God Given.

On marche, en silence. Moi je réfléchit, lui je sais pas à quoi il pense, je sais même pas comment il s'est retrouvé là d'ailleurs, j'ai eu la flemme de lire ses papiers. Barf, j'm'en fiche dans le fond. La douce chaleur qui m'accompagnais tendrement dans mon ventre se dissipe, j'y vois plus clair. Je regarde le type, bizarrement il a l'air plus net que pas mal de mecs que j'ai vu ici, même si il a l'air d'être un grand botaniste. Sur que le jardinage, ça détend, surtout si on cultive les bonnes herbes. Putain ça me donne une folle envie de fumer un joint tout ça moi ! « My blood just wants to say hello to you ! » La la la la... Je repense à l'autre coco, celui qui m'avait « accueillie » ici, très... Amicalement on va dire, je me demande ce qu'il devient tiens. Peut être partit voir d'autres, sans doute, surement en fait. Quoi ? La vieille folle est jalouse que le gamin ai donné son affection à d'autres parce que lui reste seul comme une merde ? Ouais je sais, je pense en termes crus, et je vous encule tous.

- Hey, man, t'aurais pas... Une dépanne...

Je sursaute puis je dis un truc du style «  Hein ? » avant de tilter ce qu'il veut dire par là. C'est le « man » qui m'a troublé en fait, ouais voilà c'est ça, c'est pas le fait que je sois con comme une brique hein. Enfin je pige ce qu'il veut au final. Pauvre bête, il est en manque. Enfin pas physique, peut être pas, mais il en a envie quoi. Cool ! Ce soir je fumerai pas mon spliff tout seul ! Super ! J'en jubile à l'avance, ma vie est tellement palpitante... Je bosse je fume je baise avec de parfaits inconnus, parce que dans le fond, je ne connais personne. Où sont passé mes potes avec lesquels je devait galèrer à la vie à la mort ? C'est fini tout ça, c'est fini. Y en a la moitié qui sont morts ou à l'hopital psychiatrique, et l'autre moitié qui est devenu comptable. On a les amis qu'on mérite dans la vie... Bordel de merde, j'suis dans un désert.

- Ouais attends faut qu'je fasse un petit détour vers ma piaule chercher de quoi, parce que j'pense que t'as pas de feuille et tout ça.

Moi tu vois j'ai tout le matos du bon blaireaux, feuille slim, hacheuse avec un jolie smiley dessus, et même le tasseur. Top moumoute !
Mes pieds me conduisent vers la zone des gardiens tout ça, chambre 12, ouais c'est la mienne celle là. L'autre me suis toujours, l'air d'être tombé d'la lune et de découvrir le monde. On dit rien, c'est flippant, presque glauque même. J'ai l'impression d'être une nana qui se prostitue pour la première fois et qui attend avec angoisse que le mec se dessape. Ca me fais le même coup à chaque fois, cette impression d'absolu solitude alors que je suis entouré de monde, c'est ... Je sais pas, j'aime pas, j'ai jamais été détendu comme mec. Même quand je baise je suis pas détendu, sauf bourré. Quand j'en ai un coup dans le nez, l'angoisse vient après, en même temps que la gueule de bois, des regrets aussi, un peu, la peur de perdre le contrôle également, tout le temps.
Je fourre mon bordel dans mes poches, puis je chope une bouteille de je sais pas quoi dans la foulée. Du rhum blanc ? Va pour le rhum. Peu importe dans le fond, du moment que je finis à quatre pattes. J'en ai franchement rien à foutre.
Retour à la case cellule 29, cette fois ci avec de quoi être « heureux », putain de cynisme, je tiens une forme d'enfer moi la vache ! L'effet lendemain de cuite sans doute, on est toujours au meilleur de son moral dans ces moments là hein, c'est bien connu...

Tiens, voilà ta piaule, la classe hein ? Tu vas passer toute ta vie la dedans, cache pas ta joie surtout hein ! Les douches sont au bout là, vague signe du bras, et t'as pas le droit de te balader j'sais plus où parce que sinon les gardiens te tombent sur le paletot.

Je sais, j'ai un accent « jeune con » magnifique. Puis note que je dis pas « on te tombent sur le paletot » mais « les gardiens te tombent sur le paletot », parce que moi, j'suis pas gardien ! J'suis technicien de surface, nuance ! J'en ai rien à foutre que les gens se baladent j'sais pas où dans la prison !
Je m'assois en tailleur par terre et avec une gestuelle toute professionnelle, je sors le bout de son sachet fraicheur et j'allume mon briquet en dessous pour l'effriter. J'arrache ensuite de petits morceaux pour les foutre dans le creux de ma main, notez que je maitrise parfaitement le truc, l'habitude. C'est comme le vélo, ça s'oublie pas. Ou si en fait, on peut, mais faut devenir comptable pour ça. Enfin bref, je sors une Lycky Strike avec la main sans shit et je la vide sur ma paume, et hop, y a plus qu'à emballer ! Je retourne le mélange sur la feuille slim et je rajoute un ton-car arracher à mon paquet OCB et j'roule le tout. Tout un art j'vous dis. J'entends l'auteur de ces mots baver sur son clavier là d'ailleurs. Enfin bref, je secoue un peu de truc pour bien le tasser, et j'allume, voilà, ça c'est fait. Première taffe, je garde un max dans mes poumons.

- Ouais... Bon l'est pas terrible mais après on est dans le trou du cul du monde hein... Ben sinon t'as fais quoi pour en arriver là ?

Petite question bête, histoire de pas fumer en silence comme une vieille merde. Je prends quelques taffes et je lui tends le pétard. Oui, parce que dans les rituels à la con qui vont avec, on dit qu'une pétard ne se demande pas, le gars doit le faire tourner de sa propre initiative. C'est toujours marrant de voir de petits chacals se tremousser en attendant que tu fasses tourner, c'est toujours marrant ça. Je débouche ma bouteille pendant qu'il fume et j'en bois une gorgée en vitesse. Ca brûle et ça réchauffe, ça désinfecte même.

- Ouais, mon nom c'est Bernard en passant.

C'est pas le vrai je sais, et je m'en branle complet tu vois, parce que s'appeller Charity, c'est définitivement la loose complète.

-Ouais attends faut qu'je fasse un petit détour vers ma piaule chercher de quoi, parce que j'pense que t'as pas de feuille et tout ça.

La phrase que mon interlocuteur vient de lacher m'étonne. Ma question m'avait par tellement stupide, que je ne m'étais pas attendu à avoir une réponse. Puis je me rappele petit à petit et un large sourire se dessine sur mon visage.

Je suis le gardien dans les corridors de la prison, jusqu'à sa chambre. La chambre 12.

La pièce me semble relativement miteuse, petite, trop étroite à mon goût. Je distingue un poste de télévision ridicule dans un coin, un petit canapé, et un panier pour chat. Les gardiens doivent pas avoir une vie spécialement tranquille. Je pensais, moi, que les gardiens de prison rentraient chez eux après le service. Mais non. Puis d'un autre côté, si la chambre du technicien de surface m'a l'air risible, tellement elle est petite, je ne me réjouis pas de voir ma cellule: Que ce que ça doit être.

Il m'a l'air d'avoir tout le matériel. Il fourre tout en frac dans ses poches, attrape une bouteille d'alcool en passant. Sans s'avoir qu'un vrai rasta n'est pas sensé boire de l'alcool, je me réjouis de pouvoir me rincer la gorge.

Peut être que le temps que je vais passer dans cette prison ne sera pas si terrible. Dés le premier jour, mon arrivée est fêtée. J'imagine que c'est interdit aux prisonniers de consommer ce genre de produit. Mais à vrai dire, je m'en fiche. C'est le gardien qui aura des problèmes, pas moi.

Une fois que l'autre à ramassé dans sa piaule minable tout ce dont il a besoin, nous repartons vers ma cellule. Je n'essaye même pas de retenir tous les trajets qu'on a fait jusqu'à présent, j'arriverais bien à m'y retrouver, le moment venu... Enfin j'espère... Puis nous arrivons à ma cellle. Commre je m'y attendais la cellule... heu... Quel numéro déjà? Bref, la cellule est toute petite, les lits superposés crasseux. Et ils auraient mis des néons au dessus de la toilette qu'elle n'aurait pas été beaucoup plus visible que ça. Ca doit être marrant de passer dans les couloirs et de voir des gars couler un bronze. Ca me dégoute, mais dans le moment présent, j'attends avec impatience de pouvoir le fumer, ce pétard.

-Tiens, voilà ta piaule, la classe hein ? Tu vas passer toute ta vie la dedans, cache pas ta joie surtout hein ! Les douches sont au bout là, et t'as pas le droit de te balader j'sais plus où parce que sinon les gardiens te tombent sur le paletot.
-Okay okay

Je n'essaye même pas de savoir précisément ce que signifie le "je sais plus où" car je m'en fiche comme de ma première culotte.

Pis on s'installe.

Le type roule, comme s'il s'agissait de son véritable métier, l'allume, et tire une longue bouffée. Je le regarde avec impatience, avide presque. Lorsqu'enfin le type fais tourner, je me sais de l'objet sacré et je tire également une large bouffée. En effet il est pas terrible. J'en ai tellement fumé qu'il me faut de la meilleure qualité pour vraiment bien ressentir les effets. Mais je fais avec, je n'ai pas le choix, et puis c'est déjà bien d'a voir pu dégotter ça dés mon premier jour.

- Ouais, mon nom c'est Bernard en passant.

Bernard? Ce nom ne lui va pas. Je m'attendais à un nom de soumis. Le genre de type que tout le monde salue par son prénom sans vraiment se rendre compte qu'il est là... Le genre de type qu'on se rend compte de sa présence que quand il est partit... Le genre de gars qui balaye dans un coin, qui fait partie du décors. Jean. Ca ca lui irait bien...

-Moi c'est Bill, dis-je après un long moment.

- Moi c'est Bill.

Nom que je trouve... Banal, mais pour me battre à ce terrain là, faut être quand même très très fort. Bill... Un mec bizarre, mais tellement banal en même temps je dirais. Fou comme tu peux voir cent six millions de rasta à la télé, et jamais dans la vraie vie. Enfin... Quelque part, ça me gênes de pas lui avoir donné mon vrai prénom, alors pour m'occuper les mains et le cerveau, j'ouvre ma bouteille et je bois au goulot. Les verres c'pour les neuneus qui ont de la vaisselle de toute façon, ça fait plus trash de boire ça comme ça, pur, sans artifices. Ça fait plus... Plus quoi d'ailleurs ? Plus vrai alcoolo ?! Mais j'suis pas alcoolo moi ! Non non non ! Je fais même le geste avec ma tête pour dire non, tellement je suis pas d'accord avec moi même. Oula ça monte un peu, ça fait tellement longtemps que j'avais pas fumé un pet', j'ai un peu la tête qui tourne on va dire, même si c'est pas ça, mais je suis pas encore assez défoncé bordel ! Je bois encore un peu plus de Rhum, ça monte vite à la tête ça aussi, et le mélange alcool/joint est assez redoutable, ça décuple les effets de l'un et de l'autre et ça t'envoies dans le monde merveilleux des gens complètement arraché. Mais il en faut une bonne quantité, c'pour ça que je bois vite, que je me force même. Je veuuuux être bourré !
Puis je reçois de nouveau le pétard, bien entamé maintenant, et je tire comme un fou, je me fais même un turbo. Qu'est ce jeune lecteur ignorant ? C'est quand tu mets le pet' entre ton majeur et annulaire et que tu fais une sorte de puit avec main pour tirer des taffe de porc. Je sais, mes explications sont pas claire, et je vous encule d'ailleurs, rien à foutre.

- Nan mais en fait mon vrai nom c'pas Bernard, j'suis désole... J'ai mentit... J'm'appelle Charity Joyce Condolence Obedience... Oui oui, tout ça à la fois, c'trop lourd pour moi hein ? J'peux pas être généreux joyeux compatissant et obéissant à la fois, c'trop gros, ça passe pas... Petite pause dans le flot de paroles, qui sortent telle une grosse chiasse verbale de ma bouche. D'solé j'souffre de logorrhée là, désolé, un symptômes de c'que j'viens de fumer là, tu vois ?

Ahahahahaha la grosse loque ! N'empèche, bizarrement, le truc qui me gêne le plus, c'est le fais que je « dise de la merde » au lieu de me soucier de l'impact psychologique que peux avoir un tel déversement de ma vie sur sa gueule. Je suis incompréhensible ? Ben tant mieux ! Je lui rends le pétard, l'air un peu dans le vague, je ne le regarde pas dans les yeux en faisant ça, je me sens vaguement angoissé en fait. Vrai quoi, j'aurais dû être imbibé par les valeurs par lesquels on m'a nommé non ? Pourquoi j'le suis pas hein ? C'est opressant comme sensation, de ne pas être celui que l'on devrait. S'en est presque triste d'ailleurs, pauvre petit Charity. Enfin nan, je ne suis ni pauvre ni petit, dans le fond je me tiens en très haute estime, c'est juste que là ben... je sais pas, je me sens comme... Pas bien.

- Et toi, comment t'en est arrivé là hein ?

J'lui pose la question, même si dans le fond j'en ai rien à carrer, puis aussi je vois la fin du pet' arrivé, alors je commence à en rouler un autre tu vois, pour continuer. Puis j'picole en même temps, et mes mains tremble, mais je m'en sors bien quand même tu vois. Je lui tends la bouteille au final, t'en veux ?

- Nan mais en fait mon vrai nom c'pas Bernard, j'suis désole... J'ai mentit... J'm'appelle Charity Joyce Condolence Obedience... Oui oui, tout ça à la fois, c'trop lourd pour moi hein ? J'peux pas être généreux joyeux compatissant et obéissant à la fois, c'trop gros, ça passe pas... D'solé j'souffre de logorrhée là, désolé, un symptômes de c'que j'viens de fumer là, tu vois ?

Je le regarde et je sourit. Un sourire gentil. Le genre de sourire qui veut dire "Oui je comprend" alors qu'en fait, on comprend rien du tout, on s'en fout. J'attrape le pèt', que je vais avoir la joie de finir, en me demandant comment cette herbe de provence (certes gentillement mise à disposition par le sympathique gardien) peut lui faire réellement de l'effet. Enfin moi, faut dire que j'y suis tellement habitué qu'avant de ressentir vraiment, il m'en faut... et de la meilleure...

Puis je commence à m'intéresser un peu plus au sens de ce qu'il vient de me dire. Avant que le contenu ne s'effacent de ma mémoire comme "élément à pas retenir", je décide d'essayer de comprendre ce qu'il veut dire....

Tiens, il s'appele pas Bernard... Je me disais bien aussi, qu'il a pas une tête à s'appeler Bernard le brave homme... Note que je sais pas si Charity Machin là, ça lui va beaucoup. Je sais pas et... pour changer, je m'en fiche.

Le type me repose la question que j'avais décidé de faire semblant de pas entendre, tout en commençant à rouler un nouveau joint *Aaaaah il en a encore*. Puis là, elle est claire. Et puis, avec le petit blanc qui suit, je peux pas faire semblant de pas avoir entendu.

-Heu... ben... En fait... Je me suis fait prendre en train de... d'arrondir mes fins de moi en vendant des... certains produits.

Voilà. J'ai répondu de la façon la plus vague possible, fidèle à moi même. J'me suis pas surpassé. Je me suis juste arrangé pour faire croire que j'ai répondu alors qu'en fait... Puis le truc que j'ai fait, faut bien que je le minimise. Même si le type à l'air de s'en fiche un peu, genre *Je pose la question pour faire la convers* (et de fait, il a l'air plus intéressé par le joint qu'il roule que par ma réponse... Notez que je le comprend)... Donc, même s'il s'en fiche, et ben moi ça me ferait mal, tu vois, d'entendre de ma bouche que j'ai tué des "enfants" pour satisfaire mon petit plaisir personnel et égoïste... Je peux pas le dire ça, ça le ferait mal... Alors voilà, je reste vague, et j'attends la dernière fournée...

Je l'écoute me dire une connerie, genre il s'est taper perpet' pour s'être retrouver avec vingt euros de beuh entre les mains. Ouais mais bien sur... Enfin moi j'dit ça, j'en sais rien, mais à mon avis y a dû y avoir deux trois trucs pas très propres là dessous.
J'allume le pet' que je viens de rouler, alors que je sais pertinemment que j'ai déjà trop bu, et que vu ce que je mets comme dose là dedans pour compenser la mauvaise qualité, je vais me retrouver à dire coucou aux oiseaux d'ici cinq minutes, ou cinq heures, le temps que ça monte en tout cas. Toujours cette espèce de curiosité malsaine, « jusqu'où je peux aller ? » genre voir à combien tu peux être défoncé avant de t'évanouir, comme si ces choses là se mesurait. Notez bien que je ne suis jamais aller trop loin, jamais pris d'héro. Et cette stupide histoire avec de l'acide, c'était y a combien de temps, quatorze quinze ans ? Donc, voilà, une fois dans ma vie ( Ou deux ou trois... ) j'ai pris quelques putain de milligrammes de LSD. Dans du buvard il me semble, avec des dessins bizarres dessus. Puis j'ai dû me faire un rail de coke aussi une fois ou deux, à la même époque, pour voir si c'était si bien qu'on le disait. Puis j'ai eu une copine, y a pas à dire, ça calme...
Je prend une gorgée de rhum et une taffe de pet' en regardant le plafond, la bouche légèrement entre-ouverte. J'ai l'air très fin, j'ai jamais bien tenu le joint, surtout sans avoir manger en m'étant tout juste remis de ma cuite précédente. M'enfin j'suis pas au bord du coma non plus hein, c'est même pas encore monté d'abord ! Ou si peu...

- Tiens. J'lui tend le pet'. J'vais monter le chauffage...

Je me lève, pas très aisément, et je me dirige vers les murs, en quête d'un putain de chauffage à monter. Pourquoi ? Ben parce que j'ai froid, tout connement, et je hais le froid, j'en ai peur, je l'abhorre. Je commence à trembler, bordel de cul il est où ce putain de bouton à tourner pour qu'il fasse plus chaud ? Ils laissent pas les prisonniers crever gelé quand même, si ? Ben si,, ils s'en foutent éperdument aparament, parce que y a bien un tout petite chauffage contre un mur, mais la température ne se règle pas. Je suis visiblement condamné à me geler les couilles jusqu'à ce que mort s'en suive. Et bondieu, je sais, JE SAIS, que c'est entièrement psychologique. Il fait pas plus froid que quand je suis rentré dans la pièce, mais putain j'en ai mal tellement je me les PELE ! Je tremble, tout ça. J'essaye de rajuster ma veste sur mes épaules, mais le frottement froid du cuir contre ma peau n'arrange rien. Puis j'reboie, j'ai que ça à foutre de toute façon.

Tu trouves pas qu'il fait foutrement froid ?

Je récupère le pet', en tirant rageusement dessus, et je reste debout à piétiner le sol connement. Enfin j'arrive pas à garder une position stationnaire quoi, désolant. Bordel, pourquoi j'suis pas partit vers... J'sais pas, l'équateur ? La réunion ? Ah oui je m'souviens ! Parce que les prix sont plus élevé et que le SMIC ne bénéficie pas d'une prime vie cher ! Puis faut bosser déjà pour avoir ce salaire là, puis de préférence pas à temps partiel. Puis de préférence pas des CDD de merde que ça finis tu sais pas quoi foutre derrière parce que rien embauche puis tu te retrouve au chômdu et puis...
Passons.
En tout cas, dans la chambre de bonne où j'ai crécher vers 1999, c'était super mal isolée, et j'avais pas les moyens de me payer un réchaud, parce que y avais 550€ qui était engloutie par le loyer, et le reste se répartissait entre les clopes, la bouffe, et les divers merdes qui te tombait dessus au cours du mois. Electricité, vaccination du chat, cotisation de caisse de sécu, ce genre de truc. Et je suis imposable en plus ! Je vis seul, j'ai pas de gamin, c'est d'ma faute si je vis dans Paris ! Si j'tenais absolument à faire des économies de loyer, j'avais qu'à vivre dans l'Orne ! Voilà la logique de ces pauvres cons.
Et moi je pensais tout ça en fixant le haut du mur avec des yeux de veaux morts. J'ai toujours froid. J'ai toujours pas de thunes. Je regarde l'autre.

- Ouais, bah tu sais quoi ? T'avais bien raison d'arondir tes fins de mois en dealant ! Z'avais qu'à augmenter le RMI, ces cons.

Parce que je suis sur qu'il bossait pas, et puis avec le RMI tu fais quoi ? Tu vis chez tes parents et tu te nourris de Flamby parce que ton micro-onde est cassé et que t'as pas les moyens de t'en acheter un autre... Je parle d'expérience personnel là, j'bouffais des pillules parce que j'étais sous-alimenté. J'en ai marre d'en chier ! Puis pourquoi il coupe ce foutu chauffage de merde, hein ? Je saute sur le lit, et je me roule en boule dans la couverture en tremblant, toujours avec ma fucking bouteille dans la main, que je continue de boire. Vie de con.

[ Casse-dédi à "Nonoche". ]

Voilà... Ceci constitue mes quelques premières heures dans la terrible prison Allemande, célèbre dans le monde entier pour son éfficacité, pour la difficulté et la rigidité auquels sont soumis les prisonniers...

He ben... Comme quoi, mais là où ça à l'air "bad", y a moyen de trouver du bon, finalement. Je suis là, en train de fumer des pétards, certes de pas très bonne qualité, mais je ne vais pas me plaindre avec un gars, ma foi un peu étrange mais bien sympa quand même...

Je suis finalement bien content d'est là, je m'attendais à pire, c'est sûr... Par exemple, je serais né aux Etats-Unis, je serais déjà en train de griller sur une chaise, où en train d'attendre mon tour du moins... Ben tiens! Tant que j'y pense! Je suis pas né aux Etats-Unis moi? Si, à peu de choses près... enfint tanpis, j'm'en fous...

-Froid, ouais faut bien que lui réponde, heu... Nan j'ai pas froid. Mais tu peux monter le chauffage si tu veux...

Et en tirant une bouffé, je me rends compte que je viens d'autoriser un gardien, ou du moins un membre du personnel, à faire quelque chose... Dans la prison... spas mal, ça me fait marrer au fond...


-Bah ouais, faut bien que le trouve quelque part, le fric *j'réponds avec un grand sourire même si je devrais être gêné...*