Inspection

La première chose a faire lorsqu'on investit un nouvel endroit est de décorer ses appartements. Même si dans ce cas précis, lesdits appartements se résumaient à un lit et une armoire.

Rowan n'était pas arrivée depuis très longtemps. Elle avait rapidement visité tous les lieux qui lui étaient libre d'acces puis était retournée dans sa cellule. L'important pour elle, c'était de voir qui pourrait la servir et qui était quantité négligeable. Elle devait se faire une idée précise de la situation avant de songer à un plan pour s'évader. Car même si elle se doutait bien que ce ne serait pas pour tout de suite, le but à long terme était tout de même de retrouver le soleil de Turquie. La blondeur des allemands ne pouvait remplacer le charme du désert... Oui bon il n'y a pas vraiment de déserts en Turquie ou en tout cas elle n'y avait jamais mit les pieds mais c'était une image !

La cellule manquait de décoration, voire de vie. Visiblement elle n'avait pas été occupée depuis quelques temps, ou alors plus occupée. Seul un lit était prit. Par calcul, Rowan choisit celui qui était le plus proche (inutile de s'isoler dans un truc aussi petit, s'aurait été ridicule) et commença son nettoyage en mettant toute sa literie par terre et en inspectant son matelas. Elle n'avait pas besoin de confort la plupart du temps. Cela dit, elle n'avait pas non plus besoin de puces. On est jamais trop prudents.

J'entre dans la cellule, fatigué par un passage à la salle de musculation qui m'avait servi à me défouler des frustrations de la journée et à m'empêcher de me jeter sur le premier gardien venu, ce qui m'aurait rapporté pas mal d'ennuis. Soulever de la ferraille ne m'est pas spécialement agréable pour autant, et je suis donc de mauvaise humeur, et j'ai la ferme intention de me reposer un peu avant de continuer ma journée. Aussitôt en pénétrant dans le cube de béton qui m'est assigné, je remarque la nouvelle prisonnière en train de s'installer. Elle me tourne le dos, penchée sur son matelas qu'elle a mis au sol, et qu'elle semble examiner attentivement. Tout en admirant brièvement sa croupe d'un œil appréciateur, j'observe qu'elle s'est installée dans le lit le plus proche du mien. Je n'aime pas ça, les gens qui aiment le "contact social" dont je suis selon ces putains de psy en grande partie dépourvu étant généralement ceux qui me font le plus rapidement chier, et qui perdent le plus rapidement des dents lorsque je les rencontre trop souvent. Après un dernier bref examen de son derrière je vais m'allonger sur ce que ces enfoirés osent appeler un lit. Je ne peux contenir une brève remarque à l'égard de la nouvelle, que j'interpelle d'un ton acerbe.

"-Rien t'obligeait à t'installer juste à côté."

J'ai même réussi à ne pas la bousculer en m'installant et à ne pas lui intimer de se mettre le plus loin possible, je deviens presque poli ces temps ci. Pourtant, les médiocres auxquels je parle ne le méritent pas. Celle ci pas plus que les autres. mais si je dois la côtoyer jusqu'à ce que je réussisse à me barrer de ce trou qui prend souvent les apparences de l'enfer, ou même jusqu'à ce que je craque et réussisse à lui fermer pour de bon sa gueule, mieux vaut garder un contact simplement froid. Que finalement, je me sais incapable de garder. Mais bon en attendant...
Quoique après réflexion, les doses doubles de sédatifs qu'ils ont décidés de me refiler la première semaine, doivent y être pour quelque chose. Et puis, avec de la chance, elle sera peut être moins bavarde que je ne l'escompte. Je fixe sur elle un regard méprisant en attendant sa réponse qui m'en dira sûrement beaucoup sur ce dernier point.

Je sens soudain un regard sur moi. Un regard d'homme. Ou alors si c'est celui d'une femme elle n'est pas vraiment hétérosexuelle si vous voyez ce que je veux dire. Une certaine chaleur s'empare aussitôt de moi, comme toujours et je souris, la tête cachée dans mon matelas. Je ne sais pas qui vient d'entrer mais une chose est sure c'est que j'ai attiré son attention. Tant mieux, tant mieux !

Une voix d'homme m'apostropha alors durement. J'avais donc bien deviné. Surprise (ou faisant comme ci, ce qui revient au même), je me relève et examine mon camarade de chambrée. Il est vieux. Pas dépourvu de charme néanmoins mais il a presque l'âge de mon père. Ses yeux sont sombres. Je ne peux pas voir s'il sagit de brun ou de noir mais tout cela va bien avec ses cheveux encore bien noirs. Il n'est pas si vieux que ça finalement mais il dégage une impression de je-ne-sais-trop-quoi dangereux.

"Les autres trucs ne sont pas tellement plus loin M'sieur."

Je le regarde toujours, jouant sur ma petite taille et mon air enfantin pour le tester a mon tour. Malheureusement, il s'est assit et je ne peux pas lever les yeux vers lui. Mais ce n'est que partie remise. Pour le moment il s'agit de se tester l'un l'autre. Je sais déjà qu'il n'est pas dans la catégorie des gens du commun. Il ne m'a ni ignorée, ni insultée, ni fait ami-amie. Il est resté sobre, un peu agressif mais correct. Ce qui prouve qu'il n'est pas si con. Et oui, moi aussi je sais réfléchir, surprise n'est ce pas ?

Avec une difficulté apparente mais peu réelle, je détache mes yeux de lui et remet difficilement mon matelas sur mon lit. C'est lourds ces trucs. Même tout fins. Je continue à réfléchir tandis que je secoue draps et couvertures qui traînaient dans la poussière. Il n'est pas un con, puisque je l'aime bien. Ce n'est pas non plus un des moutons du troupeau. J'hésite à le considérer comme un "populaire" et donc a essayer de cultiver son amitié ou comme une "autorité" a mettre directement avec les gardiens. La suite me le dira bien.

Je m'allonge sur mon lit, style j'y suis j'y reste et croise les bras derrière ma tête, laissant mon uniforme un peu juste mettre mes formes en valeurs puis je reprend la parole d'un ton pensif.

"Vous me préfèreriez ailleurs ? De toute facon il finira bien par y avoir quelqu'un ici..."