Sadismus Jail Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus. |
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| Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] | |
| | Auteur | Message |
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Anastasiah H. Von Stern 704704 Blanche Colombe
Nombre de messages : 404 Age : 44 Localisation : N'importe où, pourvu qu'y règne une douce paix. Date d'inscription : 25/06/2007
| Sujet: Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] Mar 1 Juil - 17:28 | |
| (Si tu veux un aperçu de l'ambiance, sache que j'ai écouté ceci en boucle.)C'est ici que tout prend fin. Certes, le flocon a mis bien des semaines pour achever son évanescente route. Vole, belle chose, danse, tendre poudre faite de ce froid qui ravive le sang dans les veines lasses. Le chemin est court, mais si beau, si doux, si plein de vie… Non, ne pleure pas. Les larmes gèleraient sur tes joues froides, comme déjà effleurées du doigt souple mais inébranlable de l'Inconnue. Ô flocon, je prie pour toi lorsque tu t'allonges sur le sol, parmi les dépouilles de tes frères, et de tes sœurs. Priez pour eux, car ici vient la fin. Il cessa presque tout à fait de neiger il y a de ceci deux heures seulement. Point me vint à l'esprit l'idée de me mettre à l'abri de cette caresse gelée, de cette belle, grande, ultime sensation d'appartenance au monde de chair, de sang. Mais le lent balai des danseurs éphémères s'est achevé. Et je ne dérogerai pas à la règle. Mes mains se posent prudemment sur le banc sur lequel je suis assis, approximativement placé au centre de la cour. Je suis seul. Il n'y a aujourd'hui guère de détenus pour se risquer sous la froidure blanche de cette silencieuse journée de décembre. Et je leur en suis gré. Cet instant n'appartient qu'à moi. Mon premier désir profond de possession résidera donc au tomber de mon blanc rideau personnel. Ce matin, je ne suis plus que moi, je ne suis plus qu'à moi. Tendre revanche sur ces innocents murs de pierre. J'ai même abandonné l'uniforme de détenu, préférant retrouver mes vêtements d'avant. Aujourd'hui, je me retrouve, et je retrouve ma vie. J'en reprends le droit. Comme j'en avais l'habitude, je suis entièrement vêtu de blanc, quoique un peu légèrement pour la froide saison de l'hiver. Comprenez, j'ai été enfermé à la fin de l'été, et n'ai emporté en conséquence que quelques fins pantalons et chemises légères, comme ceux que je porte aujourd'hui. Mais peut importe la morsure bénigne du froid sur mon corps. Tout cela est lointain, est la réalité s'est faite rêve, pour dévoiler une toute autre vérité. Celle de l'esprit. C'est ainsi que, silencieux, sous la neige, je me prépare calmement à atteindre le dernier instant. Fait étrange : ainsi vêtu de blanc, mes cheveux couleur de neige laissés libres, je me sens dans mon élément dans cette immaculée danse neigeuse. Point de couleur pour ne pas violer l'intégrité du moment. Point de bruit pour ne pas briser la calme douceur de l'instant. Mais maintenant, ce ne sont que quelques flocons qui finissent leur lente progression dans un ciel certes couvert, mais lumineux, clair, serein. Mes paupières, dont les cils ont capté quelques flocons, se baissent presque pudiquement sur l'ouvrage déposé à mon côté. Cette couverture blanche contient tout. Tout ce qui appartient à la nécessité de mon œuvre. Il y a en premier lieu, et bien évidemment, mon livre. Il m'aura fallu plus de temps que prévu pour le rédiger, certaines rencontres m'ayant donné matière à pousser un peu plus encore mon travail. Mais ne vous y trompez pas. Il ne s'agit pas d'une autobiographie. Certes, il est vrai que j'y parle à la première personne (d'ailleurs, je le fais encore en écrivant ces lignes). Mais le but n'est pas qu'on se souvienne de moi. Je n'en ai pas besoin, car j'ai aimé. Et c'est là la principale utilité de cet ouvrage : présupposer un mode de vie qui puisse nous extraire de toute douleur. Considérez cela comme un traité de philosophie, une réflexion sur la beauté, un innocent recueil de poèmes. Comme vous le désirez. Mais ne retenez qu'une chose : il y aura de la vérité là où vous choisirez d'en mettre, du bonheur là où vous désirerez qu'il soit. Le peine vient, mais notre état d'esprit seul peut nous sauver. Eva ne vit plus. Mais pour moi, elle n'est pas morte. Je l'ai tuée, mais elle le voulait. Même si les juges –car il y aura toujours autour de nous des juges, des tribunaux, des échafauds- se sont ingéniés à me faire croire le contraire. Je ne suis pas triste, et je suis innocent. Car je le veux. Et n'oublie pas, toi lecteur, qui que tu sois, que je suis libre car j'ai choisi d'aimer, ma femme, ma sœur, et toi, homme, femme, vieillard, enfant, victime, assassin. Ainsi, nous vivons. Je t'aime. ****************************************************************
Cette fois-ci, c'est vraiment fini. Je me suis enfin décidé à refermer ce livre, ce journal, que j'ai tenu depuis mon arrivée à Sadismus. Ce qui va se passer dorénavant ne concerne que Dieu, Eva, et moi. Je dépose mon stylo noir à côté de moi, et me saisis d'une petite enveloppe de kraft. Je l'ouvre, et en vérifie le contenu. Je vérifie si chacune de mes photographies est là. Dont une série particulière. -Il y a cette blanche main de femme qui étreint un barreau sombre, rouillé, mais sans violence, en une attitude paradoxalement sereine. Il y a ces deux mains en sang, aux ongles cassés et sales, posées sur les carreaux humides de la salle des douches. Jointes par les pouces, elles écartent leur doigts ainsi qu'un oiseau prêt à s'envoler. L'eau dilue une vague ombre sanguine, autour de la scène. Il y a cette main dont les doigts s'enfoncent dans une gorge fragile, rougissant la peau, meurtrissant la chair, menaçant d'une matraque posée sur l'épaule d'un détenu pourtant souriant calmement (ne me demandez pas comment je suis parvenu à me saisir de cette image). Il y a cette main sombre qui égrène un chapelet blanc. Il y a cette main qui retient ce bras armé. Il y a cette main qui caresse une joue amie.- Satisfait, je finis par ranger le nombre assez appréciable de clichés dans l'enveloppe. Néanmoins, j'en conserve une. Une seule. Je la retourne, l'appuie sur le banc, et reprends une dernière fois mon stylo. Mon dernier mot. "Merci." Je contemple une dernière fois l'image. De forts contrastes, entre des tons chauds, et un noir parfait. Il y a ces mains clairement relâchées par une sommeil profond, ces longues mains presque inoffensives en cet instant précis. La lueur jaune d'une lampe de chevet trop faible frappe ces êtres au repos, étend une ombre apaisante sur un avant-bras aux veines clairement apparentes. Le lumière s'accroche finalement à la couleur de quelques mèches enserrées autour de ces bras ainsi que des entraves. La couleur rouge. Etrange vibration. Sentiments mitigés. Je glisse finalement le cliché dans une autre enveloppe déjà annotée du nom de son destinataire, et y ajoute la croix blanche que je portais l'instant d'avant. Une des prises dont je suis le plus satisfait… faite lors de la première nuit. Adieu, Pythagoras. Je souris doucement. En d'autres circonstances, je pense que j'aurais aimé me faire de cet homme un ami. Mais j'ai achevé mon œuvre, terminé le chemin. Je ne peux plus attendre, ni faire attendre ma tendre Eva. Je contemple l'étendue presque parfaitement blanche qui m'entoure. La neige a recouvert le triste gris de cette prison. Mais je vais être forcé d'ajouter une nouvelle couleur à ce tableau… Mes doigts se glissent à demi dans une des poches de mon pantalon, saisissent l'objet désiré, et l'enserrent finalement. Si petit. Si coupant. Un tableau à deux couleurs. C'est presque parfait. Presque. Il en faudrait une autre. Mais je ne suis plus en mesure d'émettre des préférences. Quoi qu'il en soit, mon geste est suspendu. Je ressens une infime crispation dans l'âme, un pressentiment aigu. Certes, mon cœur est fragile, fatigué (dois-je préciser que j'ai cessé depuis quelques jours de prendre ce traitement palliant les défauts génétiques de ma consanguinité, au risque d'être emporté par une crise cardiaque ?) mais il croit savoir une dernière chose. Intuition ultime ? Instinct d'un homme aux portes de la mort ? Quelque chose doit encore arriver. | |
| | | Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Re: Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] Jeu 10 Juil - 15:51 | |
| Il y a un sourire pour chaque situation, quelle qu'elle soit. Il y a un sourire pour dire merci, un sourire pour dire je t'aime, un sourire contrit, un sourire insultant, un sourire, timide, béat, heureux, joyeux, glacé, satisfait, etc. Autrefois, j'étais maitresse dans l'art du sourire. À une certaine époque, je les connaissais tous et je les utilisais toujours, comme un masque sur mon visage, un masque de politesse, de savoir-vivre. Savoir ce qui s'accorde à quelle situation. Oui, autrefois j'étais experte. Mais aujourd'hui, ce talent utile est devenu un talent inutile car je ne souris plus que pour moi-même ou, si je le fais pour les autres, j'ai du apprendre à donner un sourire à ma voix car, avec ce voile sur la tête, il n'est pas né le prochain homme pourra voir mes lèvres s'étirer. Je ne me faire même plus de sourires dans le miroir, comme au temps de ma jeunesse, car je ne supporte pas de regarder la beauté perdue de mon visage. Bien sûr, la moitié est encore intacte et très jolie, seulement … j'ai beau me voiler la moitié de la tête, je sais ce qui est de l'autre côté. Je sens sans y toucher les reliefs de ma peau brûlée, je les vois quand je ferme les yeux. Nul besoin que quelqu'un d'autre ne voit cela. Je préfère rester la jeune et jolie Brigitte de Francoeur, pour tout le monde. Ainsi, je vis seule dans le petit monde que je me suis créé, dans ce monde où je suis encore la plus jeune, la plus belle, et la mieux éduquée. Certes, ce dernier item est toujours d'actualité : les flammes ne m'ont ravi ni mon intelligence, ni mes bonnes manières, ce dont manquent beaucoup de prisonniers dans cet endroit. Oh et c'est sans parler des gardiens ! Des rustres ! On croirait qu'ils ont été éduqués dans des fermes, derrière la clôture avec les vaches et les moutons. Les cochons, même ! Ils se comportent comme des porcs, aboient des ordres comme des chiens, et sont aussi fiers que des paons, alors qu'ils ont autant de grâce et de classe que des dindons. Il y a bien quelques personnes, ici, qui en vaillent la peine. Je n'ai qu'à repenser à Jefferson qui, pour une raison que j'ignore, a disparu. Lui, il était poli, bien élevé. On l'accusait de meurtre ce qui, selon lui, était faux. Je le crois. Moi aussi je suis innocente, d'ailleurs, bien que personne ne me croie. Mais je sais la vérité mieux qu'eux autres, et c'est tout ce qui m'importe. S'ils veulent voir en moi une prisonnière plutôt qu'une lady, bien leur en fasse. Je ne suis pas dangereuse pour un sou : pour preuve, je ne ferais même pas de mal à un moustique. Parfois je me dis que je ne suis dans cette prison que pour faire plaisir aux autorités qui n'ont pas réussi à mettre la main sur le vrai coupable, qui se sont dit qu'en m'enfermant, ils auraient moins de travail entre les pattes, se fichant bien que le véritable meurtrier soit toujours en liberté à l'heure qu'il est ! La justice n'est plus ce qu'elle était dans mon temps.
Laissant mes pas me guider dans les couloirs, ressassant mes reproches envers le système judiciaire et l'injustice dont je suis victime, je remarque à peine que je m'apprête à sortir de l'établissement pour me rendre à l'extérieur. Les portes s'ouvrent devant moi, laissant voir un paysage de fin d'hiver. Un mince tapis de neige recouvre le sol qui ne sera probablement jamais verdoyant, même au plus fort de l'été et des petits bourgeons commencent à montrer le bout de leur nez sur les branches de l'immense arbre derrière la grille. Je me souviens être arrivée ici en été : l'arbre était couvert de feuille et procurait une atmosphère rafraichissante à quiconque passait dessous. Il faut dire que lorsque j'étais dans le camion, le soleil plombait dessus et moi, vêtue de noire, recouverte de la tête aux pieds, je mourais de chaleur et d'épuisement. Je me souviens que quand ils m'ont fait sortir, nous sommes passés sous cet arbre. Je n'oublierai jamais le frisson de bien-être que cela m'a procurée et je me suis dit : pourquoi de ce côté, et pas de l'autre ? Ils m'ont fait sortir du côté ombré alors qu'ils auraient très bien pu me trainer sous le soleil de plomb, ce qui aurait d'ailleurs raccourci la marche. J'ai levé les yeux au ciel sous la fraîcheur bienfaitrice de l'arbre, et l'ai remercié en silence. Je savais que je n'entrais pas seule dans cet endroit, je savais qu'Il m'accompagnait, qu'Il ne m'abandonnait pas.
Et maintenant je me tiens debout dans cet air frais du printemps, les yeux levés vers cet arbre que j'ai toujours tant aimé. Bientôt, tu revêtiras à nouveau ton manteau bienfaiteur, peut-être procureras-tu à nouveau cette sensation de bien-être à un autre prisonnier. Je souris, d'un sourire calme, et nostalgique. Chaque fois que je repense au jour de mon arrivée, je repense aux jours d'avant, aux jours où j'étais libre. La liberté qui se trouve juste derrière la grille, pour moi, elle est représentée par ce saint arbre. Je regarde le sol, qui lui ne me rappelle pas mon passé. Ce n'est que cet arbre qui me fait cet effet. Pas le sol, pas le buisson, pas les oiseaux, pas la forêt quelques mètres plus loin. Que l'arbre.
Alors que je laisse vagabonder mes pensées de mon premier mariage à mon arrivée ici, une puissante quinte de toux me traverse, m'obligeant à me pencher pour ne pas perdre pied, une main sur la grille. Encore cette maudite toux. Elle m'a encore réveillée cette nuit, avec cette odeur de brûlé et ce goût âcre de fumée dans la gorge. Je ne me souviens jamais du rêve qui précède le retour de cette sensation, mais j'ai tout à parier que ça doit avoir un lien avec l'accident qui a causé la mort de mon ex mari et la perte de ma beauté. Deux regrettables pertes dans une seule soirée, à quelques secondes d'intervalle entre chacune. Quand la toux se calme – mais pas la douleur dans la gorge – je me redresse, passe la main autour de mon cou, le massant avec douceur. Cette douleur est exactement la même que celle que j'ai ressenti lors de l'accident, la gorge serrée par la fumée. Et pourtant, je ne suis pas au milieu des flammes. Alors pourquoi ? Pourquoi cette sensation me revient toujours depuis quelques temps ? Est-ce que c'est un avertissement, pour m'avertir qu'il va se produire quelque drame ? Non, je ne crois pas. Cette prison est un endroit sûr, malgré tous les gens qui y circulent. Cette toux doit être due au fait que les nuits sont fraiches, à l'humidité des cellules… Oui ce doit être cela.
Je reprends doucement ma marche. Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime bien faire le tour de la prison, dedans comme dehors. Il me semble que c'est apaisant surtout dans des moments comme celui-ci, où il n'y a personne d'autre que mon ombre pour me tenir compagnie.
Mais cette affirmation est fausse, je ne suis pas seule. Je le découvre quand je tourne un deuxième coin, quand je vois cette silhouette androgyne calmement assise sur ce banc. Calme et à la fois fébrile : je le sens jusqu'ici. J'avance de quelques pas, car je ne distingue pas ce que tient la personne entre ses doigts. C'est petit, et ça brille. Alors que je m'approche, je constate qu'il s'agit d'un petit couteau. Je frémis. Je n'aime pas les armes. Nous, prisonniers, n'avons pas le droit d'en posséder, et avec raison. Mais les gardiens ne le devraient pas non plus. On ne soigne pas la violence par la violence. On la comprend, on l'écoute, on la serre dans nos bras, on lui sourit et on l'arrête calmement. Je m'approche doucement. Cette fébrilité … Cette personne a soit le désir de tuer quelqu'un, soit celui de se tuer elle-même. Même sous mon voile, je sais qu'un sourire ne sera pas de trop, même s'il passera inaperçu. Dans la voix, cela fait une différence sensiblement notable. Je m'approche de cette personne qui ne semble pas me porter d'attention. Je parviens jusqu'au banc où elle se trouve. C'est un homme, je constate après une observation minutieuse. J'ai rarement affaire à des androgynes.
-J'ignorais que l'on pouvait se procurer ce genre d'objets dans la prison, je dis doucement. Comment l'avez-vous obtenu ?
Rien à dire sur la météo. Il n'y a que les gens non éduqués qui parlent de la météo pour démarrer une conversation. Autant y aller droit au but. Et sans attendre qu'on m'y invite, je m'assieds à côté de l'homme, le visage voilé tourné vers le couteau entre ses mains.
listening to the Cranberries - Desperate Andy | |
| | | Anastasiah H. Von Stern 704704 Blanche Colombe
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| Sujet: Re: Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] Sam 19 Juil - 12:56 | |
| Il me semble que le vent se lève. Où bien n'est-ce que mon égarement. Ma lassitude. Ma soudaine perdition. Que m'arrive-t-il…? Seigneur. Seigneur, non. Pas maintenant. Il est temps de me laisser partir. De me laisser la rejoindre. Je ne veux plus d'épreuves : j'ai déjà tout vécu. Voyez…: Il me semble déjà n'être plus que l'ombre de ce que je fus. Ce qui est moi a déjà quitté ce monde-ci… Ce qui est moi est déjà là-bas, à ses côtés. Et tout mon être ici présent, résidu encore palpable d'une existence comblée, tend à rejoindre cette essentielle partie. Mon intégrité. Laissez-moi la retrouver. Ici, et maintenant.
Alors pourquoi ? Pourquoi cette crispation infime, ce souffle à naître, ce vague sentiment d'un Inachevé ? L'instant d'avant, j'en suis certain, je ne sentais en moi que cette douce béatitude, cette ultime conviction d'un départ sans regret aucun… Oui, j'allai partir en paix, sur cette absolue certitude ! Et pourtant… Seigneur, l'atroce formule pour un homme comme moi… "Et pourtant"… Ainsi se pose le problème. Comprenez-vous ? Je scrute les alentours, et n'y voit pas la moindre fausse note. Le ciel est toujours de ce gris veiné de lumière. Au sol, dans la neige, il n'y a que mes empruntes. Les arbres sont toujours endormis, leur vital fluide secrètement lové au cœur du bois. Mes yeux demeurent ignorants. Mais mon cœur s'agite. J'ai mal. Pourquoi ?
Je baisse lentement les yeux sur la lame, dans ma main. Papillon coupant, momentanément endormi. Il n'y a rien, Anastasiah. Il n'y a rien. C'est ce que je me répète, fébrilement, désespérément même. Ma main gauche se pose sur ma poitrine. A gauche. Crispation. J'en gémirais. Ne me frustrez pas… Pas maintenant.
Mais la douleur laisse progressivement place à l'étonnement. Mes lèvres, bleuies par un froid bien réel, forment quelques mots. Mais ils demeurent inaudibles. Le souffle m'a abandonné. Je déglutis, et retente les mêmes paroles. Peine perdue. Il me semble vivre quelque songe. De ceux qui prennent les fous, les enfants, les morts. D'ailleurs, tout cela… Ne le suis-je pas ? Mais Dieu… je ne comprends pas. M'as-tu comblé, m'as tu frustré ? Car ma Troisième Couleur, elle est là, elle est bien là. Mais je ne sais pas ce que cela signifie. Non. Je ne sais pas. Interrogation. J'essaie une dernière fois de sortir mes quatre mots. Succès.
"Etes-vous l'Ange ?"
Je fronce brièvement les sourcils, surpris de ma propre voix. Moi qui ne pensais plus que par le Silence, qui n'espérais ni ne désirais parler… Un instant, je crains de m'être fermé les portes de mon Au-delà. Par ces seuls mots. Par cette ultime déviation. Mais étrangement, je ne me sens nullement menacé de ceci, en sa présence. Cette femme semble ne pas appartenir à la réalité, ne pas la respecter. Alors tout va bien. Elle est peut-être mon songe. Peut-être pas.
Je penche doucement le visage sur le côté, détaillant innocemment la silhouette aérienne, le voile noir, la grâce aveugle. Puis baisse pudiquement les paupières. Ne prenez pas ombrage d'un homme qui n'est pas aussi présent qu'il peut bien le sembler. J'ai un léger mouvement de tête, destiné à rejeter un peu ces cheveux blancs qui obstruent ma vue. Sur la lame que je tiens, mes doigts trop pâles se décrispent. La douleur dans mon cœur est toujours présente, mais redevient supportable.
"Madame… Vous êtes abusée. Ce n'est qu'une simple lame de rasoir. Excusez-moi…"
Je suis réconforté en constatant que mon ton est aussi doux que de coutume. Mais je m'intrigue. Pourquoi donc me suis-je excusé ? Je ne sais. Cela est venu comme ça, sans réflexion. Il y a peut-être pour raison… la douceur des inflexions de sa voix, les précautions qu'elle donne à sa tournure. Ou bien l'incongruité de confronter un mort, et une vivante. Une soudaine crainte étreint mon cœur. Mes yeux se posent sur la lame, puis reviennent à la mystérieuse figure, hiératique statue pourtant dotée d'une aura si gracieuse qu'elle inspire le respect face à ce Féminin, comme sacré. Peut-être le vent, qui agite son voile d'ombre. Peut-être. Avant tout : chasser mon doute, et le sien.
"Madame, n'ayez pas peur de cet objet… Je m'apprêtais simplement à relever mes manches."
Cette explication suffira. Je lui coule un nouveau regard. Certes doux, relativement paisible, mais néanmoins vaguement intrigué. Que signifie t'elle ? N'est-elle que le fruit d'un hasard trop cruel, tout prompt à faire souffrir à un homme pour quelques minutes encore, une existence devenue superflue ? La lame m'échappe, tombe. Sans s'enfoncer. Ce papillon métallique est trop léger. Mais suffisant. Je me penche pour le récupérer. Pince légèrement les lèvres, surpris, en constant que la petite photographie qui se trouvait dans la poche de ma chemise a chu au sol dans mon mouvement. Eva me sourit. Ce n'est qu'un simple cliché. Elle est assise par terre, dans les feuilles, lève son regard bleu –identique au mien- vers l'objectif. Ses cheveux- châtains clair- accrochent partiellement une lumière dorée. Eva. Je ramasse enfin le précieux morceau de papier glacé. Avais-je donc oublié que cette image se trouvait là ? Je ne…m'en souvenait plus. A vrai dire, son visage est tellement vivant à mon esprit, que je n'ai plus le besoin de photographies pour m'en rappeler… Mais cela me fait tout de même plaisir de la retrouver, aujourd'hui. Le hasard ? …Je ne pense pas.
"Madame… Puis-je savoir ce qui a mené vos pas ici, en un tel froid ? Vous allez attraper la mort…"
Si vous me côtoyez de trop. Il paraît que c'est un mal contagieux. | |
| | | Brigitte Francoeur 321781 † La veuve noire †
Nombre de messages : 38 Age : 34 Date d'inscription : 28/02/2007
| Sujet: Re: Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] Mer 30 Juil - 9:53 | |
| Êtes-vous l'ange… Ces quelques mots résonnent dans ma tête pendant un moment, me procurant un sentiment étrange, vague mélange d'appréhension et d'incompréhension. Et en même temps ce soupçon fugace de bonheur d'avoir été prise pour un ange. Mon sourire s'attendrit sous mon voile. L'ange. L'ange de quoi je ne saurais le dire. Toutefois je suis consciente qu'il n'y a pas de réponse possible à cette question. Je ne fais que hocher doucement la tête, sans toutefois que ce moment ne signifie une confirmation de sa pensée. Observer cet homme se révèle être une tâche moins aisée maintenant que je suis assise à son côté. Aussi je garde le regard fixement posé devant nous, comme si la conversation qui allait suivre ne faisait que partie d'un film, de quelque chose qui n'est qu'à demi présent. Du coin de l'œil, entre deux pans de voile, je le vois rejeter ses cheveux de devant son visage, geste anodin, alors que je sais très bien que rien de ce qu'il a pu penser avant mon arrivée n'était anodin.
Il me dit que je suis abusée, que ce n'est qu'une lame de rasoir. Certes, mon brave, mais habituellement, ces objets se trouvent et restent dans les trousses d'entretien, ou alors se tiennent dans les salles de bain. Pas dans une main qui se veut ferme et décidée, dans la cour d'une prison, au froid de ce matin. Toutefois je ne dis rien. S'il lui plait de croire que j'achète ses paroles, bien lui en fasse. Je ne suis pas ici pour le contrarier. J'étais ici pour marcher, penser. J'aurais tout aussi bien pu passer mon chemin en le voyant et continuer de me mêler de mes affaires. Mais je suis comme cela, douce samaritaine qui s'approche de chaque être dans le besoin, même ceux qui affirment le contraire.
Ses prochaines paroles me glacent le sang, même si elles avaient ce ton qu'on utilise pour rassurer les gens. Simplement relever ses manches ? Pourquoi – par la grâce de Dieu – relèverait-on nos manches avec une lame dans les mains si ce n'est que pour trancher le mince fil carmin qui nous rattache à la vie ? Je pousse un doux soupire, hoche la tête. Je le regarde se pencher pour ramasser la lame qu'il vient de faire tomber. Quand j'ai vu cet éclat choir, je me suis dit que j'allais le ramasser pour lui, le tenir loin, pour un instant, de sa vie. Mais je n'en ai rien fait. Je l'ai laissé seul maître de son destin. Il ramasse autre chose, une photographie. Ma tête se tourne doucement vers lui, mon regard descend sur le cliché de cette femme qui sourit. Une femme qu'il aime ? Qu'il a aimé ? Une sœur ? Une amie ? Une femme qui a bousculé le cours de son existence ? Une femme assez importante, en tout cas, pour qu'il désire l'avoir près de lui dans un moment aussi important. Car je sais que cette photo lui appartient, qu'elle n'est pas à un autre prisonnier qui l'aurait laissée tomber quelques jours plus tôt. Je le sais à cause de la façon dont il la regarde, dont sa main tient la photo. Je voudrais lui demander qui est cette femme, mais il me prend de vitesse en parlant, encore, de sa voix trop calme et trop résolue.
"Madame… Puis-je savoir ce qui a mené vos pas ici, en un tel froid ? Vous allez attraper la mort…"
Je pousse un doux soupire, qui se transforme en une quinte de toux force. Attraper la mort ? je songe. Si j'avais à le faire, c'est déjà fait. Cette toux est un mauvais présage. Je rêve sans cesse de ce jour où j'ai failli mourir dans les flammes, je me remets à tousser comme aux jours qui ont suivi l'incident. J'y ai échappé une fois mais je ne pourrai pas le faire deux fois. La mort me talonne, veut me ramener à mon ex mari, à cet homme qui m'a ravi ma jeunesse et ma beauté. Je serre les doigts sur un voile noire de ma jupe, au-dessus de mon genou. Ma toux s'éteint doucement, et je reprends mon souffle avec lenteur.
-Il est des moments où nous avons besoin de nous retrouver loin de l'agitation quotidienne. Je crois que vous pouvez le concevoir, j'ajoute avec douceur.
En effet, si ce qu'il vit n'est pas un moment où nous avons besoin de solitude, eh bien je suis bien sotte. Mais je sais que c'est le cas, que j'ai raison. Je connais cette détresse de l'âme qui nous pousse à la plus extrême des décisions. Cet homme n'est pas le seul à vouloir la fin. J'en ai assez de ce monde injuste où je suis accusée d'avoir commis le crime qui a failli me coûter la vie. J'en ai assez de ce monde où je ne suis plus rien. Assez de ce monde de maladie et de souffrance. Ma place est auprès de Dieu, je le sais, et c'est la raison pour laquelle je ne mettrai jamais fin à mes jours.
-Croyez-vous en Dieu ? je demande.
Question bien banale, mais qui a tellement d'importance, au fond. Moi, chrétienne dévouée, je prône les valeurs de mon Église. Si cet homme veut mettre fin à ses jours, cela ne me regarde pas. Mais j'aimerais au moins avoir la conscience tranquille d'avoir voulu être d'un secours quelconque. Je suis comme ça. Depuis toujours. Bonne. | |
| | | Anastasiah H. Von Stern 704704 Blanche Colombe
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| Sujet: Re: Blanc, Noir... Rouge ? [pv Brigitte] Lun 18 Aoû - 15:22 | |
| HRP : Ambiance"-Il est des moments où nous avons besoin de nous retrouver loin de l'agitation quotidienne. Je crois que vous pouvez le concevoir." J'acquiesce lentement. Que pourrais-je faire d'autre ? Il n'est pas besoin de paroles supplémentaires, et son ton est si doux… Qui est cette femme ? Je n'ose pour l'instant lui demander son nom. Même, il m'importe peu de le savoir. Mais non pas par mépris, ou par désintérêt. Comprenez : dans l'état d'esprit qui est le mien, qu'est-ce que la curiosité ? Rien, si ce n'est un pont tout vibrant de larmes vers un futur que je ne m'autorise pas. Ces choses-là m'ont quitté. Et il n'est pas de retour possible. Comprenez. "Madame… Si je crois en Dieu ?"Mon ton emprunt d'une douce lassitude ne reflète en rien l'étonnement que suscite en moi sa question, si subite, si entière. Je lui parle suicide, elle me répond religion. Le message est clair. Craignez-vous pour mon âme, vous que je ne connais pas ? Peut-être n'êtes-vous même qu'une apparition, un songe. Ou même… pourquoi pas… l'Ange, tout de même. Créature céleste, esprit très-haut, lumière miséricordieuse. J'avise le voile noir. Peut-être est-ce là quelque aérien envoyé, chargé de retenir la main sacrilège toute prête à s'ôter, ô péché parmi les péchés, l'étincelle divine qui anime son corps de chair, et de sang. Chercheriez-vous à me préserver d'un enfer auquel je ne crois pas, vous dont je ne vois ni les lèvres, ni les yeux ? "Je crois en Dieu autant que je crois en la vie, en l'espoir, et en l'amour, tous trois créés par Lui et pour tout être volant, rampant, nageant, de ce monde-ci, et des autres. Voici en substance, Madame, l'essence de ma foi."Ma voix, réduite à un murmure sur les derniers mots, s'éteint tout à fait. Je suis surpris par ces mots qu'elle m'a fait prononcé, et par-là même en quelque sorte soulagé. S'entendre organiser par la parole ses propres pensées, ses propres croyances, est une précieuse manière de les comprendre plus avant. Mais en matière de compréhension, cette femme ne doit pas forcément me suivre. Je suis peu clair. Du moins, pour un catholique fervent. Je décide de mettre un terme à ma vie, c'est un choix que j'assume, mais que l'Eglise réprouve. Je suis, pour elle, un damné. "Mais si je crois en Dieu, et si je crois en l'Homme, je ne crois pas en l'Homme qui crée Dieu. Je ne reconnais pas l'existence de ce que vous semblez craindre pour moi."Je formule ces paroles, certes avec douceur, mais avec conviction. Je ne veux point soulever de débat stérile, je n'en ai pas les moyens, pas maintenant. Je me tourne légèrement, de façon à pouvoir la regarder plus commodément. Latence. Mes yeux détaillent la gracile silhouette noire, aux contours si nets, si sûrs, se détachant de cette étendue neigeuse… J'esquisse un gentil sourire. Etrangement, cette compagnie ne me dérange pas. Ne me perturbe pas. Je sens même, quelque part au fond de mon cœur, comme une forme de sérénité, à sentir cet âme à mon côté. Même si le temps me manque. "Mais Madame… Pensez-vous que l'enfer soit si réel ? Imaginez, imaginez que le Paradis vous soit accordé. Quel Juste accepterait de voir un de ses frères, une des ses sœurs, condamné à la souffrance éternelle en châtiment de ses fautes, alors que Dieu nous apprend l'amour, le pardon, la compréhension ? En vérité, si je crois en Dieu, je ne crois pas en l'Eglise."Nouveau sourire. Une aube d'été en ce froid matin hivernal. Mes paroles m'arrachent à mes propres frissons, ouvrent mes yeux sur la beauté de ce que je peux voir, le voile noir, l'étendue neigeuse, la sérénité. Et cette neige je me prends à la désirer plus ardemment encore. Je voudrais me sentir vivant, plus vivant encore, pour qu'à l'instant fatal, je ne regrette rien, et me souvienne avec tendresse des cadeaux de la vie. Je cille doucement, inspire calmement, avant de me pencher, et de défaire mes lacets. Débarrassé du superflu, je pose mes pieds nus dans la neige. Délice d'une sensation exquise par sa nature même : le lien qu'elle établit entre notre âme, et la réalité de ce monde. Un miracle quotidien. Je glisse mon index sur le bouton supérieur de ma chemise. "Cette dernière, l'Eglise des Hommes, me dit que j'ai fauté. Trois péchés, méritant juste punition. J'ai épousé ma sœur, je l'ai tuée, et maintenant, je me tue, moi."Le tissu glisse sur ma peau, et choit sur le banc de pierre. Je me saisis de ma chemise, la plie précautionneusement. Ma peau blanche, par endroit rougie par le froid, frissonne. Je ferme les yeux, profite du moindre flocon s'écrasant contre mon torse. Oui, c'est ainsi que je veux mourir. En sentant cette Terre me quitter, en prenant le temps de lui dire adieu, sans regret, avec amour. "Mais mon cœur me dit autre chose : que j'ai vécu avec la femme que j'aimais, que j'ai mis un terme à ses souffrances comme nous en avions convenu entre nous, et que maintenant que toute mon œuvre est achevé, que tout ce que j'ai pu donner à ce monde a été donné, je quitte cette Terre avec laquelle je n'ai plus rien à voir, et je rejoins ma femme, et mon Dieu."Je pose mes mains sur le banc, écarte les doigts, bascule la tête en arrière en fermant les yeux. Je sens mes cheveux glisser dans mon dos, s'agiter légèrement sous le vent. Je suis complètement transi. Et en jouis pleinement. Quelle admirable sensation… admirable parce que sensation… Je me sens à nouveau en paix. Une pensée. Je rouvre les yeux, tourne la tête, pose mon regard sur elle. "Je vous en prie, Madame, ne tardez pas de trop à vous mettre au chaud. Votre toux."Mon expression demeure neutre, mais je ressens une vague culpabilité à voir cette femme, ici, sous cette neige. Cette toux, cette rocaille trop profonde, trop puissante… Sur l'instant, lorsque cette chose la prit, je demeurai perplexe, figé, inquiet. Brutale souffrance qui crispa une si hiératique figure. Mon regard glisse sur ma peau glacée. La rougeur commence à laisser place à un certaine nuance bleutée… Mes mains perdent peu à peu de leur sensibilité. Je dois me hâter, si je veux être en mesure d'accomplir ce pourquoi je suis venu. Une légère appréhension me prend. Si ma main était trop faible, engourdie qu'elle est par le froid ? Hâtons-nous, hâtons-nous… Mais avant, pensons à elle. Je me penche sur le côté, du banc, pour me saisir de la chaude veste de détenu que je me refusai à porter tantôt, mais qui me permis de transporter ici toutes les affaires nécessaires. D'un geste le plus respectueux possible, je me penche sur elle pour déposer sur ses noires épaules le lourd vêtement. Mais au lieu de me retirer sur la champ, ainsi que la convenance l'exigerait, je m'attarde, et glisse quelques mots son oreille dissimulée. "Vous que ce deuil afflige, ne vous accablez pas d'autres maux. Rentrez vite, souriez, prenez soin de vous."Et, clôturant ce bref apporté, je dépose sur le voile noir, sur sa joue protégée, un chaste baiser de mes lèvres bleuies par le froid. Un dernier regard aimable, et je me rassieds convenablement, tournant le regard vers le ciel. Mes doigts glissent sur le banc, et sans l'aide de la vue, se saisissent de l'objet désormais connu. Je souris aux nuages. "Je m'appelle Anastasiah Hernani Von Stern. Et vous ?" | |
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