Sadismus Jail
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 Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]

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Tobias Viatscheslav
0274 Serenae Aquae Natae
Tobias Viatscheslav


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MessageSujet: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeSam 19 Mai - 16:54

Pfff... Je m'ennuie. Une fois de plus. Il faut toujours que cela me prenne pile lorsqu'il n'y a absolument rien à faire... Et pour cause, il est à peu près une heure du matin. Le couvre-feu est passé depuis lontemps déjà, personne dans les couloirs. Pas moyen de fermer l'oeil. L'inactivité me blesse, m'irrite, et me prive de tout sommeil. Je n'ai d'autre choix que de bouger.

J'en profite pour visiter les lieux en solo, le briquet à la main, la mine revêche. J'ai vraiment une tronche de déterré, je crois. Mes pieds nus frissonnent sur le sol glacé, mes cheveux décoiffés tombent un peu n'importe comment. Je me sens dans la peau d'un gosse qui cherche les toilettes en rêvant, sans jamais les trouver.

Clic, clac... Périodiquement, une petite tâche de lumière tranche l'obscurité... Ma flamme, ma perfection. Mais...qu'elle est petite ! Qu'elle semble triste, timide, affamée ! Il est de mon devoir de rétablir ta beauté, petite flamme. Je me dépêche ! Je commence à courir, ne souffrant l'attente de l'idée qui vient de germer en moi...

J'entre dans la bibliothèque, tout souriant. Yay ! La vue de cette montagne d'ouvrage me donne des frissons d'envie... Tant de matière friable, inflammable ! Il y a de quoi faire neiger de la cendre durant des mois ! Mais bon, il faut quand même que je me contrôle un peu... Si je mets le feu à la salle, je risque de retomber du côté des détenus... Et ce job de gardien me plaît par trop.

Nah mais oh ! Je me souviens que l'art n'attend pas ! Je m'approche des rayonnages, suivant du doigt les nombreuses reliures de cuir. Je séléctionne certains ouvrages avec amour... Beauté, beauté ! Les Fleurs du Mal, et puis du Rimbaud, aussi ! Oh, une coquetterie... Farheineit 451. Allez, hop, je prends ! Et puis Faust, Hamlet, Othello... Tant de beauté !
Je place ces choses qui ne sont pour moi que combustibles de qualité en un cercle parfait. J'allume mes petits foyers les un après les autres, avec une attention toute paternelle.

Excellent ! Dans le noir, les petits brasiers s'élèvent bien vite. Perfection ! Ca craque, ça croque, ça s'effeuille et ça s'envole ! Je n'y tiens plus, j'éclate de rire, seul, au beau milieu de la nuit...

(ça te va ?)
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeLun 21 Mai - 13:18

Décidément... Le jour où je passerai une nuit entière dans ma cellule... Je crois que depuis que je suis arrivée ici, j'ai dû y passer... Une dizaine de nuits complètes, pas plus, et encore... Enfin, ce n'était pas de ma faute si les gardiens étaient si innatentifs que ça ! Il suffisait de ne pas rentrer dans sa cellule lorsque la cloche sonnait, rester dans un endroit tranquille pendant un petit moment, et puis zou, je pouvais vadrouiller à ma guise où je le voulais, enfin, jusqu'à ce que je rencontre un gardien.

D'ailleurs, celui de ce soir n'était pas vraiment très futé... Soit il était vraiment trèèèès fatigué, soit il était stupide. En tout cas, pour ne pas savoir fermer une porte à clef... Lorsque je m'étais appuyée contre les barreaux de ma cellule, il y a quelques minutes, j'avais manqué de perdre l'équilibre lorsque la porte s'était ouverte en grincant dans mon dos. Allons donc, vous n'allez quand même pas me punir parceque j'ai répondu à l'appel nocturne de la liberté ? Si ? Bon, tant pis...

Je venais de m'éveiller d'un cauchemar, et mon visage, déjà assez pâle, était pratiquement livide. Mes traits étaient tirés, et l'on pouvait constaté que j'avais pleuré. Je crois que cela ne passerait jamais... Je le revoyais encore, allongé sur le sol, le visage d'une pâleur cadavérique, et pourtant si calme, si serein... Comme si il dormait... Seule tranchait la profonde entaille sur sa gorge, et le sang qui s'en écoulait... Un frisson me prends, et je me mets à trembler au beau milieu du couloir désert, soudainement glacée d'effroi. Une larme coule à nouveau lentement sur ma joue, et, le coeur gros, je continue d'avancer, essayant d'oublier mon chagrin.

Oublier... Mais comment le pourrais-je ?! Lui qui était tout pour moi... Je n'en peux plus... Je vais devenir folle, je vais finir par mourir de chagrin. Mourir... Après tout, qu'avais-je à perdre...? Un rire joyeux, presque hystérique, répond soudainement à ma question muette. Surprise et effrayée, je m'arrête, le coeur battant. Qui est-ce, qu'est-ce donc, à cette heure-ci ? Tiens... Ce n'est pas une odeur de brûlé que je sens là ?

Prise d'un horrible préssentiment, je pousse la porte de la bibliothèque, le coeur battant. Une horrible odeur de brûlé et de fumé me prends à la gorge, tandis que la pièce résonne du crépitement des flammes et des reliures de cuir. Un homme se tient là, debout, au milieu du brasier, un air de pur extase sur le visage qui lui d'une lueur étrange, presque effrayante à la lueur des flammes. Un fou... Le coeur gros, je regarde tous ces romans, vestiges du passé, se consumer lentement dans les flammes, immobile dans ma longue chemise de nuit blanche, mes cheveux roux flamboyant tombant en une cascade bouclée sur mes épaules nues.
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeLun 21 Mai - 14:26

L'extase… C'est le mot. Je…Je n'arrive plus à m'arrêter… Je sens que ma conscience dérape. Encore une fois. Cela m'arrive de temps à autres. Autant puis-je contrôler mes pulsions en public… Mais là… C'est si…beau. Si… parfait. Ce rire profond et rauque qui est le mien se mue peu à peu en un véritable son hystérique… Je suis subjugué… Hypnotisé… Fasciné… Le feu. Je l'aime… Que sommes-nous face à cette entité si parfaite, si pure dans la puissance de ses entrailles vibrantes ?

La fumée commence à devenir épaisse, oppressante. Je n'en ai cure. Je me fous de tout, désormais… J'ai une crise. Mon visage se couvre de suie noire, et mes yeux pleurent sous les picotements… Mais je ris, je ris ! Je n'en peux plus… J'en ai presque mal… Que ça…s'arrête ? Non ! Non ! Continuons, continuons ! Transcendé ! Purifié ! Enflammé ! Je tombe à genoux, secoué de spasmes aux rythme de mon rire incongru… Je pourrais rester là des heures, à voir le feu dévorer…

Un grincement. Quelqu'un ? Quelqu'un ose perturber ma transe ? Mon visage, déformé par ma crise névrotique, se tourne avec une lenteur crispante vers le pécheur… Qui se trouve être une pécheresse. Mes pupilles se dilatent à l'infini, mes dents se découvrent en un rictus terrifiant.

Je me lève brusquement, et marche sur elle. Sans aucune sommation, je la saisit par un pan de sa chemise immaculée… Y laissant une traînée de poudre noire. Je la secoue un peu, histoire de lui faire peur… C'est alors que tombe un éclat du brasier derrière moi sur sa chevelure… Rousse. Une marée de feu sur des épaules humaines. Je stoppe mon geste, mon regard gris subjugué par cette couleur flamboyante. Quelque part au plus profond de moi, quelque chose qui ressemble à ma conscience joue une musique étrange… Je secoue la tête. Pas de chance pour elle, car elle débarque juste au milieu d'une de mes…crises.

[Erf, je pense qu'après ça, mon Tobby aura droit à un séjour chez la psy… XD]
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMar 22 Mai - 10:26

J'ai peur. Je suis même terrifiée. Que suis-je face à la folie humaine, face à la folie d'un homme qui paraît complètement hors de lui, comme fou de joie ? Il rit, il rit, il rit d'un air extasié, subjugué, les traits de son visage qui commence à noircir sous les cendres du brasier déformés par l'hystérie et la folie. Immobile, pétrifiée, je reste là, comme abasourdie par ce spectacle à la fois fascinant et terrifiant. Ma main se crispe sur l'encadrement de la porte, tandis que je serre l'autre poing, mes yeux émeraude rivés sur la silhouette qui se trouve dos à moi.

Je pourrais fuir, là, maintenant, je devrais même fuir. Fuir, partir, courir, avant qu'il ne m'arrive encore quelquechose. Mais non. J'en suis comme incapable. Ce n'est que quand lorsqu'il se tourne vers moi, les yeux exorbités, les dents découvertes dans un rictus effrayant que j'esquisse enfin un geste, la panique déferlant soudainement en moi telle une vague destructrice. Dans un geste protecteur, je crispe ma main sur mon ventre, ultime reflexe pour tenter d'épargner l'enfant que je porte.

Il me saisit par la chemise, y laissant une trace noire qui contraste vivement avec le tissu blanc, avant de me tirer violement et de me secouer. Je laisse échapper un hurlement de peur et je tente de me débattre, complètement paniquée. J'ai peur, je meurs de peur... Que va t-il me faire ? Je n'en ai aucune idée. Me frapper, me violer, me tuer ? A-t-il l'intention de me brûler, comme tous ces livres ? Je ne sais pas, et toutes ces questions m'angoissent. Soudain, il s'arrête, et me fixe, comme interdit, étonné, subjugué. Qu'a-t-il donc ? Le coeur battant, je reste là, immobile, à le fixer, avant de comprendre que ce sont mes cheveux qui semblent le fasciner. Evidement... Roux, comme ce feu qu'il semble tellement apprécier...

Lentement, doucement, je baisse les yeux, et, tentant de me dégager, je souffle, le coeur battant, n'osant presque pas respirer :


- Lâchez-moi... S'il vous plait...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMar 22 Mai - 13:51

L'extase ! Mon être entier crépite du brasier qui chauffe mon dos… Mon œuvre, ma flamme, ma beauté ! J'ai l'impression que mon corps pauvrement fait de chair et d'os s'enivre de la substance brute qui brûle derrière moi… Et lorsque la créature aux cheveux de feu lâche un hurlement de peur, je lui réponds par un cri, sauvage et rauque, vibrant du plus profond de ma poitrine endolorie par le passage en force du dioxyde de carbone dans mes poumons…

Ces mains, presque étrangères à ma conscience, à ma raison propre, empoignent la jeune femme par les épaules, et la hissent de force bien au-dessus de la surface froide du sol de pierre… Elle se débat encore avec violence lorsque je cueille le creux de ses genoux d'un mouvement vif… Mes bras la portent fermement, lui interdisant toute issue salvatrice. Mes pas résonnent de nouveau. Je m'avance vers le centre de la pièce. Vers mon brasier… Désormais, je reste silencieux, grave dans l'acte rituel que je m'apprête à perpétrer… La flammèche appelle le feu… La beauté, la perfection ! Le grâce, l'absolu !

J'ignore toutes les sollicitations extérieures. Je n'entends ni ne vois plus rien hormis ces braisent rougeoyantes qui m'entourent, me cernent, m'emplissent… Me blessent ? Peu importe… Je ne suis plus moi. C'est une bête sans conscience, uniquement subjuguée par les flammes, qui force ma victime à entrer dans le cercle de flammes. C'est une coquille dénuée de raison qui l'oblige à se rapprocher du feu… Je veux voir cet être de feu retourner à son essence !

Citation :
- Lâchez-moi... S'il vous plait...

De quoi… ? Un son parvient à mes oreilles… Si pauvre, si ténu… Je n'en comprends pas le sens. Toutefois, quelque chose au plus profond de ma conscience endormie retient mon geste. Je reste là, tendu, tenant d'une poigne de fer le fragile bras de la jeune femme… Mon esprit oscille, hésite… Que se passe-t-il ?
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMar 22 Mai - 14:16

Le cri qu'il pousse à la suite de mon hurlement ne fait qu'amplifier ma terreur. Ce type est cinglé, complètement. Qu'il me lâche, qu'il me lâche ! Me sentant soudainement soulevée au-dessus du sol, je hurle une nouvelle fois, espérant vainement que mes cris vont alerter quelqu'un. Il y a forcément un gardien qui fait sa ronde cette nuit, non...? Un détenu en vadrouille alors, n'importe quoi, n'importe qui, mais qu'il me laisse tranquille. Lorsqu'il me donne un violent coup dans le creux des genoux, m'empêchant de fuir, pour venir me porter vers le brasier, ma terreur atteint son summum. Terrorisée, je hurle de plus belle tout en me débattant violement. J'essaye de le frapper, mes pieds cognent violement contre ses genoux, mais rien ne semble rompre l'espèce de transe dans laquelle il est apparament enfermé.

Petit à petit, le feu se rapproche, ou plutot, nous nous rapprochons du feu, et une grimace de douleur s'affiche sur mon visage d'albâtre lorsque je sens les flammes me lècher les jambes. L'odeur âcre de la fumée m'emplit peu à peu les poumons, et une quinte de toux me saisit. Je commence à avoir de plus en plus de mal à respirer, et le fait que l'homme qui me tient m'enserre les épaules et la poitrine ne m'aide pas vraiment. Haletante, je tente d'inspirer profondément, mais je ne fais qu'aggraver mon cas, car c'est du dioxyde de carbone qui emplit mes poumons qui réclament de l'oxygène.

Et soudain, il s'arrête. Mes supplications sont-elles enfin parvenues à son esprit qui semble comme embrouillé ? Il me lâche tout à coup, ne me tenant plus que d'une seule main, mais qui enserre mon bras droit avec force, me broyant peu à peu ce dernier. Grimaçant de douleur, je me tourne vers lui, des larmes dûes à la fumée acre et noire qui se dégage de l'endroit mais aussi à la douleur et à la terreur coulant sur mon visage :


- Laissez-moi partir, je vous en supplie !

J'ai presque hurlé ces derniers mots. J'ai tellement peur, je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je ne veux pas mourir, qu'il me laisse, par pitié...
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMar 22 Mai - 15:03

Citation :
- Laissez-moi partir, je vous en supplie !

Ma paume droite desserre sensiblement l'emprise qu'elle porte sur le délicat poignet couleur de lait. Mes genoux ploient, je tombe, assis en tailleur. Une vague de chaleur m'étreint… Des flocons de cendre papillonnent dans mes yeux, se perdant entre mes longs cils ourlés de noir. Ma main lâche enfin ma prisonnière… La crise serait-elle enfin passée ? J'avoue que je n'en ai pas la moindre idée… Je ne me sens pas… Je n'arrive pas à atteindre mes propres émotions…mes propres pensées… Un grand blanc, comme un manteau de neige. Je frissonne alors qu'une langue de flamme lèche mon dos.

Mon bras gauche se lève… Celui à la main mutilée… Il hésite un instant, puis repousse violemment la détenue… Je…veux…qu'on me laisse…tranquille. Je suis si bien… Et si mal à la fois. Les flammes m'entourent, m'étreignent, me prennent. Je me sens en sécurité… Ou pas. De mes dents serrées s'échappe quelques paroles rauques, brutales…

Dégagez… Sortez…du cercle… Cassez-vous !

En un ultime effort, je me relève à demi, juste assez pour la faire valdinguer hors du brasier. Je sens que ma crise me reprend… Monte en moi comme un sentiment de danger confus… Et pourtant si familier. Je retombe sur mes genoux, prends ma tête entre mes doigts crispés. Tout mon corps se recroqueville au centre du cercle… Mon front las effleure le sol chauffé à blanc… Où suis-je ?

Mon esprit s'évade... La brûlure du brasier se mue...se mue en un chaud soleil d'été. La pierre dure sous mes coudes change aussi. C'est un chemin de terre battue qui s'offre, infini, à mon regard lointain. Je regarde le ciel, serein. Je reconnais cet endroit... Ma première mission. J'avais vingt ans. Nous avions liquidé l'ennemi, sans pitié, sans faille aucune.

Je fais un pas sur le sentier poussiéreux, le nez en l'air... Quand un cri horrible me déchire les tympans. Un hurlement de femme. Celui d'une mère dépossédée. Un être sans visage me saisit par les épaules, me secoue, me griffe et me mord. Je ne vois que sa chevelure... Le rouge intense des cheveux de cette femme que j'avais défigurée à la flamme de mon briquet.... Que fait-elle là ? Elle est morte. Morte. Depuis près de onze ans... Son cri s'intensifie, résonne dans mon crâne et martèle mon esprit embrumé par la crise. C'est à peine si je me rend compte que ce cri, c'est le mien.
Douleur.
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Sybille Hawkins
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMer 23 Mai - 4:31

Les secondes s'écoulent, lentement, très lentement, comme si le temps s'était figé, jusqu'à ce que je le sente qui relâche son emprise sur mon bras. Frémissante de peur, je n'ose bouger, retenant ma respiration, suffocante. Les flammes autour de nous continuent à grandir, s'approchant peu à peu des étagères de bois emplies de livres. La pièce va entièrement brûler si il ne fait pas quelquechose ! Paniquée, je regarde autour de moi, avant de me rendre compte que plus rien ne me retient. Il m'a enfin lâchée.

Lentement, comme au ralenti, je vois la main de l'homme - je remarque d'ailleurs en frissonnant qu'il lui manque un doigt - se lever vers moi, comme un geste iréel. J'ai peur, va-t-il de nouveau me saisir, et me lancer dans les flammes ? J'esquisse un geste de recul, mais avant que je n'ai pu me mettre hors de portée, celui-ci me pousse en arrière, comme pour m'écarter des flammes. Interloquée, je me redresse, essayant de ne pas perdre l'équilibre, et je le regarde, écoutant les paroles sortant d'entre ses dents serrées d'un air incrédule. Et lui alors ? A-t-il l'intention de se laisser brûler vif ? Je ne comprends pas, je ne sais pas, j'ai peur... Je n'ai jamais vraiment aimé le feu, et me retrouver au beau milieu d'un incendie, avec un homme qui menace d'être consumé par les flammes ardentes d'un moment à l'autre, aussi fou-soit-il, me pétrifie complètement. N'obéissant pas à son ordre, je reste là, immobile, mes yeux émeraude fixés sur lui, mes mèches rousses flamboyantes à la lueur des flammes.

Puis soudain, il se redresse un peu, et me pousse, me prenant de cours, m'envoyant hors du cercle de flammes, et ma tête vint heurter un meuble. Sonnée, j'essaye de me relever, mais j'ai l'impression que, petit à petit, le paysage s'estompe, devient comme flou, la chaleur des flammes disparait, laissant place à une sensation de froid glacé. Puis, tout à coup, tout devient noir, et je tombe à terre, inconsciente.

Un hurlement m'éveille soudainement. Le coeur battant, j'ouvre les yeux, et l'odeur poignante du feu me saisit à la gorge, tandis que je cligne des paupières, les larmes aux yeux à cause de la fumée. Où suis-je ? Que fais-je ici ? La mémoire me revient peu à peu, en même temps que mes facultées physiques, et, soudainement, je me relève, affolée. Les livres, le brasier, cet homme, là... Affolée, je regarde autour de moi, essayant de distinguer sa silhouette parmis les flammes. Un cri retentit à nouveau, perçant, terrifiant, me glaçant le sang. Un cri de douleur... Il est là ! Essayant de me frayer un chemin parmis les flammes, je serre les dents en sentant le feu effleurer ma peau, et j'avance de plus en plus vite, cherchant comment avancer parmis le brasier. La chaleur m'étouffe, je suffoque, je transpire, ma peau est couverte de cendre, mes yeux me piquent. J'y suis. Il est là, recroquevillé sur le sol, le corps léché par les flammes. Il est comme en transe, incapable de se lever. Le réveiller... Un instant, je réfléchis, prise de panique, et, vivement, je lui assène une claque retentissante. Esperons que cela suffira. Qu'il se réveille, vite... Je suis incapable de le sortir de là toute seule, et surtout pas dans mon état.
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeLun 28 Mai - 9:51

HRP : source utilisée… Le Vampire, de Baudelaire, un peu modifié. ^w^

Elle ! Ce fantôme avide, avare, allégorie de ce gouffre qui se meut sous les hésitations vaines de nos pauvres esprits humains…
Elle ! Cette mère totale, absolue, cette terre fertile dont j'ai arraché le fruit… Là voilà qui me nargue, là voilà qui pose ses mains sur ma gorge en feu.
Elle ! Cette femme, avant tout, cette âme vengeresse qui erre, qui s'abreuve de mon souffle rauque, tandis que ses doigts s'enfoncent dans mon cou…
Je ne peux rien faire… Je ne veux rien faire… Ce manne ô combien connu… Je sais qu'il n'appartiens qu'à mon monde. Mon univers personnel.
Mon enfer.
La créature aux cheveux de feu se penche sur moi, et caresse de ses lèvres sanglantes mon oreille blessée. C'est un murmure qui s'échappe d'entre ses dents jointes… C'est un cri qui entre dans mon âme écorchée…

- Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon esprit plaintif est entré;
Toi qui, fort comme un troupeau
De démons, vins, fou et désemparé,

De ma chair humiliée
Faire l'abject terreau de tes vices
Infâme à qui je suis liée
Par ce crime souillant le calice…

Imbécile ! A mon empire
Si mes efforts s'achevaient
Ta pauvre volonté plierait…
Pauvre cadavre fondu, fait d'espoirs et de cire…


Je ne comprends rien ! Je ne comprends plus rien...! Où suis-je ? Et qu'est-ce que je fais là...? Pourquoi fait-il si chaud... Et surtout... Comment je m'appelle, déjà ? Mon regard se voile. Il fait noir. J'ai l'impression que je pourrais rester ainsi, au moins le temps d'une éternité. Le silence. Le silence règne. Je suis bien... Je crois... A part ce petit point de lumière qui me gêne au coin de l'oeil... Il grossit...grossit... Mais qu'est-ce que...oh ! De quoi ?! C'est...c'est immonde ! Je...partez ! Laissez-moi ! Oubliez-moi ! NE ME TOUCHEZ PAS ! JE...J'AI BESOIN...

Un contact violent sur ma joue. Un claquement dans l'air. Une petite douleur passagère.

...d'aide ?

Je vois. Je me...sens ? A nouveau. Je porte ma main à mon visage, effleurant ma joue endolorie. Mon regard perdu se porte sur...sur la damoiselle de tout à l'heure. Je la reconnais. Mais qu'est-ce qu'elle fout là, putain ? Et puis c'est quoi, tout ce feu ? Bordel ! Faut sortir de là... ! C'est pas aujourd'hui qu'on mettra Viatschelsav au bûcher !

Allez fillette, viens par là !

Sans trop m'enquérir de son avis, je l'attrappe par la peau du cou et la hisse dans mes bras. C'est qu'elle est légère... C'est drôle à dire, mais j'ai l'impression de l'avoir déjà portée une fois... Mais bon, pas le temps de réfléchir. D'un pas vif, penché au dessus de la détenue, je frachis les flammes craquantes. La chaleur décroît. Tout va bien. Je cherche des yeux une alarme manuelle... Trouvé ! Mon poing écrase la fragile paroi de verre. Une fine averse artificielle fait son apparition, et étouffe les flammes.

Je m'agenouille, épuisé, toujours la damoiselle sur les bras.¨Pas l'air en bon état. Remarque, je peux comprendre pourquoi. Un peu gêné, je note les vilaines marques de cendre noire que j'ai laissées sur sa chemise auparavant immaculée. J'ai toujours eu du mal a souillé ce qui est parfait.

J'ai toutefois noté un petit détail...tout à l'heure...avant de..."m'oublier". Ce geste de protection. Cette main sur son ventre. Je le connais, ce mouvement, je l'ai déjà vu.

Hé... Tu tiens l'coup ?

Inquisiteur, je détaille son expression, avant de pointer du pouce son ventre à peine révélateur.

Et lui ?
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeLun 28 Mai - 10:12

[ * se sens inculte d'un coup... * ]

Malgré ma claque, il ne semble pas réagir. Mais merde, réveille-toi ! Le coeur battant, je lui en assène une nouvelle, de plus en plus nerveuse. Bordel, qu'est ce qu'il fait chaud... A ce rythme là, je vais finir brûlée vive avant que je n'ai pu réussir à le réveiller, et lui avec ! Un geste. Un clignement d'oeil. Enfin ! Soulagée, je pousse un soupir en le voyant qui ouvre les yeux, se frottant la joue en me regardant, l'air comme absent, engourdie, comme si il revenait de loin. Puis son regard se pose sur moi, et, instinctivement, je recule, tandis qu'il me fixe d'un air étonné avant de regarder autour de lui d'un air ébahi. Comme si il ne se souvenait de rien. Puis, tout à coup, avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit, il me crie quelquechose que je n'entends pas vraiment à cause du craquement des livres et du bruit des flammes, et je me retrouve dans ses bras, sans trop comprendre ce qu'il m'arrive.

Après, tout devient flou. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe. Je le sens juste qui avance en courant à travers les flammes, puis, quelques instants après, la fraicheur bienfaisante de l'eau qui ruiselle en une pluie fine sur mon visage. A moitié inconsciente, j'essaye de me resaisir, tandis que la chaleur des flammes et l'odeur âcre de la fumée diminuent peu à peu. Après le feu, l'eau. Après la chaleur, la fraîcheur. J'ai froid...

Frissonnante, je croise mes bras autour de mes épaules, regardant autour de moi d'un air vague. Je ne sais même pas pourquoi j'ai froid. L'eau, la peur, l'émotion... J'ai mal à la tête, tout tourne autour de moi... Puis je le sens qui s'agenouille. Pourquoi il ne me lâche pas ? Aucune idée... En tout cas, pour une fois, je ne me débats pas. Plus la force, plus l'envie... Enfouissant mon visage dans le creux de l'épaule du gardien, je ferme les yeux, hochant faiblement la tête à sa question. Il sent la fumée et le cuir, et une drole d'odeur, je ne sais pas vraiment quoi. Sûrement de l'après-rasage ou de l'eau de toilette. Le mélange, au départ puissant et étouffant, n'est finalement pas si désagréable. A deux doigts de sombrer dans l'inconscience, j'écoute la deuxième question de l'homme d'un air absent, hochant une fois de plus la tête, sans vraiment comprendre ce qu'il me dit.

Puis, tout un coup, un éclair de lucidité me traverse, et, comme par magie, je sors de mon espèce de transe, un air épouvanté et horrifié sur le visage. Il, il a deviné...? Non, non ! Secouant la tête dans un geste d'impuissance, je le fixe, les larmes aux yeux. Par pitié, qu'il ne me le prenne pas, qu'il ne me dénonce pas, qu'il ne m'oblige pas à faire ça...
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Tobias Viatscheslav
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeLun 28 Mai - 17:23

Elle a grave l'air en état de choc, là… Son regard est absent, ses pupilles dilatées. J'hésite à la secouer pour la réveiller un peu. Mais j'ai pas l'impression qu'elle survivrait. Je ne la lâche pas. Mon instinct me dit qu'elle partirait en morceaux… Alors je ne la lâche pas. Les derniers événement ne sont pas très clairs dans mon esprit. Je ne suis pas sûr de ce que j'ai fait…ou pas. Mon regard se porte sur la boue noirâtre qui trône au milieu de la salle. Je crois que c'est moi, qui ai fait ça.

A ma grande surprise, la damoiselle enfouit son visage dans mon épaule. J'en déduis que je ne lui ai pas fait de mal directement. Ce geste m'intrigue. Je sens la barbe à papa, ou quoi ? (hrp:fait xp). Elle ne doit pas être au sommet de sa forme. Je pense avoir la même capacité rassurante qu'un piège à loups.

Seulement, lorsque je fais allusion à…à ce qu'elle sait, tout bascule. Je discerne un réel changement dans son regard. Elle se réveille pour de bon, et son expression se fait suppliante. De quoi ?! Elle me prend pour quoi, la mioche… ? Bon, okay, je suis pas une peluche doté d'un instinct paternel débordant de tendresse. Mais quand même… Y a des limites… Et puis tuer les gosses, ça n'a aucun intérêt. Purement aucun. La beauté d'un meurtre ne peut se trouver que dans la perfection des proportions du corps de la victime, de sa grâce, et de l'élégance de la flamme qui la ronge. Et les infanticides, c'est pas mon trip. Quel manque de professionnalisme… Même pas de difficulté.

Je jette un regard neutre aux larmes qui menacent de s'enfuir de ses yeux éprouvés. On évite, merci. Vous verriez le tableau ? Des amas de papiers calcinés, deux gus trempés, l'un sanglotant dans les bras de l'autre. C'est pas mon trip, je le répète.

Je hoche la tête, un éclat ironique dans l'œil. Je n'émets pourtant pas la moindre parole. Coupant toutefois court à tout doute outrancier, je jette mon veston de gardien sur la damoiselle. Elle flotte dedans comme un fantôme émacié. Je me relève. Enfin plutôt, nous nous relevons, vu que je la maintiens fermement dans mes bras. On a assez vu le coin, c'est plus drôle. Je me casse.

Nous sortons de la bibliothèque. Il doit certainement y avoir des caméras de surveillance. Demain, j'aurai des problèmes. Mais pour l'instant, je m'en fous. J'ai d'autres affaires à régler. Et pas des moindres.

Crois-moi gamine, ça va pas être simple…

Ma voix se perd dans l'obscurité silencieuse, seulement ponctuée du bruit mat de mes pieds nus sur le sol dallé.

J'ai pas mal de question. T'as pas mal de réponses. Et ça vaudrait mieux pour toi que tu sois claire. Qui. Quand. Combien de temps il nous reste.

Je prends un embranchement. Direction les cellules. Je pense que je vais oublier pour le moment la violation du couvre feu…

Je sais pas si c'est plus arrangeant qu'ce soit un viol ou non. Qu'est-ce que tu comptes faire ? Ce genre de... "détail", ça finit toujours par se remarquer, un jour où l'autre…

Je cache bien ma curiosité. Que se passera-t-il ? Je suis tenté de la laisser se débrouiller avec la directrice… Mais quelque chose me retient. Vous le savez déjà certainement, mais je suis un véritable esthète. Or la façon qu'à la vie de croître…comme une flamme dans un foyer…m'a toujours intrigué au plus haut point. Et je ne suis pas de ceux qui étouffent les brasiers…

Je poursuis ma route, frissonnant un peu, portant comme une plume cette gamine et son précieux fardeau.
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MessageSujet: Re: Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille]   Les livres, c'est beau, ça brûle...[PV Sybille] Icon_minitimeMar 29 Mai - 10:58

[ Il l'a fait x_x En passant, je préférais ton ancien avatar >< ]

Il ne dit rien, rien du tout. Ce qui n'est pas pour me rassurer. Que pense-t-il, que va-t-il faire ? Je suis littéralement morte de peur. Qu'il ne me le prenne pas, qu'il ne me le prenne pas, par pitié... Tremblante, je le fixe, mes yeux émeraude luisant d'un éclat désespéré. Ce type m'effraie. Je n'ai aucune idée de sa façon de penser et d'agir. Il est tellement... bizarre... Il y a un instant, il semblait à deux doigts de me balancer dans le feu, en proie à une espèce de délire mystique, et à présent il me regarde d'un air étrange, silencieux, hochant juste la tête. Je ne sais pas comment interprêter ça. Quoi ? Qu'allait-il faire ? Qu'allait-il me faire, lui faire ? Pétrifiée, je n'ose bouger, livide, la respiration saccadée. D'un geste, il me jette sa veste dessus, sans un mot, avant de se relever, toujours silencieux, ne m'accordant même pas un regard.

Rajustant le veston de cuir sur mes épaules d'un geste précipité, j'ai juste le temps de me rattraper à sa nuque quand il se lève, déséquilibrée par son mouvement brusque. Nous quittons la pièce. Ce n'est pas pour me déplaire, l'humidité glaciale de cette dernière n'est pas vraiment acceuillante, et l'odeur de fumée étouffée et des cendres mouillées devint insupportable. Mais j'ai peur. Où m'emmene-t-il ? Où va-t-il ? Retenant mon souffle, je pose un dernier regard sur la bibliothèque avant que celle-ci ne disparaisse de ma vue, et un sourire amer se forme sur mon visage. J'en connaissais un qui allait avoir des ennuis demain... A moins qu'il ne rejette la faute sur moi, ce que ferait certainement n'importe quel gardien. Et avec la noirceur qu'il faisait, je ne pense pas que les caméras aient du filmer quelquechose de très intéressant, pour peu qu'il y en ai dans cette partie de la prison.

Je hoche la tête à ses paroles, silencieuse, à deux doigts de craquer. Evidement que ça n'allait pas être simple ! Je le savais ça, sinon, pourquoi croyait-il que j'avais eu cet air terrifié en constatant qu'il m'avait percée à jour ? Et cette façon de m'apeller " gamine ". Je savais que avec ma chemise blanche et mon visage livide, terrifié, je pouvais passer pour plus jeune, mais j'avais quand même presque 21 ans... Mais, attendez. Si il me dit ça, est-ce parceque il était prêt à m'aider, ou du moins à ne pas me dénoncer, ou au contraire qu'il était entrain de m'emmener chez la directrice, et qu'il se moquait ouvertement de moi en m'annoncant ce qui allait arriver ?

En entendant la suite, je penche plutot plutot pour la première option. Incrédule, je le fixe, les yeux pleins de larmes. Pourquoi est-ce qu'il me demande ça, pourquoi est-ce qu'il faut qu'il me demande ça maintenant... Pourquoi ?! Silencieuse, je déglutis péniblement, tandis que mes doigts se crispent autour de son bras, ayant délaissé sa nuque peu auparavant. Je sais que je dois lui répondre, car il risque de s'énerver. Mais c'était au-dessus de mes forces. Je ne pourrais pas. Personne ne savait, et personne ne saurait jamais. J'avais vainement tenté d'oublier, oublier ce qui s'était passé, mais la douleur restait là, rodait tel un fauve affamé, me dévorant petit à petit de l'intérieur. Rien que d'y penser me mettait au bord des larmes, et j'avais l'impression de sentir mon ventre se serrer et mon estomac se tordre dans tous les sens. Ca me rendait malade...

Quand nous arrivons au carrefour, je sens mon ventre se contracter violement tandis que j'inspire, au bord de la nausée. Levant la tête vers lui, je le supplie du regard, geste vain et désespéré car il ne me regarde pas, il marche droit devant lui, concentré sur son chemin. Pas à droite, pas à droite... Pétrifiée, crispée, je n'ose respirer, le coeur battant la chamade, et je pousse un soupir de soulagement en le voyant qui se dirige vers les cellules. Le bruit de ses pas sur le sol glacé résonne telle une mélodie insupportable dans ma tête, et, le regard vague, je regarde autour de moi, fixant les murs de pierre sans les voir. J'écoute ses paroles d'un air absent, comme si je n'y prêtais pas attention. Pourtant, au fond de moi, je suis déchirée, désespérée, ne sachant que faire. Aidez-moi...


- Ce n'était pas un viol...

Ma voix s'élève finalement dans l'air glacé du couloir, son infime et tremblant, rompant le silence oppressant qui venait de s'installer.

- Je, je l'aimais, et lui aussi... Poursuis-je, les joues brûlantes de larmes qui ruisellent allègrement sur mon visage. Mais il s'est suicidé, il est mort, mort !

Ma voix se brise, remplacée aussitot par les sanglots que je tente vainement de refouler. Sanglotante, j'enfoui mon visage dans mes mains, le coeur brisé, un gout amer dans la bouche. Mort... Ce mot résonne dans ma tête comme une évidence, une sentence. C'était la première fois que je prononçais vraiment ces mots, que je m'avouais réellement qu'il était parti, et qu'il ne reviendrait jamais... Un frisson me parcoure, me faisant trembler violement. J'ai affreusement froid tout à coup... Je me sens seule, si seule...

Déchirée par mes sanglots, je tente de me calmer, mais je n'y arrive pas. Je ne sais pas, je ne peux pas ! Comme il doit rire... Il doit s'en foutre complètement, se dire que je suis stupide, tout juste bonne à me lamenter, à pleurer, incapable d'assumer, d'oublier, de me resaisir... Mais c'était au-dessus de mes forces, j'en étais incapable...

Ce n'est que lorsque nous arrivons devant ma cellule que j'arrive enfin à parler, articulant quelques mots d'une voix nouée, enrouée :


- Ludwig, il s'appellait Ludwig Helies...

Pendant quelques secondes je reste muette, luttant pour ne pas éclater en sanglots une nouvelle fois. Rien que prononcer son nom me fait mal... Levant mes yeux éplorés vers lui, je le supplie, complètement désespérée, une main posée sur mon ventre dans un geste protecteur :

- Cela fait trois mois maintenant... Ne me le prenez pas, je vous en supplie... C'est la seule chose qu'il me reste de lui à présent...

Ma voix se brise à nouveau, et, détournant la tête, je baisse les yeux, le visage ravagé par le chagrin et la douleur, laissant une larme, une unique larme rouler sur ma joue...
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