elle et me blottir dans ses bras, mais je ne bouge pas. Pour changer. J'essaie de donner l'impression que tout va bien, malgré ce malaise qui est revenu. Je regarde la mer, les pieds dans le vide. Je mens. Tout en moi ment. Pas très bien, certes. Mais je mens quand même. Je fais tout pour que Damara croie que je me sens bien. Mais j'espère profondément qu'elle ne me croira pas. Qu'elle me serrera dans ses bras. Qu'elle me consolera.
Même si c'est pas vraiment le mieux qu'elle puisse faire pour m'aider à sortir de là, c'est le mieux qu'elle puisse faire dans l'instant. A court terme. Je m'en fous, du long terme. Déjà, si ça pouvait aller, maintenant, je serais contente. Même si c'est complètement inutile. Ne plus me sentir seule, l'espace d'un instant. Le reste n'a pas d'importance. Je m'en préoccuperai après. Je me sentirai sans doute plus seule encore, mais là je m'en fiche. Quitte à avoir mal plus tard, autant me sentir bien maintenant.
C'est idiot comme principe, et je le sais.
Mais je m'en fiche.
J'aimerais tant être comme Damara... Enfin remarquez, je dis ça, mais elle doit sûrement avoir ses faiblesses, elle aussi. Tout le monde en a, non ? Mais je sais pas, elle semble posséder en elle une force qui m'impressionne. Quelque chose de... je sais pas trop, en fait. Un peu comme si elle pouvait porter le monde sur ses épaules. D'ailleurs, elle n'est pas la seule... A croire que je suis la seule personne incapable d'une telle... prouesse ? Comment savoir ? C'est et ça restera un mystère...

Je vois – à la limite de mon champ de vision – que Damara sort quelque chose de sa poche. Je regarde, c'est une petite sphère... une bille ? A n'en pas douter. Je me souviens que j'en avais quelques unes à l'école primaire. J'aimais beaucoup y jouer, même si je ne le faisais pas très souvent. On trouvait des billes vraiment très variées, pleines de couleurs. Certaines pouvaient ressembler à des yeux de chat, d'autres à de petites planètes étranges... Certaines étaient transparentes, d'autres opaques, d'autres transparentes avec des sortes de volutes opaques... Il y avait vraiment de tout.
Je n'ai pas le temps de m'interroger davantage sur la petite sphère, car Damara m'explique d'où elle lui vient. Un prisonnier lui aurait donc offerte. Un jeune garçon ? Ici, en prison ? Après une courte réflexion, je pense qu'elle a voulu dire 'jeune homme'. Je ne crois pas qu'il y ait d'enfants dans des prisons, encore moins dans des prisons de ce style. En fait, je n'en sais rien. Mais je l'espère profondément. Ce serait plutôt choquant – carrément choquant, même – que l'on puisse trouver des mineurs dans un endroit pareil.
Puis vint le nom. Siriel Silver. Siriel... Le Siriel ? L'une des deux seules personnes que j'ai rencontrées depuis mon arrivée ? Oui, ça doit être ça, elle le dit grand. Et Siriel était un géant à côté de moi. Quelle coïncidence ! D'ailleurs, je n'essaie même pas de cacher mon étonnement. Presque immédiatement, Damara évoque 'Mademoiselle Bella'. J'ouvre de grands yeux. Est-ce possible ? Peut-être la prison n'est-elle pas surpeuplée, je n'en sais rien, mais c'est impressionnant de savoir que les deux personnes qui j'ai rencontrées – et avec lesquelles j'ai sympathisé – sont aussi des personnes que Damara apprécie. Il y a de quoi trouver ça troublant... Mais d'un autre côté, ces deux personnes sont très gentilles, il est donc normal qu'elles soient appréciées par d'autres personne que moi. L'étonnant est surtout que nous les ayons rencontrés toutes les deux.
Et là, nouvelle surprise, Damara s'arrête là. Ce sont donc les deux seules personnes avec qui elle a passé des moments agréables, je suppose... Comme moi, en clair.
Puisqu'elle m'a décrit avec précision qui étaient ceux qu'elle a rencontrés, peut-être devrais-je faire de même...
Un peu timidement, je sors le dessin de Siriel et le déplie. Je le connais maintenant par cœur. Lorsque je suis seule dans ma cellule, il est tout ce qui me relie à la civilisation. Je n'ai pas de livres, je n'ai rien. Alors j'ai ce dessin, et je passe parfois une heure à le regarder. En général, je finis par pleurer, un peu sans raison. Enfin il y a probablement une raison, sauf que je la connais pas... Ou alors il n'y a tout simplement pas d'explication. Possible aussi.

« Quand je suis arrivée, Siriel et Bella... »

J'ai pas envie de dire qu'ils m'ont trouvée en train de pleurer, ni qu'ils m'ont sauvée du noir. C'est ça, la vérité. Mais bon, je dois lui sembler assez pitoyable sans qu'elle ne connaisse ce détail. Alors je préfère éviter d'être trop précise, si possible. Mais du coup, je ne sais pas vraiment comment terminer ma phrase sans paraître trop pathétique.
Hum...
Le silence dure un peu trop à mon goût. Oh, pas si longtemps que cela, mais une bonne minute. Et c'est trop. Une phrase en suspens, ça me met toujours mal à l'aise. Et ça ne se fait pas.
Je n'aime pas quand je ne trouve pas mes mots !
Et là j'ai qu'une envie, c'est me mettre un coup. Juste histoire de me remuer un peu... Peut-être que me faire agresser serait un moyen de me forcer à me réveiller, en fait. Ça me pousserait dans mes retranchements. Et ça me montrerait peut-être qui je suis vraiment... Si ça se trouve, je me mettrais à me battre comme une furie. Comment savoir, puisque ça ne m'est jamais arrivé ? Bon, il faut reconnaître que je doute tout de même de réagir de la sorte. Mais je ne peux pas en être certaine. Il faudra que j'essaie ça, un jour... Ou pas, effectivement. Il faut reconnaître qu'il y a plus amusant, dans la vie, que se faire agresser. Si si, ça existe.

« Enfin ils m'ont accueillie, quoi. »

J'ai réussi à terminer ma phrase, quel progrès !
Bon, c'est pas tout à fait vrai. Mais j'ai rien trouvé de mieux... Alors il faudra s'en contenter. Et j'espère franchement que cette fin de phrase conviendra à Damara. J'ai pas trop envie qu'elle me pose des questions sur ce moment... Je me suis humiliée moi-même, ce jour-là, et avec une force assez impressionnante. Pour l'instant je suis la seule à le savoir – du coup je ne suis pas sûre qu'on puisse vraiment parler d'humiliation, mais peu importe – mais lorsqu'ils verront l'erreur, s'ils la voient un jour, je crois que je n'aurai plus qu'à me pendre. Je n'ai rien tenté pour leur faire comprendre qu'ils se trompaient, sinon un regard de... de chien battu. Regard que doivent leur servir une petite moitié des prisonniers, ceux qui sont manipulateurs. Ce que je ne suis pas, bien qu'ils n'aient aucun moyen de le savoir.
Bon, l'idéal pour ne pas qu'elle se sente intriguée – je suis un peu parano, mais on ne sait jamais – est sans doute de changer subtilement – ou pas – de conversation. Allons-y... Lançons-nous.
...
J'ai dit, on se lance !

« Siriel m'a donné ce dessin... »

Ça m'est venu d'un coup. Peut-être parce que j'avais le dessin dans les mains, et les yeux toujours posés sur lui.
Je n'ajoute rien. Je pourrais dire que je le trouve très beau et que j'aimerais être comme ces oiseaux ; je pourrais dire que je l'ai regardé des centaines de fois. Je pourrais sans doute trouver des milliers de choses à dire, en réfléchissant un peu. Mais quelque chose m'en empêche. Alors je me tais, c'est tellement plus simple, tellement plus évident.

Un peu plus bas, les vagues viennent s'écraser sur le rocher où nous nous trouvons, les unes après les autres, inlassablement, et ne laissant derrière elles qu'un peu d'écume. Au-dessus, le ciel, immense, infini. Un aigle le parcourt, majestueux. J'aimerais pouvoir rester ici longtemps encore. Pourtant, je ne peux m'empêcher de songer qu'il faudra bien rentrer, à un moment. Le soleil a déjà dépassé son zénith et commencé à redescendre vers l'horizon. Chute lente et inexorable... La prison m'attend, et nous y retournerons, à un moment. Je ne sais pas quand. A vrai dire, je ne sais même pas quelle heure il est : je n'ai pas de montre et je suis tout simplement incapable de lire l'heure en regardant le soleil. Mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas y retourner. Nous arriverons aux portes que l'on nous ouvrira, puis nous les passerons, et Damara me laissera sans doute retourner à ma cellule. Que ferais-je, alors ? A cette pensée, je sens mon cœur qui commence à vouloir s'emballer à nouveau. Nous arriverons dans une cour peut-être emplie d'inconnus, une cour que je devrai traverser. A ce moment là, je n'aurai pas d'autre possibilité que de céder à la crise de panique. Cela me semble évident, inévitable. Une sorte de destin, je ne sais pas... Mais un destin que j'aurais écrit toute seule. J'ai envie de fuir. Pas pour m'évader ou autre, juste pour... échapper à ça. C'est pareil, au fond. Mais la différence réside dans ce qui motiverait cette fuite.
C'est pas possible, maintenant que je suis dehors, je vais pas pouvoir rentrer. Rien qu'à l'idée de croiser tous ces gens et de rencontrer enfin mes voisins de cellule, je commence à me sentir mal. Ce matin, ça allait parce qu'on est parties relativement tôt. Il faudrait que Damara me ramène au beau milieu de la nuit. Mais je ne pense pas qu'elle ait le droit.
Une boule se forme dans ma gorge. Je veux pas, je peux pas. Je voudrais rester ici pour toujours. Seule, abandonnée s'il le faut. Mais loin de toutes ces peurs idiotes qui m'habitent. J'aimerais faire part de tout cela à Damara. Peut-être pourra-t-elle faire quelque chose pour m'éviter de passer à un moment où il y a du monde. Peut-être pourra-t-elle m'éviter de croiser ceux qui dorment au même endroit que moi. Mais je ne veux pas qu'elle sache, qu'elle me connaisse mieux. J'ai trop honte, je suis trop conne ! Et pour changer, je ne fais rien d'autre que m'insulter continuellement, ce qui, avouons-le, ne change strictement rien.
Mais dans tous les cas, il faut que je trouve quelque chose pour retarder au maximum le moment où nous retournerons à la prison. Comment ? Je n'en ai aucune idée, et je ne suis pas franchement convaincue que j'en trouverai une à un moment donné. Mais bon, l'espoir fait vivre, dit-on. Non ?
Espérons.
Car je ne veux pas rentrer. Il y a trop de monde, là-bas. L'atmosphère en elle-même ne me dérange pas spécialement. Être enfermée n'est pas une peur chez moi, ce serait même plutôt le contraire. Je m'enferme bien volontiers, quand je suis chez moi. Et pour ce qui est de la violence et compagnie... Jusque là, je n'ai pas eu à m'y frotter, à croire que tous les prisonniers sont en fait innocents. Mais c'est plutôt la présence obsédante de tant de personnes, en particulier de ces trois personnes que je n'ai pas encore eu le courage de saluer et qui doivent m'en vouloir sérieusement pour cela... Insupportable. Je ne sais pas si je pourrai le supporter encore longtemps. Un de ces jours, je risque de m'évanouir, peut-être même de mourir. Fichue phobie qui me ment et me force à me mentir !

Une larme, un cœur qui bat un peu trop vite.
S'il vous plait, Damara... Restons ici pour l'éternité.
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Damara Galanis
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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Sep - 17:38

Je pourrais reconnaître ses traits entre mille. Les contrastes, la finesse. Les courbes formant le dessin sont si léger. C’est typiquement lui. Transposer ses représentations mentales sur une feuille blanche. Aussi vrai que nature. Si énigmatique. Les oiseaux ici. Libre. Quand j’y pense, peut-être qu’il y avait un choix dans la représentation du dessin. J’avoue qu’il m’arrive encore de regarder le bien qu’il m’avait offert. Ce papillon, enchaîné au sol, presque incapable de voler, enviant les cieux d’être ce qu’ils sont : libre. Mon regard se porte sur l’horizon. Les oiseaux sont les maîtres du ciel. Je me permets de penser qu’il est probable qu’il est voulu faire passer un message à Adélie. Un oiseau c’est comme notre âme, qu’importe ou nous sommes, il sera toujours capable de voler au loin. Un peu comme moi, j’en suis la preuve. Combien de fois ne me suis-je pas envoler vers mon pays, tout en étant dans ma chambre en Allemagne ? Pour mon dessin, il avait choisi le papillon. Et étrangement, c’est seulement maintenant que je fais le rapprochement avec ce qui dormait dans mon omoplate. Pourquoi avoir imaginer un être vivant possédant des ailes, tapis au sol ? Voulait-il dire quelque chose ? Il parlait peut-être de lui ou bien de moi. Tout est si énigmatique en même temps …

Je pose une nouvelle fois mon regard sur Adélie. Salée, coule sur sa joue. Mon sourire laisse place à une expression d’interrogation. Est-ce le fait de ne plus être libre comme ces oiseaux qui te fait pleurer ? J’arrête de penser, pour venir retirer la larme glissant sur son visage. Sans prévenir, je l’attire contre moi. Pleure donc si tu en as besoin. Déverse sur mes épaules tout ton chagrin, si tu le souhaites. Je suis sûre de pouvoir le supporter. Mes bras l’enlacent, la serrant plus contre moi. Je voulais qu’elle sente que j’étais là, qu’elle n’était pas seule. Parce que, tu n’es pas seule aujourd’hui.

Si tendre et si fragile à la fois …


Son visage calé dans le creux de mon cou, je peux sentir sa respiration et son cœur battre. Sur le mien. Un peu trop rapidement. L’une de mes mains vient se glisser dans sa chevelure sombre. Mes lèvres murmurent une mélodie aux mots incompréhensible pour elle, mais, j’en suis sûre, très doux pour ses oreilles. Il m’arrivait de chantonner en grec quand elle était encore en moi. Elle aimait ça. A tel point qu’elle en était apaisée. J’attends bien évidemment le même résultat avec Adélie. Mais pour une fois, j’avais envie d’être pour elle, ce que je n’avais pas été totalement pour Danaé. Les mots courent au gré du vent, quelques unes de ses mèches de cheveux viennent me chatouiller le bout du nez. Oublie tout, un instant Adélie. Doucement. Les vagues se percutent avec douceur sur la plage, l’écume pétille. Le soleil se couche lentement, bercé par les mélodies de la mer. Le ciel lui, entend mes murmures. Il me glisse doucement à l’oreille qu’il fera bientôt apparaître ses milliers d’étoiles. Je défais mon étreinte sur Adélie, tout en lui enlevant le reste de larme avec le dos de ma main. L’air maternel et mon sourire habituel, je viens poser mes lèvres sur son front, avant de lui dire :


« Il est temps … »

J’attrape sa main dans la mienne. Je sais qu’elle a peur de rentrer à la prison. Pourtant, il le faudra bien. Tout en descendant prudemment du rocher, je reste silencieuse tout en la tenant le plus possible contre moi. La rassurer, je suis là. Nous arrivons au village. Mais contre toute attente, je ne prends pas la direction de la voiture, plutôt l’opposée même. Mon premier but ici, m’était un peu sortie de la tête. Au coin d’une rue, se dresse un magasin avec pour présentation un panneau bleu d’une tête de chien avec un corps de chat en son intérieur. Un « ding » retentit, marquant ainsi notre présence. Sans attendre, un monsieur vient nous accueillir avec le même sourire que ce matin. Adélie aura sans aucun doute remarquer dans quel endroit nous sommes. Miaulements mêlés aux aboiements … Le marchand revient après quelques minutes d’absence avec un jeune chiot. Son pelage sombre et ses quelques marques blanches sur les pattes ainsi que sur son poitrail, laissaient deviner que plus tard, il ne les aura plus.

« Adélie, je te présente Athis. »

Le marchand me donne toutes les babioles dont j’avais besoin. Le chiot sur le sol, bat la queue en me voyant. Quand je suis arrivée ce matin, je me suis à peine penché pour regarder, qu’il a accourut vers moi. De plus, avec sa petite bouille, impossible pour moi de résister. Après quelques minutes, nous étions dehors. Athis logé dans mes bras, la petite boule de poils tremblait un peu. Je souris à Adélie en lui proposant de le prendre. Me libérant d'un mini poids, nous nous dirigeons vers la voiture. Cinq minutes pour nous y rendre. La nuit tombe ...
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Sep - 13:51

Damara regarde le dessin que je lui tend sans en détacher ses yeux pendant quelques minutes. Mais elle ne dit rien, ne fait pas un commentaire. Moi aussi, je regarde les oiseaux perchés sur le fil barbelé, et je les envie encore une fois. Ils ont beau se trouver sur ce qui nous enchaîne à la prison, ils sont toujours libres et ne cesseront jamais de l'être. Comme les quelques oiseaux que j'ai vus voler dans le ciel, cet après midi. Le vent n'est pas pour eux un ennemi dont il faut se défaire, mais plutôt un allier. Ils savent tirer parti de tout ce qui se trouve autour d'eux. Toujours libres. Pourquoi ne suis-je pas née oiseau ? Tout serait tellement plus simple ! Pas de réflexions complètement délirantes sur mon utilité, sur ma relation à l'Autre, sur la vie... Juste vivre au jour le jour, sans se soucier de quoi que ce soit. Bon, j'ai tendance à idéaliser un peu trop la vie sauvage, mais c'est bien comme ça que je la vois. Les animaux ont certainement d'autres préoccupations, comme leur survie, par exemple... Mais on oublie souvent ce genre de choses pour ne voir que le bon dans la vie des animaux. Ne dit-on pas que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin ?
Le soleil continue sa longue descente vers l'horizon. Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas rentrer. Damara essuie la larme qui s'était échouée sur ma joue, puis me serre contre elle. Je m'abandonne entre ses bras, tétanisée. Pourquoi faut-il que le soir soit déjà proche ? Pourquoi devons-nous rentrer ? Je ne devrais pas être dans cette prison, Damara... Vous ne le savez pas, et j'espère que vous ne le saurez jamais, mais je devrais être votre collègue... Mais je crois que si je l'avais été, j'aurais déjà était renvoyée pour incompétence. Ou alors j'aurais démissionné, complètement désespérée. On ne se serait pas rencontrées, je crois. Je serais à nouveau enfermée dans ma chambre, inlassablement seule. Quant à mes parents, ils ne sauraient plus que faire. Au moins en prison, ils ont une charge en moins sur les épaules. Il faudra que je leur téléphone, un de ces jours. Qu'ils ne s'en fassent pas trop pour moi. Je préfère leur mentir, ils se sont déjà fait trop de soucis à mon sujet. Je dois leur faire croire que je travaille et que je ne m'en sors pas trop mal. Je ne veux plus qu'ils aient à s'occuper sans cesse de moi.
Et Damara ?
Oui, j'agis avec Damara comme je ne veux plus agir avec mes parents, c'est pitoyable. Un déchet, et rien de plus. C'est tout ce que je suis. Mais je me sens si fragile et elle si forte... Impossible de ne pas céder à la facilité et à l'agréable. J'ai beau me sermonner et essayer de changer, je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi. Désolée, Damara.

Le visage enfoui dans son épaule, je m'efforce de ravaler mes larmes et de m'astreindre au calme. Je n'ai aucune raison de pleurer, sinon cette peur qui m'étreint : je ne veux pas rentrer. Mais Damara est là, elle me protège, elle me berce. Je dois me calmer. J'aurai tout le temps d'avoir peur une fois que j'arriverai à Sadismus, non ? Je sens la main de Damara dans mes cheveux. Elle est si douce ! Elle aurait du être mère... C'est si triste. Damara me chante une chanson dont je ne comprends pas les paroles. Mais elle ressemble à l'une de ces berceuses que l'on chante aux enfants pour les endormir ou les calmer après un cauchemar. Je m'abandonne un peu plus encore. J'ai la sensation qu'elle ne devrait pas agir comme ça et que moi non plus. Que quelque chose ne tourne pas rond chez moi. Enfin cela, je le sais depuis bien longtemps. Mais je ne peux m'empêcher d'y repenser, à présent. Comme si je n'avais pas grandi. Comme si j'étais restée une petite fille de dix ans. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. La peur de grandir, peut-être ? Je l'ignore.
Je me calme un peu. La berceuse, sans aucun doute. Et l'abandon.
Soudain, Damara s'écarte un peu de moi, alors que je peux voir clairement que le soleil a presque terminé sa course. J'essaie de me mentir, je ne veux pas avoir raison. Non, la raison pour laquelle Damara a défait son étreinte n'a rien à voir avec le fait que le soir arrive. Nous ne rentrons pas à la prison, pas maintenant, pas déjà ! Mon cœur se remet à battre un peu trop vite lorsque la sentence tombe : il est l'heure. Panique. Non, c'est pas possible, c'est pas encore l'heure, pas maintenant ! Mon regard doit avoir quelque chose de terrifié et d'implorant, mais je ne dis mot, me contente de me lever, les jambes un peu lourdes. Je regarde la mer comme si je voulais m'accrocher à elle et ne plus la quitter, puis je suis Damara d'un pas d'automate qui n'a rien de souple. La peur me vrille les entrailles, je ne veux pas ! Mes pas succèdent aux siens sur la plage, et nos empreintes se mêlent. Pourquoi faut-il y retourner ? Ne pouvons-nous pas tout abandonner, à présent ? Fuir vers un monde meilleur... La Grèce, si elle veut, cela m'est égal. Elle me tient la main comme pour me réconforter et me dire que je n'ai pas le choix et que tout ira bien, alors je suis.
Sa chaleur me fait un peu de bien, sans toutefois m'apaiser.
J'ai froid. La douce chaleur qui nous a environnées toute l'après midi s'en est allée insidieusement. Je tremble. De froid, de peur. Une boule est née dans ma gorge, je ne peux plus dire mot. A chaque pas, je me concentre pour ne pas chuter et me mettre à pleurer. J'ai si peur, Damara ! Mais vous ne pouvez pas en connaître la raison, vous ne pouvez pas comprendre... Nausée. Si je continue sur cette fois, je crois que je vais rendre le repas que j'ai fait ce matin. Et puis j'ai du mal à respirer, aussi. Mon souffle se veut trop rapide pour la taille de ma trachée. Mais je continue d'avancer, plutôt lentement, telle un zombie. Je ne vois plus ce qu'il y a autour. Je ne vois plus que ce qui se trouve sous mon regard. Autour, il y a comme une sorte de voile lumineux qui m'éblouit. Je dois avoir les yeux écarquillés. Je fais parfois ça quand je veux pas pleurer. Comme si ça pouvait y changer quelque chose ! Mais je crois que c'est un automatisme – encore un – et que je ne peux rien y faire.
Restons ici...
Pourquoi n'y a-t-il que le silence pour répondre à ma prière muette ? Pourquoi ne l'entendez-vous pas, Damara ? Je vous en prie, entendez-moi enfin !
Jambe gauche, jambe droite. Un pas et puis l'autre. Avancer, toujours avancer.
Arrêter de penser, aussi. C'est sans doute le mieux.

Nous arrivons au village. Il n'y a pas grand monde. Tant mieux, je ne veux pas que ça dégénère. Je suis toujours Damara, ma main dans la sienne, petite fille apeurée qui se contente d'obéir parce que c'est plus facile. J'ai l'impression qu'elle se trompe de direction, mais je n'en suis pas sûre du tout, parce que je n'ose pas lever les yeux, de peur de croiser le regard d'autrui. Et vu que tout à l'heure que fixais aussi le sol, je ne suis absolument pas sûre de mon impression, d'autant plus que la luminosité a complètement changé. Pourtant, Damara entre bientôt dans une boutique. Ne devions-nous pas rentrer ? L'espace d'un instant, j'ai envie d'espérer qu'on ne rentrera pas ce soir. Mais ça ne sert à rien d'espérer l'impossible.
En entrant, j'ai pu sentir cette odeur si caractéristique et entendre leurs miaulements, leurs aboiements. Une animalerie ? Je regarde autour de moi. Effectivement, je vois des chiens et des chats un peu partout, enfermés dans des prisons de verre, attendant que quelqu'un veuille bien d'eux. Prisonniers, exposés au regard de tous. Je me sens un peu comme eux, même si nous n'avons rien en commun. J'aimerais pouvoir les délivrer, les emmener avec moi. Nous fuirions tous ensemble vers l'Auvergne, vers ma maison rassurante. Je redescends sur Terre, rappelée à moi par la voix de Damara. Athis ? Je regarde Damara. A ses pieds, un tout petit chien noir avec des taches blanches. Il est vraiment très mignon. Ce doit être un bébé. Je m'accroupis près de lui et me mets à le caresser, un sourire aux lèvres. Oubliée la prison, oubliée la peur.

« Salut, toi. »

C'est plus facile de lui parler, à lui. Parce qu'il vient me voir comme si j'étais déjà son amie. Il ne m'abandonnera pas. J'aimerais bien avoir un petit animal, moi aussi. Mais plutôt un chat. Les chiens, je les aime bien quand ils sont minuscules, comme Athis. Mais quand ils grandissent, ils me font un peu peur... Et j'ai du mal à supporter que l'on me bave dessus. Il est trop beau ! Je ne me lasse pas de son pelage, de son adorable bouille. Il me mordille la main, je le laisse faire. C'est pas grave, il est si jeune ! J'ai envie de dire à Damara qu'Athis est adorable et qu'elle a beaucoup de chance, mais je me tais. Au fond, elle doit bien le voir, que je le trouve mignon. Et puis j'ai toujours du mal à dire des banalités, de peur peut-être qu'elles ne soient jugées superflues. J'essaie de faire des efforts, mais il ne faut pas trop m'en demander, je suis quelqu'un de faible et de lâche.
Prétextes. Oui, je sais.
Damara sort, immédiatement suivie par le petit chien. Je me relève et je sors du magasin en murmurant un petit « Au revoir », que le commerçant n'a sûrement pas entendu, et encore moins compris puisque je ne parle que le français. Tant pis. J'avance de quelques mètres aux côtés de Damara qui porte maintenant la petite boule de poil. Et puis un peu soudainement, la gardienne me propose de porter Athis. Je n'hésite pas un instant et acquiesce en souriant. Je prends donc le petit chien dans mes bras. Il est vraiment léger, on dirait presque une petite plume. Et puis nous nous dirigeons vers la voiture. Maintenant que nous sommes dehors et que nous marchons dans le silence du crépuscule, je ne peux m'empêcher de penser à nouveau à la prison. D'ici quelques minutes, nous serons à la voiture. Quelques minutes encore, et c'est la prison qui nous ouvrira ses portes. J'ai du mal à me faire cette idée. Pourtant, c'est inévitable et je le sais. J'ai été enfermée par ma faute, je n'ai rien à dire à présent. Si je ne voulais pas, il fallait que j'agisse avant, quand il était encore temps. Avant de marquer le mot 'homicide', par exemple. Ou avant de commencer à remplir ma feuille, encore mieux. Avant, quoi. Avant de plonger à pieds joints dans des sables mouvants inextricables.
A nouveau, mon cœur bat un peu trop vite. La crise de panique n'est pas loin. Je pourrai peut-être la contenir jusqu'à ce que nous soyons dans la voiture, mais après ça, je ne réponds plus de rien. Je sais pas si je parviendrai à rester consciente. Bon, si on regarde objectivement, oui, je resterai consciente. C'est à peu près certain. A chaque fois que je suis en crise, je crains – je souhaite – m'évanouir. J'ai l'impression que ça arrive, que je vais m'effondrer, que je ne pourrai pas rester consciente. Pourtant, je ne me suis jamais évanouie pendant une crise. Il n'y a donc pas de raison que ça arrive aujourd'hui. Cela dit, ce serait sans doute une bonne chose. Ça me permettrait d'éviter d'avoir à affronter le retour à la prison. Ce serait pratique. Mais je ne sais pas ordonner la déconnexion totale. Je ne sais pas sombrer dans le noir. Il reste toujours une petite étincelle qui me force à rester debout, à voir ce qui se trouve autour, et à souffrir. Eh ouais, je suis la seule personne qui m'inflige des souffrances, cela a toujours été ainsi, et ça le sera peut-être toujours.
J'ai peur, alors j'essaie de penser à Athis, pour éviter de penser à tout à l'heure. J'appréhende déjà le moment où nous arriverons à la voiture de Damara, parce que je sais que chaque étape me rapproche des grandes et sinistres portes. J'en viens à espérer que la voiture aura disparu ou qu'elle sera en panne. Je sais que c'est inutile, que c'est hautement improbable. Ce ne sont que des rêves impossibles. Une espérance folle et un peu désespérée. N'importe quoi pour ne pas y retourner.

Parce que je ne veux pas sombrer dans la folie.
Je veux juste... m'étendre et dormir.
Rentrer chez moi.
Seule.
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Damara Galanis
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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeDim 5 Oct - 10:56

Sa peur est sur mon cœur,
Comme sa main dans la mienne.


Même une mère ne laissera jamais tomber son enfant. Pourtant, je ne suis pas le meilleur exemple mais pas le pire. Ce n’est pas moi qui ai voulue qu’elle parte. Ni elle. Je me sens encore « mal » de ne pas l’avoir auprès de moi. Un contact, une présence. Même si Adélie est déjà une jeune femme, je ne peux m’empêchée de jouer le rôle qui ne me convient pas. Étrange. Mais c’est comme ça. Je préfère me laisser guider par ma propre envie que par une illusion. Je ne le dis peut-être jamais, mais j’ai peur de demain. Je vis, certes, mais il y a toujours cette angoisse de voir la fin. Je veux encore profiter. J’aimerai tant être plus que ce que je ne suis pour elle. Elle qui porte entre ses mains et sur son cœur, mon espoir. Ce n’est peut-être qu’une boule de poils, mais j’en attends beaucoup de lui. Qu’il me prouve ce que c’est d’être ce que je dois être. Je m’égare dans mes pensées mais je ne quitte pas du coin de l’œil mes deux protégés. Pourquoi vouloir être la mère d’une autre ? Parce que je sens qu’elle en a besoin, sinon, je ne me comporterais pas comme ça avec elle. Ou pas. Je n’en sais rien. L’humain est dur de compréhension. Je me retrouve face à moi-même. Vous savez, celle femme trop douce, trop gentille. Pourtant, loin d’être difficile. Je connais mes droits et mes limites. Mais je ne connais pas la limite de mon amour maternelle … Comment imaginez, qu’après quelques heures passer avec elle, je m’y sois vraiment attachée ? La question ne devrait pas rester en suspend. Par tous les moyens, je retrouverai réponse. Même si c’est contre nature. Et que les Dieux me pardonnent … Je ne suis qu’une mère qui a perdu son enfant …

Un frisson me parcourt, le vent souffle légèrement autour de nous. J’entends les jappements de joie d’Athis, les pas d’Adélie. Elle se trouve loin. Trop à mon goût. Je me rapproche alors d’elle, regardant la boule de poils tout en effleurant du bout des doigts son museau. Mes yeux jouent un instant sur la jeune femme accompagnée d’un sourire. Mais je fais vite de regarder devant moi. Un enfant a toujours besoin d’une protection. Une mère a toujours besoin d’un protégé. Les deux sont étroitement liés et non pas par le cordon ombilicale mais par bien plus. Il grandit en elle, elle le sent. Une lumière dans une ombre. Une chance dans un être. Une existante dans la vie. Une vie en elle … Une raison d’être, de vivre. Même si mon mal sera toujours là, Adélie m’apaise en quelque sorte, de pouvoir retrouver mon rôle de mère. Oui, ça me manque. Je n’ai fait que frôler de près …

Ma raison d’exister …


Dans une vie, il faut avoir un but. Je me suis mainte fois poser la question dû : « Comment puis-je vivre en l’ayant perdue ? ». La réponse était simple : vivre pour elle. Et pour Lui. Enfantée certes, mais je n’ai pas su lui donner accès à sa deuxième vie. Celle qui est hors de mon ventre. Partie trop tôt. Et pour redonner un sens à ma vie, alors que j’ai tout battit à travers deux êtres que j’aimais tant. Je suis restée ici en les regardant partir. C’était dur, mais j’ai tenu. Et cette fois ci, j’ai la chance qu’un être vienne me demander intérieurement de la protéger, la rassurer. Adélie. Juste toi.

Nous arrivons enfin à la voiture. J’ouvre la portière tout en entendant Adélie faire de même avec la sienne. Une fois sur la route, je regarde d’un air susceptible les arbres plongés dans la nuit sombre. Il ne suffirait que d’une seule envie pour la tirer de cette endroit qui lui fait tant peur. Elle aura beau ne rien me dire, mais j’en suis bien consciente. La peur est partout, dans chaque recoin de notre vie. Mais je ne peux pas. Une règle. Ne pas désobéir. Soupire. Trop jeune. Trop innocente. Fragile même. C’est loin d’ici qu’elle serait pourtant mieux. Pourtant, est-ce que demain elle aura toujours ce statut d’enfant apeuré ? Peut-être, ou pas. Qu’importe. Nous sommes aujourd’hui le présent.

La prison se dessine là bas, au loin. Proche du pire. Je jette un coup d’œil discret à ma protégée. Sûrement apeurée. Il n’y a pas de quoi. Même dans mon silence, je fais tout pour rester sûre de moi. La voiture se gare sur le parking. Je fais signe à Adélie de venir, une fois en dehors, je viens lui prendre la main en lui murmurant un :


« Ne t’en fais pas. »

Tout ira bien, je suis là. Athis au sol, il trottine autour de nous. Les portes s’ouvrent, l’un de mes collègues m’a reconnu. Encore heureux. Sans lâcher Adélie, nous entrons entre les portes de l’Enfer. Ensemble. La cour désertée de présence. Il est tard, les détenus sont déjà dans leur cellule. Il est dit que ma protégée doit regagner la sienne. Je souris intérieurement. Hors de question que je la laisse seule. Mais ça, elle ne le sait pas encore. Dans le Hall, Athis regarde d’un œil intéressé l’endroit tout en reniflant le sol. J’attire Adélie vers l’aile des employés. Dans le silence. Nous montons les escaliers de pierres, longeant les murs sombres dans l’obscurité. Les pattes du chiot résonnent ce qui me permet d’avancer sans trop de difficulté. Confiance dit-on. Une fois arrivé à ma chambre, j’ouvre la porte. Mon collègue n’est pas là. Et cela ne m’étonne pas d’ailleurs. Enfin bref. Une fois à l’intérieur, je ferme silencieusement la porte derrière nous. Jetant un rapide coup d’œil dans la pièce. Par terre, la couverture d’Athis avec tous les accessoires. Je me tourne vers la jeune femme, le sourire aux lèvres.

« Pas de cellule pour toi ce soir. »

En ouvrant mon armoire, je trouve un t-shirt un peu trop large. Je lui tends gentiment. De mon côté, je me retourne pour poser Athis sur sa couverture. Prenant également un dessus rapide, pour passer la nuit. Je me débarrasse de mes effets, laissant par la suite, le tissu glisser sur ma peau. Une fois sur le lit, je m’adosse contre le mur en regardant d’un air amusée Adélie. Elle doit se doutée que je ne la laisserai pas passer sa nuit seule maintenant. Je l’appelle alors à moi. Il ne fait pas très chaud ce soir. Si elle souhaite dormir dans l'autre lit, je ne la retiendrai pas. Mais juste avant de sombrer dans un sommeil profond, je voulais encore lui montrer qu'elle n'était pas seule. Doucement, je l'attire vers moi en la serrant contre mon coeur.

« Adélie … N’oublie jamais que tu n’es pas seule ... »

Mes murmures brisent le silence. Ainsi que l'aboiement d'Athis pour monter sur le lit. Mauvaise chose. Mais tant pis, je me penche pour venir l'attraper sous le ventre. Le voilà entrain de se blottir contre Adélie. De mon côté, je souris bêtement en venant m'étendre sous la couverture, l'appelant intérieurement de venir partager un peu de ma chaleur ...
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Adélie Roche
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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Oct - 17:17

Nous marchons à travers le petit village, Athis dans mes bras, Damara à mes côtés. Peut-être qu'un jour, je parviendrai à lui parler normalement. Elle le mérite. Et c'est agréable d'avoir quelqu'un à qui parler. Damara est si gentille avec moi... Je ne lève pas les yeux vers elle, mon regard erre entre la route – pour ne pas trébucher – et la petite boule de poils dont le cœur bat contre le mien. J'aimerais que la route continue toujours, et que le village soit sans fin. Que le temps s'arrête. Ne pas rentrer à la prison. Retourner à la plage, c'était si beau. Ou ailleurs, peu m'importe. Mais je ne veux pas affronter tout cela.
La rue est déserte. Un vent frais – presque froid, à cette heure – souffle face à nous, nous caresse le visage. Quelques étoiles commencent à apparaître. Le temps en suspens. Je rêve d'une route infinie, d'une prison disparue. Une vie ailleurs, loin d'ici. Une vie agréable, sans peurs et sans gène. Mais tout ça, ce ne sont que des rêves. Je sais que bientôt, nous parviendrons à la voiture de Damara, puis nous irons vers la prison. La peur, nausée. Je m'effondrerai, éperdue et effrayée. Je ne veux pas traverser la cour, je ne veux pas de ma cellule, je ne veux pas de ces regards qui me fixent, de ces rires qui me hantent.
J'anticipe déjà, c'est mauvais. Mon psy m'a dit qu'il ne faut jamais anticiper. L'anticipation appelle la peur. Il faut se calmer. Mais je ne peux pas m'en empêcher. La cour, les gardiens, les prisonniers, tous ces gens... Oui, ils vont rire. C'est certain. Damara, n'y allons pas ! Enfuyons-nous à l'autre bout du monde, n'importe où. Ailleurs. Loin d'ici. Je n'aime plus l'Allemagne. Je n'aime que le néant, la solitude que je hais. Je ne devrais pas être vivante. Si ça se trouve, je suis une erreur de la nature. Je n'aurais pas du naître.
Chut.
Ma peur commence à m'envahir, toujours plus forte, toujours plus violente. C'est comme si... comme s'il y avait un mur face à moi qui se rapprochait. Un mur devant moi qui taisait ma lucidité. Je voudrais le briser, le casser. Mais je m'y heurte et je n'y vois plus rien. Un tunnel, des œillères. Il n'y a plus que ça, ce grand mur devant moi, qui occulte tout le reste. C'est comme si j'avais oublié la présence de Damara et d'Athis. Je suis seule contre tous et je vais mourir parce que je ne pourrai pas m'enfuir et qu'ils me veulent du mal. Je ne veux pas mourir mais j'ai fait trop de mal à tout le monde. Par ma simple présence. Je ne suis qu'un déchet, tuez-moi. Mais par pitié, laissez-moi tranquille. Damara, sauvez-moi. Vous ne m'entendez pas, vous ne pouvez pas savoir ce qui se passe dans mon esprit. Et je n'ai plus conscience d'être avec vous, mais... Sauvez-moi.
Je ne vois plus les maisons du village qui défilent, je ne vois plus les rares passants que l'on croise. Il n'y a plus rien d'autre que moi, moi et ma peur. Des pensées embrouillées qui nagent dans un brouillard sans fin. Est-ce cela, la folie ? Oui, je crois que je deviens folle. Je n'aurais pas du quitter ma cellule, ce matin. J'aurais du faire la sourde oreille. Ou bien mourir. Cette journée était magnifique, Damara est vraiment très gentille avec moi. Trop, même. Oui, parfaitement. Elle est trop gentille et je ne le mérite pas. Mais elle ne sait pas ce que je vais endurer, à présent. Les autres prisonniers... Elle ne sait pas l'affront que je leur ai fait depuis mon arrivée. Elle ne sait pas que j'ai envie de vomir à chaque fois que je pense à eux. Parce que je suis trop conne. Je ne veux pas me retrouver face à eux. Je ne saurai que dire, et eux m'en voudront. Et puis je mens, là-bas. Je mens constamment à tout le monde. J'ai trop honte, je suis trop conne. C'est ça l'ennui. Alors je ne veux pas y aller.
Non.
Rester ici.
Partir ailleurs.

Et la folie me gagne.
Retour à la réalité. Nous sommes devant la voiture. Damara ouvre sa portière, je l'imite, la peur au ventre, une boule dans la gorge. Je suis fébrile. Je ne veux pas. Je m'assois, Athis sur mes genoux. Je le tiens contre mon cœur, comme un trésor. Je n'ose pas regarder Damara, parce que je ne veux pas qu'elle puisse voir la peur qui ne me lâche plus. Je fixe le tableau de bord, sans ciller, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. Je sais pas pourquoi je fais ça. Peut-être pour ne pas penser. Ou pour être sûre de ne pas croiser son regard. Je ne sais pas. Les deux, peut-être. Quelle importance ? Ça ne change rien à l'étau qui enserre ma poitrine, bien décidé à l'écraser. J'ai mal, Damara... N'y allons pas. Prière inutile et inaudible, ça ne sert à rien. Nous y allons. La voiture démarre. Je suppose que les arbres défilent, succédant aux arbres. J'imagine la lune et les étoiles, là haut, dans le ciel. J'essaie de ne pas pleurer, parce que je n'ai pas de raison de le faire. Je ne veux pas y retourner, c'est tout. Je ne suis qu'une enfant capricieuse. Je commence à trembler, doucement. Je ne veux pas y aller. Pourquoi faut-il qu'un petit bonheur soit toujours suivi de souffrances ? Je suis comme paralysée. Je ne veux pas y aller. Je voudrais ouvrir la porte à la volée et m'enfuir dans la nuit.
Immobile.
Je ne veux pas y aller, Damara.
C'est comme si j'essayais de la raisonner, de lui faire comprendre mon désarroi. Sans un mot, sans un geste, sans un regard. Tout ça, ce n'est que du vide.
Mais je ne veux pas y aller...
J'ai froid, à présent. Et si le vent de la nuit n'y est pas étranger, il est loin d'être le seul fautif. J'aimerais tomber malade, quitte à en crever. J'ai besoin de tendresse, j'ai besoin d'affection. Je suis une petite chose fragile, un déchet qui veut qu'on l'aime et qui croit qu'on le hait. Comme un jouet cassé, un nounours délaissé. Aimez-moi.
Je divague. Mes mains s'accrochent à mon siège comme si cela pouvait ralentir la voiture. Ou comme si cela pouvait me permettre de ne pas aller à la prison. Je voudrais que le trajet dure des heures, qu'il ne s'arrête jamais. Que Damara se trompe de route et qu'elle ne s'en aperçoive pas. Mes mains sont crispées, je dois avoir les phalanges rouges. Je m'accroche avec toute l'énergie qu'il me reste. S'il n'y avait pas eu le siège, je crois que c'est mes jambes qui auraient pris. Et cela vaut mieux pour elles qu'il y ait le siège. C'est comme si je voulais me vider de toute énergie. Ne plus penser. Arrête d'avoir peur. Mais bordel, qu'est-ce que j'ai mal ! Quelque part dans le cœur, ça cogne, ça lance. Nausée.
Pourquoi doit-on y retourner ? C'est comme une petite trahison. Une promesse de bonheur, et puis... Retour à la réalité. Je savais que ça se passerait pour ça. Pourquoi est-ce que je me suis laissée porter par cette journée comme si tout continuerait indéfiniment ? Je savais qu'il y aurait la fin. Je savais que la peur serait là, à l'affût. Je n'aurais jamais du m'abandonner. Le vertige du rêve n'est jamais bon. Toujours garder les pieds sur terre. Et ne pas se cacher ce que l'on sait. Que l'avenir viendra comme il doit venir. Tout ça, ce n'étaient que des rêves. Pas vrai, Damara ? Elle ne m'a pas menti. Elle ne m'a jamais dit que je ne retournerais pas en prison. C'était juste... Une journée. Profiter. J'ai fait ça. Mais je me suis menti, j'ai voulu croire que la journée durerait toujours. Sans fin. Juste... Cette journée. Rien de plus n'avait d'importance. Mais je n'aurais pas du oublier tout le reste. Et tout cela approche à nouveau, à présent. J'y retourne. C'est la fin, le début. Je ne veux pas.

La voiture s'arrête. Nous y voilà. Je ne veux pas. Damara se lève, sort de la voiture. J'ouvre la porte. Reste assise. Je ne peux me résoudre à partir. Non, je ne peux pas. Athis saute de mes genoux, rejoint la terre ferme, heureux de pouvoir se dégourdir les pattes. Puis il se retourne, semble m'attendre. Damara aussi m'attend. Je ne peux pas, je ne veux pas. Mais je me lève. Parce que je n'ai pas de volonté. Je suis trop faible, trop lâche. Je sais ce qu'on attend de moi et je le fais. C'est simple. Con, mais simple. Douloureux, mais reposant. J'ai les jambes molles, je tiens à peine debout. Je ne veux pas, je ne veux pas. J'ai envie de partir dans la direction opposée. Mais à quoi cela rimerait-il ? Elle me rattraperait en trois secondes. Et puis elle m'en voudrait d'avoir trahi sa confiance. Je ne veux pas qu'elle m'en veuille. Je veux qu'elle me serre encore dans ses bras.
Damara me prend la main, me dit de ne pas m'en faire. Si elle savait ce que je ressens, à l'instant présent...
Détresse dans mes yeux, nausée.
Je tremble. De froid, de peur, de connerie. Je suis Damara comme un souffle, comme une ombre. Un zombie sans âme.
Nous nous dirigeons vers la prison. La nuit est tombée, à présent. Le couvre-feu a du sonner depuis un bon moment. Il y aura moins de monde dans la cour, j'espère. Mais cela ne change rien à ce qui m'effraie le plus. Ils seront dans la cellule, eux. Et je suis à peu près sûre qu'ils ne dormiront pas. Ce ne sont pas des poules, eux. Ils sont éveillés, se demandant sans doute où je suis passée. Cela doit faire bizarre de voir mon lit vide. Si ça se trouve, ils sont en train de parler de moi, de se demander ce que je deviens. Peut-être de se moquer de ce que je suis. Ce n'est pas impossible.
Mais il faut que j'arrête de divaguer. Je ne suis pas le centre du monde.
Loin de là.
Rien du tout.
Je vois les grandes portes approcher pendant que nous marchons. Bientôt, des gardiens nous ouvriront. Boule au ventre, nœud dans la gorge. Le contraire. C'est pareil. Je ne veux pas. Nous marchons, encore et encore. Les portes s'ouvrent, nous continuons. Un vertige s'installe. Bientôt... C'est pour bientôt. Ma mort. Ma deuxième mort. Les couloirs défilent, et toujours ces œillères devant mes yeux. Je ne vois rien d'autre qu'un couloir de mort qui me mène vers la peur. J'ai l'impression que Damara se trompe de chemin. Je ne reconnais pas ce couloir. Mais c'est sans doute parce qu'il fait nuit. Je dois arrêter de me mentir et de croire que tout ira bien, que je suis sauvée. Je ne suis pas sauvée parce que mon bourreau est toujours en moi. Et nous allons vers ma cellule, c'est évident. Maintenant que nous sommes de retour à la prison, elle est à nouveau gardienne, je suis à nouveau une prisonnière... Même si je préfère croire à mes mensonges. Si ça se trouve, elle m'emmène quelque part où il n'y a pas les autres. C'est beau de rêver... Non ?

Damara ralentit devant une porte. Cette fois, c'est certain. Nous ne sommes pas là où nous devrions être. Ce ne sont pas des portes de cellules que je vois autour de moi. Et ce 15... Où sommes-nous ? La gardienne ouvre la porte et rentre. Je la suis, fort timidement. Il n'y a que deux lits, ici. Par terre, une couverture avec des objets... Le lit d'Athis ? Suis-je dans ce qui sert de chambre à Damara ? Cette dernière ferme la porte. J'ose enfin lever un regard interrogateur vers elle. C'est là qu'elle m'annonce que je ne retourne pas dans ma cellule. Stupeur. Une sorte de jubilation m'envahit. Je ne vois pour l'instant que le soulagement de ce qu'elle m'évite et qu'elle ne connaît pas. Je n'aurai pas à les croiser, je n'aurai pas à affronter ma honte et ma peur. Ce n'est pas forcément l'idéal. Mon psy m'aurait dit de faire des efforts, que j'en suis capable. Mais mon psy n'est pas là. Oublions-le, il me veut du mal. Je préfère le confort de la bêtise. C'est plus reposant. Je préfère ça.
Damara ouvre une armoire, me tend une sorte de grand t-shirt. Mon pyjama pour cette nuit ? Je ne sais comment la remercier pour tout ça. Mais elle ne comprendrait pas à quel point elle me sauve. Elle ne peut pas s'en rendre compte, elle ne peut pas même imaginer. Tout ça, c'est juste pasque je suis une idiote effrayée. Je m'approche d'un mur et me retourne pour passer le haut qu'elle m'a donné. Je me change aussi vite que possible, je suis beaucoup trop pudique. Le t-shirt m'arrive presque aux genoux, les manches aux coudes. Je voudrais pouvoir cacher ma maigreur, mais je ne peux pas, cela doit se voir. J'évite généralement de me regarder, je ne pensais pas que mes bras pouvaient être aussi fins. Bon, on a vu plus maigre. Je ne pense pas que ma vie soit en danger de ce côté là. Mais tout de même, c'est presque... effrayant. Ça non plus, elle ne peut pas le comprendre. Comment pourrait-elle imaginer que je me prive de nourriture parce que j'ai trop peur d'aller au réfectoire et d'y croiser des gens ?
Elle s'assoit sur le lit, m'invite à la rejoindre. Je m'exécute, un peu intimidée. Une nouvelle fois, elle me serre dans ses bras. Une nouvelle fois, j'ai envie de pleurer. C'est idiot. Pourquoi faut-il que je pleure sans arrêt ? Je suis décidément bien trop fragile. Je me laisse enlacer sans pouvoir lui rendre sa tendresse. Elle me dit que je ne suis pas seule. J'ai envie de la remercier, j'ai envie de pleurer, j'ai envie de la serrer dans mes bras. Mais je reste immobile et muette, les yeux embués. Pitoyable, je suis pathétique. Athis aboie doucement, il veut un peu de tendresse, lui aussi. Damara le fait monter sur le lit, il vient tout contre moi. Je le caresse doucement. Boule dans la gorge. Damara s'allonge alors. Je crois que je peux lire dans son regard une invitation à m'étendre à mon tour. Mais si je me trompais ? Cela me gène de dormir aussi près de quelqu'un d'autre. Cela fait des années que ça ne m'est pas arrivé. La dernière fois, ce devait être avec une cousine. Et je devais avoir dans les dix ans.
Mais je n'ai pas trop le choix, de toute façon. Elle ne me laissera pas dormir par terre, pas plus que je n'en ai envie. Alors avec une infinie timidité, je m'allonge à ses côtés, en essayant de ne pas créer trop de contact entre sa peau et la mienne. Ce n'est pas contre elle, c'est juste que... Je sais pas. Trop conne, sans doute.

Et puis le noir m'envahit, je suis épuisée.
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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Oct - 15:24

Plongée dans les ténèbres, seule la lune éclaire encore un peu la pièce par sa blancheur magistrale. A mes côtés, ma petite protégée avec la petite boule de poils. Je pense qu’elle s’est endormie. Les deux plutôt. Littéralement, tombée de fatigue. La journée a été assez éprouvante pour moi et certainement pour elle aussi. Je la regarde d’un œil maternel s’enfoncé dans son paradis blanc. Ses rêves. Je t’ai dit que tu n’étais pas seule Adélie. Ma parole, garde la précieusement au fond de ton cœur. Et que jamais ne s’efface ton innocence. Aujourd’hui, j’ai vu beaucoup de peur dans tes yeux, beaucoup d’anxiété sur ta peau. Le monde te fait si peur que cela ? Au fond de moi, quelque chose me dit qu’elle n’a pas sa place ici. Et le pire, sans savoir pourquoi, sans preuve, j’y crois.

Silencieusement, sans crainte. Je m’approche d’elle en la serrant contre moi. Je me brûlerai les ailes s’il le faut, juste pour te prouver que je suis là. J’écoute sa respiration, dort-elle en ce moment? Je ne sais pas, je ne peux le deviner. Mes yeux jouent sur le ciel, les étoiles brillent de mille feux autour de l’astre de la nuit. Beaucoup de gens voudraient être aimé, même juste un peu. Sur Ton cœur, je sens cette envie. De quoi ? Bonne question. Tes rêves sont peut-être meilleurs que la réalité, mais je ne peux qu’accéder à ton existence charnelle. Mon ventre touche son dos, mon bras enlace son être en passant sur ses côtes. Une femme enfant. Qui a besoin d’une matrice … Même pour une nuit. Si c’est vraiment ce que tu veux, je me porte garante. Te montrer que même dans les pires endroits, il existe des personnes qui ne voudront que ton bonheur. Sous ma protection, je te demande juste de te ressourcer, te relever. De moins flancher face au monde. Je suis consciente que je ne serais pas tous les jours derrière toi. A te rassurer quand tout va mal. Tu t’en doutes.

Je me redresse pour venir déposer un baiser sur sa joue en lui murmurant un :
« Bonne nuit ».N’ai jamais peur, il y a des gens comme toi. Il y a des rires et des pleurs dans les cœurs des personnes. Mais il y aura toujours quelqu’un pour vous consoler quand vous serez au plus bas. J’ai choisi ma place aujourd’hui. Ici, auprès de toi. Contre toi. Qu’importe qui tu es, c’est dans tes yeux que j’ai vu un besoin d’amour. Il était une fois … Le vent souffle contre la vitre. Athis rêve, je l’entends faire de petits bruits qui ont vite fait de se dissiper dans le silence de la nuit. Mon autre bras soutient ma tête, je ferme à mon tour les yeux. Bercer par la musique de leur respiration ainsi que par la braise de minuit …

***


« Damara … réveille toi … »


La voix masculine vient doucement retirer la petite fille de son sommeil. Se frottant les yeux, la présence de l’homme se fait plus opposante sur sa peau. Un baiser pausé sur le front, à l’aveuglette, elle enlace son protecteur de toujours. Des sourires devinés, je me décide enfin à ouvrir les yeux pour découvrir Sebasten déjà prêt. Je devais avoir dix ans, pas plus. L’air de la méditerranée flotte dans le vent matinale, l’écume se fait entendre, joyeuses, les mouettes jouent à éviter les gouttes d’eau qui s’écrasent contre les roches. Papa, lui c’est un mythe dans les lignes de mon existence, il est toujours là pour moi aussi bizarre que cela ne paraisse. Je sais que maman n’est plus là. Mais je ne dois pas pleurer parce qu’il est là. Et qu’elle veut me voir heureuse. Encore jeune, mais je comprenais que je devais trouver et donner force auprès de Lui. Mon père.

En un rien de temps, je me lève en hâte. Aujourd’hui, nous allons au temple d’Athéna sur l’Acropole. Papa m’avait souvent raconté ses mythes. Les histoires des grands Dieux Grecs, des héros. Tout ce qui me faisait rêver, j’étais là … Je suis là. Sur mes deux pieds à contempler les ruines d’un vestige ancien. Il ne nous a pas fallu énormément de temps avec papa pour arriver jusqu’ici. Ce n’est pas la première fois que je viens ici, mais je suis toujours aussi éblouie par ce paysage. Quelques un des piliers au sol, laisse paraître derrière eux, un flan de montagne où l’herbe est d’un vert éclatant sous le soleil de l’été. Je me perds une nouvelle fois face à mon monde.


« Damara, viens un peu par ici. »


Je me retourne vers mon père. Occupé avec ses collègues à étudier l’architecture du Parthénon. Le sourire aux lèvres, je m’élance vers lui. Je savais par expérience que s’il m’appelait, c’était pour me compter l’une des histoires du monde. Le notre.

« Tu connais la déesse Athéna ? »


Ma tête expose une réponse négative. Qui était-elle ? Tirer par mon père, main dans la main, nous sommes entrés dans le temple. Dans l’une des pièces, dormait une statue. Celle d’une femme, une déesse mythologique. La fille de Zeus de Métis. Le Dieu des dieux, apprit que la femme était enceinte. Sans aucune pitié, il l’avala entièrement. Les maux sont arrivés, et Athéna jaillit de sa tête avec toute une armée. Considérée comme seule fille de Zeus, elle prend une place importante dans l’Olympe. Pure et droite, Athéna est le modèle de femme qu’aiment les grecs.

A la fin de l’histoire, je fixe mon père. J’étais un peu comme elle, sans mère. Mais pas abandonnée. Je savais que maman était auprès de nous à chaque moment de notre vie. En secret, j’ai senti mainte fois sa main frôler ma joue dans mon sommeil …

***


Loin des yeux, loin du cœur.
On s’habitue à tout. Presque.
Leurs absences me déchirent au plus profond du coeur.


Réveillée par le chant des oiseaux bien matinal, j’ouvre doucement les yeux. Découvrant Adélie tout contre moi. Je ne bouge pas, profitant encore du temps pour la serrer contre mon cœur. Je reconnais facilement la douleur du manque d’une mère. Tu la connais peut-être toi aussi. Qu’importe, je suis là. Comme tu es là. Je pose mes lèvres sur le front de ma protégée tout en lui murmurant :


« Bonjour »

Je souris en voyant son visage d’enfant endormie. Que oui, j’aurai aimé être sa mère …
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Adélie Roche
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Adélie Roche


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MessageSujet: Re: Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv]   Bonne conduite, une liberté éphémère.[pv] - Page 2 Icon_minitimeMer 22 Oct - 6:19

Le noir m'enveloppe, j'ai sombré.
Sans crainte, sans peur. Damara veille sur moi, aidée par la Nuit. Et j'oublie bien vite le contact de la gardienne. C'est comme si... Presque comme s'il ne me dérangeait plus. L'inconscient a pris le pas sur la conscience, le sommeil sur l'éveil. Comme si je n'étais plus qu'une petite fille dans les bras rassurants de sa mère. À la différence qu'en théorie, je ne suis pas une petite fille. Et que Damara n'est pas ma mère. Je suis juste une adulte pas encore adulte, un peu paumée. Et en prison. Mais il est doux de se laisser bercer par des rêves et des espoirs. Damara me protège. J'en ai presque oublié le lit vide à l'autre bout de la chambre et la personne qui pourrait faire irruption dans notre nid, notre havre.
Je crois que je me suis réveillée de nombreuses fois, cette nuit. Comme souvent. À chaque fois, je sentais la présence de Damara à mes côtés. J'ai fini par m'y faire, je crois. La peur est partie. C'est comme si j'avais enfin réussi à imprimer que Damara ne me veut pas de mal. Mais le malaise sera sans doute toujours là. Quand je ne saurai pas parler. Ou quand je penserai au mensonge. Cela n'influe peut-être pas sur sa vie, mais il n'empêche que je trahis sa confiance en ne lui disant pas la vérité. En général, quand les gens comprennent que vous leur avez menti, ils vous en veulent. Et puis ce n'est jamais plus comme avant. Ils sont persuadés qu'ils ne peuvent plus vous croire. Si vous avez menti une fois, pourquoi pas deux ? Mais moi je ne veux plus qu'on m'en veuille, c'est trop douloureux. Surtout quand on n'est pas bâtie pour supporter ça.
La nuit était claire, et une flaque lactescente s'étalait sur le sol. Athis dormait. Quant à Damara, j'ai pu entendre son souffle régulier. Ça me fait bizarre de dormir dans le lit d'une autre personne. C'est comme si... Comme si je m'immisçais dans sa vie, dans son intimité. Une sorte d'intrusion, même si j'y ai été invitée. Est-ce que je dérange ? Je dérange toujours un peu. Je ne devrais peut-être pas être là. Je lui vole un peu de son intimité. Je suis dans son sanctuaire, certes un peu précaire, mais tout ce qu'elle a ici. C'est ce que je pense, même si mon hôte n'en donne pas l'impression. Un partage. Damara est si généreuse avec moi... et si douce. Alors même que je ne le mérite absolument pas.
J'ai les yeux ensommeillés, douloureux. Mes émergences ne durent que quelques secondes, et le sommeil me gagne à nouveau, inlassablement.

Jusqu'au moment où je sens le lit bouger davantage. Ça me réveille, normal. Je n'ai pas l'habitude. Et puis un contact sur mon front, une voix tendre, les oiseaux dehors. J'émerge lentement. Pour de bon. Mes yeux s'ouvrent, toujours aussi douloureux. La fatigue ne m'a pas lâchée. Elle est toujours là, bien accrochée. Système de défense très efficace, parfois. Défense contre quoi ? Ne cherchez pas... Vous ne me comprendriez pas. Je ne suis pas dans la normale. Je peux vous l'assurer. Pourtant, j'aimerais bien. Mais mes réactions ne sont pas compréhensibles par un être humain, je crois. Désolant, je sais. Croyez-moi, je le suis, désolée. Malheureusement, ça ne suffit visiblement pas.
Bref.
Cessons de nous lamenter.
Ce serait une bonne idée.
Je ne bouge pas, reste immobile, tout contre Damara. Et je crois que je souris un peu.

« Bonjour. »

Un murmure.
À croire que Damara ne peut pas en attendre davantage de moi. Vraiment pitoyable.
Mais je me sens un peu mieux, ce matin. Je crois que c'est ça, j'ai intégré Damara dans mon référentiel. C'est comme si elle était un peu de ma famille. Elle n'est plus simplement une gardienne. Oui, je m'attache trop vite, je le sais. Ce n'est pas très bon, tout ça... Mais je veux croire que Damara ne me trahira pas. Et puis je ne peux rien y faire, je pense. J'ai déjà tissé ces liens invisibles qui nous lient dans mon cœur. Saurai-je l'oublier un jour ? J'en doute, et franchement je ne le souhaite pas. Elle a sa place, et si je venais à l'oublier, je crois que j'en serais incomplète. Les rencontres que je fais me marquent énormément. J'ignore si c'est normal, je ne sais pas ce qu'il en est des autres. Je suis mon unique point de repère. Et ce que je sais, c'est que Damara y a sa place. Ainsi qu'Athis.
Pourtant, il y a quelque chose qui me fait retourner sur terre. J'aimais bien ce petit nuage constitué d'une certaine paix intérieure, mais je dois me rendre à l'évidence : je ne pourrai pas rester indéfiniment dans cette chambre avec Damara. Elle a beau être d'une gentillesse extrême, elle ne fait pas ce qu'elle veut, même si elle n'est pas en prison. Elle a des devoirs, des obligations. Et je ne pense pas qu'un traitement de faveur de ce genre pour un prisonnier soit toléré. Je ne voudrais pas lui attirer d'ennuis. Le problème, c'est que le jour se lèvera bientôt. Et avec lui les autres prisonniers. Les couloirs s'empliront de monde. De monde que je ne veux pas voir. Et puis je ne veux pas croiser les autres, ceux qui dorment dans la même cellule que moi. Et pour être sûre qu'ils ne me voient pas, deux solutions : arriver à un moment où ils ne sont pas là ou bien quand ils dorment. La première solution est un peu trop... aléatoire. Comment savoir s'ils seront là ? En revanche, si j'arrive maintenant et que je me coule discrètement dans ce qui me sert de drap, je n'aurais qu'à faire mine de dormir, comme j'ai toujours fait. Je ne crois pas qu'ils s'éveillent aussi tôt.
Et voilà, je n'ai plus qu'une idée en tête : partir. J'aimerais bien pouvoir rester ici plus longtemps, car je me sens en sécurité. D'ailleurs, Athis, qui vient de s'éveiller à son tour, commence à bouger et à demander des câlins. Oui, j'aimerais bien pouvoir rester ici plus longtemps. Pour toujours, puisque de toute façon, je suis coincée ici pour le restant de ma vie – d'ailleurs, je crois que je n'ai toujours pas imprimé cette information, mais qu'elle est en train de faire sa place, elle aussi... Le temps passe petit à petit, je finirai bien par comprendre que je ne reverrai plus la France. Pour toujours avec Athis et Damara... Mais c'est impossible. Je suis censée être dans ma cellule, je le sais. C'est là que doivent se trouver des prisonniers, non ?

« Je... »

Non, je n'ai pas terminé ma phrase.
Je dois y aller... C'est ce que j'ai failli dire. Mais je n'ai pas pu. Je ne veux pas y aller. Et puis... Je ne voudrais pas qu'elle croie que je ne me sens pas bien avec elle, ou quelque chose comme ça. J'ai peur qu'elle m'en veuille, qu'elle me laisse partir avec cette indifférence que j'abhorre. Je baisse la tête, et mon regard se perd dans les draps. Mes joues se teintent légèrement de rouge. Je n'aime pas quand je commence des phrases sans les terminer. Cela me donne un sentiment intense de faiblesse et d'infériorité. La sensation de ne rien maîtriser. Je ne suis qu'une poupée de chiffon sans aucune volonté, n'aspirant qu'à un peu de tendresse.
C'est bien beau, tout ça. Mais j'ai pas encore terminé ma phrase. Allez, ce n'est pas bien dur. Je dois y aller. Il n'y a aucune raison pour qu'elle se vexe, j'en suis certaine. Et si... ? Comment en être certaine sans avoir essayé ? Je préfère pas courir le risque. Mais je n'aime pas trop quand mes mots restent ainsi dans ma gorge. Un effort, bon sang, c'est pas la lune !

« J'ai un peu faim... »

Quelle idiote. Voilà tout ce que j'ai trouvé pour me rattraper. C'est sans doute parce que j'ai réellement un peu faim. L'ennui, c'est que ce n'est pas dans une chambre que nous trouverons de quoi me rassasier, j'en ai bien conscience. Et je ne veux pas aller au réfectoire. Il ne doit pas être encore ouvert, et lorsqu'il le sera, il sera probablement bondé. Je ne sais pas si Damara a compris que je n'aime pas trop la foule, mais c'est probable que non. Je ne vois pas comment elle aurait pu le deviner, puisque mon comportement d'hier a été à peu près similaire en présence de foule et sans elle. Le problème, c'est que je n'oserai pas refuser si elle me dit d'aller au réfectoire.
Merde, mais qu'est-ce qui m'a pris de sortir ça ? J'aurais pas pu me taire ? Ça ne l'aurait pas gênée, elle doit commencer à avoir l'habitude d'entendre mon silence.
Non ?
Non.
Mon silence n'est pas franchement ce qu'on peut trouver de plus agréable. Et j'espère bien qu'on n'y prendra pas goût, en même temps que je souhaite le contraire. Ce n'est pas en changeant les autres pour qu'ils me tolèrent comme je suis que je pourrai avancer un jour. J'en suis bien consciente, je vous rassure. Cela dit, c'est bien agréable d'être conforté dans sa manière d'être, aussi stupide soit-elle. Ça évite d'avoir à faire trop d'efforts et de se fatiguer.
J'ai envie de revenir sur ma parole pour ne pas avoir à en subir les conséquences. Mais cela ne servirait à rien, j'en suis certaine. Maintenant que c'est dit, Damara sait que j'ai faim. Et puis si je me tais, ça m'évitera de dire d'autres idioties dans le genre.
Alors je me tais.

[Désolée, j'arrive pas à faire mieux... Complètement morte é_è Je ferai mieux au prochain, promis]
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