Sadismus Jail Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus. |
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| Look In My Eyes... | |
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Pythagoras de la Flaam 3046 Aristo Sadique
Nombre de messages : 891 Age : 41 Localisation : Quelque part dans les couloirs Date d'inscription : 11/04/2007
| Sujet: Look In My Eyes... Mar 3 Juin - 8:58 | |
| Alors voilà... C'est juste le début, c'est même super court et ce n'est qu'un premier jet écrit en un quart d'heure...Look in my eyes… Ou l'histoire d'un phénix dans une prison de flammes. Par Pythagoras de la Flaam. Prologue.Il y a quelques semaines, mon biographe est venu me rendre visite dans le chalet où je me suis retiré à quelques kilomètres de la capitale. Je me souviens encore de vos réactions quand j'ai décidé d'abandonner mon poste au profit de mon fils. Ce n'était pas mon départ qui vous a le plus choqué mais le fait qu'il soit aussi anticipé et définitif. Mais j'avais besoin de repos. Je n'ai jamais vraiment été fait pour ces fonctions politiques. J'avais besoin de retrouver une paie relative. Beaucoup d'entre vous sont venu me voir, me demandant d'assister aux présentations officielles, de revenir en ville, de quitter mon exil. Mais il n'y a que là que je me sens bien. Au milieu de ces souvenirs heureux. Dans ce chalet montagnard, calme, où je ne me sens pas seul. Vous savez, il me manque terriblement… Non, vous ne pouvez pas savoir, je n'ai jamais osé vous le dire. Vous m'aimiez tellement, j'avais peur de vous décevoir. Je me doutais du sujet de la venue d'Eric. C'était tellement évident. J'étais même surpris qu'il ait résisté si longtemps à me poser cette question. J'en ai donc déduis qu'il avait cherché à trouver par lui même, en vain. Plusieurs périodes de ma vie sont des zones d'ombres que rien n'éclaire. Plusieurs fois, déjà, il est venu directement me demander des explications et plusieurs fois il est reparti frustré par ce que je lui avais révélé. Je ne sais pas pourquoi Edward a voulu faire écrire ma vie à un auteur mais je ne suis pas capable de lui refuser quoi que ce soit. Enfin, si, j'ai une petite idée. Il ne me connaît pas et depuis que je fuis les contacts publics, il s'en rend compte encore plus. Avant, il y avait cette image de moi qu'il pensait connaître un peu. Maintenant il est perdu. Je lui dois bien ça. Eric, mon biographe attitré, est donc arrivé dans l'ancien bureau de Stephen que je me suis approprié et, après les civilités d'usages, il s'est lancé à l'eau : "Votre Altesse, je n'ai rien trouvé sur ce que vous avez fait pendant l'année 1996. Ou plutôt, j'ai récolté des documents indiquant que vous n'étiez pas au château avec le Grand Duc Stephen alors que vous étiez censé y être. Puis-je me permettre de…" Devant mon sourire calme et désolé, il avait laissé sa question en suspens. L'année 96 était la plus importante de ma vie, celle qui avait fait de moi ce que j'étais devenu par la suite, mais… "Ce que j'ai fait durant cette année… Je pourrais vous le dire, mon ami, mais cela ne peut figurer dans une biographie officielle." Curieux de nature, il me demanda de lui expliquer tout de même. Je lui avait déjà narré toute mon enfance, ma rencontre avec Stephen, ma vraie relation avec lui, les dessous obscures des loisirs de la famille De La Flaam. Mais il ne pouvait pas se douter. Stephen m'avait nommé son héritier officiel cette année là, il aurait été logique que je sois à ses côtés. Eric m'avait raconté qu'il avait parlé avec mon aînée et que celle-ci lui avait posé un grand nombre de question sur le fête organisée par Stephen à cette occasion… Sauf qu'il n'y avait pas eu de fête. Naïvement, ma fille pensait que j'avais eu droit aux même honneurs que ce que j'avais offert à Edward. Mais ce n'était pas le cas et Eric s'était rendu compte qu'il n'y avait aucun documents relatif à ce moment pourtant généralement fêté (même en petit comité). Il voulait connaître la vraie version des faits, celles qui n'était pas racontable… Nous avons alors parlé pendant les plusieurs heures qui ont suivi. Les premières heures ne furent emplies que par ma voix calme et nostalgique se fondant parfaitement dans le décor couvert de boiserie du cabinet de travail. Mais ensuite, la discussion devint très animée car, bien qu'il connaissait les parties les plus secrètes de mon existence, ce que j'ai fait cette année là ne pouvait que l'intriguer et le pousser à me harceler de question. Bien sûr, il comprenait la raison de cette ombre dans mon histoire officielle mais il était frustré, une fois encore, de devoir cacher une part si importante de ma vie. Nous savions tous les deux qu'une telle facette un monarque était à la fois intrigante et effrayante, pourtant il voulait que les gens le sachent, qu'ils le lisent, qu'ils comprennent. Surtout que ce n'était pas la première fois qu'il était obligé d'omettre ou de détourner une partie de ma vie pour qu'elle soit acceptable dans un ouvrage officiel. Je pense qu'à l'heure où paraîtront ces lignes, son œuvre aura été publiée avec beaucoup de publicité en tant qu'ouvrage officiel encouragé par Edward. Vous aurez donc pu découvrir qui était ma mère, apprendre que je n'ai été reconnu que tard et suite à un double drame par mon père, lire une partie édulcorée des mes errances de jeunesse et explorer les dessous de mon règne… Vous aurez appris mes relations tendues avec mon père, mes doutes, mes réussites, la version joyeuse de mon mariage parfait bien que tardif… Tout ce qui me montre sous un aspect flatteur ou attendrissant… Eric aura fait du bon travail, j'en suis certain. Mais il voulait faire beaucoup plus. "Laissez-moi écrire une biographie non-officielle une fois que j'aurai fini celle-ci, Monseigneur !" Il avait un tel enthousiasme. Mais je ne me suis pas départi de mon sourire calme. Cette habitude a tendance à désarçonner au premier abord, mais Eric et moi avons tellement parlé pour l'élaboration de son travail qu'il ne se laissait plus avoir par mon calme troublant. Pourtant, je ne pouvais le laisser faire. Avant d'être un biographe, c'était un romancier qui m'admirait particulièrement. Je savais qu'il atténuerait les choses, me montrerait sous mon meilleur jour et ce n'était pas ce que je voulais. Je ne suis pas une victime. Ce que j'ai fait, je l'ai fait en toute connaissance de mes actes. Depuis qu'il venait me parler, qu'il avait retourné des souvenirs tristes ou douloureux, je savais que nous finirions par parler de ça, j'y pensais souvent malgré moi. Finalement, je lui ai répondu : "Je préfèrerais écrire les parties sombres de ma vie avec mes propres mots…" Le sujet était clos et je venais d'énoncer à haute voix l'idée qui me hantait depuis qu'il avait commencé ce travail sur moi : écrire mes mémoires. Le récit d'un homme blessé, de ses peurs, de ses doutes, de ses échecs, mais aussi de ses joies et de ses victoires. Pourquoi maintenant, me direz-vous ? Pourquoi si tard ? Parce que ces choses devaient rester secrètes mais que ça n'avait plus d'importance, désormais. Ce que j'étais ou avais été ne pouvait plus nuire à personne. Pas même à mon héritier et encore moins à mon Pays. J'avais besoin de dire ces choses car elles m'avaient pesé trop longtemps, je voulais les partager, je voulais enfin m'en libérer. Mais ce n'était pas que par égoïsme que je souhaitais poser ces évènements sur papier, c'étais aussi par respect. Par respect pour Stephen, l'homme qui m'a sauvé et par respect pour Edward, l'enfant qui ne sait rien de moi. J'ai bien compris pourquoi il avait demandé cette biographie officielle, je n'ai jamais été proche de mon fils. Il m'a toujours réclamé mon amour et pourtant je me suis montré froid et distant avec lui. Non seulement j'étais incapable de lui donner quelque chose dont j'ignorais tout mais j'étais aussi, et surtout, effrayé par ces on-dit qui assurent qu'on reproduit toujours le schéma de nos parents… Et je ne voulais en aucun cas lui faire subir ça. Bien sûr, tout ce que je vais écrire ne sont pas des excuses pour ce que j'ai fait ou non, ce sont, au mieux, des circonstances atténuantes. Aujourd'hui, il est temps d'expliquer tout cela, de rouvrir des blessures qui ne se sont jamais complètement fermées. Je vais vous raconter l'histoire d'un enfant qui n'était pas désiré. Un bâtard qui pourtant est devenu le dirigeant d'un état. Un garçon qui a toujours haït le nom qu'il portait sans pouvoir se résigner à le renier. Un homme blessé errant dans un monde trop grand pour lui… Son Altesse Royale Pythagoras de la Flaam, Grand Duc du Luxembourg, Duc de Nassau, Prince de Bourbon-Parme, Comte palatin du Rhin, Vicomte de… blablabla… Pyth.
Dernière édition par Pythagoras de la Flaam le Lun 16 Juin - 8:09, édité 1 fois | |
| | | Pythagoras de la Flaam 3046 Aristo Sadique
Nombre de messages : 891 Age : 41 Localisation : Quelque part dans les couloirs Date d'inscription : 11/04/2007
| Sujet: Re: Look In My Eyes... Ven 6 Juin - 18:04 | |
| Chapitre 1 : Servitude
Pythagoras, le fils de Méline. Je n'étais rien de plus pendant les premières années de ma vie. Je n'ai pas su tout de suite ce qu'était un père et je n'ai jamais compris à quoi ça servait. Je n'avais que ma mère. Elle était mon univers, ma réalité. Pourtant, elle n'était pas souvent là. Je restais seul, toute la journée, dans sa chambre, à l'attendre. Cette pièce minuscule, je la connaissais tellement que je suis capable de la revoir dans tous ses détails en fermant les yeux encore aujourd'hui. C'est une petite chambre avec un matelas posé à même le sol. Il y avais une petite table basse au pied du lit et une armoire contre le mur opposé au lit. Elle n'était pas parfaitement rangée, mais c'était chez moi. Dans un coin, un lavabo nous servait à faire notre toilette. Méline mangeait avec les autres esclaves et me rapportait de quoi me sustenter parmi les restes. Je n'étais pas gros à l'époque. Pas grand non plus, étrangement. Mes journées n'étaient occupées que par une seule activité : étudier. Je ne sortais jamais de cet espace restreint, je n'avais jamais vu aucune autre personne de la maison. Ma mère me parlait de ses collègue, d'un autre garçon un peu plus âgé que moi, du Maître et de la Maîtresse. Et moi, je restait là, enfermé, et j'apprenait tout ce qu'on voulait que j'apprenne. Seul. Le Maître souhaitait que ses serviteurs soient éduqués m'avait-on dit.
Le Maître.
Il s'agissait de mon père, mais je l'ignorait à l'époque. Je ne connaissais même pas son nom. Ma mère était servante à son service et mon père, comme tout les De La Flaam, usait d'une grande violence envers ses employés qui étaient, en réalité, plutôt des esclaves. Pourtant, elle ne disait jamais de mal de lui, jamais un mot plus haut que l'autre. Elle le respectait plus que tout… et je crois bien que c'est parce qu'il lui avait permis de me mettre au monde. Comme les autres servants, ma mère portait sur le dos un grand F calligraphié. J'avais eu l'occasion de le voir à plusieurs reprises et il était blanchâtre comme une cicatrice, pourtant il m'avait parut qu'il lui faisait encore mal alors qu'il était présent depuis des années. Mais l'esclavage est une plaie ouverte dont on ne guérit jamais…
Méline, malgré sa condition, était une femme d'une très grande beauté. Il fallait au moins ça pour que le Prince trompe sa femme. Elle avait une peau très douce et des bras chaleureux. Sa silhouette était très fine parfois un peu trop à mon goût, mais elle ne se départissait jamais de son sourire calme. C'était une femme douce et patiente, obéissante aussi. Très discrète. Nous dormions ensemble et sa tendresse me rassurait, elle créait pour moi un monde de bonheur et de joie. Je l'aimais plus que tout. Ses longs cheveux étaient aussi rouges que les miens mais parsemés de reflets blanchis. Elle n'était pas vieille, mais son travail était harassant. Les esclaves ne vivent jamais trop longtemps…
Souvent, elle me parlait de son amie, Annie. Elles étaient arrivées en même temps au service du Maître et avait donc fait rapidement connaissance. Annie était une infirmière. Grâce à cela, elle avait un peu plus de libertés que les autres mais ça restait tout de même limité. Elle avait épousé un autre esclave, Antoine et ils avaient eu un enfant à peine plus âgé que moi. Maman me parlait souvent d'eux mais ils n'étaient pour moi que les héros d'histoires irréelles. Je n'ai pris conscience de cette réalité qu'à sept ans, quand j'ai commencé à travailler. Gustave avait deux ans de plus que moi. Je le voyais de temps en temps, mais je n'avais pas la possibilité de m'approcher de lui. Apparemment, le Maître ne voulait pas que je devienne trop proche de lui. Avait-il peur de souiller mon sang noble ou craignait-il une rébellion ? Je ne l'ai jamais su.
Je n'avais encore jamais vu le Maître, d'ailleurs… Par contre, j'avais eu l'occasion de rencontrer sa femme. Je ne savais pas pourquoi, bien sûr, mais j'ai tout de suite compris qu'elle ne pouvait pas me supporter. C'était une très belle femme à la silhouette longiligne et aux longs cheveux blonds. Très noble… trop noble. Fière de son statu et certaine qu'elle était destinée à mettre au monde l'héritier du Grand Duc. Bien sûr, elle savait qui j'étais. Elle savait que le sang de son époux coulait dans mes veines. Elle aurait pu me rappeler à ma condition d'esclave, m'ignorer, me repousser, me considérer comme inexistant. Pourtant elle me gardait toujours à l'œil surveillant ce que je faisais, me donnant un autre travail dès que j'en terminais un, m'interdisant de faire des pauses, me menaçant de coups de fouets… Je savais que les servants étaient fouettés, mais ma mère m'avait dit que si j'obéissais, j'y échapperais. En fait, mon père ne voulait pas trop "m'abîmer"…
J'avais brusquement grandi, j'étais maintenant très grand pour mon âge. Mes cheveux étaient d'un rouge tellement brillant qu'on m'obligeait à les garder court, comme pour les dissimuler. Ma peau, elle, était d'une blancheur et d'une finesse digne des gens de mon sang. Mais cela avait un défaut particulièrement gênant… Je me blessait facilement et cicatrisait mal. Mon corps n'était pas fait pour le travail et pourtant j'étais au service de cette femme ignoble. Mon regard, à l'époque, était encore innocent, d'un noisette très clair et déroutant. On m'avait appris à obéir, alors j'obéissais. Qu'aurais-je pu faire d'autre ?
Mon travail consistait en grande partie à faire le ménage et à entretenir les quartiers de la Maîtresse alors que ma mère s'occupait de ceux du Maître. Cette activité physique m'avait fait prendre un peu de muscle et j'avais une allure assez séduisante à cette époque. Pourtant, je passais encore pas mal de temps avec Annie qui pansait mes diverses petites blessures. Ma vie était alors divisée par trois activités principales : travailler, étudier et dormir. Je ne connaissais pas les jeux d'enfants, je ne savais pas ce que c'était. Je n'étais pas malheureux, tout cela était normal à mes yeux. Je ne me posait pas la question. C'était ainsi.
A l'âge de dix ans, Gustave fut marqué. Je n'en avais que huit et ça faisait seulement un an que je vivais l'esclavage. C'était un garçon bien bâti, costaud, qui semblait capable malgré son âge, de tout encaisser. Il avait une tignasse châtain claire bouclée et très épaisse que je jalousais. Je savais qu'il avait déjà reçu des coups de fouet car c'était presque habituel pour les esclaves. Etrangement je ne m'étais jamais vraiment demandé pourquoi je n'y avais jamais eu droit. J'avais aussi entendu dire qu'il n'avais pas été éduqué comme moi, il n'avait pas eu à subir des études… Mais j'étais encore trop jeune pour comprendre, trop naïf pour saisir les allusions et les regards étranges des autres esclaves. Gustave me haïssait alors que je le considérais comme une idole et j'ignorais pourquoi… Pourtant c'était évident. Nous avions à peu de choses près le même âge mais j'étais le fils (même illégitime) du maître ce qui me donnait droit à des clémences qu'il n'avait pas. Sa mère, Annie, était donc infirmière au service du Prince. Et son père, Antoine… Son père, à l'époque, je ne savais pas ce qu'il pouvait faire, mais il était souvent très blessé et devait rester alité plusieurs jours. Aujourd'hui, je sais à quoi il "servait"…
Ce jour là, donc, la femme du Maître m'avait donné un travail à faire à côté de la salle où avait lieu ce moment de torture. Bien sûr, elle avait fait exprès. Et, bien sûr, j'ignorais tout de ce qui allait se passer. Elle m'avait ordonné de nettoyer toutes les vitres de la grande galeries. J'étais obligé de me percher sur un escabeau à la fois dangereux et bancal. J'étais concentré sur ma tâche quand un gémissement arriva à mes oreilles. Je me figeais, quelqu'un était blessé ou avait besoin d'aide. C'était comme une supplique étouffée. Je n'aimais pas ces choses là pourtant je savais qu'elles existaient. Le Maître battait ses esclaves, c'était ainsi. Je me souviens avoir dégluti avec difficulté avant de m'obliger à retourner à ma tâche. Mais quelques secondes après, ce fut un cri déchirant qui empli le couloir. J'avais reconnu la voix et je m'étais précipité vers son origine. Gustave avait besoin d'aide ! Il cria une seconde fois et brusquement j'ouvrais la porte.
Ce que je vis ce jour là est resté à jamais gravé dans ma mémoire. Le garçon était attaché face au mur, torse nu, les bras en croix. Des larmes de douleur coulaient sur son visage crispé. Je n'avait jamais vu Gustave pleurer. Un homme que je ne connaissais pas, avec un scalpel, dessinait sur sa peau le F qui ornait le dos de ma mère. Tout sembla se figer un instant. La scène était terrible. Les parents de Gustave étaient présents mais ne faisaient rien. Ils se tenaient dans son champ de vision comme pour lui donner du courage, dans les bras l'un de l'autre. Annie pleurait elle aussi en regardant son fils. Je devinais qu'elle savait ce qu'il vivait. Personne n'intervenait. Il y avait ma mère aussi. Elle était là, dans un coin de la pièce, tremblante, les mains jointes. Je n'ai pas compris pourquoi, à l'époque, mais il a fini par me le dire quelques années après. Elle lui avait demandé de me reconnaître et de m'épargner l'esclavage et il voulait lui faire comprendre ce qui m'attendait, deux ans plus tard, comme cadeau d'anniversaire pour mes dix ans… Il y avait aussi quelques gros bras pas loin des parents de Gustave et deux autres qui venaient de m'immobiliser violemment pour m'empêcher de courir vers l'inconnu mais dont je ne remarquais pas vraiment la présence.
J'étais comme dans un autre monde, remarquant à peine la réaction horrifiée de ma mère, je fixais sans comprendre le bourreau. Il était encore jeune à l'époque… Je ne le voyais que de dos et déjà il était impressionnant. Il dégageait quelque chose de particulier que je n'arrivais pas à cerner. Il avait un dos assez large, musclé et, sur ses épaules, coulaient de belles boucles auburn. Je me débattais, je hurlais, lui disais d'arrêter. J'étais dingue. C'était la première fois que j'assistais à cette violence dont j'avais deviné l'existence et je ne le supportais pas. L'homme semblait m'ignorer mais il s'énervait et les plaintes de Gustave redoublait. Les gardiens s'étaient rapprochés d'Annie et Antoine pour qu'il ne bougent pas, mais ils ne faisaient rien. Ma mère semblait me supplier silencieusement de me calmer. Soudain, c'est Gustave lui même qui m'ordonna de me taire. Il prononça, dans sa phrase, mon prénom et l'homme leva alors sa lame pour se tourner vers moi. Son visage était dur et son regard perçant. Il me dévisagea avec mépris et s'avança vers moi, le scalpel toujours en main. Je m'étais immobilisé dans les bras des gardes et le défigurait : il me ressemblait. Ou plutôt, je lui ressemblais. C'était discret tout de même, mais c'était présent, indéniable. J'étais le portrait plus jeune de cet homme effrayant. Nos yeux avaient la même forme, je m'en souviens parfaitement. Ma mère, que j'apercevais derrière lui, ne respirait plus, folle d'inquiétude. Il posa sa main couverte du sang de Gustave sur ma joue et me regarda longuement avant de parler d'une voix glaciale.
"Alors c'est toi, Pythagoras… Mon épouse m'a dit beaucoup de mal de toi, tu sais…"
Il sourit, mauvais. Il y avait tellement de menace dans sa voix que j'en eu des frissons d'effroi. Je lisais une haine dans son regard qui me terrifiait. J'ignorais qui était cet homme mais j'étais glacé en sa présence, incapable de faire quoi que ce soit. Puis, caressant toujours ma joue, il reprit :
"Tu es vraiment mignon, il va falloir apprendre à protéger ton visage… Fouettez le !"
Son ordre avait été dit d'un ton de rage et de détermination et il eut sur moi l'effet d'une douche glacée. Ma mère tomba à genoux, en larme, l'appelant "Maître" et le suppliant de je ne savais quoi. Mais je n'écoutais plus. Il y avait trop de chose à la fois. J'allais être fouetté. Déjà les gardes me portaient hors des lieux. J'eu peur, réellement peur, pour la première fois de ma vie. J'avais besoin de ma mère pour me rassurer mais elle fut tenue à l'écart alors qu'on m'entraînait vers une autre salle. J'étais incapable de réfléchir. Incapable d'analyser cet information : je ressemblais trop à ce "Maître" qui venait de me condamner à la douleur. Bien plus faible que Gustave, je pleurais avant même que le supplice n'ait commencé. Il m'envoyait au fouet mais ne s'y intéressait pas. Je n'étais rien. En chemin, je croisais la femme de cet homme abominable et elle sembla satisfaite du sort qu'on me réservait. Pour elle, c'était certainement une victoire, il énonçait clairement que je n'étais pas son fils, rien qu'un esclave comme les autres. C'était lui le Maître ! Son visage mauvais et menaçant hantait mon esprit me faisant trembler alors qu'on m'emmenait vers le lieu de ma punition. Ainsi c'était lui qui contrôlait la demeure, c'était lui qui nous imposait tout cela, c'était de cet homme que je dépendrais toute ma vie. Je crois que je me suis déconnecté de la réalité pendant quelques secondes.
Les premiers coups de fouets me donnèrent l'impression qu'on m'arrachait la peau. Et, par la même occasion, me ramenèrent à la réalité. Hurlant, je me roulais en boule dans un reflexe, protégeant mon visage comme il me l'avait conseillé. Je restais ainsi, les yeux clos, criant à chaque coup et gémissant entre deux pendant plusieurs longues minutes. Je hurlais, je pleurais, mais je ne me débattais plus. J'étais vaincu. Ils m'avaient laissé mon t-shirt et les coups pleuvaient par dessus, finissant par le déchirer en marquant mon dos de profondes raies rouges. J'étais roulé en boule, le dos exposé, les bras couvrant ma tête repliée vers l'avant. C'est pour cette raison qu'il n'a jamais été marqué. Seuls mon dos et mes bras gardent des séquelles de ces séances… Je ne savais pas comment échapper à cette douleur qui me brûlait littéralement le corps. Pourtant, je ne crois pas avoir reçu beaucoup de coups, cette première fois, mais j'ai souvenir d'avoir attendu longtemps avant qu'on vienne me sortir de cette pièce froide où j'avais été abandonné. | |
| | | Pythagoras de la Flaam 3046 Aristo Sadique
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| Sujet: Re: Look In My Eyes... Lun 16 Juin - 16:20 | |
| Quand ils eurent fini leur office, mes bourreaux quittèrent les lieux, me laissant là, ensanglanté, tremblant, seul avec moi même. Il faisait sombre dans cette petite pièce que je n'avais jamais vu. Bien sûr, je ne connaissais pas toute la demeure, mais je n'avais pas idée que certaines pièces étaient réservées à la torture. J'ignorais jusqu'à l'existence du sous-sol. Le temps me sembla infini alors que je pleurais en silence. Puis ma mère arriva. Elle entra dans la pièce et prononça mon nom avec une extrême douleur. Elle s'assit à côté de moi et posa délicatement sa main dans mes cheveux courts. J'avais envie qu'elle me sert dans ses bras mais elle n'en fit rien. J'étais trop blessé. Je voulais me lover contre elle mais j'étais incapable de bouger. Je rêvais de ses bras autour de mon corps mais savais inconsciemment que ce ne serait que douleur. Elle me prit simplement la main pendant que je pleurais et la serra très fort. De sa voix douce que j'aimais tant, elle m'expliqua que cet homme était notre Maître, elle me présenta ses droits sur nous et nos devoirs envers lui. Elle me parla de cette historie de marque… Mais à aucun moment elle ne m'avoua la réalité que j'avais entrevue. Avait-elle honte ? Avait-elle peur ? Lui avait-il fait comprendre que le fait que je sache ne changerais rien pour moi ? Au bout d'un moment, Annie arriva. Elle ne dit pas un mot et vint s'asseoir près de moi. Puis finalement elle rompit le silence pour s'excuser d'avoir mis tant de temps à venir. Ma mère la coupa :
"Ton fils avait besoin de toi à plusieurs titres, je ne peux que te comprendre. Tu as eu tout à fait raison de rester auprès de lui. Je ne t'en veux pas et mon fils non plus, n'est-ce pas, Pyth ?"
La voix de ma mère m'avait semblé plus dure qu'à l'accoutumée à mon égard mais je n'y pris pas garde. Notre infirmière ôtait doucement les lambeaux de tissus collés à mes plaies. C'était douloureux mais ça n'avait rien à voir avec ce que je venais de vivre. J'en tremblais encore, d'ailleurs. Comment aurais-je pu en vouloir à cette femme qui m'appliquait doucement des onguents calmant la douleur ? Non, je ne lui en voulais pas. Je me contentais de pleurer en silence puis je me souvins de Gustave et me redressais brusquement.
"Je suis désolé d'être intervenu, je… Maman vient de m'expliquer, je… je n'aurais pas du… je…"
Mais aussitôt on m'apaisa, on me dit que ce n'était pas grave, que tout allait bien. Je fus bandé et bercé par ma mère. Je crois que je dormais avant que nous ne rejoignons notre chambre. Mais je fis beaucoup de cauchemars pendant les jours qui suivirent. Ma vie avait changé sur beaucoup d'aspects. Je ne recevais plus de cours en plus de mon travail. Fini l'esclave éduqué. J'appris d'ailleurs que Gustave n'avait jamais eu ces études à faire. Pour moi, c'était bien, ça me laissait plus de temps de repos, mais en y repensant, c'est la preuve que mon père m'avait vraiment abandonné. On ne m'interdisait plus de parler à Gustave ni d'être son ami, mais lui ne semblait toujours pas le vouloir. D'ailleurs, j'avais vu la cicatrice encore rouge de Gustave, un soir dans la douche, et je comprenais peu à peu que, deux ans plus tard, je porterai la même… Les coups de fouets augmentèrent au fil du temps et il est triste de dire que l'on s'habitue à la cruauté. Pourtant il était évident qu'il restait des différences de traitement entre Gustave et moi. Je ne m'en rendais pas vraiment compte, mais les allusions concernant ma ressemblance avec le Maître et des soi-disant avantages dont je bénéficiais florissaient. Ma mère n'avait toujours pas confirmé mes soupçons quand à ma paternité, mais j'avais grandi trop vite et j'avais compris… Elle était sa femme de chambre et il était possessif, violent et cruel. Quant à savoir si elle avait été consentante ou non, cela ne m'intéressait pas. Je le haïssais déjà. | |
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| Sujet: Re: Look In My Eyes... | |
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