Lavé (PV)

J’ai horreur d’aller ici. J’ai horreur de pas mal de chose mais…Cette pièce, n’est-elle pas déprimante…Presque inquiétante? Il y fait plutôt sombre et les lumières qui éclairent l’endroit ne sont que quelques néons parfois clignotants. Certains sont même éteints. Ça ressemble un peu au…

…Non. Ne penses plus à…Ça. Pas le sous-sol. Les couloirs qui mènent à la salle d’isolement, cette pièce si…Noire. Et la salle torture. Non, n’y penses plus Gleb, ça ne se reproduira plus. Je n’y retournerais pas.

La salle de lavage est plutôt sombre. Et c’est aussi petit sans l’être vraiment. En fait, c’est même grand, mais je m’y sens pris, comme enfermé dans un placard. Et il n’y a jamais beaucoup de gens ici, pourtant, on ne peut jamais être sûr d’être seul. Non, pas à Sadismus. On n’est jamais seul et on n’est rarement avec les gens qu’on aime. Pendant les derniers 6 mois où Alec avait disparu. Je ne l’avais pas vu. Mais, j’ai rencontré Tobias par contre…Et ça s’est très mal fini. Même pour Alec…Que lui était-il arrivé exactement pour être si faible et couvert de sang? Je crois que je ne veux même pas le savoir. En fait, oui, je voudrais le savoir…Mais, je n’aimerais pas l’entendre. Et Alec n’aimerait pas me le dire non plus je crois bien. Je sais qu’il a tenté de le tuer et c’est tout.

La seule chose rassurante dans cette salle, c’est le bruit des machines à laver. Je ne sais pas pourquoi. J’ai toujours trouvé ça…Sécurisant.

Je mets mes vêtements dans la machine. Pas seulement un des uniformes, mais aussi un sweet-shirt que j’avais amené avec moi en arrivant en prison. Je ne peux pas vraiment le porter, mais j’aime l’avoir dans ma cellule quand même. C’est sécurisant aussi? Je suppose que oui. Pourtant, me rappeler de mon passé avant d’arriver ici ne me réconforte aucunement. Dehors, c’est comme ici. Mais, en pire.

Je mets la machine en marche…Puis, je sursaute. Un bruit, mais ce n’est pas les machines à laver…

On n’est jamais seul à Sadismus.

Je me retourne. C’est une femme. Celle-ci a l’air plutôt jeune d’ailleurs. Elle ne me parle pas et ne me regarde pas. Ça me rassure, elle me laissera donc tranquille. Je soupire pour moi-même. Elle va même vers la machine la plus loin. Tant mieux. Je me sens bien alors. Je ne suis pas totalement seul, mais je ne me fais pas embêter par une dangereuse psychopathe. Le meilleur des mondes.

J’ai peur des gens et de la solitude. Je suis pathétique. Vraiment. Je ne sais pas ce que je veux. Je répugne l’idée de total solitude depuis que je connais Alec. Mais, les gens, j’en ai toujours eu peur…C’est imprévisible, parfois cruel…Surtout…Surtout en prison. Sur ce point là, la prison est peut-être pire que dehors. Mais, dehors, j’étais seul en quelque sorte.

Je tourne le regard vers la jeune fille lorsqu’elle parle. Elle m’adresse la parole? Non, à sa machine. Je détourne aussitôt le regard comme je sais si bien le faire.

Elle continue à pester contre la machine et moi je ne fais rien. J’aurais envie de partir. Non, en fait, je préfère rester. Ici, c’est plus rassurant qu’ailleurs. Et puis, je n’ai pas envie de me faire voler mes vêtements. Qui ferait une chose pareille d’aussi inutile? Je ne sais pas mais je ne veux pas prendre de risque.

Je retiens de lever la tête et de sursauter à nouveau lorsqu’elle donne un violent coup de pied à la pauvre machine. Tant que ce n’est pas moi…Elle peut bien faire passer sa mauvaise humeur où elle veut.

Je m’étais adossé contre la machine et avait un peu bloquer mes oreilles au monde extérieur pour ne plus à avoir à sursauter à son moindre grognement…Mais, alors qu’elle parle, je me rends lentement compte qu’elle s’adresse à moi. Sa voix était trop calme pour qu’elle s’adressa à la pauvre machine. Je tourne mon regard vers elle, puis, il recommence à fuir.

-Euh…

Je marque une pause. Bravo Gleb. Je hoche la tête vers la femme en signe de « oui » comme réponse.

-Euh, oui…

Je me lève et me dirige timidement vers elle.

Sans un mot, je penche la tête vers sa machine à laver et, dans un mouvement mécanique, je fais les « réglages » qu’il faut et met le lavage en route.

-Voilà.

Je souris, bêtement.

Il a l’air timide celui là. Enfin sa timidité le rendait tout de même mignon. Il mit en route ma machine. Je me redresse en lui souriant:

-Merci beaucoup. Tu es ?

Faire la conversation à des inconnus était devenu une habitude pour moi. Bien que, contre-nature. J’espère que la timidité de ce garçon n’est rien comparée à celle de Moxie. Le lâche. Arf, j’aurai du le gifler. Enfin bon, j’attends impatiemment qu’il me réponde. Quelques secondes s’écoulent, je m’assis sur la machine. J’avais observé ce qu’il avait fait. Et comptait bien ne pas l’oublier. Je m’imagine déjà aller le chercher dans toute la prison pour mettre en route ma machine.

-Je suis le numéro 19 03 40. Ou plus communément Yoruichi Itanaki.

J’ai l’impression de lui faire un peu moins peur qu’au début. Je sourie et parviens tout de même à formuler une phrase complète. En espérant le mettre un peu plus à l’aise.

-Pour faire vite fait bien fait. J’ai dix huit ans, je suis ici depuis peu. Quelques semaines à tout casser.

Je n’aime pas m’étaler. Lui non plus je présume. Je sens comme une espèce de gêne venant de sa part. Instinctivement je lui dis :

-Je ne compte pas te tuer rasure toi.

J’avais dit ça toujours avec le sourire, limite j’étais prête à rire tellement ça me semblait bête de penser que je puisse tuer quelqu’un ici. Il ne le savait pas. Mais bon. Je ne pense pas que mon passé l’intéresse et puis, j’ai aucune envie de lui raconter.

-Tu es ici depuis longtemps ?

La question habituelle quoi. Elle commence à me saouler quand j’y pense. Qu’est ce que ca peut faire qu’on soit ici depuis x temps. Bah, casser la glace c’est tout.

Il est toujours planter devant moi. Il a envie de partir ? Que le bon vent l’emporte. Je ne le retiendrai pas. Enfin quoi que … nan j’avais envie qu’il reste. Je ne compte pas jouer les sadiques avec lui. Juste histoire de mieux le connaitre. De cette façon, je peux savoir à qui je peux faire confiance et à qui je ne peux pas.

-Tu connais beaucoup de monde ici ?

Mes questions me gênaient plus qu’à lui. Je préfère rester sur mes gardes tout de même. Faire ami-ami avec un inconnu pouvait m’être fatale.

Un mouvement prêt de moi me fait signe qu’elle se redresse. Je lève les yeux un instant. Elle me sourit. Elle m’a l’air…Gentille. Bon, j’ai toujours cette image d’elle martyrisant cette machine. Mais, elle me semble tout ce qu’il y a de plus normal.

Je baisse les yeux puis me relève à mon tour. Je lui adresse un petit sourire comme réponse au sien.

Elle me demande qui je suis.

J’ouvre la bouche pour lui répondre mais rien ne sort. Je suis vraiment con aujourd’hui ou quoi? Je sais que je suis nerveux, mais, habituellement, je suis capable de prononcer mon nom. Je prends une grande respiration, puis, je m’applique à répondre.

-Gleb Sergueïevitch, toi?

Je l’observe s’asseoir silencieusement sur la machine. Je me tais, j’essaie d’éclaircir mon esprit qui n’est pas vraiment dans son état normal depuis ce matin. Les mots sortiront plus facilement de ma bouche une fois mes idées en place.

Elle me récite alors une série de chiffres. Quoi? Ah, cela doit être son matricule. Son vrai nom? Yoru…Yoruichi. C’est ça. Yoruichi Itanaki. C’est presque dur à prononcer, mais, je ne devrais pas trop parler non plus.

Je ne fais que l’écouter. Elle m’explique qu’elle a 18 ans et qu’elle est là depuis peu. 18 ans? C’est très jeune. Bien plus vieille qu’Edward…Mais, jeune. Comment peut-on se retrouver à Sadismus à cet âge? Je ne comprendrais jamais les gens, encore moins ceux ici. Ça en est ridicule.

Je lève les yeux et me mets à la fixer sans le vouloir. Elle a de long cheveux noirs. Ses yeux sont…Jeunes. Sa jeunesse me gêne. Ça l’apporte trop de questionnement.

-Je ne compte pas te tuer rasure toi.

Je retourne alors à la réalité et baisse les yeux, embarrassé. Puis, je recommence à la regarder mais moins fixement. Je souris.

Je réponds par la suite à ses questions.

-Depuis un peu plus de 6 mois maintenant.

6 mois, ça a l’air…Tellement…Long…Mais, c’est peu sur une vie entière à passer ici. Mais, je crois bien que je risque de mourir prématurément.

-Non…Enfin, si, un peu…Mais pas beaucoup.

Je m’adosse sur la machine à côté. Je souris pour moi-même.

-Tu te présentes toujours sous ton matricule? C’est triste…

Elle dit que c’est pas habitude. Elle est là depuis peu et elle est déjà «habituée »? En ce que me concerne, je crois ne jamais pouvoir m’y habituer. Pas juste à la prison, mais à la vie en elle-même. Parfois, c’est trop dure. C’est toujours trop dure…Mais, je ne veux pas mourir, de peur de rejoindre mes crimes. Ici, au moins, je suis à l’abri d’eux.

Je tourne mon regard vers elle soudainement lorsqu’elle demande mes origines et ne lui réponds que d’un «Mmh? » sur le coup.

-C’est russe…

La question pile pour me rappeler mon pays. Jamais je ne le reverrais et j’en suis bien content. Même si j’aurais à sortir d’ici, ce qui n’arrivera jamais, je n’y retournerais pas.

Son nom à elle est sans doute asiatique…D’où en Asie exactement? Je ne saurais le dire. Mais, je ne me sens pas plus à l’aise que ça pour lui demander et peut-être que le sujet ne l’intéresse pas plus que ça.

Elle me demande alors mon âge. Je n’aime pas cette question, bien que ça ne me gêne pas répondre, car on se méprend toujours sur mon âge. On me croit toujours plus jeune. J’ai l’air d’un enfant à leurs yeux et pourtant…

-J’ai 25 ans.

Je souris timidement. Elle me pose alors une question encore plus embarrassante à mes yeux. Ce que j’ai fais…

-Meurtres, dis-je vaguement, histoire de ne pas en dire trop comme je l’avais fait avec Hina…Rien…D’important.

Si c’est moi ou elle que j’essaie de convaincre, je ne sais pas.

-Et toi? Tu as l’air…M’enfin, tu es jeune pour être ici.

Je ne sais pas si elle trouvait ça insultant, mais, c’est ce que je pensais.

Si, elle, elle était trop jeune…De quoi j’ai l’air avec mon caractère? Je suis aussi dangereux qu’une peluche…Sauf que les peluches n’enfoncent pas des têtes dans des bassins jusqu’à la noyade et ne se servent pas non plus de couteaux.

Il a vingt-cinq ans ? Fiouuu, je n’aurais jamais pensé … enfin. ‘’ ne juge jamais sans connaitre’’. Il est ici pour meurtre. Il a l’air un peu douillet pour faire se genre de choses. Il a peut-être une double personnalité… Yoruichi t’es conne … Bah quoi ? On ne sait jamais après tout.

-Et toi? Tu as l’air…M’enfin, tu es jeune pour être ici.

Moi jeune ? Il rigole ou quoi ? J’en ai croisé des beaucoup jeunes que moi. J’en peux rien si le monde fait le con avec moi. Sans ça, je ne serai pas ici. Enfin, d’un côté je m’en fiche. Je m’y suis résignée. A dix-huit ans, accepter son sort, quel exploit. Euhm, je n’avais pas tout à fait accepté. C’est surtout que je savais d’avance ce qu’il allait arriver.

-Il n’y pas d’âge pour tué mon cher Gleb. Jeune ou vieux. Les circonstances sont les mêmes pour tous.

Ouais, quand j’y repense, Bella, ELLE, ne devrait pas être ici. Faute de jugement. La société est conne.

-D’ailleurs, vu que ça fait six mois que tu es ici. Tu dois avoir croisé des jeunes bambins plus jeunes que moi. Ai-je tord ?

Il ne faut pas être pessimiste sur ces actes. Regrettez d’être ici. Tous les chemins mènent à Rome, Bah tous les meurtres mènent à la prison – dans presque tous les cas-. N’importe quoi.

-Dis-moi Gleb, regrettes-tu d’avoir tué ?

Personnellement, je ne regrette pas du tout mon geste. Je ne dis pas non plus que j’en suis fière. Mais au moins beaucoup de personnes seront enfin tranquille. Je soupire. Et regarde autour de nous. Nous étions seuls avec ces maudites machines que j’aime tant. Remarquez la simplicité de mon ironie. Oh mais t’es bête Yoyo, personne ne peut t’entendre. Je rie en moi-même. Gleb était là. Mais il parlait tellement peu. A vingt-cinq ans, c’est pas sensé à en avoir du caquet ?

-Tu parles très peu, tu as peur de t’ouvrir ?

Mais la ferme Yoruichi, toi tu n’as pas peur, t’aimes pas. Ca devait être la même chose pour lui. Tout compte fait nous étions tout deux, assez sur nos gardes. Ce n’est pas comme ça qu’on aura une discussion stable. Je le sais. Mais s’il ne fait pas un petit effort. Je ne peux rien y faire.

- Parle-moi un peu de toi Gleb. Qu’aimes-tu dans la vie ? Que n’aimes-tu pas ?

Je persiste à en tirer le max de détails. Mais le pourquoi … J’en sais rien. Il n’avait cas y répondre. C’est tout.

Il n’y a pas d’âge pour tuer…Et bien, déjà que la prison, c’est horrible…Je trouve que de s’y retrouver alors qu’on n’a même pas les 20 ans…C’est affreux, tout simplement affreux. Déjà que 25 ans, ce n’est pas bien non plus. Mais, 18 ans…Et Edward n’en a même pas 15. C’est affligeant. Pourtant, qui suis-je pour avoir des pensées aussi compatissantes? Si ils sont ici, c’est qu’ils le méritent? Mais, c’est normal, que je compatisse un peu, moi-même je suis derrière les barreaux. Et j’avoue que cette empathie que j’éprouve me rassure, ça me fait penser que je suis encore humain contrairement à certains. Autant chez les prisonniers que chez les gardiens. Autant ici que dehors.

Les circonstances? Quelles étaient les miennes? Un simple moment d’égarement, au fond, ce n’était que ça. Sauf que j’ai eu peur et que c’est allé loin. Avant de tuer, je me disais parfois « et qu’est-ce qui se passerait s’ils mourraient et que je ne serais plus forcé de les côtoyer? ». Mais, normalement, quand ça arrivait…J’allais m’enfermer dans le noir pour que la peur me fasse tout oublier. Je ne l’avais pas fait cette fois-là…

Elle me parle. Plus jeune? Oui…

-Oui…

Je soupire.

-Oui, bien sûr, mais…Je ne m’y habitue pas. Je trouve ça épouvantable…Et pourtant, si les « circonstances » comme tu le dis auraient été, ne serait-ce que vaguement, différentes…J’aurais très bien pu me retrouver ici bien plus jeune.

Elle me demande si je regrette. J’hésite.

-Je ne sais pas…Du moins, je ne sais plus…Je sais seulement que je n’aurais pas dû. Si je regrette? Je ne sais pas.

Là, elle me dit maintenant quelque chose qui me rend complètement mal à l’aise…Si j’ai peur de parler? Oui…M’enfin, non mais…Je suis juste fait comme ça. Je sais bien de quoi j’ai l’air quand je parle et même quand je ne dis rien. Je sais que ça se voit…Mais, je ne m’attendais à ce que, un jour, l’on me questionne là-dessus. Je baisse les yeux. J’espère que je ne rougis pas…

-Non, non…J’ai juste un peu de mal…

Elle a quand même la patience de continuer à me parler. Je ne comprends pas pourquoi…À sa place, j’ignorais le type idiot et craintif qui se trouve à côté de moi. Je lève les yeux et souris, ironique.

-Sommes-nous vivant une fois en prison? Il y a peu de chose à aimer ici, tu ne crois pas?

Elle est toujours vivante. Bien sûr. Moi aussi mais…Est-ce que ça veut vraiment dire quelque chose ici? Peut-être que je suis mort, peut-être me suis-je suicidé après avoir tué ma famille mais que je ne m’en rappelle pas. Peut-être que je suis mort et que tout Sadismus est une illusion. Au fond, avais-je jamais entendu parler de Sadismus avant d’y entrer?

Ne dis pas de conneries Gleb…Tu es seulement lasse et fatigué, demain, ça ira mieux…Demain, je ne serais pas aussi pessimiste, ça, je le sais. Mon esprit est trop brouillé aujourd’hui.

Ce que j’ai aimé dans le passé? Je ne sais pas non plus. J’aimais ma famille autant que je la détestais. Je n’aimais pas la maladie, la violence, le sang, la compagnie de la plus part des gens, les aiguilles, les rats, les hauteurs, le noir…Mais, qu’est-ce que j’aimais? Je ne lisais pas beaucoup, je n’avais pas le temps avec le travail à l’extérieur et à la maison de faire beaucoup de chose. Je n’ai jamais vraiment aimé dessiner. Alec, lui, aime ça. Je n’ai jamais été sportif non plus ce qui explique entre autre mon corps chétif.

Je passe ma main derrière ma tête.

-Franchement, je crois que j’avais peu de chose à aimer dehors aussi.

Je souris bêtement.

-Ça fait 6 mois que je suis ici. C’est la première prison où je mets les pieds et pourtant que je crois que je suis prisonnier depuis plus de 15 ans.

Voir même depuis plus de 18 ans…Il y a 18 ans, mon père est mort et tout a basculé. Ça l’a seulement empiré avec le temps.

-Je n’aurais pas risqué la prison si ça l’aurait mis en péril ce que j’aimais.

J’ai tué ce que j’aimais un tant soit peu. Mais, je n’en pouvais plus.

-Un minimum de calme, c’est peut-être tout ce qu’il me reste de dehors…Du moins, vaguement.

Je me laisse glisser au sol pour m’asseoir par terre, le dos contre la machine. Je lève les yeux, puis, les rebaisse à nouveau pour observer le mur du fond.

-Et toi..?

Quinze ans qu'il est prisonnier. Et bien, chapeau. Il aime le calme ... Okay c'est noté.

Je le regarde se laisser tomber et s'adosser contre la machine.

- Moi ? Le calme aussi. Lire, vive la bibliothèque ... Et ... C'est tout.

Non ce n'est pas tout. Il y avait encore plein de chose; Bella, parler à mon gardien, à Carl, Me pronener sous la pluie, Observer les gens, .... Oh oui, il y avait encore plein de truc. Mais bon, j'ai pas envie de tout lui déblatérer. Je descend de la machine pour venir m'assoir en face de luI. Les jambes repliés contre mon ventre. Je préfère le regarder. Il n'avait pas un visage menaçant.

- Les machines en ont encore pour un bon moment. Ca nous laisse encore le temps pour parler. Sauf si ca te dérange ...

Que ca le dérange ou non. Je resterais là. Et puis, il ne va surement pas laisser son linge sans surveillance. Ce qui m'étonnerai beaucoup d'ailleurs.

Le sol est froid et j'serai volontier rester sur ma machine si j'avais su ... Trop tard. Je fixe Gleb. Le mur ne devait pas être aussi intéressant à regarder que moi mais bon. Au moins, on sera fixe.

- Tu es ici pour meurtre ... C'est à dire ?

Curiosité ou non. C'est mots sont sortis tout seul. Désolé si sa te dérange Gleb ....

Elle aime le calme. Celui qui n’aime pas ça est fou. Pourtant, plusieurs n’aiment pas ça. Et je crois être plus près de la folie qui quiconque.

Je suis fou, certainement. Je ne souffre peut-être pas de dédoublement, je ne suis peut-être pas schizophrène ni maniaque. Mais je suis fou. Je ne peux pas croire que quelqu’un d’aussi perdu que moi soit sain d’esprit. C’est impossible. Ce serait une erreur.

Elle, elle aime lire. Oui, il y a une bibliothèque ici. Je n’y suis pas souvent allé.

Dehors, je n’avais pas le temps pour lire…Peut-être devrais-je m’y mettre? Il y aura des centaines de livres là-bas que je n’aurais jamais lu pour la simple raison que je peux facilement compter dans les doigts d’une main les livres que j’ai lu en entier.

Elle dit que c’est tout. J’ai du mal à croire qu’une fille frôlant l’optimiste pour quelqu’un qui se trouve à Sadismus n’aime que le silence et la lecture…Ça ne peut pas être vrai.

Le silence…Le silence complet, je trouve que ça l’a un côté inquiétant. Ça doit être pour ça que j’apprécie un peu le bruit des machines à laver. Sa couvre le silence sans pour autant être du bruit. Un bruit, oui. Mais discret, silencieux mais omniprésent. C’est peut-être ça que je trouve rassurant.

Je lève les yeux lorsqu’elle recommence à parler. Je suis un peu surpris de la voir devant moi. Je me perds à regarder un peu son visage. Il ne reflète aucune moquerie, animosité, pitié et possède une beauté certaine. Rassurant? Oui, son visage est rassurant à une certaine mesure. Je hoche la tête en signe de négation. Non, ça ne me dérange pas.

Puis, elle en revient au meurtre…Je baisse les yeux…Je les pose sur le plancher puis, mes genoux, je les laisse fixe maintenant sur mes mains.

-J’ai tué ma famille ainsi que deux autres personnes : une psychologue et un policier.

Cherchant à ne pas en dire plus pour le moment, je lui renvoie sa question.

-Et toi?

Je le vois baisser les yeux vers le sol. Ma question le gêne apparemment. Mais vu ses gestes, j’en conclue qui est consentent à répondre. Après quelques secondes d’hésitation, il parvient à me dire :

-J’ai tué ma famille ainsi que deux autres personnes : une psychologue et un policier.

Donc ici pour meurtre. Tous les gens que j’ai croisés ici étaient là pour ça. Le meurtre… Un instinct sauvage pour la société. Comment un garçon qui à l’air aussi innocent que lui, pouvait tuer ? Enfin j’en reviens à penser qu’on pourrait facilement penser de moi ‘’ Si jeune et déjà en prison’’. Il n’y a aucune logique dans tout ça. Enfin j’pense ça sans en être sûr. Mon mental est bien trop fainéant en ce moment pour pouvoir apporter conclusion.

-Et toi?

Moi ? J’ai renversé des petits lapins sur l’autoroute. Ou encore mieux. J’ai osé tirer sur les Teletubises … Qu’est ce que je suis conne quand je m’y mets. Je soupire et fini par lui avouer :

-Pareil meurtre … Mon géniteur et un idiot.

Je sourie. Repenser à ça n’était pas très bon. Mon ‘’père’’ n’était pas mon père. Et ce con … A toujours été con. Ce n'était pas mon ex en tout cas. Simplification des choses. C’est pareil qu’une équation du premier degré. Les X d’un coté, les chiffres de l’autre. Rare sont mes X … Je les renvois toujours au stade inférieur. Je me comprends. Gleb attira mon attention quand il parla de ‘’psychologue’’. J’avais bien envie de savoir de quoi il en retournait.

-Tu as tué un psy. Tu veux dire que tu devais en voir un ? Tu pourrais me détailler ça s’il te plait ?

Oui j’ai toujours été attiré par la psychologie. J'aurai dû en suivre les études d'ailleurs ... Et si Gleb en a côtoyer une. C’était pour une bonne raison. Mais laquelle ? L’esprit humain est très complexe Gleb pouvait ou non avoir n’importe quoi. Serais-ce dû à son comportement. Mais envoyait-on les gens qui ont tué leur famille chez des psy ? Et puis d’ailleurs. Gleb me parle de famille … Mais qu’elle est-elle ?

-Tu avais des frères et sœurs ?

Bon c’est pas difficile à comprendre. Ma question tourne autour du cocon familial. Vivait-il avec ses parents, …

-Hmm, sans indiscrétion. Pourquoi les avoir tués ?

J’espère que Gleb n’avait pas de problème mental. En apparence en tout cas, ca ne se voyait pas … On voit juste qu’il est un peu … pâle.

Elle a tué son géniteur. Un idiot. Elle le déteste, assurément. L’idiot aussi, vu son appellation . Elle, au moins, elle n’est pas victime, comme moi, d’ambiguïté par rapport à ses actes. Elle a tué son père. Elle savait ce qu’elle voulait. Elle ne regrette rien. Je l’envie…Un peu.

Elle sourit même. Je crois ne jamais pouvoir la comprendre ni comprendre qui que ce soit. Au fond, ce n’est pas si mal puisque personne me comprend.

Elle me questionne à propos du psy. Je suis surpris un peu. Personne ne s’était jamais vraiment arrêter à ce détail là…En quoi sa mort l’intéressait tant?

-On m’a obligé à voir une psy lors de ma détention, avant d’être arriver ici. Probablement cherchait-il seulement à voir si j’étais aliéné.

Je marque une pause et soupir.

-Ils n’ont manifestement pas eu le temps de le savoir…Et moi non plus.

Je baisse les yeux, pas par gêne…Juste comme ça. Parce que je ne voyais plus l’intérêt de mettre mon regard fuyant en évidence…Pas que ça l’ait déjà eu un intérêt à la base.

-Je ne sais pas ce qui m’a pris…Mais, elle est morte. C’est tout. Juste une…Mort inutile.

Les questions viennent maintenant autour de ma famille. Je n’ai pas particulièrement envie d’en parler. Mais, puisque je reste ici encore un moment pour cause que le cycle de lavage n’est pas terminé, je préfère ne pas la « repousser ». De toute façon, ce n’est qu’une question qui, en dehors du contexte actuel, est complètement anodine.

-Un frère seulement. Et il n’y avait que ma mère. Mon père est mort quand j’étais un enfant.

Pourquoi les avoir tuer? Pourquoi? Je n’arrive jamais à l’expliquer avec cohérence. Même à Alec je n’ai su qu’expliquer ça par une perte de contrôle. Mais, au fond, je savais ce que je faisais, n’est-ce pas? Oui…Enfin…Non. Je ne sais pas. Je ne sais rien. Je ne sais plus.

-Je me suis occupé pendant 18 ans d’une alcoolique et d’un sadique qui n’arrivait définitivement pas à prendre soin de lui-même. Je voulais voir à quoi ça ressemblait…De ne plus avoir ses « responsabilités ».

-Je me suis occupé pendant 18 ans d’une alcoolique et d’un sadique qui n’arrivait définitivement pas à prendre soin de lui-même. Je voulais voir à quoi ça ressemblait…De ne plus avoir ses « responsabilités ».

Je ne comprend pas. Il s'est occupée de deux personnes. Il a eu des responsabilités. Mais ...

-Gleb, je ne te comprend pas là. Tu as voulu ''fuire'' tes responsabilités, mais pourtant tu en avais avec l'alcoolique et le sadique. Tu pourrais être un peu plus clair ?

Ce qu'il venait de me dire n'avait pas vraiment de sens. A moins que ce soit moi qui comprenne mal. Il évite toujours mon regard, moi je le faisais pour une bonne raison. Mais lui, je n'en sais rien. Oh Yoruichi ferme la et parle!

-Oui bon bref. Arrêtons de parler de ça.

Ce n'est pas que ca me dérange, mais aller trop dans les détails, c'est pas mon truc.

-Tu as été accueilli par quel gardien ?

Autant lâcher ce qu'il me passe par la tête. J'y repense moi ... Sale journée, vent et pluie. Arrivée, qui voilà ? Un gardien!

Je l'écoute avec attention mais je ne peux m'empêcher de regarder ailleurs. Elle n'est pas très grande cette pièce... Yoruichi rêvasse ... Reviens sur terre et fait la conversation avec Gleb s'il te plait ...

-Euh ... Tu t'es lié d'amitié avec qui ici?

Pas difficile pour moi ... Bella.

Je n’étais pas assez clair? Bien sûr. Comme d’habitude. Je ne suis jamais suffisamment clair. Je suis toujours incohérent. Toujours. J’essaie d’articuler des phrases que je suis le seul à réussir à comprendre…Pour le peu que j’en comprends.

-Je ne voulais plus avoir à m’occuper d’eux…

C’est tout. Quand j’y pense, c’est tellement égoïste. Mais, ça devenait trop dur de prendre soin d’eux. Je n’ai jamais demandé à les avoir dans ma vie. Je n’ai jamais demandé à ce que mon père meurt et me laisse seul avec eux.

Elle demande à ce que l’on ne parle plus de ça. C’est tant mieux, je n’avais pas envie de continuer à chercher mes mots. Je lui en suis reconnaissante. Un peu. C’est dur expliquer ce que l’on a sois-même de la difficulté à comprendre. Alors, essayer de s’expliquer à quelqu’un d’autre…C’est l’enfer.

Elle me questionne sur le gardien qui m’a accueilli. Je suis surpris, une seconde fois. Elle pose définitivement des questions très bizarre.

-Euh…Je ne connais pas son nom…Ou, en tout cas, s’il me la dit je ne m’en rappelle pas. J’ignore même s’il travaille encore ici. Pourquoi?

Je l’observe quelques secondes pour voir « ce qu’elle fait », elle regarde la pièce. Moi, je crois que je l’ai vu assez souvent. Elle, non, bien sûr, non seulement elle est nouvelle mais elle ne savait pas jusqu’à lors comment faire fonctionner la machine.

Lier d’amitié? Personne. Personne sauf Alec…Quoi que c’est plus que de l’amitié en ce qui me concerne. Lui, je ne sais pas. Il m’aime…À sa façon. Je crois.

-Une seule personne.

Je marque une pause.

-Alec, il s’appelle Alec…Toi? Tu en eus le temps? Si oui, tu es définitivement plus sociable que moi…

Pas dure à battre en fait.

-Euh…Je ne connais pas son nom…Ou, en tout cas, s’il me la dit je ne m’en rappelle pas. J’ignore même s’il travaille encore ici. Pourquoi?

-Oh comme ça, répondis-je en souriant légèrement.

-Une seule personne. Alec, il s’appelle Alec…Toi? Tu en eus le temps? Si oui, tu es définitivement plus sociable que moi…

S’il pense ça, il se trompe lourdement. Je ne suis aussi sociable que j’en ai l’air. Mes rencontres ont été furtives et assez rapide. Me remémorer mentalement … Bella, Hina, Carl, Moxie, Quatre gardiens.

-Euhm mouais, une seule aussi … Bella Hope. Si tu as la chance de la croiser un jour, je te préviens. Elle est aussi douce qu’un agneau.

Je pensais qu’on allait être tranquille encore pour un bon moment. Mais j’entendais déjà des pas venir de loin. Sur le coup, je me redressai et retourna devant ma machine – bien dans le fond-. Je laisse donc Gleb seul, tout en gardant un œil sur la porte. Je suis adossée au mur, les bras croisés. Il semble y avoir plus d’une personne de l’autre côté de la porte clos. J’attends, je patiente. Avoir Gleb dans les pattes m’était largement suffisant. Mais nan, il faut toujours que d’autres gens arrivent.

Oui je sais, je suis toujours sur mes gardes, mais j’en peux rien. La poignée de la porte s’incline, et la porte grince sous la force de la personne qui la pousse. Un groupe d’hommes et de femmes entrent. Ils n’avaient pas l’air de vouloir laver leur linge. Sans attendre, je repose mon regard sur Gleb, comment allait-il réagir par l’intrusion de nouveaux venus ? Soit, il allait rester sur le sol, soit il allait partir en courant … J’opte pour la deuxième solution. Mais malheureusement, si c’est son intention, il peut y tirer un trait. Un gars plutôt costaud est planté devant la porte. Bah, que voulaient-ils ? Des clopes ? Je regarde un peu plus attentivement le groupe en question et là …

-Tiens qui voilà.

Merde, c’est pas mon jour. Après avoir durement agressé ce type quand j’étais avec Bella … Le revoilà gambadant comme un lapin. Je reste toutefois calme et posée. Regardant Gleb d’un œil méfiant.

-Eh ouais, le monde est petit. Tu n’es pas mort à ce que je vois.

Tout ce que j’espère, c’est qu’il ne s’en prendra pas à Gleb, je me sentirais vraiment coupable si il venait à lui arriver malheur.

-Tu n’es plus avec ta petite copine ?

Il était entrain de balayer du regard la pièce. Il devait surement parler de Bella. D’un ton insignifiant, je retoquai :

- Si elle est à côté de moi, tu ne vois pas ?

Ironique, l’homme avait bien vu que je me moquais de lui. Je remarque qu’il avait stopper son regard sur Gleb …

Comme ça. J’hausse les épaules. Et elle…C’était qui? Question qui n’en vaut pas la peine bien sûr puisque je ne le connaîtrais sans doute pas. Je ne connais pas beaucoup de gens ici.

…Ça serait presque marrant que celui qui l’a accueilli soit Tobias. Non, définitivement, ce serait morbide.

Elle s’est liée d’amitié avec une seule personne. Une femme, Bella. Je ne la connais pas mais ça n’a rien d’étonnent vu mes rares rencontres. Aussi douce qu’un agneau? Moi qui croyait être le seul à avoir ce genre de profil ici. C’est presque réconfortant de penser que je ne suis peut-être pas seul dans mon ridicule.

Je laisse échapper un petit « han? » lorsque j’entends des pas. Je tends l’oreille. Il vient par ici? Ou plutôt « ils »…Ils viennent par ici, ils sont plusieurs. Calmes-toi, c’est sûrement rien.

Yoruichi se lève et rejoint sa machine. Hum? Elle me laisse seul? Mais non, crétin, elle est seulement à un mètre ou deux de toi. Ne sois pas assez ridicule pour dépendre de sa présence…Ne fais plus l’idiot.

Sans penser vraiment à me relever, je fixe la porte, toujours assis contre la machine. Je vois leurs ombres par les fissures de la porte. Oui, ils sont plusieurs.

On dirait que le temps où la poignée commence à être tournée dure une éternité…Puis, celle-ci s’ouvre finalement et laisse place à un groupe de prisonniers et prisonnières. Ceux-ci, les mains vides, ne sont définitivement pas là pour faire la lessive. Qu’est-ce qu’ils veulent?

L’un d’eux parle. Je regarde Yoruichi, intrigué. Ils se connaissent? Et ça n’a pas l’air du tout amical.

Passif, j’écoute la conversation. Je ne comprends rien. Mort? Petite copine? Qui? Quoi?

L’homme me regarde. Puis, ses yeux reviennent vers Yoruichi. Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres.

-Et bien, dis-donc, elle a pas changé qu’un peu ta copine! Dit-il dans un ricanement ironique. Elle a perdu de la poitrine aussi..?

Il m’attrape par le col en me relevant et je ne trouve rien mieux à répliquer qu’un sursaut surpris.

-En tout cas, elle est toujours aussi chancelante.

J’ai peur. J’ai autant plus peur car je ne comprends pas du tout de quoi il est question, d’où il connaît Yoruichi, pourquoi il s’en prend à moi, etc. J’essaie de me dégager vaguement, juste pour me déprendre sans le provoquer. Je n’ai pas envie de m’attirer des ennuis…M’enfin, pas plus que j’en ai déjà. Mais, il ne veut décidément pas me lâcher.

Je lui donne un coup dans les côtes pour le faire reculer. C’est un succès, étonnement…Un succès, jusqu’à ce qu’il me mette son poing dans la gueule. Je recule brusquement sur la machine derrière moi et tient mon visage dans ma main accompagné d’un petit couinement de douleur. Je regarde ensuite Yoruichi qui semble bientôt elle aussi sujet d’embrouille…

-Et bien, dis-donc, elle a pas changé qu’un peu ta copine! Elle a perdu de la poitrine aussi..?

J’observe la scène sans trop réagir. Ce con n’allait quand même pas oser toucher à Gleb. A ce moment là, il s’en était fortement rapproché. L’attrapant par le col. Gleb tituba sur le coup de l’émotion.

-Enlève tes sales pattes de Lui, espèce d’enflure !

Je crois que j’aurais du me taire. Il regarde le garçon de haut en bas, toujours en le tenant fermement.

-En tout cas, elle est toujours aussi chancelante.

Gleb essaye tant bien que de mal de se dégager. Mais rien n’y fait, en prix de consolation, Gleb reçut un coup de poing assez violement. Il se retrouvait coller contre la machine. Instinctivement, je regarde Gleb, cherchant dans son regard un peu de rassurance comme quoi, il allait bien. Mais rien n’en dit, l’homme se rapproche de lui. J’ai juste le temps de lâcher avec un sourire provocateur au coin des lèvres :

-Voyons, tu ne vas pas t’en prendre à lui tout de même. Laisse-le et je te donnerai ce que tu veux …

L’homme cesse son pas en direction du jeune homme et me regarde d’un air intéressé. Je le vois se passer la langue sur ses lèvres. Les hommes sont des chacals… Pathétique. Je lance un regard rassurant à Gleb, suivit d’un clin d’œil. Qu’est ce que je ne ferais pas pour défendre les autres... Je reviens à l’homme qui me voulait sienne en question, il me dit en toute hâte :

-Itanaki … J’adore quand tu es coopérative.

Je retire mon t-shirt. Histoire de plus l’amadoué encore. Un homme ne peut rester insensible au corps d’une femme. Je le sais. Le prisonnier s’approche de moi. A une distance acceptable, il enchaina :

-Jolie atouts.

Il ne me faisait pas peur. J’allais lui donner ce qu’il voulait. En public ? Pourquoi pas. Plus on est de fous, plus on rit. Il saisit mes hanches pour me coller contre lui. En un rien de temps, je me retrouvais assise sur la machine, avec lui entre mes cuisses. Il toucha avec empressement mes bijoux de famille, mon dos, ventre, cou. Tout ce qu’il pouvait atteindre. Il s’empresse de déboutonner son bouton de pantalon. Je lance un regard à Gleb, toujours avec mon petit sourire ironique, ensuite posant mon regard sur l’homme en face de moi. J’approche doucement mes lèvres près de son oreille et lui murmure :

-Ailleurs non ?

Il me regarde, puis détourne son regard vers le ta de muscle devant la porte. L’homme assez costaud avait compris. Lui et les autres prisonniers sortirent. Sauf Gleb ?!

-Toi, tu restes ! Tu vas assister à ce spectacle.

Super, Gleb est toujours là … Bon tant pis, il n’a plus dix ans. Je descends de la machine en plaquant le gars contre le mur.

-C’est bien ça que tu voulais non ?

Il acquiesce d’un mouvement rapide de la tête. Sans me demander mon avis, cet idiot change les places. Moi contre le mur lui devant. Il s’apprêt à me voler un baiser. Quand mon genou atteint son entrejambe. Il se retire brusquement de mon champ de vision.

-Oups désolé …

Je me mis à califourchon sur son ventre. Main sous son cou. Cette situation s’était déjà produite dans le passé.

-Je t’avais prévenu la dernière fois. Ose encore toucher quelqu’un sous mon nez … Et la prochaine fois, tu te retrouveras six pieds sous terre.

Je le libère. Le lâche court aussi vite que possible vers la sortie … Il est arrivé au niveau de Gleb, va-t-il tenté de se venger ?

Quand je tourne le regard vers l’homme qui m’a frappé que constate qu’il s’est dangereusement rapproché. Je m’inquiète à l’idée du prochain coup qui pourrait s’ensuivre mais il s’arrête. Yoruichi a parlé. Lui donner ce qu’il veut..?

Mes yeux, surpris, retournent sur ma codétenue. Elle répond à mon air inquiet un sourire censé être sécurisant. Elle m’adresse aussi un clin d’œil. Je ne comprends pas…Qu’est-ce qu’elle a derrière la tête exactement? Elle n’allait quand même pas le laisser la…Et si c’est le cas, je ne peux pas la laisser faire ça juste pour me sauver la peau.

Non. Elle ne fera pas ça. Je reste à demi étalé contre la machine, complètement immobile, fixant Yoruichi et l’autre prisonnier, inquiet, surpris, impuissant face à la situation. Complètement pathétique.

Je détourne le regard. Je me sens idiot de rien faire. Mais, je ne peux pas fuir…Et…Soyons franc…Je ne peux pas concrètement l’aidé. Je me ramasserais un nouveau poing dans la gueule et qu’est-ce qui se passerait après? Ça ne servirait à rien. Je suis complètement inutile, limite boulet…Comme d’habitude.

Je lève les yeux vers Yoruichi. Elle n’a plus son T-shirt et elle a le gars collé contre elle. Elle me sourit. Qu’a-t-elle vraiment l’intention de faire?

Je regarde, interrogateur, les autres prisonniers qui sortent…Je me redresse, hésitant à laisser la prisonnière avec lui. Je n’ai même pas le temps de prendre une décision qu’il m’ordonne de rester.

Je reste planté là. Je n’ai pas le temps de détourner le regard encore une fois qu’elle lui donne un coup dans l’entre jambe et qu’elle se retrouve par-dessus lui, une main à son cou.

Soulagé que ça s’arrête là, je soupire. Je ne dis ni ne fais rien. Elle le libère et court vers la sortie. Moi, comme un con…Encore… Je n’ai pas été assez rapide que le gars et devant moi.

Il a pas l’air…Content. En fait, il est rouge de colère. Il attrape mon épaule dans ma course et je vois son poing qui risque bientôt d’atterrir une nouvelle fois sur mon visage. Je l’évite de justesse. Je lève mon poing, m’apprêtant à le frapper pour pouvoir mieux fuir ensuite mais il m’attrape le bras et son genou vient me frapper dans l’estomac. Je reste quelques secondes plier en deux mais il me relève vite en m’attrapant par les cheveux. Je laisse échapper un petit cris.

Non! Non! Non! Je peux m’en sortir seul cette fois! Je ne me laisserais pas faire…Comme d’habitude. La frustration vient se mélanger à ma peur…Je donne un coup de bien sur son tibia. Puis, un deuxième…Il me lâche et je commence à me diriger rapidement vers la sortie avec Yoruichi.

Dans son élan, le prisonnier s’était arrêté devant Gleb. Et bien entendu, il l’avait attrapé. Mais il est con ou quoi. Gleb parvient à se libérer. Et à courir vers la sortie, je ne voulais pas le laisser seul, je me mis donc à courir moi de même sur ses talons. J’avais juste hormis un petit détail. Je m’arrête net devant la porte, coinçant ainsi Gleb. Avec un peu d’embarra, je lui dis :

-Euh … les machines sont bientôt fini … On ne devrait pas attendre … ?

Je me retourne vers l’autre type. Il était toujours au sol, entrain de hurlé à la mort. Je me retourne vers Gleb. J’avais complètement oublié de remettre mon t-shirt. Mais je n’éprouvais bizarrement aucune gêne devant Gleb. Alors que d’habitude, je suis très pudique. Je lui sourie et lui dis :

-Tu n’as pas manqué ton coup !

Un petit rire sortit involontairement de ma bouche. En effet, l’autre prisonnier n’ose pas bouger. C’est qu’il pouvait faire mal ce Gleb quand il le voulait. Il n’avait pas l’air enchanté à l’idée de retourner chercher ses affaires. Mais il était hors de question pour moi de sortir en sous-vêtements. Je le regarde encore, il n’était pas rassuré. Avait-il peur que les autres reviennent ? Je lui pris doucement la main en signe de reconnaissance, et le tira vers moi. J’avance en direction de l’autre type au sol. Je lâche la main de Gleb et la BAM. Je venais de lui foutre une gifle mémorable.

-Oups, désolé … C’est parti tout seul …

Je n’avais pas aimé la façon dont il avait traité Gleb, c’était tout compte fait un gentil garçon qui ne demandait qu’à être un peu consolé … Je me retourne vers lui. Toujours un petit sourire au coin des lèvres.

-Les machines sont finies … Tu peux reprendre tes affaires …

Je passe devant pour prendre mes affaires. Encore heureux, je savais comment l’ouvrir. Je récupère aussi par la même occasion mon t-shirt que j’enfile en tout hâte. Je reviens près de Gleb. Il me regarde d’un air interrogateur. Là, je ne souriais plus. Je me mis à sa hauteur pour regarder un peu plus son visage. Il avait été frappé assez fort en effet. Je ne pu m’empêcher de passer ma main droit sur la marque rouge qu’il avait sur la joue.

-Désolé …

Je n’avais pas voulu ça. Je retire ma main de son être, pour venir m’adosser contre la machine. L’autre type est toujours étendu par terre, inconscient. Gleb n’avait pas la peau aussi froide que je l’aurai imaginé. Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses …

Elle s’arrête de courir. Mmh? Ah…Nos vêtements. Et elle…J’avais complètement oublié qu’elle était torse nue. Je rougis, embarrassé.

L’autre gars est encore au sol. D’ailleurs, les autres prisonniers ne sont pas censés être juste dehors? Je ne sais pas. En tout cas, s’ils ne sont pas encore venus, c’est qu’ils n’entendent pas leur ami geindre.

Je regarde Yoruichi qui me sourit. Pas manqué mon coup? Ah…Oui, c’est moi qui l’ait frappé. Je n’en reviens pas. Ça doit seulement être le deux ou le troisième gars que j’ose frappé depuis que je suis ici.

Je suis pas trop chaud à l’idée de retourner aux machines et de devoir retourner près de l’homme que j’ai frappé. Mais, il est hors de question que Yoruichi reste…Comme ça. Et je n’ai pas trop envie de laisser mes affaires sur place non plus. Je suis un peu étonné quand elle me prend la main et m’encourage à la suivre. Je n’ai pas d’autre choix. Je marche donc à ses talons, timidement.

Elle me lâche gifle le gars au sol. Je la regarde, un peu admiratif. J’envie son cran…Un peu. J’aimerais savoir me défendre aussi bien qu’elle, sans trembler. En plus de ça, elle continue de me sourire. Moi, je me trouverais insupportable.

Les machines sont finies. Je me dirige vers celle où il y a mes vêtements pour les reprendre. Je tiens les quelques uniformes maintenant humides d’une main. Il n’y avait que 3 chemises et deux pantalons, quelque chose comme ça.

Je regarde la prisonnière s’approcher de moi. Elle est devenue sombre…Mon air devient curieux. Qu’est-ce qu’il y a? Elle passe sa main sur ma joue. Je me rends alors compte que c’est douloureux. Ah, je vais sûrement avoir une ecchymose avec le coup que j’ai reçus… Elle s’excuse.

-Non, ce n’est pas ta faute. Et puis, ce n’est rien. Ça n’en a pas du tout l’air, mais je suis plus solide que je ne le parais.

Je suis le regard de Yoruichi et regarde le type. Il est inconscient? Je la regarde maintenant.

-Qu’allons-nous faire si…

Je marque une pause et regarde la porte.

-S’ils sont encore derrière la porte.

Gleb a un grand cœur … Il est toutefois un peu ennuyé par la situation dans laquelle nous étions. Son regard se porte sur l’homme.

-Qu’allons-nous faire si…

Puis vers la porte.

-S’ils sont encore derrière la porte.

D’un pas décidée, je m’avance vers la porte. En me retournant vers Gleb, je lui dis avec amusement ;

-Ben, je devais m’offrir à eux cette fois ci.

Je n’étais pas du tout sérieuse, il va s’en dire. Mais Gleb a raison, s’ils sont derrières la porte. On est mal barre. Mais jusqu’ici, l’homme avait hurlé de douleur et personne n’était venu voir si tout allait bien. Pourtant je sentais une présence, peut-être pas derrière la porte, mais dans le couloir en tout cas. J’arrête mon pas pour me retourner vers Gleb.

-Il n’y a pas un autre moyen de sortir ?

J’en doute, même en ayant parcouru les moindres centimètres carrés de la pièce, je n’avais pas vue une seule autre porte ou fenêtre. La pièce est clos, le seul moyen de partir d’ici, était la porte … Je me laisse tomber sur le sol. Et réfléchie à un moyen de sortir … Bon déjà, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse des amis de l’autre idiot. Je me redresse pour aller placer près Gleb, qui lui était d’ailleurs toujours planté devant sa machine. L’air de rien sa présence est assez apaisante. Bref !

-Bon, il faudra bien ouvrir cette porte de toute façon…

Si ca ne comptait que sur moi, j’aurai déjà ouvert la porte. Mais je ne voulais pas qu’il arrive encore quoi que se soit à Gleb. Je soupire et lui demande :

-Tu n’as pas trop mal ?

On l’avait frappé au niveau du ventre. Pour m’assurer qu’il ne me mentait pas, j’appuie légèrement sur son estomac. S’il hurle, il a mal … sinon, tant mieux. Après avoir soigneusement inspecté Gleb, je le pris pas le bras en direction de la porte. Deuxième soupire. Ma main se pose sur la poignée. Mais celle-ci s’ouvre. Merde ! Une des femmes est planté à me regarder. Vite sors une connerie :

-Euh … Il est claqué … Il a trop donné … je pense qu’il a un peu besoin de repos …Que voulez-vous. Je suis infatigable !

Bizarrement la femme ne bronchait pas. Je m’écarte, pour la laisser passer. Au passage, je saisis la main de Gleb, en la tenant fermement. Au cas ou … Peut-être pour me rassurer qu'il était bien là ... Oui il est beaucoup plus grand que moi je le sais. Je me retourne vers lui. Si mes yeux ne me trompent pas … il rougit ? Bon pas le temps pour des représailles. La porte nous est grande ouverte, la femme était entrain de se diriger vers son ami. C’est maintenant ou jamais …

Elle s’avance vers la porte. Décidément, elle n’a peur de rien. Tout le contraire de moi en fait. Elle trouve même l’occasion de faire une blague. Moi, je suis un peu anxieux à propos de la suite des évènements. Je n’avais pour idée de recevoir le poing d’un inconnu ou de qui que ce soit en allant laver mon linge…Mais, je n’avais pas prévu ma rencontre avec Yoruichi non plus.

Elle s’avance…Dans mon cas, j’hésite toujours. Mais, elle se retourne vers moi. Un autre moyen de sortir? Je fais signe que non. C’est une pièce sombre et fermé. Une seule porte. Aucune fenêtre. On est piégé et je le sais bien, c’est ça qui m’inquiète.

Je la regarde se laisser tomber sur le sol. Moi, je préfère autant rester debout au risque que quelqu’un entre et m’attrape de nouveau par les cheveux ou le cou. Il ne sert à rien de réfléchir comme ça, non? S’ils sont derrières la porte…Il faut seulement espérer qu’il nous sera possible de fuir en courant. C’est lâche mais, je ne sais pas ce qu’elle en pense, mais je n’ai pas envie d’en affronter d’autres. Un, c’est assez pour aujourd’hui.

Elle se relève et vient près de moi pour finalement en finir avec la même conclusion que moi. Le seul moyen de s’en sortir, c’est déjà d’ouvrir la porte. Elle me demande ensuite si j’ai mal.

-Non, ça va. Merci, je vais bien…Je t’assure.

Je suis peut-être tremblant, chancelant, trouillard, trop doux et parfois pleurnichard…Je sais que je suis capable d’encaisser quelques coups. Peut-être pas autant qu’un autre, mais je fais de mon mieux. Faut dire que j’avais un peu pris l’habitude quand j’étais encore dans la maison familiale.

Probablement pour vérifier mes dires, elle touche mon ventre. J’aurais peut-être quelques bleus demain matin, mais, pour sûr, je n’ai pas de côtes de casser. Je vais bien et elle peut le constater. Yoruichi tenant mon bras, je la suis.

Et voilà. Maintenant devant la porte. C’est le moment décisif. Mais, ce n’est pas Yoruichi qui ouvre la porte mais l’une des prisonnières qui accompagnaient le type. Je regarde la femme. Elle était sombre, glauque et plus ou moins alerte. Je regarde maintenant mon « amie », me demandant comment elle allait s’en sortir cette fois…Ou plutôt comment elle allait NOUS en sortir.

Elle réplique simplement que le gars est claqué. La prisonnière se dirige vers le type. Je regarde Yoruichi alors qu’elle agrippe fortement ma main. Étonné, je ne dis rien. Je tiens fermement la sienne aussi tout en rougissant. Ça me rassure seulement qu’elle soit là. Qu’est-ce que j’aurais fait tout seul? Je n’aurais probablement même pas eu le courage de me défendre contre le prisonnier.

Je commence à quitter la pièce, mes vêtements sous le bras, ma main dans celle de Yoruichi qui m’accompagne.

-Hey…Attendez! Qu’est-ce que..!?

C’était la voix de la femme qui venait sans doute de se rendre compte que son ami n’était pas seulement fatigué…Mais inconscient. Avant qu’un seul d’entre ait le temps de nous attraper, je commence à courir droit devant moi…

(à toi de décider si tu veux continuer le rp ici, ailleurs ou autre =P)