Hiniminimanimo (PV)

Oh God… Fucking God. La maison de Dieu hein ? Le seul être, existant ou pas, qui a la prétention d’être au dessus de tout, sans se montrer. Pathétique. Je viens de quitter l’enceinte de la prison avec l’image de Nadine en tête. Un personnage très… Intéressant.

Toujours est il que je m’approche de la sinistre demeure de l’être de lumière avec la conviction de pouvoir m’y repaître de ma haine de la race humaine. De l’extérieur elle ressemble à celle que fréquentaient mes grands parents. Les anciennes générations ont cette fâcheuse habitude de croire à l’existence d’un être supérieur et cela parce qu’ils sont vieux et qu’ils s’inquiètent de leur funeste destin, nan ? M’ouais… Encore un des mystères de la vie. Je ne me souviens pas d’y être déjà entré, mais je les vois encore s’avancer à l’intérieur suivis d’une multitude de dégénérés, me demandant de rester bien sage à les attendre, qu’ils y allaient pour m’apporter bonheur et réussite tout au long de ma vie. La preuve. La seule réussite est ma supériorité, bien qu’ici elle en prend un coup. Oh god, par pitié, ne me laisse devenir ce que je hais.

Je pousse la porte, un léger craquement se fait entendre. L’église est minuscule, peuplée par ci par là de croix et autres accessoires dédiés à notre seigneur. Au premier coup d’œil, nul hante ce lieu, à l’exception faite d’un individu qui se fond parfaitement dans le décor fade du bâtiment. Décidément, il est impossible d’être seule dans cette prison.

A la vu de cette homme, ou femme, de dos je ne sais pas vraiment ce que c’est, ma première question est « Est-il croyant ? » Cela ne m’étonnerait même pas, encore un paumé qui cherche du réconfort dans l’invisible. Je m’approche de lui (ou d’elle…) dans un silence le plus profond. J’ai toujours remarqué que dans ce genre d’endroit, être silencieux est quelque chose d’important, les cinqs minutes qui précèdent l'entrée comme celle qui suivent la sortie. Je ne voudrais pas troubler le moment d’intimes confessions entre l’inconnu et Dieu, ça ne se fait pas.
Je continue mon périple vers la personne, et dans un élan de politesse je dépose ma main sur son épaule et chuchote

« Bonjour inconnu… »

Rooo ça va, je ne veux pas l’effrayer ni quoique ce soit. Après tout, on peut bien faire connaissance dans cet endroit si…chaleureux. Avec un peu de chance c’est un nerveux, un peu d’action ne ferait de mal à personne…Enfin, façon de parler.

Quelque chose…Touche mon épaule. Il y a vraiment quelqu’un. Puis, une voix qui me dit bonjour, qui m’appelle « inconnu ». Une voix que je ne connais pas. Une voix qui me semble féminine. Elle ne semble pas menaçante cette voix, j’ai raison? J’ai raison…On n’attaque pas dans une église, croyant ou pas…Mais, qu’est-ce que je raconte…Comme si quelques croix auraient empêché tous ces meurtriers de faire ce qu’ils ont fait. Moi-même, est-ce que ça m’en aurait empêché? Je suis comme eux. Moi aussi, j’ai tué. Je suis aussi condamnable qu’eux. Je suis comme eux…À la différence que je suis faible, lâche et incapable. Mon Dieu, mais pourquoi suis-je ici…Je veux dire…Pourquoi j’ai fais ce que j’ai fais.

Je me tourne finalement vers l’inconnue. J’ai l’air nerveux. C’est la surprise…Ou plutôt, j’ai toujours l’air nerveux…Mais, sa présence ne me rassure pas.

Et pourquoi? C’est une femme. Elle ne m’a pas sauté dessus. Ni insulté…Attaqué…Ni quoi que ce soit. Elle ne m’a rien fait du tout et elle semble gentille et…Et…Tout ce qu’il y a de plus normal. Non, là, je mens. Elle ne me veut peut-être aucun mal…Mais, ses traits sont durs et loin d’être banals et qui peut bien être normal ici? Même moi, je suis encore très loin de l’être. Je m’efforce de lui sourire.

-Gleb…Mon nom, c’est Gleb…

Je glisse mes mains dans ma poche.

-Euh…Bonjour. Désolé, je croyais être seul.

J’essaie de lui parler. Parler. Peut-être que ça va me calmer. Si je parle, j’oublierais peut-être ma nervosité. Je me retourne vers l’ensemble de la pièce.

-Je croyais être seul, répétais-je, pensif.

Je me retourne vers la prisonnière et lui sourit à nouveau, confus. Confus pourquoi? Je ne sais pas, du moins, je n’en suis pas certain.

-Tu t’appelles comment?

(J'voulais faire plus long...Mais, je dois y aller donc...à toute ^^)

Un sourire craintif, comme c’est charmant. Il a l’air assez… stressé. Pour une fois que je m’efforce de faire le premier pas, sans crier, sans me moquer, essayant même de camoufler ma supériorité, je tombe sur un nerveux, contre lui-même. Ca doit être la magie de Dieu, ça… En même temps je m’attendais à tomber sur qui, dans une église… Suis-je bête. J’aimerais bien m’amuser un peu, lui faire un peu plus peur, mais je crois que je vais avoir vite pitié de lui…

- Gleb…Mon nom, c’est Gleb…

Il arrive à parler… Dingue. J’aurais plutôt imaginé le garçon pétrifié par la trouille. Comme quoi, dans la maison de Dieu, tout est possible. Gleb, c’est assez original comme nom, ça colle parfaitement au personnage. Il correspond bien au gens qui manquent atrocement confiance en eux et de ce fait se réfugient dans la religion. Enfin, je suppose, mais vu son attitude je ne pense pas me tromper.

- Euh…Bonjour. Désolé, je croyais être seul.

En réalité, il correspond plutôt à l’angoissé de base qui parle et qui parle, pour se détendre, alors qu’en réalité ça n’arrange rien du tout. Mais il ne faut pas leur dire, ils sont tellement attendrissants…
Je penche la tête légèrement vers le bas en le regardant, un petit sourire aux lèvres. En fait j’attends sa prochaine phrase. Je vais pas m’ennuyer sur ce coup là… Je le vois qui se retourne vers l’église. Peut être demande t-il du courage à Dieu ?
Le plus amusant c’est qu’il se répète. Ouais, j’ai compris que tu pensais être seul… Mon sourire s’élargit. En même temps comment être seul, ici. Je veux dire, en prison, parce que l’église est certainement le seul endroit où l’on peut avoir de grandes chances d’être seul. Pas de bol pour toi, Hina est là… Je redresse mon visage, son monologue doit être terminé. Il se retourne vers moi, et surprise…Il sourit, certainement conscient que son angoisse le pousse à se répéter. Mais ça va, c’est charmant. Le pauvre Gleb…
Je reste silencieuse. Le silence gène en général. J’ai bien le droit de m’amuser un peu…

-Tu t’appelles comment?

La petite question pour ne pas éteindre le semblant de conversation. Amusant. Venant de lui, ces mots prennent la forme d’un petit garçon qui rencontre pour la première fois une petite fille.
Mon sourire ne me quitte plus. Au moins face à lui j’ai l’impression d’être la personne la plus importante du monde, et ça, ça n’a pas de prix. Rien que pour ça, il a ma totale sympathie. Enfin… Jusqu’à nouvel ordre hein.

« Je m’appelle Hina. »

Mes mots résonnent dans l’église. Hina, Hiinaa, Hiiinnaaa… Quelle douce mélodie. Bref, mon attention se reporte sur Gleb. Son visage est celui d’un insomniaque maladif. En fait, il n’a rien pour lui ici. Anxieux et chétif, la proie idéale. Je me demande bien ce qu’il a fait pour atterrir ici.
Je tends ma main en sa direction, c’est bien la première fois que je fais ça.

« Enchantée, Gleb… C'est un endroit calme ici, tu ne trouves pas?»

Je maitrise parfaitement les banalités, l’expérience dans le milieu du commun des mortels. Je parle d’un truc que je ne connais pas en plus, puisque c’est la première fois que je viens ici, mais ça il ne le sait pas. De toute façon, il n’oserait rien me dire. Ahhh j’aime la puissance.

Elle ne me dit rien mais sourit. Pourquoi elle sourit? Probablement parce que j’ai l’air ridicule en fait…Et pourquoi ne dit-elle rien? Hein? Et elle ne cesse de sourire…

Calmes-toi Gleb. Cette femme doit être gentille comme tout. Bien sûr…Cette meurtrière, car c’est sans doute ça qu’elle est puisqu’elle est en prison, doit être gentille comme tout. Bon, d’accord. Gleb, tu en as déjà rencontrer des gens en prison…Alec, Clairval, Sybille, Edward et d’autres…Et ils n’étaient pas méchant, vrai? Pourquoi cette femme près de moi serait-elle mauvaise? Bien sûr, j’ai rencontré des gens qui étaient malveillants, mais, c’était presque tous des gardiens, eux.

Elle finit par parler. Hina. Elle s’appelle Hina. C’est joli comme nom. Oui…

Elle me tend sa main tout en poursuivant. Pendant quelques instants, c’est moi qui garde le silence. Un endroit calme qu’elle dit…C’est vrai. Mais, je n’y suis pas seul par contre. Mais, ce n’est pas grave. Ça ne me fera pas de mal de parler un peu à quelqu’un d’autre que moi-même. Elle me paraît un peu bizarre…Mais, pas bien méchante, enfin, je crois. Elle m’a l’air bien.

-Euh, oui. Enchanté, dis-je en lui serrant la main d’un mouvement peu assuré.

Je marque une bref pause tout en lui lâchant la main. Je lui adresse un autre sourire. Elle, elle semble constamment garder le sien.

-C’est l’endroit le plus tranquille que j’ai trouvé.

Je laisse échapper un petit rire un peu nerveux. Puis, silence. Je la regarde. Je regarde ses cheveux. Ses yeux. Ses traits. Elle aurait presque l’air d’un garçon en fait…Mais, ça ne l’empêche pas d’être jolie. Elle est un peu chétive. Par contre, ça n’a rien d’étonnent chez une femme. Même une prisonnière. C’est plus chez les hommes que c’est mal vu. J’ai toujours été mince et peu musclé du plus loin que je me souvienne. J’ai juste grandi en hauteur depuis que je suis gamin…En largeur, beaucoup moins.

-Les gens croient en Dieu, parce qu’ils ont peur de la mort, n’est-ce pas? Dis-je soudainement et de façon anodine. Je ne vois pas ce que la vie après la mort a de réconfortant…

Je souris timidement. Si elle est croyante, je l’ai peut-être vexé…Ou pas…Si elle est dans cette pièce, elle doit bien y croire, non? Même si je doute encore qu’il puisse y avoir des croyants à Sadismus…

-Vous croyez en Dieu vous?

Quel Dieu laisserait ses créatures mourir comme ça…Toute la prison est bourrée de meurtrier qui ont commis plusieurs meurtres. Des tas de gens meurent tout les jours.

-C’est l’endroit le plus tranquille que j’ai trouvé.

J’acquiesce sa phrase d’un signe de la tête. Rien d’étonnant. Quand on trouve un endroit calme dans un milieu surpeuplé c’est assez agréable d’y passer le plus clair de son temps. Surtout en prison, du temps on en a.
Un rire, stressant. Puis rien. Je m’attendais à ça, mais pas tout de suite. M’enfin… Il reste là à me dévisager. Mon visage doit peut être lui rappeler quelque chose, bien que c’est la première fois que je vois cet individu. D’ailleurs, j’suppose que je ne le rencontrerai que dans l’église.
Je détourne mon visage, voir un peu où je suis. C’est vraiment petit. Remarque, pas besoin d’un énorme lieu de culte, les gens ici ont certainement perdus l’occasion de croire en God. On dirait qu’elle est à l’abandon, parfait pour les psychopathes qui souhaitent offrir des louanges à Satan, doit y’en avoir, nan ? Si je faisais partie de leur clan je pense que je passerais le restant de mes jours ici, c’est tellement … macabre que ça en devient excitant. Peut être que Gleb est un des leurs, ça serait marrant.
Je regarde mon interlocuteur, qui continue son observation d’ Hina. Je lui plais, c’est obligé.

-Les gens croient en Dieu, parce qu’ils ont peur de la mort, n’est-ce pas?

C’est lui qui me dit ça ? Lui qui à l’air tout droit sorti d’une famille pire que croyante ? Que de mystère. Son sourire angoissé est toujours aussi charmant, je crois que c’est lui qui fait rester le mien. La façon dont il le dit, c’est comme si il voulait être rassuré. Rassuré de quoi ? Que son raisonnement est bon ? Ou bien que ses raisons de croire en Dieu sont normales ?
Croire en Dieu et avoir peur de la mort, je trouve ça assez différent. Les gens n’ont pas peur de la mort, juste de ce qui les attend après. Enfin peut être était ce qu’il disait.
Pourtant, Dieu ou pas Dieu, ça ne change rien, ils crèvent et partent je ne sais où. Ca sert à rien de craindre de ce qu’on ne connait pas. Suis-je plus logique que la plupart des personnes de ce foutu monde ? Tsss…
Je n’ai pas écouté sincèrement sa seconde phrase, je ne pense pas qu’elle soit importante. En fait je réfléchis aux autres possibilités de sa question.
Un silence s’est installé, mais personne ne semble y prêter attention. Surtout pas moi, qui reste le regard vide, à réfléchir. Il me demande si je crois en Dieu. Je ris ? Nan… Mon sourire se replace, pas le même qui m’avait habité jusqu’à présent, non. Un sourire moqueur…
Moi ? Croire en Dieu ? Oh la blague quoi… Enfin je lui pardonne, se naïveté est touchante. Hina n’a pas besoin de croire en un être supérieur, elle est bien réelle elle.
Je le regarde à présent comme choquée par sa question d’ailleurs. Je suppose que je ne souris même plus.

« Je ne crois pas en Dieu.. »

Je me déplace de quelques mètres vers une sorte d’autel en kit et m’y adosse. Au moins de là où je suis-je ne lui ferais rien, peut être qu’il sera plus décontracté.

« Croire en Dieu, c’est une faiblesse. On croit en Dieu parce qu’on aime contrôler les choses et on sait que notre mort, on ne la contrôle pas. Alors on s’y remet à Dieu… »

Pathétique. Quel est le con qui a un jour sorti « Allez les gars, on croit en Dieu aujourd’hui » ? En tout cas il a bien réussit sont coup, maintenant il y a même des gens qui lui dédient leur vie. Mes yeux se lèvent au ciel, enfin, au plafond… Des décors pathétiques, comme dans une bonne église de base. On distingue des petits anges, heureux de vivre. Ou d’être mort. Je les regarde… Quelle idée d’avoir foutu ça dans une prison ? Peut être pour remotiver les troupes. L’idée d’installer une église dans une prison est assez bizarre quand on y réfléchit. Où est le prêtre ? Je ne sais pas s’il y en a un. Etait ce une demande des prisonniers, pour essayer de se déculpabiliser de leurs crimes, et espérer avoir une vie meilleure après leur mort ? Dans ce cas là, Gleb a raison alors.

« Tu ne crois pas ? »

Peut importe qu’il le croit ou pas. Je sais que j’ai raison, mais si je lui annonce ça direct, de un il risque d’avoir peur de me répondre, et de deux il n’aurait certainement pas envie de continuer à me parler… Surtout que je ne sais même si j'ai été assez claire. Bref... Si il a pas comprit, il me le redemandera.

« Enfin, je ne veux pas dire par là que ta déduction était fausse… »

Oui, tranquille. L’endroit le plus tranquille. Ce n’est certainement pas au réfectoire ou dans la salle commune que je trouverais la paix. Ni dans le sous-sol…Je chasse dès l’or cette idée. La paix, je peux en trouver nulle part je crois. De toute façon, je suis pas en prison pour vivre heureux et paisible…Je suis ici car on veut punir mes crimes et se débarrasser de ma présence. J’ai tué moi…Pour me débarrasser de leurs présences…Pour me protéger aussi, d’une certaine façon... Pourquoi ne m’a-t-on pas tuer? Je suis décidément très mélancolique et geignard aujourd’hui. Beaucoup trop à mon goût. Reprends-toi.

Je me rends alors compte, je ne sais pas pourquoi ça me vient maintenant, mais que je dévisage Hina. Précipitamment, je baisse les yeux vers le sol. À mon arrivé à Sadismus, je n’étais même pas capable de regarder quelqu’un plus de 5 secondes tellement j’étais terrifié…Non, en fait, je n’ai pas vraiment changer. Je ne regardais pas quelqu’un dans les yeux plus de 5 secondes…Et j’ai évité de la regarder droit dans les yeux plus d’une seconde jusqu’à l’or. Non, vraiment. Je n’ai pas changé.

Je finis par relever vaguement mon regard quand elle me parle. Elle ne sourit plus. Ma question…Elle l’a dérangé. J’en suis…Désolé. Oui. Je ne me sens pas très bien, je ne saurais dire pourquoi…Peut-être est-ce cette tristesse ambiante qui m’englobe aujourd’hui.

Elle ne croit pas en Dieu. Je dois alors supposé qu’elle est donc venue ici pour la même raison que moi. La tranquillité. Elle avance vers l’hôtel. L’idée qu’elle soit plus loin de moi me libère déjà d’un certain poids même si je ne pense plus franchement qu’elle me veut du mal.

Elle m’explique que croire en Dieu, c’est une faiblesse. Je l’écoute, dans un silence paradoxalement religieux. Elle me demande mon avis, mais je doute que ça l’intéresse réellement. Alors, je ne fais que hoché la tête en signe d’approbation. Oui, elle a sans doute raison. Parfois, j’aime penser que j’y crois…Mais, j’y crois pour de mauvaises raisons, j’y crois parce que j’ai peur. Et, quand j’y repense plus objectivement, non, je n’y crois pas.

-Si je suis ici…Je veux dire, dans cette pièce…Ce n’est pas pour la religion…C’était seulement pour être tranquille, expliquais-je vaguement.

N’ai-je même pas envisager de réciter une prière en venant ici? Je ne sais plus…Je ne crois pas non. Peut-être…Peut-être dans mon subconscient…Mais, non, je ne veux pas croire en Dieu. Je ne veux pas prier. Je ne veux pas. Ce serait désespéré et absurde et je pense être dans un état assez lamentable. Pas besoin d’en ajouter plus.

-Je n’y crois pas non plus, je suppose…En Dieu.

Rien ne me laisse croire qu’il me contredit. Il m’écoute, hoche la tête et voila. Je ne lui demande aucunes explications de toute façon. Non, aucune. A l’aide de mes mains je m’installe sur l’autel. Il est humide et poussiéreux, ca change pas vraiment des lits ou autres. J’espère qu’il est solide, ça serait le comble de tomber et en plus de détruire un objet sacré… Poarf, qu’est ce que je m’en moque de leur objet sacré.
Encore une fois j’analyse tout ce que je vois. On dirait que j’ai jamais mis un pied dans une église… Je sais plus.

Il souhaitait être tranquille… Bon en gros, ça veut dire tu me déranges. Mais ça je le sais depuis le début. A sa place j’aurais certainement pensé pareil que lui, mais je pense que je l’aurais clairement dit dès le début. Ca doit pas être son genre. D’ailleurs je me suis bien trompé, il ne croit pas en Dieu. J’aurais pourtant parié le contraire, peut être est ce son coté d’être chétif qui m’a induit sur la mauvaise piste. Les apparences sont parfois trompeuses, elles le sont pratiquement à chaque fois. Je descends de mon trône et me ballade dans la pièce, comme il l’appelle. J’arrive pas à garder mon calme, je suis toujours obligée de bouger. J’sais pas pourquoi. J’effectue un tour de la salle, laissant un peu Gleb à l’écart, puis je retourne m’installer sur l’autel. Je suis mieux ici. Ouais, nettement mieux.

Le fait de supposer ne pas croire en Dieu est particulièrement étrange. Nan c’est vrai, on croit ou on ne croit pas, mais on ne suppose pas ne pas croire… Argh, mes pensées m’embrouillent. Peut importe, il n’a pas l’air convaincu de ce qu’il avance, mais bon, ça change quoi pour moi ? Absolument rien. Evidemment rien ne changera quoique ce soit pour moi, surtout dans une prison.
J’observe Gleb et ses attitudes, mais le simple fait de savoir que je le dérange, m’énerve. Je comprends, mais je n’accepte pas. Bref, t’énerves pas, pas dans une église voyons…

« Navrée de te déranger… »

Evidemment mon ton est devenu moins amical qu’au début. Je dirais pas que je l’engueule non plus. Je reste le regarder, j’ai envie d’une réponse directe, rapide. Il a l’air perdu… Ca me fait sourire. Comment être crédible face à un individu comme ça ? Je te hais Gleb, mais c’est gentil… Je détourne mon visage, histoire qu’il ne voit mes traits s’adoucir. Hina, à la base rien ne doit t’émouvoir… Mais à la base, j’étais pas au courant que j’allais tomber sur des énergumènes de ce type. Bordel.

« Sincèrement. »

Je l’observe se déplacer…Elle est tout d’abord assise sur l’hôtel et puis l’instant d’après elle fait vaguement le tour de la pièce. Ensuite, elle y retourne. Je ne sais pas à quoi elle pense, ni pourquoi elle se ballade comme ça. Elle a peut-être seulement envie de bouger…C’est vrai que l’église, c’est pas l’endroit idéal si on a des fourmis dans les jambes. Mais, pourtant, je ne pense pas que ce soit seulement ça. L’atmosphère a…Changé. On dirait que c’est moins calme. Peut-être que c’est moi qui m’imagine ça.

Je suis toujours en train de m’imaginer des scénarios, alors, ça n’aurait rien d’étonnant. Il y a quelques minutes, j’étais même en train de me demander si elle me voulait ou non du mal. Je suis parano. Vraiment. Mais, parfois, mes intuitions ne me trompent pas. Ça n’a rien de spécial non plus. Mon cerveau imagine toujours le pire et, un jour ou l’autre, il faut bien que le pire se produise.

Elle s’excuse de me déranger…Mon intuition ne me trompait peut-être pas alors…Sa voix, elle a changé. Elle est moins paisible, agressive même. Qu’est-ce que j’ai dit? Que…Que je cherchais la tranquillité. Ça l’a vexé. Je suis confus, ce n’était pas dans mes intentions. Je ne voulais pas qu’elle croit…Qu’elle me dérange.

Est-ce qu’elle me dérange? Je…Non…M’enfin…J’aurais voulu être seul, c’est vrai…Mais, je préfère qu’elle reste maintenant qu’elle est là. Je voulais seulement ne pas tomber sur des gens mauvais et cruels ou trop envahissant. Mais, elle, elle est gentille jusqu’à maintenant…Elle est calme et tranquille. Je préfère qu’elle reste plutôt que de rester seul.

Je me sens un peu coupable…De son changement de ton et d’attitude…Parce que c’est ma faute, non?

-Non, je suis désolé…Je…Je ne voulais pas que tu pense ça. Tu ne me déranges pas. Je ne voulais pas te vexé…Je…Ta présence, elle...Elle n'est pas dérangeante...


Je marque une pause. Et voila que je me confonds en excuse...Pahtétique


-Ça va?

Je replace mon regarde vers lui, en essayant de me contenir. Mes mains serrent le bord de l’autel. Je l’imagine déjà s’excuser ou quelque chose dans le genre. Il a peur, ça se voit, enfin, pas forcement à ce moment précis, mais il est très facile de l’effrayer. Il est plus du genre proie que prédateur quoi… Facilement déstabilisé, il assume pas sa colère ou sa haine. Il préfère baisser la tête et prier pour qu’on l’épargne… Ca doit être horrible d’être soumis comme ça. Mais Hina est de bonne humeur, je ne lui ferai rien en fait. Trop facile…

Son bafouillage me coupe dans mon analyse Glebien. Le pauvre, on dirait qu’il va pisser dans son froc. J’aurais presque envie de le frapper pour qu’il m’agresse un peu. Le monde à l’envers.
Je souris de plus belle, impossible à contrôler cette fois. Il va penser que je me fous royalement de lui, c’est pas faux en même temps, mais le tout est sympathique.
Il s’arrête, regrettant certainement son manque de confiance, et enchaine avec un vulgaire « Ca va ». Comme si j’allais oublier son cafouillage. J’acquiesce une nouvelle fois d’un signe de tête, pas forcement pour répondre que ça va. Parce que j’ai connu mieux en fait.

« C’est bon, Gleb, je comprends que t’aurais préféré être seul. »

Normal, puisque moi aussi j’aurais préféré être seul. C’est bien la première fois que je calme le jeu. Mais je suis pas du genre à écraser une araignée pour la simple envie de faire du mal, jolie comparaison.

« Et je pense que je vais mieux que toi, à ce moment précis. »

Parce que moi je n’ai pas à m’excuser tout le temps, ni à réfléchir à ce que je dis. Je me demande bien quel âge il a. Je préfère pas essayer de deviner par rapport à son physique, c’est jamais valable. Peut être qu’il est plus vieux que moi, dans ce cas ça serait assez… impressionnant. Bien que l’âge n’a pas vraiment d’importance.

« M’enfin… »

C’est le enfin de la pensée, sorti sans que je ne fasse attention. Je me pose beaucoup de question sur lui.
Lentement je m’allonge sur l’autel, les pieds pendant dans le vide et les mains posées sur mon ventre. C’est pas super agréable en fait, c’est dur, froid et sale. Mais bon, au moins j’ai une vue spectaculaire sur le plafond, et ça, ça n’a pas de prix.

« Alors Gleb, comment était ta vie, avant ? »

Avant, c’est avant son crime, ou avant l’entrée en prison, bref. Question futile, inutile. Mais bon, peut être qu’en le faisant parler il se calmera, un peu, et puis ça m’évitera de me poser des questions sans réponses. Ca fait bizarre, de faire connaissance…

Ridicule. Je suis complètement ridicule. À un point tel que je dois lui faire pitié. Le plus drôle, c’est que je ne sais pas c’est quoi le pire entre être attaquer ou être à ce point pathétique. La majorité des psychopathes de cette prison n’oserait probablement même pas me toucher tellement je leur fais pitié. Les gens ne comprennent jamais qu’est-ce que je fous ici…Et c’est bien normal. J’ai certainement pas la gueule d’un meurtrier, non? Je ne suis pas le seul qui à pas la gueule de l’emploi…Même Hina, malgré ma méfiance de tout à l’heure, n’a pas l’air plus sadique que monsieur et madame tout-le-monde…Pourtant, si elle est ici, ce n’est certainement pas un ange. Mais, déjà, elle est quand même plus dans le profil criminel que je ne le suis. Une plante verte aurait l’air plus dangereuse que moi…Et j’exagère à peine.

Son sourire revient. Allez, vas-y, moques-toi. Il y a de quoi rire, c’est vrai. Tu peux te marrer, je l’aurais bien cherché.

Elle acquiesce. Bien sûr qu’elle va bien, elle est à deux doigts de se mettre à rire. Au fond, même si elle le faisait, je ne lui en voudrais pas. À sa place, j’aurais ri depuis longtemps. Au moins, elle a reprit sa bonne humeur, c’est déjà ça. Elle dit que ça va, qu’elle comprend et tout…

Et qu’elle va mieux que moi…À vrai dire, quelqu’un qui va plus mal que moi est la personne la plus malchanceuse au monde. Des tas de gens vivent des choses pire que moi…Je suis quand même pas facile à battre dans mes conditions actuelles…Mais, je m’arrange quand même pour être l’un des types les plus stressés à des km.

Elle me pose maintenant une question. Une question imprécise et vague. Avant quoi? Le meurtre? La prison? Autre? De toute façon…Peut-être que la réponse reste la même.

-Avant? Ça devait être pire…

Je laisse échapper un léger. Elle doit se demander : Mais comment ça peut être pire que ça? Je me présente comment étant nerveux à l’extrême, fragile, sans défense, inquiet et horriblement soumis…Mais, à quoi ça pouvait ressembler avant? Avant…Il y avait ma famille.

-Si…Si je suis ici, c’est pour les mêmes raisons que tout le monde…C’est difficile à croire en me regardant…Mais, moi aussi, j’ai tué. 4 fois même. Et je suis ici et pourtant…Sadismus, c’est moins pire que ma vie dehors. De toute façon, je crois que ça va de sois. Je n’aurais pas risquer d’arriver ici…Si dehors c’était mieux.

Silence.

-La tienne..?

Je ne vois plus Gleb, non, je ne vois qu’un immense paysage céleste avec anges et autres artifices paradisiaques. Quel bonheur. Du coup je ne peux plus me moquer intérieurement de ses petits gestes d’enfant perdu. M’enfin… Un soupir trop lourd à contenir m’échappe.
J’écoute le silence de réflexion, d’ailleurs c’est parfait qu’il ne parle pas puisque je suis bien là, enfin, bien dans le sens tranquille, évidemment. Je crois que c’est la première fois en plus. D’habitude je fais attention à tout, j’suis prête à sauter sur la moindre occasion pour entrer en conflit, mais là, je suis bien. Je ne regarde même pas Gleb, alors qu’il pourrait me tuer à tout moment. Dingue…
Sa voix me coupe dans mon extrême repos mental. Mes yeux quitte le plafond et je regarde sur le coté, histoire de l’écouter avec plus d’attention.
Il a tué ? Quatre fois… Wow, plus que moi et pourtant j’ai un peu plus la gueule de l’emploi que lui. Comme quoi. Je me redresse à l’aide de mes coudes, et le regarde, un peu surprise. Comme il l’a dit, c’est étonnant. C’est bien qu’il le sache à vrai dire, sa prouve qu’il est un minimum conscient de ce qu’il est. D’ailleurs il précise qu’il n’aurait pas prit le risque de venir ici, il est donc convaincu que ce qu’il a fait est mal. Bizarre. Si il l’a fait, il avait des bonnes raisons, oui. Le principal est qu’il se plait plus ici… Putain, c’est fou ça. Il préfère sa vie de maintenant à la vie dehors.

« La mienne ? »

Je me laisse retomber sur l’autel. Ma vie d’avant, c’était beau. J’aurais du être plus maline pour éviter de finir ici, et continuer d’éliminer les gens qui prenaient trop d’importance dans ma vie. M’enfin… De nouveau un soupir.

« Boarf… C’était bien, dehors. On ne profite jamais assez de ce qu’on possède, on s’en rend compte quand on nous l’enlève. Mais tu dois le savoir. »

Qui ne le sait pas ? c’est tellement logique.

« Mais ici, c’est bien, parfois… M’ouais. Nan en fait. Mais bon on fait avec. J’ai du mal à comprendre comment on peut préférer la prison à l’extérieur, mais c’est bien, ça change… »

Je dis n’importe quoi, c’est moi qui commence à ne pas savoir ce que je dis et à hésiter. Inversement des rôles ? Tsss... En fait, je sais pas trop pourquoi mais j’ai pas envie de parler de ma vie, celle d’avant. C’était beau, mais c’est fini. Tuer quelqu’un, c’est rien, quand on a des raisons valables. Mais ça, tout le monde s’en moque. J’aurais pas du poser la question, c’était évident qu’il me l’aurait reposer… M’enfin.
Je me redresse une nouvelle fois en sa direction.

« Si c’était à refaire, j’aurais été plus prudente pour ne pas finir ici. Et toi ? Si c’était à refaire. »

Elle se redresse et me regarde avec surprise. C’est dur à croire, mais c’est vrai. Je n’ai pas envie d’y croire moi-même. Quatre meurtres. Quel con j’ai été. Déjà, les deux premières ont été des erreurs…Et les deux autres, c’est encore pire car il n’était même pas nécessaire. Même que je crois que si je m’aurais arrêter à ma famille, je n’aurais probablement pas été à Sadismus. Au fond, de toute manière, une autre prison aurait-elle été vraiment meilleure? Ici ou ailleurs, j’aurais quand même été entouré de psychopathes. Finalement, je suis peut-être mieux ici…Ou pas. J’en sais rien. Aucun moyen de le savoir…

Il y a des moments où j’oublie pourquoi je suis ici…Il y a d’autres moments cent fois plus rare où j’oublie même où je suis. Ces moments là sont merveilleux mais, ça fait toujours un peu mal quand ils disparaissent.

Hina prend la parole à son tour, ça me soulage de la laisser parler un peu à ma place…Ça m’évite pendant quelques secondes de dire des conneries. Elle semble pensive et se relaisse tomber sur l’autel. C’était bien dehors qu’elle dit. Elle a aussi sa part de regret. Ça fait bizarre. Plus de sourire, mais pas non plus de colère silencieuse. Juste…Le vide. Elle dit qu’elle ne me comprend pas…M’enfin…Qu’elle ne comprend pas que je puisse préférer Sadismus à dehors.

-C’est peut-être parce que moi je ne possédais rien dehors, murmurais-je comme toute réponse.

Elle ne s’arrête pas et continue. Si c’était à refaire…

-J’ignore même si je le referais, même si ça contredit un peu ce que je viens de dire…

Si ça serait à refaire…Aurais-je encore le déclique et l’inconscience d’égorger ma mère et de noyer mon frère? Bien sûr que non. C’est impossible…Pas après tout le regret qui s’en suivit et la peur que j’ai eu. Et si jamais je réussirais à le refaire…Et que je me fais arrêter de nouveau à cause de ma maladresse…Je ne serais pas capable de tuer les deux autres qui ont suivi.

-Si je le referais je ne pourrais pas être bien plus maladroit et stupide que je ne l’ai été. Je n’ai même pas cherché à être discret en fait, ni à cacher les faits par la suite. Je n’ai pas chercher à fuir non plus. J’ai tué les derniers membres de ma famille en moins d’une heure. L’une dans un véritable carnage, l’autre carrément à la vue des voisins…Je n’ai rien fait pour éviter la prison et pourtant…Pourtant…Pendant qu’il était trop tard et que j’étais déjà arrêté…Je ne sais pas…Il y a eu un déclique…La panique peut-être…2 autres…

Je m’arrête. Je ne sais même pas pourquoi je lui parle de ça. Je ne la connais pas. Je dois être un peu idiot de vider mon sac à la première venue. Mais, ça n’a aucune importance, au fond…Ce n’est pas un secret ce que j’ai fais…Je suis quand même en prison. C’est quand même idiot…

Il a besoin de parler ou bien… Hum, écoutons attentivement le roman de sa vie. Il a tué les membres de sa famille. Le choc. Je me redresse encore une fois, lui, pauvre petite créature de Dieu a tué sa famille ? Suis-je comme lui ? Nan.
C’est pas possible, les raisons devaient être différentes ou je sais pas moi. Plus j’y pense et plus j’oublie pourquoi. C’est normal, peut être.
La panique ? Ouais, surement. Enfin, c’est le seul à pouvoir savoir, personne n’était dans sa tête à ce moment là, d’ailleurs personne n’aurait voulu je pense.
Arrêt général.
A la fin de ses phrases, y ‘a toujours ce silence, qui donne l’impression qu’il ne va jamais au bout des choses, peut être par peur de dire des conneries, ou parce qu’il a rien à ajouter. Très spécial, ce Gleb.

« C’est comme ça, parfois on contrôle pas, on fait et on voit les conséquences. »

Ouais, je sais pas vraiment quoi lui dire. Si ça se trouve il ne veut rien entendre, juste que je l’écoute. Dans ce cas qu’il balance tout au lieu de s’arrêter toutes les dix secondes. Je comprendrais jamais les gens, en même temps j’ai pas besoin de les comprendre. Du moment que moi je me comprends, hein… et c’est pas facile tout les jours.
Je me réinstalle convenablement sur l’autel, en tailleur. J’me sens même obligé de l’imaginer dans un bain de sang, avec un regard insoutenable et tout le tralala habituel, et en fait… Nan, c’est pas croyable. La vie est pleine de surprise, c’est dingue. Putain, quand même…
Il doit voir que son histoire m’a plutôt étonnée. Je reste là, à le regarder, parce que j’essaye de trouver ce qui cloche chez lui. Ce qui cloche, c’est ce qui prouve son coté destructeur, et là je sèche sévère. Allez Gleb, montre moi ce que tu sais faire… Tsss.

« Le principal c’est que… »

C’est quoi le principal Hina ? T’en sais rien, tu parles pour parler. En même temps j’sais pas comment réagir, je vais pas le féliciter ou lui crier dessus pour ce qu’il a fait, ça serait vraiment osé de ma part. Donc, je meuble.

« Enfin, je sais pas ce qui est le principal. »

Franchise quand tu nous tiens.

« Tu vois, le mieux c’est de ne pas regretter. Accepter et puis voila. T’façon, ça changera rien… »

Mais qu’est ce que je raconte… Voila que je deviens philosophe, quelle classe. Je préfère mon statut de tueuse qui en veut en monde entier que celui de femme qui ferme sa gueule en écoutant chacun. Mais je crois qu’on choisit pas trop.
Je regarde mes pieds, pourvu qu’il ne voit pas que je ne suis absolument pas convaincue de ce que je raconte. Enfin comme je dis, faut pas regretter, hein...

On fait et on voit les conséquences…Très juste. C’est ce que j’ai fais. Sans réfléchir… Mais, au fond, inconsciemment, n’y pensais-je pas depuis des années avant que je le fasse vraiment? Je préfère toujours et encore mettre ça sur la faute des « décliques » qui se produisent…Produisaient…Dans ma tête. Ce n’est pas plus rassurant, mais je préfère laisser ça comme ça.

Mais, j’ai fini de parler. Je n’ai plus envie de parler et probablement aurais-je dû me taire dès le départ au lieu de lui faire subir mes états d’âme.

Je lève les yeux vers elle. L’incompréhension et la surprise pure et nette. Je souris légèrement. C’est pas grave. Je ne m’attendais pas à être compris. Pas par elle…Ni par personne. Au moins, je peux me dire que j’ai eu l’utilité de la distraire quelques secondes. Il n’y a pas beaucoup de distraction à Sadismus…

Le principal…Le principal par rapport à quoi? Le principal…Il y a un principal dans toutes ses conneries qui bordent ma vie où celle des autres? Ce serait si beau si ça pouvait être vrai…Si beau. Mais, il n’y a rien, elle le dit elle-même qu’elle en sait rien. Elle a essayé pendant 2 vaines secondes de me rassurer? Mais, c’est impossible.

De ne pas regretter? Ça a l’air si facile pour elle…Pour les autres. Qui regrette tout ici à par moi? Même Alec a dit que tuer lui avait plût. Et c’est le cas de beaucoup ici…Et moi, je me ronge jusqu’aux os par terreur. Je suis un idiot.

Je souris tristement.

-C’est si simple dit comme ça…Mais, tu as raison, ça n’a pas d’importance…

Je commence à marcher un peu dans la pièce. J’irais peut-être dehors plus tard s’il fait beau. J’ai besoin de me dégourdir les jambes.

-Je suis désolé…De t’avoir ennuyé avec mes histoires.

Je m’efforce de lui sourire encore.

-Mais, merci Hina, de m’avoir laisser parler.

Même si ça ne change rien.

Bouge, bouge, ça te fera du bien. Pas besoin de t’excuser, voyons… C’est tout naturel, hein ? Nan, peut être pas, en même temps ça me change d’écouter les problèmes des autres, d’habitude je n’entends que les miens. Egoïste ? Nan, seule. Et puis, je suis de bonne humeur là, ça me fait un plaisir de partager les douleurs.
Philanthrope. Il en jette ce mot.
Il sourit, encore. J’ sais même pas si il est gêné où poli pour ce coup là. Ca n’a pas d’importance, comme il l’a si bien dit précédemment. Dans le fond, qu’est ce qui a de l’importance ? Rien. Ici rien n’est important, je crois. M’enfin… Je m’en fous.

-Mais, merci Hina, de m’avoir laissé parler.

Comment j’aurais pu l’en empêcher en même temps ? Non mais les gens réfléchissent ou quoi ? Alalala… Je m’ennuie pas ici, grandiose. En tout cas il se souvient de mon prénom, c’est une bonne chose.

Je me lève et m’avance vers la sortie, entrouvre la porte et m’installe sur le sol. Je sors ma dernière cigarette, ou plutôt ce qu’il en reste. Toute tordue cette conasse. J’en suis au point d’insulter mes clopes, si c’est pas malheureux. Je l’allume difficilement.
Ca serait un blasphème de fumer dans une église nan ? Remarque s’allonger sur l’autel aussi. Poarf, je me ferais jamais à tous ces principes religieux.

« Y’a pas de problème, je t’écouterais toute la journée si tu le voulais. »

Comme c’est charmant. Je sais même pas si j’en serais capable en fait, j’ai jamais su écouter quelqu’un plus de deux heures, mais ici, je suis prête à tout du moment que ça comble mes journées cafardeuses. J’suis sure qu’il a plein de chose à raconter en fait. Ca se trouve il n’a même pas entendu ma phrase, puisqu’il se ballade dans l’église et que je suis à la sortie. Ou l’entrée, c’est comme on préfère.

Je l’imagine bien totalement perdu du genre « Quelqu’un s’intéresse à moi, gloire à dieu ». Truc du genre. J’ai cette fâcheuse habitude de penser connaitre les autres, juste à leur tête. Marrant ça, parce que je ne me suis jamais trompée de beaucoup.

Je reste assise, immobile. On est pas mal ici en fait. Et y’a peu de chance que quelqu’un arrive. Fantastique.


[ Ahem... Sans commentaires]

Je prends une grande respiration tout en essayant d’enlever les fourmis que j’ai dans les jambes.

Elle se déplace.

Elle se dirige vers la sortie.

Elle va me laisser seule?

Peut-être…Je ne sais pas. Ai-je envie d’être seul? Au fond, sa compagnie ne me déplaît pas tant que ça finalement…Même si le fait d’avoir dit tout ça d’un coup me gêne un peu. Mais, elle ne part pas, elle reste seulement à la sortie et s’allume une cigarette. Supposant qu’elle ne partirait pas tout de suite, je cesse de l’observer pour continuer de tourner en rond dans la pièce. Je m’arrête un moment pour regarder le mur. C’est gris. C’est terne. C’est moche. C’est triste…C’est comme le reste de la prison. Je m’accote contre celui-ci en fermant.

Je suis surpris de l’entendre que je pourrais bien continuer à parler si j’en ai envie. J’ouvre les yeux pour la regarder un instant, puis, ceux-ci se perdent dans la pièce.

Mais, je crois que j’en ai déjà assez dit non? J’ai déjà l’air assez misérable, je ne veux pas en ajouter une couche. De plus, je n’ai rien à ajouter.

-Non. Pas la peine.

Je souris encore.

-Je crois que j’en ai assez dit…

Je la regarde, curieux. Et elle…Je me doute bien que c’est une tueuse…Mais, elle a fait quoi, exactement? Qu’est-ce qui s’est passé pour elle? Je ne sais pas si je veux vraiment le savoir, mais, ma curiosité me pousse à bout. Je lui jette un dernier regard puis baisse les yeux.

-Toi…Qu’est-ce qui s’est passé?

J’ai toujours été déçue, parce que les cigarettes, ça se consume très vite. Peut être qu’un jour un homme, ou une femme d’ailleurs, inventera la cigarette sans fin. Qui sait ? En tout cas je serais la première acheteuse je pense, ça peut toujours servir même en n’étant pas fumeuse professionnelle. Ha mais non j’suis con… je serais surement en train de pourrir ici quand ça sortira ! Dommage…
Je l’entends qui parle, ça résonne. J’ai pas bien fait gaffe à ce qu’il a dit, au pire il répètera. Etrangement j’ai la sensation qu’il me regarde, dingue nan ? Je suppose que c’est ce qu’il est en train de faire, peut être va-t-il m’attaquer sauvagement avec une croix ? Peut être oui.

-Toi…Qu’est-ce qui s’est passé?

Ha, bah non en fait, pas d’attaque. Il doit penser que vu que je l’ai écouté c’est à son tour maintenant.
Je me redresse et m’adosse à l’entrée, ou à la sortie, c’est toujours comme vous voulez, en direction de Gleb. Lui aussi est installé contre un mur. On dirait qu’à part chercher le mur le plus confortable de la prison, il n’y a rien d’autre à faire. Et encore, je devrais m’estimer heureuse d’avoir trouvé cette occupation, alors que certains doivent encore se demander comment occuper leur journée. Je m’aime.

« T’as vraiment envie de le savoir ? »

Dis comme ça, ça fait genre rebelle qui à fait quelque chose d’horrible, et quand il va le savoir il va avoir envie de mourir tellement c’est immonde. Mais en fait, c’est juste pour savoir si ça l’intéresse vraiment ou bien c’est juste par politesse. J’ai pas envie d’user ma salive si c’est pour quelqu’un qui s’en fout, ça serait drôlement désagréable comme situation.

« Enfin, j’entends par là, est ce que ça t’intéresse vraiment. »

De l’entrée elle est encore plus laide ct’église. Ou de la sortie… C’est affolant comme il se fond dans le décor en passant, le pauvre, il ne rayonne pas autant que moi. Car oui mon coté terne me fait rayonner, ne soyez pas jaloux.

Si j’ai vraiment envie de le savoir? Je lève les yeux, par surprise, puis, ils retournent vers le sol. Qu’est-ce qu’elle veut dire par là? Au fond, c’est évident, non? J’ai l’air d’une créature faible qui ne peut définitivement pas entendre quelque chose qui le dépassera sûrement. Et il est bien sûr certain que toute la prison a fait pire que moi ou bien à l’air plus mauvais.

Est-ce que je veux vraiment le savoir?

Tout compte fait, je me suis trompé sur la signification de sa question. Elle veut seulement savoir si ça m’intéresse.

-Oui.

Oui, ça m’intéresse vraiment. J’aimerais comprendre…Quel genre de chose qui se passe dans la tête des autres. Je ne crois pas sincèrement arriver à la comprendre. Mais, peut-être que je pourrais savoir au moins. Peut-être ses crimes ne sont-ils pas aussi terribles que je me les imagine…Ou peut-être sont-ils milles fois plus monstrueux que les miens. C’est probablement plus probable.

-Oui, je répète, j’aimerais savoir…


Qui aurait pu croire que ma ballade en recherche de paisible se finisse par les aveux de mes propres crimes et pensées? Et que j’aille jusqu’à demander ceux des autres.

Je crois que je ne suis pas dans mon état normal, n’est-ce pas? Je suis un peu fatigué. Un peu lasse aussi…Mais, toujours aussi terrifié. Ça, je crois bien que je devrais m’y faire. Ça ne changera jamais. Pourtant, ça fait un quart de siècle que c’est ainsi et je ne m’y suis toujours pas habitué. On ne s’habitue jamais à la terreur.

Mais, on peut s’habituer à la prison je crois. Je suis ici depuis seulement quelques mois et je ne saurais même pas dire si en détail à quoi ça avait l’air, dehors…

Je sors un peu ces idées de ma tête pour concentrer mon oreille sur Hina tandis que mes yeux continuent à observer la céramique du plancher et que sont dans mes poches pour les empêcher de bouger.

Zut. Non. Je n’y arrive pas. Je les sors et les laisse se balader dans leur éternel nervosité.

Elles se balancent, me grattent, se rejoignent…N’importe quoi pour qu’elles ne restent pas plus de 10 secondes au même endroit.

Ca l’intéresse vraiment. Ca alors. Qui aurait cru. Mais il n’en saura rien, c’est bon quoi la flemme de me lancer dans un monologue sur ma pauvre petite existence. J’ai autre chose à faire, ou pas. Je vais garder cette histoire pour moi, seule. Ouais, bonne idée. Pas de privilégié dans ce monde de brute. D’entre nous deux qui est la brute ? J’en sais rien, lui surement. Derrière ses airs de premier de la classe, doit y’avoir un terrible tortionnaire, on la fait pas à Hina hein. Enfer et damnation.

« Je pense pas que ça soit important. »

Je me retourne, je vais partir. C’était bien sympathique, mais je vais partir. L’appel des douches on va dire. Ca doit faire des lustres que je ne me suis pas lavée, et j’en suis heureuse. J’aime pas l’eau. Mais quand faut y aller, faut y aller.

« Et puis je vais partir. »

Il va s’en doute s’imaginer que se demande me met mal à l’aise et tout ça, et tant mieux. Il va certainement stresser, s’angoisser pour rien, et ça c’est bon. Après si je le recroise je lui ferais les yeux noirs et tout, ouais génial. Je m’amuse comme je peux quoi…
Pourquoi ? C’est vrai je pourrais me contenter d’être passive, parler à personne et attendre désespérément de crever ici, mais ça serait vraiment pas marrant. Attendre un peu je veux bien, mais toute une vie, non merci. Surtout que je suis arrivé ici jeune, alors laisse tomber. C’est toujours plus facile de s’en prendre au faible, c’est lâche mais c’est bien.

« Enchantée d’avoir fait ta connaissance… »

Je le pense ouais, enchantée. Ca me conforte dans l’idée que je suis mieux comme je suis que comme eux. Rencontrer des gens ça apporte beaucoup de choses on dirait.
Je me retourne et quitte l’église. De l’extérieur c’est tout aussi déprimant. Ca donne envie de se pendre, c’est bon ça. Tss… Je m’inquiète. Ou pas.
Je regarde Gleb, dans son église. Ca lui va tellement bien cette ambiance. Pauvre petite âme égarée…




[ Je m’arrête là parce que je galère trop, donc ça vaudra mieux. MAIS JE T’AIME GLEBICHINOUNINOU ]