Décrassage nécessaire

Après m'être perdu un certains nombre de fois, cette prison est décidément un vrai dédale, ça ne va pas faciliter mes projets, je finis par trouver les douches.
Rien n'indique qu'elles soient pour les hommes ou les femmes, il n'y a pas de petit panneau. Elles doivent être mixtes. Je hausse les épaules. ça ne ma dérange pas. En plus, même si ce sont des douches collectives, il y a des cabines individuelles.

Je me déshabille en vitesse, plus vite je sortirai de cette chose qui un jour a été un uniforme mieux ça vaudra. Inconsciemment, je me suis mis tout au fond, avec vue sur la porte. Quand j'enlève mes chaussettes, le carrelage me semble bien froid. J'attrape rapidement mon savon et file dans la cabine.

Là j'ouvre le robinet et passe la main sous l'eau, histoire de tester la température. Brrrrr. Gelé. Tant pis, j'ai vraiment besoin de me laver. Je serre les dents et me mets sous l'eau. J'y reste juste assez longtemps pour me mouiller, puis je coupe l'eau. Je ne suis pas un fanatique des douches froides, j'ai eu une enfance luxueuse, même si par la suite j'ai parfois eu à me passer d'eau chaude, je n'aime pas ça. Raison de plus pour ne pas moisir ici.
J'attrape le savon, me frotte le corps. Puis se pose le problème des cheveux. Comment faire pour se laver les cheveux, surtout des cheveux aussi long que les miens, ils m'arrivent en dessous des fesses, oui, je sais c'est long pour un homme, et alors? j'aime mes cheveux longs, avec un simple savon. Il faut que je me trouve du shampoing, ou au moins de gel douche, d'urgence. En attendant, je me débrouille comme je peux.
Je rallume l'eau, reserre les dents et me remets dessous. Quand je vois la couleur de l'eau qui coule de mon corps, je grimace. Eh ben, ce n'était pas du luxe! Je passe dix bonnes minutes à me rincer les cheveux.
Quand enfin, il me semble être à peu près propre, je coupe l'eau.

J'essore mes cheveux, sinon, l'uniforme que je compte enfiler risque de finir tremper. Je passe les doigts dedans pour les démêler, sans grand succès. Encore une chose qu'il va falloir que je trouve, une brosse. Il me semble avoir croiser d'autres détenus avec des cheveux longs, il faudra que je leur demande comment ils font.

(excuse, le post date un peu mais... je peux ?)

J'en ai marre, je n'en peux plus, j'ai l'impression que ma tête va exploser. Ca fait combien de jours que je suis enfermée ici, à tourner en rond telle un fauve en cage ? Aucune idée, je ne compte pas les heures. J'aimerais tant retrouver ma liberté, ma vie d'avant. Elle n'était pas extraordinaire, certes, mais au moins, j'étais libre de mes faits et gestes. Ici, non, rien. Surveillée en permanence. Je n'arrive plus à penser : ou plutôt, je pense trop. A un point à ne plus savoir où donner de la tête, ou tout s'embrouille en une masse confuse. Désespérant. Rien de plus énervant que de ne rien contrôler.

J'erre dans les couloirs, tel un fantôme, les parcourant sans réfléchir avec un regard vide de toute expression. Que vais-je devenir si je n'arrive pas à sortir d'ici ? Je suis déjà suffisamment folle ainsi, et ça ne va faire qu'empirer si on ne me laisse pas respirer.
Je débarque, par une pure coincïdence, sans envie particulière (même mon envie permanente de rencontrer un homme avec lequel passer la nuit semblait s'être envolée), dans la salle des douches. Mmmh, tiens, un peu d'eau froide sur la tête, ce n'est sûrement pas une mauvaise idée. Ca me remettra sûrement les idées en place.
Je ne prends même pas la peine de regarder si je suis seule ou pas, je suis bien trop exténuée pour m'en soucier. J'entre dans la première cabine et commence à faire couler l'eau froide. Le jet s'écoule avec force juste devant moi, et je penche la tête pour que ma tête en soit aspergée. Elle est vraiment glaciale, cette eau, mais qu'importe. Il fallait que je me reprenne en main. Je ne voulais pas sombrer et devenir une sorte de mort-vivante, dépossédée de toute forme d'humanité. Je voulais rester moi-même, ne pas perdre la tête entre ces quatre murs gris et ternes de cette prison de fous.

Je n'ai même pas pris la peine de me déshabiller ; arès tout, je n'ai pas l'intention de me mouiller le corps tout entier. Le visage inondé et la vue brouillée, je m'écarte du jet d'eau et m'adosse contre le mur en carrelage, de l'autre côté de la cabine, en me laissant glisser de façon à me retrouver en position assise, les genoux entourés de mes bras.
Je veux sortir... Par pitié...