Quand l'Ombre est derrière ... [Pv]

Du coin de l’œil, je vois l’ombre qui m’avait suivi toute la journée, glisser le long des murs. Je n’y fais plus trop attention depuis quelques temps. Ca en est devenu si habituel et normal pour moi. Mes yeux se perdent à travers l’une des fenêtres qui donnent sur la cour. L’automne est déjà là, pour preuve, les arbres se dévêtent de leur couleur si joviale de l’été. L’automne, l’hiver. Ce n’est pas vraiment dans l’ordre du climat des pays de la méditerrané. Et pour vraiment avouer la chose, ce sera la première année où je verrai des feuilles tombées en tas des arbres. Ainsi que cette fameuse poudre blanche qu’on appelle : neige. Mais pour l’instant, le calendrier affiche fin septembre, soit, automne. Je me rappelle d’un poème sur ça. Si mes souvenirs sont bons, c’est Sebasten qui m’en avait parlé …

Plus rien ne t'appartient
tu n'entends plus le vent
tu ne verras plus
Œdipe aveugle.
Les feux te mangent la cervelle
sans merci.
La mer basilic frisé.
Un sourire jadis effleuré
nous glisse entre les doigts.
Reste la pluie qui fait l'amour avec les pierres
et les vieilles maisons en secret qui dansent.

Pour tout dire, je n’ai jamais compris le sens de ce texte. Qui sait, il traite peut-être du renouveau. Tout agonise en automne, meurt en hiver et né au printemps. Le cercle de la vie en somme. Et qui parle de la vie, parle du monde. Pour un peu me situer, j’avais fini mon service depuis quelques minutes. Etrangement fatiguée depuis quelques jours, je n’en perdais pas pour autant ma bonne humeur. Heureusement que j’ai eu la bonne idée de me couvrir chaudement d’un pull. L’air froid se promène entre les couloirs, je remercie le ciel qu’il y est des chauffages dans les pièces, ou du moins, dans ma chambre. En passant une nouvelle fois devant l’une des vitres, j’aperçois mon reflet. J’avais plutôt l’air d’un mouton avec les cheveux ondulés et volumineux, deux billes bleus en guise de yeux. Et tout ça envelopper soigneusement entre plusieurs couches de vêtement. Je ne suis pas du tout habituée à avoir froid comme ça. D’où le pourquoi … Je n’ai connu que le climat chaud. Nos hivers sont doux sans neige et sans vent glacée. Alors qu’ici, je n’ose même pas imaginer comment allait être mon premier noël. Je mettrai déjà ma main au feu : sous mes couettes. Un nouveau souffle vient me prendre au dépourvu. De mes deux mains, j’attrape le col de mon sous pull pour venir le monter jusqu’à mon nez. Et tout en le tenant fermement, j’avance toujours sans vraiment savoir où aller. Peut-être espérais-je croiser un visage familier.

Loin de moi cette idée quand je remarque un groupe de prisonniers au loin. Nouveau ou non, ils n’ont pas à traîner par ici. Depuis mon premier jour, les règles ont été assez simples à faire respecter. Ici, encore une fois : « l’aile des employés est interdit d’accès aux prisonniers. ». Je relâche la prise que j’avais sur mon pull et m’avance vers eux. Ils devaient être quatre ou cinq. D’une voix qui se veut douce et ferme à la fois, je leur demande de regagner leur aile. Sans attendre, ceux-ci ne manifestent aucune opposition. Et ce n’est pas plus ma … « Atchoum ! ». Un rhume ? Eh bien, l’automne commence bien pour moi. Je me pose contre le mur, à la droite d’une fenêtre. L’air envieux de sortir, je regarde les détenus s’occuper comme ils leur étaient possible. C’est vrai que sur mes quelques mois, je avais toujours trouvé quelques choses à faire. Du plus stupide au plus inattendu. Nous ne sommes jamais sûr de ce qu’il y aura demain. Ou bien dans les minutes qui suivent ...

2537 Nombre de messages : 445 Age : 32 Date d'inscription : 06/08/2008

Les feuilles tombent, les unes après les autres. Elles se sont colorées de rouge et ocre pour cette occasion durant laquelle elles rejoignent leur mère, la Terre. J’aime l’automne. Certains pensent que c’est la mort de la nature. Je crois plutôt que c’est un renouveau, une mue de la nature. Et puis, l’automne est la plus belle saison, selon moi.

Je viens de me lever. Je vais vite prendre ma douche et je m’habille en vitesse pour ne croiser personne. Je ne me suis pas encore habituée à cet état, même si les prisonniers sont sûrement bien moins soignés. Je ne vais donc pas me plaindre sur mon sort et me promène dans les couloirs, vérifiant que rien n’est hors du règlement. Habituellement, je ne suis pas particulièrement à cheval sur les règles, mais aujourd’hui je n’ai pas envie de m’attirer des ennuis.
Heureusement, tout se passe bien. Je croise quelques prisonniers sans les voir et je marche sans savoir non plus où je vais. Je n’ai pas mon uniforme aujourd’hui. Il est vrai que je ne le porte pas souvent, mais aujourd’hui j’aurais peut-être dû. Il fait froid, en cette journée de septembre. Mes bras ont la chair de poule et mon nez devient un peu plus rouge à chaque minute. Mais je n’aime pas cet uniforme. Je n’arrive pas à dire pourquoi, mais je ne l’aime pas. Je préfère encore me balader avec une légère robe qu’avec celui-là. Certes, elle ne me protège de rien, mais au moins je m’y sens bien. Les bras nus, la gorge serrée par la robe, elle me plaît bien.
Mais j’ai froid. Très froid… Je crois que j’ai un rhume. En effet, j’éternue. Je ferme les yeux sous le choc et je bascule un peu en avant. Je me redresse avec quelques larmes qui perlent. Je ramasse mon chapeau qui est tombé, l’époussette un peu, replace mes cheveux derrière moi et pose mon couvre-chef sur celui-ci.

Je croise alors un groupe de prisonniers dans l’aile des employés. Que font-ils là ? Il n’y a aucun article dans le règlement admettant cela et, alors que je m’apprête à les apostropher, j’entends une voix douce et ferme qui leur demande de s’en aller. A ma grande surprise, ils obtempèrent sans réticence. Sont-ils doux comme des agneaux ou est-ce la détentrice de cette voix qui a une autorité de fer ? Quoi qu’il en soit, ils passent devant moi tranquillement, sans s’enfuir, sans lancer de regards méfiants et malsains. Comme si c’était juste un ordre qu’ils prenaient à la lettre et exécutaient. Enfin, j’aperçois la personne qui a cette autorité mêlée à de la gentillesse. C’est une femme, comme le laissait supposer sa voix. Elle était grande, belle et frileuse apparemment.

Elle portait des couches et des couches de vêtements. Apparemment, elle n’était pas habituée à la fraicheur de l’automne. La pauvre. Si elle avait besoin de tous ces habits pour l’automne, elle allait devoir y mettre toute sa garde-robe pour l’hiver. Mais peu importe, elle trouvera sûrement un moyen.
Cette belle femme éternue malgré ses vêtements. Elle doit avoir attrapé un rhume. Un peu comme moi. D’ailleurs, en parlant de cela, je sens un nouvel éternuement qui vient. Je crois que j’ai aussi un rhume. Ça doit venir de mon vêtement. Un seul vêtement pour une fraîche journée d’automne, je dois être un peu folle.
Et voilà, j’éternue. Bien bruyamment, me faisant plier en deux. Mon chapeau tombe, encore. Il glisse, vers cette femme, qui semble être une gardienne. Que va-t-elle dire ? Je pense que je l’importune. Elle est adossée à la fenêtre, regardant l’extérieur avec une certaine envie. Du moins, avant mon éternuement.

Je me relève. Je vois mon chapeau aux pieds de la femme. Je remets mes cheveux en place. Je déteste qu’ils me viennent devant les oreilles. C’est le seul caprice que je fais par rapport à eux je crois. Même si j’aime bien leur longueur et leur raideur, je ne m’en fais pas une nécessité.
Je m’approche d’elle, la regardant dans les yeux. Elle est vraiment belle, même avec tous ses vêtements. A vrai dire, elle aurait pu ressembler à un gros ourson emmitouflé dans son pelage, mais elle reste resplendissante. Je crois que mon premier sentiment en la voyant est une sorte d’admiration.

« Excusez-moi. »

C’est ridicule. Je m’excuse pour un éternuement. Je me fais penser à Adélie. Mais après tout, même si je ne l’ai pas voulu, je l’ai dérangée dans ses rêveries. Je sais à quel point je hais que l’on me dérange dans mes rêveries, peut-être en est-ce de même pour elle.
Je souris quelque peu, pour masquer ma gêne, je crois. Je récupère mon chapeau en essayant de sourire franchement et je le remets sur ma tête.

« Dites-moi, les prisonniers qui viennent de partir sont-ils particulièrement compatissants ? »

Je veux savoir si elle a une forte autorité sur les prisonniers. Elle a l’air plutôt à l’aise ici. Elle doit être là depuis bien plus longtemps que moi, pourtant je ne l’ai jamais croisée dans les couloirs avant. Il est vrai que je ne me promène pas grandement, mais j’en aurai sûrement entendu parler. Bella ne m’avait parlé que d’une gardienne dont je devais me méfier. Est-ce celle-là ? Non, assurément pas. Mais tout de même, je vais un peu me méfier. Si elle paraît gentille, elle doit cacher quelque chose… Ou alors je me fais des idées stupides. Je verrai bien…

» Quand le coeur crie ..
» Quand un coeur se brise...(Pv Faith)
» Quand Deux loups se rencontrent [pv Jade]