Sadismus Jail
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 Malaise

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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
Tobias Viatscheslav


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MessageSujet: Malaise   Malaise Icon_minitimeDim 22 Juil - 12:20

- Infirmier !

C'est Presque un cri. Plus qu'un appel. Pourquoi pas une supplique. M'a-t-on entendu ? M'a-t-on écouté ? Peut être pas. Peut être que le fracas de la porte ouverte d'un coup de pied a couvert ma voix. Ou peut-être est-ce cette même voix qui n'a pu s'élever, comme coincée quelque part, feutrée par quelque chose. Quelque chose d'autre. A tout hasard, je retente ma chance.

Quelqu'un…

Ai-je vraiment eu le temps de faire tout cela ? L'ai-je vraiment fait ? C'est à peine si je me rappelle les détails de ce qui vient de se passer. Un souffle, une seconde, un rien. Ce cri de douleur qui m'a presque déchiré le ventre. Ce corps abandonné, sans plus rien qui le soutienne. Ce regard dans le mien, ces yeux devant les miens, mais si loin déjà. Voir sans regarder. Comme un mort oublié sur un champ de bataille, condamné à voir ses prunelles souillées de poussière et de vermine.
C'est peut-être ce qui m'a fait le plus peur.
Enfin, je ne sais pas.

Quoi qu'il en soit, nous avons pu réagir assez rapidement. Grâce du ciel, cette madone moderne a su être assez vive pour contacter l'infirmerie dans la seconde, et révoquer ses chiens de garde. J'espère seulement que je n'ai pas trop abîmé la jolie porte de son bureau. Mais ce n'est pas grave. Elle a toujours une fenêtre. Une fenêtre, et la mer. Et moi, un morceau de plume dans les bras.

Je dépose ma –mes ?- protégés sur le lit le plus proche. Grincement, froissement. Que je hais cette odeur. J'entends des pas dans mon dos. Une main sur mon bras, me repousse, doucement. Le doc est là, se concentre sur sa patiente évanouie. Je ne suis plus là, chose invisible, muette, livide devant ses yeux qui voient. Qui voient sans regarder.
Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, à regarder le doc faire son boulot, l'examiner, ou je ne sais trop quoi. Il faut dire que je n'y connais strictement rien. A part garrotter à la va-vite une blessure de guerre, je ne suis pas bon à grand chose dans ce domaine-là.
Il faut dire que moi, je ne sais pas donner la vie.
Mes mains à moi, elles détruisent. Elle créent pas.

Une main sur mon bras. Encore. Le doc…le doc en face de moi, qui me parle, me dit qu'il n'y a pas de danger. Une histoire de fatigue, d'émotion, d'un je-ne-sais-quoi qui me dépasse. Les yeux bleus délavés du doc m'observent, éclairant le teint buriné et les rides profondes de l'homme. Tiens. Il ne lui manque que la mer. Il ressemble à un vieux pêcheur marseillais. Pas à un doc de taule. Pas de question dans son regard. Greene semble l'avoir prévenu. A-t-elle donc confiance en cet homme-là ? De toute façon, je ne sais si nous avons le choix. Il faudra bien que quelqu'un l'accouche, cet enfant.

Il recule, cherche quelque chose derrière moi d'un air concentré. Me fait comprendre qu'il est temps que je parte. Que je la laisse se reposer. D'accord. Mais avant… Je fais un pas, deux. Jusqu'à elle, elle et es yeux désormais fermés, deux pastilles violettes perdues dans la pâleur d'un visage malade. Je ne me sens pas bien. Pas bien depuis ce cri de douleur. Je me penche, hésite un instant, dépose, enfin, un baiser sur ce front brûlant. Il est temps de partir. Un dernier regard en arrière, j'ouvre la porte, la referme sans bruit.
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Sybille Hawkins
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Sybille Hawkins


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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeDim 22 Juil - 14:16

Depuis combien de temps suis-je dans cet état ? Que s'est-il passé ? Où suis-je ? Tant de questions qui se bousculent dans ma tête alors que j'ouvre lentement les yeux, pour les refermer presque aussitôt, éblouie par la lumière, même tamisée, de l'endroit où je suis. D'ailleurs, je le redemande, où suis-je...? Doucement, je rouvre à nouveau les paupières, prudement, pour m'habituer progressivement à la lueur des abats-jours. J'ai mal à la tête, ma gorge me brûle. Tu devrais peut-être penser à respirer Sybille, non ?

Peut-être.

Brusquement, j'inspire une goulée d'air frais, tandis que j'ouvre les yeux pour de bon, me redressant brusquement. Geste qui m'arrache un léger gémissement de douleur. Nerveuse, je regarde autour de moi, prise d'un mauvais préssentiment. Des lits, des armoires pleines de fioles, de malettes ou de bandages, une table d'opération. Je sens ma gorge se nouer et mon ventre se contracter violement. Et cette odeur, odeur à la fois de désinfectant et de mort. L'infirmerie...

Mais merde, mais qu'est-ce que je fous là ?! Instinctivement, je pose une main sur mon ventre, comme pour m'assurer qu'il, ou qu'elle est bien là, toujours... Ils n'ont pas le droit de me le prendre, pas le droit... La mémoire me revient peu à peu. La psy, son bureau, mon enfant, Tobias... Tobias ! Où est-il ? Une fois de plus, je me redresse, le cherchant du regard. Personne... M'aurait-il abandonnée ? Doucement, je sens une larme rouler sur ma joue, tandis que je déglutis péniblement, ravalant un sanglot. Je ne sais même pas pourquoi je pleure. J'ai mal, je suis fatiguée, j'ai peur. Je me sens comme abandonnée...

Doucement, une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter, et je me retrouve nez-à-nez avec deux prunelles d'azur, qui m'observent un moment, sans rien dire, avant de me sourire et de me repousser doucement sur mon oreiller. Muette, je me laisse faire, n'osant même pas bouger, ni même respirer. Qui est cet homme ? Un médecin, assurément, idiote. Mais que me veut-il ? M'aider, ou le contraire...?

Sa voix, calme et apaisante, confirme ma première hypothèse. Assis à l'extrémité de mon lit, il m'observe, tout en m'expliquant ce qui s'est passé, et ce qui va se passer. Mais moi, je ne l'écoute que d'une oreille, ne retenant que l'essentiel. Il ne me ferra pas de mal, ni à moi, ni à mon enfant. C'est tout ce qui compte... Curieux, mes yeux émeraude se posent sur lui, le détaillant, intriguée. Je ne l'avais encore jamais vu, ni croisé dans les couloirs. Un nouveau ? Il semble vieux pourtant, comme usé par le temps. Que diable vient-il faire dans un endroit pareil ?

Je n'en peux plus, je suis à bout. Me voyant fermer les yeux, tout en luttant pour essayer de les garder ouverts et rester lucide, le médecin se relève, se rendant bien vite compte que je ne l'écoute plus qu'à moitié, et me conseille avec un sourire de dormir, avant de se détourner. Dormir... Il a peut-être raison finalement. Acquieçant d'un faible - et inutile, puisqu'il ne me regarde plus - signe de tête, je repose ma tête sur l'oreiller, fixant le plafond, un air neutre sur le visage. C'est la première fois que cela m'arrive. Je veux dire, de m'évanouir, suite à une crise. Au moins, une chose me fait chaud au coeur. Il n'y a pas que des salauds ici, la preuve, la plupart des membres de cette prison a accepté de m'aider. Surtout ce gardien slave aux yeux gris.

Tobias... Je me demande où il est en ce moment, et ce qu'il fait... Lentement malgré moi, mes yeux se ferment, et ma tête choie sur l'oreiller blanc, tandis que je sombre dans un profond sommeil.
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeJeu 2 Aoû - 11:31

Avec d'infinies précautions, j'ouvre la porte de l'infirmerie, esquissant une légère moue inquiète lorsque les gonds de métal grincent paresseusement. J'entre, hésite, m'arrête. Les quatre doigts de ma main gauche glissent doucement sur la tranche de cette porte blanche.
J'ai toujours haï ce blanc. Immaculé, aseptisé, froid.

Conneries. Je sais bien que, si je n'aime pas ce blanc-ci, c'est qu'au fond de moi, j'en ai peur. D'ailleurs, c'est amusant de voir que, ces derniers temps, chacune de mes peurs se manifestent sans trop me demander mon avis.
Mais bon.
Sans plus de simagrées, je referme la porte, passe la main sur ma nuque, et m'approche du lit où j'ai abandonné Sybille. Elle dort. Enfin, je crois. D'une main, j'attire un siège à moi, m'assied de façon à être le plus proche possible de ce lit de convalescence.
Tiens. Ce mot aussi, me fait peur.
Convalescence.
Mon regard tombe sur mon pouce manquant, puis glisse sur les paupières closes de la petite plume. Son visage semble apaisé, depuis tout à l'heure. Du moins, ce n'est plus cette face de cadavre qui m'avait lors tant effrayé.
Je frissonne, et me recule un peu lorsque je vois une goutte d'eau tomber sur le drap. Hmm. C'est vrai, j'ai repris une douche après notre…rencontre, à Pyth et à moi. Pensif, je me penche, m'accoude doucement sur le lit, place mon menton dans le creux de ma paume. Je me demande ce qui a bien pu trouble un personnage tel que lui. Mais bon. Il n'avait pas besoin de question inutiles. Et moi non plus. Nous nous sommes offerts ce dont nous avions besoin, et je lui en suis gré.
Mon regard tombe à nouveau sur la damoiselle assoupie. Je sens presque son souffle régulier sur mon front. Et…tout cela fait un bien fou. Etrange. Etrange comme la simple présence de cette créature-là suffit à me calmer. D'ailleurs… Mes paupières cillent doucement, restent closes. Silence. Doucement, ma tête vient reposer à côté de sa main à elle, couverte désormais par ma main à moi.
Sans fracas ni surprise, le sommeil me prend.
Enfin.

Je ne sais pas de quoi j'ai rêvé. Je ne sais pas à quoi j'ai pensé. J'ai dormi, c'est tout, du plus pur et du plus simple des sommeils. Le second vrai repos depuis mon arrivée. Et toujours dans les mêmes sortes de conditions.
Peu à peu, je reviens à la froide lumière de la conscience, et à celle des néons de la pièce. J'ouvre doucement les yeux, la vue encore un peu brouillée, me relève doucement.


Dernière édition par le Ven 3 Aoû - 9:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeJeu 2 Aoû - 12:48

Nombreuses furent les fois où j'ai souhaité pouvoir enfin dormir en paix, le sommeil tranquille, paisible, sans jamais être troublée ou réveillée par l'un de ces innombrables cauchemars... Mauvais rêves, fantômes hurlants de mon passés, qui me hantaient et me hantent toujours, me harcelant, sans relâche, jusqu'à ce que je me réveille en hurlant ? Toutes les horreurs que j'ai jadis vécues, concentrées en un seul rêve, images sanglantes et terrifiantes... Vision d'un cadavre mutilé et sanglant, d'un visage narquois, déformé par la fureur et le plaisir, d'une jeune fille, impuissante aux mains de ses aggresseurs, dont les rires malsains résonnent dans la pièce, son visage, suppliant, ravagé par la terreur et la douleur... Son visage... Mon visage...

Inconsciement, je m'agite sous le drap blanc qui recouvre mon corps allongé, mon visage jusque là si serein se crispant brusquement sous l'effet de l'angoisse. Ma main aggripe la pièce de tissu qui recouvre le lit, mon corps sursaute, se tord, comme si il luttait contre un ennemi invisible, et mes lèvres remuent frénétiquement, murmurant quelques paroles affolées, ultimes suppliques devant les visages ricanants de mes bourreaux. Les mains sur mon corps, leurs lèvres sur mon visage, leur...

Je hurle. Et me réveille en sursaut, le visage ruisselant de sueur, me redressant brusquement sur mon lit. J'esquisse un geste pour chasser les mèches rousses qui collent à mon visage trempé, et me rends bien vite compte que ma main est réduite à l'immobilité par une autre main. Tremblante, je lève les yeux, hésitant à découvrir le visage à qui appartient ladite main... pour étouffer un cri. Vivement, je me mords la lèvre, tandis que je me recule, le visage livide. Cette figure, ces traits, cet homme... Non je ne le connais pas. Qui est-il, que me veut-il ? Le coeur battant, je déglutis... avant d'hausser les sourcils et d'écarquiller les yeux, surprise. Très surprise même. Cet homme... je le connais. Et pour cause, c'est Tobias !

Seulement, je ne l'ai pas reconnu. Ses cheveux... Qu'a-t-il donc fait ? Doucement, ma main revient se placer sur cette main burinée, à la peau durcie par les brûlures, et pourtant étrangement douce. Lentement, presque machinalement, je fais glisser mes doigts dessus, caressant presque timidement ce membre immobile qui appartient à une personne à la fois si proche et si lointaine... Car voyons la réalité en face, j'ignore tout de lui. Comme il ignore tout de moi. Aux yeux du monde, nous ne sommes que deux inconnus, ne nous connaissant depuis même pas une journée entière. Et pourtant... Avec lui je me sens... bien. Protégée, surveillée, en sécurité... Aimée... Aimée ?! Tu divagues Sybille ! L'état de choc sûrement... J'ai chaud. Doucement, je retire le veston de cuir que je porte toujours. Sa veste...

Je frissonne. Je cligne des yeux, secoue la tête pour chasser ces mèches toujours collées à mon visage, avant de lever le regard vers lui. Pourquoi... Doucement, ma main quitte la sienne pour écarter une mèche de jais qui barre son visage, dissimulant ses prunelles anthracite. Puis elle se fige, hésitante, avant de se poser, tremblante, sur cette joue désormais imberbe, en savourant la douceur. J'ai dit savourer ? Peut-être... Mes yeux émeraude toujours fixés sur lui, je fais glisser le revers de ma main le long de son cou, pour ensuite remonter sur sa nuque, elle aussi à présent vierge de ces longues mèches couleur corbeau. A nouveau, elle s'arrête, pour finir par retomber sur le matelas, non loin de la sienne. Je détourne le regard. Je tremble, je ne me sens pas bien. Ca a toujours été comme ça après un cauchemar. Mais là... C'était encore plus fort que les autres fois. J'ai peur... Peur de l'avenir, peur du passé, peur du présent... Que va-t-il se passer...?


- Tobias...

Ma voix est frêle, tremblante, suppliante presque. Je compte sur lui pour me le dire. Pour m'aider, me soutenir. Ne m'abandonne pas, par pitié...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeVen 3 Aoû - 14:38

Je commence à prendre goût à ce genre de repos. Moi qui ne dors que très peu, ou très mal… Peut-être est-ce un des facteurs de mon caractère. Une composante, une facette.
Génial. Un pyromane insomniaque… Ca en jette, non ?
Bref.
Mais je dois bien avouer que je prends un immense plaisir à somnoler de la sorte. C'est étrange. C'est comme si je ne pouvais prendre de repos qu'en sa présence à elle. Autant loin d'elle puis-je ressentir une obsession perpétuelle, une irritation à fleur de peau, autant à ses côté puis-je abandonner toutes ces choses, toute cette violence d'esprit, comme on se débarrasse d'une vieille peau fatiguée. Peut-être suis-je anxieux. Pour elle. Pour eux.

Mais malgré tout le plaisir que je peux ressentir à m'éveiller tout doucement, tout près d'elle… son agitation soudaine finit de me réveiller tout à fait. Brutalement, mon pouls accélère. Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que…ça recommence ? Je me sens un peu perdu. Frustré de ne pouvoir rien y faire. Impuissant à officier ce rôle que je commence à chérir…
Je ne peux que serrer sa main dans la mienne, emprisonnant cette petite chose pâle dans mes griffes rapeuses.

Elle finit par s'éveiller…en lâchant au passage un formidable cri. Je hausse un sourcil. Quoi ? Ma nouvelle coupe est si horrible que cela ?… Hum. Sois pas crétin, Tobby. Petite plume n'a pas même ouvert les yeux. D'ailleurs… Je me demande ce qui se passe derrière ces paupière-là.
Je dois bien avouer que j'ai peur.
Et c'est bien la seule personne qui me fait cet effet-là…
Malgré tout, je n'ose aucun geste supplémentaire. Pas la peine de l'effrayer encore plus. Elle semble particulièrement désorientée… et finit par me reconnaître. Enfin, je crois. En désespoir de cause, je conserve tout de même ma main sur la sienne, donnant un peu de chaleur à ces doigts glacés. Je ne me sens pas capable, ni autorisé à autre chose. Mais cela me suffit.


De quoi ? Qu'est-ce qu'elle fait ? Un instant, je reste con, devant ce geste doux. Je ne bouge pas d'un pouce, intrigué. Mais il serait hypocrite de dire que je n'y prends pas plaisir. C'est étrange. Je ne suis pas sûr que quelqu'un m'ai déjà touché de cette façon… Enfin, à part… Ouais. Bon. Mais de sa part à elle, j'en suis d'autant plus étonné. Je croyais la terrifier. Enfin… C'était peut-être vrai au début.
Mais… Je n'en suis plus capable.

C'est la meilleure. Cette gamine, par sa simple présence, arrive à me changer du tout au tout. Elle me fait dormir, me calme la tête et le cœur, me rend inoffensif… 'Manquerait plus qu'elle me rende impuissant.
Bref.

De toutes les façons, mes états d'âme sont stoppés nets par ce contact nouveau. Un oiseau posé sur mon visage. Je reste silencieux, immobile, les yeux plantés dans les siens, un peu intrigué, un peu surpris, mais immobile. Malgré tout mon étonnement… Je dois bien avouer que, lorsqu'elle effleure mon cou, remonte sur ma nuque, je ferme les yeux, profitant, expirant silencieusement, longuement. Etrange. Agréable, mais étrange.

Mais bientôt, le contact se rompt. La main retombe, la parenthèse se ferme. Je ne me pose pas de question. La petite doit être sacrément secouée pour en venir à de tel gestes sur moi. Même s'ils ne sont pas pour me déplaire, à mon grand étonnement.

Citation :
- Tobias...

Une voix de brindille, une question sans ponctuation, comme quelque chose dans la voix. J'ouvre les yeux, étudiant son expression. Elle a peur. Elle aussi. Je sens une infime crispation de mes paupières… De quoi ? Non… Me fais pas marcher, Tobias, ça, ça t'es pratiquement jamais arrivé. C'est pas maintenant que tu vas commencer…
Hein ?
Hé merde.

Je relève la tête, esquisse un mince sourire qui se veut rassurant. J'hésite un peu, puis me penche, m'approche, enserre la petite plume entre mes bras, pose mon menton sur son épaule. Comme ça, elle verra pas…elle verra pas la ridicule goutte d'eau qui vient mouiller silencieusement mon œil et ma joue. Pour une fois que je peux faire quelque chose pour quelqu'un… Il faut que je sois en mauvaise posture pour le faire. Un mâton-taulard. Bordel.

Mais je m'y tiendrai. Si je peux pas faire ça, si je peux pas une fois dans ma vie, une seule, protéger au lieu de briser…j'aurai plus qu'à crever.
Petite plume, t'as vraiment une mauvaise influence sur moi.

Tu vas… mieux ? … Sybille… C'est ça ?
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeDim 5 Aoû - 5:17

C'est presque avec étonnement que je le vois fermer les yeux lorsque ma main vint se poser sur son visage. Ce soupir, ou plutôt cette respiration, lente, profonde. Si j'osais, je dirais qu'il apprécie ce contact. Mais je n'ose pas. Cependant, pendant ce bref instant, je ne peux nier qu'il a eu l'air serein, apaisé. Mais cela lui va bien. J'aurais bien aimé, à cet instant même, connaître ses émotions, et pouvoir ressentir la même chose. Ce même calme, cette même sérénité...

Faut pas rêver Sybille.

Il relève la tête, me fixe, me souris, puis se penche. Pendant une fraction de seconde, j'ai peur. Peur de ce qu'il va faire. J'ai un léger mouvement de recul, imperceptible, certes, mais moi je sais que je l'ai eu. Et je sens ses bras qui m'entourent. Etreinte à la fois douce et puissante, protectrice, rassurante. Franche. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis surprise. Très surprise. Je ne m'attendais pas vraiment à un tel geste de sa part. M'enfin, il faut dire aussi que, venant de lui, j'ai eu droit à tout. Crise pyromane, délire hallucinatoire, me faire porter dans les couloirs, crise de nerfs et d'hystérie, repos dans ses bras et séance chez la psy. Sans oublier cette foutue crise et mon arrivée à l'infirmerie. Et maintenant ça. Je sais que pour certains, je peux paraître étrange, voir franchement bizarre par moments avec ma manière de changer d'attitude et de comportement à la moindre parole en trop ou le moindre geste déplacé, mais là.... J'avoue que avec lui, je ne sais pas vraiment comment réagir.

Tobias, tu me troubles. Je crois que c'est le moins que l'on puisse dire. Non mais, non, non ! Pas dans ce sens là ! Je vois déjà l'air étonné qui se peint sur vos figures, accompagné de grands " Hein ? ", " Quoi ! ", "Pardon ?! ". Non non, il me trouble. C'est-à-dire que je ne sais pas, je ne sais plus comment réagir avec lui, comment me comporter, que faire, quoi dire. Rien d'autre. Quoi que...

Non. Ferme-la Sybille. Tu es en état de choc, c'est tout. Il faut dire que il y a de quoi. M'enfin... Je te rappelle que tu es dans les bras d'un gardien, à l'infirmerie, et que tu es là à réfléchir sur des bêtises, alors que tu devrais lui rendre son geste. Lui rendre son geste ? Et puis quoi encore ?! Avoue que tu en meurs d'envie. Pas question. Allez... Ludwig... Ludwig est mort. Oublie.

Dans un brusque élan de désespoir, je me jette à son cou - enfin, façon de parler -, entourant mes bras autour de ce dernier. Le serrant de toutes mes forces. Ce qui d'ailleurs, ne doit pas lui faire grand-chose. Vu l'état dans lequel je suis, je doute fort dépasser la vigueur d'un enfant de dix ans. Et encore. Comme il l'a fait, je niche ma tête dans le creux entre son épaule et son cou, à nouveau saisie par cette odeur qui lui est caractéristique. Ce mélange de senteurs que je n'ai jamais réussi à identifier réellement et qui fait de lui un être à part. A part ? Peut-être... Il faut avouer qu'il n'est vraiment pas comme les autres. Encore heureuse... Je tremble. Une fois de plus. Je ne sais même pas pourquoi. Je ne veux pas savoir. Il me perturbe, m'intrigue, m'effraye et m'envoûte à la fois. Je ne sais que ressentir à son égard. Et pourtant, j'ai l'impression que quelque chose de grand s'offre à nous. Que tout ça n'est que le début. Le début de quoi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus...

Je hoche la tête à ses paroles. Comment connaît-il mon nom ? Je n'ai pas le souvenir de lui avoir dit. Peut-être la psychologue... Sans doute. Doucement, je me retire de son étreinte, avec un léger pincement au coeur. Ca me fait drôle de l'avouer, mais j'étais bien là, blottie contre lui. Impression d'être protégée, enfin en sécurité dans cet enfer. Comme si, avec la seule force de ses bras, il avait le pouvoir de repousser tous ces malheurs qui m'entourent, tous les chagrins, les peines, les doutes qui étreignent mon coeur et mon âme. Juste un moment... Moment pendant lequel je me suis sentie bien. Moi-même...

Je devrais peut-être lui répondre quand même... Vu comme je tremblais, je ne sais pas si il a perçu mon hochement de tête, et si il l'a senti, interprété comme une approbation. Je relève les yeux vers lui, un faible sourire aux lèvres :


- Maintenant oui...

C'est sorti tout seul. Malgré moi. Je ne sais pas comment il va prendre ça. Je réalise un peu trop tard que mes paroles peuvent peut-être porter à confusion. Ou peut-être pas. En tout cas, je n'ai pas mentit, maintenant je me sens bien...

Je marque une pause. Il connaît mon prénom, oui, bien qu'il n'ait pas vraiment l'air sûr. Mais mon nom...? J'acquiesce d'un nouveau signe de tête.


- Sybille, c'est exact... Murmurais-je, baissant les yeux. Hawkins, Sybille Hawkins.

Mais en fait, pourquoi je lui dis ça ? Si ça se trouve, il s'en fou complètement. Ou peut-être que non. N'empêche que maintenant c'est dit. Tant pis. A lui de voir ce qu'il en fera. Au fait, j'y pense, je ne connais même pas son nom...

J'ai presque envie de rire. Nous esquissons des gestes qui peuvent paraître presque intimes pour certains, alors que nous nous connaissons depuis quelques heures à peine et que nous ignorons tout l'un de l'autre, même nos propres noms ! Oui, c'est vraiment... Très étrange. Mais je m'en fiche. Complètement. En ce moment même, ce n'est pas ça qui compte. A nouveau, je lève les yeux vers lui, cherchant ses prunelles grises de mon regard émeraude.


- Et toi... Tobias, c'est bien cela ?

Cela peut paraître ridicule comme situation, je l'avoue. Mais je n'ai pas envie de passer pour idiote. De ne même pas connaître son prénom. J'ai peur d'avoir mal entendu lorsque la psy l'a appelé. On ne sait jamais... Une nouvelle fois, ma main vint se poser sur la sienne, timidement. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. L'autre est posée sur mon ventre, tandis qu'une légère grimace orne mon visage, juste une seconde. Douleur passagère...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeLun 6 Aoû - 16:00

D'une pichenette, je sèche discrètement le coin de mon œil, tentant de penser à autre chose, essayant tant bien que mal de me sentir…à la hauteur de ce qu'elle attend de moi, de ce que mes actes et mes paroles lui ont promis, consciemment, ou non.
De toutes les façons… Qui a dit que j'avais le choix, maintenant ? Lieutenant Viatscheslav, tu t'es quand même foutu dans une sacrée merde. Et de ton plein gré, en plus. Le pire –le mieux ?- c'est que tu sais parfaitement que t'es incapable de faire marche arrière. Un vrai bourrin.

C'est pas plus mal. C'est ce que je me dis quand, avec une forme de violence, la petite se pend à mon cou, enfouit sa tête quelque part sous mon menton. Je suis désormais envahi de son odeur à elle…ses cheveux, sa peau… Je ferme les yeux, m'emplissant de cette chose délicate, étrange, que peut-être l'odeur d'une femme. Quelque part au fond de moi…une petite voix se dit qu'il est heureux que Pyth ait satisfait…mes appétits. Cela me confère un calme et une prévenance pour certains gestes déplacés, principalement motivés par les hormones… Un peu maladroit, je tapote doucement son dos, tentant de la rassurer un peu…de quoi ? Je sais pas trop. Mais je vois rien d'autre à faire…même si c'est pas très fin. Et puis…merde. Mes bras se serrent autour d'elle, l'enveloppent de leur chaleur, là, tout contre moi.

Après quelques instants, Sybille finit par se dégager… C'est drôle, c'est comme un manque…

De quoi ?! Tu divagues, Tobby. Ton petit cerveau commence à s'échauffer grave, alors essaie de pas trop penser, dire, ou faire de conneries. Machinalement, je défroisse les plis de ma chemise, dégage mon front d'une mèche humide. Un instant, je me demande si elle a pu déceler une odeur autre que la mienne, celle de Pyth… Mais non. J'ai bien pris soin de reprendre une douche après…après. Et puis, de toute façon…pourquoi je m'inquiète ? Pourquoi…
Pourquoi ?

Ouais, non. Plus de questions, Tobby. Plus de questions.
De toutes les façons… Je ne suis plus en mesure de le faire. La petite plume vient de reposer ses doigts sur ma main, sans crier gare. Je regarde le crime, un peu étonné, un peu soulagé. Mon regard remonte, se plante dans le sien. Hawkins…

C'est un beau nom que portera ton enfant…

Je me tais. Naturellement, mes doigts enserrent les siens, s'entrelacent. Une petite main fraîche dans le creux de ma paume… Mes doigts ont un léger spasme, reflétant la sorte de…trouble…qui me prend. Malgré tout, je suis incapable de les retirer.

Tobias. Ouais. C'est moi. J'acquiesce doucement, surpris de mon propre comportement. Je ne supporte de la part d'aucun détenu que l'on me traite aussi familièrement. Sauf pour elle… Et même, je préfère ça. Je ne sais pas pourquoi… Mais l'inverse m'aurait déçu, blessé. Refroidi… Hein ?
Ouais… Bon.

Je repense à sa réponse de tout à l'heure. Maintenant, oui.. Qu'est-ce que ça peut bien dire… ? Je ne sais pas quelle attitude adopter. Est-ce ma présence qui lui a apporté quelque chose ? Ou bien seulement sa douleur qui s'atténue ? Je fronce légèrement les sourcils. Etrange. Pourrait-on se…sentir bien en ma présence ? En règle générale, pour un prisonnier, c'est l'inverse. Mon apparition n'admet rien de…bénéfique. Justement. Cette gosse est bien la seule qui ne m'inspire aucune pulsion sadique. Je n'en ressentirai pas le moindre plaisir. Pire, j'en serai purement incapable.
Et…je ne ressens pas cela comme un mal. Pour une fois…pour une fois…il m'est donné la possibilité de protéger.

Pourquoi pas ?
Pourquoi pas.

Ma main libre se lève, se pose sur son front, dégage quelques mèches d'un roux éclatant. J'ai enfin compris, que ce n'est pas cette couleur qui m'obsède. C'est celle qui l'arbore. Pensive, ma main s'attarde, effleure sa joue, y reste.

Tu…tu feras…attention…

Niveau voix assurée-protectrice, on repassera, mon vieux. T'as fait l'école du rire, ou bien ?

Mais pourquoi je me parle à moi-même, dès que je suis en sa présence ?

Bref. J'en suis arrivée à ne plus trop me formaliser de ce genre de réaction, en moi. C'est nouveau, mais c'est pas désagréable… C'est doux. Okay… J'en viens à apprécier ma propre schizophrénie naissante.

Nous sommes proches. Très proches. Je sens presque son souffle…sur mon visage… D'ailleurs, de plus en plus clairement… Mes paupières se ferment, comme par une étrange alchimie…
Et c'est lorsque mon siège grince que je me rend compte que je me suis penché sur elle, inconsciemment… Ou pas. Je rouvre les yeux. Sans les toucher…mes lèvres sont si proches des siennes…
Brutalement, je me lève. Je passe la main sur mon front, dans mes cheveux. Mais qu'est-ce que je fous ? Qu'est-ce que je suis en train de foutre ? Je fais un pas en arrière.

Tu devrais… Tu devrais te reposer. Dormir. Plus longtemps… Je… J'ai des… N'hésite pas à venir me chercher.

Le ton de la dernière phrase sonne étrangement, différemment de mes autres bégaiement malhabiles. J'avance un peu la main… me ravise, ferme mes doigts dans les airs. Je murmure un salut, et m'enfuis. C'est le mot. Je passe la porte de l'infirmerie, et, lorsque je suis sûr que plus personne ne me voit… Je prends ma tête entre mes mains.
Mais...quoi ?


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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeLun 6 Aoû - 17:01

J'ai l'impression qu'il est aussi mal à l'aise que moi. Enfin, mal à l'aise. Disons qu'il ne sait quelle attitude adopter. Comme moi. Deux enfants qui se voient pour la toute première fois, et qui s'observent, se touchent, et finissent par créer des liens, sans vraiment se connaître et savoir pourquoi. Deux enfants... Oui, peut-être... D'ailleurs, lorsque sa main vint tapoter maladroitement mon dos alors que je me blottis contre lui, je me dis que, finalement, ce n'est pas qu'une impression.

Je me demande quel âge il a.

Mais, mais... Sybille, tu es vraiment trop stupide. Tu es dans les bras d'un homme - qui, en passant, a finalement décidé de te serrer contre lui - et tout ce que tu trouves à faire, c'est te demander quel âge il a ? Alors là, bravo. Oui, c'est moi tout craché ça... Mais quelle idiote... Ferme-la donc un peu ! Lorsqu'un léger sourire illumine mes lèvres, j'en viens à penser que je suis bien, là.

Alors pourquoi est-ce que je me suis libérée de son étreinte ?

Je sais pas. Mais je n'y arrive pas. Je, il... C'est trop. Je ne peux pas, c'est tout. Ne me demandez pas pourquoi. Lorsque sa voix grave résonne dans la pièce, c'est un faible sourire qui illumine mon visage. C'est bien la première fois depuis longtemps dans cette prison que quelqu'un me fait un... compliment. Oui, c'en est un, je peux dire cela comme ça. La première fois depuis...

Presque aussitôt, ma main se crispe sur la sienne alors que je sens ses doigts s'entrelacer avec les miens. Ludwig. Mon coeur s'accélère, et j'ai un geste de recul, tandis que je baisse le regard. Je, je... Bon dieu Sybille, mais qu'est-ce que tu fais ?

Je ne sais pas... Je ne sais pas, je n'en sais rien... Ma gorge se noue, mes yeux s'embuent de larmes. Arrête. Arrête, c'est fini, c'est terminé, il est mort. Mort. Tu comprends ça ? MORT ! Mais je ne veux pas comprendre ! Je ne veux pas, je ne veux pas... Peut-être va-t-il prendre la larme qui roule le long de ma joue comme une larme d'émotion, suite à ses paroles. Car toute cette scène n'a duré que quelques secondes, pas plus. Maladroitement, je me ressaisis et lève les yeux vers lui, lui adressant ma question à laquelle il répond en acquiescant doucement. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur lui... Mais bon.

Un sursaut me prend lorsque je sens sa main sur mon front, et, instinctivement, je me crispe, fermant les yeux. Bordel Sybille, arrête un peu, il ne va pas te bouffer non plus ! Au contraire, il a promis de t'aider ! Alors détends-toi un peu, ne serait-ce que deux minutes ! Ca te fera du bien, à toi et à ton bébé. Oui mais... La ferme j'ai dit. Doucement, j'inspire, fermant les yeux, me détendant petit à petit. Finissant par apprécier ce contact sur ma peau brûlante. C'est... doux. Malgré la rugueur de ses mains. Un frisson s'empare de moi alors qu'il remet en place quelques mèches rebelles. Et je hoche la tête à sa demande, les yeux toujours clos.


- J'essayerais...

Je murmure ces mots avec un faible sourire aux lèvres, rouvrant doucement les paupières. Je ne peux rien promettre. Me connaissant, j'arrive toujours à me mettre dans des situations délicates, sans vraiment l'avoir cherché. A croire que j'attire les ennuis... M'enfin... D'ailleurs, je note sa voix hésitante, légèrement tremblante, comme si il avait... peur. Peur ? Mais de quoi ? Peur pour moi...? Non non, pour le bébé sûrement. C'est d'ailleurs pour ça qu'il m'aide. C'est tout. C'est... juste pour ça...

Tiens, sa main est maintenant sur ma joue. Je viens de m'en rendre compte. En fait, ça ne me gêne même pas vraiment. Au contraire même... Je suis bien comme ça. C'est fou ce que, à sa simple vue, à son simple contact, je me sens bien, rassurée, protégée... Cette espèce d'euphorie qui vous prends le coeur comme lorsque l'on vous annonce une grande nouvelle, quelque chose d'extrêmement joyeux. Comme lorsque l'on est...

Je me fige. Pendant que je pensais avec moi même - je deviens folle, j'en étais sûre - son visage s'est rapproché du mien. Et le mien du sien. Je sens son souffle - chaud - sur mon visage, sa bouche qui effleure presque la mienne, ses yeux, fermés... Je clos les miens. M'avançant à mon tour, sans trop savoir pourquoi et comment, inconsciement, le coeur battant à tout rompre. Mon souffle s'accélère. Merde merde merde, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Heureusement, il a le bon sens de r"agir avant moi. D'un geste brusque, il se relève, passe sa main dans ses cheveux, comme effaré. Malgré mon soulagement, c'est avec stupeur que je note un léger pincement au coeur, qui ne veut apparement pas se calmer. Tobias... Qu'est-ce que tu m'as fait...? Qu'est-ce que nous avons fait ? Ou plutôt faillit faire...? Il se recule. Je note à peine sa phrase. Le regard vague, je le vois esquisser un geste, avant de murmurer un au revoir de partir presque en courant vers la porte. J'ai comme un vide... Cette espèce de sensation au creux du ventre, cet sentiment d'abandon, cette boule au creux de la gorge, cette envie de pleurer... Reviens...

D'un bond, je me lève. J'ai besoin de savoir. Savoir quoi ? Je ne sais pas. Pourquoi, pourquoi... Je veux savoir pourquoi, c'est tout. Et c'est toujours dans ma robe blanche couverte de tache de suie que je me dirige sans plus de cérémonies vers la porte de l'infirmerie... avant d'être stoppée dans mon élan par une main posée sur mon épaule. Le médecin. Je l'avais complètement oublié celui-là. A-t-il observé toute la scène ? Je ne sais pas, à vrai dire je m'en fiche. Je me débats. Je lui crie de me lâcher. Il insiste, me tire en arrière. Je pleure. Je ne veux pas, je ne veux plus... Je ne sais pas... Je me laisse glisser au sol, en larmes. Pourquoi... Qu'est-ce qu'il m'arrive...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Malaise   Malaise Icon_minitimeMer 22 Aoû - 15:11

Sombre crétin.
Y'a pas a dire. Un vrai niais. Un pauvre, véritable, pur, et absolu débile profond… Je ne me reconnais plus. Je manque d'embrasser une gamine, bégaie comme un mioche, et m'enfuis comme une vierge effarouchée. Tobby… Bravo. Il faut dire que je ne sais plus très bien où j'en suis… Pourquoi je fais ce que je fais… Pourquoi je pense ce que je pense… Je ne suis plus moi.

Enfin… Mon moi d'avant. Mon moi d'ailleurs.
Je ne suis pas le même, avec petite plume. Non pas que cet état de fait résulte d'une forme d'hypocrisie, de perversion…ou encore d'une motivation malsaine. Non… Rien de tout cela.
Je suis autre, avec elle. C'est tout.
Et ce n'est pas si désagréable…

J'arrête enfin ma course, souffle un peu, le dos collé au mur. Je dégage, nerveux, les quelques mèches humides qui collent à mon front. Moi qui croyais être apaisé…par ma…"douche"… Mais je n'ai pas le désir d'aller retrouver Pyth. Pour le moment, du moins.
Je ne dois pas fuir… Même si j'y comprends rien… Si je suis totalement paumé… Et particulièrement ridicule… Je ne dois pas fuir. A moi de régler mes…problèmes ?

Comme privé de mes forces, je glisse le long du mur, et me retrouve assis; à même le sol. Je passe doucement mon doigt sur le sol poussiéreux, le rapproche de mon visage, et souffle les quelques grains ainsi récupérés. Je laisse ma tête aller vers l'arrière, ferme les yeux. J'entends des bruits de pas. Des échos de voix, au loin. Des gens passent. Des détenus, des gardiens. Mais moi, je ne bouge pas. Je ne réagis pas. Je ne regarde pas.

Heh… Tobias… Qu'est-c'tu branles ?

J'ouvre lentement les paupières.
Lucas.
Il agite sa main devant mes yeux, shoote doucement dans mon pied droit. Je ne relève pas tout de suite, trop absorbé par les faits tous récents. J'ai beau retourner tout ça dans tous les sens… J'y comprends rien. Et puis… c'est qu'une gamine. Elle doit avoir…quoi… la vingtaine.
Heh, tu dis ça… mais, et Matis ?
… Pas pareil.
Pas pareil, mon cul !

T'es mort ?

Je finis par lui répondre, grognant à moitié un unique mot… Non…

Lui, de son côté, s'impatiente. Il me saisit aux coudes, et me relève de force. Ses yeux bruns me questionnent, mi-curieux, mi-irrités.

Bordel, Tobias, t'as tes règles, ou quoi ? C'est quoi, l'problème ?

Je me dégage doucement, le gratifiant d'un léger sourire, histoire qu'il me lâche. Non pas que je ne l'apprécie pas. Lucas est devenu, ces derniers temps, un proche. Un type sympa, simple, pas trop emmerdant.

Et bien… T'es quand même grave, comme mec. 'Reusement qu'chuis venu t'chercher… Pauvre clodo.

Je t'emmerde, Lucas… Plaquai-je d'un ton joyeux…

On dit ça… Mais tu…

Attends.

Je tends l'oreille. J'ai cru… Oui. Des éclats de voix. Sa voix. Je fronce les sourcils, soudain inquiet, nerveux. Qu'est-ce qu'elle fout, encore… ? Que lui arrive-t-il ?
Ma mâchoire se crispe. Pointe de peur. Je dois avouer…que je suis inquiet. Pour elle.
Pour elle.
Je plante là Lucas. Il a l'habitude… Je le vois déjà se foutre de ma gueule, ce soir.

En quelques secondes, j'atteins l'infirmerie –dois-je préciser que je cours ?- et ouvre un peu brutalement la porte. Mes pupilles se dilatent lorsque je vois Sybille, à terre, pleurant tout son soûl. Cette fois, j'évite de trop me questionner… et me précipite pour la relever, la serrer contre moi. La berçant à demi, je jette un coup d'œil au médoc aux yeux bleus. Il reste muet, lui, et sa tronche perpétuellement sereine… On dirait un prophète, ce mec…

Qu'est-ce qui s'est passé… ?

Lui, ne me réponds pas, me vrillant de son regard délavés… Je commence à flipper, là. J'ai l'impression de parler à un fantôme…un ange ?… Ouais, non… un fantôme, plutôt…
Tobby… La-ferme. Tu recommence, avec tes délires mystiques. Mes yeux tombent sur la petite plaque accrochée à ses vêtements. "Docteur Tsae". Ouais. Définitivement pas un nom très mystique. Sans plus de cérémonies, je soulève petite plume du sol, et lance d'un ton qui se veut sans appel…

Je m'en occupe.

Il hoche doucement la tête. Mais je ne fais déjà plus attention à lui. Je pousse du pied la porte de l'infirmerie, sors dans le couloir. Je marche d'un bon pas, prenant toutefois soin de ne pas trop malmener petite plume. Aile des employés… Je croise Lucas, à moitié mort de rire. Qu'est-ce que je disais ? Je ne fais pas attention à lui, passe la porte de ma chambre.

Sans vraiment lui demander son avis, je dépose petite plume sur le lit inoccupé. Un peu brusquement, je tire les couvertures, et les rabats sur elle. Toujours silencieux, je m'installe sur mon propre lit, dos à elle. Appuyé sur mon coude, la joue dans la paume, j'ouvre au hasard mon exemplaire de la Torah.

[oui, c'est un kidnapping XD et si tu veux des détails visuels pour ton post, la chambre de Tobias est pleine de trucs religieux de toutes les origines, d'idoles, de crucifix, de bouquins, etc. ^^]
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