Tête à tête avec Yarell

J’en reviens à mettre ma décision de lui faire visiter la salle de torture en question. Je dois être terriblement fatigué. J’ai peut-être fait une grave erreur! Voyons Ralph, ça ne peut pas être si terrible que ça. Elle a du caractère, c’est tout…Ça ne fait pas d’elle quelqu’un d’insupportable, non?

Rectification. À la seconde où elle me traite d’homo, je sais que je ne peux me tromper. J’ai fait une TRÈS GRAVE erreur. Je sens que ça va être invivable. Parfaitement. IN-VI-VA-BLE. Est-il trop tard pour reculer?

Je suis sur le point de me retourner, d’un air choqué et de lui rétorquer quelque chose…Je ne sais pas quoi exactement puisque j’ai la tendance à ne pas réfléchir avant de parler…SURTOUT quand on remet en question ma sexualité. Mais, je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu’elle m’interromps dans mon élan.

Ça ne la dérange pas…ÇA NE LA DÉRANGE PAS? Et bien MOI, ça me dérange qu’on me prenne pour un gay. Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent entre eux tant que ça ne me concerne ni de près ni de loin! Je la regarde avec un mépris total. Bouche-bée et infidèle à mes habituelles remarques cinglantes, je ne trouve rien de mieux à faire que de lui répondre d’une voix teintée de colère :…

-J’suis pas gay bordel!

Je passe une main dans mes cheveux, soupirant, exaspéré, déjà usé de sa seule présence et du simple bruit de sa respiration.

Je ne dis plus rien du reste du trajet jusqu’au salle de torture, même pas intéressé à engager la conversation avec elle. Rendu au sous-sol, elle pousse elle-même la porte qui mène à la salle qu’elle convoite depuis déjà 2 bonnes minutes. Je reste près de l’encadrement de la porte alors qu’elle explore et fait mumuse toute seule. Moi, j’ai déjà vu cette pièce assez souvent pour m’en avoir désintéressé.

Je crois pouvoir être tranquille quelques minutes et finis vite ma clope. Je suis sûr le point de sortir une nouvelle cigarette de ma poche mais la gardienne, dont je ne connais pas le nom d’ailleurs, revient vite vers moi. Je m’aurais amusé à répondre à cette question si la femme devant moi aurait été une prisonnière ou une gardienne un peu sensible…Mais, elle, elle n’a pas l’air de se soucier du sort de qui que ce soit ce qui rend la chose moins amusante. Donc, c’est un ton las que je réponds.

-Disons que cette pièce, enfreignant une certaine loi éthique, est pas mal utilisé par les gardiens au déplaisir des prisonniers…

Je rigole un peu dans mon coin quand elle demande si je veux m’amuser. Je lève les yeux vers elle.

-T’es dans le genre excentrique toi non?