FLeur fragile (suite) Pv Sadé

Elle va pleurer, je le sens. C’est yeux sont tout brillants, presque humide. Pleure si tu le veux, ce n’est pas moi qui va te réprimander avec tout ce que j’ai pleuré en arrivant ici. Chacun sa façon d’extérioriser. Je me souviendrais toujours de mon arrivée ici. C’est à ce moment là que j’avais rencontrée Ethan, qui d’ailleurs, me manque. Je me demande ce qu’il fait en ce moment.

Elle me dit qu’elle ne pourra jamais balayer sa peur. Hum. Elle y sera obligée d’une manière ou d’une autre, à moins qu’elle tienne vraiment à mourir ici comme un animal effrayé, et ce sans se battre. Il fallait qu’elle avance et accepte l’idée qu’elle soit enfermée et c’est tout. C’est difficile surtout lorsque nous sommes innocent, et j’en sais quelque chose. Seulement j’ai tout de même réussi à me relever et à avancer. Preuve je suis encore en vie, et malgré ma main, je me porte très bien. J’ai fais des rencontres que je ne regrette pas, d’autre si. Mais c’est comme partout. Enfin, elle me dit qu’elle sait qu’elle ne survivra pas. Plutôt défaitiste comme vision des choses, mais ça se comprend. Rien qu’en voyant l’extérieur de la bâtisse, on se dit que jamais nous pourrions tenir entre ces murs, si lugubre, morbide.

« Si tu pars comme ça, c’est sur que tu ne survivras pas longtemps. Mais regarde moi, j’étais exactement comme toi à mon arrivée ici. Peur de tout et de rien, la crainte de me faire égorgée en pleine nuit, ou même pire…Mais j’ai réussis à faire abstraction de tout ça grâce aux bonnes rencontres que j’ai pus faire. Je sais que je ne suis pas seule ici, et rien que cela m’aide à poursuivre mon chemin »

Et puis ne dit on pas : Il ne faut jamais dire Jamais ?

Son pas ralentit, le miens avec. J’espère que je pourrais lui être un minimum utile. A part être là pour elle, je ne peux pas grand-chose pour son cas. C’est à elle seule de se lever, et elle y arrivera si vraiment elle veut s’en sortir. Mais je suis là, elle aura quelqu’un à se raccrocher si jamais elle était au bord du gouffre.
De plus, même si elle est effrayée constamment, sa compagnie est agréable. Sadé est une jeune femme calme, douce et gentille. Je me demande si elle a toujours été ainsi, aussi stressée. Si c’était le cas, la vie ne doit pas être drôle tout les jours…je me demande ce qui la rend ainsi.

"Je... voudrai... retourner dans... ma cellule."

Pas de problème pour moi, je n’ai rien à faire aujourd’hui. J’ai tout mon temps. Je la regarde, alors qu’elle dirige ses yeux à droite, à gauche. Comme si elle avait crainte qu’un quelconque prisonnier lui saute sur le poil. Pourtant personne ne peuple le bout de couloirs, dans laquelle nous étions.

"Tu… veux bien... m'accompagner?"

Je la regarde de nouveau, un peu surprise. Bien sur que je veux l’accompagner, et c’était déjà planifié comme ça dans ma tête avant même qu’elle ne me le demande. Mais le fait qu’elle fasse ceci me fit sourire. Peut-être que ma présence l’aidait un peu alors. Il est certain que c’est toujours mieux que de se retrouver seule, même si je suis la fille la plus ennuyeuse qu’il soit. Mais bon, apparemment elle le supporte bien. Et si je pouvais l’aider c’était tant mieux, c’est ce que je voulais.

« Bien sur que je veux t’accompagner. Avec plaisir. »

Je lui souris avec sincérité. Je me demande où est sa cellule, surement plus loin que la mienne puisqu’elle est nouvelle. Je la suis, toujours un petit sourire aux lèvres. Je me rends compte que je ne la connais pas, même pas du tout. Quittes à être souvent ensemble, autant apprendre à la connaître.

"Alors Sadé, parles moi un peu de toi. D’où viens-tu, ta famille et le reste "

Peut-être que ceci lui permettrais d’être un peu plus à l’aise. D’oublier un instant sa peur et de l’empêcher de sombrer dans la dépression ou je ne sais quoi d’autre. Se relever ; c’est ce qu’elle doit faire et je sais maintenant qu’elle n’y arrivera pas seule. Petit moucheron pris dans les filets de la toile de l’araignée. Cette image me mène les larmes aux yeux. Je me suis forger, mais cela n’empêche pas que je suis sensible. J’ai envie de la prendre dans mes bras pour la réconforter et lui dire que tout ira bien. Mais ce ne serait que mensonge. Tout n’ira pas bien. Pas entièrement. Il y aura des périodes de bon moment et de mauvais moment. Elle s’y adaptera parce qu’elle rencontrera des gens qui l’aideront. Ici, il n’y a pas que des « ordures », mais aussi des gens biens. Peut-être des tueurs, mais certains d’entre eux n’ont tué juste parce qu’on leur a ordonnée. Bref, je me comprends…tout ça pour dire qu’il y a des gens bien ici, et ce plus que je ne le croyais. Regardez Sadé par exemple…

Je hoche la tête sans rien dire. Elle a de bien belles phrases, de bien beaux mots. Mais elle ne comprend pas. Elle ne peut pas comprendre, autant que moi-même je ne comprends pas. Ce ne sont pas les divers évènements de ma vie qui m’ont rendus comme ça, je suis née ainsi. Disons que mon cheminement jusqu’à maintenant n’a rien arrangé. Mais je sais une chose, c’est que chez moi, le courage a été anéantit autant que mon estime de moi-même.

Je ne veux pas la contrarier avec mon esprit défaitiste, alors je ne dis rien. Je baisse encore la tête et préfère ne pas la regarder en face. Mon attention se porte sur le carrelage irrégulier du sol. Sale. Froid.
Je frissonne et me demande pour la énième fois depuis mon arrivée combien de temps vais-je tenir ici. Bella a un bon fond, elle est douce et gentille, courageuse, voit certainement le bien dans chacun, et de partout. Elle me dit, ne cesse de dire, que je m’en sortirai. Il faut juste que je me redresse, que j’avance, que j’accepte son aide. L’aide d’autre personne aussi, si j’en trouve des biens. D’après elle, il y en a. D’après moi, il n’y a qu’elle.
Je la regarde de côté, évasive, puis retourne à mon carrelage qui défile sous nos pas.
Non Bella, désolée, mais je ne m’en sortirai pas. Je suis condamnée ici pour la simple raison – unique – que je n’ai pas su dire non, je n’ai pas su me redresser, avancer seule, je n’ai pas su faire tête. Et si je n’y suis pas parvenue avant, pourquoi maintenant. Et dans un monde pareil ? Non, décidément, je suis bien désolée Bella. Mais je ne peux pas.

J’aimerai lui dire tout ça, mais il se trouve que je n’y arrive pas. J’ai déjà essayé une petite fois de lui dire qu’il n’y avait pas d’issu pour moi, et elle m’a redit que je m’en sortirai. Je ne vois pas pourquoi j’insisterai.

Nous continuons notre acheminement dans le silence. Elle m’accompagne, elle me l’a dit. Mais j’ai de plus en plus l’impression de sentir comme de la pitié, ou de la peine, venant d’elle. Non, je ne suis pas de ceux qui n’aiment pas la pitié. Mais j’avoue que ça ne laisse pas indifférent. Je ne peux que regarder ailleurs, car je suis habituée à cette sensation. Et comme d’habitude, je préfère ne pas regarder celui qui me voit comme une pauvre petite bête perdue et sans défense ; chose que je suis. Il ne faut pas se mentir à soi-même, je l’ai appris il y a bien longtemps de ça.

Moi qui me perd dans mes pensées plus déprimantes les unes que les autres et elle, soudain, qui me demande de parler un peu de moi. Je la regarde, un peu surprise. On ne m’a jamais demandé une telle chose. Mise à part une jeune femme que j’ai brièvement connu dans ma vie et qui n’intéressait à mon mode de fonctionnement. Elle c’était dans la tête de m’aider un peu, et pour cela, il fallait que je lui raconte pas vie pour qu’elle en conclut des choses qui auraient un sens pour elle. Mais je ne lui ai rien dis et j’ai dû partir de chez elle.

Je la regarde un moment, tout en avançant, puis me décide enfin à parler. Je n’ai plus rien à perdre, et puis, si ça peut lui faire plaisir… en tout cas, à moi, ça ne fait pas vraiment plaisir.

« Je viens… d’une petite région, au nord de l’Allemagne. Frontière… avec la France. »

Soupire, c’était déjà ça. Rien qu’en disant ça, je me souviens de ce temps où je vivais avec mes parents et grands parents. Ce temps me manque, et je comprends ces vieilles personnes qui disent vouloir redevenir enfants, petits et insouciant. Pourquoi la vie est mal faite ?

« J’avais deux frères et une sœur. »

Nous continuons d’avancer doucement quand je me rends compte que je suis calme. Je suis dans mes souvenirs, et non pas dans une prison. Puis la suite me reviens à l’esprit et l’intérêt de conter une telle chose me semble minime. Alors je conclu brièvement.

« La suite n’a aucun intérêt. »

A peu près la même réponse que j’avais lancé à cette femme qui voulait tout savoir, quoi qu’à elle, je n’avais rien dis mis à part mon nom et prénom. Je hoche à nouveau la tête et regarde autour de nous. Soupire. Je n’y arriverai pas.
Je n’ose pas lui demander la pareil, bien que ça romprait un peu ce silence pensant. Regard fixe en face de moi, l’oreille au aguets. Alors que j’étais plongée dans mes souvenirs, je ne faisais plus attention à rien. Il serai possible que quelqu’un nous ai suivit entre temps… Alors je regarde derrière nous, puis Bella. Sourire pâle.

Je vois que le fait que je lui ai demandée de parler un peu d’elle, n’a pas l’air de lui plaire. Une once de culpabilité s’immisce en moi tandis que nous continuons notre chemin. Son passée ou sa famille devait être un sujet gênant et délicat. Je ne sais pas, tout ce que je peux dire c’est que le visage de Sadé exprime un drôle de sentiment. Me mordant la lèvre inferieur, je me serrais frapper. Je l’aime bien cette jeune fille, sincèrement je l’apprécie réellement. Je sais que nous pouvons être très bonne amie et qu’elle pourra toujours conter sur ma présence. J’ai la facilité de me lier d’amitié avec mon entourage. Etant quelqu’un de calme et de neutre, je n’ai aucun mal à sympathiser.

Je la regarde un peu inquiète de la gaffe que je viens de faire. Elle me répond malgré tout :

« Je viens… d’une petite région, au nord de l’Allemagne. Frontière… avec la France. »

Ah, mon amie était donc originaire de ce pays que je n’appréciais guère. Enfin je n’ai jamais beaucoup aimé l’Allemagne, même si il se révélait qu’il cachait de joli coin, il fallait l’avouer. Mais bon, c’est comme ça c’est tout. Sadé soupire, je la regarde une nouvelle fois, intriguée. Elle est si mystérieuse au fond et puis elle a l’air…si déprimée. Bon ok, il faut avouer que arrivée ici, on a pas grand choix sur notre état d’esprit. Ta le choix, soit tu te relève et tu avance comme tu le peux. Soit tu tombe et tu rampe comme une merde. Et j’ai pas envie que Sadé fasse partie de la deuxième catégorie. Mais je peux rien faire si elle se montre si peux coopérative…Il lui faudrait un déclic.

« J’avais deux frères et une sœur. »

Le « j’avais » me frappe et me marque. Parce que maintenant elle n’a plus ces deux frères et sa sœur ? Où alors elle parle avant de venir ici…mais même dans ce cas, ils restent toujours ses frères et sa sœur. A moins…qu’ils ne soient morts. Je déglutis et me refuse de poser la question. Du mal, inconsciemment je lui en ai déjà trop fait. Je suis maladroite…et parfois sa pose des problèmes. Preuve ici. Je n’ose pas ouvrir la bouche, lui laissant la possibilité de poursuivre son histoire…mais Badaboum.

« La suite n’a aucun intérêt. »

Ah…pas de coopération du tout même. Sadé me fait penser à une huitre. La comparaison peut être comique mais c’est la seule que j’ai trouvée pour mieux la représenter. En gros dès que l’on veut toucher l’intérieur en l’occurrence ici, son passé ou son être tout court, l’Huitre se referme sec et net…comme l’a fait Sadé. J’enfonce un peu plus mes mains dans les poches, courbant un peu les épaules. Je foire tout, j’en suis consciente. Je perds d’un coup toute ma confiance en moi et c’est à ce moment précis que j’ai l’impression de redevenir la Bella d’il y a quelque semaine. Elle soupire une nouvelle fois, tourne la tête à droite et a gauche, derrière elle, pour me sourire.

Je tourne la tête, pour regarder en arrière. J’ai crus entendre un bruit…

Je retourne mon intention sur Sadé en murmurant :

« Je suis désolée…si je t’ai agacée. Ce n’était pas mon intention. Je t’apprécie et je voulais juste détendre un peu l’atmosphère. »

Je lui pose une main sur l’épaule pour appuyer mes dires. Un autre bruit et je sens quelque chose me chatouiller les chevilles. Je baisser la tête…

« PUTIN DE BORDEL DE MERDE !!!!!! »

Je fis un bon pour me placer contre le mur. Un gros rat venait de déguerpir à la suite de mes hurlements. Le corps collé contre le mur, je sens mon cœur taper contre mes côtes, tandis que j’essaie de reprendre un souffle normal. Je hais tout simplement c’est bestiole. Inoffensive peut-être, mais j’en ai peur point barre. Et Sadé à bien du le comprendre et sa ne me surprendrait pas si elle en riait….j’en rirais avec elle.

« Désolée…j’aime pas c’est bestiole. »

[ pardonnez moi l'expression mais la : j'ai chier dans la colle (= foiré) Je suis sincèrement désoler =s je me ratrapperais promis ^^']

Je... elle s'excuse? Je la regarde, plutôt surprise. J'ai peur qu'elle m'ai mal comprise, mais en même temps, il doit être assez dur de me comprendre en ce moment. Je hoche la tête d'un signe négatif et la regarde avec un pâle sourire.

"Non, non, ça ne m'agace pas! je n'ai juste pas grand chose à dire la dessus..."

Je sens sa main sur mon épaule. Je n'ose plus la regarder. Je sens comme si le rouge allait me monter aux joues.
Cette fille est-elle gentille au point de s'excuser quand elle a peur de m'agacer? Moi? J'ai comme un impression de déjà vu. Elle me ressemble un peu. Enfin non, pas du tout. Elle est beaucoup plus valeureuse que moi. Je ne suis qu'une petite peureuse sans nom, sans vie, sans histoire. Du moins, j'aurai aimé.
Je préfère parfois oublier, juste.

Je me suis légèrement perdue dans mes pensée quand j'entend un petit bruit... je baisse les yeux et tombe sur...

« PUTIN DE BORDEL DE MERDE !!!!!! »

J'aurai pas dis mieux! Un bond en arrière, à la vu de cet horrible animal qui déguerpit. Mon coeur bat la chamade. Plus rien ne le retient. Mes yeux exorbité, je sens quelque chose me cogner durement le dos. Je sursaute, bondit, me tourne face au mur... soupire.

"Putain..."

Faible soupire qui s'échappe contre ma volonté de mes lèvres. Puis je souris, me retourne, regarde Bella, et ris doucement. Je n'ose pas trop non plus me lâcher, j'ai peur de la vexer. Et si ça ne la faisait pas rire du tout, à elle, d'avoir eu peur d'un pauvre rat immonde?
Quoi qu'il en soit, j'ai quand même du mal à retenir mon fou rire. Mon coeur se calme peu à peu mais mes entrailles se tordent, comme si elles, elles riaient autant que moi j'aurai voulu le faire.

"Hum..."

Je regarde dans la direction où le rat est partit. Je ne savais pas que cette prison, en plus d'être ce qu'elle était, était infestée de rat. Vraiment pas charmant. En matière de glauque, on peut pas trouver mieux.

"Je... désolée..."

Je reprend mon calme. Un certain silence s'installe. Là, j'ai vraiment peur de l'avoir vexée. J'aurai jamais du rire, elle a du vraiment avoir peur, et c'était pas drôle. Je me sens un peu mal, tout d'un coup.

Je me décolle du mur et m'approche un peu.

"Euh... c'était... il y en a beaucoup, des comme ça?"

Je la regarde, espérant détendre un peu l'atmosphère. C'est de ma faute, pour le coup, j'aurai vraiment mieux fait de me taire. J'ai loupé l'occasion de me faire discrète, et j'ai pas envi qu'elle se fâche contre moi.

Un mèche de cheveux me passe devant les yeux et je la remet derrière mon oreille droite.

Ne te retiens pas Sadé, éclate de rire, au contraire. Te voir sourire, rire serait un véritable soulagement. C’est pourquoi je me mis à rire avec franchise, me moquant de moi-même et de ma réaction stupide face à une bête qui prêtait plus intention à son futur repas qu’à moi. Et oui même ici, il pouvait nous arriver de rire, pour peu certes, mais de rire tout de même. Ce n’est pas négligeable.

"Euh... c'était... il y en a beaucoup, des comme ça?"

Elle se décolle du mur et s’approche un peu plus. Je remarque qu’elle prend un air d’excuse. Mais pourquoi donc ? Pour avoir failli exploser de rire face à mon absurdité ? Sadé se préoccupe beaucoup trop de ce que pense les gens, et le ciel sait que de rire de moi ne me met pas en colère, bien au contraire. Le ridicule est souvent un moyen de pouvoir rire et se détendre. Je lui souris avec franchise avant de répondre :

« Hum surement…vu l’état de la prison ça ne me surprendrais pas. »

Je pose une nouvelle fois, ma main sur on épaule avant de reprendre :

« Tu sais, ce n’était pas la peine de te retenir de rire. Tu aurais pus vu mon ridicule ! ».

Je lui souris une nouvelle fois avant de continuer à marcher dans le couloir. Je crois que Sadé est encore plus calme que moi. Je dirais même plus timide et encore plus perdue que je ne l’étais. Marchant constamment dans le noir, au milieu d’une brume épaisse. Personne pour lui tendre la main…enfin si je suis là moi. Je l’aime bien, elle dégage que de la sympathie. Son seul défaut est d’être trop fermer et trop effrayée.

Le temps la forgera d’une manière ou d’une autre. Le jour où elle se rendra compte que d’être accablée par le poids de la souffrance, douleur et compagnie devient lourd et insupportable, elle se débâtera comme une lionne, sortant la tête de l’eau pour enfin respirer à plein poumons. Ce que j’espère, c’est que ce moment vienne vite. Elle se fera aisément des amis, mais aussi des ennemis. Avec ce visage de fleur fragile, douce et vulnérable, elle ne tardera pas à attiré les loups les plus affamés.

Je me crispe, la vision de la voir se faire torturé comme ça m’horripile. Je viens me placer un peu plus près d’elle, la frôlant de temps à autre. J’étais bien avec elle, elle n’est pas le genre de personne à vous stresser par leur simple présence ou même à vous déprimer. Non, au contraire, nous étions bien. Enfin pour ma part hein. Nous arrivions aux cellules où quelques prisonniers vagabondaient sans nous prêter la moindre intention.

« Tu sais Sadé…si tu veux parler de ta famille, ou même de ton passé. Ou encore de ce qui ne va pas, n’hésite pas. Sa ne me dérange pas, parce que j’ai l’impression que tu te soucies trop de ce que je pourrais penser. »

Je lui dis cela d’une voix douce et calme. Je voulais la rassuré, qu’elle se sente un minimum bien. Bella la Bienveillante. Que pourrais-je contre ça ? A défaut de pouvoir être protectrice avec Yoruichi, je le suis avec Sadé…Elle révélait en moi cet instinct sans le vouloir.
Je me demande où est sa cellule…Nous passons devant la mienne, où je n’y prêtai pas plus intention que ça. Je me demande si le mur porte les traces de sang de mes coups il y a quelque temps. Je jette un bref coup d’œil à ma main bandée avant de reporter mon intention sur Sadé :

« C’est laquelle ta cellule ? »

[Ps: Désolée de mon incompétance et aussi de l'attente! Encore sincèrement désolée =$]

Sur quel pied danser? Le bon, je dirais. Mais ça ne répond pas à ma question.
Je la regarde un moment, perplexe. Rire, ne pas rire?
Je me suis déjà trouvée face à cette situation.
Le gars en question c'était rendu ridicule. Je n'avais pas ris, lui si. Il m'avait ensuite fait la remarque de me... détendre... un peu. Quand je me mis à rire de sa bêtise, il ne fut pas content.
A cette pensée, je me passe encore la main sur les côtes; douloureuses de souvenirs. Je ne comprendrais jamais le mental humain. Savoir quoi dire, quoi faire, je l'avais appris en quinze ans de vie dans ce milieu là. Mais aujourd'hui, j'entre dans un nouveau monde.
Encore différent, un monde auquel je ne m'adapterai jamais. Pourquoi cette pensée ne veut-elle pas me quitter? Je vois déjà mon corps roué de coup dans l'un de ces couloirs. Obsession. Si j'en faisait par à Bella, elle me dirait sûrement que partant ainsi, on ne peut aller loin. Qu'il faut que je me redresse, que je prenne confiance en moi, tout ce que je ne peux pas faire...
Mais pour le coup, pour lui faire plaisir, pour lui faire penser qu'elle ne perd pas son temps avec moi, je vais essayer.

Quoi qu'il en soit, je ne sais toujours pas s'il faut rire ou pleurer. Pour toute réponse, je lui adresse un sourire timide, le visage soudain éclairé par un sorte de lumière intérieur. J'espère que ça lui fera plaisir.

Nous reprenons notre marche, mais je la sens soudain un peu tendue. D'un coup d'oeil en biais, je l'observe en silence. J'ai l'impression qu'elle pense à une chose pas très sympathique, mais à quoi? Vaut mieux ne pas lui poser de question. Ce pourrait être terriblement personnel, un souvenir redouté, un cauchemar refoulé, qui malgré tout revient au moindre coup de vent.
Elle se rapproche un peu de moi. Sa présence me fait du bien. Sa chaleur, physique et morale. Je me sens un peu plus protégée, même si la différence entre un mètre et dix centimètre n'est pas énorme. Il y a tout de même une sacrée nuance dans le rapport.

Quelques escaliers passent sous nos pas, puis nous arrivons à l'étage des cellules. Je regarde fixement en face de moi. Je ne veux pas regarder dans l'une des ces cellules; je ne veux pas rencontrer le regard d'un détenu, quel qu'il soit.
Un frisson de malaise passe sur mon échine et me fait trembler sans grande force. Je me concentre droit devant moi, regardant parfois les numéros pour savoir où est ma cellule.
Jusqu'à ce que Bella m'invite à lui parler. Lui parler de moi, ma famille, mes soucis...
Je la regarde, un faible sourire aux lèvres, pour changer, et acquiesce d'un signe de tête.

"C'est...gentil de ta part... mais tu sais... je n'ai pas vraiment de quoi... raconter..."

Réponse donnée et redonnée. Histoire de ne rien raconter, histoire de garder pour moi, histoire de ne pas barber les gens avec mon passé. Et puis, le passé c'est le passé. Ma famille n'est plus, et si elle est encore, je ne sais pas où elle est. Bien que je vis toujours dans les peurs provoquée par certaine péripétie de mon parcourt, je tiens à ne contaminer personne. Ecouter, c'est bien, mais cela dépend du contenu de la conversation, si ce n'est un monologue.
Bella est vraiment une personne bien, et je n'aimerai pas la faire fuir avec mes conneries bidons. Et puis, qui pourrait s'intéresser au parcourt désastreux d'une pauvre fille que moi.

"Je... "

Je regarde les numéros à côté de moi, regarde un peu plus loin, dans le couloir. Personne. C'est bien calme, trop calme.

"Dans le cellule... vingt-six."

Un dernier regard vers Bella, sourire. J'aimerai lui sourire franchement, pour une fois. Ce que je fais; je lui en suis énormément reconnaissante de m'avoir accompagnée jusqu'ici et dans les premières heures de ma vie en ces lieux. Maintenant, c'est à moi de grandir, sans jardinier. J'espère qu'on se reverra, j'ai peur qu'elle ne parte. Je pense que malgré tout, j'aurai encore besoin d'elle.
Une amie. Une vraie? comme je n'en ai jamais eu? Ou peut-être pas.

"Je... vais te laisser...
Merci... merci beaucoup de m'avoir accompagnée..."

Je m'approche d'elle, pose ma main sur son épaule et lui fait une légère bise sur la joue avant de m'avancer vers ma cellule.
Je ne peux tout de même pas m'empêcher de regarder encore derrière moi.
Demain est un autre jour, mais elle sera toujours là, et la même.
J'espère.

[HJ: Je ne peux vraiment pas t'en vouloir pour ton retard XD et encore moins pour ta dite incompétence qui selon moi n'en est pas du tout une ! /HJ]

"C'est...gentil de ta part... mais tu sais... je n'ai pas vraiment de quoi... raconter..."

Ou plutôt tu n’ose pas, ou ne veux pas…Hum, un vrai coffre fermé à double tour. Mais bon, comment lui en vouloir ? Peut-être que cela viendra avec le temps, qui sait. Il faut juste la mettre en confiance, et ce n’est pas une mince à faire. Surtout lorsque l’on sait que soi même, nous ne sommes d’aucun danger. De la patience, tout simplement. Comme il a fallut que je sois extrêmement patiente avec Yoruichi. Et j’y ai découvert le plus beau des trésors…
Sadé est quelqu’un de bien, mais d’extrêmement fragile. Mais je sais qu’elle pourra s’en sortir ici. Il lui faudra juste un peu temps, et peut-être un peu plus que les autres. Mais qu’importe, le tout est qu’elle se sente mieux et plus en sécurité. Et ça viendra. J’en suis certaine.

"Dans la cellule... vingt-six."

Roue de la chance ou non, elle se trouvera non loin de moi ce qui facilitera la tâche si elle a besoin de mon aide. Peut-être que cela, va la rassurer de savoir que je serais non loin d’elle. Bon…okay je suis pas le profile type de la personne rassurante et assez « forte » physiquement pour se sentir en sécurité mais bon. Si jamais elle a besoin de parler je serais là non ? Mais oui bien sur que je serais là pour elle, et ce sans soucis. Je l’aime bien. Désolée de dire ça, mais elle me fait penser à un petit chat qu’on a envie de prendre dans ses bras, de cajoler à longueur de journée et de le rassurer.
Je la regarde un sourire aux lèvres :

« Je suis dans la cellule vingt et un. Nous ne serons pas loin l’une de l’autre. »

Elle me lance un sourire, pas très convaincant mais un sourire tout de même. Nous sommes arrivés à sa cellule, là où nos chemins se séparent, pour revenir se recroiser demain ou dans quelque jours. Sa me rassure pas de la laisser toute seule ainsi. Oui je sais, un jour où l’autre il faudra bien qu’elle vole de ses propres ailes, on ne sait jamais ce qu’il peut se produire et peut-être qu’un jour je ne serais pas là au bon moment pour lui venir en aide. Alors elle doit apprendre à se débrouiller seule même si l’idée me fend le cœur.

"Je... vais te laisser...
Merci... merci beaucoup de m'avoir accompagnée..."

Je la regarde en souriant, penchant légèrement la tête de côté. Il n’y a pas à me remercier, ce que j’ai fais est pour moi quelque chose de naturel. Le couloir est vide, mise à part quelque prisonniers s’échangeant de l’Héroïne, coke et j’en passe. Ceux là ne nous ferrons rien, trop occuper à récupérer ce qui les emmèneront, sois disant, au septième ciel. Chacun est partit vadrouiller, et je me demande où Yoruichi se trouve. Surement entrain d’étudier ses « petits moutons » une fois de plus. Elle ne se rassasie jamais…

« Il n’y a pas de quoi…si tu as besoin de moi, je ne suis pas loin d’accord ? N’hésite surtout pas. »

D’un geste doux et lent, je dépose un baiser affectif sur son front avant de lui donner une petite tape sur l’épaule avant de lui dire à nouveau :

« Et accroche toi, je suis sur qu’ici tu t’en sortiras. Il suffit de le vouloir… »

Je souris une nouvelle fois avant de lui tourner le dos…bon j’avoue que sa me fais mal au cœur de la laisser comme ça derrière moi. Je n’aime pas, j’ai l’impression de l’abandonner. Mon pas est lent comme si au fond j’espérais qu’elle me demanderait de rester avec elle. Non mais écouter moi, une vraie maman poule ! Je me fais rire, face à mon instinct maternel. Pourtant, ça c’est plutôt du rayon de Yoruichi. Tiens…je vais aller l’attendre dans sa cellule. J’ai envie de la voir sans raison particulière. Juste être avec elle, tout simplement.

Je regarde d’un œil vigilent et méfiant le groupe de prisonnier s’échangeant leur drogue avant d’entrer dans la cellule de Yo’ et de s’allonger sur son lit, les bras derrière la tête.

Je viens de laisser un papillon entre les griffes de Sadismus….et je m’en veux déjà…

Un sourire qui a le don miraculeux de vous redonner un peu espoir, le geste qui vous redonne chaud et les paroles qui vous consolent avec votre vie. Je suis largement servie avec cette fille, elle est tout simplement épatante. Je n'ai jamais rencontré pareille humaine et je n'en reverrai certainement plus de ma courte vie.
Merci énormément Bella. Tes paroles me touchent, tant que je ne trouve même pas les mots pour te le signifier.
Elle part. Mon regard vide qui la suit, j'aimerai lui dire quelque chose. Mais déjà, je souris. Plus franchement. J'espère qu'elle comprendra qu'à cet instant, ma langue m'avait trahie.
Ma main vient serrer un barreau de la grille de ma "chambre", alors que je la suis toujours du regard. Surtout, ne l'oublie jamais. Perle rare.
Perle rare.

Je jette un coup d'oeil à l'intérieur de ma cellule pour m'assurer qu'il n'y a personne. Mon échine frissonne quand j'aperçois une forme sous une couverture, dans un lit non loin du mien. Je l'observe, longuement, silencieusement...
Je devine par ses formes que c'est une femme. Endormie? A cette heure?
Hochement de tête. Il faudra s'y faire. Maintenant, c'est cette femme inconnue qui se trouve dans la même cellule que moi, mais dans quelque instant, se sera toute la petite famille incarcérée qui sera ici. Tous au complet. Les heures de pures angoissent m'attendent. J'ai l'impression que mon lit me tend les bras, comme un monstre qui vous demande de dormir entre ses pattes dangereuses.

Je vais y aller, monter, m'allonger, regarder le plafond, comme je fais depuis mon arrivée. Je vais prier aussi. Je ne crois en rien, je fais donc des prières aux morts qui j'ai connu. Je sais bien que ça ne marche pas, mais j'ai besoin de m'accrocher à quelque chose. Même si ce quelque chose n'est pas solide. Bientôt, je pourrai peut-être m'accrocher à une personne en chair et en os, une personne rare, une perle, une fille parfaite pour moi; peut-être que j'aurai le courage de m'en faire une amie.
Il me semble que cette option paraît avant tout être une nécessité. Sans elle, je n'irai pas loin. Elle a confiance en moi, quand elle me dit que je remonterai la pente. J'ai donc besoin d'elle pour avoir confiance en moi.
Même si je sais pertinemment que jamais... non jamais... je n'y arriverai.

Un bruit au dehors de la cellule me fait sursauter. Je me crispe. Mon draps commence à se froisser sérieusement tant j'ai pris l'habitude de le serrer dans mes doigts.
Soupire, respiration profonde.

Cette nuit, tu vas dormir. Cette nuit, tu vas fermer les yeux, rêver, dormir, récupérer de tes angoisses arasantes. Tu vas faire tout ça, et tu vas y arriver. Et demain, tu sortira.

Je tremble à l'idée même de me forcer à faire de telles choses, mais il n'y a pas d'autre solution. Il faut que je m'en sorte, d'une manière où d'une autre.

21

Numéro vingt-et-un. J'irai la voir, un jour. Maintenant, dors.
Je ferme les yeux, de force. Il ne fait pas encore nuit, ce n'est pas encore tout à fait le soir, mais j'ai vraiment sommeil. Je vais finir par mourir si je ne me repose pas un peu.
Mon ventre se met à grogner. Chuuut, tout ira bien...

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