Tu y crois toi ? [Pv Jeff et Cha]

Les couloirs, les couloirs, je les connais par cœur à force de les faire de long en large. Traversant tranquillement l’allée sombre et vide, mon regard se porte sur différentes entrées. J’ai le choix, soit c’est le réfectoire, la salle commune, la bibliothèque, l’infirmerie, … Ou tout bêtement l’église. Après réflexion, la cantine risque d’être remplie, pareil pour la salle commune, je n’ai pas le cœur à lire un livre et je ne suis pas malade. Compte rendu des choses, nous ne sommes point Dimanche, le jour du seigneur, donc un petit tour dans cette pièce qui m’est encore totalement inconnue ne me fera pas de mal. Comment s’est à l’intérieur ? Bonne question Yoruichi, toi qui n’es absolument pas une croyante, ta curiosité te pousse bien loin. D’un pas décidé, j’ouvre doucement la porte. Que le diable me pardonne de faire usage de l’un des sept péchées capitaux. Stupéfaction, c’est genre comme dans une église moderne en miniature. Crucifix, cierges, bougies, banc, la fameuse croix, statuettes de jésus. Pouf ! Tout pour me donner mal au ventre. J’avance calmement entre les allées de bancs soigneusement rangés les uns derrières les autres, pour arriver au niveau du Christ. L’observant bêtement, je viens lâcher un « tsseuh » accompagné d’un :

-Fils de dieu mon œil.

Non, non, non je ne manque point de respect pour les croyants. Le seul truc que je ne comprends pas, c’est pourquoi ils ont besoin de croire en un esprit qui ne s’est jamais manifesté. Oui parce que pour être terre à terre, je le suis bien. Psychologiquement, l’être humain est con, -autant être rapide dans la chose-, il a besoin de se raccrocher à un dieu. Mais nous, entant que prisonnier en quoi ça peut nous servir ? Clouer ici jusqu’à la fin de notre vie, ou quelques années. Il faut vraiment qu’on soit tout sauf civilisé pour commencer à se tirer dans les pattes.

Cette mini église avait accueilli dans ses entrailles l’alliance amoureuse entre Bella et Ethan. Ben aujourd’hui, elle accueillera la fervente du diable. Quel humour Yoruichi ! Tu m’épates jour après jour. La prison me rend conne et que le bon dieu me pardonne. Je viens m’asseoir calmement sur le premier banc tout à droite. Je n’ai pas besoin de me recueillir, ni de prier pour mes « pêchés ». Je suis ici par simple curiosité. Qui sait, j’allais peut-être pouvoir observer l’un de ces moutons dans ses prières. « Pardonne moi seigneur … ». Laissez moi rire, si la société n’a pas pu vous pardonnez, dieu ne le pourra point. Pour la simple et bonne raison, qu’il a soit disant ‘’ fait l’homme à son image’’. D’après moi, il a légèrement foiré sa copie. Je croise mes bras pour les appuyer contre ma poitrine, les jambes croisées, j’attends impatiemment l’un de mes jouets d’observation.

Cinq, quatre, trois, deux, un … La porte s’ouvre. Je reste calme, donnant l’air d’être en pleine prière. J’entends les pas de cette mystérieuse personne. Je ne me retourne pas pour autant, l’oreille aux aguets.

Tu presses ton bras blessé contre ta poitrine, comme si cette étreinte pouvait te rassurer, te réconforter. Elle me rassure, en effet. Je ne sais quelle idée saugrenue m’est passée par la tête, mais mes pas m’ont transporté jusqu’ici, dans cette pièce sombre et plongée dans un morne silence qui eut tôt fait de me faire frissonner de malaise. Ton regard scrutateur et méfiant sonde les alentours, comme si tu désirais retracer la présence d’un pistolet parmi les colonnes. Depuis cette mésaventure avec cette folle de sœur, j’ai la hantise qu’on me liquide par un simple coup de feu. Tu fabules, mon cher Jefferson. Tu fabules comme un fou. Irrité, je secoue un peu la tête comme pour éloigner ces amères pensées dont les mots résonnent cruellement dans mes oreilles. Puis, je laisse refermer la porte de l’Église derrière moi et sursaute lorsque le battant claque sèchement. Tu détestes les Église.

L’odeur de pureté me soulève le cœur et crispe mes entrailles; l’envie de gerber le peu que contient mon estomac me semble irrésistible, la beauté austère et sinistre de cette petite salle produit un étrange effet en mon être; j’ai le désir de tout réduire en morceaux, de fracasser ces vitrines, de déchirer ces tableaux saints et d’anéantir les statuettes sur l’autel…et de mettre Maybeth sur ce dit autel. Un étrange sourire apparaît sur tes lèvres desséchées, peut-être fais-tu de la fièvre à cause de ta blessure. Peut-être aurais-tu dû te reposer dans ton lit, à l’infirmerie. Non, je devais sortir, marcher et respirer un nouvel air. J’ai cru que je pourrais trouver Maybeth, mais celle-ci est partie depuis quelques jours. Tu hausses les épaules.

Je m’avance, tel un zombie indécis, dans l’allée menant aux statuettes illuminées par une légion de bougies dont la flamme vacille de terreur et m’immobilise dès que mes yeux remarquent la présence d’une étrangère. Celle-ci, avachit avec nonchalance sur l’un des nombreux bancs, fixe un point devant elle, le menton fièrement redressé tout en m’ignorant. Quelque peu perplexe, je m’interroge sur sa présence ici : tout comme moi, elle ne semble pas être venue jusqu’à cet endroit pour prier. Haussant les épaules encore une fois, je poursuis ma route jusqu’à la représentation du Christ et le dévisage, impassible. Sur mon dos, je sens la chaleur des yeux de l’inconnue posés sur moi. C’est presque douloureux.

-Vous aimez les Églises ? je fais, la voix moqueuse. Personnellement, ces endroits me procurent un embarras indescriptible. J’ignore comment font les gens pour leur trouver un quelconque intérêt.

La femme demeure muette, mais j’ai l’impression d’avoir entendu un ricanement, mais cela vient probablement de mon esprit. Les Églises ont le don pour citer tous mes péchés, de les illustrer et me les mettre sous le nez. Mais j’aime mes péchés et la nature de mes actes. Oui, tu les aimes Jefferson.

-C’est même inutile, vous ne trouvez pas ? je fais en me détournant vers la jeune femme.

Jeune, je l’ignore. Je ne distingue pas grand-chose de son physique à cause de la pénombre, seulement sa silhouette.

Bon, disons que j'ai genre passé une journée de merde quoi. Le matin ? Récurage de chiottes dégueulasses. L'après-midi ? Laver un long couloir, puis comme il a plut, des qu'une bande de goliots est rentré de sa promenade, ben ça a tout re-dégueulassé. C'était tellement cynique comme situation, tellement absurde, ces grosses traces de croquenauds boueuse sur un sol que je venais de laver – Tellement récent que j'avais encore la serpillère dans la main – que j'en ai rit, là, dans un coin du couloir. C'est tellement immonde la vie ! Ce que je faisait, en plus d'être humiliant et contraignant, était totalement inutile ! Que voulez vous que je fasse à par en rire ?
Alors je suis partit, en laissant ce putain de couloir aussi sale que je l'avais trouvé, et je suis rentré dans ma chambre. J'ai balancé mon bordel sur mon pieu, j'ai pris une douche, et j'ai enfilé des fringues propres, un jeans et un pull à col roulé acheté chez l'ami Emaüs, puis j'me suis cassé de ce trou où il n'y avait rien à foutre. Franchement, que vouliez vous que j'y fasse, moi, dans ma chambre ? Lire ? Je ne lis pas, je n'y prend aucun plaisir et je n'en ai pas l'habitude. Ma dernière lecture c'était une BD, Joe bar Team, dans une salle d'attente chez le medecin, ça remonte à cinq ans. Regarder la télé ? Trop cher pour que j'en ai une ! De l'ordinateur ? Encore plus cher ! Puis j'sais même pas allumer ces choses là. Niquer ? Faut un partenaire pour ces choses là !
Voilà, maintenant que le fait que je n'ai strictement à foutre à été démontré, je peux poursuivre mon périple dans la prison. Je sais où je vais, parce que j'y vais à chaque fois que je me fais chier. Je vais chez Lui. Pourquoi ? J'sais pas, j'ai que ça à foutre, puis j'aime bien, ça me rassure terriblement. Puis j'me dis que dans le fond, je connais même pas trop ma religion, j'y crois avec naïveté et ignorance, c'est beau. C'est même pas l'idée d'une puissance supérieur ou j'sais pas quoi, c'est juste quand j'étais petit, on m'a dit ça, ça et puis ça aussi, et ça, et qu'il fallait faire ceci et cela et puis ça aussi, donc je le fais. J'ai jamais examiné ce qu'on m'avait dit et répèter avec un regard plus adulte, non, ça me fais trop peur, je préfère laisser ça comme ça. Quitte à avoir l'air super con.
Je rentre dans l'église, petite, proprette, pas grand chose à dire dessus, baaah... C't'une église quoi... Euh... Ben représentation du Christ, chemin de croix, bougie, nef choeur ce genre de bordel. Peu importe dans le fond, je me mets que le coté, dans un coin, pis j'me met à genoux et j'pris bien comme il faut. Je vous sens frissoner à la lecture de mes mots devant l'absurdité de mon geste. Vous voulez quoi ? Des motivations plus profondes pour me justifier ? Une nana m'a demandé un jour pourquoi je croyais à des ( Je cite. ) « contes pour enfant », et je me souviens lui avoir répondu par un long monologue sur comment Dieu m'avait aidé à pas mourir de desespoir, et que j'avais de la foi en un futur meilleur tout ça, mais en plus long et en plus classe. C'était des conneries. Sept ans plus tard, je baigne toujours pas dans un bonheur rayonant, et je ne pense pas que cela vienne un jour, que ça soi d'en haut ou de moi. Merde je fut merde je reste.
Là, une nana rentre et se pose. J'en ai rien à foutre.
Puis, un mec rentre et la rejoint. J'en ai rien à foutre.

Et ils se mettent à ouvrir leurs claques-merde.

BORDEL DE CUL ! Mais on est dans une église putain de merde ! Est ce que moi je viens jouer du saxophone pendant qu'ils chient ? NON ! J'interromps pas leur moment de communion sacré avec mère nature, alors qu'ils me laissent prier tranquille ! Je me lève avec un calme souverain, je rajuste ma veste en cuir avec un air indigné, puis je me dirige à pas rapides vers les deux neuneu et je me met à meugler comme un veau les paroles suivantes, d'un bon goût sans précédent et d'un lyrisme ma foi magnifique :

- BORDEL DE MERDE MAIS FERMEZ VOS PUTAINS DE GUEULES DE CONS ! SI T'AS ENVIE DE TREMPER TA PUTAIN D'TOUILLETTE DANS UN PUTAIN DE TROU, TU TE SERS DE TA PUTAIN DE MAIN DROITE COMME TOUT LE MONDE ET TU VIENS PAS DRAGUER DANS UNE PUTAIN D'EGLIIIIIIIISE !

Le tout en hurlant, la classe.

Toujours ancrée dans le silence, la personne en question m’était totalement inconnue. Il se tient non loin de moi. Par pure politesse, je tourne mon regard vers lui avant de lui répondre. Jeune homme sombre, blessé au bras apparemment. Mon sourire s’élargit un peu quand j’entends son ‘’ inutile ‘’. Bien sûr c’est inutile de croire au bon dieu. Quelle idée stupide d’avoir besoin de lui pour nous ‘’pardonner’’.

-Très inutile même. Vous ne semblez pas être un fervent croyant. Ni même un croyant tout court. Qu’est ce qui vous amène dans la maison du seigneur ?

Un ton un peu moqueur et ironique, j’avoue. Tout en l’invitant à prendre place à mes côtés, je distingue beaucoup mieux ses traits d’homme. Assez élancé, cheveux courts bruns, yeux sombres. Sadismus retient en son entre beaucoup de beaux jeunes mâles ma foi … Je saute un peu les débuts d’une bonne présentation. Dans un léger sourire, bien que forcé, je lui tiens le discours suivant :

-Quel est donc votre nom, très cher ami ? Vous êtes athée je présume ? Drôle de coïncidence de vous voir ainsi en ces lieux … Moi qui attendais la venue plus que probable d’un de ces moutons du seigneur. Ah au faite, appelez moi Yoruichi.

Moutons du seigneur, quel humour flamboyant je pouvais avoir par moment, j’vous jure. En sommes, je suis avec mon égal niveau croyance. Vive nos petits pêchés –sans trop pousser-. Mon intention se porte bien rapidement sur un homme. Il n’avait pas l’air très content le monsieur. Non loin de nous, il commence à beugler comme un vieil âne. Mais qu’est ce qu’il raconte là ? Draguer ?? Je soupire. Voilà donc l’objet de ma venue … Tout en le regardant, je hausse un sourcil. C’est qu’il avait la même tête que Moxie le Monsieur. Avant que mon compagnon non-croyant puisse faire le moindre geste, je me redresse tout en m’approchant de l’autre homme.

-Restez poli dans ma maison du seigneur, s’il le vous plait, n’avez-vous donc pas peur d’attiser la colère de monsieur j-ai-créé-le-monde en moins d’une semaine en parlant ainsi ? Retournez donc à vos prières, nous tacherons de faire moins de bruits.

Tout en lui tournant le dos, je me positionne de nouveau aux côtés du premier homme sur le banc. Bras et jambes croisés, je fixe du coin de l’œil le spécimen. Tout en murmurant à l’adresse de Monsieur Le beau ténébreux :

-Le mouton dans son milieu naturel … Intéressante observation, je trouve. Pas vous ?

Je commence à pouffer de rire. Jouer les fins psychologues dans une église ne me vaut décidément rien. M’enfin puisque je n’avais rien d’intéressant à faire. Autant faire main basse sur ce détail et gober le plus d’information sur le monsieur-qui-ressemble-à-Moxie.

Ma soif de connaissance dépasse bien de nombreuses choses. Je me sens obliger de comprendre. En outre, dans cette situation, comprendre un bon croyant. D’ailleurs l’homme retourne sur ses pas. Je m’attends à le voir faire tout son tchi-tchi devant la statue du Christ, parler pour lui-même. J’en ai déjà l’eau à la bouche de savoir ma fameuse conclusion. Bien que dans le fond, je le savais déjà.

[Pardonnez ce post, j'avais un bobo tête .... ]

L’imbécile, regarde bien son regard venimeux lorsqu’il daigne dépose ses infâmes prunelles sur ta douce personne. Regarde, fixe-le bien ! Comme il est vil, ce bougre de personnage, car vois-tu, il te veut bien du mal. Tu le vois, n’est-ce pas Jefferson ? N’est-ce pas que tu le vois. Constate la colère mugissante qui s’empare de ton âme si corrompue et qui, après ébullition, menace d’exploser furieusement auprès de cet impertinent vulgaire et ignorant. Maintenant, acquiesce au son de mes propos, bien très bien, et abat cette vermine déroutante.

J’hausse les épaules, ou plutôt amorce le mouvement, mais ce dernier ne peut être exécuté sans une vive douleur qui me percute de plein fouet. Soudain, je me sens défaillir de quelque peu et détourne le regard des deux inconnus dont le visage est invisible dans la pénombre. Crispant la mâchoire, je m’empêche d’afficher mon martyr par une grimace ou par un quelconque signe de faiblesse, mieux vaut me faire discret auprès des autres captifs.

-Le mouton dans son milieu naturel…Intéressante observation, je trouve. Pas vous ?

La jeune femme glousse, d’un rire amusé, cristallin, curieusement moqueur. En toute franchise, je ne saisis pas l’ironie dans ses paroles et me contente de sourire faiblement et d’opiner du chef lentement, très lentement. De cette façon, elle sera satisfaite et moi également par la même occasion car je n’aurai pas à creuser mes méninges afin de fournir une réponse acceptable. La dame, avec élégance et gracieuseté, revient sur ses pas et reprend place sur ma droite, croisant une jambe et rejetant un peu sa tête vers l’arrière. Intrigué, je l’observe en plissant les paupières. Mes prunelles suivent sa féminine découpe et s’attardent sur cette belle gorge offerte. Maybeth en possède une tout aussi ravissante. Sucrée, polie, délicate. Parfaite pour recevoir de fougueux baisers. Un sourire bestial étire la commissure droite de mes lèvres et ma langue humide les humecte avec avidité. Tu aimerais la revoir, n’est-il pas ?

Plait-il ?

-Pour en revenir à notre première conversation, avant que Monsieur le Rustre ne vienne tout bonnement nous interrompre, je fais d’une voix exaspérée en haussant le ton afin que l’intéressé capte mes paroles. Eh bien, vous demandiez mon nom, si je ne m’abuse, est-ce exact ?

La jeune femme hoche la tête, les lèvres retroussées en un sourire charmant.

-Je me nomme Jefferson. Toutefois, je ne vous concéderai pas que je sois absolument athée, je crois en certaine chose.

Cependant, mes croyances ne sont pas en relation avec la religion. Dieu, je l’empale en gémissant glorieusement tandis que lui se démène dans ses chaînes aux maillons monstrueux. Oui, Dieu n’est rien mis à part une horrible source d’illusions et de rêveries amères dans lesquelles nous, pauvres humains misérables, pataugeons comme s’il s’agissait d’une marée boueuse. Ce que je peux m’aimer lorsque je débite des images poétiques. Et puis, j’exprime le fond de mes pensées à ma compagne alors que derrière moi, je sens le troisième individu s’échauffer sérieusement ou peut-être est-ce seulement une étrange impression qui me chatouille le creux des omoplates.

[ Désolé. J'arrête de fumer alors faire autre chose que dormir, j'ai du mal. <<" ]

... C'est moi ou ils se foutent éperdument de ma gueule ? Indifférent à ma présence, que j'aurais voulu un peu plus menaçante, ils continuent gentillement de bavarder sur leur absence de croyance respective. Personnellement, le prosélytisme n'a jamais été mon truc, bien que ça sois vivement encouragé dans ce milieu. Alors qu'ils croient que le monde vient des extraterrestres si ça leur chante, j'en ai strictement rien à foutre. Je me détourne de ces braves gens pour regarder brièvement le cliquant propre à une église. Une forme de prosélytisme là aussi, mais plus ancien. « Regarde c'est moi qu'ai le plus beau lieu de culte, viens chez moi ! » Quelque part c'est ridicule, c'est pour ça que j'aime pas trop l'Eglise dans le sens large du terme, d'ailleurs, d'après eux je devrait être en train de souffrir mille morts en enfer ou j'sais pas quoi, déjà parce que je blaire pas le Pape. J'aime pas ce qu'il dit, ce qu'il pense, j'ai jamais pu blairer les extremistes. Puis ensuite parce que je fais plein de trucs quand dans la Bible et bah c'est écrit que c'est pas bien. Bouh pauvre de moi ! Enfin, si on suivait tout

Mais j'aimerais bien prier tranquille.

S'il vous plaît ?

Visiblement y sont pas impressioné par un employé quelconque, et si je sortais un flingue et des menottes, je serais plus crédible ? Peut être pas, mais ils me prendraient peut être moins pour un con. Ca serait bien. Malheureusement c'pas trop mon style, c'est balot hein ? Je fronce les sourcils en entendant le mot «  rustre », de la part d'un mec qui parle fort dans une église, ça surprend. Prétendre avoir des croyances sans respecter celle des autres, c'est un peu culotté. Bizarrement leurs voix sonnent mal à mes oreilles, elle griffent l'interieur de mon crâne. Pour remedier à cette désagréable impression, j'allume une cigarette. J'inspire profondément la douce fumée qui me pique la gorge. Le seul geste de masochisme que je m'autorise, me détruire lentement les poumons en y prennant un grand plaisir, vider mon compte en banque déjà si peu remplit. J'évite de trop y penser, ça fait bibi à l'égo.
J'allais m'adresser au grand con pas-athé-mais-qui-crois-en-des-trucs-quand-même-parce-que-c'est-un-ouf-dans-sa-tête quand soudain quelque chose m'interromps dans mes reflexion pré-gueulande. ( Parce que je suis bien chaud pour hurler de partout en eteingnant ma cigarette dans l'oeil des cons. Pas beau à voir donc tout ça.), et cette chose, c'est mon chat qui m'a visiblement suivit jusque ici. Je le prend dans mes bras et je le bisoute en le gratouillant derrière les oreilles, je sis sur que ça va me rendre sympathique. Enfin ça va me rendre moins crédible du coup.

- Vos gueules, qu'est ce que vous foutez là si les croyants sont des gros cons ? Pourquoi vous infligez leur compagnies de moutons rustres hein ? On vous obliges pas à rester...

Je dis ça avec un regard méchant une, clope à la bouche, et mon chat ronronnant dans mes bras.

Le jeune homme à mes côtés se nomme donc Jefferson. Intriguant et à la fois charmant, voilà ce que je pensais de lui. Toutefois, ne étant pas totalement athée, monsieur croyait à d’autres choses. Allez savoir quoi. Des principes ? Des croyances personnelles ? Cela ne nous ramène pas à l’utopie ? M’enfin là n’est pas la question. Je l’observe rapidement et mieux du coin de l’œil. Des traits d’hommes bien battis composent sa personne, il ne parlait pas beaucoup à vrai dire. Mais cela ne me gênait aucunement, loin de là, le silence est maître … Hm ? Que dis-je, maître ?? Disons plutôt que monsieur-je-crois-en-Dieu est de nouveau venu nous criez dans les oreilles. Dans un soupire, je viens tourner mes yeux d’un brun mielleux sur l’autre homme. Debout tenant ce qui semblait être une boule de poils dans les bras, une cigarette porter aux lèvres.

Il avait raison sur un point. Rien ne nous obligeait à rester, mais sur l’espace de dix minutes, monsieur X avait au moins enfreint trois règles dans une église. La première : Crier au lieu de prier. La seconde : Fumer. La troisième : Avoir un chat noir. Les croyants ne considéraient-ils pas les chats noirs comme une créature du diable ?

Je me tus, préférant laisser agir cette fois-ci mon compagnon Jefferson. Pour répondre mentalement à la question du monsieur au chat, je ne suis ici que pour observer ce genre de ‘’mouton rustre’’, la curiosité est un vilain défaut, je sais. Ce n’est qu’une période, rien d’important hein. Il n’avait pas grand-chose à faire pourtant pour jouer les cobayes. Faire comme si je n’étais pas là et continuer à … ‘’ parler tout seul ‘’.

Un rien m’étonne aujourd’hui –ou presque-. Quand on passe de l’observation des gothiques/sataniques au bon petit chrétien, ça fait un choque. Parlant de choque, le visage de cet homme me rappelle Moxie. C’est impossible qu’ils ne soient pas de la même famille, les moindres traits du visage, les cheveux sombres en batailles, l’air un peu maladif et … Alcoolique. A tout hasard, je me détourne de mon but premier pour venir le questionner.

-Excusez-moi, vous ne serrez pas un parent de Moxie Flanagan ?

Et si il dit oui, je fais quoi ? Il doit avoir les mêmes idées que mon très cher Moxie. C'est-à-dire, être une personne défaitiste qui est sûr d’avoir les malheurs du monde sur le dos. A une différence près, cet homme là semble avoir un peu plus de répondant … Il me ferait presque rire. Mais faute de bonne éducation, je reste passive. J’hormis légèrement Jefferson, le faisant rapidement apparaître dans mon champ de vision pour être sûr qu’il soit encore là. Oui, il est toujours assis à côté. Je me détourne un instant du sosie de Moxie pour porter mon intention sur lui.

-Vous ne m’avez pas dit ce qui vous amène en ces lieux Monsieur Jefferson.

Pour quelqu’un qui n’a pas l’air d’être croyant au bon seigneur, sa venue ici m’était un peu énigmatique.

Dès que l’homme s’est approché de nous, j’ai perçu, dans l’air, l’arôme amer et étouffant d’une cigarette. Alors, j’hume à plein poumons cette écrasante odeur qui me suivait si souvent autrefois. Autrefois…Depuis combien de temps suis-je ici, dans cette saloperie de prison ? Plus de quelques mois … plus d’un an … plus de quelques années bien que mes souvenirs soient flous et difformes. Cependant, je sais que ma dernière cigarette remonte au jour de mon procès, peu avant que le verdict soie dicté devant tous. Depuis, je n’ai pas eu la brillance d’esprit de lécher les bottes des gardiens ou bien de les payer pour une boîte de clopes. Alors, je fixe avec un intérêt tout nouveau cet étranger bourru qui nous dévisage avec humeur, un chat noir dans les bras.

-Vous ne m’avez pas dit ce qui vous amène en ces lieux, monsieur Jefferson, note la jeune femme sur le ton de la conversation.

Tandis que je lance un coup d’œil en direction de l’homme ou plutôt en direction de sa cigarette, j’adopte une autre position plus confortable et vis-à-vis mes interlocuteurs afin de faciliter l’échange. Alors, je me tapote la lèvre inférieure, songeur tout en suivant de mes yeux perçants la fumée grisâtre décrire des lignes sinueuses au-dessus de la tête de l’inconnu. Puis, je pivote mon attention vers le chat qui, ronronnant d’aise, s’endroit tranquillement dans les bras de son maître. Petit, mon père m’avait offert un chat blanc moucheté de gris qui plaisait à Maybeth lorsque celle-ci n’avait pas encore un an. L’animal, quant à lui, adorait ma sœur à un tel point que je le lui ai donné deux mois plus tard. Et puis, un jour, le chat disparut mystérieusement. Un sourire étrange flotte alors sur mes lèvres minces. Même môme, j’étais possessif et jaloux, mais le sort du félin était bien peu comparé à celui du chien.

-Je désirais me repentir, je fais en souriant.

Te repentir. Quelle foutaise. Tu savoures chacune de tes scandaleuses victoires avec délectation tout en fumant un bon cigare alors que tu observais ta misérable sœur agonir à tes pieds. Oui, c’était une très belle époque, n’est-ce pas, Jefferson ? Maintenant, ta propre sœur, celle que tu croyais avoir domptée après tant d’années, te brise l’épaule et disparaît la tête haute. La garce.

-J’ai plusieurs péchés sur la conscience, je concède avec amusement.

Cependant que je ne pense pas que le bon Dieu voudra me pardonner de tous mes odieux actes, actes que j’approuve avec véhémence. Qu’importe pour moi ce Dieu, il n’existe pas.

-Oh, l’ami, je fais à l’adresse de l’homme immobile. As-tu une cigarette pour moi ?

J'allais tourner les talons et partir, honnêtement. Qu'est ce que vous vouliez que je fasse ? Rien. Y avait rien à faire, ce sont des gros cons et moi je suis pas convaincant ni menaçant. Soit, mais j'ai d'autres qualités toute de même, enfin j'estime.
Bref.
Ce qui m'a retenu ? La question d'une jeune femme. Question toute naïve comme ça, auquel je devrais répondre un truc du style « Ah non vous me confondez avec quelqu'un d'autre. » et partir avec un sourire polie au lèvres. Le problème ? C'est que j'en connais un Flanagan, un certain Rodolphe, charmant personnage soit dit en passant. Pour être gentil, je dirais que c'est le résultat de l'accouplement malsain entre un FAF (Pour l'intelligence. ) et gollum (Pour le physique. ). Une brute épaisse avec un cerveau de mouton. Et blond par dessus le marché. Vraiment, le pire con que j'ai jamais vu. Tout petit aussi. Par contre, ce que j'ai retenu chez lui aussi, c'est sa putain de paire d'yeux verts. Mais c'tout, il avait rien pour lui le pauvre gars.
Et c'était mon beau-frère.
C'était, je précise bien, d'une parce qu'il a divorcé de ma soeur y a bien une petit vingtaine d'année, de deux parce que la dites soeur est morte, je me vois plus aucun rapport avec ce type. Enfin si je l'avais sous la main, je lui enfoncerais mon petit poing mou tout droit dans sa gueule. Pusi j'appellerais Faith pour qu'elle m'aide à l'achever, je suis sur qu'elle ferait ça très bien. J'me demande d'ailleurs où elle est là, sûrement en train de tabasser quelqu'un.
J'ai vraiment une famille de traine-la-patte.
Bon, alors, c'est qui ce Moxie ? Ô mémoire défaillante, je t'invoque. Un mec qui s'appellerais comme Rodolphe et qui me ressemblerais physiquement au point qu'une nana me demande si je lui ressemble.... A ce moment là de mes reflexion, le mec me demande une clope. Je lui tend une Lucky Strike en grommelant un vague « merci » qui n'a rien à foutre là. Ouais, réfléchir mobilise tout le reste, et je dis n'importe quoi, quand je vus disait que j'suis un gros con...
Ah, bah le fils de Hope !

...

Pardon ?!

- Mais.... Il a six ans ?! Qu'est ce qu'il fout là ?

Ah putain mais que j'suis con ! C'est vrai en plus qu'il est en taule ici... il a dû grandir, la dernière fois que je l'ai vu, il sautait partout à mon mariage, il finissait les verres de champagne en cachette et vomissait de toute son âme derrière l'église.
Un petit prélude à la suite.
Hope ne savait pas qu'il se droguait, on l'a su parce qu'il faisait des crises de manque dans la maison d'arrêt où ils l'avaient foutu. Elle a pas voulu qu'on lui donne de métadone d'ailleurs, parce ce con est mineur. Oui, il a gardé le nom de son père, d'accord... J'écrase ma clope du pied, et en prend une autre. Je tiens pas à le rencontrer, le gamin, vraiment pas. Qu'est ce que j'aurais à lui dire d'ailleurs ? Il ne se rappelleras pas de moi pas plus que je ne me souviens de lui. Qu'est ce qu'il devient lui ? Toujours pas mort à cause des saloperies qu'il prend ?

- Il... Euh.... Va bien... Mme .... ?

Oui, j'ai l'air passablement troublé, c'est possible. Ben quand même, la terre de la tombe de ma soeur à peine tassée, on m'envoit le neveux dans la gueule. Sachant que je ne l'ai pratiquement pas vu, le gamin hein. J'sais pas, c'bizarre t'vois.
Ca me troue le cul en fait.

[HS: * Pars se cacher * Désolé, rp merdique]

Décidément, l’humour de Jefferson m’étonne. Tout en restant neutre, il trouve encore le moyen de s’amuser en ces lieux. Se repentir amusément … Il n’est pas vraiment sérieux. Du moins, je suppose. Cela ne serait jamais sorti de la bouche d’un fidèle chrétien. M’enfin cela m’est un peu –voir largement- égal.

Jefferson demande au monsieur qui ressemble follement à Moxie une cigarette. Je n’ai jamais aimé ces « choses » là. Je n’y ai jamais touché d’ailleurs. Je risque sans doute de m’étouffée avec la fumer. Et en parlant de fumer, je m’écarte un peu de mon compagnon. Pas envie d’avoir à respirer ça. L’autre bon monsieur par contre, à l’air un peu perplexe. S’il ne connaît pas Moxie ce n’est pas la fin du monde.

-Mais.... Il a six ans ?! Qu'est ce qu'il fout là ?

Six ans ? Je sais qu’il est jeune mais à ce point. Ah mais, réaction ainsi, j’en conclue finalement qu’il le connaît. Enfin du moins qu’il l’a connu étant enfant. Il avait peut-être la même bouille Moxie étant gamin. Rien qu’à imaginer deux yeux d’un vert émeraude … Craquant.

-Il... Euh.... Va bien... Mme .... ?

Je ne comprends pas pourquoi il a l’air si … étonné. Plutôt troublé. De tout évidence et sans hésitation à présent, il le connaît. Grand Diable, pourquoi est tu si bon avec moi pour me foutre quelqu’un de la famille de Flanagan dans les pattes ?! J’espère seulement qu’il n’est pas aussi tête en l’air que le jeunot. Foncer droit dans le mur en somme. Je n’avais pas particulièrement apprécié notre première rencontre. M’enfin. Et s’il allait bien … Bonne question, je ne l’ai plus revu depuis longtemps.

-Je suppose que oui.

J’y crois pas, je m’égare de plus en plus de mon but premier. Je fais la conversation avec le gentil mouton que je suis censée observer dans son milieu naturel. Mais lorsqu’il s’agit de Moxie … Le monde ne tourne plus rond autour de moi. Qu’y puis-je ? Il n’est quand même pas le centre du l’univers ce pauvre chaton. Arf.

-Et .. vous êtes ?

Pas gardien, ni prisonnier … Employé ? Possible. Je me retourne un instant vers Jefferson qui fumait tranquillement sa cigarette. Loin dans ses pensées je présume. Mes yeux se reportent sur l’autre homme. Enfin plus particulièrement sur le chat. Pelage sombre, yeux scintillants. J’ai toujours adoré les félins.

-Et lui comment s’appelle t-il ?

Ils discutent. Ou du moins la dame pose des questions auxquelles le petit monsieur furibond répond avec hésitation ou perplexité. Qu’importe. Il répond en bafouillant. D’après mes oreilles, ces deux personnages débitent à propos d’un individu d’un nom de…En fait, je n’ai pas réellement porté attention à leur conversation plutôt…dénuée de tout intérêt particulier. La femme ne se préoccupe plus vraiment de moi bien qu’elle me lance des coups d’œil furtifs et se détourne trop vite pour que je distingue l’expression sur ses traits. J’hausse les épaules et savoure cette cigarette. Ma toute première depuis mon enfermement à vie dans cette prison ennuyeuse et sinistre.

Au mur devant nous s’élève un autel composé d’ornements simples et peu extravagants qui soutient une statue à l’effigie du fils du Seigneur entourée de chandelles à la flamme tremblotante. Au sol, il y a des mosaïques représentant le monde et au plafond en forme de voûte, des nuages et de petits anges dodus aux joues gonflées. Tous leurs yeux sont braqués sur moi, je me sens transpercé de leur regard profond et immuable. Les crucifix couronnés d’un homme torturé semblent scintiller plus qu’ils ne devraient et sur l’autel, la statue me fixe avec une sévérité parentale. Le même regard de mon père lorsque je commettais une bévue intolérable.

J’en frissonne presque. Si mon père avait été au courant pour les sévices infligés à Maybeth, je serais un homme mort depuis longtemps. Pire, il m’aurait sans doute rejeté, blâmé. Mais ses yeux ne voyaient que très peu de choses. Il ne comprenait pas le tremblement nerveux de Maybeth lorsqu’il annonçait son retour tard dans la soirée, ne saisissait pas la terreur emplissant les prunelles affolées de sa fille quand il suppliait son fils d’amener sa sœur se promener. « Le bon air lui redonnera des couleurs. Ma pauvre chérie est toute pâle.» Pâle, parce que lui, Jefferson Greene, l’avait sauvagement violentée tôt dans la journée. Je souris bien malgré moi, même s’il n’y avait aucune raison de sourire dans ce lieu saint et pur. Je suis même surpris que le bon Dieu ne m’ait pas foudroyé de sa froide colère lorsque j’ai mit un pied dans la petite chapelle.

-Et lui, comment s’appelle-t-il ?

La voix de la jeune femme résonne dans la pièce et se répercute contre les façades. Toujours en dehors de la discussion, je me permets d’adopter une pose désinvolte et pleine d’assurance tout en terminant la cigarette. Je ne garde qu’un œil distrait sur les deux étrangers.