Sadismus Jail
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 Angoisses et vérités [Terminé]

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Sybille Hawkins
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Sybille Hawkins


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MessageSujet: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeJeu 23 Aoû - 8:02

[ => Infirmerie ]

Je suis toujours à terre. En train de pleurer. De pleurer, bêtement. Pourquoi est-ce que je pleure, POURQUOI ?
Je sais pas. Je crois que il y a des jours où l'on ferait mieux de rester couché, bien chez soi, sans aller mettre son nez dehors. Et évidement, il a fallu que tu te pointes à la bibliothèque, à une heure du matin, alors que tu sais pertinemment que c'est interdit. C'est vrai... Mais depuis quand je respecte le règlement ? Et puis, ce n'est pas de ma faute si je suis tombée sur une espèce de gardien pyromane en proie à je ne sais quel délire hallucinatoire.
...
Vu dans ce sens, ça peut avoir son charme.
Non mais, mais, tu, tu... Mais ferme-la donc ! Non mais, sérieusement, qu'est-ce qu'il t'arrive Sybille ? Parce que , LA ça devient grave. Vraiment.
Je sais pas... Je ne sais pas, je ne sais plus... Et puis pourquoi ce serait de ma faute aussi, hein ? Parce que c'est toi qui est agenouillée là, au sol, en train de te vider de tes larmes et de te parler à toi-même. Peut-être... Cela ne m'explique toujours pas pourquoi je pleure.

Le docteur est toujours là, derrière moi, accroupi dans mon dos. La main sur mon épaule, il essaye de me calmer, de me relever. Il me parle, doucement, mais je ne l’écoute pas. Je ne l’entends pas. La porte s’ouvre, dans un fracas bruyant, qui me fait sursauter. Je relève la tête pour observer l’auteur de ce bruit, mais avant même de croiser son regard, je sais déjà de qui il s’agit. Il n’y a qu’une personne pour ouvrir les portes de cette manière…
Avant même que je n’ai pu faire quoi que ce soit, il me relève, ses mains calleuses posées sur mes bras nus, et me serre contre lui. Doucement. Moi, je ferme les yeux, laissant mes larmes couler, lentement, sans un mot, tandis qu’il me berce. Doucement, de nouveau. Il lance quelque chose au médecin, mais je ne l’écoute pas. J’ai l’impression que tout est flou autour de moi, de ne plus rien entendre. Mis à part son cœur qui bat la chamade contre le mien. Les yeux toujours clos, je niche ma tête dans le creux entre son épaule et son cou, essayant de me calmer, petit à petit. Et une fois de plus, c’est cette odeur si particulière qui me prend à la gorge. Je ne saurais et je n’ai jamais su dire, définir ce que c’était exactement. C’est… lui, tout simplement.

A nouveau, sa voix retentit. Il parle au docteur, une fois de plus. Que lui dit-il ? Je ne sais pas. Je n’ai pas compris, une fois de plus… Je n’entends presque plus rien, je ne sens plus rien… Juste qu’il me prend dans ses bras, avant d’ouvrir la porte et de m’emmener. Où ? Je ne sais pas, je ne sais pas non plus…
Vague d’air frais. Après des heures passées à l’infirmerie, à respirer cet air bourré d’odeurs de désinfectant, de médicament, je me sens revivre. Renaître dans ses bras…
Et après, je ne sais plus. Trou. Vide. Blanc…

Lorsque je m’éveille enfin, je suis allongée dans un lit – une fois de plus -, les couvertures de ce dernier rabattues sur moi. D’un geste presque violent, je les écartes, le souffle saccadé. Toujours cette vieille angoisse. Je ne saurais dire d’où cela me vient. Mais je hais, et j’ai toujours haïs le fait de me retrouver bloquée, emmitouflée dans des draps, incapable de faire le moindre geste. Toujours cette peur, cette fuite perpétuelle, cette crainte du monde…
Tandis que je me calme, peu à peu, j’observe la pièce dans laquelle je me trouve. J’ignore où je suis. Pourquoi je m’y trouve. Ce qui s’est passé. Que je hais ces moments d’absences, où tout s’en va, où tout me fuit, et où je ne suis plus là. Ailleurs. Partie… Emplis d’une lueur de curiosité, mes yeux se posent sur une étagère de bois noir, emplie de toutes sortes de livres. Jusque ici, rien de bien étonnant, je vous l’accorde. Non, ce qui m’intrigue, ce sont toutes ces statuettes, ces images, ces icônes… Lentement, je me lève, faisant à peine bruisser les draps, avant de m’approcher. Où suis-je encore tombée… Si j’osais, je dirais que je suis dans la chambre – l’antre ? Bon, exagère pas non plus Sybille – d’un fanatique –mystique -je ne sais quoi. Mon index effleure le haut d’une statuette en bois représentant un dieu égyptien, en délogeant le peu de poussière qui s’y attarde. J’ose.

En fait non. Mon regard vient de se poser sur une silhouette allongée au bord de l’autre lit qui meuble la pièce, dos tourné à moi. Tobias…
Eclair de compréhension. Si il est ici, c’est donc que je suis dans sa chambre. Et celle de son colocataire – apparament absent pour le moment -. Je ne saurais dire si c’est bien ou pas. Sa présence me rassure et m’effraye à la fois. Me retrouver donc seule avec lui me mets dans un état que je ne saurais décrire. Mais c’est pas fini ces conneries toi ? Il t’a sauvé la vie, et si il avait voulu te bouffer, il l’aurait déjà fait depuis longtemps, avec toutes les occasions qu’il a eues, non ? Oui mais… Tais-toi j’ai dit.
Et ça recommence. Sérieusement, je deviens folle. Pourquoi faut-il que je me parle à moi-même à chaque fois que je me retrouve près de lui ? Je ne sais pas… Je suis folle, qu’est-ce que je disais…

Sans un mot, je m’approche. Et m’assois doucement sur le rebord du lit, l’observant, toujours silencieuse. Je ne sais pas ce qu’il lit, mais il a l’air si… calme, si serein comme ça, sa joue callée dans sa main, ses prunelles grises plongées entre les lignes noires qui parcourent l’ouvrage qu’il tient entre ses doigts. Et, lentement, presque timidement, je pose ma main sur son épaule, l’enserrant à peine de mes longs doigts fins. Juste pour lui signaler ma présence, au cas où il ne m’aurait pas vue. Oui, juste pour ça. Je me penche légèrement sur le lit, approchant ma tête de son visage, quelques mèches rousses s’échappant de derrière mon oreille venant effleurer sa joue. J’ai la gorge sèche. Je crois même que je tremble légèrement. Mais je veux savoir… Savoir pourquoi il fait tout ça, pourquoi, pourquoi il le fait pour moi…


- Pourquoi… Pourquoi tu fais ça, pourquoi fais-tu tout cela, uniquement pour moi… ? Murmurais-je, un air à la fois grave et reconnaissant sur le visage, mes yeux émeraude plantés dans les siens, prunelles anthracites dans lesquelles j’aimerais tant pouvoir lire quelque chose, une réponse…

Savoir…


Dernière édition par le Dim 16 Déc - 8:17, édité 1 fois
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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeDim 26 Aoû - 14:44

Lévitique, XIX, 33-34
"Si un étranger vient séjourner avec toi, dans votre pays, ne le molestez point. Il sera pour vous comme l'un de vos compatriotes, l'étranger qui séjourne avec vous, et tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte : je suis l'Éternel votre Dieu."


Savoir ce que je fais. Savoir ce que je ressens. Savoir ce que je cherche, dans cette lecture.
Bordel.
Je n'y trouve rien. Rien. Juste ce sentiment de solitude, cette paix… cet éloignement du monde. Ma seule évasion, mon air pur, ma liberté. Mon fantasme.
Concentré, je tourne doucement la page. Léger bruissement. Grain grossier sous la corne de mes doigts.
Page suivante… Vivement, mes yeux parcourent les pages familières. Mes lèvres forment silencieusement ces mots anciens, ces mots connus, ces mots maintes et maintes fois invoqués, pleurés, espérés.
Page suivante.
Mourrai-je dans cette prison ? Certainement. Elle est tout ce qui me reste. Résidus du monde d'avant, peuplé des rebus humains. C'est ici, que je dois faire ma vie.
Ici, et maintenant.
Plus le choix.

Sursaut. Un contact, près de mon cou. Tendu, je jette un regard par-dessus mon épaule, prêt à frapper… Ah. Petite plume. Je me détends instantanément, quoique vivement troublé par ces doigts posés sur moi… Et puis… son odeur est là… m'envahit… Ma gorge se noue. Je déglutis.
Petite plume.
Comme avec une infinie douceur, une mèche de sa chevelure rousse vient s'égarer tout contre ma joue. Je tressaille, mais finis par planter mon regard dans le sien, tentant de dissimuler mon trouble derrière un masque interrogateur.

Citation :
- Pourquoi… Pourquoi tu fais ça, pourquoi fais-tu tout cela, uniquement pour moi… ?

Silence.
Mes prunelles ne quittent pas les siennes. J'inspire. Lentement. Je cille. Proche. Son visage est proche. Du mien. Mes tempes battent. Trois secondes. C'est rien, c'est tout.
Je finis par détourner le regard, m'appuie sur mes mains pour me relever. Mon livre se ferme avec un petit bruit mat. Je m'assied, les pieds posés au sol, une main sur le lit, l'autre sur mes genoux.

Pour… Pourquoi ?

Ressaisis-toi, Tobby. Tu parles comme un gamin… Allez… Sois un homme… Allez… Tout va bien se passer. Tu va lui lancer u de tes sourires malsains, te lever, lui tourner le dos, et lui répondre n'importe quoi. Tu ne te tordras pas les mains en bégayant. Tu ne lui laisseras pas croire que tu es faible. Tu ne fermeras pas douloureusement les paupières, cherchant une solution que tu n'as pas.
Tu agoras comme un homme. C'est ce que tu feras… N'est-ce pas ?
Tobias… ?

Et merde.

Je me lève doucement, sentant avec rage comme un léger tremblement au creux de mes genoux… Je fais claquer une fois mon briquet, le regard vague.
Toute ma vie… est ici.

Je vais te le dire. Mais tu le garderas pour toi.

Je la regarde. Elle semble frêle, dans cette fichue robe souillée, avec ma veste bien trop grande, bien trop large aux épaules.
J'ai envie de la toucher. De la réchauffer. De la consoler.
De faire quelque chose.
Mais en suis-je seulement capable ?

Un instant, je détourne le regard, cherchant mes mots. Mais, lorsque je parle, c'est d'une voix sûre, affirmée. Presque.

J'ai trente et un ans.

Petite pause. Suis-je sûr de ce que je vais avancer ? Oui… Mais est-ce raisonnable ? Je suis…ridicule… Mais je parle, tout de même. Sa présence… sa présence m'y invite.

Durant toutes ces années… mes années de liberté, je veux dire… j'étais soldat… et j'ai fais ce qu'un soldat devait faire… et j'y prenais plaisir…

Et j'y prends toujours plaisir. Mais ça, c'est pas un scoop. Je crois que… que la seule qui puisse véritablement se vanter de n'avoir rien à craindre de moi… c'est elle.

Mais je suis coincé ici. Jusqu'à ma mort, prématurée, ou non.

Oui. J'y ai déjà pensé. A ça.

Seulement… je viens de comprendre que j'ai une chance… pour une fois… la première… de faire autre chose que de… de corrompre, de faire souffrir… de pervertir.

Mon regard tombe sur mes mains. Elles tremblent. Un peu.

Je veux voir… comment… comment ça fait… quand on …protège… Et puis…

Ma voix meurt, brutalement. Comment parler de… de ce sentiment ? De ce calme, qui me prend, qui me change, qui me démonte, à chaque fois que je te sens proche, petite plume ? Comment… même savoir ce que c'est… Bordel…

Tu me changes. J'ai l'impression de devenir schizo quand t'es… proche.

Alors là… Tobby… Bravo ! T'as jamais fais pire. Pauvre crétin… Tu crois pas que t'as déjà l'air assez dérangé, comme ça ? Faut que t'en rajoute ?

N'empêche que t'es encore en train de te parler à toi même.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeDim 26 Aoû - 17:01

Une fois de plus, il sursaute à mon contact. Décidément. A croire qu’il est aussi perturbé que moi. Quand je dis perturbé, je dis troublé, pas fou. Quoi que, vu ce qui m’arrive en ce moment… Une visite chez le psychologue ne me ferait pas de mal. Oh et puis la ferme Sybille. Tu recommences, une fois de plus…
Je soupire, et pose une fois de plus les yeux sur son regard, son visage, détaillant le moindre trait, la moindre courbe. Il semble vraiment nerveux. Pendant un bref instant, un air interrogateur, perplexe, se peint sur ma figure. Je suis vraiment si effrayante que ça ? D’accord, je suis livide. D’une pâleur cadavérique peut-être même. D’accord, j’ai des cernes immenses, j’ai les cheveux à moitié en bataille, les yeux brillants et une robe blanche tachée de suie, sous une veste de gardien en cuir dix fois trop grande pour moi. J’avoue que l’on est loin du top-modèle. Mais bon, quand même. Là, c’est mon ego qui en prends un coup. Enfin, ce qu’il en reste…

Finalement, il se relève, s’assoit sur le lit, me tournant le dos. Je ne sais comment réagir. L’aurais-je vexé, heurté, blessé ? Parce que j’avoue que je ne suis pas douée pour ce qui est de sortir les bons mots au bon moment. Au contraire même…
Il ouvre finalement la bouche…pour se mettre à bégayer un « pourquoi » tremblotant. Mais merde alors. Dire que hier encore il me parlait d’un ton presque désintéressé, ne se souciant à peine de ce que je lui disais. Et voilà que maintenant, quelques heures après, il était troublé par une simple question. Décidément, je ne le comprends plus. Enfin pas. Je ne l’ai jamais compris. Et je crois que c’est ça qui m’attire, m’intrigue chez lui. Cette impression de mystère, de réserve… Enfin je ne sais pas. Je ne sais même pas si l’on peut parler d’attirance.
Une fois de plus, sa voix retentit, me tirant de mes pensées. Inconsciemment, je lève les yeux vers lui, captant à nouveau son regard gris.

Je crois que si finalement.
Et puis mince. J’en ai marre. Je n’en peux plus. Je ne comprends pas, je ne sais pas ce qu’il m’arrive. J’ai l’impression d’être perdue. Complètement.
Sybille, on te parle. Ah oui, c’est vrai… Légèrement en retard, j’acquiesce, un faible sourire aux lèvres, triste presque.


- Tu peux me faire confiance.

Comme pour illustrer ces paroles, ma main vint se poser sur la sienne, l’étreignant à peine, juste une fraction de seconde, dans un geste hésitant, avant de se retirer, presque brutalement. Comme si j’avais peur de ce que pouvais signifier ce geste, les conséquences qu’il pourrait avoir… Pourquoi est-ce que je fais tout ça ? Je le connais à peine, je ne sais rien de lui, je connais tout juste son nom…

Citation :
J'ai trente et un ans.
Ah. Bon hé bien, cela fait une information en plus. Attendez. Trente et un ans ? Mes yeux s’écarquillent légèrement, mes sourcils se froncent, l’étonnement s’affiche sur mon visage. Juste quelques secondes, mais tout de même. Il est encore plus âgé que Ludwig. Dix ans de plus que moi. Vu comme ça, cela paraît énorme. Pas étonnant qu’il me traite de gamine…
Et depuis quand tu t’en soucies ? Hein ? Ce n’est rien qu’un gardien. Juste un gardien que tu connais à peine, rien de plus.
Oui mais il m’a sauvé la vie, et celle de mon enfant. Et ça, ce n’est pas rien. C’est même tout pour moi. J’ai une dette envers lui, et je compte bien m’en acquitter. Quelle que soit la manière. Et ça, tu ne peux rien dire contre.
C’est vrai. Mais ce n’est pas pour autant que tu dois te comporter comme une jeune fille lors de son premier flirt ! Tu es ridicule Sybille, tu m’entends, ri-di-cule !
Comme pour illustrer ce que je pense, mes pommettes se mettent à rosir légèrement, ce qui équivaut – avec ma peau de rouquine – au fait que mes joues deviennent subitement écarlates. Qu’est-ce que je disais… Il a raison… Une vraie gamine.

Silencieuse, j’attends qu’il se décide à poursuivre, l’observant de plus belle de mes prunelles émeraude. Et une fois de plus, c’est la stupeur qui se lit sur mes traits. Un soldat, lui ? Pendant une fraction de seconde, je le détaille, lui et son visage grave, sa main amputée, sa carrure imposante, son air intimidant, presque effrayant au début, lorsqu’on le regarde pour la première fois. Un soldat. Oui, peut-être… N’empêche que, vu comme il se comporte avec moi, j’ai du mal à me l’imaginer.
Une image surgit devant mon regard songeur. Des flammes. Un visage. La bibliothèque.
En fait, si.
Ce qui n’est pas pour me mettre à l’aise. La façon dont il évoque son passé et ses… préoccupations de jadis ne me rassure pas vraiment. M’effraye même. Pendant un bref instant, je me rends réellement compte que je ne sais rien de lui. Vraiment rien. J’ignore qui il est, d’où il vient, ce qu’il a fait, fera… Connaître un âge et un prénom… Ce n’est pas avec ça que l’on peut se vanter de connaître quelqu’un.

Citation :
Mais je suis coincé ici. Jusqu'à ma mort, prématurée, ou non.
Alors pourquoi est-ce que je tique violement lorsque j’entends ces mots ? Il parle avec un tel détachement d’un sujet si… Enfin vous me comprenez.
Un visage inerte, aux yeux clos, s’affiche soudainement devant moi. Je ferme les yeux, tentant de chasser cette image morbide, vainement. Malgré moi, je me mets à trembler. Trop tard.
Livide, je me mords violement la lèvre, secouant la tête d’un air impuissant, les yeux clos, les poings serrés. Vas-t-en, vas-t-en, vas-t-en… S’il te plait… Je ne veux pas, je ne veux plus… Je veux juste oublier… Oublier que tu es mort, parti, et que je ne te reverrais jamais, plus jamais.
Plus jamais…

Pourquoi est-ce que je pense à ça maintenant ? Je sais pas… Peut-être parce que je me rends compte – je me rends compte d’un tas de chose en ce moment, c’est fou, bravo Sybille, tu deviens intelligente… - que je ne veux pas qu’il meure. Pas lui. Pas aussi. J’ai perdu l’une des rares personnes qui m’aimaient, me protégeaient. Je ne veux pas en perdre une deuxième.
Enfin, aimer est un peu fort comme terme. Je doute que Tobias m’aime dans le sens où Ludwig m’aimait. Si il m’apprécie un tant soit peu… Ce sera déjà très bien.

Citation :
Seulement… je viens de comprendre que j'ai une chance… pour une fois… la première… de faire autre chose que de… de corrompre, de faire souffrir… de pervertir.
Comme ces mots sonnent mal dans sa bouche… Allez savoir pourquoi, mais je ne le vois pas du tout en train de torturer, tuer quelqu’un, faire du mal à une personne. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Un point c’est tout.

Citation :
Je veux voir… comment… comment ça fait… quand on …protège… Et puis…
Et puis quoi ?
Il tremble. Enfin, ses mains. Cela le trouble-t-il ? Je veux dire, de me parler, me raconter tout ça ? Je sais par expérience personnelle que c’est assez pénible de se confier. Enfin moi, je déteste ça. Avouer mes faiblesses, et surtout… Me souvenir. Me rappeler. Il y a tant de choses que je préfèrerais oublier, pour toujours. Tais-toi Sybille. Cela vaudra mieux… Une nouvelle fois, je ferme les yeux, serrant les poings, le visage crispé, fermé.

Citation :
Tu me changes. J'ai l'impression de devenir schizo quand t'es… proche.
Et je les rouvre presque aussitôt. Pardon ? Je le change ? Moi, moi ? Moi… Pourquoi ?
D’un côté, j’ai envie de rire. Rire, à cause de sa phrase, qui paraît si… étrange, presque drôle. Et de l’autre, je me sens coupable. Coupable de le voir dans cet état, perdu, nerveux, ne sachant que dire, que faire. Un peu comme moi en fait…


- Heureuse de constater que je ne suis pas la seule à devenir folle…

Ma voix est à la fois triste et ironique. Une fois de plus, je lui souris faiblement, avant de détourner les yeux.

Non mais attends une seconde Sybille. Tu te rends compte de ce qui se passe en ce moment ? Oui. Non, je ne crois pas. Je te dis que si. Et moi que non, tu ne comprends pas, tu… La ferme. J’ai dis la ferme.
Un soupir s’échappe de mes lèvres. Doucement, je pose mes yeux verts sur lui, avant de me lever, doucement, lui tournant le dos. Je ne sais pas trop quoi dire, ni quoi faire. Dois-je lui avouer tout, moi aussi ? Me confier à lui, me livrer, lui dévoiler mon passé ?
… Non, je n’en ai pas envie. Il ne me l’a pas demandé, je ne vois pas pourquoi je le ferais. C’est déjà assez pénible comme ça. Mais je vais faire un effort, et lui avouer certains… détails, comme il l’a fait pour moi. C’est la moindre des choses.

Par où commencer ? Inconsciemment, mes mains se tordent, mon visage se crispe. Peut-être lui dire ce que lui t’as dit peu avant… Oui, c’est une bonne idée.


- J’en ai vingt-et-un… Murmurais-je.

J’ai presque honte lorsque ces mots s’échappent de ma bouche. Pourquoi ? Pourquoi devrais-je avoir honte d’être jeune ? Je ne sais pas… C’est stupide, je sais. Je n’ai aucun compte à lui rendre, aucune obligation envers lui… Aucune…

Alors pourquoi est-ce que je continue ?


- Je… Je ne sais pas trop quoi te dire. Ni comment me comporter avec toi. A vrai dire, pour être franche, je suis un peu perdue. Ajoutais-je sur le même ton.

Je me tourne de nouveau vers lui, le fixant, silencieuse, sans savoir quoi ajouter. C’est tant d’émotions en moi, de pensées, de sentiments… J’ai l’impression que je vais exploser de l’intérieur, éclater en sanglots, d’un moment à l’autre. Pathétique…


- Ce, c’est la première fois que quelqu’un se comporte comme ça avec moi, que quelqu’un s’inquiète pour moi depuis que… que il… qu’il est mort… Enfin je veux dire, innocemment, qu’il n’y ait pas un but fixe derrière tout cela, une idée malsaine. Balbutiais-je, les yeux pleins de larmes.

Car ce genre de situation, combien de fois ne les ai-je pas vécues… S’attirer la sympathie d’une jeune fille… Pour mieux la détruire. Ignoble. Pourtant, cela a été mon quotidien, pendant plusieurs années.


- Ce genre de choses, et pire encore, beaucoup pire, je les ai endurées, subies pendant tellement longtemps, tellement de temps… Je n’ai plus envie que ça recommence, et surtout pas maintenant… Pas maintenant…

Ma voix se brise. Je baisse le visage, à bout. Ca y est. J’ai gagné… Une larme, puis deux, trois… se mettent à couler sur mes joues pâles, tandis que je détourne la tête, la gorge nouée, essayant de me calmer.

Pourquoi est-ce qu’il faut que je me transforme en fontaine à chaque fois que je suis près de lui… ?
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeDim 2 Sep - 5:43

Citation :
- Tu peux me faire confiance.

Confiance ?

Sans le vouloir vraiment, je me suis instantanément fait échos de ces paroles presque… chocantes, pour moi. A vrai dire, je désirais qu'elle m'accorde sa confiance, à moi. Etrangement, cela m'était nécessaire, vital. Mais… je n'avais pas véritablement pensé à l'inverse… au retour.
Mais… c'est ça, tout ce qui m'a mené là… Je veux dire… Je sais recevoir… Mais donner ? Je détourne légèrement le visage, fixant vaguement un point invisible derrière l'épaule de petite plume.

Tiens… ? Un contact tiède, sur ma main. Léger, doux. Furtif. Déjà, ses doigts se sont détachés des miens, comme effarouchés de leur propre geste. Lentement, ma main se referme sur le tissu rapeux qui recouvre le lit. Je lève un peu le regard, le plante dans le sien… esquisse un sourire en coin…
et suis passablement refroidi par sa réaction, lorsque je lui annonce mon page. Quelque part… je m'y attendais. Mais de voir ainsi son visage si doux se contracter… je sens comme un fossé qui se creuse, entre nous…
De quoi ? Mais quel con… Tobby ! Sombre crétin ! Il-n'y-a-pas-de-"nous" ! T'es complètement timbré, ou bien ? Rien ! Mais qu'est-ce que tu imagine… Rien… Gêné, non pas tant par ses paroles que par mes propres pensées, je détourne une fois de plus le regard, mais sans pour autant le baisser. Toujours ce point fixe, derrière elle. Je me concentre sur les volumes reliés qui me font face… mes livres… Je lis, comme pour me rassurer, chacun de ces titres familiers.

Elle semble choquée lorsque je lui fait part de… de ce que chez moi.. ce qu'elle…éveille ?… Mon poing se referme, serrant encore un peu plus l'étoffe entre mes doigts fébriles. Je l'ai peut-être effrayé… D'ailleurs… Ne suis-je pas vraiment…fou ?

Citation :
- Heureuse de constater que je ne suis pas la seule à devenir folle…

Hein… ? De… de quoi ? Je mets un temps à percuter ce qu'elle me dit… et à l'accepter. Même si je ne comprends pas tout… Mais son faible sourire vient bien vite m'apaiser. Je baisse toutefois les yeux. Ai-je vraiment droit à toutes ces choses ? Je dois dire… que, bizarrement… chacune des expressions de son visage sont pour moi des douceurs…

Je hausse un sourcil intrigué lorsqu'elle s'écarte, se lève, et me tourne le dos… Elle me fait part de son âge… Pourquoi fait-elle cela ? Non… ce n'est pas exactement la bonne question… Mais plutôt, pourquoi est-ce qu'un léger gêne me prend ? Dix ans... Une décennie… Dit comme ça, je suis un adulte, et elle, une enfant. C'est peut-être vraiment cela. La nature de mon…sentiment… à son égard. Rien de plus…
Vraiment ?

Mon regard se teinte d'une légère pointe de douleur lorsqu'elle avoue se sentir perdue avec moi… Je mords doucement l'intérieur de ma lèvre inférieure, détourne le visage. Peut-être même a-t-elle peur de moi… Et que c'est tout ce qui la motive à me parler ? Les choses n'auraient pas changé, donc… Je sens, de loin, mes ongles s'enfoncer durement dans le creux de ma paume.

Je la sens qui bouge, se retourne à nouveau sur moi. Je suis pitoyable. J'ose à peine lever les yeux pour recevoir son regard… Avec difficulté, je m'exécute, quelque chose dans mes prunelles qui n'est pas de mon habitude. Je crois qu'il y a un peu… d'espoir… de demande, de sentiment de perte… un regard de mioche. Reprends-toi, crétin…

Citation :
- Ce, c’est la première fois que quelqu’un se comporte comme ça avec moi, que quelqu’un s’inquiète pour moi depuis que… que il… qu’il est mort… Enfin je veux dire, innocemment, qu’il n’y ait pas un but fixe derrière tout cela, une idée malsaine.

Je suis tellement surpris que je ne souffle pas un mot. Entendre ces paroles-là… à propos de moi…Finalement, ce n'est pas la crainte, qui la retiens ? J'espère… et me raccroche à cette idée. Mais avec petite plume… c'est si…naturel. Comment agir autrement ? Comment ?

Citation :
… Je n’ai plus envie que ça recommence, et surtout pas maintenant… Pas maintenant…

Mon visage se décompose lorsque ses larmes reviennent, éclatent, tâchent ses joues blanches de stries scintillantes… Une drôle d'émotion serre mon…mon cœur ? C'est comme si…pour une fois… j'arrivais à ressentir … la peine. D'un autre. D'une âme.

Vivement, je me lève, et d'un geste naturel, sans gêne, ni ambiguïté malsaine, je l'attire à moi, presse mes bras dans son dos, et pose mon menton derrière son épaule. En silence. Sans fards… Je sens sa tiédeur contre moi, et j'essaie, par ma propre chaleur, de lui transmettre un peu de ma force, un peu de mon endurance… de ma dureté… Je ferme les yeux, fredonnant d'instinct une vieille comptine en roumain… une chanson pour gosses… Mes bras la bercent doucement, contre moi… Et, doucement, je reprends la parole, murmurant, tentant au maximum de juguler mon accent rauque…

Ca recommencera pas… C'est pour ça que je suis là… Je peux pas te dire que tu sentiras mieux. J'en sais rien… Je peux juste te promettre qu'il ne t'arrivera plus rien… Je suis là pour ça…

Je marque une pause… Pour ça que je suis là… J'ai l'impression que je rends tant service à elle qu'à moi… Je ne détruis plus, je protège… Cette gamine, c'est mon salut… Merci… Merci Seigneur… Je rouvre doucement les yeux, m'écarte légèrement d'elle, la tenant doucement par les épaules.

Gamine… Enfin… Sybille. Il faut que tu comprennes… que tu te fasses pas une idée fausse de moi… Ce que j'essaie de te dire… c'est que, si je peux te protéger de la sorte… c'est que ce que tu as vu la nuit dernière, c'est moi. Tu vas peut-être finir par me détester, pire…me craindre.

Ma voix se brise. C'est peut-être ce que je redoute le plus…

Mais tu verras… tu comprendras lorsque tu me verras agir… Je suis de ceux qui torturent, qui font souffrir, sans gêne, et avec plaisir… et c'est cette image que j'ai qui te défendra le mieux…

J'ai comme un frisson. De je ne sais trop quoi. Je détourne le visage, ferme douloureusement les yeux… et, comme un perdu, resserre mes bras sur elle… cette petite plume, je sens qu'elle va me haïr… Plus elle me connaîtra, plus elle me haïra… Mais… je peux pas faire autrement… Je rouvre brutalement les yeux lorsque je sens que mes lèvres ont vaguement effleurés son cou tendre… Je me recule, horrifié, me détache d'elle, et me rassieds sur le lit, la tête entre les mains…

Me haïr…
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeLun 3 Sep - 11:47

Il faut vraiment que j’apprenne à me contrôler. Il va finir par me trouver ridicule, se lasser, s’exaspérer de me voir pleurer pour tout et n’importe quoi toutes les deux minutes. Je dois être franchement pitoyable. Et pourtant, pourtant… Je n’y arrive pas. A me retenir je veux dire. A me calmer, à oublier… C’est si fort, si… marquant. Comme ancré en moi. Je ne peux pas oublier. Pas après tout ça…

Alors pourquoi est-ce que je sursaute quand il me prend dans ses bras, me serre contre lui, sans que je cherche nullement à l’en empêcher, à me retirer ? Au contraire, je suis tellement bien là… J’ai l’impression que tout s’en va, momentanément, qu’il n’y a plus rien, plus que lui et moi, plus que lui, son corps pressé contre le mien, sa douce chaleur qui gagne petit à petit mon corps glacé, la tendre force avec laquelle il m’enserre de ses bras. Je suis… bien… Heureuse presque. A mon tour, je passe mes bras autour de lui, autour de son cou, et loge ma tête dans le creux de son épaule, comme d’habitude… Comme toujours… Comme si… J’avais toujours fait ça. Un geste presque… naturel. J’en viens pratiquement à avoir peur de moi-même, peur de mes réactions, de ce qui est en train de se passer en ce moment, de ce qui se passe entre nous.

Nous ? Pourquoi devrais-je dire nous ? Il n’y a pas de nous Sybille, il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. Le seul nous qu’il y ai jamais eu est fini, terminé, envolé… à tout jamais. Et vois où cela t’a menée. Non. Il n’y a pas de nous, ni quoi que ce soit qui puisse y ressembler, de près où de loin. C’est juste… Je ne sais pas. Je ne sais pas comment définir ça. C’est impossible. Mais c’est le seul avec qui je me sens si bien, si calme, si détendue… Protégée… Il m’apaise, m’adoucit, chasse mes tensions, même si cela ne dure qu’un bref instant, instant pendant lequel je me sens enfin moi-même. Revivre…

Doucement, je ferme les yeux, me laissant bercer par le rythme de sa respiration et par les mots qu’il fredonne dans le creux de mon oreille. Une chanson ? Sûrement. J’ignore quelle en est la langue, je ne comprends pas ce qu’il dit. Mais cela m’apaise. Me berce.


Citation :
Ca recommencera pas… C'est pour ça que je suis là… Je peux pas te dire que tu sentiras mieux. J'en sais rien… Je peux juste te promettre qu'il ne t'arrivera plus rien… Je suis là pour ça…

A ces mots, je resserre un peu plus mon étreinte autour de son cou, hochant fébrilement la tête, muette. Je ne veux rien dire, rien entendre de plus. Juste me persuader que c’est vrai. Que plus rien n’arrivera, plus jamais, plus rien, rien du tout… Protège-moi, aide-moi… Sauve-moi, je t’en supplie…

Soudain, son odeur s’éloigne. Il s’écarte légèrement de moi, ouvre les yeux, plante ses yeux gris dans les miens. Pose ses mains sur mes épaules. Je frissonne. Je n’aime pas son regard…


Citation :
Gamine… Enfin… Sybille. Il faut que tu comprennes… que tu te fasses pas une idée fausse de moi… Ce que j'essaie de te dire… c'est que, si je peux te protéger de la sorte… c'est que ce que tu as vu la nuit dernière, c'est moi. Tu vas peut-être finir par me détester, pire…me craindre.

Ni son ton d’ailleurs. Sa voix tremble, déraille, se brise. J’ai l’impression qu’il va pleurer. Non. Pas toi, pas maintenant… Si lui s’écroule, échoue… C’est tout qui s’effondre avec lui. Sois fort, je t’en supplie. Pour toi, pour moi… pour lui…


Citation :
Mais tu verras… tu comprendras lorsque tu me verras agir… Je suis de ceux qui torturent, qui font souffrir, sans gêne, et avec plaisir… et c'est cette image que j'ai qui te défendra le mieux…

Non. Je ne veux pas comprendre. Je ne veux pas savoir. Pourquoi est-ce que tu me dis ça, maintenant ? Tais-toi, pars pitié… Pourquoi est-ce que tu fais ça, pourquoi ? Cherches-tu vraiment à ce que je te craigne, que je te prenne pour ce que tu n’es pas ? Non ? Alors arrête, s’il te plait…

Il détourne le visage. Ferme les yeux. Comme si il avait mal. Ne se sentait pas bien, avait honte. Est-ce de ma faute… ? Sûrement. Comme toujours… Je m’attends presque à ce qu’il me lâche, libère mes épaules de l’emprise de ses mains pour se détourner de moi, ne plus me regarder… et c’est tout le contraire qu’il fait. Me serrant de plus belle contre son corps presque tremblant. Surprise par ce geste, je n’ose bouger, le souffle court, ne sachant que dire, ni que faire.

Et là… Je ne sais pas vraiment ce qui se passe. Ce qui s’est passé. Tout est arrivé tellement vite. Déjà il s’éloigne, comme étonné, outré, terrifié par son geste. Moi, je suis là, complètement perdue, les lèvres entrouvertes, à effleurer la base de mon cou du bout des doigts, là où ses lèvres tièdes ont caressé ma peau. Comme une idiote. Immobile, muette. Mais réagis Sybille ! Incapable de faire le moindre geste… Je le regarde, lui, assis sur son lit, la tête entre les mains, alors qu’un murmure s’échappe de ces lèvres que je sens encore sur ma peau… Le haïr ? Non, non… Pas lui… Il est tout ce qu’il me reste, tout ce que j’ai… Le seul qui puisse m’aider à tenir ici.

Doucement, timidement même, presque, je m’approche de lui. Il paraît si… perdu… fragile, en ce moment même… J’ai l’impression de me voir, moi. Comme si les rôles étaient inversés. Délicatement, je pose ma main sur sa joue désormais imberbe depuis peu, l’effleurant à peine, avant de remonter son visage pour plonger mes yeux dans les siens. Je… Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Qu’est-ce que je suis censée faire ? Je l’ignore…


- Je, enfin je, tu…

Je suis pitoyable, à balbutier ces quelques mots. Incapable de faire une phrase, d’exprimer ma pensée. Mais qu’est-ce que je veux dire ? Lui expliquer ? Je ne sais pas, je suis perdue… Complètement… Mon cœur bat la chamade. Tambourinant violement contre ma poitrine. Comme si il protestait. Protestait contre quoi ?
Ce n’est que maintenant que je me rends compte comme nous sommes proches. Si proches. Trop proches… Inconsciemment, presque malgré moi, je franchis les quelques centimètres qui séparent son visage du mien… avant de poser mes lèvres sur les siennes. Délicatement, timidement. Juste une caresse. Un souffle… Déjà je me recule, comme horrifiée, pétrifiée par ce geste que je viens d’avoir. Mais quelle, quelle ! Je suis tellement stupide ! Evidement ! Il fallait que je fasse ça ! J’aurais pu l’insulter, le gifler, ou l’ignorer, tout simplement ! Non ! Il fallait que je réponde, en pire même ! Mais non, non ! Je suis tellement bête ! J’ai envie de me donner des baffes.

Le souffle court, je le regarde, à peine un regard, hésitant, craintif même, avant de détourner les yeux, tremblante.


- Je, je…

J’ai envie de lui dire, de me faire comprendre, de lui expliquer, de m’excuser… Aucun mot ne sort de ma bouche. Mais parle donc Sybille ! Arrête de te comporter comme une enfant de deux ans ! Sybille ! Sybille… ?

- Je te crois Tobias. Peu importe la façon dont tu as agis avec moi la nuit dernière, peu importe la façon dont tu agiras, tu…

J’inspire, reprenant mon souffle. J’ai l’impression que mon cœur va exploser. Pourquoi ? Je ne sais pas…

- Ce que je veux dire, c’est que peu m’importe la manière que tu emploieras, peu importe ce que tu me diras, je sais que ce n’est pas vrai. Ce que je veux dire c’est que… Je sais qui tu es, réellement… Et que cette personne, je l’ai en face de moi, maintenant… Murmurais-je.

- Ce que tu as fait pour moi aujourd’hui, hier, personne ne l’a jamais fait, personne… Ajoutais-je d’un ton tremblant.

Ca y est. Les larmes me montent aux yeux. Maintenant, ça suffit ! Déglutissant péniblement, je ferme les paupières, détourne le regard, le temps de me calmer… avant de reposer mes prunelles émeraude sur lui.


- Je te fais confiance… Terminais-je doucement, baissant les yeux.

De mieux en mieux. Alors là, bravo. Mais vraiment Sybillle, magnifique. Quand on te dis que tu entends et que tu comprendre que ce que tu veux bien entendre, c’était vraiment vrai. D’ailleurs ce n’est pas la première fois, hein ? Avec Ludwig déjà… Vois où ça t’as menée de lui faire confiance… Il t’a trahie, trompée… La ferme !

En proie avec moi-même, je m’effondre au sol, la tête entre les mains, le visage crispé. Ludwig. Ludwig… Tu es vraiment une idiote. Tu l’aimais, il t’aimait, tu portes son enfant… Et voilà que tu embrasses un gardien que tu connais à peine. Pauvre fille… Mais Ludwig est mort ! Non. Il ne sera mort que lorsque tu te décidera à l’oublier… Et regardes-toi… Tu es déjà en train de le faire…
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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeSam 15 Déc - 18:14

C'est quoi, la mort ?
Pourquoi t'as peur, hein ? Dis-moi… Pourquoi t'as peur ? Tu m'entends ? T'entends ? Ma voix, ma voix à moi ! Heiiiiiin ?
Moi.
Et t'es qui, toi ? Pourquoi t'es là ? C'est la vie, qui t'as largué là ? Dans cette taule, dans cette boîte malsaine, dans ce carré de pierre ? C'est la vie, ou c'est la mort ? Leur mort à eux. Ceux-là, ouais. Tous ceux-là. Qu't'as tué sans trop t'en faire, sans trop t'en rendre compte, s'en trop t'en foutre. Physiquement, ou mentalement.
Tu les as tué.
Et c'est pour ça qu't'es là… Ouais. T'es là, toi. Enfin…
Moi.

De quel droit ? C'est cette question, qui me revient toujours. Encore et encore… lentement, doucement, mais récurrente comme un mal de tête à te détruire l'esprit. Tu les as tué, tu sais ? Et tu regrettes rien. Rien de rien. Et pourtant, tu te sens le droit d'être heureux.
Pourquoi ?

Tu sais… tu sais que je les sais, tes motivations… Tu croyais porter ta croix, peut-être ? Tout au fond de toi… c'est ce que tu voulais, ce que tu croyais. Secrètement. Inconsciemment, presque.
Mais le temps passe…et rien se passe.
Pire. Tu crois trouver ton bonheur. Ici. Tu crois. Encore. Tu as de l'espoir. Encore. Tu vis.
Encore.

Tu aurais mieux fait de mourir, Tobias. Tu l'as pourtant voulu un certain nombre de fois, mais sans trop oser te l'avouer. Tu n'est qu'un homme, après tout. Tu as survécu… Pas vrai ? Tu t'es accroché à ta petite parcelle de vie. Par instinct. Uniquement par instinct. Comme d'habitude. Sans trop savoir pourquoi. Et tu es là.

Mais… Putain ! Pourquoi ? Bordel ! Quelqu'un, quelqu'un ! S'il-vous plaît, quelqu'un ! Je ne suis pas né ! Je ne suis pas mort ! Je suis… inconscient.
Inconscient.

Réveille-moi.

Ah… Dieu ! Mes paupières s'ouvrent, brusquement. Visage décomposé, effaré, pétrifié. Ces lèvres sur les miennes. Les siennes. Les miennes.
Proximité.

Frappe-moi ! C'est c'que t'aurais dû faire ! Pas… Pas ça ! Pitié… Pitié ! Pourquoi t'as fait ça ? Tue-moi ! J'ai… j'ai pas le droit. Plus le droit. Tu as violé la loi… la loi tacite…
Pourquoi tu m'as fais me sentir conscient ?
Brisés, brisés, les chastes serments de mort affective. Déchirées, mes illusions, mortes, mes vaines tentatives d'oubli de ma conscience.

Ma conscience ! Vanité !
Tout cela est… faux.

Citation :
"…je sais que ce n’est pas vrai."

Faux, faux, FAUX ! Laisse-moi me brûler ! Laisse moi m'oublier… Redevenir comme avant, comme avant ! Mort, mais ne le sachant pas ! Perdu, mais n'y accordant pas d'importance. C'est ceux qu'ils méritent, eux, mes morts.

Citation :
"- Je te fais confiance…"


Mais… qu'est-c'que ch'uis en train d'dire ? Je veux mourir ? Je veux brûler ?
…Connard.
T'as fait des promesses, pauvre mec. Tu sais c'que c'est, ça. C'est à peu près tout ce que t'es capable de respecter. Alors tes conneries pro-baudelairiennes, tu te les gardes. Okay ?

L'air absent, je passe deux doigts sur mes lèvres closes. Et tout ce que je retire de ce geste, c'est que je suis un voleur. Je sais que… que c'est malsain. Parce que j'y ai pas droit, à tout ça. J'ai trop de choses, pour un gars comme moi. Beaucoup trop.
Voleur.

Mais… Mais malgré tout… J'ai pas pu m'en empêcher… J'ai pas pu contenir ce frisson. J'ai pas pu brider mon esprit… Pourquoi ? Simplement, l'espace d'un instant…
J'ai été heureux. Terriblement heureux.

Je lève un regard intrigué sur elle. Se pourrait-il… ? Ce sentiment ? Est-ce que…
Non. Elle est jeune.
Une gamine. Et moi, un voleur. Ne te méprends pas, Tobias. Tu crois aimer, mais ce ne sont que tes sentiments habituels. Désir, convoitise.
Pourtant… Tu n'es pas d'accord. En fait. Pas vrai ?

Et c'est parce que tu n'es pas d'accord que tu te lèves, que tu hésite, debout, muet comme un crétin que tu es. Hein ? Et ce truc dans tes tripes, tu crois vraiment que c'est une envie de meurtre ? Cette chaleur dans c'que t'appelles ton cœur, tu pense aussi que c'est une envie de viol ?
Mon vieux, mon pauvre, tu sais quoi ? T'es tombé amou…

Excuse-moi. C'est malsain.

Je détourne la tête. Peut-être qu'elle ne verra pas que je ne crois pas un mot de ce que je dis. En cet instant, je me maudis d'avoir coupé mes cheveux si courts. Ils ne peuvent pas cacher mon visage. Je cille doucement. En silence. Je sens juste sa présence. Sa vibrante présence, dans cet espace muré.

Je finis par me persuader de m'arracher à ma stupide immobilité. Je fais un pas, pose ma main sur son épaule, la relève avec une infinie douceur. En prenant bien soin à ne toucher que l'étoffe. Ma voix est pâle, un peu vide.

Tu devrais… te reposer. Après tout ce qui a pu se passer je…

Je ne finis pas ma phrase. Je ne sais pas quoi dire, en fait. Doucement, je la fais avancer vers la porte de la chambre. Il est temps que je la laisse un peu tranquille. Elle l'a mérité… non ? Je penche légèrement la tête sur le côté… En la regardant, je sens… comme une sorte de sentiment étrange… Une tendre affection. C'est… c'est doux.

J'inspire profondément, posant la main sur la poignée de la porte.
Et je… l'ouvre ?
C'est ce que je croyais. Enfin, ce que je voulais. Alors pourquoi est-ce que je viens de prendre son visage entre mes mains ? Pourquoi mes lèvres sont-elles soudées aux siennes ? Mes yeux clos ? Mes doigts tremblants ?
Pourquoi ?

Malsain… Je… non… Pardonne-m…

Je me recule légèrement, prends une inspiration inégale, troublée comme celle d'un malade. C'est une regard suppliant que je lui adresse… suppliant… mais de quoi ?
Sans violence, je la pousse dehors, ferme la porte. Tout s'est passé en un instant à peine. Et moi… je m'adosse à la porte, glisse à terre, tête en arrière.

Malsain…
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MessageSujet: Re: Angoisses et vérités [Terminé]   Angoisses et vérités [Terminé] Icon_minitimeDim 16 Déc - 7:59

- Dis maman, le prince charmant… Il existe vraiment ?
- Bien sûr ma chérie, pourquoi me poses-tu cette question ?
- Pour savoir… Tout le monde en parle, mais moi je l’ai jamais vu…

Si j’avais sur que ce jour-là, tu m’avais menti… C’était pourtant évident… Pourquoi n’ai-je pas remarqué la lueur triste qui brillait dans tes yeux lorsque tu m’as répondu, malgré ton doux sourire, lorsque tu m’avais prise sur tes genoux, me passant tendrement la main dans les cheveux ? Sans doute étais-je trop jeune… Je n’avais que six ans après tout. Mais maintenant, je comprends.

- Le prince charmant, il est là, quelque part. On a toutes le notre, et chacune de nous l’attend… plus ou moins impatiemment. Et chacune d’entre nous le trouve. Tôt ou tard. Avais-tu ajouté d’un air songeur, tout en continuant à me caresser les cheveux d’un geste distrait.

- Tu penses que je le trouverai moi, hein ? Dis maman, hein, tu penses ?

Puériles inquiétudes… Cependant, ce jour là, cette idée même me paraissait évidente. Inévitable, et indispensable. Tout le monde avait droit à son prince. Alors, moi aussi ? Il m’emmènerait loin, très loin, et je deviendrais une princesse. Oui, c’était ça. Quand je serais grande, je serais une princesse.
Tu avais ri à ma question, et hoché vivement la tête, un sourire amusé sur ton visage aussi pâle que le mien, avant de poser un baiser sur mon front :


- Oui ma puce, je le pense. J’en suis même certaine.

Mais maintenant… Maintenant je comprends que tu m’as menti. Tendre tentative pour épargner mes illusions enfantines. Après tout, certains enfants croyaient bien au Père Noël, non ? Pourquoi n’aurais-je pas eu le droit, moi aussi, de croire à mes rêves ? Sans doute pensais-tu me dire la vérité plus tard. M’expliquer que la vie n’était pas un conte de fées. Mais c’est trop tard… Tu es morte… et la vie me l’a expliqué à ta place. Cruel retour à la réalité !
Non, la vie n’est pas un conte de fées. Pas de princesse, pas de prince ni de cheval blanc.


Alors pourquoi, pourquoi est-ce que mon cœur s’est emballé ainsi lorsque mes lèvres ont effleuré les siennes ? Pourquoi est-ce que je me suis mise à trembler, brusquement ? Pourquoi est-ce que je me suis, l’espace d’un instant, sentie heureuse… ?
Arrête de délirer. Cela fait si longtemps qu’un homme ne t’a pas prise dans ses bras. Tu en avais simplement envie, c’est tout. Juste une envie, un désir… C’est compréhensif, non ?
Alors explique-moi pourquoi je suis à terre, à deux doigts de fondre en larmes. Tu culpabilises, c’est normal. La preuve, tu l’aimes encore. Et tu viens d’en embrasser un autre. Et parce que tu sais pertinemment que tu n’en as pas le droit. Traîtresse…
Non ! C’est faux… Je… Tu ? Vas-y, dis-le alors ! Ose le dire ! Que tu es tombée amoureuse ! Amoureuse d’un homme que tu ne connais même pas, dont tu connais à peine le nom ! Amoureuse d’un homme qui a failli te tuer…
Mais qui m’a sauvé la vie.
Ca ne justifie pas les choses. C’est de la reconnaissance alors. Pas de l’amour. Ne joue pas avec toi-même Sybille… Je sais ce que tu penses. Qui tu es, réellement.
Tu ne l’aimes pas.
N’est-ce pas… ?

Citation :
Excuse-moi. C'est malsain.

Malsain… Oui, c’est cela… Voilà. Ecoute-le, lui a tout compris. Tu te fais du mal inutilement. Qu’espérais-tu de toutes manières ? Un mariage, des enfants ? Tu l’as dit toi-même, le prince charmant, les contes de fées… Tout ça, c’est de la connerie. Cette relation n’aboutira jamais à rien.
Souviens-toi de Ludwig…

La ferme ! Tais-toi, tais-toi ! Un frisson incontrôlable me parcoure le corps alors qu’il pose délicatement sa main sur mon épaule. Je le sens à peine. Il me relève, lentement. C’est tellement doux… La caresse d’une plume… Je plonge mon regard dans le sien.


Citation :
Tu devrais… te reposer. Après tout ce qui a pu se passer je…

Je cille, mon regard se trouble. Ta voix… faible, qui se brise…
Non ! Tu n’as pas le droit d’être aussi troublé… Pas toi… Tobias… Qu’as-tu ? Ne me dis pas que c’est à cause de moi. Je ne, tu… Tu n’as pas le droit… Je n’ai pas le droit de te tourmenter de la sorte. Sois fort, je t’en prie… Je n’y arriverais pas toute seule… Aide-moi, je t’en supplie… Je sais que je n’avais pas le droit de faire ça. Jamais je n’aurais du le faire.
Oh, pourquoi ai-je réagi de la sorte ? Pourquoi ne l’ai-je pas frappé, insulté ? Il se serait excusé, je serais partie… et tout aurait été en ordre. Mais étais-ce vraiment ce que je voulais ? Jamais je ne pourrais me comporter ainsi avec lui. Il… a tant fait pour moi. Ce serait injuste. Egoïste.
Oui, égoïste… Mais ne le suis-je pas, en ce moment même ? Que lui ai-je fait ? Lui qui était si sûr de lui, si… froid à notre rencontre. Je ne le reconnais presque pas. Son regard n’est à présent plus caché par ces longues mèches couleur corbeau qui dérobaient son visage à ma vue… Ses yeux me fuient… A-t-il peur de moi ? Mais… Pourquoi !? C’est tellement étrange…

Je finis tout de même par hocher la tête. Silencieuse. Parce que c’est tout ce dont je suis capable de faire. Si j’ouvre la bouche, si je parle… J’ignore ce que je lui dirais. Si j’arriverais à parler. Ma voix tremblera, se cassera sûrement. Peut-être que je pleurerais, je ne sais pas. Mes yeux me brûlent, j’ai du mal à respirer. J’ai la gorge nouée, le cœur qui bat la chamade. Que m’arrive-t-il… Aidez-moi…
Doucement, il m’entraîne vers la porte. Je n’oppose aucune résistance. Me contentant de me laisser faire. J’accepte… C’est peut-être même plus sage. Après… ce qui s’est passé… Nous devrions peut-être… Arrêter. De nous voir. Pendant un certain temps, du moins. Je ne sais pas… J’ai peur que cela se reproduise. En pire même. Mais, cette douce chaleur qui me berce, cet agréable frisson qui me saisit lorsque je sens sa main sur ma peau, lorsque je sens sa présence… ?
Peut-être que si, en fait…

Oh, je l’ignore ! Je ne sais pas, je suis perdue ! Et lui… Que ressent-il ? Tobias ! Aide-moi, dis-moi… Ressens-tu la même chose ? Cette étrange sensation qui te gagne, peu à peu, te réchauffe, te fais trembler ? Sens-tu ton cœur battre dans ta poitrine, comme le mien !? Dis-moi… J’ai besoin de savoir… Ce qui m’arrive… Si c’est moi, toi… ou nous…

Idiote. Il n’y a pas de « nous », ni de « vous ». Tu es simplement bouleversée, encore sous le choc de ce qui s’est passé hier et ce matin. Lui sait ce qu’il faut faire, il sait que tu n’es pas réellement consciente. Que tu délires… Remercie-le d’avoir la bonté de renvoyer chez toi, de te remettre les idées en place. Tu t’es imaginé toute une scène, maintenant, vas te coucher. Cela ira mieux demain. Tu dormira, tu rêvera, tu oubliera… et tu te réveillera, avant de rire aux éclats en songeant à ce qui s’est passé. Tu riras en réalisant à quel point tu as été bête. Ecoute-le, obéis. Tout ça… c’est malsain. Tu le mets mal à l’aise avec tes délires puérils. Regarde-le, il est tellement troublé ! Comment peux-tu imaginer un seul instant qu’il puisse partager ce que toi tu crois ressentir ? C’est un homme, un gardien. Il ne peut pas, il ne doit pas aimer. Sûrement n’a-t-il jamais compris, ressenti cette sensation. Souviens-toi… le prince charmant, ça n’existe pas…

Oh mon Dieu… Non, non ! Pourquoi, pourquoi as-tu fais ça ? Pourquoi ?!
Ses lèvres sur les miennes… Ses mains tremblantes sur mon visage… L’instant d’avant, j’aurais juré les voir tourner la poignée de la porte. Où s’en est allé le temps entre ces deux moments ? Que s’est-il passé ?
C’est tellement… Tellement doux… Ne me lâche pas, n’arrête pas… Je sais que je n’ai pas le droit… Mais je… je ne peux pas m’en empêcher. Mon cœur bat si fort… L’entend t-il lui aussi ?

Mon souffle haletant, mes pupilles dilatées, mon cœur aux battements frénétiques… Tout lui montre, me montre que ce baiser ne m’a en rien laissée indifférente. Pourquoi… Pourquoi est-ce qu’il me fait cet effet là ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Je n’ai pas le droit, pas le droit…


Citation :
Malsain… Je… non… Pardonne-m…

Pourquoi le devrais-je ? Pourquoi, pourquoi ?! Tout est de ma faute. Jamais je ne… jamais je n’aurais du faire cela, et encore moins le laisser faire. Tout ceci n’était qu’une erreur. Une simple et grossière erreur. J’ai cru que… que les rêves pouvaient devenir réalité. Que le Bien prenait toujours le dessus sur le Mal, que l’Amour triomphait toujours, qu’il était plus fort que la Mort. Et maintenant que Ludwig est mort… je souille sa mémoire au contact d’un autre. Ai-je le droit de faire toutes ces choses, alors que je porte l’enfant de celui que j’aimais ? En ai-je le droit ? Ai-je le droit à ce baiser, ces émotions qui brillent dans ce regard gris ?! Tout ce dont tu crois, Tobias… n’est que mensonge. Ce n’est pas moi… Je suis une menteuse. Une traîtresse. Je ne peux pas, je ne peux pas… Je n’ai pas le droit… Pardonne-moi…

Ne me regarde pas de la sorte, je t’en supplie. Je n’ai aucune réponse. Je ne sais pas ce que tu cherches, je ne peux pas t’aider. Je n’ai pas le droit de répondre à ce que tu attends de moi…
La porte se ferme, doucement. Tout est arrivé si vite. J’ai à peine le temps de capter une dernière fois son regard.
Mais que m’est-il arrivé !? Tu es si stupide… Tu es de ta faute… Sûrement as-tu raison. Jamais je n’aurais du… Nous n’aurions pas du nous rencontrer. J’ignore ce qu’il adviendra de moi, de lui, de… nous… Il n’adviendra rien de bon de cette relation. Deux âme tourmentées qui se cherchent. Peut-être que… ?
Non. Un simple moment d’égarement. De folie. C’est cela. Tout ceci n’est que pure folie.
Doucement, je me laisse glisser contre le mur, le visage entre mes mains. Des larmes roulent lentement, silencieusement sur mes joues.
Pardon… Pardonne-moi d’avoir cru aux contes de fées…
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